Chapitre quatrième. Le manuel, l’édition du Thresor et les manuscrits conserves à Laon
Suite et fin de la carrière de Boulaese
p. 83-102
Texte intégral
CONTENU DU MANUEL
1Dans le « mode d’emploi » en français adressé à Grégoire XIII aux pages 1-5 du Manuel (nous en reproduisons le texte dans l’appendice II), Boulaese explique que le traité dans sa version française, tout en maintenant la structure en trois parties, dont chacune est divisée en plusieurs chapitres (cela conformément aux instructions des « docteurs de Rome ») a néanmoins été augmenté de trois manières par rapport à sa version originale de 1570. Premièrement, précise Boulaese (p. 4), Jean de Bours lui proposa quelques ajouts suite à ses lectures du Manuel 1. Deuxièmement, le Manuel, sous sa forme de 1575, incorpore toutes les suggestions proposées par la commission papale. Et troisièmement, il tient compte de toutes les suggestions de Nicole Despinoys que Boulaese avait rencontré (suivant l’ordre de Pie V) le 20 août et le 12 septembre 1572.
2Il est frappant de constater par ailleurs qu’outre les différentes préfaces, le Manuel de 1575 reproduit in extenso la lettre de Pie V du 7 octobre 1571 au nonce Frangipani, où le souverain pontife exige que Boulaese, à son retour de Rome, montre son oeuvre à Jean de Bours et à Despinoys, ainsi que la lettre de Grégoire XIII du 6 mars 1573 dans laquelle Grégoire demande au nonce Salviati d’exécuter les instructions de Pie V après avoir soumis le Manuel aux trois professeurs de la Faculté de Théologie de Paris. Nous reproduisons ces deux lettres dans notre appendice II.
3La première partie du Manuel contient 49 chapitres qui portent sur les événements de Vervins ; la deuxième, 66 chapitres sur les événements de Laon ; et la troisième, 27 chapitres décrivant tout ce qui arriva après l’expulsion de Nicole de Laon, après sa guérison.
4Au moins vingt fois plus volumineux que L’abbregée histoire, le Manuel incorpore, semble-t-il, autant de données que possible sur tous les entretiens que Boulaese avait tenus avec les témoins lors de ses deux séjours à Laon en 1566 et surtout en 1569. Voici comment le Manuel rapporte les mêmes événements que ceux traités par l’Epitome et L’abbregée histoire (cf. extraits cités plus haut)2 :
L’an de nostre salut mil cinq cens soixante cinq, Pius quartus et apres Pins quintus estant Pape de Rome, en France y regnant nostre tres-chrestien roy Charles, neufiesme de ce nom, au Gouvernement de Picardie, au pays de Thierarsche, en l’euesché de Laon en Laonnois. en la ville de Vreuin. Pierre Obry, marchant bouchier et Catherine Vvillot en loyal mariage bien renommez, et en biens assez aisez, ont engendré Nicole Obry leur fille aisnee et Catherine Vvillot estoit aussi fille legitime de Ioachim Vvillot mareschal et de Henriette Catillon. Desquels, Ioachim Vvillot, apres son souper soudainement sans parler, ne confession est mort, et Henriette finablement remariee à Adam Coulon.
Or Nicole apres auoir esté par l’espace de sept ou huict ans en son séculier habit, auec les Nonnains de Monstroeil les Dames religieusement et soigneusement instruicte en l’amour et crainte de Dieu, et à se contenir chastement et honnestement, sur les quinze ou seize ans de son aage a esté mariee à Loys Pierret cousturier sorty aussi d’honnestes parens, bien nourry en l’amour et crainte de Dieu, et en toute modestie. Ces deux ieunes personnes Catholiques, comme tous leurs parens, par l’aduis et conseil de leurs dicts parens et amys apres leurs nopces commencerent à faire leur petit mesnage à part eulx.
Enuiron les troys moys apres leur assemblee, le Sabmedy troisiesme iour de Nouembre du susdict an mil cinq cens soixante cinq, le lendemain de la feste des trepassez, sur les trois heures apres midy, entre le second et troisiesme coup de vespres, Nicole passant par le Cimitiere entra en l’Eglise, selon la coustume du pais s’agenouilla sur la fosse de son dict defunct grand pere Ioachim Vvillot, et là ainsi toute seule priant Dieu pour les trespassez, aduisa deuant sov comme vn homme droict ensepuely en linge blanc, luy disant : Nicole, ie suis vostre grand pere.
Dont s’effrayant elle partit pour continuer son chemin chez Pierre du Pont Serrurier. Au sortir de l’Eglise elle perdit de veuë cest ensepuely : comme aussi en se retournant, à la sortie du Cimitiere : Cest ensepuely ce laissant seulement veoir en l’enclos de l’Eglise, et du Cimitiere.
Reuenue qu’elle fut en sa maison, toute pensiue elle se meist au coing du fouyer. Au milieu duquel elle rauisa cet ensepuely tout droict. Et s’excusant d’aller querir de l’eaue, elle pria son mary d’y aller. Le mary party, elle commença à plorer, se deshabiller, puis se coucha. Et soudainement elle sentit sur soy une griefue pesanteur comme d’vne grosse pierre, qui presques l’estoufoit. Tellement qu’elle ne se pouuoit mouuoir ne parler. Son mary reuenu de l’eaue, la trouuant malade, alla querir la mere d’icelle. Ce pendant la parole luy reuint. Sa mere luy feit vn petit potage qu’elle mangea à plusieurs foys. Parce que Incontinent la pesanteur s’en alloit et reuenoit auec cet ensepuely. De cet heure là Nicole ne peult plus dormir, voyant soudainement par foys cet ensepuely, duquel elle se sentait chargee tantost deuant tantost deriere, sur les costez, de quelque sorte qu’elle se meist et tournast, apres que cet ensepuely ne luy apparoissoit plus. Aprés le departement duquel, et qu’elle ne se sentoit plus chargee, elle mangeoit et beuuoit bien, trouuant goust à ce qu’elle prenoit, aussi bon que si elle n’eust esté malade. Elle se retira chez sespere et mere, qui ignorant qu ’elle eust rien veu, estimoient qu’ elle feust grosse. Toutesfoys ils auoient honte, et s’estonnoient de la veoir ainsi rooler contre terre, la tançoient, et la renuoyerent chez elle. Ainsi se passèrent quatre iours. [Héricourt intervient ici sur les mêmes événements, aux pages 48-49 du Thresor]
Le Mercredy septiesme de Nouembre, du grand matin Nicole fut confessee par Messire Anthoine Nicaise. Cet enseuely premierement descouurant le visage seulement, luy dist : N’aye point peur. Ie suis ton grand pere. Tu n’es pas bien confessee. Demande maistre Claude Lautrichet. Elle recognoissant son grand pere aux yeulx, nez et bouche qu’elle voyoit descouuerts, combien que depuis les sourcilz en hault elle ne veist point de front ny de teste, se reconfessa. Soudain apres cet enseuely à visage descouuert pour la seconde fois ce jour la, s’apparut à elle ; et se tenant droict deuant elle, luy dist : N’aye point de peur. Ie suis ton grand pere. Elle le crevt. Cet enseuely disparut. Et elle deuint malade plus qu’au parauant. Tellement que sur les trois heurs apres midy, elle receut l’extreme vnction. Et soudainement apres iecta tant et si horriblement soudains et redoublez souspirs, que l’on la Iugeoit estre au trajet de la mort. Toutesfois elle demeura toute transie. Et lors ce grand pere interieurement se monstroit et parloit à elle (comme elle nous a declaré) luy donnant à entendre qu’il estoit en Purgatoire, en grand misere et perplexité. Et qu’il auoit tant de mal, à cause de plusieurs voyages qu ’il auoit votiez en son viuant, lesquels il n ’auoit peu accomplir, ny commander les accomplir, estant preuenu de mort subite il y auoit enuiron deux ans à vn soir apres auoir souppé, sans parler à aucun. Et que pour satisfaire à sa penitence, il luy declarait les Pelerinages qu ’il failloit faire, les Aurnosnes, qu’il failloit donner, et les Messes ou seruice general, qu ’il failloit faire dire : Et qu’elle allast à la derniere des Messes, durant laquelle, quand l’on monstreroit Dieu elle le verroit à l’entour du Prebstre en forme de Columbe, et qu’il luy viendroit dire troys fois à Dieu. Mais qu’il ne failloit point quelle luy respondist vn seul mot. Et que de là il s’en iroit à la gloire du Paradis...
