Alchimie et joachimisme dans les alchimica pseudo-arnaldiens
p. 93-107
Texte intégral
1L’abbé cistercien Joachim de Flore (Gioacchino da Fiore, ca 1132-1202) laissa à sa mort une œuvre capitale qui fascina tous ceux qui voulaient changer le monde, puisque Joachim envisageait, après une période de douleur, une eschatologie sur terre.
2En 1254, le frère mineur Gerardus Borgo San Donnino divulgua, après les avoir glosées et présentées, la plupart des thèses contenues dans les trois principaux ouvrages de Joachim1. Ce livre – le Liber introductorius in Evangelium œternum – fut condamné et détruit par une commission réunie à la demande du pape Alexandre IV à Agnani le 23 octobre 12552. L’histoire des idées remuées par l’abbé de Flore ne faisait que commencer.
3Dans le sud de l’Italie allait se constituer un réseau d’hommes et d’écrits qui devaient trouver dans la scène politique les signes du Jugement dernier et identifier les manifestations de l’Antéchrist, adaptant de la sorte le système du moine calabrais à leurs préoccupations du moment3. Grâce à eux, alors que dans les universités la théologie devenait une science, la voie prophétique, plus confuse, plus instinctive que la voie argumentative ou la méditation cloîtrée, continua de vivre comme un écho sauvage et impétueux de Julien de Vézelay, de saint Bernard ou de sainte Hildegarde4. Une production importante de textes courts qui plaçaient dans une perspective apocalyptique la lutte des papes et des Stauffen montra combien la fascination pour les thèmes joachimites de « calamité » et de « triomphe » investissait l’imaginaire d’une population aux prises avec une situation historique particulière5. En 1249, le Vaticinwn Sibillœ Erithreœ répandit le goût pour les oracles d’origine orientale6. Vers 1280, l’Oraculum Cyrilli amena un début de programme concernant l’Église dans lequel émergeait pour la première fois le concept du Pape angélique7.
4Dans le sud de la France et en Catalogne, Pierre-Jean Olivi (1248/49-1298)8, lecteur franciscain à Montpellier et à Narbonne (après un passage à Florence où il rencontra libertin de Casale9) devait s’imposer par son idéal ascétique et sa grande sainteté comme le père spirituel des Béguins et des frères spirituels de l’ordre franciscain10. l’instar de beaucoup de ses contemporains, il avait une vue historique de l’église qu’il divisa en sept âges, dont le sixième prévoyait la venue d’un Antéchrist mystique, précurseur du véritable Antéchrist. Surtout, il introduisit à l’intérieur d’un schéma joachimite11 la personne stigmatisée de saint François, alter Christus12. Bien qu’Olivi fût un grand maître rompu aux exercices scolastiques, il eut cependant le souci d’informer un public plus large que celui du studium où il enseignait à travers des opuscules tels que le Miles armatus traduit en langue d’Oc13. Dans l’Épître aux fils de Charles II de Naples14, il insistait longuement sur la condition humaine soumise à une douloureuse et laborieuse histoire, citant la Bible mais s’aidant aussi des exemples fournis par les arts pratiques comme la médecine, l’agriculture ou la fonte des métaux précieux15. Il rappelait la loi organisatrice du Christ16, confirmée par Aristote, en vertu de laquelle la corruption est la génération d’un autre17. Dans l’ensemble de son œuvre, Olivi, distant envers les constructions théologiques de type néoplatonicien ou aristotélicien, privilégia, afin de s’élever jusqu’à Dieu, l’autonomie de la pensée des hommes qu’il juge « plus efficaces pour connaître les choses sensibles que pour connaître les choses intellectuelles »18.
5Les Béguins, qui l’écoutaient très impressionnés, vivaient dans l’attente eschatologique, le besoin d’une purification intérieure propre à chacun, manifestée par une existence de pauvre (usus pauper) et la certitude d’épreuves inévitables à venir. A côté d’eux, de tout cœur avec eux, il y avait Arnau de Vilanova (Arnaud de Villeneuve), le médecin du pape19 Quant à Olivi, l’anniversaire de sa mort devint très vite l’occasion d’une dévotion populaire tout à fait spectaculaire20.
6Arnaud de Villeneuve écrivit en latin un commentaire de l’Apocalypse21 dans lequel il tentait de donner une interprétation conforme à la doctrine des franciscains spirituels. Il dénonçait, au passage, les exégèses habituelles qui multipliaient les sens sans fixer le sens principal. Il développa après Olivi, après Joachim22, après tous les autres, une théorie des « âges de l’Église » où il se distingua de ses devanciers par l’attention qu’il accorda d’une part à l’arrivée prochaine d’un Pape angélique qui effectuerait la réforme de l’Église et d’autre part à l’Antéchrist dont il assurait qu’il était déjà né et se manifesterait en l’an 1376/8, l’Humanité n’ayant plus que deux siècles devant elle23. Ses sources se rattachaient à la sous-littérature apocalyptique comme l’Oraculum Cyrilli ou le Vaticinum Sybillœ Erithreœ et à Sainte Hildegarde24. Il attaqua très vivement de son vivant les investigations des thomistes25 et se rangea dans le camp des opposants à l’aristotélisme, demeurant fidèle à une formation très influencée par l’augustinisme platonisant. L’inventaire de sa bibliothèque, la plus importante en ce temps-là pour un homme de cette région (200 ouvrages), révèle un esprit curieux et profond, conservant, en plus de ses propres ouvrages, ceux de confrères comme Bernait Gordon, des traités scientifiques antiques et modernes (Hippocrate, Galien, Avicenne, Peckam, Grossetête) et un considérable fonds religieux marqué par l’intérêt qu’il portait aux œuvres platonisantes (Boèce, Alain de Lille, Lulle), de théologie monastique et aux écrits du courant joachimite ainsi qu’à ceux du groupe des Franciscains spirituels26. Dans la lignée de maîtres tels que Bonaventure, Bacon, Kilwardby, Olivi, etc., Arnaud de Villeneuve s’opposa de toutes ses forces à la révolution que provoqua dans le domaine intellectuel la réception de l’aristotélisme averroïsant, qui transforma la théologie (lectio historiée) en une science (« modus divisivus, definitivus et collectivus »)27 dont une des conséquences fut l’abandon de la dimension temporelle et eschatologique sous-tendant l’Histoire sacrée28. Dans l’Alia informatio Beguinorum29, Arnaud exposa ses idées en vue d’instruire un cénacle de fidèles d’Olivi. Par exemple, il accordait à l’intériorité une place privilégiée à condition que le désir de perfection évangélique s’incarnât toujours en des actes concrets et libres. D’inspiration paulinienne, ce texte proclamait ne rien vouloir connaître sinon Jésus, et Jésus « crucifié ». De fait, la séparation des deux domaines : l’un scientifique ou pratique, l’autre spirituel consacré à la pénétration des Mystères du Christ moyennant la seule illumination de la grâce divine, Arnaud l’a maintenue tout au long de son œuvre30, différant ainsi des disciples d’Averroès qui voyaient dans la progression de la raison humaine le chemin de l’union avec Dieu. À l’instar d’Olivi, il fut plus sensible aux faits de l’histoire de la Salvation qu’à une synthèse doctrinale. D’où le rappel constant de la Passion et de l’Apocalypse. Cependant, alors même qu’Olivi blâmait l’imitation de la Passion de Jésus, le visionnaire catalan recommanda de s’inspirer de la vie et de la mort du Christ31. Pour les Béguins, le Tiers-Ordre franciscain, les Frères spirituels, les Pauvres du Christ, Arnaud fut un proche, un ami, un protecteur qui plaida leur cause devant Benoît XI et Clément V, quelqu’un qui, de plus, parlait et écrivait leur langue, le catalan.
