À propos des analogies entre les théories de la connaissance sensible chez Gassendi et Locke
About some analogies between Gassendi’s and Locke’s theories of sensitive knowledge
p. 237-243
Résumé
There are analogies in the theories of sensitive knowledge as explained by Gassendi, especially in the Disquisitio, and by Locke in the Essay and Drafts A and B. They concern not only the terminology and explanation of that theory, but also the examples illustrating it. The specimina in the Drafts (1671) cannot have been suggested by Bernier’s Abrégé. It is clear that analogies are not proofs. But if systematic research could show that there are as many of them in other parts of the Essay, the supposition of close relations between Gassendi’s and Locke’s philosophies should get some credence.
Remerciements
Je suis très obligé à Jean École pour sa patiente révision de mon manuscrit français.
Texte intégral
1Le résultat des discussions sur les rapports entre Gassendi et Locke est encore incertain. Il faut en rassembler beaucoup de détails pour en tirer, finalement, un résumé plus précis que ce qu’on peut dire maintenant. Non seulement dans la spiritualité, la morale, la classification des idées et la doctrine de la substance, mais aussi dans beaucoup d’autres parties de l’Essay concerning Human Understanding de 1690, se trouvent des similitudes avec la philosophie de Gassendi. Ici, je parle seulement de l’exemple du chapitre onze du livre quatrième, qui fait l’objet de controverses parmi les commentateurs et qui contient la théorie lockienne de la connaissance sensible1. Sauf erreur de ma part, on n’a pas jusqu’ici observé les similitudes qu’il présente par rapport aux textes de Gassendi qui lui correspondent. Si, en interprétant ce chapitre, on suppose qu’il est proche de la tradition gassendienne, il perd quelque chose de l’inconséquence que lui ont reprochée certains commentateurs ; de même, la question des sources s’y pose d’une manière différente. Mais il y a, dans le quatrième livre, d’autres éléments d’apparence gassendienne ou gassendiste, par exemple dans la théorie de la vérité et dans la théorie de la connaissance.
2De plus, je présente seulement des analogies, et je ne puis pas prouver qu’elles sont le résultat d’une influence de Gassendi sur les points en question. Mais parfois, sur la base de cette supposition, l’interprétation des textes difficiles devient plus claire. D’autre part, il y a, dans le chapitre onze du livre quatrième, deux complications qui rendent difficile l’identification de la parenté des similitudes. Une partie des arguments qui s’y trouvent développés se rencontre aussi dans les discussions sur le scepticisme et a pu parvenir à Locke par d’autres voies. Par ailleurs, il faut compter avec l’influence scolastique même à propos du terme « sensitive knowledge », qui correspond au terme conceptualiste « cognitio intuitiua sensitiua », et cela au-delà du simple point de vue phonétique. Déjà pour certains conceptualistes du Moyen-Âge, ainsi que plus tard pour Gassendi et Locke, notre certitude de l’existence des choses perçues repose sur la causalité qu’elles exercent sur nos sens2.
3Dans l’Essay, la connaissance sensible rentre sous la définition de la connaissance en général qui est formulée en 4.1.2. Selon Locke, la connaissance consiste dans la perception de l’accord ou du désaccord des idées, c’est-à-dire, dans la perception du fait qu’on puisse former une vraie proposition dans laquelle l’idée A est le prédicat de l’idée B3. La connaissance sensible consiste dans la perception de l’accord ou du désaccord d’une idée que nous avons reçue des sens, avec l’idée de l’existence. Elle forme, selon Locke, un des trois degrés de la connaissance, à savoir le plus faible (Essay 4.2). Notre connaissance de notre existence est intuitive, et notre connaissance de l’existence de Dieu est démonstrative. La déclaration lockienne que notre connaissance de l’existence des corps nous vient des sens, et ne repose point sur des démonstrations, est contraire à la position cartésienne, mais elle correspond à celle de Gassendi. Celui-ci s’oppose à la thèse cartésienne, notamment dans la Disquisitio metaphysica. On pourrait dire, peut-être, qu’il commente, au commencement de la Logique du Syntagma Philosophicum (S.P.), la théorie qu’il a défendue dans la Disquisitio. J’esquisserai quelques-unes des thèses qui me paraissent être communes à Gassendi et Locke.