5A examiner ce passage, il n’y a, une fois de plus, aucun doute qu’il émane de la plume de l’auteur de L’abbregée histoire et de l’Epitome. Un grand nombre d’expressions, sont reprises telles quelles, le squelette du récit restant inchangé. Rien, dans ses entretiens, n’est venu modifier les éléments déjà connus de Boulaese, même dans les détails, comme, par exemple, l’âge de Nicole, ou les aspects géographiques. En revanche, en compilant le Manuel, il ajoute énormément de détails. Mais ces détails ne sont pas arbitraires, ni neutres : ainsi, il ne dit rien de l’apparence physique de Nicole avant sa possession, ni des relations qu’elle avait avec son récent époux ou avec ses parents. Il est clair que la personne l’intéresse peu, voire pas du tout. Ce qu’il lui importe de dire au lecteur, c’est qu’elle était fille légitime, que la famille était aisée et respectable, et que la possédée elle-même avait reçu une éducation pieuse. Pour anticiper toute objection éventuelle quant à la fiabilité de ses jugements de valeur, Boulaese raconte la généalogie de la famille, nous indique dans quel couvent Nicole fut éduquée, précisant même où elle se rendait (« chez Pierre du Pont Serrurier ») après avoir vu l’« ensepuely » pour la première fois.
6Par cette cumulation de jugements de valeur accompagnés de menus détails géographiques et historiques (tels la précision des dates, heures, données le plus fréquemment possible), Boulaese situe le miracle dans un contexte précis que, semble-t-il, chaque incrédule pourrait vérifier. Mais ce qu’il ne parvient pas à fournir est l’essentiel : la preuve objective qu’une véritable possession ait eu lieu au moment où Nicole se trouvait au cimetière. C’est là la grosse lacune que Boulaese tente d’obscurcir par une foule de détails qui n’ont que très peu de rapports avec l’événement principal.
7En lisant le Manuel, on comprend mieux pourquoi Boulaese eut des difficultés à le faire paraître, même sans le reste du Thresor. Selon toute probabilité, le livre parut grâce à ses préfaces, dont le contenu, d’ailleurs, a peu en commun avec le récit. Quant aux différentes attestations, elles servent le même but que les détails du récit : donner au lecteur l’illusion de l’authenticité, et rendre Boulaese respectable aux yeux du public et des autorités.
DE L’HEBRAICUM ALPHABETHUM AU THRESOR
8Ce manuel linguistique parut moins d’un an après Le Manuel de la victoire du corps de Dieu, sous le titre : Hebraicum Alphabethum Io. Boulaese presbyteri, perpetui pauperis Collegii Montis Acuti eiusdem Grammaticae praeponendum, vt quiuis etiam puerulus, quatuor mensibus, aut etiam paucioribus et suo marte, foeliciter possit summos illosprofessores regios audire et se et alios docere sacrosanctam linguam hebraicum omnium linguarum et scientiarum diuinarum, naturalium et moralium fontem purissimum3. La préface, datée du 12 juillet 1576, s’adresse à Auguste de Thou, Jean de Guélis et Barnabée Brisson « regiae procurationis triumuiros in senatu Parisiensi consiliique sacri senatores ». La postface « ad lectorem » date du 20 décembre 1576.
9Boulaese commence sa préface par des remerciements aux triumuiri pour l’intérêt qu’ils portent au bien-être et à la formation dans la piété et les belles-lettres des enfants pauvres et, surtout, des orphelins. Il entend démontrer « la facilité, l’utilité et la nécessité » d’acquérir des connaissances de la langue hébraïque si l’on veut connaître, aimer et imiter Dieu et faire sa volonté. Il souligne que l’hébreu est la langue originelle et divine, et que, grâce à sa méthode, chacun peut l’apprendre rapidement. Viennent ensuite plusieurs exemples (anonymes !) d’élèves qui ont appris la « lingua omnium prima » en un temps record4 en suivant la méthode de notre auteur.
10Ces propos encourageants sont suivis d’un exposé des principes de la langue hébraïque. Boulaese n’y fait que reprendre, en les simplifiant, une fois de plus, les théories et les règles de Postel, telles que celui-ci les expose dans sa feuille volante Compendiaria grammatices introductio ad breuissime demonstrandum, quomodo in diuinis rebus et literis, punctus, linea, superficies, prima omnia docent in vocalibus, accentibus et literis ex vnius literae iodi trangulo compositis, paru à Paris en 1552, et dont Boulaese, rappelons-le, édita une version plus longue en 15665.
11Il ne nous appartient pas de nous prononcer ici sur l’efficacité de la méthode accélérée que propose Boulaese. Ce qui nous intéresse, en revanche, est son retour à l’optique postelienne qui ne se manifeste que d’une façon discrète dans le Manuel de 1575.
12Comme son maître, Boulaese voit l’écriture hébraïque comme composée de trois figures géométriques fondamentales : « punctus, linea et superficies », qui correspondent respectivement aux voyelles, aux accents et aux consonnes -cet ensemble constituant, bien sûr, une représentation de la Trinité. A la différence de Postel, il ne conjecture pas sur la signification mystique du iod, jugeant sans doute la matière trop compliquée. En revanche, il insiste, à l’instar de son maître, sur l’importance des vingt-deux consonnes. La préface contient de nombreuses références au Zohar. Par ailleurs, la langue d’Adam y est conçue comme la langue la plus pure, déchue par le péché, mais restituée par le Christ. Ainsi, celui qui connait bien l’idiome hébraïque et sait bien le prononcer avec les accents, affirme Boulaese, celui-là sait représenter l’harmonie céleste et supraterrestre6.
13A la fin de sa préface, Boulaese remercie les conseillers d’avoir confié la réforme du Collège de Montaigu à François Thomas en date du 14 avril 1576 ! Vu que l’arrêt du parlement était déjà intervenu en septembre 15757, il faut supposer que François Thomas attendit jusqu’en avril 1576 avant de se mettre au travail. Comme le dit Boulaese et comme on le sait par ailleurs8, Thomas, secondé malgré lui par les commissaires du chapitre et par le prieur des chartreux, commença par la réforme du temporel.
