Glossaire
p. 179-208
Texte intégral
1Les noms propres de personnes et de lieux suivis d’un astérisque, dans le cours des définitions, font eux-mêmes l’objet d’une définition.
A
2– ’Akahe’e-i-Vevau : fils de chef de Hiva ’Oa, mal aimé de ses parents, qui décide de partir au loin. Sa sœur, Tevaitotoku’a*, l’accompagne jusqu’à Nuku Hiva et y épouse Kue’enui*, un chef de Taipivai*. Ce dernier le fiance à sa propre sœur, mais la jalousie le conduira à tuer son futur beau-frère. Voir aussi : Ati Papa, Hakapu’uvai.
3– ’Akau’i : chef d’une grande vallée de Hiva ’Oa qui rend visite au chef Pa’etini* de Hakamo’ui*, à Ua Pou. Son fidèle compagnon, l’immense et légendaire cochon Makaia’anui*, est un fantastique « instrument de pêche ». Lui porte le nom d’un navigateur polynésien mythique, ’Aka – ce qui souligne son aptitude à naviguer ou planer dans les airs tel un chaman (’aka) –, à la peau burinée, sens de u’i, uki. Voir aussi : Hanapa’aoa.
4– Aneou : baie et vallée au nord-ouest de Ua Pou où se trouvent deux rochers liés à la bataille des pics, Ke’a ’Oa* et Motu Pahiti*. Voir aussi : Oneou.
5– ’A’otoka (au nord de l’archipel) ou ’A’otona (au sud) : Rarotonga, principale île des Cook (67 km2). Lieu mythique où se collectent les plumes rouges des plus prestigieuses parures, recherchées par les plus grands héros dans une quête quasi initiatique.
6– ’Apeku’a : mère inconsolable et vengeresse, héroïne d’un cycle tragique commun à toute la Polynésie, dont le nom évoque une variété de taro (’ape, kape) rouge (ku’a) donc sacré. Voir aussi : Kapetumaravai, Potateuatahi.
7– Ati Papa : prestigieux clan de Hakamo’ui* (Ua Pou) de la descendance (ati) de Taipinuiavaku, branche cadette issue du couple primordial installé à Nuku Hiva, en zone Taipi. Papa s’applique à une strate et sous-entend ici ’papa haka’iki, « ordre des chefs ». Voir aussi : Taipivai, Vaiahei.
E
8– ’eka (au nord de l’archipel) ou ’ena (au sud) : safran des Indes (Curcuma longa) dont le rhizome était utilisé pour teinter le tapa (étoffe végétale non tissée) et le corps lors des grandes fêtes.
9– Etiemetetoatakahiti ou ’Etie-i-te-toa-tahiti-hau : guerrier, frère cadet de Pāhaka’ima’oa*, oncle de Tāheta*,’Apeku’a*, etc. Ce nom fait allusion à sa faculté de se déplacer par bonds d’une vallée à l’autre.
H
10– Ha’eku’ata’ata’a : lieu au fond de Hakamo’ui* (Ua Pou) d’où ’Akau’i* appela Makaia’anui*, en mer.
11– Ha’epapa : lieu fertile et habité, vers les hauts de Hakamo’ui*, avec de beaux paepae ou plate-formes d’habitat (ha’e).
12– haka : lutjan rouge (Lutjanus bohar). Grand poisson vorace pêché en hauts-fonds (toka). Sa couleur en faisait un mets réservé à la consommation des dieux et des personnes de haut rang.
13– Hakamo’ui : vallée principale de la côte nord-est de Ua Pou. De haka, « baie », et mo’ui, « qui inspire la crainte », mais aussi « le fait d’être associé à la joie et aux réjouissances ».
14– Hakapu’uvai ou Hakapuvae : baie et vallée peu profonde au sud-est de Nuku Hiva, à la limite entre Taipi et Hapa’a*, où’Akahe’e-i-Vevau* et Tevaitotoku’a* se réfugient, accueillis par le chef Keikahanui*.
15– Hakata’o : baie et vallée au sud de Ua Pou, voisines de Motu ’Oa*.
16– Hakatauniua : frère aîné de ’Apeku’a* qui accepte de porter secours à Potateuatahi*. Bien que de nature terrestre, il vit en mer et il est associé au monde corallien. ’Apeku’a l’appelle Hamamatehe’e’eo*, littéralement « qui ouvre une bouche de corail », ou Puaikatapa’ahi*, littéralement « oreille de corail ». En revenant à terre, et en se dépouillant de ses éléments marins, il devient Tāheta*. Avoir recours à lui n’est pas sans danger. Son nom est celui d’une danse guerrière, mais il évoque aussi une baie, anse ou crique, de même qu’il signifie « faire » ou « être cause de ». Si tau signifie « arriver par mer », « débarquer », niua le rattache à la terre en désignant une racine et un arbuste.
17– Hakateivi : baie au sud de Hakamo’ui*, vers Pa’aumea*, à Ua Pou.
18– Hamamatehe’e’eo : littéralement « qui ouvre une bouche de corail ». Surnom de Hakatauniua* avant de devenir Tāheta*. Voir aussi : Puaikatapa’ahi.
19– Hanapa’aoa : vallée et baie de la côte nord de l’île de Hiva ’Oa dont le nom – « baie des dauphins » – évoque des humains enchantés. ’Akau’i* y était chef. Voir aussi : Pa’etini.
20– Hapa’a : nom de sept vallées du sud-est de Nuku Hiva et de leurs occupants, alliés des Tei’i, qui occupaient la moitié ouest de l’île partagée en deux entre ceux, comme eux, issus de la branche aîné du couple primordial et les Taipi. Leur territoire allait des crêtes de Taiohae à la baie du Contrôleur, qu’ils partageaient avec les Taipi avec lesquels ils étaient souvent en lutte. Voir aussi :’Akahe’e-i-Vevau, Ati Papa, Hakamo’ui, Taipivai, Tevaitotoku’a.
21– Hatuiva : nom de l’île de Fatu Hiva dans la langue du Nord de l’archipel.
22– Hatuteipo : nom cité dans le chant de lancement des pirogues de Vakauhi* et O’ohatu*.
23– Hatuteivi : nom cité dans le chant de lancement de la pirogue de ’Akahe’e-i-Vevau*, à Ta’a’oa*, sur l’île de Hiva ’Oa.
24– hau (au nord de l’archipel) ou fau (au sud) : arbre de la famille des malvacées (Hibiscus tiliaceus) très commun en Polynésie. Il pousse du littoral jusqu’au fond des vallées humides. Cette plante médicinale, aux multiples usages et dont l’écorce très solide fournissait des liens, fut autrefois associée à divers rites. Ainsi, la victime (humaine) était-elle toujours étranglée avec un morceau d’écorce de hau.
