Henri Lavondès (1926-1998) et le Fenua ’Enata
p. 23-27
Texte intégral
1Henri Lavondès, quoique de formation littéraire classique, s’est en fait très tôt intéressé aux cultures du monde et à leurs destins. Son premier terrain fut Madagascar, les cultivateurs et les pêcheurs de Bekorokopa, un village masikoro. Ce fut d’ailleurs le sujet de sa thèse de troisième cycle en sociologie et économie du développement des pays du tiers-monde, comme on disait alors (Paris, 1962).
2Dès 1963, à l’aube du bouleversement que devait causer l’implantation du Centre d’expérimentations nucléaires, c’est en Polynésie française qu’il se retrouve, toujours dans le cadre de l’Orstom1 et toujours en compagnie de son épouse Anne Lavondès, ethnologue de formation.
3Il y avait à l’époque à Papeete, un vieux musée ethno-graphique constitué par la Société des études océaniennes, dont les collections, assez importantes, demandaient de l’attention. Alors qu’Anne inventorie ces collections (elle créera le musée de Tahiti et des Îles), Henri, lui, opte pour les lointaines îles Marquises, le Fenua ’Enata, la « Terre des Hommes ». Il y fait rapidement la connaissance du conteur Kehu’einui Bruneau et d’un couple d’instituteurs, Samuel Teikiehuupoko et son épouse Mafeu ; ils l’accueillent et l’assistent dans la compréhension et la traduction des textes de cette littérature orale traditionnelle qui est désormais l’objet principal de sa quête scientifique.
4Le travail est fécond et une série de Récits marquisiens est publiée (sous forme provisoire) en 1964 et en 1966. L’ensemble de ses travaux, d’inspiration lévi-straussienne, aboutira en 1975 à une thèse d’État soutenue en Sorbonne : Terre et mer. Pour une lecture de quelques mythes polynésiens. Henri Lavondès procède à l’analyse intensive d’un corpus de contes marquisiens recueillis dans l’île de Ua Pou. Il s’interroge sur la nature des rapports entre cette littérature orale, l’état de la société indigène et de la culture locale ; il s’intéresse d’autre part à l’élaboration et à la transformation des mythes transmis par cette même littérature (la mythogénèse). Ces contes qui sont transcrits en langue vernaculaire, traduits et annotés en français, constituent un témoignage précieux de la langue, de la littérature et de la culture des Marquises d’autrefois.
5En 1976, l’université Paris X - Nanterre l’accueille comme professeur dans le département et le laboratoire d’Ethnologie et d’Anthropologie. Un ouvrage – Insularités – fut publié en 2003, en hommage posthume à ses travaux d’océanistes, à la Société d’ethnologie de Nanterre par ses collègues et ses élèves.
6On ne saurait trop se réjouir de cette nouvelle publication directement inspirée ici de l’œuvre d’un chercheur à la fois ethnographe, linguiste et mythologue qui sut si patiemment et si élégamment donner à entendre et à comprendre la richesse et la complexité de ces récits d’ailleurs.
Bibliographie
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Bibliographie sélective des travaux de Henri Lavondès sur la langue, la littérature et la culture des îles Marquises
Une bibliographie exhaustive et raisonnée des travaux et publications d’Henri Lavondès se trouve dans :
Mouton Marie-Dominique, 2003, « Bibliographie d’Henri Lavondès », dans Alain Babadzan (dir.), Insularités. Hommage à Henri Lavondès, Nanterre, Société d’ethnologie, p. 261-268.
Ne figurent ci-dessous qu’un certain nombre de travaux importants, en complément de ceux mentionnés dans les références bibliographiques du présent ouvrage (voir p. 19-22) : Lavondès Henri en collaboration avec Teikiehuupoko Samuel (éd. et trad.), 1964, Récits marquisiens, 1re série, dits par Kehueinui, Papeete, Orstom.
—, 1983, « Le vocabulaire marquisien de l’orientation dans l’espace », L’Ethnographie, vol. 89, n° 1, p. 35-42.
—, 1969, « Le vocabulaire des valeurs culturelles dans la littérature orale des îles Marquises », dans Proceedings. VIIIth International Congress of Anthropological and Ethnological Sciences (Tokyo et Kyoto, 1968), 3 vol., t. II, Ethnology, Tokyo, Science Council of Japan, p. 420-421.
—, 1972, « Le chaud et le froid. Notes lexicologiques », dans Jacqueline M. C. Thomas et Lucien Bernot (dir.), Langues et techniques, nature et société, 2 vol., t. II, Approche ethnologique. Approche naturaliste, Paris, Klincksieck, p. 395-403.
Lavondès Henri, Richard Georges et Salvat Bernard, 1973, « Noms vernaculaires et usages traditionnels de quelques coquillages des Marquises », Journal de la Société des Océanistes, vol. 29, n° 39, p. 120-137.
10.3406/jso.1978.2972 :Lavondès Henri et Randall John E., 1978, « Les noms des poissons marquisiens », Journal de la Société des Océanistes, vol. 34, n° 60, p. 79-112.
Lavondès Henri, 1988, Une partie de balançoire en Polynésie (texte d’un exposé présenté au laboratoire d’Ethnologie et de Sociologie comparative de l’université Paris X - Nanterre en 1988, dans le cadre du séminaire « Rituels et organisation sociale »), manuscrit conservé à la bibliothèque Éric-de-Dampierre, Paris X - Nanterre, laboratoire d’Ethnologie et de Sociologie comparative, n° LBr3841.
—, 1994, « Jules Verne, les Polynésiens et le motif de l’île mouvante », Journal de la Société des Océanistes, n° 99, p. 131-139.
—, 1996, « Dans la poubelle des mots et des mythes. Piler et polir aux îles Marquises », dans Michel Julien, Michel et Catherine Orliac, Bertrand Gérard, Henri et Anne Lavondès et Claude Robineau (dir.), Mémoire de pierre, mémoire d’homme. Tradition et archéologie en Océanie. Hommage à José Garanger, Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Homme et société », n° 23, p. 203-208.
—, 1996, « Les deux frères qui allèrent aux enfers », Bulletin de la Société des études océaniennes, n° 271, p. 2-12.
—, 1996, « Deux récits et textes marquisiens », Bulletin de la Société des études océaniennes, n° 271, p. 13-23.
—, 1998, « À la recherche de la Mémoire Perdue. Les Immémoriaux, « Le Maître du jouir » et « les Polynésiens d’aujourd’hui », dans Christian Doumet et Marie Dollé (dir.), Segalen, Paris, Éditions de l’Herne, coll. « Cahier de l’Herne », n° 71, p. 269-278.
—, 1998, « Hommage à Karl von den Steinen », dans Karl von den Steinen, Mythes marquisiens. Te Hakatu Tumu o te Ati ’Enana. La tradition des tribus marquisiennes, traduction d’Almut et Jean Pagès, 3 vol., Papeete, Éditions Haere Pō, t. II, p. 4-6.
—, s. d., Récits marquisiens, manuscrit MQA définitif, n° 1-154 et 155-167, 2 dossiers dactylographiés de 1 484 p., bibliothèque Éric-de-Dampierre, Paris X - Nanterre, laboratoire d’Ethnologie et de Sociologie comparative, Section des archives.
Notes de bas de page
1 Office de la recherche scientifique et technique outre-mer, puis Institut français de recherche scientifique pour le développement en coopération, renommé en 1998, Institut de recherche pour le développement.
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Récits marquisiens
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