14Jean Boulaese n’était guère l’hébraïsant le plus éminent de son époque, et ses travaux dans ce domaine sont, nous l’avons vu, directement calqués sur ceux de Guillaume Postel. Néanmoins, le pauvre de Montaigu représente une tendance intéressante au sein de l’Eglise catholique de l’époque. Disciple de Postel, certes, cabaliste chrétien partageant les convictions de son maître sur la présence réelle et la quatrième nativité du Christ, il se sert de ces idées radicales, condamnées par l’Eglise, pour défendre une institution orthodoxe telle que le Collège de Montaigu, mais est prêt à les abandonner (sans les renier ouvertement pour autant) ou à les modifier pour faire accepter par les autorités son récit du miracle de Laon, événement gênant et dont l’authenticité est fort suspecte.
15Doit-on dès lors considérer Jean Boulaese comme un fantoche qui s’efforçait de faire une carrière ecclésiastique et universitaire à une période particulièrement difficile ? Répondre « oui » serait trop simpliste. Quoi qu’il en soit, ses tentatives furent couronnées de succès en 1578, date de la parution du Thresor.
16Au printemps de cette année, François Thomas se trouva entravé dans sa réforme du temporel par le fait que Margot n’avait pas encore rendu ses comptes. Le 7 juillet, il sommait le principal de s’exécuter, sous peine d’être pris de corps. Le mercredi 26 août, un arrêt de la cour établissait que les comptes en question seraient « oy collationné [s] et affermé[s] ». Margot fut trouvé redevable d’une somme d’argent. Une ordonnance du 28 août le fit mettre aux arrêts aux chartreux. Il dut renoncer à sa charge de principal du Collège et donna sa démission par acte authentique, ratifié au chapitre le 17 septembre 1578. Il laissait les écoliers pauvres du Collège (les Capettes) dans un état lamentable. Après une élection sans issue, la cour en ordonna une seconde. Celle-ci eut lieu le 28 septembre, et c’est Boulaese qui l’emporta. Son élection, soumise au chapitre le 30 octobre, se trouva ratifiée le 6 novembre. Le nouveau principal jura d’obéir aux chanoines, de ne point reconnaître d’autre autorité que la leur, de préserver les droits du collège, de ne rien innover, de gouverner enfin fidèlement et consciencieusement9.
LE THRESOR
17Le Thresor dans sa version complète n’avait pas dû paraître plus d’un ou deux mois auparavant. Rien ne nous révèle quelles étaient les sources du financement, mais il est clair que l’évolution de la situation à Montaigu fit que le climat se trouva favorable à l’énorme recueil que Godet qualifia de « pieux et inextricable fatras »10. Que comporte ce recueil de plus de huit cents pages in-quarto ? Outre le contenu tel qu’il fut détaillé par les docteurs de la Faculté de Théologie de Paris dans leur attestation du 3 août 157011, Boulaese y incorpora toutes les préfaces, toutes les attestations d’authenticité obtenues depuis 1570, ainsi qu’une nouvelle épître dédicatoire à Grégoire XIII et une épître au lecteur. Le recueil n’était pas bilingue ; une telle édition l’aurait rendu encore plus difficile à vendre. On note toutefois que Boulaese choisit d’imprimer les récits en français, visant à atteindre un public français (ou peut-être gaulois, au sens postelien du terme ?) aussi large que possible. Seules quelques préfaces sont imprimées en latin, dont la préface à Grégoire XIII, datée du 23 juillet 1578, qui occupe les folios 5 à 20 du volume.
18Pourquoi cette nouvelle adresse au Pape ? Boulaese voulait bien sûr intéresser le Saint-Siège à la cause des « pauvres orphelins » de Montaigu, mais aussi lui offrir un résumé du miracle en latin (tous les autres récits étant en français) et, profitant peut-être du climat de l’Edit de Poitiers, définir ses positions théologiques. En outre, il voulait que Grégoire XIII finance une traduction de la Bible en langue arabe. Cette préface révèle ainsi la renaissance d’un ancienne idéologie qui vient s’ajouter à la grande variété de positions soutenues par Boulaese au moment de la parution du Manuel, trois ans plus tôt.
19En 1578, toute trace de gallicanisme a disparu. Boulaese commence par affirmer que les sept sacrements constituent la marque de la vraie Eglise catholique, apostolique et romaine. Le sacrifice de la messe accompli par le prêtre garantit l’efficacité des autres sacrements. C’est par l’eucharistie que l’hérésie et les guerres qu’elle provoque sont expulsées ; à leur place s’installent : « deuota pietas, bona conscientia et festa pax et inde tuae sanctitati debita reddatur obedientia per vniuersum orbem in omnem et hominum salutem et honorem et gloriam Dei »12. C’est pour aider l’Eglise à atteindre ce but qu’il avait édité le Manuel, déjà en 1575.
20Mais, s’il n’est plus « gallican »-du moins à ce moment-, Boulaese réapparaît sous les traits d’un fidèle disciple de Postel, notamment par les calculs qu’il établit sur la signification de l’année 1566. Sans reprendre littéralement le chiffre de 5566, qui jouait un si grand rôle dans le De summopere et dans la brochure en cinq langues de 1566, Boulaese en conserve l’esprit :
Il faut noter, dit-il, que le miracle eut lieu dans l’année de notre Seigneur 1566, le vendredi, à trois heures de l’après-midi. Dans notre Tabula chronographica ex collatione temporum Hebraeorum, Italorum Chaldaeorum siue quatuor monarchiarum et Aegyptiorum per annos Olympiadum et ab vrbe condita, nous avons démontré de sept manières que l’on dénombre 3960 ans moins trois mois depuis Adam jusqu’à la mort du Christ. Celui-ci termina sa vie sur cette terre dans sa trente-troisième année ; dans la même année il ressuscita, monta au ciel, envoya le Paraclète, sept ans avant la fin du quatrième millénaire. Donc, vu que nous sommes dans la 1578 e année après sa naissance et Passion, il est tout à fait certain que nous sommes dans le sixième millénaire (correspondant au sixième jour de la création), dont la moitié (c’est à dire 500 ans) est déjà révolue. Ce qui signifie qu’il faut être attentif, en toute sagesse, a ce qui se passe dans la république du monde. Il faut donc noter dis-je : le sixième millénaire, le sixième centenaire, le sixième jour et la troisième heure comme étant celle où nostre Seigneur Jésus-Christ a rendu l’âme13.
21A cette chronologie manque la minutie et l’audace de celle de Postel qui, dans le De summopere, s’appuyait sur le Zohar pour démontrer que l’année 5566 (donc 1566) est celle du jugement du monde. Car, disait-il, selon le Zohar, mille ans est l’équivalent d’un jour, cinq mille ans représentent les jours du lundi au jeudi, 500 ans constituant la moitié du vendredi, juste avant le sabbath14.