25– Havaiki : terre d’origine des Polynésiens, un lieu vers le soleil couchant. Les Marquisiens l’opposent au monde familier où vivent les hommes, un monde de lumière (ao) par rapport à la nuit (po), pays des ancêtres, d’où le sens d’« au-delà ». Voir aussi : Vavau.
26– heikai : préparation cuite au four, à base de fruit d’arbre à pain, de sucre (ou de miel) et de lait de coco.
27– Hi’ihi’ikaha : une des deux grands-mères qui recueillirent Vakauhi* et l’élevèrent. Hi’i désigne, entre autres, une large tresse en bourre de coco et kaha un pouvoir de vie et de mort. Voir aussi : Tau’apepe.
28– Hina-te’au-ihi : beauté de Toka’eva* (Tongareva) pêchée par Maui* et ses frères. Littéralement : hina, « luminosité de la lune, d’une femme » ; ’ou, « feuille » ; ihi « de châtaignier de Polynésie » (une espèce absente des sols coralliens de l’île où poussent surtout pandanus et cocotiers). Elle fit en sorte que leur hameçon s’accroche là où ils pêchaient sur les indications de Maui-tikitiki*.
29– Hopekoutoki : maître-charpentier – et divinité protectrice de ce métier – dont le nom signifie « extrémité par laquelle est actionnée (hope) l’herminette (toki) ». Il éleva Vakauhi*. Il est aussi cité comme enfant illégitime d’un chef, et père de Tevaitotoku’a* et Tu*. Voir aussi : Motuha’iki, Tau’apepe.
I
30– ihi : châtaignier de Polynésie (Inocarpus fagifer). Excellent fruit proche de la châtaigne et consommé entre deux récoltes de fruits à pain. Voir aussi : Hina-te’au-ihi.
31– ’Ikitepanoa : aîné de trois garçons, élu chef d’une grande vallée. Comme époux, cette situation provoqua la jalousie de ses frères cadets, entraînés à la guerre par Tu*, fils d’Hopekoutoki*, descendant illégitime d’un chef. Voir aussi : Tevaitotoku’a.
32– ikoa (au nord de l’archipel) ou inoa (au sud) : s’applique à un pacte d’amitié. Type de pacte scellé entre le chef de Hakamo’ui*, Pa’etini*, et ’Akau’i*, chef de Hanapa’aoa*, à Hiva ’Oa. L’échange de nom, et des biens qui y étaient associés, contribuait à nouer des alliances. Cette coutume était connue dans tout le Pacifique.
33– ’ina’i : tout aliment d’origine animale (viande, poisson, crustacés, coquillages) consommé en complément de la nourriture de base (kaikai et végétale).
K
34– ka’aku : plat très apprécié qui consiste en fruit d’arbre à pain rôti sur la braise, pelé, puis pilé avec un peu d’eau jusqu’à former une pâte souple et dense que l’on sert avec du lait de coco.
35– Ka’avaua : épouse de Pāhaka’ima’oa*, mère de Tāheta*,’Apeku’a* et de trois garçons – Pōhuepe’ekau*, Nunuiapu’atea* et Kapetumaravai* –, grand-mère de Potateuatahi*, de Vakauhi* et d’O’ohatu*.
36– Kae : chef de Take*, île des temps anciens située dans l’archipel. Ce héros polynésien est connu, notamment en Nouvelle-Zélande, pour ses voyages, guidé par des animaux marins extraordinaires, et ses unions. Te-hina-tupu-o-Kae*, son fils, est celui de la cheffesse de « l’île aux femmes », Hinavainoki. Voir aussi : Take.
37– ka’ioi : groupes de jeunes gens célibataires (pokoehu pour les filles). Ils participaient aux activités festives de la collectivité ou exigeant des hommes jeunes et vigoureux : expéditions guerrières, raids, expéditions de vengeance, expéditions maritimes. Sinon, ils menaient une vie oisive.
38– kape (au nord de l’archipel) ou ’ape (au sud) : variété de taro (aracée, Alocasia macrorrhiza) dont la racine n’est comestible qu’après une longue cuisson au four polynésien, dans le sol.
39– Kapetumaravai ou Kapetumakavai, Kapetumanavai : frère cadet de Tāheta* et ’Apeku’a* qui refuse de venger son neveu. Son oncle, Etiemetetoatakahiti*, dit de lui : « Il est bon à mettre sous la pirogue. » Comme pour Nunuiapu’atea*, leur nom souligne la lâcheté des deux frères. Littéralement : kape, « taro géant » (très urticant), qui se dresse ici en bord de rivière (vai) ; l’importance de sa taille est indiquée par maka. Le « r » n’est pas typique d’une langue ancienne, d’où, ailleurs, Kapetumakavai ou Kapetumanavai. Voir aussi : Pōhuepe’ekau, Potateuatahi.
40– Kapua : première épouse du chef Kae*, et arbuste endémique (Cyrtandra feaniana) de la forêt de nuages de Hiva ’Oa réputée pour ses fleurs (tīa’e kapua). Quand Kae rencontre le chef Toa*, lui-même en quête d’épouse, elle n’est plus. Toa accepte d’embarquer Kae avant de le débarquer, en pleine mer, par pure jalousie : Kae est beau, lui non.
41– Kaupe : une des six sœurs de Puaperevai*, et plante emblématique de l’archipel. Le nom s’applique au fruit (ou à l’arbre dans son ensemble, Fragraea berteroana, famille des loganiacées). La fleur, en forme de trompette, au parfum puissant, est d’un blanc passant à l’ivoire. Voir aussi : Tekaka’atumeitoka.
42– kava : boisson réalisée à partir du Piper methysticum (famille du poivrier) et qui mène à un état second quasi onirique. Sa racine, surtout, servait à préparer le breuvage qui était réservé aux hommes, aux notables. Ses propriétés curatives permettaient d’endormir et d’insensibiliser lors d’opérations délicates. Il éloignait les mauvais esprits.
43– Ke’a’Oa : « long rocher » d’Aneou, à la pointe nord de Ua Pou.
44– kehika : pomme rouge (myrtacée, Eugenia malaccensis).
45– Keikahanui : héros réputé pour sa ruse. Dans le récit ’Akahe’e-i-Vevau, il est originaire de Hiva ’Oa et son épouse de Hakamo’ui*, à Ua Pou. Ils demeurent à Hakapu’uvai*, à Nuku Hiva, et y accueillent Tevaitotoku’a* et son frère avant de fuir à Hakamo’ui*. Voir aussi : Tiakai’o’eo’e.
46– Kena : nom à la fois de fous (sulidés), dont les fous bruns, les fous masqués, etc., et d’un héros aux pouvoirs importants, grand séducteur et fameux pour ses tatouages. Plusieurs traits le concernant sont associés à la mer, à ses habitants et à la frange, vitale et dangereuse, où terre et mer entrent en contact. Voir, dans le récit ’Akahe’e-i-Vevau, le rocher de Kena.
47– kikopu : gobie écailleux (Stenogobius squamosus). Poisson d’eau douce comme le maihautu.
