1 Première publication en langue allemande sous le titre « Nach Montinari. Zur Nietzsche-Philologie ». Trad. anglaise par L. Anderson sous le titre « After Montinari. On Nietzsche Philology », in The journal of Nietzscche Studies 38, 2009, p. 5-19.
2 A, Préface, § 5 (KSA 3, p. 17). Cf. également Écrits posthumes de l’époque de Bâle, KSA 1, p 761 notamment.
3 Cf. W. Stegmaier, Philosophie der Fluktuanz. Dilthey und Nietzsche, Göttingen, 1992, p. 348 notamment. Le livre déterminant de P. Wotling pour la lecture et la compréhension de Nietzsche (Nietzsche et le problème de la civilisation, Paris, P.U.F., 1995), prend pour point de départ la formule de Nietzsche « ich bin eine nuance » (EH, « Pourquoi j’écris de si bons livres », § 4).
4 GS, § 381, KSA 3, p. 633-635.
5 Cf. GS, § 345 : « La différence est absolument considérable selon qu’un penseur a un rapport personnel à ses problèmes, de sorte qu’il possède en eux son destin, sa misère et aussi son bonheur le meilleur, ou au contraire un rapport “impersonnel” : c’est-à-dire s’il ne sait les palper et les saisir qu’avec les antennes de d’une pensée froide et curieuse. »
6 ÉGM, Conclusion, KSA 5, p. 288 sq.
7 Le concepts de « phénoménisme » et de « perspectivisme » font partie des rares exceptions. Cf. GS, § 354.
8 GS, , § 381.
9 EH, « Pourquoi j’écris de si bons livres », § 3, KSA 6, p. 302-304.
10 Cela permet néanmoins des objections à Darwin et au darwinisme, particulièrement à ses présuppositions et conséquences morales. Cf. G. Moore, Nietzsche, Biology and Metaphor, Cambridge, Cambridge U.P., 2002, et la critique de ce livre par M Stingelin, « Nietzsche und die Biologie. Neue quellenkritische Studien », dans Nietzsche-Studien 32, 2003, p. 503-513.
11 PBM, § 22 ; KSA 5, p. 37.
12 Cf. J. Simon, Philosophie des Zeichens, Berlin-New York, W. de Gruyter, 1989, p. 131-133 (« Nietzsches Ablösung der Ontologie »).
13 Cf. notamment A, § 129, ÉGM, II, § 12, et FP XI, 38[1] et [2], 1885 (KSA 11, p. 595-597) ; voir G.Abel, « Logik und Ästhetik », dans Nietzsche-Studien 16, 1987, p. 112- 148, notamment p. 119.
14 ÉGM, Préface, § 1, KSA 5, p. 247 sq.
15 Cf. G. Abel, « Logik und Ästhetik », op. cit., p. 125-129.
16 APZI, « Des contempteurs du corps », KSA 4, p. 39-41.
17 Cf. PBM, § 257, KSA 5, p. 205, et « cette aspiration à un incessant accroissement de distance au sein de l’âme elle-même, l’élaboration d’états toujours plus élevés, plus rares, plus lointains, plus étendus, plus amples, bref justement l’élévation du type “homme”, le continuel “dépassement de soi de l’homme”, pour prendre une formule morale en un sens supra-moral. »
18 Cf.APZ I, « Lire et écrire », KSA4, p. 49 : « La vie est lourde à porter : mais ne faites donc pas vos délicats ! Nous sommes tous, tant que nous sommes, des ânes bien jolis et qui aiment à porter des fardeaux. »
19 AC, § 52. Cf. Ch. Benne, Nietzsche und die historisch-kritische Philologie, Berlin-New York, W. de Gruyter, 2005 (Monographien und Texte zur Nietzsche-Forschung, Bd. 49), qui fait de la maxime que nous avons citée la thèse directrice de sa recherche. Selon lui, même après son passage à la philosophie, Nietzsche a toujours maintenu les règles philologiques qu’il avait acquises au sein de l’école de Ritschl. Benne associe à la présentation de ces règles un plaidoyer militant en faveur d’une philologie nietzschéenne philologique, s’abstenant autant que possible (dans un premier temps) d’interprétations (spéculatives), et appelée à jouer le rôle de modèle pour la philologie en général.