7A Barcelone, épaulé par des amis, il organisa un véritable centre de propagande des idées dites spirituelles. Un scriptorium fut installé dans des locaux prêtés par un apothicaire fortuné, Pere Jutge, où furent copiées les œuvres “engagées” d’Arnaud et quantité de livres pseudo-prophétiques32. Les Béguins du Midi tinrent Arnaud de Villeneuve pour un maître et lui conférèrent une très haute autorité, égale à celle qu’ils reconnurent à Ramon Llull (Lulle)33. Ils ne séparèrent pas les deux hommes dans leur hommage, cherchant simplement chez l’un ce que l’autre ne pouvait ou ne voulait leur apporter. Lulle, par exemple, leur légua un système qui prouvait par une combinatoire complexe de raisons nécessaires les articles de foi, contrebalançant l’intransigeance de Villeneuve quant à la voie démonstrative, en matière religieuse34. De ce qu’ils usèrent, sans vraiment de nuances, des travaux de Lulle ou d’Arnaud s’ensuivit une confusion dans les attributions des textes liés à la postérité intellectuelle de ces deux auteurs. Ce fut, peut-être, à l’intérieur de ces groupes itinérants du fait de la persécution que commença la rédaction des pseudépigraphes alchimiques lulliens et arnaldiens.
8Les Spirituels et Béguins du Midi, à l’aube du xive siècle, vulgarisèrent les thèmes d’Olivi et d’Arnaud : théorie des âges de l’Église, pauvreté évangélique, imminence des fins dernières, annonce d’un schisme violent divisant vraie et fausse Église, la première nommée se réfugiant dans le secret des cœurs, triomphe du Pape angélique, rejet du thomisme et de l’averroïsme latin, signes avant-coureurs de l’Antéchrist. De plus, ils professaient l’invalidité des sacrements comme œuvre de Salut35.
9 La contestation des sacrements n’aurait-elle pas, en quelque sorte, favorisé, dans la littérature alchimique, les analogies de type christique36 ? En effet, le xive siècle – qui fut marqué par une série d’interdictions touchant l’alchimie, la théologie et par une crise profonde aboutissant à créer les conditions d’une nouvelle hérésie à l’intérieur de la fraternité franciscaine et de ses éléments allogènes – vit l’apparition de textes dans lesquels le processus alchimique s’apparentait aux étapes de la Passion du Christ et dans quelques uns de ces textes la veine apocalyptique était exploitée. A Arnaud de Villeneuve, dont l’inquisiteur Juan de Longuerio condamna plusieurs libelles malsonnants attaquant l’Église, son culte et ses servants, falsificateurs de la doctrine du Christ37, revint la paternité de traités alchimiques empreints de l’adéquation : lapis = Christus38. Dans le corpus lullien, l’action salvatrice du Christ était comparée à celle de la pierre39 ce qui, nous semble-t-il, pourrait être conforme aux idées d’Olivi et d’Arnaud de Villeneuve conscients que l’accord de l’homme au projet divin supposait une action, une praxis40, et non pas le maintien d’un ensemble cohérent du savoir. Or travailler les métaux, les distiller, sublimer et transmuter n’avaient de sens que si le corps humain en était conforté et les pauvres secourus41. Suzanne Colnort-Bodet a avancé que le retour à la matière première, thèse principale des alchimica d’Arnaud de Villeneuve, concordait avec la volonté des Frères spirituels de retrouver toute l’intégrité de la première règle de saint François42. Il est vrai que, dans la littérature mystique, il nous est arrivé de découvrir quelquefois une comparaison avec l’eau-de-vie pour expliquer la régénération de l’homme parvenant au degré suprême de la Contemplation. Cela chez Suso, dans le Livre de la Sagesse éternelle : « L’homme, dit-il, n’a pour ainsi dire plus à accomplir de façon active ce qu’il faisait avant que cette régénération se fût accomplie, mais il accomplit ces opérations selon une disposition permanente. Vois par exemple l’Eau-de-Vie : elle n’a moins de matière pour un effet puissant et caché que le vin qui est demeuré selon son premier état43 ». Dans un petit livre rédigé en catalan puis traduit en latin, le De statibus Ecclesiœ, qui circulait dans le milieu des Béguins du Midi propageant les thèmes de l’évangile étemel, l’auteur écrivait que « dans le troisième âge le Saint-Esprit se montrera et se donnera comme une flamme et un fourneau d’amour divin, comme le cellier d’un vin spirituel et comme le magasin d’onguents spirituels »44. Ces textes provenaient du cercle des ordres mendiants, dominicain et surtout franciscain. L’image de la flamme et du fourneau d’amour divin se trouvait déjà dans la Postilla d’Olivi45. Une expression d’origine technique comme celle de la distillation alchimique, employée à des fins religieuses, signifie-t-elle pour autant que le spirituel et l’alchimiste ne sont qu’une seule et même personne ainsi que le suggère Suzanne Colnort-Bodet ? Toujours est-il que dans les manuscrits plusieurs personnages liés, de près ou de loin, à la querelle de la pauvreté dans l’ordre franciscain donnèrent leur nom à des exposés alchimiques : Arnaud de Villeneuve, Raymond Gaufredi, Vital du Four, Lulle46, Roquetaillade... Cependant, dans la mesure où le Frère qui le premier trahit l’esprit de la Règle de saint François fut Élie de Cortone, second ministre général de l’ordre, et que ce dernier resta dans la légende comme le promoteur de l’alchimie dans l’ordre47, on hésite quelque peu à fixer une pratique de l’alchimie plus ou moins occulte dans le milieu des Béguins, préoccupés qu’ils étaient, avant tout, par le respect de la pureté native de la règle franciscaine. Les témoignages de frères, liés au mouvement spirituel sinon joachimite, comme Salimbene et, surtout, Angelo Clareno, tous deux contempteurs du frère Elie, lui attribuent, à titre de défaillance grave, l’initiation à l’alchimie et, plus généralement, aux subtilités de la philosophie48.
10Arnaud de Villeneuve, dans le premier alchimicum que nous avons étudié, le De lapide philosophorum ou De secretis naturœ49, prévenait le familier auquel il s’adressait qu’il tenait la science de cet art de l’un de ses frères en religion pour une part, et pour une autre d’un moine allemand50. Le texte, divisé en six points, se terminait par la mort et la résurrection de Jésus, symbolique de l’opération finale. Thorndike remarquait que pareille association du processus alchimique et de la crucifixion et résurrection du Christ fut, par la suite, communément citée comme une formule d’Arnaud51. Il traduisit, d’après les manuscrits, la partie la plus typique des Sécréta qui commençait en ses termes : « Et donc je vous dis, mon très cher fils, que le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont une même chose, cependant ils sont trois personnes. De même, pour notre pierre, ils sont trois »52. Le Monde, continuait l’auteur, perdu à cause d’une femme, serait recouvré par une femme. « Par conséquent, prenez la mère pure et mettez-la dans le lit avec le fils selon votre intention et là qu’elle fasse la plus stricte pénitence jusqu’à ce qu’elle soit bien purifiée de tous les péchés. Et alors elle portera un fils à coup sûr qui prêchera à tous en disant : “Des signes sont apparus dans le soleil et la lune.” »53. Puis la Passion de Jésus devenait le processus chymique, le soleil et la lune s’obscurcissaient, le voile du Temple se déchirait et la terre tremblait. Enfin, le maître disait à son élève : « Tiens pour certain que le Fils crucifié en peu de temps se relèvera de la mort à la vie, et comme il aura une âme, un feu plus fort devra donc être donné. »54. Cette dernière et décisive étape de la transmutation correspondant à la résurrection du Christ était donc décrite dans un style biblique, et l’interprétation alchimique accentuait le caractère eschatologique de l’emprunt fait au récit de la Passion. L’attribution à Arnaud de Villeneuve, qui pourrait remonter à l’origine même de la rédaction du texte, signifierait l’appartenance à une école, une secte disons arnaldienne repérée en Catalogne, à Naples et en Sicile55.