48– koekehu : obligation de garder le silence pour toute personne qui écoute un conteur.
49– Kohuhu : une des sept sœurs de Puaperevai*, et plante médicinale (Tephrosia purpurea, famille des fabacées) connue des pêcheurs dont les femmes utilisaient les fleurs pour leurs colliers.
50– Kokani : bois utilisé par Maui-tikitiki* pour allumer le premier feu après qu’il eût tué Mahuike*. Son identification a été oubliée, il ne demeure que le nom mythologique.
51– koko’u : plante sauvage aux fruits comestibles (Solanum repandum).
52– komako : fauvette ou rousserolle des îles Marquises (Acrocephalus mendanae).
53– ko’okā : plat rond en bois pour mettre la pōpoi.
54– kopau : loche marquisienne très appréciée (Epinephelus spiniger).
55– Kopuhoroto’e : revenante (veinehae) qui piégea la pirogue de Tuteanuanua* pour remplacer Maiotera* son épouse véritable. Littéralement : kopu, « ventre » ou « disque d’un astre » ; horo, « savoir-faire » mais aussi « lâche » ; to’e, « vulve ».
56– kōputu (au nord de l’archipel) ou ’oputu (au sud) : pétrel de la Trinité. Il niche à même le sol ou dans des anfractuosités rocheuses. Cet oiseau est souvent associé au monde céleste.
57– Ku’anui et Ku’aiti : littéralement « grand (nui) oiseau (manu sous-entendu) rouge (ku’a) » et « petit (iti) oiseau (manu sous-entendu) rouge (ku’a) ». Ils étaient rares au point de devenir mythiques et synonymes de beauté suprême (ku’a).
58– Kue’enui : nom d’une grande (nui) anguille (kue’e) mythique dont le bassin, Te’ua-kue’e-nui, se trouve au pied d’une haute cascade au fond de Taipivai*, à Nuku Hiva. Ce fils de chef, dans l’histoire ’Akahe’e-i-Vevau, épouse l’héroïne mais tue le frère de cette dernière par jalousie, en provoquant le malheur de sa propre sœur qu’il avait fiancé à son beau-frère ’Akahe’e-i-Vevau*.
59– Kue’etahitihau : frère le plus proche en âge de Hakatauniua*, son cadet. C’est lui qu’’Apeku’a* va trouver en premier pour qu’il l’aide à sauver son fils, mais il répond avec mépris. Son nom désigne une anguille (kue’e) et souligne ses origines aquatiques, plus terrestres que marines toutefois, vis-à-vis d’autres frères, et l’associe aux lieux élevés (hiti). Une version recueillie par Karl von den Steinen dit qu’’Apeku’a* est obligée d’aller très loin, très haut à sa recherche, et que sa douleur pousse en elle droit comme l’arbuste au parfum exquis, mais tapu (meie, Alyxia stellata), qui pousse là-haut, ce qui le rapproche du niua de Hakatauniua*. Voir aussi : Potateuatahi.
60– kukupa : grosse tourterelle du pays de couleur verte (columbidé, Ptilinopus dupetithouarsii).
M
61– mā : pâte du fruit de l’arbre à pain (Artocarpus altilis) et mets traditionnel qui se conserve longtemps. Le ma se pétrit d’abord à la main avec de l’eau pour permettre d’en retirer les grumeaux qui peuvent s’y trouver. On le met ensuite par petits paquets dans des feuilles de hau (Hibiscus tiliaceus) et on le fait cuire pendant plusieurs heures. Il est alors manipulé de nouveau, battu au pilon dans un long plat en bois, légèrement creux, et mélangé peu à peu avec du mei et de l’eau jusqu’à ce qu’il forme une pâte souple d’un jaune clair, la pōpoi.
62– Mahuike : aïeul qui détient le feu, à Havaiki*, auprès duquel se rend Maui-tikitiki*. L’ancêtre le tire de différentes parties de son corps, mais à chaque fois, le feu s’éteint en cours de route. De colère, Maui-tikitiki le tue et le feu se répand dans la nature. C’est ainsi qu’il put montrer à sa mère, Oumati*, comment et de quoi tirer le feu. (Étymologie risquée.)
63– maihautu : petit poisson d’eau douce. Genre de gobie comme le kikopu.
64– Maiotera : enceinte et abandonnée (ha’a ma’i) involontairement en mer par son époux Tuteanuanua*, elle trouva refuge chez un porcher qui éleva l’enfant : un garçon du nom de Tekaka’atumeitoka*. Ceci dura une dizaine d’années, jusqu’à ce que ce dernier aille jouer dans la vallée d’origine de son père et que celui-ci reconnaisse son erreur en faisant revenir sa famille et chassant Kopuhoroto’e*.
65– Makaia’anui : cochon légendaire fidèle à son maître, jusqu’à s’offrir en sacrifice.
66– makomako : arbuste endémique des Marquises (Cordia marchionica) au feuillage bien vert et aux fleurs jaune clair, très lumineuses, qui pousse dans les lieux souvent arides et peu habités. Son symbolisme est oublié.
67– Mamau’au’a : première étoile observée par l’expédition de Tehitutaimoana* vers ’A’otoka*. Les Pléiades, associées à la navigation et à l’arrivée de pluies bénéfiques, lui succèdent. Son nom évoque une étoile très lumineuse et rouge (u’a, « flamboyant » ; u’au’a, « rouge »). Mama désigne un coquillage, le chiton, et signifie aussi « s’entrouvrir », mais pourrait correspondre ici à kamama, un « tressage ». Certains, comme les jeux de ficelle, permettaient de mémoriser des informations : une carte de navigation ou une carte du ciel, des étoiles ou des îles, par exemple.
68– mana : force ou énergie dont toute chose était imprégnée à des degrés très divers. Le mana peut s’exercer dans d’innombrables domaines : la capacité de tuer ses ennemis au combat, de déjouer les périls d’une longue traversée en mer, de se concilier la faveur et l’aide des êtres surnaturels, de modifier à son profit le cours des astres, etc. Le contact avec ce pouvoir était estimé très dangereux.
69– mapio : carangue à grosse tête (Caranx ignobilis), parfois carangue bleue (C. melampygus). Ce poisson prestigieux et rapide atteint parfois la taille d’un homme. Il fréquente les profondeurs et change extrêmement vite de direction lorsqu’il pourchasse ses proies, rabattant souvent ainsi les poissons qu’il est alors aisé de capturer de la plage.
70– Matahenua (au nord de l’archipel) ou Matafenua (au sud) : étroite avancée de hautes falaises avoisinant 500 mètres de hauteur. Autrefois, guerrier redouté mais vaincu par Poumaka*. Cette presqu’île marque l’extrémité sud-est de Hiva ’Oa. Mata désigne un bout, une face marquante (visage, œil, pointe) ; henua, ou fenua, correspond à « pays ».
