Henri de Valois aux yeux de ses sujets
p. 69-86
Texte intégral
1Le règne de Henri de Valois en Pologne, quoique bref, a suscité une vive polémique politique, centrée tout autant sur la personne même du candidat que sur l’État et la nation dont il provenait. On le jugeait, le défendait et critiquait avant même qu’il ne soit venu à Cracovie. Son séjour de quelques mois au Wawel a donné naissance à une masse de pamphlets. Ces œuvres, pour une grande part manuscrites, étaient placardées en différents endroits, en ville et dans le château royal. Henri de Valois en aurait trouvé même dans son lit ; toutes les interdictions restaient sans effet. « Ces pamphlets ont ensuite cessé, non sans avoir au préalable couvert de mépris le roi et les Français », écrit l’historien Swietoslaw Orzelski1. La polémique à coups de plume a repris de plus belle quand Henri de Valois eut si subitement et secrètement quitté la Pologne. Depuis, les jugements sur son sujet ont commencé à paraître non seulement dans nos chroniques ou dans les registres versifiés des souverains, mais aussi dans les discours à la diète et dans les écrits politiques contemporains, avec le temps cependant de plus en plus rarement2.
2Dans la période antérieure à l’élection de Henri de Valois au trône polonais, on s’occupait moins, à ce qu’il semble, des aptitudes et des traits de caractère du futur souverain, alors que l’on accordait beaucoup de place aux profits et aux dommages qui pourraient résulter de son élection et – plus largement – des liens dynastiques entre la France et la Pologne. Quant à moi, je m’intéresserai surtout à la silhouette de Henri, telle qu’elle se reflète dans le miroir de la mémoire de différents milieux et des générations successives, fixée dans les panégyriques comme dans les pamphlets. Les auteurs des uns et des autres pouvaient puiser à pleines mains dans les œuvres parues sur Henri de Valois en France. Ainsi, les partisans de l’élection mettaient surtout en avant, conformément à l’idée dominante chez les auteurs français sur la bravoure des Polonais3, les qualités chevaleresques du futur souverain. On écrivait que, quoiqu’il n’ait que 23 ans, il avait déjà gagné trois batailles, « n’avait jamais perdu, artium belli et pacis peritus ». Bien que, par voie de mariage, il ait pu avoir deux royaumes : l’Angleterre et l’Écosse (allusion à son mariage projeté avec Élisabeth Ire), il n’a pas contracté cette union, car il prise par-dessus tout la gloire chevaleresque4. En un mot, un roi-guerrier, tel qu’il en faut à la Pologne encerclée à l’Est et au Sud par ses ennemis. Il la protégera efficacement contre les Turcs et les Tatars ; l’aspect même de Valois témoigne, écrivait Jan Dymitr Solikowski, « qu’il n’y a en lui pas une goutte de sang tyrannique, mais uniquement la clémence, la bonté, la sagesse, la vaillance, un grand cœur pour l’œuvre chevaleresque »5.
3Ce n’était cependant pas une argumentation des plus efficaces si l’on considère que, sur les rives de la Vistule, on en voulait plutôt à Henri de Valois pour son penchant excessif pour des guerres peu populaires en Pologne, notamment pour les guerres de religion auxquelles il avait pris une part si active. Les événements de la Saint Barthélemy surtout projetaient sur le prince une ombre lugubre. Quand, de Paris furent parvenus à Cracovie les premiers écrits et gravures sur la boucherie, ils bouleversèrent tellement l’opinion publique qu’« il était devenu presque indécent de citer les noms du roi, de la reine mère et du duc d’Anjou »6. Jean de Monluc, envoyé en Pologne pour inciter la noblesse à élire le candidat français, avait donc une tâche fort difficile. Désespéré, il écrivait cyniquement à Paris que si l’on voulait vraiment préparer à Henri le chemin du trône, il fallait au moins retarder la boucherie des huguenots. Comme la correspondance circulait lentement, l’ambassadeur français longtemps privé des instructions de la cour, ignorait la version officielle des événements parisiens. Celle-ci d’ailleurs changeait continuellement et subissait des fluctuations. A chaque étape de cette propagande, Monluc donnait une version nouvelle des événements. Sur un point seulement, il était resté conséquent : dans tous les discours et brochures en faveur de l’élection du duc d’Anjou il soulignait qu’il avait tout fait pour prévenir le massacre et qu’ensuite il avait volé au secours des victimes de la boucherie. En accord avec son caractère doux et chevaleresque, Henri de Valois regrettait beaucoup que « les bouchers et l’infâme plèbe » aient massacré ceux qu’il avait l’habitude de vaincre uniquement dans des batailles rangées. Même s’il n’était pas mû par des sentiments pleins de noblesse, le simple calcul l’aurait empêché de déclencher la nuit de la Saint Barthélemy. Il savait bien en effet, écrivait Monluc, que cela pouvait lui aliéner l’opinion en Pologne et faire obstacle à la couronne. Un autre publiciste français, Guy de Pibrac, soulignait les mérites de Henri d’Anjou qui résistait à la furie et à la cruauté de la foule et protégeait les personnes menacées. C’est lui qui, par sa bonté, avait mis fin aux deux dernières guerres civiles, et il désirait aussi, à tout prix, éviter les événements de Paris7. Les versions de Monluc et de Pibrac étaient reprises en Pologne par Jan Dymitr Solikowski déjà cité (dans son opucule Rozmowa Kruszwicka – Entretien de Kruszwica)8.
4Aux démonstrations des défenseurs de Henri de Valois répliquaient violemment les publicistes protestants : c’est en lui justement, ennemi cruel et perfide de toute la Réforme, que l’on voyait le principal coupable de la tuerie d’août. Pour cette raison, les opuscules des dissidents appelaient le duc d’Anjou Hérode et tyran. A cette propagande se joignirent ceux des catholiques dont les mandants refusaient de voir le duc d’Anjou sur le trône polonais. Parmi eux se trouvait, en plus des agents des Habsbourg, l’ambassadeur d’Espagne Pedro Fajardo. Il diffusait la prétendue lettre du cardinal de Lorraine au nonce Commendone, dans laquelle Charles de Guise s’efforçait de se concilier le légat pontifical au moyen de l’argument que s’il encourageait Henri, celui-ci ferait en Pologne une seconde Saint Barthélemy. Sur Henri de Valois on écrivait que c’est « un seigneur tout jeune, très subtil, très bon au dehors », mais possédant la nature d’un rusé renard. C’est par lui en effet que plusieurs milliers de « ses propres sujets » avaient payé de leur tête l’invitation aux noces9.