4Pour examiner des propositions particulières concernant les corps, nous avons des critères que nous fournissent les sens4. Ces critères ne sont pas encore des propositions, mais seulement des perceptions évidentes et indubitables5. À la différence de Gassendi, qui se concentre sur des états des choses comme « Le feu est réellement chaud », Locke se concentre sur la connaissance sensible de l’existence, c’est-à-dire, sur des états des choses comme « Le feu, qui est chaud, existe réellement ». La raison peut être que dans cette discussion le point de départ de l’Essay, qui est un livre un peu scolaire, est quelque chose proche d’Ockham. « Connaissance sensible » signifie pour Locke : connaissance des collections de qualités sensibles, combinée avec celle de l’existence de leurs causes. Mais la Disquisitio de Gassendi comporte aussi des endroits qui accentuent la force de la certitude de l’existence, une certitude qui est le résultat de l’exercice des sens. Pour les deux auteurs, la puissance de leur témoignage est une conséquence de l’action des choses sur nous.
5Au sceptique radical, Gassendi et Locke répondent qu’un homme qui s’est décidé à accepter les perceptions des sens, ne peut pas douter qu’il y a une chose qui les a causées6, quoique nous ne connaissions ni son essence, ni sa structure intérieure. En outre, on peut rappeler au sceptique les relations indissolubles entre le fait de percevoir et le fait d’éprouver du plaisir ou du déplaisir7. Ces deux choses sont également certaines et font aussi connaître l’existence de leurs causes. Chez Gassendi comme chez Locke (et même chez le jeune Locke), les sens peuvent servir de critères du bien et du mal8 ; en cela, le jugement théorique fondé sur une sensation devient presque identique au jugement moral fondé sur une « affectio, siue passio ». Et finalement on peut prouver au sceptique qu’il ne peut pas ne pas accepter les perceptions évidentes des sens, pourvu qu’il veuille retenir la possibilité d’une théorie, quelle qu’elle soit, et d’une praxis raisonnable9. Ici, parmi les points communs aux deux auteurs, se trouve le renvoi à ce qu’ils appellent « l’accommodation » des sens aux « vsus vitœ »10 et l’allusion au fait que le seul choix qui reste au sceptique radical, s’il est conséquent, c’est de se laisser mourir de faim11.
6Comme Gassendi12, Locke apporte des confirmations à sa théorie de la connaissance sensible. La première et la seconde correspondent à certains arguments usuels des Gassendistes : 1°) Un homme à qui manque un sens ne peut pas avoir l’idée particulière que ce sens a coutume de fournir13 ; 2°) Il est facile de discerner une sensation immédiate d’un souvenir14. Selon la quatrième confirmation, les sens rendent témoignage l’un de l’autre. A la métaphore juridique de Locke, « bear witness »15, correspond l’« aduocari possint » de Gassendi16. Ainsi l’objection faite au sceptique qu’il rêve qu’il a posé sa question et reçu la réponse, apparaît chez les deux auteurs17.
7Beaucoup d’analogies se trouvent déjà dans les Drafts A ou B de 1671, qui sont des esquisses de l’Essay de 1690, et antérieures à la première version de l’Abrégé de Bernier. Comme Charleton, Locke fait usage dans les Drafts de « judge » et de « testimony » en guise de « critère »18. Les théories de l’appréhension et de la proposition qu’il y présente ne ressemblent pas moins à celles de Gassendi que la caractérisation de l’évidence des sens par son irrésistibilité et son indubitabilité et que la réduction de cette évidence à la causalité exercée sur nos sens par les choses qui nous touchent. Déjà en 1671 Locke fait ressortir, comme Gassendi, le fait qu’on ne peut pas séparer l’acceptation des apparences et la reconnaissance de leurs causes occultes19, ni les rapports entre les perceptions des qualités et les affections de plaisir ou de déplaisir20. Il insiste, dès les Drafts, sur le fait qu’un homme, qui ne veut pas accepter le témoignage de ses sens comme dernière instance naturelle perd la possibilité de former une théorie quelconque, mais aussi celle d’exercer une praxis fondée sur la raison21. Chez Gassendi comme dans les Drafts et l’Essay, on trouve de nombreuses analogies de détail, par exemple des ressemblances dans l’usage des mots correspondant à « sentire », « cognoscere » et « apprehendere »22, mais aussi la mention de l’exemple du soleil pour illustrer la difference entre la perception et le souvenir23, la référence au « fornax » qui, chez Gassendi comme chez Locke, termine la discussion sur la réalité du feu24, l’argument qu’un sceptique conséquent ne pourrait pas même aller manger25, et l’« argumentum ad hominem » qu’il rêve qu’il a expliqué son problème et reçu la solution26.