71– Mata-uka’aea : cap de l’île Take* (Hiva ’Oa) que les deux dauphins successifs de la compagne de Kae*, cheffesse de « l’île aux femmes », doivent doubler avec précaution. Voir aussi : Te-hina-tupu-o-Kae.
72– matu’au : poisson-chèvre (Parupeneus) à bandes que sa robe à dominante rouge rend tapu au commun des mortels. Long d’une vingtaine de centimètres, il affectionne les eaux claires.
73– Maui : nom de trois frères caractérisés par leur ordre de naissance, dont le plus jeune est le plus audacieux. En Polynésie, leur nom est souvent lié au feu et à l’émergence d’îles.
74– Maui-tikitiki : fils cadet de Maui* et Oumati*, qui part, dans un monde où le cru domine, à la recherche du feu mais aussi d’une lointaine épouse en se livrant à de fantastiques pêches avec ses frères. De tiki, « dessin », « sculpture », « dieu » (renforcé par le redoublement). Son nom peut jouer et accentuer le lien au feu : takataka, « desséché par la cuisson », « flamboyant pour le regard ». Voir aussi : Hina-te’au-ihi, Mahuike.
75– Mautoka : nom apparaissant dans le chant de Oumati* soutenant son fils Maui-tikitiki* dans son combat avec Tainaivao* qui avait enlevé son épouse dans les hauteurs célestes.
76– mave : « sois le bienvenu ! », long appel sous forme de salutation cérémonielle qui résonne dans la vallée d’une voix haute et poignante.
77– moe’eito ! : exclamation associée à une formule incantatoire lancée par Pahi’ei* et Pahiku’a* se balançant du haut sommet situé au fond de Hakamo’ui* : le O’ave*. Il accroche les nuages qui sont autant de promesses de pluies et de fécondité telles les jeunes filles qui urineront dans la coupe à kava de ’Akau’i* – boisson masculine par excellence –, alors que le kava est symbole de bienvenue. Ce thème est l’un des grands sujets d’ornement d’oreilles porté par les femmes pour les protéger comme futures mères. Voir aussi : putaiana.
78– Motu Ha’a : nom signifiant « île des pandanus » et donné par un conteur à « l’île aux femmes ». Le nom traditionnel Nukumauto’e, qui peut être traduit par « assemblée des vulves », se retrouve dans la version maorie de la légende.
79– Motuha’iki : dieu des charpentiers, et l’un des deux « grands-pères » qui élevèrent Vakauhi*. Voir aussi : Hopekoutoki.
80– Motu Heruru : presqu’île au nord-ouest de Ua Pou, entre Ha’akuti et la baie de Vaiehu. Ancien guerrier du combat des pics. À la pointe se trouve « sa tête », Motu Matahi*.
81– Motu Matahi : écueil à l’ouest de la baie de Ha’akuti, à Ua Pou. Auparavant « tête » du guerrier Motu Heruru* vaincu par Matahenua*.
82– Motu ’Oa : petite île au sud de Ua Pou, peuplée d’oiseaux de mer, à un demi-mille au large. Également appelée « île plate ».
83– Motu Pahiti : écueil dans la baie d’Aneou*, au nord-ouest de Ua Pou.
84– Motu Taka’e : îlot au sud de Ua Pou, près de la vallée de Hakata’o*. Il doit sa forme de pyramide aplatie à la lutte qui l’opposa à Matahenua*.
85– Motu Tapu : nom fréquent en Polynésie, qui désigne un îlot ou îlet (motu) interdit (tapu). Il est ici le dernier d’une série de trois caps où guider les dauphins que chevauchent Kae* et Te-hina-tupu-o-Kae*. Il précède, au nord-ouest de Hiva ’Oa, la vallée de Ta’a’oa* dont Kae est originaire. En l’occurrence, un des deux dauphins (ou les deux selon les récits) ne pourra pas repartir vers « l’île aux femmes » et trouvera la mort.
86– Motu Tomotomo : cap de l’île Take* (Hiva ’Oa) où la mer est très forte et dangereuse pour les cétacés venant de Motuha’a*. Le nom (tomo, ici renforcé, signifie « s’introduire » ou « contenir ») désigne une cavité où se réfugient les poissons. Voir aussi : Kae.
87– Mouhutai : une des sept sœurs de Puaperevai*, nom qui désigne plutôt les algues ou une graminée (mouhu, mou’u) du littoral en général (tai).
N
88– Nā’iki : un des plus grands et des plus anciens clans marquisiens qui s’est dispersé dans l’archipel au cours de son histoire : à Hiva ’Oa, Nuku Hiva où il constituait un des ramages Hapa’a*, Ua Huka et Ua Pou.
89– Nihotiti : ogre de la Légende de Toka’ākia dont les « dents (niho) s’entrechoquent ». La dernière partie du nom (titi), à Ua Pou, au temps d’Henri Lavondès, était utilisée pour la pêche aux cailloux (entrechoquer sous l’eau des pierres, ce qui perturbe les dauphins qui s’échouent). Nihotiti est aussi connu comme gardien de la porte des lieux souterrains. Voir aussi : pa’aoa, Teu’ua.
90– Niou : une des sept sœurs de Puaperevai*, dont le nom correspond à une petite fleur (astéracées) appréciée pour son parfum et comme plante médicinale aux multiples propriétés. Voir aussi : Kaupe, Pua’eva, etc.
91– nohu nohu : poisson-scorpion (scorpaenidé) comme la rascasse. Syn. de nohu patuki.
92– Nunuiapu’atea : voir Ruiruiapukatea.
93– nunu’u : type de psalmodie déclamée lors de certaines cérémonies : banquet, lancement d’une pirogue, etc.
O
94– O’ave : sommet en pain de sucre, autrefois appelé Ave, qui culmine à 1 232 mètres. Cette aiguille volcanique est le point le plus élevé de Ua Pou.
95– ’oke’oke : graminée (Cymbopogon refractus) utilisée sèche pour constituer le matelas odorant sous les nattes. Ses racines servaient à parfumer l’huile de coco entretenant la douceur de la peau et des cheveux. Voir aussi : Tiakai’o’eo’e.
96– Oneou : autre nom de Aneou*, baie et vallée au nord-ouest de Ua Pou.
97– O’ohatu : fils de Tāheta*, né d’une épouse du même terroir que lui, plus légitime donc que Vakauhi*, son fils aîné qu’il a eu avec la compagne d’Haneamotua*, une captive haïe par sa propre belle-mère, ’Apeku’a*.
98– Oumati : épouse de Maui*, mère de Maui-tikitiki* et sœur cadette de Pekapeka*. Son nom désigne le soleil.
P
99– pa’aoa : mot qui désigne toute espèce de cétacé, en particulier les dauphins dont les bancs étaient encore encerclés, jusqu’à une époque récente à Ua Pou, au cours de parties de pêche collective en pirogues, et forcés de s’échouer sur le rivage par le son de cailloux entrechoqués dans l’eau.