11 Toujours placé sous le nom d’Arnaud de Villeneuve, nous avons dans un manuscrit de Venise San Marco VI 214 (1472)56, un texte alchimique dont l’incipit est le suivant : « Incipiamus Exempla in arte philosophorum in dictis prophetarum ac parabolis eorum de aduentu Christi. » L’auteur de ce traité expose comment à travers la Conception, la Génération, la Nativité et la Passion du Christ, l’art alchimique peut être compris, puisque le Christ est l’exemple de toutes choses57. En tant que modèle, il nous éclaire sur le régime de l’Art philosophique, la composition de l’élixir, préparé et prédit par les alchimistes comme la venue du Christ sur terre puis son élévation au Ciel le fut par les prophètes. Dieu, poursuit l’auteur, fait du nouveau sur la Terre. Adam, le premier homme, a été fait d’eau et de terre. Il en est de même pour le mercure qui par la similitude des prophètes peut être comparé à l’homme et aux végétaux, puisque les végétaux sont composé des quatre éléments et qu’ils ont leur origine dans et sur la terre. Donc de même que l’âme des prophètes fut remplie du Saint-Esprit afin d’annoncer le projet de la Divinité, « il nous a largement été donné, par la grâce, de faire à partir du visible quelque chose visible et d’administrer la Nature »58. Puis développant la métaphore de la racine et de la fleur employée par Isaïe pour signifier la naissance virginale du Sauveur, l’auteur montre comment une fleur (le Christ) sortit d’une racine (les quatre éléments) et comment pareille image peut servir à saisir la génération de l’élixir59. Surtout, le pseudo-Arnaud s’étend très longuement sur la Passion – la mort scandaleuse du Messie annoncée par tous les prophètes de l’Ancien Testament – dont il met en parallèle les principales étapes avec celles du magistère alchimique. À l’instar de Jésus, le mercure est regardé comme un agneau mené à l’abattoir afin de libérer l’Humanité de la pauvreté et de la misère60. Nous trouvons donc une justification de l’alchimie dans la mesure où cette dernière permet ainsi d’alléger le fardeau de l’homme sur la terre. Cette insistance sur la Mort et la Résurrection du Christ rapportée à l’alchimie, le va-et-vient constant de l’une à l’autre61, l’accent mis sur les souffrances du mercure comparables à celles de Jésus, enfin la possibilité par la transmutation de l’argent-vif, acquise de manière difficile et heurtée, de vaincre la misère, autant de thèmes (dont l’application ici est alchimique) qu’un Olivi et surtout Arnaud de Villeneuve62 auraient énoncés sans peine. Cependant, l’examen du manuscrit de Venise n’emporte pas la certitude de tenir là un alchimicwn composé par un ami de la pauvreté évangélique. Et l’on nous objectera qu’aux xive et xve siècles l’image du Christ souffrant imprégna d’autres mentalités que celles de ces errants poursuivis par l’Église officielle. Barbara Obrist a raison de dire que « rien ne permet de spéculer sur la religiosité d’un auteur lorsqu’il utilise consciemment un procédé rhétorique »63. Thorndike, dans le court exposé qu’il consacra à ces Exempla, nota que ceux-ci s’inscrivaient dans toute une collection médiévale d’exemples naturels pour illustrer un enseignement spirituel64. Un scolastique aussi éminent qu’Albert le Grand, par exemple, puisa abondamment dans les sciences naturelles, citant Galien, Hippocrate et Aristote, en vue d’accompagner son exégèse de l’Écriture65.
12En somme, bien que ces Sécréta et Exempla attribués à Arnaud de Villeneuve dénotent une parenté quelque peu vague avec le personnage historique, tel que nous l’avons défini, marqué par une dérive prophétique de type joachimite66, néanmoins ils ne fournissent pas la preuve d’une relation entre Arnaud et un groupe de Béguins susceptible d’avoir exploité la postérité du célèbre médecin dont la légende alchimique s’accrut après la mort.
13C’est à l’intérieur d’un manuscrit de Cambrai67 – Cambrai 919 (818) lat. ff. 145-161v – que nous avons découvert un témoignage d’une dépendance possible entre d’une part le travail scientifique d’Arnaud de Villeneuve et d’autre part ses idéaux chrétiens. En effet, le livre commence ainsi : « Incipit liber philosophicus de omni membrorum totius corporis sanitate mediante aqua philosophica ab angelis Dei manifestata pro pauperibus Euangelicis. » En fait, il s’agit du De Aqua vitœ simplici et composita 68, que Robert Halleux présente comme une des sources du De quinta essentia de Rupescissa (Jean de Roquetaillade)69. Dans ce traité, Arnaud retrace les moyens de soigner le corps humain en utilisant des médicaments tirés de la distillation du vin (aqua ardens). A proprement parler, le De aqua vitœ n’est pas un alchimicum mais plutôt un livre de chimie médicale où les autorités citées relèvent du domaine de la médecine : Hippocrate, Constantin l’Africain, Pierre d’Espagne. L’hypothèse selon laquelle le De aqua vitœ émanerait des mêmes lieux de fabrication que les ouvrages spirituels du médecin catalan se trouve renforcée par la déclaration d’intention contenue dans l’incipit : « eau philosophique manifestée par les anges de Dieu pour les pauvres évangéliques », c’est-à-dire pour les disciples de Pierre-Jean Olivi, auxquels Arnaud délivra un enseignement, spirituel celui-là, dans l’Alia informatio Beguinorum. Peramau, qui l’édita à partir de deux exemplaires, l’un catalan, l’autre napolitain, émet l’avis suivant lequel la version napolitaine viendrait de la chancellerie royale de Naples70. Naples, la cité du roi Robert (t 1343), l’ami des savants et des lettrés, nouveau Salomon dont le Testamentum attribué à Lulle (1332) évoqua la cour en proie à la fièvre alchimique de projection précipitée71.
14Nous l’avons dit : le médecin et professeur de médecine, Arnaud de Villeneuve parut plutôt soucieux de tenir à l’écart de son travail scientifique et naturaliste ses préoccupations religieuses. Parce qu’il refusa de mêler réalité physique du monde et théologie, dans la plupart de ses cours et traités, il se maintint, en règle générale, dans les limites de la connaissance naturelle. Cependant, dans une introduction au texte pseudo-joachimite De semine scripturarum, Arnaud expliquait combien, dès lors que le temps défini à l’avance était venu, la création dans son ensemble devenait un grand livre que le prophète, l’eschatologue savait interpréter, tout chose se revêtant de signification72. On peut comprendre ce que les textes alchimiques attribués à ce même Arnaud devaient à cette thèse d’un monde qu’il suffisait de “lire” pour en saisir la finalité. Autrement dit, le travail de l’alchimiste s’apparentant aux étapes de la Passion, participait d’une vision grandiose de la nature contenant, en elle, toute la Révélation. Aussi en sommes-nous à nous demander si ces opuscules qui abordaient les problèmes de la prophétie n’ont pas informé de manière secrète le mouvement scientifique du moment, sinon chez Arnaud qui, dans l’exercice de la médecine sembla privilégier la voie rationnelle73, du moins chez ses disciples. Guy Beaujouan relevait : « Le renouveau scientifique des années 1260 a, curieusement, un lien avec les prophéties de Joachim de Flore. Comptant 42 générations d’Abraham à Jean-Baptiste, dans le premier état de l’Humanité placé sous le signe de Dieu le Père, Joachim de Flore a situé, justement vers 1260, la fin du second status placé sous le signe du Christ : 42 générations de 30 ans, cela fait effectivement 1260. A partir de cette date, l’Humanité entrera dans le troisième état, celui de la spiritualis intelligentia sous le signe du Saint-Esprit. Que de telles spéculations aient été prises au sérieux, cela est garanti par leur condamnation en 1255 et 1260 (cette dernière année étant celle-là même où la prophétie devait prendre effet) »74.