8Quant à la portée des similitudes dans les détails et des analogies doctrinales, on pourrait objecter que les passages analogues de Gassendi se trouvent disséminés dans beaucoup de textes, et qu’elles se présentent aussi, en partie, hors du Gassendisme. Je pense qu’on doit, pour le moment, attendre de savoir si la fréquence de ces phénomènes dans le reste de l’Essay est tellement grande, que la reconnaissance d’une réception de Gassendi paraisse être l’hypothèse la plus plausible. Pour moi, un argument sérieux se fonde sur la coïncidence des similitudes dans les points de doctrine et dans les exemples particuliers.
9En ce qui concerne les sources possibles de 4.11, ni la Physiologia de Charleton, ni l’History of Philosophy de Stanley ne suffiraient pour expliquer les similitudes. Il y en a beaucoup plus chez Bernier, mais l’Abrégé de 1674 ne peut expliquer les analogies dans les Drafts de 1671. La Disquisitio Metaphysica de Gassendi devient indispensable. En second lieu, on devra compter avec la Logique du Syntagma Philosophicum. Quelques traits du texte de Locke, par exemple l’absence d’une théorie explicite des critères et d’une théorie explicite de la connaissance par des signes ont, peut-être, des rapports avec des caractéristiques de la tradition gassendiste. Chez Charleton et Stanley, le rôle de la canonique est insignifiant ; et chez Bernier, rien ne correspond au deuxième livre de la logique du Syntagma Philosophicum où Gassendi expose ces thèmes.
10Je ne puis pas juger des chances qu’une preuve historique de la réception de Gassendi par Locke soit possible. Elle serait beaucoup plus sûre que la seule énumération de similitudes que j’ai proposée. Peut-être que sous le poids de tout un réseau de similitudes on pensera, un jour, que l’hypothèse d’une réception très étendue est l’hypothèse la plus économique et la plus digne de foi. Si, à la longue, les phénomènes littéraires étaient expliqués de cette manière, la philosophie de Gassendi serait déjà très importante par le rôle qu’elle joue dans la philosophie de Locke. Bien sûr, celle-ci ne se réduira jamais à celle de Gassendi. Sans parler de l’originalité de beaucoup de ses parties, elle apparaît aussi par rapport à Gassendi comme une œuvre singulière qui met en jeu des matériaux reçus dans le cadre d’une systématique modifiée par de nouvelles connaissances et de nouveaux intérêts, comme une philosophie qui transpose des thèmes et qui en trouve de nouveaux, qui omet des aspects reçus et qui en éclaire d’autres. Dire que Locke est gassendiste ou non-gassendiste, cela dépend des critères de classification qui sont libres, s’ils sont raisonnables. Mais ce qui compte, c’est de découvrir de quelle manière l’Essay de Locke, pour parodier un mot de Leibniz, est plein de fulgurations de la philosophie de Gassendi.
11Le futur est incertain. Mais si on accepte que la philosophie de Locke est pleine de traces de la philosophie de Gassendi, il y aura certainement des conséquences. On découvrira des liens entre des philosophies apparemment sans connexion, et on commencera à percevoir le Gassendisme, à côté du mouvement cartésien, comme un grand courant européen avec des racines profondes. On envisagera les relations qu’il a établies entre la France et la Grande-Bretagne, mais aussi entre la France et certaines terres continentales, comme une phase importante de notre histoire intellectuelle et spirituelle. Le tableau de cette histoire deviendra plus complet, plus riche et plus satisfaisant. Déjà le Cardinal de Polignac et le vieux Leibniz, avec leurs yeux pénétrants d’ennemis du Gassendisme, l’avaient considéré comme un grand mouvement européen. Je crois qu’il est juste qu’on les suive en cela, même si l’on ne partage pas leurs inimitiés.