100– Pa’aumea : vallée au sud-est de Ua Pou, une des plus fertiles de l’île, au sud de Hakamo’ui*, surplombée par les pics Pou-te-tai-nui et Poumaka*.
101– paepae : plate-formes de pierres sur lesquelles étaient bâties, autrefois aux Marquises, des constructions en matière végétale pour l’habitat ou autre.
102– Pa’etini : chef mythique de Hakamo’ui*, la vallée la plus prestigieuse de Ua Pou. Son nom signifie qu’il possède d’innombrables (tini) ornements de tête (pa’e), ce qui souligne son rang et sa puissance. Les parures se chargeaient de la force (mana) de ceux qui les avaient portées au fil d’événements remarquables.
103– Pāhaka’ima’oa : héros de la Légende de Tāheta, qui possède le don d’étendre au loin ses bras et de rassembler dans le creux de ces mêmes bras les ennemis destinés à être offerts en victimes.
104– Pahi’ei : elle et sa sœur Pahiku’a* se balançaient sur les branches d’un buisson de gardénia (tīa’e) en haut du pic O’ave*, avant d’être abattues par les frondeurs du chef venu rendre visite à leur père. Karl von den Steinen opte pour le sens d’« asperger », « éclabousser », pour pahi, compte tenu de leur geste. Ce mot désigne aussi le martin-chasseur des Marquises (Todiramphus godeffroyi) et les pirogues de guerre. Voir aussi : ’Akau’i, putaiana.
105– Pahiku’a : si sa sœur est réputée pour sa valeur (’ei, « dent de cachalot »), elle l’est pour sa beauté suprême (ku’a). La balançoire est associée dans d’anciennes croyances à un mouvement céleste susceptible d’amener la pluie et la fertilité. Henri Lavondès remarque : « Il y a probablement dans ces deux noms le souvenir d’un refrain pour accompagner le mouvement de la balançoire. »
106– pahinao’o : sorte de lance avec laquelle on frappait de taille.
107– paoko : blennies. Très petits poissons souvent à découvert dans les creux et failles de rochers de la côte.
108– Patekamo : lieu de la moyenne vallée de Hakamo’ui*, vers Ha’epapa*, où ’Akau’i* alla à la rencontre de Makaia’anui*. Le nom rappelle le vol des cochons et les parcs destinés à s’en protéger : pa, « enclos » ; te, « destiné à » ; kamo, « vol », « enlèvement », « rapine ».
109– patuki : variété d’arbre à pain, et petit poisson à l’épine dorsale redoutable (cirrhitidés) : l’épervier de corail (Scorpaenopsis quiescens) et le poisson-épervier (Cirrhites pinnulatus).
110– Pekapeka : sœur aînée de Oumati*, mère de Tainaivao*, oncle de Maui-tikitiki*. Tous sont associés au firmament où ils se déplacent en pirogue ou sur le dos d’oiseaux. Voir aussi : upe.
111– peti : gros mérou de grands fonds dit mérou géant. Ce solitaire peut être environné d’une multitude de jeunes carangues. Il est pêché dans des hauts-fonds (toka).
112– pitai : pétrel-tempête ou océanite à gorge blanche. Oiseau noir et blanc d’une vingtaine de centimètres qui s’abrite dans de petits terriers lors de la saison de reproduction. Voir aussi : kōputu.
113– Pōhuepe’ekau : oncle de Potateuatahi* qui refuse de venger sa mort. Son nom désigne une liane, dont une ipomée caractéristique du littoral. Pe’e évoque la colère et kau signifie « nager ».
114– poke : le poke marquisien est un plat un peu différent de son équivalent phonétique tahitien le po’e. Il consiste en taro pilé et enveloppé de feuilles de hau (Hibiscus tiliaceus), de potiron ou de banane avec du lait de coco additionné de jus de feuilles de ti, le tout cuit à l’aide de pierres rougies au feu.
115– pokea : pourpier d’Océanie (Portulaca lutea). Plante rampante des plages sablonneuses de Polynésie aux tiges et feuilles charnues gorgées d’eau. En plus de ses propriétés médicinales, elle est antiscorbutique.
116– popi : perche-pagaie (Lutjanus gibus). Poisson d’une cinquantaine de centimètres à robe grise marquée de rouge, apprécié mais souvent toxique.
117– pōpoi : préparation à base de pâte de fruits à pain fermentés (mā). Aliment de base marquisien. Voir aussi : mā.
118– Popotahi : un des deux gardiens de la rivière Rariuhi* où Tekaka’atumeitoka* va rechercher les restes de sa compagne Puaperevai*. Son nom peut évoquer les petits des carangues réputées (popo), alors que tahi signifie ici « fréquenter », « se réunir ». Voir aussi : Tutu’umahinahina.
119– poti (de l’anglais boat) : toute embarcation sans balancier (baleinière, canot à moteur, etc.).
120– Poumaka : pain de sucre de Ua Pou frôlant 1 000 mètres de hauteur. Les deux petites pointes qui le terminent évoquent les deux chignons des jeunes guerriers. Comme Karl von den Steinen le souligne, tout Polynésien saisit l’allusion à un pilier (pou) de pierre (maka) mais, aux Marquises, maka s’applique aussi à la fronde, ce qui mène à l’idée de « combattre », « attaquer », d’où celle de « pilier combattant ». Poumaka naquit peu après le massacre des « pics guerriers » de Nuku Hiva et Ua Pou, ce qui détermine sa lutte contre Matafenua*. Voir aussi : Tikapō.
121– Puaeva : une des six sœurs de Puaperevai*. Le nom pua s’applique aux fleurs, dont la plus belle de toutes (voir Kaupe*), alors que pua’eva désigne plus spécifiquement celle du Cerbera manghas, ou celle d’un arbre très rare (famille des apocynacées), l’Ochrosia nukuhivensis.
122– Puahuavai : l’aînée des sept sœurs aux noms de fleurs. La cadette, la plus belle, Puaperevai*, sera précipitée par ses sœurs jalouses du haut d’un pandanus surplombant une profonde rivière. Ce nom est associé aux fougères épiphytes du pandanus d’altitude.
123– Puaikatapa’ahi : « oreille de corail », surnom de Hakatauniua*, avant de devenir Tāheta*. Voir aussi : Hamamatehe’e’eo.
124– Puaperevai : compagne de Tekaka’atumeitoka*. Ce dernier dut quémander à chacun des animaux de la rivière Rariuhi* les morceaux qu’ils avaient consommés pour ramener son épouse dans son arbre où elle revint à la vie. Ils vécurent alors ensemble. Ce nom correspond à la pervenche de Madagascar, d’introduction assez récente dans l’archipel. Voir aussi : kikopu, maihautu, Tutu’umahinahina, Popotahi.
125– putaiana : ornements d’oreilles très précieux, assez petits et légers, souvent taillés dans des dents de cachalot, et que portaient les femmes, en principe.