5En plus de la parole vive et de la propagande écrite, on avait aussi recours à l’iconographie : chaque semaine presque on envoyait en Pologne des dessins et des gravures représentant la tuerie de Paris. Y figuraient aussi Charles IX et Henri de Valois : par une gesticulation appropriée et par la parole (les légendes des images), ils encourageaient « le peuple furieux /.../ à l’effusion du sang », stigmatisant les acteurs des événements pour leur conduite trop compatissante10. Dans sa contre-propagande, Monluc diffusait en Pologne des portraits de Henri de Valois destinés à convaincre qu’il n’y avait sur son visage aucune trace de la cruauté qu’on lui imputait. Toute cette campagne de propagande n’avait réussi qu’à demi à l’évêque de Valence : malgré tous ses efforts, il n’avait pu enlever à son candidat le stigmate de co-responsable du massacre de Paris. Le grand trésorier de la Couronne Hieronim Buzeński, un calviniste, avait prévenu l’ambassadeur français de ne pas s’efforcer de le convaincre que Henri « n’avait pas pris part à la boucherie et n’est pas un tyran cruel ». De toute façon en effet, s’il gouvernait la Pologne « il aurait lui-même plus de raisons de craindre la nation que n’en aurait la nation de craindre sa sévérité s’il voulait violenter la vie et les libertés civiques »11. L’élection même de Henri de Valois venait de la conviction qu’il devrait respecter les lois indigènes : de là le garrot qui lui était imposé des « articles henriciens » dont on peut voir la genèse dans la crainte que ne se répète sur les rives de la Vistule la nuit de la Saint Barthélemy12.
6Dans le portrait de Valois, tracé en Pologne par la propagande française, n’entraient pas seulement l’esprit chevaleresque et la douceur du jeune souverain, mais aussi son extrême générosité. Monluc promettait au nom du futur élu tout à tous : on se riait même de lui affirmant que si l’on exigeait « qu’il construise un pont en or sur la Vistule, bagatelle – dirait-il tout de suite »13. Dans une autre version, on attribuait cette promesse à Pibrac ; de toute façon elle s’est inscrite dans la mémoire historique de la noblesse comme une expression de l’inclination naturelle des candidats étrangers à tromper leurs futurs sujets. « Seulement pour être roi / D’où ces ponts henriciens en or sur la Vistule / promis par Pibrac », écrivait en 1640, Samuel Twardowski14. L’association des promesses non tenues à la personne de Monluc est devenue en quelque sorte chose courante : entre autres dans le drame de P. Cieklinski, (Potrójny z Plauta – Le Triplet de Plaute – 1598) on peut lire que les écrits dans lesquels l’ambassadeur français avait formulé ses promesses « servaient ensuite à envelopper les harengs dans les boutiques »15.
7Le jugement que Henri de Valois « nous a davantage enrichis de promesses que de fait » revient sans cesse dans les écrits politiques polonais, dans les discours à la diète et dans l’historiographie. Le sous-chancelier de la Couronne Stanislaw Lubieński disait en 1626 à la diète de Toruń : « le Français nous a promis énormément de choses, et Monluc son ambassadeur voulait promettre encore plus », mais il en est réellement très peu résulté16. Nous trouvons un concentré poétique de ce jugement dans les vers anonymes du temps de la révolte de Zebrzydowski (1606-1609). Un des publicistes de ce temps commençait sa démonstration des effets pernicieux de l’appel au trône de dynastes étrangers par une mention sur Henri de Valois :
Le premier d’entre eux, un brave, de France est venu,
Qui devait avec le Turc faire une paix éternelle,
T’a apporté non pas l’argent, l’or étincellant,
Mais des ennuis17.
8« Et il a tant promis qu’il ne pouvait pas plus, or il savait que ni à la République ni aux particuliers le roi ne devait donner même un liard en échange de ces promesses. Et c’est ce qui est arrivé, car la République et les particuliers ont échoué sur les seules promesses, sans en voir les effets, et ils ne les auraient pas vus jusqu’à la fin des siècles », écrivait le socinien Andrzej Lubieniecki dans la chronique polonaise écrite au début du XVIIe siècle. Lubieniecki affirmait d’ailleurs avoir été témoin oculaire de la scène dans laquelle Charles IX remerciait, il est vrai, Monluc d’avoir obtenu le trône polonais pour son frère tout en lui reprochant d’avoir fait tant de promesses « que nous ne pourrons les tenir, ayant plus qu’il ne faut de charges et de dettes ». Monluc calma le roi avec une plaisanterie cynique dont il découlait qu’en promettant tant il avait l’intention de ne rien tenir18.
9Les promesses difficiles à tenir n’étaient pas les seules à former le jugement de la noblesse sur le nouveau souverain. Le roi de vingt-deux ans qui, le 24 janvier 1574, avait franchi la frontière polonaise à Miedzyrzecz, devait forcément choquer ses nouveaux sujets tant par son costume que par son odeur : les boucles d’oreille et le collier en or et ambre d’où se dégageait une forte senteur de parfums. On répétait de bouche à oreille, en voyant les jeunes courtisans qui l’accompagnaient, les mignons, que certains d’entre eux jouaient le rôle de maîtresse du souverain. Une accusation si friande (le premier pédéraste sur le trône polonais !) fut d’emblée exploitée par les publicistes malveillants chez qui nous lisons que Valois ne se contentait pas de faire venir « dans le beau jardin près de Zwierzyniec des prostituées françaises », mais « en plus se livrait aux abominables vices italiens »19.
10L’entrée en contact de moeurs différentes ouvre toujours un champ à une critique scandalisée et aux accusations, cela d’autant plus quand ce heurt intervient à l’échelon suprême du pouvoir. On en voulait assez universellement au jeune roi de s’adonner le soir et la nuit à la débauche et de passer les jours le plus souvent à dormir. On connaissait déjà bien les danses et les jeux de cartes à la cour des deux derniers Jagellons, on reconnut cependant le changement introduit par Henri de Valois, en Pologne, comme particulièrement dévergondé car, jouant aux cartes, il ne se contentait pas, à ce qu’on disait, de perdre des sommes énormes puisées au trésor de l’État qu’il laissa vide au moment de la fuite, mais il le faisait le plus volontiers quand il avait pour partenaires des filles en tenue d’Ève. Reinhold Heidenstein soutient que le roi, « laissé sans aucune surveillance (sa mère sévère était restée à Paris – JT), se livrait avec les Français de son entourage à la chasse, au jeu de cartes, à la danse et aux festins débauchés auxquels – comme on l’a dit – des filles nues étaient introduites »20.
11Venait s’ajouter à celà la fierté nationale blessée, car « Henri de Valois ne souffrait pas la compagnie des Polonais et n’admettait presque aucun d’eux dans sa société. Les sénateurs étaient à ce point bafoués par lui qu’ils devaient faire antichambre pendant qu’il se livrait à la débauche dans ses salons avec ses Français, et souvent il arrivait qu’on ne les (les sénateurs) admettait pas du tout »21.
12Tout cela scandalisait la noblesse à l’égal presque de sa politique en matière de personnel (comme nous dirions aujourd’hui). On accusait le jeune souverain de céder pour l’attribution des biens aux suggestions de ses favoris, par quoi il les distribuait « aux hommes jeunes et également indignes ». La situation empire avec la querelle de Samuel Zborowski avec Jan Teczyński, pendant laquelle Zborowski blessa mortellement le sénateur Andrzej Wapowski qui s’efforçait d’empêcher l’affrontement22. La sentence rendue par Henri de Valois en cette affaire ne satisfit aucune des parties. Le roi condamna en effet le fauteur au seul bannissement sans le flétrir en son honneur et condamner à l’infamie, continuant d’ailleurs à élever les Zborowski à des postes prestigieux. En ce qui était plutôt une ignorance de la législation du lieu on vit une atteinte aux principes fondamentaux de la justice et une tolérance blâmable de l’abus de liberté, manifeste dans le comportement des Zborowski. Le mécontentement trouva un exutoire dans les pamphlets où l’on stigmatisait « les mœurs françaises, le peu de cas fait des serments, la persécution des gens honnêtes, les promesses royales illusoires et toutes autres dépravations qu’il est également triste et honteux de répéter »23.