Notes de bas de page
1 Cette communication est l’abrégé d’un manuscrit allemand qui a paru dans Philosophisches Jahrbuch der Görresgesellschaft, 100/II (1993/2), pp. 266-281. Il constitue une partie de plusieurs anthologies sur des thèmes communs à l’Essay Concerning Human Understanding de John Locke et à certains écrits de Gassendi, anthologies qui peut-être serviront à préciser la base textuelle des discussions sur les rapports entre Gassendi et Locke.
2 Voir, par exemple, Guillaume d’Ockham, Reportatio II (Lyon 1494-1496), qu. 14/15.
3 Cette position est préfigurée dans des passages gassendiens comme Syntagma Philosophicum (S.P.) « Institutio Logica II, proœm. » (Op. I 99a) : « Sequitur de Propositione [...] qua non iam rem aliquam simpliciter imaginamur, & quasi nude intuemur, sed aliquid de ea aut affirmando, aut negando iudicium interponimus. Id nempe fit, dum Mens ad varias, quas habet Ideas attendens, eas, quæ mutuo congruunt, affirmatione copulat ; eas, quæ non congruunt, negatione deiungit : sicque ex simplicibus imaginationibus compositam facit ».
4 Philosophiæ Epicuri Syntagma (P.E.S.), Pars I, cap. 2, can. 1 (Op. III 5b) : « Sensus est Criteriorum primum ». – S.P., Institutio Logica, cap. 1, can. 11 (Op. I 96b) : « Licet experientia Sensibus peracta sit regula summa, ad quam, dum de re quapiam dubitatur, confugiendum sit [...] ». – Pour Locke, voir Draft B, § 35, p. 144 : « The Testimony of my eyes, which are the proper & sole judges of this thing & whose testimony I have reason to rely on as so certain that I can noe more doubt [...] ». Cf. Essay 4.4.2. – « Criterion » : ibid., 4.4.3 et 4. – Pour « judge », voir note 18. Cet usage de « judge » est préparé par Gassendi, par exemple, dans S.P., « Logica » II, cap. 1 (Op. I 69a47-49) : le critère comme instrument de juger, « criterium [esse] id, quo aliquid verum, aut falsum esse [...] judicatur ».
5 a.) « Pas des propositions » : S.P., « Physica » s. 3/2, lib. vi, « De Sensu universè », cap. 1 « De Organis Sensus » (Op. II 334a) : « Facultatif sentientis non est iudicium ferre ». – Ibid., « Institutio Logica, proœm. » (Op. I 92a) : « Dicitur autem Imaginatio (ac etiam Conceptio, Apprehensio, Intellectio, Notio rei) simplex, quod [...] rem per ipsam simpliciter imaginemur, nec de ea quidquam pronunciemus, quod propositionem, perfectumve sensum efficiat ». – Pour Locke voir, par exemple, Draft B, § 93, p. 207 : « All the complex Ideas [...] considerd in them selves [...] are then but simple apprehensions & being each of them so considerd but as one entire compound Idea [...] are not capable of truth or falshood which properly belongs to propositions which simple apprehensions [...] cannot be ». – Dans l’Essay, « perception » assume, entre autres, les fonctions d’« appréhension ». Pour Locke, la connaissance comme perception de l’accord ou du désaccord entre des idées (4.1.2) n’est pas la même chose que la proposition (qui est traitée beaucoup plus tard, c’est-à-dire, dans l’Essay 4.5). – Dans l’Essay, les espèces de la connaissance sont des « grounds of Affirmation and Negation » (4.1.7), c’est-à-dire, elles sont des critères.
b.) « Évidentes et indubitables » : S.P., « Logica » I (« De Logicœ Origine & Varietate », cap. 7 (« Logica Epicuri »), can. 4 (Op. I 54a) : « Vocat porro Epicurus Sensus euidentiam, tam apparentiœ speciem, sensionemve, cui, remotis omnibus ad iudicandum obstaculis [...] contradici non possit. ». – S.P., « Institutio logica » II (« De Propositions »), can. 13 (Op. I 103b) : « Dies est : verùm aperire oculos oportet, ac rem fieri ipsi sensui euidentem. ». – Dans l’Essay, voir, par exemple, 4.11.4 : « Those Perceptions are produced in us by exteriour Causes affecting our Senses [...]. This is too evident to be doubted ».