R
126– rari (au sud de l’archipel) ou ru’u (au nord) : chant profane en l’honneur d’une personne. Il est lent et profond, parfois accompagné à la flûte.
127– Rariuhi : rivière surplombée par un pandanus à sept branches où sept jeunes femmes cueillent des fleurs. L’une d’elles devient la compagne de Tekaka’atumeitoka*. La jalousie de ses sœurs la précipite dans le cours d’eau. Son nom associe un chant d’honneur (rari) et le caractère précieux – et féminin – de la nacre (uhi), rapport supplémentaire du récit avec les offrandes sacrificielles. Voir aussi : Puaperevai, Tutu’umahinahina, Popotahi.
128– revi : mérou-drapeau (Cephalopholis urodelus), poisson d’une trentaine de centimètres et de teinte rouge orangé que sa couleur réservait à une partie seulement de la population.
129– Ruiruiapukatea ou Nuinuipu’atea : frère cadet de ’Apeku’a*, il refuse d’aller venger son neveu Potateuatahi*. Son nom évoque un très gros arbre, le Pisonia grandis, dont le bois très cassant ne peut permettre de faire que des cercueils ou des pirogues, très provisoires car il se gorge d’eau. Il est par contre facile à travailler. Thomas C. Lawson, qui vécut aux Marquises dans la seconde moitié du XIXe siècle et publia plusieurs récits anciens (1920), note : « Les Marquisiens ne font pas usage de la lettre “r” et parfois omettent le “k” qu’ils remplacent souvent par “ng” ou bien utilisent un “n” pour un “ng”. » Les Marquisiens trouvent à présent le « r » plus mélodieux et l’ont entendu de la bouche de leurs grands-parents.
T
130– ta’aiao : loche écarlate (Epinephelus fasciatus). Poisson souvent solitaire de près de quarante centimètres. Sa consommation était réservée aux hommes de rang élevé et aux prêtres.
131– Ta’a’oa : vallée de Hiva ’Oa dont sept clans sont connus. Elle apparaît, dans les récits recueillis au XIXe siècle, comme le berceau de plusieurs héros légendaires (Kena*, Kae*, etc.) et l’étape essentielle d’épisodes mythologiques. Son nom – ta’a, « lance », « harpon », et o’a, « long », « étendu » – évoque un de ces contes et son importance. Voir aussi : Take, Tiahe’e, Tevaitotoku’a.
132– Tāheta : frère aîné de ’Apeku’a*. Selon une tradition déroutante de ces îles, ce héros majeur prend ce nom – au lieu de Hakatauniua* – lors de son retour dans sa rivière d’origine. Autre particularité, en dehors de son enfance extraordinaire, sa taille et son intelligence lors du combat naval, l’association au chiffre sept, chiffre des dieux.
133– tahutahu : ce mot apparaît souvent dans les contes pour désigner un homme disposant de pouvoirs surnaturels, généralement malfaisants.
134– Tainaivao : fils de Pekapeka*, sœur aînée de Oumati* – mère de Maui-tikitiki* –, qui vivait dans le firmament. Il enleva l’épouse de Maui-tikitiki, Hina-te’au-ihi*, originaire de Toka’eva*, sur les incitations des frères aînés de Maui, ses neveux, qui étaient jaloux. (Étymologie risquée.)
135– Taipivai : grande et profonde vallée, au sud-est de Nuku Hiva, arrosée par la plus importante rivière de l’archipel formant une très haute cascade. Occupée par des clans Taipi, comme tout le nord-est de l’île, une longue ligne de crêtes la sépare des vallées Hapa’a*. Voir aussi : ’Akahe’e-i-Vevau, Kue’enui, Tevaitotoku’a.
136– Take : nom d’un cap au sud de Eiao, île par laquelle on arrive au nord de l’archipel. Les anciens désignaient par ce nom un « pays antique » : Hiva ’Oa, souvent considérée comme l’île la plus anciennement peuplée.
137– tapa : nom donné à une étoffe non tissée tirée du liber de plantes ligneuses comme le mûrier à papier, le banian ou l’arbre à pain.
138– tapu : le terme recouvre les notions d’interdit, de respect et de sacré. Toute transgression entraînait une sanction considérée comme surnaturelle. Le tapu conditionnait les comportements car tout était imprégné de mana. Il fondait les rapports entre la classe dite tapu – chefs, prêtres, grands guerriers par exemple – et le reste de la population. Étaient tapu ceux qui étaient occupés temporairement à une tâche importante comme la préparation à la guerre, la préparation des grands filets de pêche, le traitement du corps des défunts, etc.
139– taro : mot d’origine tahitienne qui désigne une plante (Colocasia esculenta) de la famille des aracées, comme le ’ape ou kape. Sa racine pivotante est comestible.
140– Tau’apepe : une des deux grands-mères qui recueillirent Vakauhi* et l’élevèrent. Son nom indique un haut niveau de connaissance sacrée (tau’a, « prêtresse »). Pepe s’applique au papillon et était associé à l’âme des prêtres. Voir aussi : Hi’ihi’ikaha.
141– Teahuiotu : pays où se situe le récit Kopuhoroto’e. Littéralement : « le lieu sacré de Tu » (ahu, « autel » ; Tu, dieu de la guerre responsable d’un déluge ou raz-de-marée).
142– Teavaite’aki : col au nord de Pa’aumea*, vers Hakamo’ui* (Ua Pou), où Makaia’anui* creusa un sillon toujours humide.
143– Tehe’ua : beau-père de Kena* dit Toka’ākia*. Il l’accueille avec sa nouvelle épouse Teuatahi*. Son nom se rapproche du nom de l’ogre – Teu’ua, la carangue carnivore – qui avait enlevé la jeune femme pour en faire sa compagne. Tehe signifie « entailler », « circoncire », « châtrer » (il pêche les bonites mais est aussi porcher) ;’ ua signifie fosse ou deux. Orthographié te’heua, il désignerait un arbuste de pente sèche à floraison rouge (Metrosideros collina). Voir aussi : Nihotiti.
144– Te-hina-tupu-o-Kae : fils de Kae* et de la cheffesse de « l’île aux femmes », Hinavainoki. Littéralement : « le cheveu blanc poussé à Kae ».
145– Tehitutaimoana : chef légendaire d’une expédition maritime menée par les Ati Papa* vers ’A’otoka* (Rarotonga) comme le navigateur Aka (voir ’Akau’i). Son nom, « le septième » (te hitu), dénote une prédestination quasi sacrée (caractère de ce chiffre), tournée vers la mer (tai) et, au-delà, vers le grand large (moana), l’océan.
146– Tehutaitini : « vasque d’eau de mer ». Ces creux du platier sont assez symboliquement des lieux de « naissance » de héros, là où les femmes, sans pirogue, s’aventuraient à peu de distance en mer pour pêcher. Parallèlement, huta souligne l’idée de « faire des efforts pour », et de « pulsations », alors que tini insiste sur leur grand nombre, ce qui soulignerait les pulsions de vie, le mana, dont cet enfant est porteur.
