Henri III dans l’historiographie et dans la légende
p. 13-20
Texte intégral
1Séparer l’historiographie de la légende serait commettre un double péché. Les historiens des XVIIe et XVIIIe siècles – peut-être aussi certains historiens du XXe siècle – ont vécu sur une image dont leur enfance a été imprégnée et dont la maturité érudite n’a pas effacé l’empreinte. L’image d’Henri III a marqué fortement dramaturges et romanciers, elle n’a pas été imperméable à des historiens de métier, quel que soit, par ailleurs, leur souci de vérité. Historiographie et légende se confondent donc, dans une certaine mesure, du moins jusqu’au milieu du XXe siècle. Encore faudrait-il faire une enquête sur l’idée que peuvent se faire, en 1989, les enfants formés moins par l’école que par les émissions télévisées. Étudier aussi, systématiquement, l’immense littérature destinée aux enfants dont les journaux des XIXe et premier XXe siècles n’ont pas été avares. Je l’avoue : j’ai reculé devant l’ampleur de cette tâche.
2Roi mal aimé ? C’est le thème qui se dégage des travaux les plus récents et les plus sérieux de notre historiographie. Les attaques, souvent venimeuses, toujours passionnelles, du temps de la Ligue auraient déformé le visage d’un souverain qui a connu, de son vivant, des affections profondes et durables. Je pense surtout qu’Henri III a été un roi mal compris, victime à la fois de la fascination suscitée par le souvenir de sa mère, Catherine de Médicis, et du rejet, plus ou moins explicite, d’une mémoire collective dont seul son successeur, Henri IV, devait bénéficier. Il est des temps dont on n’aime pas se souvenir, 1940, par exemple, le règne d’Henri III, également. Il faut, cependant, essayer de comprendre et d’expliquer, ce que feront ici même d’éminents spécialistes auxquels je suis induement mêlé.
3Trois temps, inégaux quant à la durée, peuvent baliser mon simple propos. Un premier temps – grossièrement le XVIIe et le XVIIIe siècle, sauf sa dernière décennie – serait celui de l’effacement d’Henri III devant les bienfaits dont était crédité Henri IV. Le roi de la « poule au pot » rejetait dans les ténèbres le roi des Mignons. Deuxième temps : celui du romantisme qui tendait à idéaliser, mais avec haine, la mère aux dépens du fils. Catherine, la Florentine, devenait le personnage central et maléfique d’un drame dans lequel Henri ne jouait qu’un rôle subalterne : celui de comparse. Notons, au passage, que cette vision n’est pas éteinte aujourd’hui, comme en témoignent les deux émissions consacrées cette années par une chaîne de télévision à Catherine de Médicis : la Saint Barthélémy et le meurtre de Blois.
4Troisième temps : celui de la réhabilitation. Vont y contribuer des historiens ici présents, Madame Boucher, Pierre Chevallier, Jean-Marie Constant, et bien d’autres. Je ne reviendrai pas sur leurs travaux à l’égard desquels j’éprouve une très grande estime, et dont je partage entièrement les conclusions. Je me demande seulement si le message est passé. Autrement dit : si une certaine image a été effacée, et si nos enfants ne conservent pas, influencés par les media, le souvenir d’un roi mou, efféminé, incapable d’assumer sa souveraineté et d’exercer le maintien de l’ordre et de la stabilité de l’état.
* * *
5On pourrait se complaire à citer les historiens, ou prétendus tels, qui ont influencé l’opinion aux XVIIe et XVIIIe siècles. De Varillas1, de l’abbé Louis Legendre2, de Gabriel Daniel3, de Sauvigny4, je ne parlerai pas ici. Je préfère aborder des œuvres-maîtresses, non par la qualité de l’écriture, mais par leur diffusion et leur audience. Partons de Mézeray, « historiographe de France », qui fut pendant deux siècles ce qu’Henri Martin devait être à la fin du XIXe et au début du XXe siècle : un diffuseur sans génie de thèmes destinés à fournir une version officielle de l’Histoire. Dans son « abrégé chronologique »5, il écrivait : « On pourrait, à proprement parler, appeler le règne de ce Roi le règne des Favoris. La mollesse de son âme et sa fainéantise le livrèrent entre les mains de ces gens là : lesquels achevèrent d’énerver ce qu’il avait de ferme et de le dissoudre dans les voluptés. Tellement qu’ils effacèrent l’éclat de toutes les belles actions dont on lui attribuait l’honneur, et ils eussent fait douter s’il y eut aucune part, n’eût été qu’au travers de tous ces défauts on admiroit encore en lui beaucoup de qualitez Royales ». Et Mézeray lui reproche de s’être isolé de ses sujets. Les favoris du Roi « lui persuadèrent de ne se communiquer plus tant à ses sujets comme l’avaient fait ses prédécesseurs, mais de se tenir caché comme les Rois d’Orient ». Notation précieuse, contraire à la réalité historique, mais qui témoigne d’une vision d’un souverain échappant aux traditions françaises et tenté par les charmes des monarchies orientales.