15Bref, dans un contexte donné, celui des cercles hérétiques associés au Tiers-Ordre de saint François, compte tenu du fait qu’Arnaud de Villeneuve fut, à leur égard, un proche apportant sa part de théorie apocalyptique, qu’en outre il étonna tout le monde par des guérisons extraordinaires75, la tentation était grande de placer sous l’autorité du grand Catalan des textes où étaient superposés une alchimie inspirée par le pseudo-Geber, un christocentrisme relatif à l’enseignement d’Arnaud délivré aux Béguins et, dans la lignée de Bacon, une renovatio totale du corps social et de l’ordre du Monde76. Cependant, après avoir exprimé une telle opinion, il est important de souligner que parmi les textes alchimiques d’Arnaud ornés de métaphores bibliques, la structure joachimite (i. e. crise sociale et politique – Antéchrist – Pape angélique) n’apparaît jamais. L’analogie fondamentale est celle de Jésus crucifié et ressuscité.
16Même dans une allégorie comme la Cathena aurea, on constate l’absence de toute perspective eschatologique correspondant au dessein de renouvellement du Monde souhaité par les continuateurs de Joachim de Flore. En fait, la Cathena aurea 77 se présente à nous comme une paraphrase alchimique d’Apocalypse, V : le narrateur rapporte la vision d’un vieillard glorifié se tenant debout avec, dans la main, un livre clos par sept sceaux, les sept clés du magistère alchimique. Ce récit, donc, attribué à Arnaud de Villeneuve, montrant un vieillard surnaturel que dans une version française le narrateur appelle « Père saint »78, coulé dans une forme allégorique de type apocalyptique ne déborde pas le sens alchimique général et s’achève par une curieuse formule : « personne n’est digne d’ouvrir le livre si ce n’est l’agneau c’est-à-dire le doux, disciple de la philosophie »79. Il s’agit bien d’une allégorie qui se développe selon les règles de l’allégorie délivrant un enseignement alchimique et contrevenant, donc, à l’interdit de saint Thomas, lequel réserve l’usage de celle-là à la seule Écriture Sainte80. Bref, un tel discours figuré tiré de la Bible, afin de signifier une vérité hermétique, s’intègre dans une tradition littéraire dont le but est de provoquer la recherche interdite aux indignes et aux malhabiles et de favoriser l’ingéniosité des artisans. L’intérêt de la Cathena aurea réside, cependant, dans cet emploi de l’Écriture à des fins philosophiques.
17Dans un long article de Chrysopœia, Sylvain Matton a montré que, dans la littérature religieuse de la France du xviie siècle, les emprunts à une terminologie alchimique étaient « chose assez banale »81. Le but des prédicateurs faisant usage de métaphores chymiques visait surtout à l’édification des fidèles pour qui, sous l’effet du sermon ou de la lettre spirituelle, l’art de séparer le pur de l’impur devenait véritablement une image parlante d’ascèse intérieure, de même que les exemples tirés du processus alchimique les aidaient à mieux assimiler, dans un contexte particulier de querelle religieuse, les mystères de la vraie religion. Nos textes attribués à Arnaud de Villeneuve – Sécréta et Exempta – se situent, eux, au commencement des analogies développées par la suite entre Passion, Eucharistie et Grand Œuvre. S’ils découlent, ainsi que les discours étudiés par Sylvain Matton, de l’idée ancienne d’un monde miroir de Dieu82 (les Exempta particulièrement), ils sont, cependant, le résultat des cogitations et des expérimentations d’alchimistes attachés à communiquer leur art de telle manière que ce dernier soit reçu par des « fils » capables de le reproduire, et non pas des homélies utilisant des images saisissantes et fascinantes procurées par le trésor littéraire des alchimica et les pratiques des adeptes. S’il est vrai que tout récit médiéval est une révélation de faits extraordinaires, les alchimica du pseudo-Arnaud, proposés dans un langage biblique, ressortissent du genre allégorique dont la fonction est d’expliquer par des voies détournées et de rendre mémorable, à la manière de l’image peinte83.
18La seule conclusion indubitable que nous puissions tirer de l’examen de ces textes consiste en ceci qu’aucun d’eux n’est construit sur le modèle joachimite. Pour l’heure, la probabilité d’un lien entre, d’une part, des groupes dissidents de l’Église, néanmoins lettrés et bons biblistes, issus d’un noyau formé autour de personnalités aussi remarquables qu’Olivi et Arnaud, et, d’autre part, une alchimie dont le médecin catalan serait l’inspirateur, paraît une supposition dénuée de fondement véritable. Reste le cas du manuscrit de Cambrai dédié aux « pauvres évangéliques ». Or, celui-ci n’est pas ce que l’on appelle un texte alchimique. Il s’agit d’un traité médical qui expose les différents moyens de soigner le corps humain par l’aqua ardens, mais en aucune façon le De Aqua Vitae ne développe les schèmes abordés dans les alchimica, encore moins ceux des ouvrages théologiques d’Arnaud. Il demeure, toutefois, l’indice d’une attention particulière d’Arnaud de Villeneuve à l’égard des disciples d’Olivi, non plus en tant qu’autorité spirituelle mais comme médecin.
19A l’inverse d’Arnaud, Jean de Roquetaillade, « théologien, polémiste, alchimiste »84, ne se départit pas, dans l’un ou l’autre de ses travaux, de l’intérêt qu’il prodigua aux Béguins. Ce frère mineur, d’origine auvergnate, de caractère emporté, devenant « dans ses accès une véritable brute »85, de formation philosophique qu’il renia par la suite, passa le plus clair de son temps à partir de 1344 en prison, où cependant il put garder des livres et écrire, à cause d’un idéal de pauvreté absolue, des vaticinations au sujet de l’Antéchrist, « sa race et sa secte au monde »86, de violentes accusations portées à l’encontre du haut clergé, et des visions étranges. Par exemple, dans un ouvrage célèbre le Vade-mecum in tribulatione87 adressé à un frère en religion, médecin par surcroît, Roquetaillade annonçait une série de diverses catastrophes qui affligeraient tant l’Église que le monde : tempêtes, tremblements de terre, éruptions volcaniques, guerres, famines, épidémies, abcès et ulcères, la manifestation de deux Antéchrists, « l’un en Orient, l’autre en Occident »88, etc. Puisque ni le clergé, ni les rois, ni les philosophes, ces enfants d’Aristote, n’avaient véritablement adopté le modus vivendi du Christ et de ses apôtres, ils devraient perdre, les uns et les autres, leurs richesses, leurs pouvoirs et leurs plaisirs. Enfin, au terme de cinq années de tribulations. Dieu enverrait un homme vêtu de lin, un saint Père qui serait le Réformateur du monde. La source principale des œuvres apocalyptiques de Roquetaillade serait Olivi, mais il subit aussi l’influence de sainte Hildegarde, de Robert d’Uzès, de Merlin, des Vies de saint François, et, bien sûr d’Arnaud de Villeneuve que, pourtant, il cite peu89.
20Il va sans dire que, le xive siècle voyant le royaume de France défait par l’Angleterre et la peste se propager, les oracles de frère Jean reçurent un certain crédit auprès de cardinaux qui lui fournirent des subsides et des vivres. Roquetaillade, donc, même s’il ne voulut croire que la sacro-sainte Église romaine et universelle, contestant toute accusation d’hérésie à son endroit90, prophétisa néanmoins le châtiment des prélats et des ordres religieux, à l’exception notable d’un petit groupe de franciscains attachés à la pauvreté évangélique. Ces derniers, afin d’échapper aux troubles et aux cataclysmes, fuiront se réfugier dans des grottes et des fermes où, écrit-il, « il faut faire [...] des provisions de fèves, de légumes, de millet, de viandes salées et de fruits secs »91.