20 PBM, § 27 ; KSA 5, p. 45 sq. Cf. l’état préparatoire dans les textes posthumes de 1885/86, FP XII, 1[182], KSA 12, p. 50 sq./KGW IX, 2, p. 79 sq. Dans la note posthume (dans une incise de la note), Nietzsche parle d’offense (« il y a quelque chose d’offensant à être compris »), dans l’aphorisme publié, il offense de manière directe. Sur l’interprétation du § 27 de PBM et de la note posthume afférente, cf. W. Stegmaier, « Nietzsches Zeichen », dans Nietzsche-Studien 29, 2000, p. 41-69, ici p. 42-48. Depuis lors, la transcription de la note posthume réalisée par M.-L. Haase dans la section IX des œuvres de Nietzsche, dont elle dirige l’édition, a été sensiblement modifiée.
21 Cf. le double bind de l’amitié telle que Nietzsche la pense, dans APZ : « On doit avoir dans son ami son meilleur ennemi. C’est quand tu le combats que ton cœur doit être le plus près de lui. » (APZI, « De l’ami », KSA 4, p. 71 sq.)
22 EH, « Pourquoi j’écris de si bons livres », § 5, KSA 6, p. 305.
23 M. Heidegger, Nietzsche, 2 vol., Pfullingen 1961, II p. 12.
24 Cf. EH, « Pourquoi j’écris de si bons livres », « Les Inactuelles », § 3, KSA 6, p. 320.
25 Cf. J. Simon, « Ein Text wie Nietzsches Zarathustra », et W. Stegmaier « Anti-Lehren. Szene und Lehre in Friedrich Nietzsches Also sprach Zarathustra », dans V. Gerhardt (dir.), Klassiker auslegen : Friedrich Nietzsche, Also sprach Zarathustra, Berlin, Akademie Verlag, 2000, p. 191-224 et p. 225-256.
26 APZII, « Le convalescent », KSA 4, p. 273.
27 Cf. APZIV, « Le signe », KSA 4, p. 405-408.
28 Cf. maintenant W. Stegmaier, Nietzsches Befreiung der Philosophie. Kontextuelle Interpretation des V. Buchs der Fröhlichen Wissenschaft, Berlin-Boston, de Gruyter, 2012.
29 Cf. CId, « Maximes et flèches », § 26.
30 Cf. W. Stegmaier « [Heideggers] Auseinandersetzung mit Nietzsche I – Metaphysische Interpretation eines Anti-Metaphysikers », dans Heidegger-Handbuch. Leben – Werk – Wirkung, sous la direction de D. Thomä, Stuttgart/Weimar, Metzler, 2003, p. 202-210.
31 Cf. J. Richardson, Nietzsche’s System, Oxford-New York, Oxford U.P., 1996, et Nietzsche’s New Darwinism, Oxford-New York, Oxford U.P., 2004, ainsi que la critique de H. Frank, « Nietzsches System nach John Richardson » dans Nietzsche-Studien 34, 2005, p. 409-419.
32 Cf. textes posthumes de 1888, FP XIV, 14[61], KSA 13.247 : « Maîtriser le chaos que l’on est : contraindre son chaos à devenir forme ; devenir nécessité dans la forme : devenir logique, simple, non équivoque, mathématique ; devenir loi – : c’est là la grande ambition. » W. Kaufmann (Nietzsche, Philosopher, Psychologist, Antichrist, Princeton, Princeton University Press, 1950, 4e éd. 1974, p. 12-16 et p. 74-95) a attiré l’attention sur ce point dès 1950, prenant pour cibles à l’époque la légende du « type même de l’ambigu » propagée par Ernst Bertram et l’insistance de Karl Jaspers sur les « contradictions » qui provoquent l’« échec » de la pensée en mettant en lumière l’existence. Cf. W. Stegmaier « “Philosophischer Idealismus” und die “Musik des Lebens”. Zu Nietzsches Umgang mit Paradoxien. Eine kontextuelle Interpretation des Aphorismus Nr. 372 der Fröhlichen Wissenschaft », dans Nietzsche-Studien 33, 2004, p 90-128, ici p. 90 sq.