6Cette vision s’élargit dans l’Histoire de la Ligue du Père Jean-Louis Mainbourg6. Rejetant à la fois les Ligueurs et les Huguenots, apologiste des catholiques royaux, Mainbourg opposait déjà le jeune duc d’Anjou, le héros de Jarnac et de Moncontour, au souverain échappé de la lointaine Pologne en 1574. « C’estoit un Prince, qui, à l’âge de vingt trois à vingt quatre ans, où il estoit alors, avoit toutes les qualitez et les perfections capables de le rendre un des plus grands Monarques du monde... ». Mais l’accession au trône – toujours selon Mainbourg – produisit une mutation fondamentale. Je cite : « Il se plongea dans les délices d’une honteuse oisiveté avec ses Favoris et ses Mignons, qui furent les sangsues et les harpies et le scandale de toute la France qu’il sembloit leur avoir donnée au pillage par son immense prodigalité. Il se rendit ensuite également odieux et méprisable à ses sujets de l’une et l’autre religion par une conduite bizarre et inconstante. Car il alloit tantost de débauche en dévotion, par ses processions et ses exercices de pénitence qu’on prenoit pour hypocrisie ; et puis de dévotion en débauche, en certains ridicules amusemens et en mille occupations frivoles tout à fait indignes, je ne dyrai pas d’un Roy, mais d’un homme rassis ». Débauche et dévotion : deux thèmes qui ne cesseront d’enlaidir le portrait d’Henri III.
7A ce portrait au noir s’opposaient d’autres traditions historiographiques. Du vivant du même roi, Du Haillan7 avait écrit (en 1584) : « Prince débonnaire et docile, courtois, accort, discret, grave mais de facile accès ; dévotieux, aimant les lettres, avançant les gens d’esprit, libéral, rémunérateur des hommes de mérite, désireux de renforcer les abus de ses officiers ; amy de la paix, capable de conseil ». Tableau sobre, mesuré, mais dont l’influence fut, à moyen terme, faible. Plus importante fut l’ Histoire des Guerres civiles en France de l’italien Davila8, tôt traduite en français, sans cesse rééditée du milieu du XVIIe à la fin du XVIIIe. Davila voyait Henri III d’un regard machiavélien. Je cite : « Henri sentoit vivement cet avilissement de l’autorité Royale, il rouloit dans son esprit le projet de lui rendre son lustre, et, quelqu’attentif qu’il fût à déguiser ses sentimens, sous le voile d’une profonde dissimulation, néanmoins, en soupirant, il laissoit souvent échapper ces paroles de Louis XI : qu’il étoit enfin tems de mettre les Rois hors de page, c’est-à-dire que le moment étoit arrivé de se délivrer de l’esclavage et de la tyrannie des chefs de parti... Ses animosités personnelles, jointes aux raisons d’état, le déterminent encore plus fortement à détruire les deux partis ». Image minoritaire si on la replace dans la masse des écrits, et si l’on confronte le récit historique aux formes élaborées du drame et de la poésie. Là, domine la légende d’Henri IV qui éclipse son prédécesseur. Pour n’évoquer que la plus célèbre – et la moins lisible – de ces œuvres, je me contenterai de la Henriade de Voltaire9, écrite vers 1716 ou 1717. Les premiers vers de ce poème indigeste résument des idées courantes :
Valois régnait encore, et ses mains incertaines
De l’État ébranlé laissaient flotter les rênes.
Les loix étoient sans force, et les droits confondus
Ou plutôt en effet Valois ne régnait plus.
8Et Voltaire reprend la caricature des historiens : opposer au roi le duc d’Anjou :
Tel brille au second rang qui s’éclipse au premier
Il devint lâche roi d’intrépide guerrier.
Endormi sur le trône au sein de la mollesse
Le poids de sa couronne accablait sa faiblesse.