13La coupe d’amertume déborda avec le départ subit (dans la nuit du 18 au 19 juin 1574) du château du Wawel : par l’abandon secret de la couronne, le roi avait douloureusement vexé la noblesse qui considérait que le trône de Pologne était une des plus précieuses positions dans le monde des valeurs politiques de l’Europe de ce temps. Or il venait d’apparaître que le jeune souverain avait dédaigné le don si généreux des électeurs nobles et, qui plus est, avait accepté que ces mêmes électeurs comme leur patrie soient couverts d’une avalanche de pamphlets. Leurs auteurs appartenaient au groupe de près de mille Français qui avaient accompagné le jeune élu : rebutés par la Pologne, ils avaient assez tôt commencé à la quitter en hâte et par groupes entiers. En juin 1574, Henri de Valois avait tout simplement emprunté leurs traces. Dans la seconde moitié d’avril 1574, l’ambassadeur français Arnaud du Ferrier communiquait à Catherine de Médicis : « Les routes sont encombrées de Français qui quittent la Pologne » et qui, voulant justifier leur départ subit, se plaignaient de la grossièreté et des mauvais traitements qu’ils auraient subis de la part des habitants de ce pays24. Effectivement, dans les pamphlets français, on critiquait tout, à commencer par les longs festins et ivrogneries, jusqu’aux mœurs et au caractère national des Polonais : leur propension à l’anarchie, à la colère, à l’orgueil et au bavardage. La plus retentissante de ces œuvres fut le poème de Philippe Desportes, Adieu à la Pologne. Écrit probablement en mai 1574, il est parvenu sur les bords de la Vistule sans doute vers la fin de l’année suivante (il a été imprimé en 1576). Weintraub pense que sa copie avait été envoyée de France par un huguenot « comme témoignage des états d’âme antipolonais régnant dans l’entourage de l’infortuné roi fugitif »25. Cette œuvre eut au moins deux répliques de la partie polonaise. La première est Odpowiedź przez Polaka wszetecznemu Francuzowi / Réponse d’un Polonais à l’impudique Français /, de la plume d’un protestant anonyme26, la seconde étant le beau poème de Jan Kochanowski Gallo crocitanti.
14Il est intéressant de remarquer que dans cette prise d’armes verbale le roi n’était presque pas mentionné ; Desportes indique seulement, comme en marge, qu’il avait passé sept mois dans ce pays désert aux mœurs sauvages, y étant venu avec « le grand Henry, que le ciel a faict naistre comme un bel astre aux humains flamboyant ». Dans la Réponse d’un Polonais... nous lisons uniquement que Desportes avait pu se convaincre de la bravoure des Sarmates pendant un tournoi chevaleresque qui avait eu lieu au château du Wawel « quand Henri à Cracovie / fut par nous couronné ». De même Kochanowski se contente d’une mention malicieuse :
Quand Henri par notre peuple fut élu, chaque Gaulois, quoique pauvre. Pour gagner quelque argent courait éperdument au pays qui est nôtre. Aujourd’hui qu’il revient sans un liard au pays natal. Il nous impute la misère, ce damné fatal27.
15Bien que les deux écrivains polonais aient consacré beaucoup de place aux événements de la Saint Barthélemy, aucune allusion n’a échappé, à l’anonyme comme à Kochanowski, que Henri de Valois serait un des responsables des événements. Malgré cela, les pamphlets français sur la Pologne et les Polonais ne pouvaient rester sans influence sur les jugements portés sur le roi. Stanislaw Kot a raison quand il dit que l’œuvre de Desportes avait dû « profondément offenser les Polonais, d’autant plus qu’elle coïncidait avec la nouvelle que la fuite de Henri de Pologne avait exposé la nation à des humiliations, à la confusion, à la désorganisation et à une grave menace extérieure »28. J’ajouterai une deuxième raison : le grief sans cesse répété de barbarie devait douloureusement toucher l’élite intellectuelle polonaise qui, d’une part, se sentait à part entière participante et cocréatrice de la culture européenne, et, de l’autre, savait bien que « cette gens occidentalis (...) ne voit nulle part plus de barbarie que dans la nation polonaise » ; et parmi ceux qui nous manifestent le « mépris » (contemptus) on nommait en premier lieu justement les Allemands et les Français29.
16Par la formulation « quand notre peuple a élu Henri », les Polonais semblaient devancer l’Occident, du moins en ce qui avait trait à la culture politique, puisque nulle part en dehors de la République les rois n’étaient éligibles. On devait en être conscient, sans quoi en répliquant on n’aurait pas souligné avec tant de force que sur les rives de la Vistule sont inconnus les meurtres politiques cachés ou les noces terminées par une tuerie massive des invités. La question de cette tuerie se répétera justement après 1589 dans la plupart des mentions polonaises sur le sort de Henri de Valois.
17Lorsque cependant ce souverain quitta à la hâte et en cachette les frontières de son royaume, très peu savaient en Pologne qu’il n’y reviendrait plus jamais, et certainement personne ne pressentait la fin qui l’attendait en France. Les partisans du roi enfui, restés en Pologne, s’efforçaient de justifier sa désertion du Wawel. On expliquait son départ subit par la situation intérieure de la France, extrêmement compliquée après la mort du souverain. Invoquant la déclaration de Henri de Valois, on écrivait qu’il ne l’avait fait « ni par mépris, ni par aucune pernicieuse malveillance et que, de fait, il aime la Pologne ». Or le maintien de la France par Henri peut être bénéfique également pour la noblesse, sans quoi il ne sera pas en état de tenir les engagements contractés par les articles henriciens30. Même Lubieniecki, par ailleurs pas très bienveillant pour Valois, expliquait son départ subit par le fait qu’il devait se hâter à cause du trône vacant en France ; il ne pouvait donc « attendre la diète et tramer on ne sait quand avec l’armée ». Les sceptiques (Andrzej Dudycz) demandaient cependant pourquoi dans ce cas il avait emprunté une voie détournée et maintenant « encore il erre en Italie s’adonnant aux plaisirs »31. Solikowski pour sa part, rappelant les pamphlets qu’on n’avait pas épargnés au roi, expliquait qu’il pouvait « vous quitter pour les affronts que vous lui faisiez, sinon pour autre chose »32.
18Ainsi écrivait-on officiellement et sous l’impression du départ subit qui s’était répandu dans un large écho à travers toute la Pologne, comme en témoignent entre autres les notes faites dans les mémoires ou dans les marges des almanachs33. Pour la première fois dans son histoire, le roi avait volontairement, et non sous la pression des ennemis, déposé la couronne. Certains politiques nobles s’efforcèrent également, plus tard, de justifier cet acte, l’expliquant par le fait que le roi avait été rebuté par l’anarchie qui régnait dans la République ou vexé par les chicanes qu’il avait essuyées de la part de ses sujets nobles. A la diète de 1585, Andrzej Opaliński disait : « nous avons offensé ce Seigneur qui, après un bref séjour chez nous, est parti ». Krzysztof Opaliński enchaîne plus tard avec ce jugement quand il écrit que Henri de Valois, craignant que quelque chose de pire ne lui advienne, « a préféré s’évader à temps »34. C’étaient cependant des jugements assez isolés et l’on ne saurait partager l’opinion qu’avec l’écoulement des ans, les relations polonaises sur la fuite de de Valois deviennent plus objectives et que disparaît l’élément de blâme du souverain parjure35.