21 Or, Jean de Roquetaillade fut aussi l’auteur de livres alchimiques mettant à profit les travaux d’alchimie attribués à Arnaud de Villeneuve92. Le De quinta essentia qui montre la préparation de remèdes par distillation de l’aqua ardens (l’alcool), est introduit par une déclaration dans laquelle l’auteur énonce qu’il n’eut dessein de composer ce livre que pour les « pauvres évangélisants », afin qu’« ils soient totalement délivrés des maladies, pour qu’ils puissent dévotement obéir et servir de tout leur pouvoir à notre seigneur Jésus-Christ »93. Son projet est donc bien de venir en aide aux franciscains, petits frères persécutés par les hommes et attaqués dans leur chair par des affections d’origine démoniaque. L’influence de la chimie médicale d’Arnaud est manifeste dans cet ouvrage. Dans le prologue de son Liber lucis, autre ouvrage alchimique, Roquetaillade explique qu’il livre là la clé du secret de la pierre dans le but de secourir l’Église appelée à être martyrisée du fait de l’avènement prochain de l’Antéchrist. Il y a dans le Liber lucis de fréquentes citations d’Arnaud, tirées des Exempta 94.
22L’alchimiste Jean de Roquetaillade, franciscain partisan de la stricte observance de la règle de saint François, en proie à des obsessions apocalyptiques, sut trouver et exploiter, quelques décades après la mort d’Arnaud, un traité comme les Exempta. Il ne douta pas que celui-ci fût de la main du médecin catalan, ami des « pauvres évangélisants » et prophète comme lui. Il légua ainsi à la postérité l’image d’un Arnaud de Villeneuve inventeur de l’analogie lapis = Christus et d’une alchimie médicale dont il tira parti en s’appliquant par ses propres travaux à livrer au monde un puissant médicament régénérateur, seul remède capable d’anéantir les effets désastreux de l’Antéchrist : l’alcool.
Notes de bas de page
1 Expositio in Apocalypsin (Venise 1527), Psalterium decem chordarum (Venise, 1527), Concordia novi ac veteris Testamenti (Venise, 1519, reprint Frankfurt, 1964).
2 Cf H. Denifle o.p. – Aem. Châtelain, Chartularium Universitatis Parisiensis 1 (1899), pp. 272- 285 : 31 propositions erronées extraites de l’œuvre de Borgo San Donnino par les théologiens de Paris (1254) que le Pape réprouva le 23 Octobre 1255. « Primus error est, quod Evangelium eternum, quod idem est quod doctrina Joachim, excellit doctrinam Christi et omne novum et vetus Testamentum [...] Quartus, quod novum Testamentum non durabit in virtute sua, nisi per sex annos proximo futures, id est usque ad annum Incamationis MCCLX [...] » En 1215, le IVe Concile de Latran avait déjà condamné la théorie trinitaire de Joachim de Flore (Denzinger-Schönmetzer, 1976, n° 803).
3 Avant même l’apparition du Liber introductorius in Evangelium œternum, vers 1240, sont écrits des textes d’inspiration joachimite comme les Super Esaiam (Venise, 1517), Super Hieremiam (Venise 1516), De Oneribus Prophetarum (éd. Oswald Holder-Egger, Neues Archiv der Gesellschaft fur altere deutsche Geschichtskunde, 33, 1907), Expositio super Sibillis et Merlino, cf. Harold Lee, Marjorie Reeves, Giulio Sano, Western Mediterranean Prophecy. Pontifical Institute of Mediœval Studies, Toronto, 1989, p. 7.
4 Georges Duby, dans Saint Bernard, L’Art Cistercien (1976), avance l’idée que « l’ordre cistercien rêve d’absorber un jour en lui la société tout entière – et bientôt, l’abbé cistercien Joachim de Flore pourra prédire le proche avènement de cette totale conquête. » p. 80.
5 Cf. Harold Lee, Marjorie Reeves, Giulio Sano, Western Medilerranean Prophecy, Pontifical Institute of Medieval Studies, Toronto, 1989, p. 7.
6 Inc. « Exquiritis a me o illustrissima Danaum turba. » Éd. Oswald Holder-Egger, N eues Archiv 15 (1889), pp. 155-173 (version longue) et n° 30 (1904-1905) pp. 328-335 (version plus courte). Le Vaticinum Sibillœ Erithreœ serait un commentaire de Joachim sur un oracle de la Sibylle écrit dans le style énigmatique des prophéties sibyllines circulant au xiie s. Le Vaticinum met en scène un drame historico-merveilleux dans lequel lion, ours, aigle, dragon défilent sous nos yeux avant que monte enfin sur le trône l’agneau qui rénovera l’univers.
7 Éd. Paulus Piur dans Karl Burdach, Vom Mittelalter sur Reformation 2, Pt 4, Berlin, 1912, Appendix, pp. 220-327. Le texte débute avec des pronostics astronomiques annonçant pour les années 1254-1282 des changements politiques. Mais l’essentiel de l’Oraculum Cyrilli réside dans la déchéance de l’Église officielle et l’attente d’un Saint Pontife figuré en ursus mirabilis et flos indifluus (la fleur qui ne se fâne pas) : « Flos quidem habet odorem in tactu et novitatem in ortu. Hec autem novitas, quam committet, poterit contingere multipliciter et maxime in officiis et dignitatibus Romane Ecclesie commutandis et renovandis. » p. 295. Cf. H. Lee et al., op. cit. n. 5, pp. 13-14.
8 La véritable orthographe d’origine languedocienne est Peire Johan-Oliu, plus connu dans l’histoire de la théologie sous le nom de Petrus Johannis Olivi (du bas-latin olivus).
9 Cf. Reeves, op. cit., p. 18. libertin de Casale est l’auteur de l’Arbor vitœ crucifixœ (1305).
10 Cf. Raoul Manselli, Spirituels et Béguins du Midi, traduction de Jean Duvemoy, Toulouse, 1989 (version française revue et augmentée par l’auteur). Première publication romaine en 1959 (Spirituali e Beghini in Provenza).
11 Olivi n’est pas à proprement parler un continuateur de Joachim. Cf. P. Gratien, Histoire de la fondation et de l’évolution de l’Ordre des frères Mineurs au xiiie s., Paris, 1928 : « La sixième époque du monde est marquée non par la publication d’un nouvel Évangile, mais par le renouvellement de l’Évangile du Christ sur la base de la très haute pauvreté contenue dans la règle de Saint François qui s’identifie avec l’Évangile. » Ce n’est pas l’avis de Lee, Reeves et Sano qui, à propos de la Pastilla in Apocalypsim, en notent le caractère « fundamentally and overtly Joachimist », p. 19.
12 Pastilla in Apocalypsim, Rome, bibliotheca Angelica ms. 382. Cf. R. Manselli, La "lectura super Apocalipsim" di Pielro di Giovanni Olivi, Ricerche sull’escatologisme mediœvale, Roma, 1955.
13 Lo cavalier armat, édité et présenté par Manselli dans Cahiers de Fanjeaux 10 (Toulouse 1975) pp. 203-215 et p. 187, art. Manselli : « L’idéal du Spirituel selon Pierre Jean Olivi. » Voir aussi Manselli, Fanjeaux 11, p. 187 : « Opuscules spirituels de P.J. Olivi. »
14 Louis, Robert et Raymond-Béranger. Louis prit, plus tard, l’habit des Mineurs et fut canonisé. Robert devint le roi de Naples.