c.) Pour les deux auteurs, l’évidence des sens ne repose pas sur des démonstrations, ni ne peut être corroborée par elles. Cf. Disquisitio, (In Med. III, dub. 3, inst. 1 ; Op. III 321a) : « Ridiculum plane me habeam, si assumam tibi probandum te supra terram ambulare ; videre, calefieri, comedere, loqui, sentire, & c. ». – Cf. Essay 4.11.1 : « There being no necessary connexion of real Existence, with any Idea a Man hath in his Memory [...] ; no particular Man can know the Existence of any other Being, but only when by actual operating upon him, it makes it self perceived by him ». -4.11.10 : « How foolish and vain a thing it is [...] to expect Demonstration and Certainty in things not capable of it ; and refuse Assent to very rational Propositions, and act contrary to very plain and clear Truths, because they cannot be made out so evident, as to surmount every the least (I will not say Reason, but) pretence of doubting ».
6 Voir les passages de Gassendi cités dans la note 19. Plus généralement Disquisitio, In Med. II, dub. 1, inst. 7 (Op. III 290b) : « Cum quicquid exsistere cognoscitur, sua seu actione, seu qualitate, aliove adiuncto exsistere cognoscatur ». – Pour Locke, voir Draft A, § 27, p. 42 : « 5° The understanding infallibly knows that those Ideas exist without it, or that those things which affecting the senses always produce those appearances doe exist ». – Draft B, § 35, p. 142 : « By the actuall receiveing in of these Ideas we have a certain knowledge, that some thing doth exist at that time without us which causes that Idea in us ». – Cf. Essay 4.11.1, 2 (cité ci-dessus dans note 5. b), 5 et 9.
7 P.E.S., Pars II, cap. 2, can. 1 (Op. III 6a) : « Videre nos, & audire, tam est aliquid, quod revera est, quam ipsum dolere ». – Ibid. : « Quemadmodum primæ passiones, Voluptatis puta, & Molestiæ pendent ab aliquibus causis ipsas efficientibus, ac ob huiuscemodi causas in ipsa rerum natura constant ; [...] Eadem ratione circa passiones Phantasiarum, quœ fiunt in nobis, quicquid cuiuslibet illarum efficiens est, prorsus, omninoque est taie, vt sit Phantasiœ efficiens ». – Pour Locke, voir Draft A, § 10, p. 21, Draft B, § 39, p. 147, et Essay 4.11.8.
8 P.E.S., Pars I, cap. 2, can. 1 (Op. III 5b) : « Sublata Sensuum certitudine, atque adeo germana rerum cognitione, et scientia, tolletur omnis et vitae degendœ et rerum gerendarum ratio. » – S.P., « Logica », « De Logicœ Origine, & Varietate », cap. 7 (« De Logica Epicuri »), can. 1 (Op. I 53b) : « Sublata sensus certitudine, omnis & scientia, & vitœ ratio, quœ aliquid certum supponit, tollatur ». – Voir Draft A, § 10, p. 21, et Draft B, § 39, p. 147 (après l’exemple de la flamme) : « No man requires greater certainty to governe his actions by ». – Essay 4.11.8 : « Such an assurance of the Existence of Things without us, is sufficient to direct us in the attaining the Good and avoiding the Evil, which is caused by them ».
9 a.) « Possibilité d’une théorie » : P.E.S., I, c. 2, can. 1 (Op. III 5b) : « Si falli quidem omnem sensum dixeris, deerit tibi Criterium, quo vel idipsum de aliquo sensu particulari diiudices [...] inferre licet, si vllum Sensibus visum falsum est, nihil percipi posse ; seu [...] nisi omnes Phantasiœ nudœve rei perceptiones sint verœ actum esse de fide, constantia, atque iudicio Veritatis ». – Cf. Draft A, § 10, p. 21, et Draft B, § 32, pp. 141 s., §§ 35 et 36, p. 144. – Essay : 4.11.3., aussi 4.11.2.
b.) « Possibilité d’une praxis raisonnable » : Voir note 8.
10 Disquisitio, In II, dub. 1, inst. 2 (Op. III 286b) : « accommodari necessariis vitœ vsibus ». – Draft A, § 10, S. 21, et Draft B, § 39, p. 147 : « accomodated to the uses of life ». – Essay 4.11.8 : « accommodated to the use of Life ».
