1 Par exemple, Rémusat, jamais cité par Nietzsche dans son œuvre publiée.
2 HTHI, § 221, « Die Revolution in der Poesie ».
3 KSA 1, p. 516-532. Œuvres, 1, « Bibliothèque de la Pléiade », Paris, Gallimard, p. 135-149.
4 Œuvres, p. 135.
5 Voltaire, Lettres choisies. Avec le traité de la connaissance des beautés et des défauts de la poésie et de l’éloquence dans la langue française précédées d’une notice et accompagnées de notes explicatives sur les faits et sur les personnages du temps par Louis Moland. Paris, Garnier Frères, 1876, p. I-XXXVII, 441.
6 Le 17 août est marqué par une véritable campagne épistolaire de Voltaire avec le Vatican.
7 D3196, D3218, D3235, D3250, D3253, D3320, D3354, D3367, D3378, D3407, D3768, D3839, D3872, D4759, D4936, D4983, D5024, D5042, D5081, à quoi s’ajoute la D3410 à Andrea Quirini, neveu du Cardinal. Charles Henry, dans sa chronique « Voltaire et le cardinal Quirini d’après des documents inédits », Revue critique d’Histoire et de littérature, Paris, 9 novembre 1885, p. 358-362, pense qu’un certain nombre de lettres entre Voltaire et le cardinal Quirini ont été perdues.
8 Le terme de racine latine Epistel est employé par Nietzsche à la fin de la conférence, dans le sens strict des épîtres apostoliques (« die Evangelien, die Episteln… » KSA 1, p. 531).
9 IV, 487-505.
10 Né le 30 mars 1680, le cardinal Quirini est mort d’apoplexie le 6 janvier 1759, et non en 1755, comme l’indique par erreur l’index de la Correspondance de Voltaire, « Bibliothèque de la Pléiade », t. II, p. 1473. Il appartient à cette tradition de prélats érudits que Voltaire connaissait bien et que Nietzsche savait aussi apprécier, comme le rappelle Charles Andler et comme le montre l’aphorisme « À l’honneur des homines religiosi » du Gai Savoir, § 350
11 Il y a eu un échange de lettres entre Voltaire et le prélat pour que celui-ci accepte cette dédicace (voir les lettres consécutives du 28 septembre 1748 pour la requête de Voltaire [D3768] et du 3 janvier 1749 [D 3839] pour ses remerciements).
12 Cette Dissertation sera publiée en 1749 en tête de la première édition de la pièce. Notons avec Charles Henry (article cité), qui a retrouvé le brouillon de la dissertation dans la bibliothèque Quirini-Stampalia, que les critiques du cardinal furent nombreuses comme les corrections de la main de Voltaire. Tout un développement initialement prévu avant les deux premiers paragraphes de la première partie, et consacré à la langue française, notamment ses « rimes brèves et rimes longues » et son « e muet », a été retranché par Voltaire. Il y établissait que ces caractéristiques linguistiques étaient favorables à la déclamation ordinaire, mais nuisibles à l’opéra.
13 Voltaire affirme avoir fait une tragédie dans le goût grec : « J’ai fait représenter une tragédie dans le goût grec et bien que les Français soient très français, le goût antique a réussi », affirme-t-il, originellement en italien, dans sa lettre au Cardinal (28 septembre 1748, D 3768).
14 Charles Andler, Nietzsche, sa vie et sa pensée, Paris, Éditions Bossard, 1921 ; réédit. Paris, Gallimard, 1958.
15 Sur les trois volumes des Voltair’s (sic), Sämtliche Schriften, Berlin, A. Meyer, 1786, deux seulement ont été retrouvés dans la bibliothèque de Nietzsche.
16 Ainsi dans la première Considération inactuelle, notamment au § 10, ou encore dans Par delà bien et mal, § 28.
17 Lettre à Rohde du 7 octobre 1869 : « Il s’agit avant tout de dépasser le Laocoon de Lessing. » (cité dans l’appendice des Ecrits posthumes 1870-1873, Paris, Gallimard, p. 305).
18 HTH I, § 26 : « La réaction comme progrès ». Voir à ce propos notre article « Leçon esthétique et lacune philosophique : Nietzsche lecteur du Mahomet de Voltaire », Revue Voltaire, n° 7, Paris, Presses Universitaires de Paris Sorbonne, 2007.