15 Trad. M.H. Vicaire dans Cahiers de Fanjeaux, 10, pp. 127-137.
16 Épître, op. cil, p. 126 : « Si le grain des semailles ne meurt en tombant sur la terre, il reste seul. Mais s’il meurt, il porte un fruit multiple. » voir Jean 12, 25-26. Voir la citation du Rosarius Philosophorum d’Arnaud de Villeneuve, Practica, c. XXIV : « Consurgit nullus unquam sine semine fructus in quo dum moritur semen fructum dare fertur. » La version d’Oc du Rosarius unit de manière plus probante encore la relation établie par Olivi entre Aristote et l’Évangile : « quar iamays frug non yeis sensa corrupcion. » (voir notre édition de ce texte à paraître en 1994).
17 Aristote, De generatione et corruptione, I, 3.
18 Camille Bérubé, « Olivi, critique de Bonaventure et d’Henri de Gand », dans De l’homme à Dieu selon Duns Scot, Henri de Gand et Olivi, Bibliotheca seraphico-capuccina cura instituti historici ord. fr. min. cappucinorum, Roma, 1983. Voir les pp. 18-79.
19 Arnaud prit la défense d’Olivi et de ses écrits dans le Tractatus quidam in quo respondetur obiectionibus que fiebant contra tractatum Amaldi de adventu Antichristi, éd. Batllori, « Escrits espirituals d’Arnau de Vilanova », Analecta Sacra Tarraconensis, XXVIII (1955), p. 23. Il est à peu près établi qu’il le rencontra.
20 Cf. Manselli, Spirituels et Béguins du Midi (1989), pp. 33-34.
21 Expositio super Apocalypsi, éd. loachim Carreras i Artau, Corpus philosophorum medii œvi : Arnaldi de Villanova scripta spiritualia, I, Bruxelles, 1971. Sur l’Expositio voir Manselli, op. cit. pp. 52- 55. J. Perarnau, dans un article récent, doute de l’authenticité arnaldienne de ce texte, cf. Josep Perarnau i Espelt, El text primitiu del « De mysterio cymbalorum Ecclesiœ » d’Arnau de Vilanova. En apéndix, el seu « Tractatus de tempore adventus Antichristi » dans Arxiu de Textos Catalans Antics, 7/8 (1988-1989), p. 21. Compte rendu par Jaume Mensa i Valls dans Revista Catalana de Teologia, XV/2 (1990).
22 Bien que le nom de Joachim de Flore apparaisse dans le Tractatus quidam, il n’est pas certain qu’Arnaud ait lu les ouvrages de l’abbé calabrais. Ainsi, il composa une introduction (Introductio in librum Joachim de semine Scripturarum) à un texte attribué à Joachim dont le caractère apocryphe est patent. Sur l’Introductio de semine Scripturarum voir E. Duprè-Theseider, « l’Attesa escatologica durante il periodo avignonese » dans l’Attesa dell’età nuova nella spiritualità délia fine del medioevo, III Convegni del centro di studi sulla spiritualità medievale, Todi, 1960.
23 Tractatus de tempore adventus Antichristi, éd. Heinrich Finke, Aus den Tagen Bonifaz VIII, Munster, 1902, pp. CXXIX-CXXX. J. Perarnau en a donné une nouvelle édition dans Arxiu de Textos Catalans Amies, 7/8.
24 Cf Confessio de Barcelona dans Arnau de Vilanova obres catalanes, vol. 1 : « Escrits religiosos », Barcelona, 1947, pp. 111-113.
25 Gladius iugulans Thomatistas, éd. Francisco Ehrle, « Arnaldo de villanova ed i Thomatiste » dans « Contributo alla storia della scuola tomistica », Gregorianum, I (1920), pp. 475-501.
26 Carreras i Artau, « La llibreria d’Arnau de Vilanova », Amilecia Sacra Tarraconensis, XI (1935), pp. 63-84.
27 Définition proposée par Alexandre de Halès, dont la source serait Boèce, v. Alexandre de Halès, Summa theologica, cap. IV « De modo traditionis Sacræ Scripturæ », art. 1, éd. Quarrachi (1924- 1948), p. 8.
28 Cf. Tullio Gregory, « Escatologia e Aristotelismo » dans l’Attesà dell’età nuova nella spiritualità della fine del medioevo, p. 281.
29 Perarnau, l’“Alia informatio Beguinorum" d’Arnau de Vilanova, Barcelona, 1979. Édition de textes catalan et napolitain.
30 Il n’y a pas dans l’œuvre médicale d’Arnaud de Villeneuve la trace d’une religiosité plus marquée que celle que l’on pourrait découvrir dans un écrit quelconque du moyen-âge. Cf. Juan A. Paniagua, « Abstinencia de carnes y medicina » dans Scripta Theologica, vol. XIV/ 1-2, Pamplona, 1984.
31 Il faut noter l’indépendance d’esprit d’Arnaud envers les théologiens même les plus proches de ses idées comme Olivi ou Joachim, preuve de son désir obstiné de s’occuper des divinis bien que medicus et non theologus : « Omnes enim fideles sunt de corpore Christi et Christus est omnia omnium ; proinde ad omnes pertinet sapere et tractare in spiritu eius veritatem divinam. Unde qui medicos in ministerio divine virtutis respuit vel contempnit, non ambulat in spiritu Christi, nec habet in se veritatem Christiane religionis. » (Tractatus quidam, op. cit. p. 19). Cf. sur ce sujet Josep Perarnau i Espelt, Arxiu de Textos Catalans Antics 7/8.
32 Cf. Perarnau, Alia Informatio Beguinorum, p. 112. Pere Jutge, qui faisait commerce de produits médicinaux, possédait une puissance économique considérable.
33 Cf. Perarnau, Alia Informatio Beguinorum, p. 128.
34 Cf. ibid., p. 81.
35 Les bulles pontificales de 1317-1318 condamnèrent le mode de vie et les principes des Spirituels. Angelo Clareno, le chef de file des Fraticelles italiens, dans une lettre à Philippe de Majorque, en conclut que « celui qui déclare hérétique et excommunie la très-haute pauvreté évangélique est excommunié par Dieu et hérétique aux yeux du Christ qui est la vérité éternelle et immuable ». Cf. L. Von Auw, « La vraie Église d’après les lettres d’Angelo Clareno » dans Attesa, op. cit. pp. 433-442. Par conséquent, les secours spirituels délivrés par les prêtres officiels perdaient toute valeur. Cet argument théologique s’ajouta aux reproches et critiques habituels adressés à une Église dévoyée par le goût du lucre et les stupres variés. Voir aussi la déposition de na Prous Boneta (Manselli, Spirituels..., p. 279) et les accusations dirigées contre les Béguins par Jacques de la Marche : « Sed vos hæretici perverititis simplices animas odio, & malo exemple clericorum & religiosorum, suggerendo simplicibus, quod sacerdotes sunt consubinarii, simoniaci, & omnes infamationes contra ipsos ; & sic taies imbuti isto mortifero veneno aspidis, perdunt fidem clericorum, & nolunt confiteri eis, nec recipere communionem, nec alla sacramenta [...] », Dialogus contra Fraticellos S. Jacobi de la Marchia, dans É. Baluze et J.D. Mansi, Miscellanea, t. 2, p. 605.
36 Le récit de la Passion est affaire de messe, la Sainte Table le lieu de son articulation. La liturgie, « reflet du mystère pascal », est le « lieu privilégié de la présence du Christ souverain prêtre » (Aimé-George Martimort, L’Église en prière, Tournai, 1961, p. 203). Le méfait, aux yeux de l’Église, serait de l’employer à d’autres fins que celles définies par le Canon. D’où l’hypothèse que de tels écrits furent composés par des clercs en voie de rupture avec le Magistère. Mais ce n’est qu’une hypothèse.