11 Voir ci-dessous note 25.
12 P.E.S., I, cap. 2, can. 1 (Op. III 5b s), sous « Confirmatur autem », donne trois arguments : 1. Le sensus est le premier des critères ; 2. si on ne l’accepte pas, « omnis vitœ degendœ, & rerum gerendarum ratio » est annulée ; 3. les sens donnent des informations vraies, parce que leurs fonctions sont quelque chose de réel.
13 Essay 4.11.4 – Syntagma Philosophicum, « Physica » s. 3/2, 1. 6, c. 1 (Op. II 328 b) : « Quia enim cognitio, & Sensus non sit, nisi res, quœ cognoscitur, aut sentitur, attingat, & moueat per aliquid sui rem, seu facultatem, quœ cognoscit, ac sentit ; idcirco tunc proprie cognitio, siue sensus, aut sensio est, cum res, seu facultas percipit, apprehenditve rem, qua attingitur, aut mouetur ». – Le passage de l’Essay : « the Eyes of a Man in the dark, would produce Colours, and his Nose smell Roses in the Winter » (4.11.4.), cf. S.P., « Physica » s. 3/2, lib. 6, cap. 2 (Op. II 340a) : « vt dum color est in tenebris, aut a nemine conspicitur » ; et Charleton, Physiologia 3.4.2.1 (p. 186) : « A PARADOX : That there are no Colours in the Dark [...] and as the seeds of Tulips. in Winter, are all equally Exflorous. or destitute of Flowers » (sic).
14 Essay 4.11.5 : « When my Eyes are shut, or Windows fast, I can at Pleasure re-call to my Mind the Ideas of Light, or the Sun, which former Sensations had lodg’d in my Memory ; so I can at pleasure lay by that Idea, and take into my view that of the smell of a Rose, or taste of Sugar. But if I tum my Eyes at noon towards the Sun, I cannot avoid the Ideas, which the Light, or Sun, then produces in me [...] ». Cf. Disquisitio, In Med. II, dub. 5 (Op. III 300b) : « Cum ego Solem oculis apertis intueor, manifesta est sensio. Cum deinde oculis clausis Solem apud me cogito manifesta est interna cogitatio ». – Plus généralement ibid. p. 301 a ; « Nihil proinde mirum, si ea, quœ per se incurrunt, & percellunt sensum, impressionem vehementiorem in anima faciant, quam quae animus accepta solum occasione ex rebus in sensum incidentibus sibi ipsa fingit, atque comprehendit ».
15 Essay 4.11.7. – Cf. Draft B, § 38, p. 146.
16 P.E.S., Pars I, c. 2, can. 4 (Op. III 7b) : « Interdum fit, vt propter varias qualitates aduocari possint sensus varij, vt quœ euidentia non habetur vno, obtineatur alio ».
17 Essay 4.11.8 : « I must desire him to consider, that if all be a Dream, then he doth but dream, that he makes the Question ; and yet, if he pleases, he may dream that I make him this answer [...] ». – Cf. Draft B, § 39, p. 147. – Un motif semblable se trouve chez Gassendi, Disquisitio, In Med. VI, dub. 2, inst. 2 (Op. III 389b) : « Si somniarem, neque tu, neque mortalium vllus probare mihi posset, me falli », et ibid., In Med. I, dub. 1, inst. 5 (Op. III 282a) : « Quodcumque profecto argumentum fingas, id neque dormienti quicquam proderit ; neque vigilantem efficiet de sua vigilia securiorem ». – Aussi ibid. : « Quippe nos certi omnino sumus te hœc disserentem, conscribentemque vigilare : alioquin enim ad nos vsque si dormires, non peruenirent » ; et In Med. III, dub. 6, inst. 1 (Op. III 333b) : « Tu vt voles, somniato, decipitor, deluditor, quomodocumque lubebit modo caueto, ne te versari nobiscum putes, nos alloqui, ad nos scribere, & c ».
18 Les Drafts et l’Essay n’ont pas un chapitre sur les critères, et l’expression « Criterion » est rare. Touchant les sens, « Judge » assume ses fonctions chez Charleton (par exemple Physiologia 1.3.1.5, p. 20) comme chez Locke. Il est étrange que selon ces auteurs le métier du juge n’est pas seulement de juger, mais aussi de donner témoignage.