19Selon Kieres, ce processus n’a été arrêté que dans les années soixante du XVIIe siècle. La fuite de Henri de Valois est exploitée en ce temps dans la campagne de propagande menée contre un nouveau condidat français ; il devait monter sur le trône après une réforme foncière des institutions (introduction de l’élection vivente rege). Cette thèse ne trouve cependant pas confirmation dans les sources où prédomine absolument la condamnation de la fuite nocturne du roi. Cela s’est même exprimé dans un proverbe disant : « Rex Henricus wyrzadzil Polakom psikus, w nocy obran, w nocy przyjechal, w nocy jako zdrajca uciekl » (Rex Henricus a joué aux Polonais un vilain tour : élu la nuit, il est venu la nuit et tel un traître s’est enfui la nuit)36. Et Klonowic écrivait :
Aucun roi sarmate à Cracovie n’est entré
Avec une aussi grande suite et si joliment paré
Qu’Henri deux. Mais aussi plus tard’
Personne n’est comme lui parti sans crier gare37.
20Les états d’âme universellement partagés ont été rendus par Bielski qui écrit dans sa Chronique que, quoiqu’on supposât qu’à la nouvelle de la mort de son frère il reviendrait en France, les Polonais « ne comprenaient pas pourquoi il les a si légèrement quittés, au point que les commères en parlaient sur la place du marché ». Ils pensaient en effet qu’il attendrait au moins la réunion de la diète. Lui cependant, craignant que la couronne française ne lui échappe, s’est retiré secrètement et inopinément, « chose pour laquelle ils appelaient le juste jugement et la vengeance de Dieu sur la France qui s’était éloignée d’eux et les avait laissés orphelins ». Le chroniqueur en veut visiblement à Henri de Valois qui, élu parmi plusieurs candidats par les électeurs qui l’ont accueilli si hospitalièrement, avec joie et respect (« Ils l’honoraient et le considéraient comme leur Seigneur et le servaient avec joie »), « les a si légèrement quittés »38.
21Selon Bielski, sur la décision de Henri avait pesé la lettre de sa mère expliquant que s’il ne revenait pas dans les vingt jours il perdrait la couronne française. Le jugement de Bielski sur le roi est aussi lapidairement rendu par l’index de la Chronique, où Valois apparaît sous deux mots-titres concis : « Henri est venu en Pologne 704 » et « Henri s’est enfui 709 ». Bartosz Paprocki pour sa part, voulant en quelque sorte consoler les lecteurs nobles, leur expliquait que de toute façon ils n’auraient pas eu grand profit du roi parce qu’« il était habitué à de grandes frivolités et aux plaisirs ». Il n’y a pas à se faire du souci « qu’un maître inutile nous ait quittés, gloire en soit à Dieu »39. D’aucuns suggéraient même qu’en l’envoyant en Pologne, Catherine de Médicis assurait que, bientôt, il en reviendrait. Selon Lubieniecki, on en aurait ouvertement parlé à la cour et, pendant les adieux extrêmement tendres, des témoins dignes de foi auraient entendu Catherine de Médicis, « épuisée d’émotion », dire « Nous nous reverrons bientôt, plaise à Dieu »40.
22La thèse selon laquelle l’opinion nobiliaire n’en a pas trop voulu au roi d’être subitement parti en secret, reste en contradiction flagrante avec la conviction maintes fois répétée que la mort qu’il a trouvée de la main de Jacques Clément était un châtiment de Dieu pour la violation du serment qu’il avait prêté en prenant possession du trône polonais. Dans un livre de chants historiques de la fin du XVIe siècle, nous lisons :
Quand en secret le roi français est parti,
Fuyant les frontières polonaises fertiles,
Le moine fit payer cette haute trahison,
Le couteau enfoncé lui servant de rançon...41
23De chronique en chronique passait aussi le jugement exprimé en vers par Aleksander Gwagnin comme quoi l’élu français
/.../ par ses grandes promesses de toute profusion
Amena en Pologne une nouvelle confusion,
Ce que Dieu voyant, sans attendre longtemps.
Des deux États le priva et la vie lui ôta42.
24Analogiquement l’abbé Jan Gluchowski (dans Ikones ksiazat i królów polskich – Icônes des ducs et des rois de Pologne – 1605) associait étroitement les deux faits : la fuite de Pologne, à l’encontre du serment fait à ses sujets, et la perte par Henri III des deux royaumes : la France et la Pologne
Comme Dieu abhorre tout mauvais serment,
Aux pauvres et aux maîtres il inflige châtiment.
Ainsi Dieu contre lui s’est tourné,
Et de l’État en Pologne et chez lui l’a privé43.
Et le roi s’amusait aux festins et dansait,
Par quoi peu glorieux son règne s’annonçait /.../
25– écrivait Obodziński selon qui Henri « par son départ rapide se nuit énormément »44.
26Le roi-parjure, puni pour avoir violé son serment, se plaçait par là au même rang que Ladislas le Varnénien dont on disait aussi qu’il avait péri parce qu’il avait rompu la trêve jurée avec les Turcs. Valois apparaissait ainsi comme un nouvel argument dans l’exposé moralisateur de l’Histoire ; le cours de l’Histoire se transformait en quelque sorte en un registre continu d’interventions incessantes de la Providence qui châtie sévèrement toute violation de l’ordre moral qui doit régner en ce monde. La fuite de Henri était aux yeux de la noblesse également une violation d’un des principes de base sur lesquels reposait son État. On traitait l’élection comme une sorte de contrat que devaient tenir les deux parties. En renonçant par sa seule volonté à la couronne, sans en avoir instruit ses électeurs et sans leur volonté, Henri de Valois avait transgressé un des points fondamentaux de cet accord. Son départ subit avait fortement marqué la conscience politique des générations suivantes de la noblesse, chose que l’on peut appeler « complexe de la fuite du souverain ». Deux mois déjà après la fuite (5 VIII 1574) le staroste d’Orsza, Filon Kmita Czarnobylski, écrivait au châtelain de Troki, Ostafiej Wollowicz, qu’il était inouï depuis des siècles que l’oint de Dieu « ait de cette manière fui ses sujets »45.
27Le complexe de « la fuite du souverain » s’est manifesté au début du règne de Sigismond III Vasa qui, lui aussi, avait l’intention d’abandonner la couronne polonaise et retourner dans sa première patrie (la Suède). Et on lui rappelait avec force le triste sort de Henri de Valois après un comportement analogue. En 1590, la diétine de Proszowice, en conseillant à Vasa de renoncer au départ pour rencontrer son père, le menaça sans équivoque du sort de son prédécesseur : elle rappelait en effet « comment Dieu a reçu l’ingratitude du roi Henri en lui enlevant sa vocation ». Au même exemple recourent à la diète de 1592 le primat Stanislaw Karnkowski et, en, 1606 le voïvode de Lublin Mikolaj Zebrzydowski46. Dans la conscience historique courante, on attachait à chaque souverain étranger un événement qui préjugeait du jugement négatif porté sur son règne. Dans le cas de Valois, c’était justement la fuite clandestine du roi. Ce n’est pas en vain que Jerzy Ossoliński écrivait dans une de ses lettres de jeunesse : « Louis est mémorable par le rokosz (révolte) de Gliniang, le Français par sa fuite infâme, Étienne par sa furie mi-tyrannique à verser le sang des nobles, Sigismond III à ce qu’il semble fera à tout jamais penser à Guzów »47. Les pamphlétaires l’appelaient « rex fugitivus ».