9 Mollesse, faiblesse, lâcheté : si l’on y ajoute la débauche et la fausse dévotion, les touches sont en place pour composer un tableau. Reste le problème de l’homosexualité. Question peu soulevée avant la Révolution, dans la mesure où elle portait atteinte à la sacralité royale. Mais un aspect évoqué dans un texte publié par Pierre de Lestoille, « la description de l’Isle des Hermaphrodites »10. Attribué à Arthur Thomas, analysé par Lenient11, ce récit, d’après des recherches récentes, ne concernait pas la cour du dernier Valois. Mais il continue à figurer dans le légendaire historique.
10Ainsi se confondaient, avant la seconde moitié du XVIIIe siècle, et surtout avant la Restauration, historiographie et légende. Un oubli volontaire. Comme l’écrivait plus tard Capefigue12, « il fut le dernier Valois et la maison de Bourbon ne prit aucun souci de sa mémoire ». Et Mainbourg « il paroist manifestement aujourd’hui que c’estoit aux Rois de l’Auguste Branche de Bourbon que la Providence avoit réservé la gloire de triompher ». Pauvre Henri de Valois !
* * *
11Ce qui change, dès la seconde moitié du XVIIIe siècle, plus encore dans les années 1820-1830, c’est la perspective et ce sont les formes de diffusion des idées. La perspective : la mère l’emporte sur le fils, la Florentine sur le dernier Valois. Les formes : ce furent le drame historique et le roman historique. Le temps limité dont je dispose m’interdit, hélas, d’insister sur les problèmes épistémologiques évoqués, du président Hénault (1747) à Balzac, à Mérimée, à Alexandre Dumas : les rapports entre le drame – ou le roman – et l’Histoire. C’est pourtant un sujet passionnant. Permettez-moi, cependant, d’évoquer des interprétations contradictoires. Le président Hénault écrivait dans sa préface au drame consacré à François II (1747) « Le grand défaut de l’Histoire est de n’être qu’un récit... L’Histoire peint froidement, par rapport à la tragédie, une suite longue et exacte d’événemens ; et la tragédie, vide de faits par comparaison avec l’Histoire, nous peint fortement le seul événement qu’elle a entrepris de nous représenter. Ne pourrait-il pas résulter de leur union quelque chose d’utile et d’agréable ? ». Balzac et Alexandre Dumas ont eu, nous le verrons, un souci essentiel de la réalité historique. Mérimée, par contre, dans la préface de sa Chronique du règne de Charles IX (1829) écrivait superbement : « Je n’aime dans l’Histoire que les anecdotes ». De ces positions de principe résulte une discordance évidente entre les œuvres, dramatiques ou romanesques. Les qualités littéraires ne sont pas en cause. Ce qui l’est, c’est l’utilisation du matériau historique.
12Revenons à Henri III ou, plutôt, à Catherine de Médicis qui domine la scène littéraire. Il y eut, dans la dernière décennie de la Restauration, un véritable engouement pour les guerres de religion et pour la Reine-Mère. Réplique, sans doute, au culte d’Henri IV, développé dès 1815, dont les chansons (« Vive Henri IV, Vive ce Roi vaillant ») et le prénom même donné au seul héritier de la dynastie, le duc de Bordeaux, futur comte de Chambord, attestent la volonté systématique de rattacher une dynastie menacée au premier roi Bourbon.
13Il est impossible d’entrer en toutes ces œuvres. Dans un article du Globe, du 23 juillet 1825, un rédacteur écrivait : « On n’écrit plus maintenant que des romans historiques ». Louis Maigron avait très bien montré, en 1898, le rôle joué à l’époque romantique par le roman historique13. Avant le roman il y eut le drame. Je n’en prendrais que deux exemples. Celui d’un écrivain, fort justement oublié, Charles d’Outrepont qui présenta, en 1826, un drame sur la Saint-Barthélemy, puis une pièce sur La mort d’Henri III et les Ligueurs14. Henri III y est présenté d’une façon lénifiante, alors que Catherine devient une « femme exécrable dont la mémoire sera enveloppée d’un crèpe sanglant jusqu’à la consommation des siècles ». Par contre, la même année 1826, Vitet présentait au Théâtre royal une pièce en quinze scènes sur les Barricades15. Son avant-propos historique est assez stupéfiant :
Le caractère de Henri III est un des plus bizarres et des plus curieux à étudier que nous offre l’histoire. C’est un assemblage incroyable des vices et des qualités les plus opposés. On trouve en lui les extravagances d’un idiot, les puérilités d’un enfant mal élevé, les superstitions d’un dévôt abruti, mêlées aux discours d’un homme à demi sceptique, aux jugemens d’une raison éclairée, à la pénétration d’un esprit droit et sain... Il alliait aux pratiques de la dévotion la plus minutieuse les excès de la débauche les plus dégoûtans.