22On voit bien comment Boulaese reprit cette chronologie de Postel, comment il l’expliqua, en la rapportant au Christ, et en y ajoutant la mention de trois heures de l’après-midi (heure à laquelle Beelzebub fut vaincu). Pour conclure, le pauvre de Montaigu évoque le jugement du monde, mais sous une forme à la fois plus discrète et plus orthodoxe que ne l’avait fait son maître. Certes, l’expulsion de Beelzebub signifie pour Boulaese le jugement et le début du règne de Dieu « in quo sint omnes homines vnum ». C’est l’avent de la concorde universelle, mais il ne s’agit pas de la concorde de Postel car Boulaese précise bien que le vnum est celui de la « vnius verae religionis Catholicae, Apostolicae, Romanae ecclesiae ». Le Pape, loin d’être l’antéchrist, est considéré comme le « vrai réformé » qui réunira sous son aile les Turcs, les Juifs et les hérétiques, ces derniers étant les faux réformateurs envoyés par le diable15.
23Avec la concorde, poursuit Boulaese, Dieu rendra aux hommes leur langue unique d’origine, l’hébreu. L’étude de l’hébreu d’après ses trois composantes -les lettres émanant du triangle iod, les accents et les voyelles- est déjà recommmandée par le Christ en Mt 5, 18 et Luc 16, 17. Selon Boulaese, cela est naturel car l’hébreu « est l’unique et la plus pure source de toute piété et de la doctrine de toutes les choses divines dans la république des hommes, en vue du salut de tous et de chacun ». C’est à la recommandation du Christ que, brûlant d’envie d’apprendre et d’enseigner la langue sainte, Boulaese la diffuse pour convertir les Juifs. Jadis, rappelle-t-il, il demanda et obtint de la part de Philippe II la promesse de 30’000 ducats pour financer l’impression de la Bible polyglotte qui comprendrait une version arabe « in conuersionem Maurorum sine Turcharum, qui sunt Chamitae et Ismaelitae »16.
24Depuis, Plantin avait imprimé la Bible en hébreu, en araméen, en grec et en latin, ainsi que le Nouveau Testament en syriaque ; mais la version arabe manquait toujours, et Boulaese demande au Pape d’en assurer les frais d’impression17. Cette requête avait très peu de chances d’aboutir, Boulaese le savait. Pour le Saint-Siège, le Collège de Montaigu avec ses pauvres Capettes était une institution sans importance. On ne s’intéressait à l’époque qu’aux Jésuites, ordre nouveau et déjà célèbre, qui formait la jeunesse et gagnait les âmes. Boulese eut alors un trait de génie :
C’est assurément avec joie, dit-il, que je vois ces prêtres, qui portent le nom de Société de Jésus, faire merveille par tout l’univers ; mais je ne puis laisser ignorer d’où ils tirent leur origine et les raisons de leur succès. Tout le principe de leur piété et de leur doctrine, ils l’ont pris à la communauté des pauvres de ce collège, restaurée par notre père Jean Standonck18.
25Selon Godet, le but de cette généalogie était simplement d’intéresser le Pape à la personne de Boulaese et à ses projets de réforme19. En réalité, la situation était plus complexe. Certes, le narrateur du miracle voulait se valoriser en valorisant son Collège, mais son but premier était d’obtenir le soutien du Pape pour l’impression de la Bible en arabe en vue de la conversion des Ismaelites ou des Turcs. Boulaese reprenait ainsi le vieux projet pour lequel il avait cherché l’appui de Philippe II en 1567. Postel l’avait esquissé déjà dans le Thresor des propheties de l’univers, copié par notre auteur en 1564-65. Le chapitre XXXV20 du Thresor des propheties s’intitule : « Qu’il fault que les Ismaelites recoyvent de la mesme gent Gomerike le souverain bénéfice de l’Euangile en la langue arabike, pour approuuer les raisons sus exposées, comme aussi les Israelites et fauls Hebreux ». Postel y propose entre autres :
Estant toute la secte judaike estendue en la posterité adulterine de Judah, d’Ismael et des despravées dix tribus d’Israel qui... sont dedens les Turcs et Tatares jà pieçà suscitées à faire les guerres de Gog et Magog, il fault que principalement depuys les raisons de la foy à tout le monde exposées en diverses langues comme dessus, la principale cure du Prince, par les Gauloys peuple à l’universel regne esleu ou soubstenu, soit de pouruoir à la conversion parfaicte de touts ceulx qui des peres de la repromission descendent21.
26Pour Postel, c’était donc le roi de France qui devait assurer l’impression de la Bible arabe. Boulaese ayant échoué auprès du roi d’Espagne en 1567, reprenait le même projet en 1578, en se tournant non pas vers le « prince de la race Gomérique », mais vers « l’antéchrist », dans la personne du pape romain.
27Une autre ironie du sort voulait qu’en demandant de l’aide à « l’antéchrist », Boulaese s’associait en quelque sorte à la Compagnie de Jésus qui avait expulsé Postel en 1545, notamment à cause de ses idées sur la suprématie du Concile et sur la primauté du roi de France22 !
28Mais Boulaese ne pouvait guère briguer la place de principal au Collège de Montaigu tout en se réclamant ouvertement des idées de Postel. D’autre part, connaissant l’intérêt du souverain pontife pour l’érudition et pour les missions, qui figuraient dans son plan de contre-réforme23, Boulaese n’avait pas tort de lui demander de patronner la suite, en arabe, de la Polyglotte d’Anvers. C’est également en tenant compte de ces deux préoccupations du Pape que Boulaese, dans la partie finale de sa préface, lui présente le Collège de Montaigu comme le berceau de la Compagnie de Jésus d’une part, le futur noyau des missions d’autre part, un centre qui, laisse-t-il entendre, fera un meilleur travail que les Jésuites.
29Et le futur principal de raconter comment quatorze disciples, trouvant un jour le régime de la maison trop rude et mal appliqué, quittèrent le Collège, emportant une copie de la Bulle et des statuts afin de les pratiquer selon leur véritable esprit24. Ces quatorze dissidents furent les premiers Jésuites. Ils auraient pris leur nom pour trois raisons tirées des status : premièrement, parce que le nom de Jésus signifie « sauveur » et recouvre parfaitement le but des statuts de Montaigu tel qu’il figure dans le Prologue : « qu’ils collaborent avec Dieu dans l’oeuvre du salut des âmes en perdition » ; deuxièmement, parce que le monogramme IHS, adopté par les Jésuites, est inscrit à l’entrée de la grande chapelle de Montaigu et sur les portes intérieures de la maison ; troisièmement, parce que l’imitation du Sauveur est la fin de la communauté des pauvres de Montaigu comme de la Compagnie de Jésus25-. Suit une présentation de la communauté telle que la rêve Boulaese, exposé qui figure déjà (en partie) dans la Remonstrance : au sommet, le père des pauvres, assisté des discrets, de l’économe, du director doctrinae et du formator morum, gouverne avec sagesse les douze théologiens et les soixante-douze disciples, tous férus d’hébreu et prêts, leurs études finies, à consacrer à la communauté le temps qu’ils lui doivent et à s’en aller ensuite par tout le monde tenir des écoles, prêcher, réformer les monastères, évangéliser les villes et les campagnes26.