37 Elena Canovas y Felix Piñero, Amaldo de Vilanova, Escritos condenados por la Inquisicion. Madrid, 1976.
38 Il s’agit, bien entendu, de la pierre philosophale (lapis). La métaphore qui compare le Christ à une pierre est par ailleurs une analogie courante, abondamment commentée par l’exégèse biblique des xiie et xiiie siècles.
39 Urszula Szulakowska, « Thirteenth century material pantheism in the pseudolullian ‘s’-circle of the powers of the soûl », Ambix, 35 (1988), p. 144 : « Pseudo-Lullian alchemy operates through the mean, a separate third term between two opposites. The texts unceasingly emphasize that the mean has to be found before the operation can take place. The concept is an imitation of Lullian Trinitaris, based on his Christology in which Christ is the mean (reconciliatory operator) between God and human-in-Nature. »
40 Peramau (dans Arxiu de Textos Catalans Antics, 7/8, insiste sur cette notion de praxis ou plutôt d’ortho-praxis supérieure, dans l’esprit d’Arnaud, à l’orthodoxie.
41 Il est peut-être utile de rappeler le souvenir de saint François dont les Vitœ narraient l’empressement auprès des pauvres et surtout des lépreux, qu’il guérit par l’onction de ses mains et de sa bouche, sans l’aide d’aucun remède, à l’imitation du metge evangelical. Cf Ingrid Arthur, La vida del glorios sont Francès, Uppsala, 1955, p. 152.
42 Suzanne Colnort-Bodet, Le Code alchimique dévoilé, Paris, 1989, p. 168 : « Olieu est donc tout proche d’Arnaud de Villeneuve pour qui le sacrifice est le moteur essentiel de la vie. La macération même prend la forme de l’usus pauper et le dépouillement progressif celle d’une recherche de la sublime pauvreté, tandis que les tamis, les pressoirs, les cribles alimentent l’imagination du mystique. »
43 Bienheureux Henri Suso, Œuvres complètes, éd. Ancelet-Hustache, Paris, 1977, p. 446.
44 Reeves, op. cit., p. 68 : « Sed in tertio statu ostendet se Spiritus Sanctus et dabit se sicut flammam et fornacem diuini amoris et sicut cellarium uipi spiritalis et sicut apotheca unguentorum spiritualium. »
45 Reeves, op. cit., p. 21.
46 Szulakowska, op. cit., p. 134 relève que dans le ms Florence BN II, III, 27, f. 279, il est fait mention d’un disciple nommé Celestinus : « this may be a confused memory of Pope Celestine V who regulated the extreme ascetic branch of the Franciscans into the Celestine ordre in 1294 (suppressed for heresy in 1318) ».
47 Sur Élie de Cortone ou d’Assise (vers 1170/80-1253), cf. Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de la liturgie (1963), p. 167.
48 Salimbene, Cronica fratris Salimbene de Adam Ordinis Minorum, ed. Oswaldus Holder-Egger, Hannoveræ et Lipsiæ, 1905-1913, p. 160. Angelo Clareno, Apologia pro vita sua, dans Archivum Franciscanum Historicum, XXXIX (1946), pp. 93-200, v. p. 108 : « Frater Helyas docebat alchimiam et alia plura contraria Fundatori ». Cf. aussi Angelo Clareno, Historia septem tribulationum Ordinis Minorum, éd. Ign. von Dollinger dans Beitrage zur Sektengeschichte des Mittelalters, II, Munich, 1890, pp. 454-455.
49 Ms Cues 201, f. 19 sqq., inc : « Incipit liber magistri Arnaldi de Villanoua de secretis nature. Scito filii quod in hoc libro. » Edition imprimée dans Opera Arnaldi, Lyon, 1532, sous le titre de De lapide philosophorum. Cf aussi Thorndike, History of Magic and Experimental Science, III, pp. 672- 673 (liste des manuscrits).
50 Ms Cues 201, f. 21 v : « Scito fili quod in hoc capitule dicam preparatione lapidis et uiam operationis eius quam sciui non ex me sed habui a domino fratre meo partem operis, aliam a quodam monacho Alamannie. »
51 Thorndike, op. cit., t. III, p. 75.
52 Ms Cues 201, f. 21 v : « Et ideo dico quod Pater et Filius et Spiritus Sanctus idem sunt et tamen sunt 3 persone. Sic est de lapide nostro tria sunt. » Thomdike (p. 76) indiquait en note que dans le ms de Venise San Marco fondo antico 324, cette maxime trinitaire avait été biffée, signe possible du climat passioné de querelle théologique dans lequel pareille utilisation de la Trinité s’intégrait.
53 Opéra, éd. Lyon, 1532, p. 304, Ms Cues 201, f. 21v : « Matrem igitur puram accipias et eam in lecto cum filiis ponas secundum quod intendis et ibi strictissimam penitentiam faciet donec fuerit bene a peccatis omnibus mundata et tunc per certo filium portabit qui omnibus predicabit dicens apparuerunt signa in solo et luna. »
54 Opéra, éd. Lyon, 1532, p. 304, Ms Cues 201, f. 22 : « Ad hoc fit eius tinctura ut melioretur plus quam est in sua natura. Filium igitur verberatum capias et eum in lecto ponas ut intus aliquantulum delectetur et cum senties quod iam delectatur tune eum nudum capias eo in aqua extinge frigida et iterato eum in lecto reponas. Et tune incipiet delectari et iterato capias eo iudeis ad crucifigendum tradas. Qui cum crucifixus fuerit, sol nec luna uidebuntur et tune velum Templi abscindetur et terre motus maximus erit et mutationes. Fortius ergo incendium adhibendum erit et tunc emiti et spiritum et multi in hoc errauerunt. [...] Scias igitur pro certo quod filius crucifixus infra parum tempus resurget de morte ad uitam et cum habebit animam fortior ergo incendium erit dandum. Nam cum solo igne nutritur propter hoc uacauerunt philosophi salamandram, quia sicut salamandra solo igné nutritur. »
55 Robert de Naples, éduqué par des Franciscains de Barcelone, devint l’ami et le protecteur des pauvres évangéliques, lesquels, bien que minoritaires et persécutés, créèrent une fracture à l’intérieur même de la structure ecclésiale de Catalogne. Vers 1309/12, on note la présence, à Barcelone, d’un groupe de Béguins disciples d’Arnaud. Cf. Reeves, op. cit., pp. 47, 56. Un groupe de Spirituels (venu de Toscane) se réfugia chez Frédéric de Trinacrie, roi de Sicile, compagnon d’Arnaud de Villeneuve (cf. Manselli, op. cit., p. 108), auquel est dédié, par exemple, le n° 68 du manuscrit de Palerme composé entre 1305 et 1325, v. S. Harrison Thomson, « The Texts of Michael Scot’s Ars Alchemie », Osiris, V, Bruges, 1938, pp. 525-528.