14On ne peut pas dire que le romantisme ait été tendre pour le Roi du Saint-Esprit !
15Le roman historique fut, à la même époque, attiré par la fin du XVIe siècle. Sans doute l’influence de Walter Scott fut-elle prépondérante, même chez les historiens. Je crois que Louis Maigron avait raison d’écrire : « Si Augustin Thierry doit beaucoup à Chateaubriand, il se pourrait qu’il fût encore plus redevable à Walter Scott ». Ici encore, je suis contraint à certaines limites. Je prendrai Balzac et Alexandre Dumas. Balzac, comme l’a montré Nicole Cazauran16 a rêvé un moment d’être le Walter Scott français. Entre 1825 et 1827 il a étudié le XVIe siècle pour mettre en scène Catherine de Médicis. Plus tard, il écrivit trois essais : Les Deux Rêves (1830), dialogue entre Catherine et Robespierre, Le Secret des Ruggieri (1836), qui deviendra La Confidence des Ruggieri, Les Le Camus, plus tard Le Martyr Calviniste. Récits rassemblés sous un titre commun : Sur Catherine de Médicis (1842). Fasciné par « la domination et l’astrologie » qui, selon lui, étaient les deux mots essentiels pour caractériser la reine, Balzac ne croyait pas, contrairement à la plupart des historiens à la prédilection de Catherine pour son fils Henri. « La conduite qu’elle tenait prouve la parfaite insensibilité de son cœur ». Lancé dans La Comédie Humaine, Balzac renoncera, sauf pour des périodes très proches de lui (les Chouans, la Terreur) au roman historique portant sur des périodes plus lointaines.
16Alexandre Dumas me semble le véritable génie de cette époque. Il était né dramaturge avant d’être romancier. Et il avait un sens profond de l’Histoire. Dans les Quarante-Cinq il avouait : « Nous n’avons pas la prétention d’être historien ; si nous le devenons parfois, c’est quand par hasard l’histoire descend au niveau du roman, ou mieux encore, quand le roman monte à la hauteur de l’histoire ». Dès 1829 il présentait un drame en cinq actes, en vers et en prose sur Henri III et sa cour. Il prouvait déjà une connaissance des principales sources littéraires de l’histoire de la Ligue. Bien que le thème central de la pièce fut une histoire d’amour entre Saint-Mégrin et la duchesse de Guise, il portait un jugement, partisan certes, mais conforme à l’esprit de son temps : « Il fallait rester régente en France pour que la France eût un roi ; il fallait qu’on pût dire un jour : Henri III a régné sous Catherine de Médicis ». Du drame au roman-feuilleton : comme il devait l’écrire plus tard, « j’avais inventé le roman-feuilleton ». Si la trilogie consacrée au XVIIe siècle est plus célèbre, les trois romans ayant pour cadre la seconde moitié du XVIe n’en méritent pas moins notre attention. De La Reine Margot (publié en feuilleton dans le journal La Presse entre le 25 décembre 1844 et le 29 mars 1845) à la Dame de Monsoreau (août 1845-février 1846), puis aux Quarante-Cinq (mai-octobre 1847), Dumas confirme son génie d’évocation historique. Que la trame de ces récits fût faite d’histoires d’amour entre grands personnages et grandes dames, c’est trop connu pour qu’on s’y arrête. Le talent – historique – de Dumas est d’avoir inventé un double du roi Henri, en la personne de Chicot, gentilhomme gascon devenu fou du roi, se substituant à lui dans des circonstances dramatiques, capable à la fois d’amitié et de jugement. Dans les Quarante-Cinq, Dumas fait dire à Chicot une nuit de 1580, devant la fenêtre du Louvre, « Henri est toujours le même : d’autres ont grandi, d’autres se sont abaissés, d’autres sont morts, lui a gagné quelques rides au visage et au cœur, voilà tout : c’est éternellement le même esprit, faible et distingué, fantasque et poétique... ». On ne pouvait, à mon sens, mieux comprendre Henri III qu’en le dédoublant. Autant l’auteur de La Dame de Monsoreau a été sévère – peut-être injustement sévère – à l’égard de François d’Alençon, puis d’Anjou, prince disgrâcié, peu choyé, mais comme il a été démontré, rassembleur d’une force politique importante, autant il a réservé à Henri III une place d’honneur.