33 Cf. W. Stegmaier, Philosophie der Orientierung, Berlin-New York, de Gruyter, 2008, p. 275-281.
34 ÉGM, II, § 12, KSA 5, p. 315. Sur l’interprétation de ce texte, cf. W. Stegmaier Nietzsches ‘Genealogie der Moral’. Werkinterpretation, Darmstadt, 1994, p. 70-88.
35 Cf. EH, « Pourquoi je suis si sage », § 7, KSA 6, p. 274 : « Je n’ai jamais fait en public un seul pas qui ne fût compromettant : c’est là mon critère de l’action droite » (trad. modifiée) et textes posthumes de 1885-86, FP XII, 2[79], KSA 12, p. 99 : « Mes écrits sont très bien défendus : – quiconque les prend et s’y méprend sans aucun droit sur de tels livres – se rend aussitôt ridicule, un petit accès de rage le pousse à déverser son fond le plus intime et le plus ridicule : et qui ignorerait ce qui sort toujours de là ! ».
36 Cf. W. Groddeck, « “Vorstufe” und “Fragment”. Zur Problematik einer traditionellen Unterscheidung in der Nietzsche-Philologie », dans M. Stern (dir), Textkonstitution bei mündlicher und schriftlicher Überlieferung, Tübingen, 1991, p. 165-175, et I. Gerike, « Les manuscrits et les chemins génétiques du Voyageur et son ombre », dans P. D’Iorio (dir.), HyperNietzsche. Modèle d’un hypertexte savant sur Internet pour la recherche en sciences humaines. Questions philosophiques, problèmes juridiques, outils informatiques, Paris, 2000, p. 129-162, ici p. 132-135.
37 Heidegger, Nietzsche, t. I, p. 18. Heidegger ajoute : « Tout ce que Nietzsche a publié lui-même durant sa période créatrice n’appartient qu’au “hors-d’œuvre”. » (trad. modifiée). Il se rattache en cela à A. Baeumler, qui ne s’est pas fait faute de préparer la philosophie de Nietzsche pour le nazisme. Cf. A. Baeumler (dir), Friedrich Nietzsche, Die Unschuld des Werdens. Der Nachlass, ausgewählt und geordnet von Alfred Baeumler, Leipzig 1931, Bd. 1, Zur Einführung, S. XXVIII f.
38 Cf. M. Clark, Nietzsche on Truth and Philosophy, Cambridge, Cambridge U.P., 1990.
39 Cf. l’exploitation philologique exemplaire des Dionysos-Dithyramben par W. Groddeck, Friedrich Nietzsche – « Dionysos-Dithyramben », 2 vol., Berlin-New York, 1991 (Monographien und Texte zur Nietzsche-Forschung, vol. 23, 1-2). Benne, Nietzsche und die historisch-kritische Philologie, op. cit., p. 342, comprend son travail comme « la théorie de cette pratique ».
40 Cf. M. Montinari, « Nietzsche lesen », dans Nietzsche lesen, Berlin-New York, 1980, p. 1-9, ici p. 4 : Une « lecture correcte de Nietzsche » place « les œuvres en relation intime avec les textes posthumes et par conséquent avec le développement propre de Nietzsche dans son ensemble. »
41 Sur la critique de l’édition demeurant entâchée d’arbitraire de Montinari, cf. W. Groddeck et M. Kohlenbach, « Zwischenüberlegungen zur Edition von Nietzsches Nachlaß », dans Textkritische Beiträge 1, 1995, p. 21-39.
42 En 1972, le germaniste français Richard Roos a lancé une offensive, vivement controversée à l’époque, en faveur d’une lecture philologiquement rigoureuse : « Règles pour une lecture philologique de Nietzsche », dans Nietzsche aujourd’hui ?, Publi-cations du centre culturel de Cerisy-La-Salle, Paris, 1973, p. 283-318. Elle fut reprise et prolongée, aux côtés de la lecture d’Éric Blondel : voir J.-F. Balaudé und P. Wotling (dir.), Lectures de Nietzsche, Paris, 2000, p. 33-70. Roos fut également le principal instigateur du projet d’édition de Colli et Montinari.