56 Thorndike, op. cit., p. 660.
57 San Marco VI 214, f. 164v : « Et secundum suum aduentum potest comprehendi hec ars et elegi etiam in regimine suo quia Christus fuit exemplum omnium rerum. Et secundum conceptionem et generationem et natiuitatem et passionem Christi potest comprehendi élixir meum et predicta prophetarum Christo comparari. »
58 San Marco VI 214, f. 165 : « Et primus homo pater noster Adam fuit factus ex terra et aqua et mercurius similiter ex terra et aqua et ideo per similitudinem prophetarum mercurium comparatur homini et vegetabili quia vegetabilia composita sunt ex quatuor elementis et habent originem in terra et supra terram [...] Vnde nobis primo per potentiam suam uel gratiam largitus est quod de uisibili uisibile possumus facere et naturam administrare. »
59 San Marco VI 214, f. 164v : « Et omnes homines exiuerunt ab Adam et Adam creatus fuit a Deo et quatuor elementis et elementa sunt radix omnium. Ergo Christus quantum ad humanitatem recepit formam in uirgine et uirgo recepit ab démentis ergo fuit Christus elementatus et flos exiuit a radice id est ab elementis. Ita potest comprehendi in arte nostra quia argentum viuum denotatur uirga et flos denotatur elixir. »
60 San Marco VI 214, ff. 165v-166 : « Et sicut ouis ad occisionem ducitur Christus oblatus fuit recipere mortem pro nobis et non aperuit os suum, quia uoluntarie recepit mortem pro saluatione nostra. Et sicut ouis ad occisionem ducitur quia propter mansuetudinem suam et benignitatem uoluit nos redimere a uinculis seruitutis. Sic est de mercurio ad cognoscendum potentiam Christi et deuote eius uoluit uel largiri benignitatem et bonitatem ut humanum genus liberaretur ab omni paupertate et miseria per passionem et mortem mercurii. »
61 San Marco VI 214, f. 167 : « Ars artium et in ea potest referri passio Christi. Et Christus fuit nobis exemplum in hac arte. »
62 Les Exempla combinent une analogie christique du processus alchimique et la thèse classique dite du mercure seul à laquelle le nom d’Arnaud de Villeneuve est attaché, bien qu’elle tire sa source de la Summa perfectionis du pseudo-Geber, auquel les Exempla renvoient d’ailleurs expressément (cf. Opéra, éd. Lyon, 1532, p. 304 : « Et Geber dixit quod ex mercurio habet totum fieri »). Cf ms San Marco VI 214, f. 168 : « Et ideo solum argentum viuum sufficit in hac arte. » Les deux aspects du personnage – son intérêt proclamé pour la figure stigmatisée du Christ et, dans un tout autre domaine, l’usage répandu de lui attribuer des textes contenant la transformation des métaux vils en métaux nobles par le mercure – sont ici confondus.
63 B. Obrist, Les Débuts de l’imagerie alchimique (14e-15e siècles), Paris, 1982, p. 21.
64 Thorndike, op. cit., III pp. 77-78.
65 Cf. Henri de Lubac, Exégèse médiévale : les quatre sens de l’Ecriture, t. 4, II, Paris, 1964, p. 305.
66 L’incipit des Exempla, par exemple, rappelle le titre d’un livre célèbre et authentique d’Arnaud se rapportant à la Fin du Monde : « tractatus de tempore aduentus Antichristi et fine mundi. »
67 Cf. Corbett, Catalogue des manuscrits alchimiques latins, Bruxelles, 1939, t. II.
68 Clarissimi et excellentissimi philosophi medicique magistri Amaldi de villanova de aqua vite simplici et composita tractatus pulcherimus incipit, s.l.n.d. (Venise, Adam de Rottweill) in-4°.
69 Robert Halleux, « Les ouvrages alchimiques de Rupescissa », dans Histoire Littéraire de la France., t. XLI, Paris, 1981, pp. 241-278.
70 J. Peramau, l’“Alia informatio Beguinorum" d’Arnau de Vilanova (datable des environs de 1310), Barcelone, 1979, p. 17.
71 Cf ms Paris B.N. fr. 19960, ff. 7-44 : « Obraige dels Philosophes » (version d’Oc du Testamentum de Lulle – xive s.), voir au f. 15v : « Et per so alcuns sont estais ensi, com yeu hay vist qui eront en la companha del rey Robert et fasiant projection d’aquesta peyra tantost aprop sa création. » Cf aussi Manget Bibliotheca Chemica Curiosa, Genève, 1702, t. I, p. 870 : « unde fuerunt aliqui sicut ego vidi, cum essem apud Regem Robertum, qui de hoc Lapide tam secreto faciebant projectionem. »
72 Cf E. Duprè-Theseider, « L’Attesa escatologica durante il periodo avignonese » dans L’Attesa dell’eta nuova nelle spiritualita della fine del medioevo.
73 Cf. par exemple dans le Tractatus de consideracionibus operis medicine sive de flebotomia (éd. Luke Demaitre, Barcelone, 1988), p. 166 : « Medicus enim sensu non apprehendit ea sed solum via racionis. » Cf aussi dans Explicatio super canon vita breuis (éd. Opera omnia Arnaldi, Bâle, 1585), col. 1681 : « Nunc vero videamus de recto iudicio : ea vero de quibus Medicus iudicare debet ad sui directionem in opere, duo sunt : quorum primum est scientia vel traditio Doctorum Medicinæ, sive doceant per scripturam, sive per prolationem : secundum est effectus apparens in sanabile corpus. »
74 Guy Beaujouan, « La prise de conscience de l’aptitude à innover (le tournant du milieu du xiiie siècle) » dans Le Moyen-Age et la Science, approches de quelques disciplines de personnalités scientifiques médiévales sous la direction de Bernard Ribémont, Paris, 1991.
75 Cf. Francisco Santi, Arnau de Vilanova l’Obra espiritual, traduit de l’italien en catalan par Roser Berdagué, Valencia, 1985, p. 115.
76 Cf. Edmund Brehm, « Roger Bacon’s place in the history of Alchemy », Ambix, XXIII part I (March 1976).
77 Amaldi Villanovani Praxis medicinalis, Lyon, 1586, II, pp. 46-47.
78 Cf. A Les sept visions de Marie la prophétesse sur l’œuvre de la pierre des philosophes, texte édité et présenté par Didier Kahn » Chrysopœia, II (1988), fasc. 4, p. 384. Il serait, toutefois, téméraire de reconnaître dans ce vocatif (« Père saint ») une allusion à la figure du Pape angélique. Didier Kahn, à la suite de son introduction à l’édition proprement dite, donne une liste des manuscrits dont aucun n’est antérieur au xve siècle.
79 « Dico tibi quia nemo dignus aperire libram nec soluere signacula eius nisi agnus id est philosophiæ mitis discipulus cui dederit Deus iuuamen periciendi propositum & cælandi arcanum vt tibi dixi. »
80 Cf. Jean Pépin, La Tradition de l’allégorie de Philon d’Alexandrie à Dante, Paris : Études augustiniennes, 1987, pp. 179 sqq. Jean Pépin dégage comme finalités de l’allégorie d’une part le fait de piquer la curiosité et de stimuler la recherche, d’autre part « un facteur de ségrégation ».
81 Sylvain Matton, « Thématique alchimique et littérature religieuse dans la France du xviie siècle », Chrysopœia, II, fasc. 2 (Avril/juin 1988), p. 207.
82 Cf. S. Matton, ibid, p. 133.
83 Cf. Paul Zumthor, Langue, texte, énigme, Paris, 1975, pp. 254-255.
84 Jeanne Bignami-Odier, « Jean de Roquetaillade (de Rupescissa) théologien, polémiste, alchimiste », dans Histoire littéraire de la France, t. XLI, Paris, 1981.
85 Cf. J. Bignami-Odier, op. cit., p. 96.
86 Cf. ibid., p. 96.
87 Cf. ibid, pp.157-169.
88 Cf. ibid, p. 161.
89 Cf. ibid, p. 193.
90 Cf. ibid, pp. 103-104.
91 Cf. ibid., p. 166 : citation extraite du Vade mecum in tribulatione.
92 Cf. Robert Halleux, « Les ouvrages alchimiques de Rupescissa », pp. 241-278.
93 Nous reprenons, en la modifiant, la traduction française du De quinta essentia parue en 1561 à Bâle : La Vertu et la propriété de la qvinte essence de toutes choses, faicte en latin par loannes de Rupescissa & mise en françois par Antoine du Moulin masconnois, valet de chambre de la Royne de Nauarre (éd. Lyon, 1581, pp. 7-8).
94 Cf. Robert Halleux, « Les ouvrages alchimiques de Rupescissa », pp. 266-267.
Auteur
Centre de recherches et d’études d’oc, Paris-Sorbonne
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