28Il est à remarquer que le massacre des Guise sur l’ordre de Henri avait trouvé l’approbation de la plupart des écrivains nobles affirmant que le roi « avait eu raison de châtier » les usurpateurs qui convoitaient la couronne. Par contre, son prétendu dessein de transférer la capitale à Gdańnsk provoquait, après des années encore, l’indignation de l’opinion noble. On considérait en effet qu’ayant, grâce à cela, le soutien des habitants de la Prusse Royale, l’aide de son frère, du Danemark et de la Hanse, « il pourrait toujours obtenir de l’argent et des hommes et nous mettre en esclavage »48.
29Aux yeux des dissidents par contre, la mort de Henri III aurait été un châtiment pour les persécutions des partisans français du protestantisme. Bien que l’historiographie catholique (R. Heidenstein, K. Warszewicki, Joachim Bielski) ait défendu Valois contre le grief qu’il avait été un des auteurs de la boucherie de Paris, les écrivains protestants citaient comme autrefois d’une seule traite Charles IX et Henri comme principaux organisateurs de la Nuit de la Saint-Barthélemy. La Providence avait voulu que le roi, « éclaboussé par le sang de ses citoyens », tombât sous la main d’un représentant du clergé qu’il avait si fidèlement servi48. Lubieniecki écrivait amplement sur ce sujet. Pour lui, Valois « était plus qu’un âne des prêtres », car il était soudoyé par le clergé dont il recevait, avant de devenir roi de Pologne, une énorme pension parce qu’il « faisait tout ce qu’ils demandaient relativement à la persécution des évangéliques »49. On considérait d’ailleurs que, du fait de l’élection de Valois au trône de Pologne, la France protestante était devenue débitrice de la Pologne. Au moment en effet où, assoiffé de sang, Henri avait à moitié conquis La Rochelle, /.../ nous l’en avons arraché jusqu’en Sarmatie, le tentant par la couronne comme on fait d’un morceau appétissant /.../ Et ensuite nous l’avons retenu chez nous tant que ne se sont pas cicatrisées les plaies sur le corps de ton Église, France... »50.
30Les hétérodoxes polonais se faisaient aussi un honneur de ce que l’édit de Nantes (qu’ils appelaient « confédération française ») avait été adopté sous l’effet de la loi varsovienne de janvier 1573. On en voulait donc d’autant plus à Valois d’avoir tout d’abord refusé de prêter serment (la célèbre scène en la cathédrale du Wawel). On s’en souvint longtemps, puisque encore à la diète de 1632 le député calviniste Stanislaw Chrzastowski appelait à imposer au candidat au trône ses propres conditions, utiles à la République, « et si cela ne plaisait pas au candidat, s’en tenir à l’ancienne cantilène de nos ancêtres : non jurabis, non regnabis »51. Certains hétérodoxes imputaient même à Valois l’intention de répéter à Cracovie la nuit de la Saint-Barthélemy. Lubieniecki écrit amplement sur ce sujet ; quelques courtisans français qui avaient pour lui une grande sympathie « tant pour l’unité de la foi que pour la langue, l’habit et les mœurs françaises », avaient averti l’auteur de Poloneutychia, eux-mêmes s’étant en hâte enfuis à Constantinople. Les calvinistes français auraient été prévenus par un Italien, précepteur royal. A son tour, Lubieniecki avait prévenu quelques coreligionnaires qui prirent des mesures appropriées de sécurité (« et nous nous tenions sur nos gardes pour que ce tumulte de Cracovie soit moins cruel »). La miséricorde divine a fait que le roi s’est occupé d’autre chose, et sa fuite, peu après, a mis fin à ces desseins infâmes. Les informations de Lubieniecki auraient été confirmées par deux ecclésiastiques catholiques qui, sous le règne de Bathory, lui ont dit : « Eh bien hérétiques, vous pouvez louer Dieu que le roi Henri se soit enfui, parce que, depuis lors, on vous aurait extirpé de Pologne et de Lituanie ». Et si, après la tuerie projetée, il était resté encore quelques hétérodoxes, le roi avait l’intention de ne leur accorder aucun office ni aucune possession, « et il devait leur interdire les écoles et les temples dans ses villes »52.
31Lubieniecki était un mythomane et adorait passer pour témoin oculaire qui connaissait beaucoup plus tôt ce que tramaient les adversaires de « la vraie foi ». Les sources connues disent uniquement que les instructions reçues par Valois dès avant son départ de Paris lui faisaient obligation d’écarter les hétérodoxes de la vie politique (« à quoi devait servir une politique appropriée d’octroi de biens, de dignités et d’offices »)53.
32S’agissant cependant de la boucherie des protestants, bien qu’à Cracovie il y ait eu des progroms confessionnels sporadiques, de tels projets, à supposer qu’il les nourrissait, n’avaient aucune chance de réalisation. Si donc nous relatons si exactement les confidences de l’auteur de Poloneutychia, c’est parce qu’elles disent bien avec quelles couleurs noires on brossait dans les cercles protestants le portrait de Henri de Valois. La conviction que « là aussi (c’est-à-dire en Pologne) il devait faire une boucherie » était d’ailleurs partagée par d’autres écrivains hétérodoxes54. Selon eux, la politique confessionnelle de Henri III était apparue pernicieuse pour la France comme pour le roi lui-même. En vain cependant, l’empereur Maximilien II qu’il avait rencontré en rentrant en France voulait l’en convaincre. Ce souverain tolérant lui déconseillait les guerres « contre les consciences des hommes ». Valois lui aurait répondu qu’en agissant ainsi il perdrait le royaume des cieux, sur quoi l’empereur aurait répliqué : « prends garde de ne pas perdre le royaume sur terre »55. Sa mère lui aurait également donné des conseils analogues, mais seulement sur son lit de mort quand elle recommandait « que cet incendie provoqué par la contrainte religieuse soit éteint par la libre autorisation de la religion »56. Henri III n’a pas suivi les bons conseils et son règne français s’est écoulé sous le signe des guerres civiles, des persécutions religieuses et des complots. Il se servait d’une conjuration sous la forme de la Ligue : elle voulait « noyer dans le sang la religion évangélique, allumer des guerres dans le monde entier et apporter une dévastation complète »57. A un certain moment il voulut rompre avec cette politique erronée et se réconcilier avec les évangélistes, en raison de quoi il fit assassiner les deux Guise. A ce moment cependant, à l’incitation « de la duchesse et de leurs amis, il fut traîtreusement tué par le moine dominicain Jacques Clément, avec un couteau couvert de poison. Et ainsi ce malheureux fut frappé d’une mort horrible par un homme de cette nation contre laquelle il avait beaucoup péché et dont il avait répandu le plus de sang »58. Une appréciation analogue est portée par un coreligionnaire de Lubieniecki, Jonasz Sulichtyng, qui écrit que Henri de Valois « a finalement été mis à mort pour sa sotte ardeur de la main de ceux à qui il avait été si favorable : un moine parjure l’a privé, de sa main, de la vie et du royaume »59.