19 Dans son tableau consacré, en annexe de sa somme sur Voltaire en Allemagne, aux traductions allemandes de Voltaire, Korff mentionne trois principales traductions de Sémiramis, une de J. F. Löwen (1756 sans lieu, puis Vienne 1763 – c’est celle qu’a pu voir Lessing) ; une, en prose, de M.H. Arvelinus, à Breslau en 1786 (puis sans lieu d’édition en 1791) ; une autre par J.G. Presser, toujours à Breslau en 1786.
20 Il propose ainsi une généalogie intéressante de l’orchestre moderne comme héritage du chœur antique qui vise à rapprocher la musique du théâtre tragique d’une manière moins déterminée que la Dissertation de Voltaire et, plus tard, Nietzsche : « Puisque l’orchestre dans nos spectacles joue pour ainsi dire le rôle de l’ancien chœur, les connaisseurs ont depuis longtemps déjà souhaité que la musique jouée avant, pendant et après la pièce soit davantage en harmonie avec son contenu. », Hamburgsiche Dramaturgie, Reclam, p. 136.
21 Ibid., p. 60.
22 Ibid., p. 61.
23 Vorlesungen über dramatische Kunst und Literatur.
24 Schlegel ne mentionne donc pas ici la lettre au cardinal Quirini, ce qui tend à favoriser la thèse d’un contact direct de Nietzsche avec la Dissertation, lequel n’exclut évidemment pas la pertinence du contexte exégétique dans lequel il reçoit ce texte.
25 Voir Voltaire, première partie de la Dissertation, intitulée « Des tragédies grecques imitées par quelques opéras italiens et français ».
26 Quelques réflexions sur la Tragédie de Wallstein [sic] et sur le théâtre allemand. Voir Benjamin Constant, Œuvres, « Bibliothèque de la Pléiade », Paris, Gallimard, p. 898. Voir à ce sujet notre article « Nietzsche : l’Histoire contre le tragique ? », Journée d’étude CELLF et CRLC (Pierre Frantz, Bernard Franco) du 6 novembre 2004, dans P. Frantz, B. Franco, Le Destin à l’âge chrétien. Les inflexions du tragique en Allemagne et en France de 1785 à 1813, Paris, Champion, 2007.
27 A ce sujet, voir Georges Liébert, Nietzsche et la musique, P. U. F, 1995, 2e éd. 2000.
28 Traduction Mme Necker de Saussure, Paris [Bruxelles, Leipzig et Livourne] : A. Lacroix, Verboeckhoven et Cie, 1865 p. 103.
29 Il le fera, précisément, dans Le Drame musical grec. La comparaison entre les spectacles totaux de la messe et de l’opéra est déjà chez Voltaire.
30 VF, 31A, Oxford, 1992, éd. par David H. Jory, p. 397-413.
31 Par exemple, la captatio de l’Eloge des Officiers qui sont morts dans la Guerre de 1741 (1748 ; XXIII, 249), un texte peu connu, développe avec éloquence le thème du modèle grec : « Un peuple qui fut l’exemple des nations, qui leur enseigna tous les arts, et même celui de la guerre, le maître des Romains, qui ont été nos maîtres, la Grèce enfin, parmi ses institutions qu’on admire encore, avait établi l’usage de consacrer, par des éloges funèbres, la mémoire des citoyens qui avaient répandu leur sang pour la patrie. Coutume digne d’Athènes, digne d’une nation valeureuse et humaine, digne de nous ! Pourquoi ne la suivrions-nous pas, nous longtemps les heureux rivaux en tant de genres de cette nation respectable ? Pourquoi nous renfermer dans l’usage de ne célébrer après leur mort que ceux qui, ayant été donnés en spectacle au monde par leur élévation, ont été fatigués d’encens pendant leur vie ? »
32 « Comme il fut aussi [Voltaire] le dernier grand écrivain qui, dans le traitement de la prose, avait une oreille grecque, une conscience d’artiste grecque, une simplicité et une grâce grecques », HTH, I, § 221.
33 Voir la transcription, traduction et présentation du manuscrit dans notre article : « Un Manuscrit du jeune Nietzsche sur Voltaire », Revue d’Histoire littéraire de la France, n° 1, 2002.
34 « Voltaire als Dichter ». La trace des notes de Nietzsche sur cette partie de l’ouvrage n’a pas été retrouvée, à ce jour, dans les archives de Weimar.
35 « Die Tragödien », p. 228-234.