30Pour faire indûment de Montaigu le berceau des Jésuites, Boulaese s’appuie sur plusieurs événements de la vie du Collège27. D’abord, on savait à l’époque qu’Ignace de Loyola, après son arrivée à Paris le 2 janvier 1528, avait suivi pendant un certain temps des cours de grammaire à Montaigu, sans toutefois habiter la maison. Trop démuni pour prendre un logement dans la pension des riches, il ne voulait pas non plus, étant donné son âge avancé (37 ans), postuler une place parmi les soixante-douze pauvres. Se servit-il des oeuvres de la dévotion moderne à la bibliothèque spécialisée du Collège pour rédiger ses Exercices ? Une telle possibilité n’est pas exclue. Mais, en tant que tel, le passage d’Ignace à Montaigu n’en fait pas plus le berceau des Jésuites que le passage de Calvin dans la pension des riches (de ca. 1525 à 1529) n’en fait le berceau de la Réforme28 !
31Quant au groupe des quatorze dissidents évoqué par Boulaese, il s’agit de Jacques Almain et de ses disciples. Ramenés en 1503 par Standonck, ils quittèrent définitivement la communauté un peu plus tard. Jacques Almain enseignait au Collège de Navarre déjà en 151229, donc seize ans avant l’arrivée à Paris d’Ignace de Loyola. Quant aux origines du nom Jésuites, elles étaient généralement connues, et n’ont aucun rapport avec Montaigu30.
32Apparemment, Grégoire XIII trouva les explications de Boulaese peu convaincantes, car il ne répondit jamais à la lettre-préface du 23 juillet 1578.
33Comme nous l’avons déjà dit, Boulaese devint principal en octobre de la même année. Son règne fut peu glorieux. Il rencontra de nombreuses oppositions lorsqu’il tenta de ramener les pauvres à l’observance des statuts et de réduire la pension des riches. Après maintes disputes, un arrêt du parlement ordonna, en date du 9 décembre 1579, qu’on pourvoirait à l’élection d’un nouveau principal, que Boulaese sortirait du collège avec tous ses meubles et ses livres, et qu’il recevrait une pension alimentaire du prieur des chartreux, du pénitencier de Paris et des discrets du collège. Mais, en avril 1580, une supplique signée de tous les officiers du Collège fut présentée au chapitre de Notre-Dame, demandant qu’on interdise à l’ancien principal de porter l’habit de la maison. Après lui avoir refusé la pension, la communauté craignait qu’il ne fasse la quête en faisant son profit des aumônes destinées aux pauvres. Il ne publia plus rien. La date de sa mort reste inconnue31.
UN POSTSCRIPTUM SUR LES RÉCITS DE BOULAESE CONSERVES À LAON
34Les pièces françaises conservées à Laon furent toutes publiées, à l’exception du Bannissement. Les pièces latines, qui représentent l’étape de la rédaction antérieure à celle du MS. 3224 de la Bibliothèque Nationale de Paris, ne virent jamais le jour32.
La pièce française inédite : le Bannissement
35Une constatation s’impose d’emblée. La toute première brochure de Boulaese ne figure pas parmi les manuscrits de Laon. De plus, aucune pièce manuscrite n’évoque le nom de Postel. En revanche, on trouve des allusions au voyage en Espagne de 1566, particulièrement dans une lettre en français adressée à Charles IX et faisant office de préface au traité Le bannissement du prince de ce monde33, composé en même temps que L’abbregée histoire34. Boulaese rédigea donc en même temps deux récits, le Bannissement pour le roi, et L’abbregée histoire pour Georges d’Armagnac.
36C’est le récit dédicacé au roi qui resta inédit, et c’est précisément cette préface qui évoque en détail la visite de Boulaese à la cour espagnole. Voici le passage en question :
37MS. Laon 644, fol. 32 r. :
A nostre treschrestien roy Charles, neufiesme de ce nom... de son tresobeissant subiect Jehan Boulaese, prebstre habitué de Laon et pauure du College de Mont aigu de Paris.
Sire, vostre majesté faisant son entree en vostre ville de Laon le mardy 27 d’aoust 1566, demandates a ouyr la narration du grand miracle qui par le sainct sacrement de l’aultel y auoit esté faict. Ce que attentifuement vous ouytes comme vrayment le racompta le vénérable doyen maistre Christofle de Hericourt. Auquel mesmes vous comandastes d’en escripre toutte lhistoyre. Comme aussy au Cheuaillier de Jerusalem Spifame... de vous faire venir Nicolle Obry, celle en laquelle nostre Seigneur Jésus Christ avoit monstre sa grande victoire contre nostre commun enemy Beelzebub et quelle de vostre royalle clemence vous auez faict deliurer des mains et prisons des huguenots hereticques qui la tenoyent a Ribomont, et remettre entre les mains de son mary. Laquelle vous feust presentée au parc du Marchais pres Lyesse, le vendredi 30e dudict mois d’aoust. Dont vous, madame La Royne vostre mere et Monsieur, voyre toutte vostre cour feustes confirmés en la vérité et cognoissance de susdict grand faict de Dieu, et renvoyastes ladicte Nicolle et parents comme vrayement innocens de touttes ces calumnyes desquelles (mays à tort) les avoyent chargés lesdicts ennemis du sainct sacrement de l’aultel.
Or, peu de mois après, voyant que monsieur Gemelly35 envoyé par ledict doyen et tout le vénérable college et chapitre dudict Laon vous aportoit ceste histoyre en vn fort beau roulleau signé de deulx notayres et scellé de dix seaux, de mon costé je men allay en Espaigne et baillay au roy Castigliane et a Dom Despinosa, le premier de la saincte Inquisition, le sommayre de cedict grand miracle qu’à mon retour par Auignon le reuerendissime Cardinal d’Armagnac feist imprimer à ma parolle, et ie le presentay a vostre majesté, le vous mettant entre les mains le vingttroisiesme de decembre 1567, dedens vostre salle du Couur a Paris, president Monsieur le Comte de Rocherforth. Tous lesquels labours et souuerains dangers et pauureté voluntairement par la grace de Dieu je prins et prendray jusqu’à la mort pour faire mettre ce dict miracle en lumiere par tout le monde, affin que tous les fideles catholicques vrayment obeissans a nostre mère saincte Eglise Apostolique et Catholicque Romaine... reçoyvent tous consolation...
38En rédigeant sa préface en 1570 (donc juste avant son départ pour Rome), Boulaese sentait qu’il devait expliquer au roi pourquoi il avait offert l’Epitome en cinq langues à Philippe II d’Espagne et non pas au monarque de France. Il invoque la remise de l’ Histoire de Héricourt à Charles IX, qui aurait eu lieu avant la rédaction de l’Epitome. Or, ce dernier fut prêt en septembre 1566. Rien n’empêchait donc Boulaese de le remettre au roi à ce moment-là. L’Histoire de Héricourt ne fut – semble-t-il – terminée qu’en novembre 1566, du moins à en juger par la préface. Mais Boulaese n’allait pas admettre face à Charles IX qu’en 1566 il avait en quelque sorte agi sur l’ordre de Postel pour faire avancer le grand projet de la Bible polyglotte de son maître. Il ne voulait pas non plus dire ouvertement que la brochure qu’il avait soumise à Philippe II et à Despinosa en mai 1567 fut imprimée sur l’ordre de l’évêque de Cambrai et qu’elle ne correspondait pas, du fait qu’elle était rédigée en cinq langues, à celle qu’il fit imprimer en Avignon en 1567 pour la présenter à Charles IX en décembre de la même année. (Il s’agissait là, comme nous l’avons dit, de la partie française de l’Epitome36).