147– Tekaka’atumeitoka : fils de Tuteanuanua* et Maiotera*. Littéralement : « l’arbre à pain » (te… meitoka, « variété donnant de grands et bons fruits ; tu, « debout » ; kaka’a, « parfumé »).
148– tekao’a’akakai : généalogie mythologique, histoire fabuleuse. Plus fréquemment, c’est la forme ha’akakai (« choses curieuses », « curiosités ») qui est utilisée, notamment par Henri Lavondès dans les récits publiés dans sa thèse. Ce terme peut être prononcé et orthographié, selon les lieux et les époques, ha’akekai, à moins que ce ne soit l’expression tekao atua (« récit sur un être divin ») qui le soit. La première expression fait allusion, quant à elle, à une ligne ou lignée, et probablement aux fils, ponctués de nœuds, des supports de généalogies conservés dans les familles.
149– tekao toitoi : « récit vrai ». De toitoi, qui correspond à « juste », « vrai » et différencie une histoire qui, ici, exista réellement d’un récit fabuleux.
150– tekape : perche à raies bleues (Lutjanus kasmira). Ce poisson abondant est moins apprécié que beaucoup d’autres ; il est assez facilement utilisé comme appât.
151– temanu : arbre sacré de grande taille (Calophyllum inophyllum) surtout destiné, aux Marquises, à tailler des statues (tiki) ou des pirogues que l’on travaille là où l’arbre a été abattu.
152– Temokoaiata : nom d’un ensemble d’étoiles ponctuant le voyage vers ’A’otoka*. Probablement la Voie lactée, importante pour la navigation dans le Pacifique et les renseignements liés à l’observation du ciel, tout comme les Pléiades (Mata-iki). Le nom est constitué de te (« le »), moko (« requin » plus que « lézard », également possible) et ’ai pour kai, d’où l’évocation connue du requin mangeant ou « appréciant » (kai) l’ombre ou une image (ata).
153– Teniuaifiti : cocotier (te niu) sur lequel dut grimper (fiti, hiti, « monter ») Vakauhi* sur le conseil de ses deux grands-pères, les constructeurs de pirogues Hopekoutoki* et Motuha’iki*. Il doit y chercher à la fois les palmes et cocos nécessaires aux cérémonies du lancement de l’expédition, mais aussi observer les vents en bon navigateur. Il les affronte chez ce père avec lequel les relations sont éprouvantes. Ce cocotier est sacré et présent dans d’autres récits polynésiens où il est associé au monde de l’au-delà.
154– Teoho’oteke’a : écueil appelé « la tête du rocher », au bout de Tikapō*, à l’extrémité sud-est de Nuku Hiva.
155– Tetuapeke’oumei : nom de l’arbre que comptait abattre Vakauhi* pour façonner sa pirogue. Plus généralement, « les divinités (te etua) coléreuses (peke) des feuilles (’ou) d’arbre à pain (mei) ».
156– Teuatahi : fille de Tehe’ua*, que Toka’ākia* avait épousée après avoir perdu sa première épouse (Tehio au nord, Tefio au sud : « la sauvage »). Il la délaisse rapidement, agresse son père et provoque leur malheur. Son nom peut désigner la pluie (ua) et ce qui est un, unique ou uni (tahi) ; elle pourrait être la seconde (’ua) et comparable à la première (tahi). Voir aussi : Kena.
157– Te u’ua : ogre de la Légende de Toka’ākia, toujours à la quête de victimes humaines. Son nom désigne la carangue, surtout celle à grosse tête (Caranx ignobilis), prédateur de grande taille sacré à Hawai’i. Voir aussi : Tehe’ua.
158– Tevaitotoku’a : fille de Hopekoutoki*, seconde enfant du couple, sœur de Tu* puis épouse en second de ’Ikitepanoa*. De naissance illégitime en naissance problématique, son destin est tragique. Littéralement : « l’eau ou la rivière (te vai) de sang (toto) rouge (ku’a) ». Dans le récit ’Akahe’e-i-Vevau, elle est sa sœur, préférée de ses parents, mais elle les quitte pour le suivre jusqu’à Hakapu’uvai* puis Hakamo’ui*. Voir aussi : Kue’enui.
159– Tevakatapuahikona : nom de la pirogue (vaka) de Vakauhi* taillée dans un arbre tapu. Le nom de la pirogue pourrait évoquer la direction du soleil couchant.
160– teve : aracée sauvage et bulbeuse (Amorphophallus campanulatus) qui est vénéneuse, à moins d’être longuement macérée dans plusieurs eaux et cuite. Elle est donc rarement utilisée, sauf à titre médicinal, ou en cas de disette. Son odeur se rapproche de celle de la chair en putréfaction, ce qui lui vaut sa valeur symbolique.
161– tīa’e : arbuste aux fleurs blanches très parfumées (Gardenia tahitiensis). Cette fleur, un peu en forme d’étoile, est un des symboles de la beauté.
162– Tiahe’e : mère de Kena*. Son nom évolue au fil de sa vie, selon la tradition marquisienne : Tiahe’e-i-Ta’a’oa lorsqu’elle est offerte comme épouse par son frère Nihotiti* au chef de Ta’a’oa* ; Tiahe’e-i-Havaiki lorsqu’elle est amenée à repartir pour Havaiki*, pays des origines par excellence, et l’au-delà.
163– Tiakai’o’eo’e : épouse de Keikahanui*, originaire de Hakamo’ui*, à Ua Pou, et peut-être sœur ou membre de la famille d’un chef de cette vallée où elle se réfugie avec son mari et leurs amis, dont Tevaitotoku’a*. Son nom évoque le fait de se nourrir (kai), peut-être en période de famine (oke au nord, d’où o’e, « faim », « avoir faim »), mais l’étymologie de ces noms est toujours délicate.
164– tiaporo : nom tahitien désignant le diable.
165– tiare : nom tahitien du Gardenia tahitiensis.
166– Tikapō : ou cap Martin. Important repère de navigation à l’extrémité sud-est de Nuku Hiva. La presqu’île forme la limite des terres Taipi et Tei’i, divisant l’île entre les deux lignées issues du couple primordial. À l’ouest, les descendants du frère aîné Tei’inuiavaku ; à l’est, ceux du cadet : Taipinuiavaku, évoqué comme « l’ancêtre de Taipivai* ». Voir aussi : Ati Papa.
167– tiki ou ti’i : nom de la divinité à l’origine de l’espèce humaine, souvent figurée sous forme de figure sculptée anthropomorphe.
168– Toa : chef célibataire qui entreprend de partir à la recherche d’une compagne. Par jalousie, il tue Kae*. Son nom signifie « guerrier ».