43 On sait que Nietzsche prête ici à son Zarathoustra des paroles tout à fait radicales : « Celui qui connaît le lecteur, celui-là ne fait plus rien pour le lecteur. Encore un siècle de lecteurs – et l’esprit lui-même va se mettre à puer. » (AP Z I, « Lire et écrire », KSA 4, p. 48.). Cf. la note posthume d’été-automne 1882, FP IX, 3[1] 162, KSA 10, p. 72 : « Qui connaît “le lecteur” n’écrira plus pour des lecteurs…, mais pour lui, l’écrivain », et la note de l’automne 1887, FP XIII, 9[188], KSA 12, p. 450 : « Je n’estime plus les lecteurs : comment pourrais-je écrire pour des lecteurs ?.. Mais je me note moi-même, pour moi. »
44 Cf. G. Schank, “Rasse” und “Züchtung” bei Nietzsche, Berlin-New York, 2000 (Monographien und Texte zur Nietzsche-Forschung, Bd. 44), et W. Stegmaier « Nietzsches Zeichen », art. cit. Nietzsche n’a cependant pas réservé exclusivement ces deux thèmes à ses notices. Cela vaut aussi pour son concept d’interprétation. Cf. J. Figl, Interpretation als philosophisches Prinzip. Friedrich Nietzsches universale Theorie der Auslegung im späten Nachlaß, Berlin-New York, 1982 (Monographien und Texte zur Nietzsche-Forschung, Bd. 7).
45 L’un des meilleurs spécialistes de la question, D. Henrich, a caractérisé le sens de la métaphysique comme « pensée de clôture » de la philosophie (« Was ist Metaphysik – was Moderne ? Zwölf Thesen gegen Jürgen Habermas », dans D. Henrich, Konzepte. Essays zur Philosophie in der Zeit, Frankfurt am Main, Suhrkamp, 1987, p. 11-43, ici p. 13. C’est justement en ce sens que Nietzsche récuse la métaphysique.
46 Cf. M. Stingelin, Art. « Aphorismus », dans H. Ottmann (dir.), Nietzsche-Handbuch. Leben – Werk – Wirkung, Stuttgart/Weimar, 2000, p. 185-187, et les études auxquelles il renvoie.
47 Ce que Nietzsche appelle, dans ses conférences Sur l’avenir de nos établissements d’enseignement, les « tableaux », qu’attendent la plupart des lecteurs, et auxquels doit pouvoir renoncer « le lecteur dont j’attends quelque chose » (Sur l’avenir de nos établissements d’enseignement, KSA 1, p. 648).
48 Cf. par exemple, à propos de Humain, trop humain, P. Heller, Von den ersten und letzten Dingen. Studien und Kommentar zu einer Aphorismenreihe von Friedrich Nietzsche, Berlin/New York, 1972 (Monographien und Texte zur Nietzsche-Forschung, Bd. 1) ; à propos du Gai Savoir, N. Helsloot, Vrolijke Wetenschap. Nietzsche als vriend, Barn, 1999, et K.M. Higgins, Comic Relief : Nietzsche’s Gay Science, Oxford/New York, 2000 ; à propos de Par-delà bien et mal, P.J.M. van Tongeren, Reinterpreting Modern Culture. An Introduction to Friedrich Nietzsche’s Philosophy, West Lafayette, Indiana, 2000, et L.Lampert, Nietzsche’s Task. An Interpretation of Beyond Good and Evil, New Haven-London, 2001 ; à propos du Crépuscule des idoles, D.W. Conway, Nietzsche’s Dangerous Game. Philosophy in the Twilight of the Idols, Cambridge, 2002 ; à propos de L’Antéchrist, A.U. Sommer, Friedrich Nietzsches “Der Antichrist”. Ein philosophisch-historischer Kommentar, Basel, 2000 (Beiträge zu Friedrich Nietzsche, Bd. 2). – Pour l’exploitation de l’ensemble du contexte de l’œuvre de Nietzsche, le dictionnaire élaboré aux Pays-Bas par un groupe de recherche dirigé par Paul van Tongeren s’avère extrêmement précieux : Nietzsche-Wörterbuch, Nietzsche Research Group (Nijmegen) unter Leitung von P. van Tongeren, G. Schank und H. Siemens (Hg.). Un volume est paru sur quatre prévus : Nietzsche-Wörterbuch, Bd. 1 : Abbreviatur – einfach, Berlin-New York, W. de Gruyter, 2004.
49 GS, § 374, KSA 3, p. 626 sq.
50 HTHII, « Opinions et sentences mêlées », § 137.