39Boulaese ne ment pas, mais il sélectionne soigneusement les faits et les événements qu’il doit raconter au monarque de France pour obtenir son soutien. Une chose est claire : L’Epitome en cinq langues avait aux yeux de son auteur un statut clandestin. Et si Boulaese pouvait se permettre de l’évoquer devant Charles IX, Pie V, et Grégoire XIII cinq ans plus tard, il était exclu de parler de son inspiration postelienne.
Le texte du Bannissement (par rapport a celui de L’abbregée histoire)37
MS. Laon 644, fol. 33 r.
Lan de nostre salut 1565 Pius quartus et apres Pius quintus estant Pape de Rome ; au Royaume de France y regnant le treschrestien roy Charles neufiesme de ce nom il est aduenu qua Vreuin en Therarchie du gouuernement de Picardye en diocese de Laon en Laounoys Nicole Obry, ayant par ses pere et mere Pierre Obry boucher et Catherine Vvillot gens de loyal mariage bien renommez et en biens assez aysés, après et faict estant aux religieuses soigneusement instruicte en lamour et crainte de Dieu et a se contenir chastement et honnestement jusqu’à quinze ou seize ans de son aage quelle a esté maryee à Loys Pierrot cousturier, sorty aussy d’honnestes parens et bien nourry en l’amour et crainte de Dieu et en toute modestie, tous sens catholiques et issus de catholicques. En France disois-je est aduenu que ladicte annee le troysiesme jour de nouembre, sur les troys heures apres mydi, Nicolle Obry quelques troys mois apres ses nopces estant seulle en Eglise et priant Dieu pour les trespassez estant agenouillée sur la fosse de defunct son grand pere Joachim Vvillot aduisa devant soy comme un homme droict ensepuely et couuert dun drap blanc duquel elle entendit ses parolles : ’Nicolle je suis vostre grand pere’. Dont elle eust grand peur et dicelluy se voyant poursuiuie et se sentit charger...
40L’extrait ci-dessus suffit à démontrer que le Bannisssement comporte plus de détails que L’abbregée histoire, mais moins que le Manuel, ce qui expliquerait sa non-parution sous forme imprimée : il apportait très peu d’éléments nouveaux38 et fut sans doute écarté d’office par la commission papale.
LES PIÈCES LATINES À LAON EN RELATION AVEC LE MS. LAT. 3224 DE LA BN, PARIS39
41Les pièces françaises possèdent leurs « équivalents » latins, tous également rédigés en 1570, avant le départ de Boulaese pour Rome ; ils représentent pour la plupart la version primitive du MS. lat. 3224, sans comporter pour autant de variantes textuelles dignes de ce nom.
42Ainsi, L’abbregée histoire devient Summa victoriae corporis Christi contra Beelzebub Laumduni 1566 habitae historia. Scripta et aucta cum charta rem oculis subiiciente, Deo et summo Jesu-Christi vicario, vt et toti Apostolicae et Catholicae Ecclesiae Romanae. Le traité dans sa version latine sera imprimé dans le Thresor (1578) à la suite de l’épître à Grégoire XIII du 23 juillet 157 840. Mais la pièce manuscrite comporte une longue préface à Pie V qui date du 28 octobre 1570 et qui ne sera jamais imprimée41, n’apportant rien de nouveau par rapport aux précédentes.
43Le Bannissement du prince de ce monde s’intitule en latin, comme nous l’avons vu, Eiectio principis daemoniorum et huius mundi Beelzebub. Celle-ci est accompagnée d’une préface de Jean Boulese au cardinal de Lorraine. Le pauvre de Montaigu y demande au cardinal d’intervenir auprès de Charles IX pour que le miracle soit connu dans le monde entier42. Le Manuel en latin s’intitule quant à lui Manuale victoriae et il est dédié à Jérôme du Souchier, cardinal et abbé de Clairvaux. La préface, une fois de plus, ne fait que répéter ce que Boulaese a déjà dit sur la présence réelle et sur l’authenticité du miracle dans ses autres préfaces latines. Il ne laisse rien transparaître de ses intérêts gallicans ni de ses relations avec Postel43.
44Le Thésaurus latin occupe les folios 88 r.-183 v. du MS. Laon 642. Il est dédicacé à Pierre de Gondi, évêque de Paris, qui aurait aidé Boulaese par un don d’argent44. Voici le contenu du Thésaurus latin tel que le renferme le MS. Laon 64245 :
Hystoria venerabilis decani tum, sed nunc archidiaconi Laumdunensis magistri Christofori de Hericourt.
Rescriptum magistri Nicolai Despinoys siue Espinaei etiam canonici Laumdunensis.
Processus verbalis magistri Gullielmi Gorret notarii regii Laumdunensis.
Acta iustitiae medicorum et chirurgi regiorum Historia Vreuini 1566 scripta attestatione viginti duorum hominum et dicata venerabili collegio Laumdunensi. Quae omnia fuerunt Gallice quidem a.d. 1569 collecta et dominis Laumdunensibus, reuerendo patri episcopo et venerabili collegio in opinionem oblata. Et manualibus duorum notariorum regiorum Laumdunensium signis comprobata. Latina vero sed populari sermone facta. Parisiis in collegio Montisacuti, et dominis theologis Parisiensibus oblata et ab eisdem approbata. Ad summum Dei honorem et totius mundi vnionem.
Per Johannem Boulaese presbyterum, Graecarum et Hebraicarum literarum professorem habituatum et ciuem Laudunensem et pauperem collegii Montisacuti Parisiensis. 5570 ab Adamo primo et 1570 ab Adamo secundo.
45La brève évocation de la concorde universelle et le calcul des années écoulées depuis la création trahissent une filiation éventuelle avec Postel et, ce qui est plus important, révèlent la véritable intention de Boulaese.
46Nous l’avons vu, le Pape Pie V, en 1571, reçut en deux langues ce que le lecteur du Thresor ne reçevrait qu’en vernaculaire en 1578. Les seules différences dignes de ce nom étaient les suivantes : l’omission en 1578 du Bannissement du prince de ce monde, l’adjonction de quelques préfaces et la suppression de quelques autres, ainsi que des ajouts (sans conséquence) au texte du Manuel. Quant au récit du voyage en Espagne, on n’en connaît pas de manuscrit aujourd’hui.
47Confrontée à cette masse de documents qui répétaient la même chose en deux langues, la commission papale agit, on le voit, avec sagesse, en recommandant à Boulaese d’en extraire le Manuale, sa propre oeuvre, en vue d’une publication.
48Parmi les manuscrits de Laon figure entre autres celui du Manuel latin, corrigé par Boulaese suite aux recommendations de la curie46. Nous en reproduisons en appendice la préface et les premières pages avec les corrections du pauvre de Montaigu.