169– toake ku’a (ou manu ku’a) : Phaethon rubricauda, phaéton ou paille-en-queue à brins rouges, c’est-à-dire dont les deux longues plumes caudales lui permettant de se diriger, sont rouges. Cet oiseau de mer est plus grand (autour de 90 cm) et plus rare que le phaéton à brins blancs (autour de 70 cm). Tous deux se nourrissent de poissons et de petits poulpes.
170– Tohatahiti : avant-dernier frère de Hakatauniua*, frère d’’Apeku’a*, la mère de Potateuatahi*. Son nom souligne son jeune âge et un trait de cette jeunesse : se parfumer (toha) et s’amuser à plonger en agitant les pieds hors de l’eau (tahiti).
171– toka (au nord) ou tona (au sud) : fond rocheux à distance des côtes où le poisson est abondant ; chaque toka avait un nom.
172– Toka’ākia (au nord) ou Tona’ania (au sud) : surnom de Kena*, héros réputé pour sa beauté mais dont les compagnes connaissent un destin tragique. Ses deux parents étaient originaires de Havaiki*. Lui et son cousin sont nés dans le monde des vivants. Sa mère est la sœur cadette de la mère de Tokave’ea*. Le nom de ces enfants peut évoquer Tona, ou archipel des Tonga, mais aussi un fond rocheux où pêcher (toka au nord, tona au sud).
173– Toka’eva (au nord) ou Tona’eva (au sud) : île d’où est originaire l’épouse de Maui-tikitiki*. L’atoll de Tongareva, étape possible du voyage vers ’A’otoka*, forme un anneau de 77 kilomètres de circonférence aux Cook. Le nom fut traduit à Henri Lavondès par « Toka suspendue », qui concorde avec le nom ancien sur place et correspondrait à l’apparence de ce vestige de haute montagne enfoncé et « flottant » dans un vaste lagon. Voir aussi : Hina-te’au-ihi.
174– Tokave’ea : cousin un peu plus âgé que Toka’ākia* dont la mère, aînée de deux sœurs, était née et avait grandi à Ta’a’oa*, à Hiva ’Oa. (Étymologie risquée.)
175– Toke’ea’ei : plate-forme dans les terres, proche de l’habitation de Tāheta*, père de Vakauhi*, où ce dernier est invité par sa belle-mère à laisser ses présents de poisson. Toke’e signifie « envier » et peut désigner un enfant capricieux qui pleure pour obtenir ce qu’il désire ; ’ei (« dent de cachalot ») est ici désignée comme cette dent-là (un bien extrêmement précieux associant la mer et le fruit d’une prouesse en mer).
176– Tūhakanā : guerrier spécialiste de lutte à qui Vakauhi* demanda de faire mourir Tāheta*, son père. Il est cité ailleurs comme champion de Haneamotua*, ce chef qui tua le fils d’’Apekua*. Tu indique le fait de se tenir debout. Tu est aussi le nom du grand dieu de la guerre de toute la Polynésie, il est aussi maître des tempêtes. Tuha peut suggérer l’idée de division de ce corps combattant (tuha, tufa, « partager », « diviser », « distribuer ») ; hakana signifie « cacher », « celer », « tenir secret ».
177– Tupetupehi’i : nom de guerrier invoqué dans le chant pour le lancement de la pirogue de ’Akahe’e-i-Vevau*, à Ta’a’oa*, Hiva ’Oa. Il évoque un poulpe.
178– Tuteanuanua : époux de Maiotera*. Ils habitaient Teahuiotu* et tous deux allèrent pêcher en pirogue, mais Kopuhoroto’e*, une veinehae, réussit à se faire passer pour sa femme. Ce nom évoque un dieu dont un récit ancien marquisien dit qu’il provoqua un déluge dont seuls cinq personnes de sa famille réchappèrent. Anuanua évoque l’arc-en-ciel ou le halo d’un astre. Voir aussi : Tekaka’atumeitoka.
179– Tutu’umahinahina : un des deux vieillards gardiens de la rivière où Tekaka’atumeitoka* ira chercher sa compagne mangée par les poissons. Son nom évoque le lieu (tuu) environné de tuf (ke’etu) où les tuhuka offraient les victimes appelées parfois « poissons des dieux ». C’est aussi le premier jour de la lune, alors que mahina désigne la lune, le mois et la sixième lune (synonyme de « s’épanouir », « fleurir »), tandis qu’hina indique le fait d’être vaincu, conquis, soumis, ou bien grisonner et, par voie de conséquence, « descendant », « petit-fils ». Voir aussi : Puaperevai, Rariuhi.
U
180– uhipu : carangue noire (Caranx ascensionis ou C. lugubris). Elle chasse la nuit et sa chair est très appréciée car elle ne durcit pas et ne sèche pas.
181– upe : carpophage des Marquises (Ducula galeata), sorte de gros pigeon délectable.
V
182– Vaiahei : chef des Ati Papa* de Hakamo’ui*, à Ua Pou, qui accueille Keikahanui* et ses amis poursuivis par Kue’enui* de Taipivai*. Du fait qu’il épousa Tevaitotoku’a*, sœur de ’Akahe’e-i-Vevau*, le nom de ’Akahe’e* fut transmis à Ua Pou.
183– Vaiokia : lieu évoqué dans le chant de Oumati* pour soutenir son fils dans son combat afin d’arracher sa femme des mains de Tainaivao*. (Étymologie risquée.)
184– Vaitumu’ua : vallon et petite baie au flanc sud de la baie de Hakamo’ui*, à Ua Pou.
185– vakahoa : psalmodie destinée plus particulièrement au lancement d’une pirogue.
186– Vakauhi : fils de Tāheta* et de l’épouse vaincue du chef Haneamotua* qui avait tué son oncle Potateuatahi*. Littéralement : « pirogue de nacre ». Grâce au mana, pouvoir extraordinaire dont il est doté dès sa naissance, et malgré de multiples épreuves, dont son rejet par la société, il parvient à construire sa pirogue. Il quitte le pays, afin de punir son père, en se laissant faussement emporter par les flots, et provoque la mort de celui-ci alors que ce dernier était parti à sa recherche. Voir aussi : Hopekoutoki, O’ohatu, Tau’apepe, Tūhakanā.
187– vau, parfois va’u : thon blanc, plus exactement thon à dents de chien (Gymnosarda unicolor). Très prisé, il fut associé à une « pêche prestigieuse » et peut-être à celle plus symbolique d’offrande humaine.
188– Vavau : nom d’un centre mythique associé à Havaiki*, considérée comme terre originelle de plusieurs clans. Selon les époques, les récits, les événements et les déplacements de populations, ce nom (Vavao, Vevau) s’applique à Hiva ’Oa, aux vallées de Puamau puis de Atuona, ou évoque l’au-delà. Voir aussi :’Akahe’e-i-Vevau, Hakatauniua.
189– veinehae : fantômes malfaisants ou esprits mauvais qui imposent aux vivants des épreuves redoutables.
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