17Parler de l’historiographie de l’époque de la monarchie censitaire ce serait ne parler de rien de sérieux. Les grands historiens – Guizot, Thierry, d’autres encore – n’ont pas aimé l’époque de Henri III. C’est vers ces communes du XIIIe siècle, vers ces révolutions anglaises du XVIIe qu’ils ont tourné leur regard. Et l’on comprend pourquoi. Ce n’était ni la démocratie, ni le libéralisme qui leur semblaient – à tort ou à raison – être mis en question. Seul Capefigue, en 1840, passionné de la Ligue et de la maison de Guise, a osé associer aux libertés communales le catholicisme ligueur. Il n’aimait pas Henri III. « Un esprit du tiers-parti, ce qui entraîne nécessairement l’indécision, l’incertitude, les deux faces... ». Rétrospective étonnante, à contre-courant d’un XIXe siècle dont les sympathies se fixaient volontiers sur les « Politiques ». Mais une vision d’un catholicisme libéral, sans nul doute minoritaire, rêvant d’unir la Ligue et la Révolution.
* * *
18On pourrait poursuivre. La Saga des Pardaillan, composée par Michel Zévaco, dans la ligne du roman-feuilleton dans la dernière décennie du XIXe siècle, ouvre en fait la voie au cinéma historique, dont le film d’André Calmette – « L’assassinat du duc de Guise » (1908) – fut la première manifestation. Du roman-feuilleton on passait au film-feuilleton. Non sans un certain décalage par rapport à l’histoire. Alexandre Dumas introduisait, aux côtés de personnages historiques, des héros et des héroïnes entièrement inventés. Zévaco et les scénaristes ont transformé, un peu frauduleusement, de grands acteurs de l’histoire en amoureux transis et jaloux, comme François de Montmorency et son frère, le duc de Damville. Libre à eux : c’est toujours un plaisir de les lire ou de les regarder.
19J’aurais aimé vous parler de la réhabilitation d’Henri III. Ce n’est pas la peine, puisque vous êtes là, et que vous pouvez en rendre compte avec une compétence qui m’est étrangère. Trois remarques, seulement, pour terminer ce modeste propos. Est-il certain que nos enfants ou petits-enfants aient suivi la voie que vous avez tracée ? Cette réhabilitation ne rencontre pas l’assentiment de certains collègues étrangers, comme j’ai pu m’en rendre compte à l’Université de New York il y a un an. Ce qui veut dire que nous sommes nous-mêmes prisonniers d’une certaine façon de vivre notre propre histoire. Mais le roman est tributaire de votre apport. Le Prince que voilà de Robert Merle, publié en 1982, témoigne de cet enrichissement : « Il montrait une merveilleuse constance à servir l’État ». Bravo Robert Merle : c’est ce que je pense.
Notes de bas de page
1 Varillas, Histoire d’Henri III (1694).
2 Louis Legendre, Nouvelle Histoire de France.
3 Gabriel Daniel, Histoire de France.
4 Sauvigny, Histoire de Henri III, 1787.
5 Mézeray, Abrégé chronologique de l’Histoire de France, édition d’Amsterdam, 1715, tome IX.
6 Louis mainbourg, Histoire de la Ligue, édition de 1683.
7 Du haillan, Histoire générale des Rois de France, 1584.
8 Davila, Histoire des guerres civiles en France, 1657.
9 Voir Studies on Voltaire and the Eighteenth Century, edited by Théodore Besterman, Genève, 1965, vol. 38-39-40.
10 Pierre de Lestoille, Mémoires, journaux.
11 Lenient, La Satire en France au XVIe siècle.
12 Capefigue, Les Héroïnes de la Ligue et les Mignons de Henri III.
13 Louis Maignon, Le roman historique à l’époque romantique, Paris, 1899.
14 Charles d’Outrepont, La mort d’Henri III et les Ligueurs – La Saint Barthelemy, 1826.
15 Vitet, Les Barricades, 1826.
16 Nicole Cazauran, Catherine de Médicis et son temps dans la Comédie Humaine, thèse, Lille, 1977.
Auteur
E.P.H.E. Paris
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