49Notre examen des manuscrits latins et français montre par ailleurs qu’à quelques pièces près, le Thresor français, édité en 1578, constitue un indice tout à fait fiable du genre de travail que Boulaese accomplit dans ses tentatives de répandre dans le monde entier la novuelle du miracle. Pourquoi y tenait-il tellement ? Certes, il pensait promouvoir sa carrière, mais son but essentiel était de prouver que l’année 1566 représentait une étape décisive dans la progression du monde vers la concorde. Il faut voir avant tout en Boulaese un vulgarisateur des idées de Postel qui voulait affermir l’idée de la concorde, même au prix de confusions et d’incohérences (notamment la paradoxale coexistence d’une valorisation de l’« antéchrist » et du gallicanisme) qui n’auraient guère plu à Postel lui-même. C’est donc dans l’optique plus vaste de la concorde que le pauvre de Montaigu aurait voulu que soient lus tous les récits du Thresor, même les plus polémiques.
Notes de bas de page
1 Il s’agit des lectures faites le 14 et le 18 juillet ainsi que le 7 août 1572. Cf. supra, chapitre III, ad note 38.
2 Cf. supra, chapitre III, ad note 34. L’extrait du Manuel cité ci-dessus figure aux pages 46-48, 50-51 du Thresor. Les italiques sont celles de l’original. Les italiques soulignées représentent le texte de L’abbregée histoire.
3 Parisiis. Apud Martinum Iuuenem, ad insigne serpentis via Sancti Ioannis Lateranensis, 1576. In-4°. Cf. aussi supra, chapitre I, ad note 8.
4 Hebraicum Alphabethum, 2 col. B : « Eximium vestrum, o triumuiri amplissimi, studium in procurando honore Dei, reipublicae bono et puerorum pauperum, sed praesertim orphanorum, informatione ad pietatem et humanitatem facit, vt nunc paucis demonstrem quant sit facilis, vtilis et necesaria sacrosancta lingua hebraica pro cognoscendo, amando et imitando Deo optimo maxinto, pro eius voluntate facienda sicut in coelo et in terra et pro accendendo in omnium animis huius diuinae et omnium primae et proinde antiquissimae linguae amore. Quant autem sit facilis et quam breui tempore possit eius haberi cognitio, satis indicat ille qui triginta horis in vno solo mense tantum fructus retulit vt post mensem publice in hac uniuersitate legerit. Satis indicant et pueruli qui ab octobris die tertio proxime elapsi anni 1575, tantum et ipsi fructus retulerunt vt 12. die Martii et 30. Aprilis huiusce anni 1576, quum nostram sumus redauspicati Grammaticam publice feliciterque sint interpretati principium et 18. et 15. capitis Hieremiae... ».
5 Sur les théories de Postel, cf. notamment Wolf Peter KLEIN, Am Anfang war das Wort. Theorie- und Wissenschaftsgeschichtliche Elemente frühenuzeidichen Sprach-bewusstseins, Berlin, 1992, 82-92, 263-280, et la bibliographie s’y rapportant. On trouve la réimpression anastatique de la Compendiaria Grammatices Hebraicae Introductio dans : F. Secret éd., Guillaume Postel (1510-81) et son interprétation du « Candélabre de Moyse », Nieuwkoop, 1966, p. [437]. Cf. supra, chapitre II, notes 1-3.
6 Boulaese, Hebraicum Alphabethum, 2 col. B : « In hac sacrosancta lingua sunt tria pro indicandis tribus vnius essentiae diuinis personis : puncta vocalia, literae et accentus... Sunt autem literae viginti duae duplici ratione. Prima pro significandis viginti duabus septimis diametri componentibus circunferentiam siue ambitum vniuersi, in quarum singulis dicitur vna litera impressa vnde antequam coeli mouerentur defluxerit rerum proprietas, quae in his inferioribus etiam nunc coelis in continue motu existentibus non deletur. Altera, pro significandis elementis, planetis et signis... ». 2 col. A : « ... Vnde merito illi antiqui Hebraeorum Theologi dicunt, maxime Zohar, mundum esse fabricatum viginti duabus literis... ». 3 col. B : « ... Adam limpidissimo pollens ingenio nulla peccati vel ignorantiae labe praepeditus sciuit rerum nomina componere... Peccatum autem Adami sibi et posteris summum ignorantiae velamen attulit. Verum gratia Domini nostri Iesu Christi, profugato peccato, cum omnibus suis effectibus summum lucis lumen restituit, maxime commendans literarum hebraicarum studium... Vnde si quis Hebraeorum idioma bene pronunciare sciat secundum accentuum rationem, totam elementarem et coelestem et supramundanam harmoniam repraesentat ».
7 Cf. supra, chapitre III, ad notes 75, 89. Voici les paroles de Boulaese dans sa préface au Hebraicum Alphabethum, 4 col. B : « Verum quum senatus et vos pro rege pie 14. Aprilis commiseritis domino Francisco Thomae, senatori etiam timenti Deum et vere pio, munera non accipienti et incorruptibili, qui reformet collegium, statuta, bullam et breue in actum verum deducens pro conseruandis et honore et seruitio Dei et oratione continua pro fundatoribus et benefactoribus et pauperum et diuitum eruditione ad pietatem et humanitatem et alimente salubri et bonorum temporalium conseruatione pro apum et formicarum more, Deo sane optimo maximo, senatui, vobis et eidem illi domino Francisco Thomae ingentes ago gratias, et ecclesiae Dei, toti reipublicae mundi, orphanis et aliis pauperibus et omnibus diuitibus congratulor ».
8 Cf. note précédente et GODET, 82, où sont cités les documents d’archives.
9 Cf. GODET, 82-83, qui cite les documents d’archives.
10 Cf. GODET, 83, qui, d’ailleurs, n’y consacre pas la moindre analyse.
11 Cf. supra, chapitre III, ad note 19.
12 Thresor, 5 r.
13 Thresor, 7 v. : « Tempus : anno autem Domini 1566, die Veneris, hora tertia pomeridiana. Vbi notantur : sextus annorum mundi millenarius. (In Tabula nostra Chronographica ex collatione temporum Hebraeorum, Italorum, Chaldaeorum, siue quatuor monarchiarum et Egyptiorum per annos Olympiadum et ab vrbe condita septem probationis modis demonstrauimus ab Adamo ad Christum natum colligi annos tria millia nongentos sexaginta minus tribus mensibus. Christus autem vitam temporalem compleuit anno trigesimo tertio vitae suae, quo et resurrexit et in coelos ascendit et paracletum misit, idque septem annis ante completum quartum annorum mundi millenarium. Vnde cum ab eius natiuitate et passione hic annus sit 1578us, certissimum est nos esse in sexto annorum mundi millenario (sexto creationis diei respondente) cuius et meridiem, id est quingentos annos, iam sumus supergressi, vnde quid fiat in republica mundi sapientissime attendendum est. Notatur, inquam, sextus annorum mundi millenarius, sextus centenarius, sextus dies et tertia hora, vt qua Dominus noster Iesus Christus expirauit ».
14 Postel, De summopere, 47-48 : « Dixerunt itaque illi qui ex Moseos ore et verbis auditu sunt edocti vt saepe in Zohare notatum est, fore vt manifestatio isthaec iudicii Babylonici et iniusti mundi adsit anno a creatione mundi 5566. Nam dicunt quum sint mille anni sicut dies vnus, 5000 annorum sunt vt dominica seu prima, Lunae, Martis, Mercurii et louis, dies completi. 500 anni sunt diei Veneris dimidium post quod tempus intrat sabbathum ».