36 P. 229. Sémiramis y est dite provenir de la même source de philosophie politique que La Mort de César
37 Il rappelle que Voltaire a osé évoquer « les ombreux esprits des défunts » sur la scène, p. 230.
38 Il avouait déjà que « Les attaques de Lessing et d’A.W. Schlegel gardent toujours leur inaltérable valeur », p. 230.
39 Ces « Prahlereien » étaient répétées par Voltaire « in der Vorrede zur Semiramis », p. 231. Cette expression, sans référence explicite à Quirini, témoigne, là encore, de la probabilité d’un contact immédiat de Nietzsche avec le texte de la Dissertation.
40 « Voltaire ne connaît pas les Anciens et partant il n’en parle jamais qu’avec cette arrogance complaisante, qui est le propre de l’ignorance », p. 230. Hettner reprend là les invectives de A. W. Schlegel parlant du « ton tranchant de Voltaire » qui « ne s’accorde guère avec l’aspect superficiel de ses études ».
41 La référence est donc précisée par Hettner.
42 CIn, II, § 9.
43 Strauss, Voltaire, op. cit., p. 65. Il s’agit là d’une référence directe à ce qu’en dit Voltaire lui-même dans la troisième partie de la Dissertation. Strauss cite l’intermédiaire constitué par Lessing (p. 74).
44 P. 72.
45 Nous soulignons.
46 Voltaire reconnaît que la musique a civilisé les Grecs (Moland XXX, p. 421).
47 Le Drame musical grec, trad. J.-L. Backès dans Nietzsche, Œuvres I, « Bibliothèque de la Pléiade », Paris, Gallimard, 2000, p. 135.
48 Ibid., p. 138.
49 Voltaire, Dissertation, op. cit., Seconde partie.
50 A ce sujet, voir notre article « Le dialogue, chez Voltaire, est-il un genre ? », Revue Voltaire, n° 5, 2005.
51 Le procédé rappelle celui de Montesquieu dans les Lettres persanes. Voltaire l’utilise sans cesse, par exemple dans le Dialogue entre Marc Aurèle et un récollet (VF32 ; XXIII, 479-482). Il peut être rapproché du « perspectivisme » nietzschéen et, en général, des méthodes du scepticisme, manière, étymologiquement, de multiplier les points de vue sur un objet.
52 Voltaire, Dissertation, op. cit., Seconde partie.
53 Le Drame musical grec, op. cit., p. 139.
54 Voir P. Szondi, Essai sur le tragique, Penser le théâtre, Belval, Circé, 2003, et notre compte rendu de l’ouvrage dans Esprit, juin 2004.
55 Voltaire, Dissertation, op. cit., Première partie.
56 1] ; la même idée est reprise en 1 [11].
57 « […] parce qu’il a appris à les [Eschyle, Sophocle, Euripide] connaître par le livre » L’usage de l’italique est caractéristique.
58 Voltaire présente ainsi à Rameau en décembre 1733 son projet d’opéra : « plutôt une faible esquisse d’une tragédie dans le goût des Anciens avec des chœurs qu’un opéra avec des fêtes » (DBest690).
59 Le Drame musical grec, op. cit., p. 137.
60 Voltaire, Dissertation, op. cit., Première partie.
61 Le Drame musical grec, op. cit., p. 137. Nietzsche l’emploie encore dans les fragments 1 [1] et 1 [11] et utilise aussi le terme de « singerie ».
62 Le Drame musical grec, op. cit., p. 148.
63 Ibid., p. 142.
64 Voltaire, Lettres sur Œdipe, II, 11-46.
65 Le Drame musical grec, op. cit., p. 144.
66 Nietzsche insiste sur cet aboutissement apollinien dans les fragments posthumes de l’automne 1869.
67 « Tout cet effort déployé pour déplacer avec une extrême rapidité l’accent tantôt sur la faculté de compréhension et de représentation, tantôt sur le sens musical de l’auditeur, est quelque chose de si foncièrement contre nature et s’oppose si foncièrement à la double impulsion de l’art (l’apollinienne comme la dionysiaque) qu’il nous faut bien en conclure que le récitatif procède d’une origine étrangère à toute espèce d’instinct artistique. »
68 KSA 7, 5[124]. Voir Aristote, Poétique, 1449b ; 1450b.
69 Des échos de la Dissertation sur la tragédie antique et moderne se font encore entendre dans l’aphorisme « Art et Nature » du deuxième livre du Gai Savoir, précédant de quelques pages l’aphorisme sur Voltaire.
70 Traduction de C. Heim, pour der gute Urmensch.
71 Études critiques sur la littérature française. Troisième série. Descartes – Pascal – Le Sage – Marivaux – Prévost – Voltaire et Rousseau – Classiques et Romantiques, Paris, Hachette et Cie, 1887.