33Les écrivains qui n’aimaient ni les jésuites ni les Espagnols découvraient une ingérence de ces deux puissances maléfiques dans les affaires intérieures de la France du XVIe siècle. Pour J. Sz. Herburt (un catholique) il ne faisait pas de doute que Henri III avait été poignardé à l’inspiration de Madrid. Les Espagnols voulaient de cette façon saper la puissance de l’État français qui surpassait toutes les autres nations par des institutions efficaces et l’ancienneté de la dynastie. Si en effet la Providence n’avait pas conduit autrement le sort de la France, celle-ci serait tombée à la mort de Henri III sous le pouvoir des Espagnols. Pour preuve de l’inspiration jésuite on citait évidemment l’auteur du De rege et regis institutione (1599) de Mariana, qui y aurait fait l’éloge de l’acte infâme de J. Clément et enseignait que les souverains pouvaient être tués par leurs sujets pourvu qu’ils aient obtenu pour ce faire l’approbation de leurs théologiens. Les polémistes antijésuites issus des cercles hétérodoxes, soulignaient que les théologiens de cet ordre considéraient comme des tyrans méritant la mort tous les souverains qui mènent une politique confessionnelle tolérante ou sont trop peu dociles à la papauté. C’est ce qu’a éprouvé le dernier des Valois « que les jésuites ont jugé comme un catholique froid et inapte au gouvernement parce qu’il avait commencé à frayer avec les huguenots »60.
34Les publicistes protestants comme les catholiques voyaient en la Société de Jésus le fauteur moral de l’attentat : on en puisait les arguments surtout dans la polémique antijésuite française. On en trouvait les preuves dans les répressions sévères qui frappèrent les jésuites français après l’assassinat de Henri III. La querelle sur l’admissibilité du tyrannicide, si minutieusement discutée dans nos écrits politiques et confessionnels, offrait à leurs auteurs une occasion de stigmatiser la Société de Jésus. Son approbation de tuer le « tyran » qui encourageait l’hérésie aurait, au dire des adversaires de l’ordre, provoqué la mort du roi « que ces patres récemment encore élevaient jusqu’aux nues et que finalement ils ont jugé indigne des honneurs des funérailles et, chose encore pire, ont rangé parmi les saints le meurtrier sanguinaire qui l’a tué »61. Nous trouvons ces mots dans l’œuvre anonyme Votum d’un catholique sur les jésuites, attribuée à un des critiques catholiques de l’ordre (J. Sz. Herburt ou J. Zbaraski).
35En 1614, Jan Turnowski, un ecclésiastique et écrivain professant la confession des Frères Tchèques, rappelait que l’acte de Clément avait trouvé l’approbation d’écrivains jésuites tels que Juan Mariana et Jean Guignard, recteur du collège jésuite de Clermont qui avait été pendu, entre autres, pour avoir affirmé « que l’Esprit Saint avait inspiré le moine Clément quand il massacrait Henri III »62. Le camp protestant savait à la perfection associer la conviction que la mort de Henri III était un juste châtiment infligé par la Providence à l’un des principaux facteurs de la boucherie de Paris63, à un blâme violent du régicide. C’était une excellente occasion de stigmatiser la criminelle doctrine, comme on disait, des jésuites en la matière.
36En même temps, cependant, l’opinion selon laquelle Valois avait été châtié par la Providence pour son indigne conduite à l’égard de ses sujets polonais (ou des hétérodoxes français) s’accompagnait de la ferme condamnation du régicide. « Nous n’entendons pas ni ne lisons – disait Jan Zamojski à la diète de 1605 – que (les Polonais) aient, comme le font d’autres, transpercé leurs seigneurs à coups de couteaux ; chaque roi polonais est mort en son lit »63 ; le chancelier exprimait en ces termes les idées de la noblesse aux yeux de laquelle l’attentat contre le roi était non seulement un coup porté à l’oint de Dieu, mais aussi une violation de la tradition politique polonaise. Celle-ci était soulignée avec fierté tant par les jésuites que par les historiographes protestants64.
37La critique du gouvernement de Valois en Pologne devait de quelque façon former l’opinion sur la France et les Français qu’il aurait favorisés au détriment de la noblesse polonaise : « rappelons – écrivait Lubieniecki – comme nous en voulions sous Henri aux Français et sous Étienne aux Hongrois qui nous supplantaient dans les salons et dans la bienveillance du roi »65. On ne saurait, par manque de sources appropriées, dire dans quelle mesure Henri de Valois possédait dans l’opinion des générations suivantes tous les traits d’un Français typique. Dans la perspective de Paris, il se présentait comme le dernier représentant d’une dynastie qui (au dire également des hétérodoxes polonais) s’était éteinte sans postérité pour avoir compté les persécuteurs les plus grands et les plus cruels de la vérité divine en Europe. Pour les Polonais, en revanche, il était un des souverains étrangers sur le trône de Cracovie qui s’était négativement inscrit dans la mémoire pour avoir favorisé ses compatriotes. C’est justement ce qui « avait suscité beaucoup d’alarmes et avait dressé les cœurs contre les rois sous les règnes de Venceslas de Bohême, Louis de Hongrie, Henri de France et Étienne le Hongrois », lisons-nous dans Poloneutychia66.
38La question se pose enfin de savoir ce que le Valois pensait de ses sujets polonais. Il les connaissait mal, non seulement à cause de ses contacts de quelques mois à peine, mais aussi pour des raisons linguistiques. Il maniait faiblement le latin, parlait couramment en italien (et évidemment en français), langues cependant que peu connaissaient en Pologne au XVIe siècle. Languissant après sa lointaine patrie, il écrivait paraît-il jusqu’à 40 lettres par jour. Elles avaient un double caractère : dans les lettres officielles, destinées à être lues en public, il faisait l’éloge des mœurs des Polonais, remerciant Dieu de l’avoir fait roi d’une aussi grande nation. Dans les autres, entièrement privées, il se plaignait que « la Pologne est un pays de Scythes sauvages où il n’y a rien à manger »67. Nous ne connaissons cependant pas ces lettres. Rien cependant n’indique que les opinions de Henri III sur « les Scythes sauvages » aient été de beaucoup différentes de celles que nous trouvons dans les œuvres de Desportes et des autres pamphlétaires français, ses contemporains.
39Gwagnin déjà cité écrivait que si Valois ne s’était pas enfui de Cracovie, « il aurait sauvé sa vie et évité l’infâmie ». Dans « la Pologne barbare, froide et à tous égards étrangère, Valois aurait pu mourir d’ennui mais jamais du poignard ». Dans les deux pays, on s’est souvenu longtemps du bref épisode qu’avaient été les six mois de règne du monarque efféminé qui, d’ailleurs, jusqu’à la fin de ses jours n’avait pas renoncé au titre de roi de Pologne. Nous retrouvons des échos du séjour de Valois sur les rives de la Vistule jusque dans les Essais de Montaigne68. Les espoirs déçus des sujets polonais se sont exprimés dans la gravure contemporaine des événements, où un noble fracasse l’écu aux armoiries du souverain parjure.