19 S.P., « Logica » II, cap. 5 (Op. I 80b) : « Cum alioquin Sceptici vulgo admittant [...] apparentia [...] (imo & exsistere rem quampiam sub apparentia non ambigunt, sed solum qualis ea sit minime sciri argumentantur) ». Ibid. (Op. I 84a) : « Quantumcunque effectus conformes inter se non sint ; esse tamen duo aliqua, quœ & certa esse, & probari [...] vera possint. Vnum est causa in reipsa, siue obiecto eadem, alterum diuersa in facultatibus excipientibus dispositio » Cf Draft B, § 40, p. 148, et Draft A, § 4, p. 12. Sur ce qui concerne notre connaissance des choses elles-mêmes, l’Essay est très réservé. Par exemple 4.11.2 : « I know, that that Quality or Accident [...] doth really exist », et 4.11.9 : « such Collections of simple Ideas. as we have observed by our Senses to be united together, do really exist together ». La substance reste cachée aux sens : « The Idea of Substance, which we neither have, nor can have, by Sensation or Reflection » (1.4.18).
20 Voir note 7 et Draft A, § 10, p. 21 : « He that sees a flame is as certeine, that, that light & motion which he has the Idea of, is without him, & that those Ideas are caused by that flame ». – Draft B, § 39, p. 147 : « Accomodated to the uses of life, they [our facultys] serve to our purposes well enough if they will but give us certein notice of those things that either delight or hurt us, are convenient or inconvenient to us. For he that sees a candie burning & hath experimented the force of its flame by puting his finger in it will little doubt that this is some thing existing without him which doth him harme & puis him to great pain which is assureance enough when noe man requires greater certeinty to governe his actions by & is as certain as his actions them selves ».
21 Voir ci-dessus notes 8 et 9.
22 S.P., « Physica » s. 3/2, lib. vi, c. 1 (Op. II 328a) : « Intelligendum autem est istam perceptionem, seu apprehensionem, vix quicquam differre a cognitione generatim sumpta ; adeo proinde vt hœc tria videri synonyma possint, ipsisque addi quasi quartum Sensus, aut Sensio valeat, quatenus sentire est percipere, apprehendere, cognoscere aliquid [...] ». – Cf. ibid. « Institutio logica, proœm. » (Op. 192a, cité ci-dessus note 5).
23 Voir note 14 ci-dessus.
24 Disquisitio, In Med. Il, dub. 1, inst. 2 (Op. III 286b) : « quod non appareret perinde pyraustis, seu pennatis illis animalculis : quœ in mediis fornacibus nascuntur, & vivant ». – Cf. Draft A, § 10, p. 21, Draft B, § 39, p. 147 ; et Essay 4.11.8.
25 Disquisitio, In Med. III, dub. 3 (Op. III 320a) : « Cur [ducis] ad mensam, aut cibum, vt famem exsaties ? »– Essay 4.11.10 : « He that in the ordinary Affairs of Life, would admit of nothing but direct plain Demonstration, would be sure of nothing, in this World, but of perishing quickly. The wholesomness of his Meat or Drink would not give him reason to venture on it ».
26 Disquisitio, In Med. VI, dub. 2, inst. 2 (Op. III 389b) : « Si somniarem, neque tu, neque mortalium vllus probare mihi posset, me falli ». – Ibid. In Med. I, dub. 1, inst. 5 (Op. III 282a) : « Quodcumque profecto argumentum fingas, id neque dormienti quicquam proderit ; neque vigilantem efficiet de sua vigilia securiorem » ; et ibid. inst. 6 (Op. III 282a) : « Quid fuit necesse, vt te somniare supponeres, quo te coniiceres in hos labyrinthos ? An-non, si revera sommasses, optanda erat vigilia, vt labyrinthi euanescerent ? ». Comme résumé, ibid. In Med. III, dub. 6, inst. 1 (Op. III 333b) : « Tu vt voles, somniato, decipitor, deluditor, quomodocumque lubebit ». – Cf. Locke, Draft B, § 39, p. 147, et Essay 4.11.8.
Auteur
Professor, Ist chair of Philosophy. University of Mannheim. Schloß, Postfach 103462, D-6800 Mannheim 1. Germany.
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