15 Thresor, 7v.-8r.
16 Cf. supra, chapitre I, ad note 8. Thresor, 8 v. : « Et iubet examinandum [Christus] vsque ad jota siue jod triangularem decimam literam, omnium literarum fontem et vsque ad apices vocalium et accentuum, Matth. 5.c. 18, Luc 16. d. 17. Qua certe tam celebri commendatione, eius sane discendae et docendae quam ardentissimo flagrans studio, cum sit omnis pietatis et doctrinae omnium diuinorum, naturalium et moralium solus fons purissimus, vnicam trium personarum diuinarum voluntatem et actionem in Rempublicam humanam quam clarissime pro singulorum et omnium salute indicans, eius, inquam et discendae et docendae et singulorum salutis captus desiderio, Dei Optimi Maximi beneficio, fundamenta docemus in Iudaeorum conuersionem, et dedimus hoc Miraculum in manus Catholici D. Philippi, regis Hispaniarum, a quo et nomine reipublicae in conuersionem Maurorum siue Turcharum qui sunt Chamitae et Ismaelitae, petiuimus et se daturum eidem reipublicae pollicitus est 30 aureorum millia in Complutensium Bibliorum Impressionem cum Arabica versione ».
17 Thresor, 8v.-9r. : « Vnde Biblia Hebraïce, Chaldaïce, Graece et Latine, vt et Nouum Testamentum Syriace iam impressa sunt apud Plantinum, sed Arabicam versionem adhuc expectamus. Diceris autem, sanctissime Pater, hoc ipsum Romae efficere, opus vere pontificium et te hominum primo dignum ». Cf. aussi supra, chapitre I, ad notes 3, 8.
18 Thresor, 9 r. : « In quem finem laetor sane, sacerdotes illos qui nomine Societatis Iesu appellantur, multum iam per vniuersum fere orbem effecisse. Sed mihi molestum est, quod vnde duxerint originem et hoc effecerint, homines lateat. Nam reuera duxerunt suae pietatis et doctrinae originem in nostra huiusce Collegii Montis Acuti communitate pauperum a bono pâtre nostro Standouk siue Standone restaurata... ». Ce passage est également cité par Godet, 84.
19 Cf. GODET, 84-85.
20 Le Thresor des propheties de l’univers, éd. SECRET, La Haye, 1969, 163.
21 Ibid.
22 Cf. WEILL, 62-63.
23 A ces sujets, cf. notamment Backus, La patristique et les guerres de religion en France, passim, et G. Levi Della Vida, Documenti intorno alle relazioni delle chiese orientali con la S. Sede duranto il pontificato di Gregorio XIII in : Studi e Testi, t. 144 (1948).
24 Thresor, 9 r. : « Ex qua [communitate] eius [Standonki] et statutorum causantes austeritatem aegre ferentesque, vt dicebant, fundatorum intentionem non seruari, egressi sunt vno die quatuordecim primariae pietatis et doctrinae viri, statuta et Bullam nostram secum deferentes, quae in veram praxim deducerent... ».
25 Ibid. : « Et hinc nomen Societatis Iesu triplici ratione acceperunt. Prima quidem, ab ethimologia sacro-sancti nominis Iesu, id est Saluatoris, qui finis est statutorum nostrorum vltimus, statim in eorundem statutorum prologo bis verbis manifeste demonstratus : ’quatenus bonae conscientiae testimonio et probata per vitam litteratura accincti fideles Dei ad saluandas passim pereuntes animas Deo cooperatores fiant’. Altera vero, ab eodem illo sacrosancto nomine IHS cum armis Passionis superposito atrio inferioris nostri sacelli, vt etiam videtur in foris interioribus domus. Tertia autem, quod secundum statuta Collegium sit imitationis Christi ».
26 Thresor, 11 r. : « Emittantur, inquam, per vniuersum orbem, ad regendas scholas et praedicandum in domibus subalternis, in monasteriis, in quibus profiteantur, si voluerint, emittantur ad docendum in singulis ciuium domibus, in singulis pagis, in singulis ciuitatibus, in singulis scholis, in singulis collegiis et in singulis ecclesiis... ».
27 Cf. Godet, 95-108.
28 Boulaese, bien sûr, ne fait aucune mention de Calvin dans ses préfaces !
29 Cf. Godet, 95, et les documents qui y sont cités, notamment dans la note 1.
30 Cf.notamment M. Foss, The Founding of the Jesuits, 1540, 1969.
31 Cf. GODET, 89-90.
32 Cf. supra, chapitre III, ad notes 23-26.
33 MS. Laon 644, fol. 31-45.
34 MS. Laon 644, fol. 21-30. Le même codex renferme le Manuel (fol. 45-118) l’Histoire française de Héricourt, fol. 1-14, et les nombreuses pièces officielles que l’on retrouve pour la plupart dans le Thresor imprimé.
35 Il s’agit de René Gemelly, chanoine et butillier de l’église cathédrale de Laon, qui avait demandé au notaire Gorret de tenir le procès-verbal de l’exorcisme dès le 31 janvier 1566. Cf. Thresor, 324.
36 Cf. MS. Laon 642, fol. 23 r., préface de Boulaese à Pie V du 28 octobre 1570 où Boulaese met également l’accent sur le fait que l’Histoire de Héricourt est le récit définitif des événements, et que ses propres efforts n’ont pas le même statut. Il n’ose les offrir au Pape qu’au moment où ils comportent le récit de Héricourt. Il n’y dit bien sûr rien de qui était derrière son voyage en Espagne, se contentant d’évoquer ses deux premières brochures : « primo quidem gallice et compendio Latino, Gallico, Italico, Hispanico et Germanico, in catholici Philippi Hispaniarum regis et domini Diegonis Despinosae in sancta Inquisitione primi, et secundo, sed tantum gallice in nostri Caroli Christianissimi regis id nominis noni datam... ». Boulaese ne dit pas dans cette préface que Charles IX aurait reçu l’Histoire de Héricourt avant son propre Compendium gallicum. Cf. infra, chapitre V, ad note 20.
37 Cf. supra, chapitre III, ad note 34, et chapitre IV, ad note 2.
38 En italiques et soulignés dans l’extrait ci-dessus.
39 Cf. supra, chapitre III, ad notes 23-26.
40 MS. Laon 642, fol. 21 r.-33 v. ; Thresor, fol. 12r.-20r.
41 MS. Laon 642, fol. 21v.-23r. Cf. Paris, BN MS. lat. 3224, p. 33-58.
42 MS. Laon 642, fol. 35 r. -46r. Le tout est daté du 28 octobre 1570. Cf. Paris, BN MS. lat. 3224, p. 59-90.
43 MS. Laon 642, fol. 49r.-87v. Cf. Paris, BN MS. lat 3224, p. 91-185.
44 MS. Laon 642, fol. 89 r.
45 MS. Laon 642, fol. 88 r. Cf. Paris, BN MS. lat. 3224, p. 187-415.
46 MS. Laon 643. Cf. supra, chapitre III, ad notes 25-26.
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