40L’opinion de l’historiographie hétérodoxe a été exprimée par Swietoslaw Orzelski quand il écrivait que le roi, ayant conquis la couronne « par les promesses les plus vaines et la tromperie (...) a en un instant tout dilapidé par son extrême prodigalité, et, réduit à l’indigence, s’est ignominieusement enfui, secrètement, la nuit, dans sa patrie »69. C’était aussi l’opinion de Lubieniecki chez qui nous lisons que le gouvernement du Valois, « ici et en France, avait été bref et malheureux », et Dieu « l’a rejeté de la vertueuse Pologne comme une grenouille du filet »70. Un jugement analogue avait été formulé par un protestant anonyme (sans doute de Prusse Royale), dans un poème écrit à la nouvelle de l’assassinat de Henri III. Selon l’auteur, Valois avait passé toute sa vie en divertissements, en débauche, se livrant « à la fomentation de trahisons et de massacres de ses sujets et voisins »71. Plus d’un demi-siècle plus tard /vers 1658/, Stefan Czetwertyński l’exprime plus exactement encore : Henri de Valois « a été assez brièvement chez nous, mais pendant ce court laps de temps on pouvait voir que nous n’avions pas confiance en lui », lisons-nous dans son manuscrit72. A commencer par Rousseau de La Valette, en passant par les poètes du XVIIIe siècle73 pour terminer avec Wladyslaw Tomkiewicz74, on affirmait que la malheureuse expérience de ce court règne avait fait que, dans la seconde moitié du XVIIe siècle, « les Polonais ne voulaient même pas entendre parler de la candidature d’un prince français au trône de Pologne »75.
41Le poème de Desportes, passant pour une des plus grandes réalisations de son œuvre poétique, fut maintes fois réédité avec ses autres œuvres. La réplique de Kochanowski ne fut par contre éditée dans l’ancienne Pologne qu’une seule fois (en 1612). Rien d’étonnant donc que le pamphlet français ait formé les idées occidentales sur les Polonais76, alors que personne, à ce qu’il semble, ne s’était intéressé en Occident à l’œuvre de Jan de Czarnolas.
42Avec les années, l’image de Henri de Valois en tant qu’un des auteurs de la tuerie parisienne a commencé à s’estomper dans l’opinion même hétérodoxe. On rappelait par contre, de plus en plus fréquemment, qu’il avait été le premier souverain qui ait prêté serment à la confédération de Varsovie qui devait toujours rester en vigueur.
Notes de bas de page
1 S. Orzelski, Interregni Poloniae libri VIII, 1572-1576, Kraków 1917, p. 201 /SSRP, t. XXII/.
2 Notre propos couvre en principe la période allant jusqu’aux années soixante du XVIIe siècle, jusqu’au moment donc où la question d’un candidat français au trône polonais sera à nouveau posée.
3 Cf. sur ce sujet H. Kutrzebianka, Opinie Francuzów o Polakach z czasów elekcji Henryka Walezego (Les opinions des Français sur les Polonais du temps de l’élection de Henri de Valois), Warszawa 1937, p. 25.
4 Pisma polityczne z czasów pierwszego bezkrólewia, (Écrits politiques du temps du premier interrègne), éd. J. Czubek, Kraków 1906, pp. 450 et 495.
5 Ibidem, p. 488.
6 J. Choisnin, O elekcyi Henryka Walezjusza na króla polskiego. Pamietniki (De l’élection de Henri de Valois comme roi de Pologne. Mémoires), Wilno 1818, p. 109.
7 J. Tazbir, « Polskie echa Nocy św. Bartlomieja », (Les échos polonais de la Nuit de la Saint-Barthélemy), Odrodzenie i Reformacja w Polsce, t. 20, 1975, pp. 26-27.
8 Cf. E. Kotarski, Publicystyka Jana Dymitra Solikowskiego, (Écrits politiques de Jan Dymitr Solikowski), Torun 1970, passim.
9 W. Broel-Plater, Zbiór pamietników do dziejów polskich, t. III, (Recueil de mémoires pour l’Histoire de Pologne), t. III, Warszawa 1858, p. 49.
10 J. Choisnin, op. cil., p. 108.
11 H. Kutrzebianka, op. cit., p. 29.
12 Le prince Janusz Radziwill en avait parlé à la diète de 1613 – cf. J. Byliński, Dwa sejmy z roku 1613, (Deux diètes de 1613), Wroclaw 1984, p. 120. De même K. Warszewicki avait écrit sur la confédération de Varsovie que rien n’avait aussi fortement déterminé son adoption que « gallicae crudelitatis exempla ». M. Korolko, Klejnot swobodnego sumienia. Polemika wokól konfederacji warszawskiej w latach 1573-1668, (Le joyau de la libre-conscience. La polémique autour de la confédération de Varsovie dans les années 1573-1668), Warszawa 1974, p. 42.
13 J. Tazbir, op. cit., p. 27.
14 Z. Kieres, Szlachta i magnateria Rzeczyposopolitej wobec Francji w latach 1573-1660, (La noblesse et les magnats face à la France dans les années 1573-1660), Wroclaw 1985, p. 22.
15 P. Cieliński, Potrójny z Plauta, (Le Triplet de Plaute), Kraków 1891, p. 81.
16 J. Seredyka, Sejm w Toruniu 1626 roku, (La diète de Toruń de 1626), Wroclaw 1966, pp. 88-89.
17 Pisma polityczne z czasów rokoszu Zebrzydowskiego, 1606-1608,1. I : Poezya rokoszowa, (Écrits politiques du temps de la révolte de Zebrzydowski, 1606-1608, t. I : La poésie du temps de la révolte), Kraków 1916, p. 64.
18 A. Lubieniecki, Poloneutychia, édit, par A. Linda, M. Maciejewska, J. Tazbir, Z. Zawadzki, Warszawa 1982, p. 62.
19 J. Tazbir, Henryk Walezy (Henri de Valois), dans Poczet królów i ksiazat polskich (Galerie des rois et ducs de Pologne), Warszawa 1987, p. 349.
20 R. Heidenstein, Rerum Polonicarum ab excessu Sigismundi Augusti libri XII, Francofurt ad Moenum 1672, p. 61.
21 S. Orzelski, op. cit., p. 204.
22 A cette occasion, Lubieniecki écrivait allusivement (op. cit., p. 49) sur « le couronnement du roi Henri arrosé du sang de quelques-uns ».
23 S. Orzelski, op. cit., p. 201.
24 S. Kot, Adieu à la Pologne, Kraków 1930, p. 6.
25 W. Weintraub, « Poetycki turniej z Desportesem » (Tournoi poétique avec Desportes), dans : Rzecz czarnoleska (Propos sur Carnolas), Kraków 1977, p. 365.
26 C’est ce que suppose Weintraub, ibidem, p. 367.
27 S. Kot, op. cit., pp. 8, 18 et 29.
28 Ibidem.
29 Pisma polityczne z czasów pierwszego bezkrólewia, pp. 368-369.
30 Z. Kiereś, op. cit., p. 30.
31 Ibidem et A. Lubieniecki, op. cit., p. 64.
32 J. Nowak-Dluzewski, Okolicznościowa poezja polityczna w Polsce. Pierwsi królowie elekcyjni (La poésie politique de circonstance en Pologne. Les premiers rois électifs), Warszawa 1969, p. 57.
33 Cf. E. Triller, « Zapiski Piotra Wiesiolowskiego na kalendarzu Stadiusa » (Notes de Piotr Wiesiolowski sur l’almanach de Stadius), Roczniki Biblioteczne, VIe année, 1962, fasc. 3-4, p. 36.
34 Z. Kiereś, op. cit., p. 35 et K. Opaliński, Satyry (Satires), Wroclaw 1953, pp. 134-135.
35 Cf. Z. Kieres, op. cit., pp. 31 et suiv.
36 Nowa ksiegaprzyslów i wyrazeń przyslowiowych polskich, t. I, (Nouveau livre de proverbes et locutions proverbiales polonaises, t. I), Warszawa 1969, p. 781. Ces vers circulaient déjà plus tôt dans Cracovie – cf. M. Serwański, Henryk III Walezy w Polsce. Stosunki polsko-francuskie w latach 1566-1576 (Henri III de Valois en Pologne. Les rapports polono-français dans les années 1566-1576), Kraków 1976, p. 201.
37 S. Klonowic, Pamietnik ksiazat i królów polskich (Mémoires des ducs et des rois de Pologne), Kraków 1858, p. 195.
38 A. Lubieniecki, op. cit., p. 128.
39 M. Bielski, Kronika... (Chronique...), Kraków 1597, pp. 709-711 et 719.
40 B. Paprocki, Dwie broszury polityczne z lat 1587-1588 (Deux brochures politiques des années 1587-1588), éd. J. Czubek, Kraków 1900, pp. 18-19.
41 Nieznany spiewnik historyczny Polski z końca wieku XVI-go (Recueil inconnu de chants historiques de la Pologne de la fin du XVIe siècle), éd. Z. Gloger, Warszawa 1905, p. 53. C’est l’œuvre de T. Zawadzki, Porzadek i rozrodzenie ksiazat polskich (Ordre et descendance des ducs et des rois de Pologne), dont la première édition est sortie entre 1595 et 1606. Cf. Polonia Typographica saeculi sedecimi, Fasciculus XI. Maciej i Pawel Wierzbietowie, Kraków 1555/7-1609, édit, par A. Kawecka-gryczowa, Wroclaw 1981, pp. 27-28 et 42.
42 A. Gwagnin, Kronika Sarmacyjej europejskiej (Chronique de la Sarmatie européenne), Kraków 1611, p. 171.
43 J. Gluchowski, Ikones ksiasat i królów polskich, 1605 (Icônes des ducs et des rois de Pologne, 1605), Wroclaw 1979, p. 97.
44 A. Obodziński, Pandora starozytnych monarchów polskich... (Pandore des anciens monarques polonais...), Kraków 1641, p. 181.
45 Z. Kiereś, op. cit.., p. 35.
46 Ibidem, p. 40.
47 J. Ossolinski, Pamietnik (Mémoires), Warszawa 1976, p. 13.
48 Diariusze sejmowe z roku 1585 (Journaux de la diète de 1585), éd. A. Czuczyński, Kraków 1901, p. 421.
49 A. lubieniecki, op. cit., p. 129.
50 N. Korolki, op. cit., p. 338.
51 S. Ochmann, Sejm koronacyjny Jana Kazimierza w 1649 r. (La diète de couronnement de Jean-Casimir en 1649), Wroclaw 1985, p. 53.
52 A. Lubieniecki, op. cit., pp. 144-145.
53 M. Serwański, op. cit., p. 177.
54 Cf. M. Korolko, op. cit., p. 341.
55 J. Szlichtyng, Apologia pro veritate accusata.... Conscription ab Equité Polono, s.l. 1654, p. 121.
56 M. Korolko, op. cit., p. 211.
57 Ibidem, pp. 338 et 341-342.
58 A. Lubieniecki, op. cit., p. 129. Du fait des répressions visant les jésuites, Skarga, Próba zakonu Societatis Iesu – (Mise à l’épreuve de l’ordre de la Société de Jésus) – Kraków 1607, p. 73, rappelait qu’on n’avait pas châtié le couvent ni l’ordre dont provenait le meurtrier de Henri III.
59 J. Szlichtyng, op. cit., pp. 120-121.
60 Literatura antyjezuicka w Polsce, 1578-1625. Antologia (La littérature antijésuite en Pologne, 1578-1625, Anthologie, édit, par J. Tazbir, Warszawa 1963, pp. 104-106 et 165 et suiv. Nous retrouvons un jugement analogue dans Pismapolityczne z czasów rokoszu Zebrzydowskiego, t. I, p. 98.
61 Literatura antyjezuicka, p. 106.
62 Ibidem, p. 169. Cf. aussi A. Lubieniecki, op. cit., p. 161.
63 Pisma polityczne z czasów rokoszu Zebrzydowskiego, t. II, p. 94.
64 Ainsi, par exemple, l’historien luthérien J.K. Hartknoch citait (1678) avec approbation la déclaration de l’évêque Adam Konarski et du jésuite Albert Inès sur ce sujet. Le premier aurait dit à Henri de Valois qu’il monterait sur un trône « qui ne connaît pas à ce jour ni ne craint l’assassin », et Inès (Lechias ducum, principum ac regum Poloniae, 1655) écrivait du même souverain : « Quoique nous ayons précipité du trône certains rois (...) nous n’avons pris la vie à aucun »/ Filozofia i mysl spoleczna XVII wieku, Cześć I (La philosophie et la pensée sociale du XVIIIe siècle) Ire partie – édit, par Z. Ogonowski, Warszawa 1979, p. 425.
65 A. Lubieniecki, op. cit., p. 83.
66 Ibidem, p. 91.
67 H. Kutrzebianka, op. cit., pp. 15-16.
68 Cf. M. de Montaigne, Próby. Ksiega pierwsze (Essais. Livre premier), trad. par T. Zeleński, Boy, Warszawa 1957, p. 116.
69 S. Orzelski, op. cit., p. 2.
70 A. Lubieniecki, op. cit., pp. 56 et 145. Rappelons qu’après la fuite de Henri de Valois, dans un petit poème non publié à l’époque, De electione, coronatione et fuga Galli, Kochanowski le compare à un coq qui, au lieu d’en imposer aux Polonais par son chant, « a provoqué une telle tempête de rire qu’effrayé, il s’est envolé par la fenêtre », W. Weintraub, op. cit., p. 372.
71 J. Nowak-Dluzewski, op. cit., p. 52.
72 Z. Kiereś, op. cit., p. 28.
73 J. E. Minasowicz, Zbiór rytmów polskich, cześć wtóra (Recueil de poèmes polonais), deuxième partie, Warszawa 1755, p. 44, écrivait que Henri de Valois « aurait cependant été heureux (chose évidente par la preuve), étant roi de la libre nation polonaise ». Dans sa patrie en effet « il a péri d’un coup de couteau dans le ventre donné par un traître français ».
74 W. Tomkiewicz, Wiezieri cardynala. Niewola francuske Jana Kazimierze (Le cardinal prisonnier. La captivité française de Jean-Casimir), Warszawa 1957, p. 9.
75 R. de La Valette, Milostki królewskie (Les amourettes royales), édit, par A. Kersten, Warszawa 1971, p. 228. Ce jugement est combattu par Z. Kiereś, Szlachta i magnateria Rzeczypospolitej wobec Francji..., passim.
76 Les exemples sont cités par J. Nowak-Dluzewski, op. cit., p. 82.
Auteur
Université de Varsovie
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