Index lexical essentiel
p. 311-318
Texte intégral
Pour s’orienter dans les remous de la société florentine de l’époque, il est nécessaire de connaître la composition de cette société. Les acteurs comme les groupes constitués sont désignés par l’auteur à l’aide d’une qualification sociale, professionnelle ou politique indicative de leur condition et signifiante quant à leur prise de position et à leurs actions. Chaque nom de famille d’ailleurs est lui-même l’expression d’une appartenance sociale (à l’ordre des Grands ou des popolani) ou politique (au parti guelfe ou gibelin, à la faction blanche ou à la faction noire). Cette appartenance, déterminante donc dans le développement de l’intrigue, peut être éclairée grâce à un lexique de base commenté, qui tient compte également des institutions.
Arte « Art ». Corporations professionnelles constituées officiellement en 1266 et rapidement associées au pouvoir politique de la cité. Au groupe des 7 Arts majeurs formant le popolo grasso, dont les membres dirigent l’activité économique florentine (la production à grande échelle, le commerce international, les opérations bancaires de haut niveau), s’oppose la masse des autres métiers touchant à l’artisanat et au petit commerce qui forment le popolo minuto . Ces deux groupes sont nettement distingués par leurs activités respectives en mercatanti e artieri (I, 4), c’est-à-dire marchands (mercatores) et artisans. En 1293, les corporations de métiers appelées à participer, à des degrés divers, au pouvoir populaire sont au nombre de 21 (12 Arts majeurs et 9 Arts mineurs). Elles ont obtenu une représentation officielle dans le gouvernement en 1282 par la création des Prieurs des Arts (priori dell’arti : I, 4) et conquièrent le pouvoir en 1293 (I, 11). On rencontre dans l’œuvre les giudici (I, 12), l’Art des juges et notaires, les beccai (I, 13), l’Art des bouchers, les maestri (I, 17), l’Art des maîtres maçons et menuisiers, les fornai (II, 7), l’Art des boulangers. Dino compte pour sa part, en 1293, 24 corporations (Arti : I, 11), regroupant 72 métiers (mestieri dell’arti : II, 7), en 1301.
Artefici « membres des Arts mineurs ». Ceux qui exercent une activité manuelle et sont inscrits à l’un des 9 Arts mineurs florentins (I, 13 ; I, 14). Il arrive à Dino de préciser pour les membres des Arts mineurs artefici minuti (I, 12), mêlant dans la même expression hiérarchie professionnelle et condition sociale. La distinction d’activités entre mercatores et artisans (mercatanti e artieri : I, 4) trouve son équivalent dans la distinction d’appartenance socio-professionnelle : del popolo e degli artefici (I, 14). Enfin, le curieux néologisme artigiani (II, 16), qui n’apparaîtra vraiment qu’au siècle suivant, désigne lui aussi les travailleurs manuels relevant des Arts mineurs.
Buono. Dans les expressions buoni uomini (II, 5), buono e savio uomo (I, 8), buono cittadino (voir cittadino ), savio e buono frate (III, 15)…, l’adjectif n’est pas à prendre directement au sens moral, mais avant tout au sens politique d’alors. Il qualifie l’importance ou l’influence, pour des raisons censitaires, d’un personnage public, d’un notable apte à remplir des fonctions de gouvernement, à gérer la chose publique. Il qualifiera accessoirement sa valeur, sa compétence ou son honnêteté, mais jamais, ou presque (une exception : II, 13), sa bonté. Il dérive des expressions administratives latines figurant fréquemment dans les actes communaux de l’époque boni homines ou boni viri ou boni homines et sapientes ou encore sapientes et boni viri artifices, qui avaient même fourni la désignation technique d’une fonction politique, celle des « buonuomini », des gouvernants à la tête de la cité après la magistrature des Anciens et avant celle des Prieurs.
Capitano « capitaine ». Ce peut être les capitaines de guerre qui avaient une fonction d’encadrement des troupes mercenaires, ou de direction des opérations militaires (I, 9 ; I, 10). Nommés parmi les chevaliers nobles de la cité, ils étaient sous le commandement du podestat et d’un capitaine général de la guerre (I, 27 ; III, 14) recruté à l’étranger, au sein de la haute noblesse, pour la durée des hostilités (I, 7 ; I, 8). En l’absence de quelqu’un nommé à cette fonction, la charge de diriger l’armée était confiée soit au podestat soit aux simples capitaines de guerre (I, 10). Ce peut être également les capitaines du parti guelfe (I, 6) : magistrature politique au sein du parti guelfe, instituée en 1267 après le bannissement définitif des Gibelins pour administrer le partage et l’utilisation de leurs biens confisqués. Enfin, c’est surtout la fonction de capitaine du Peuple, défenseur des Arts et des artisans à Florence, face au podestat représentant de la commune, fonction recréée en 1282. Il fait partie de la double magistrature des officiers de justice (rettori), composée du capitaine du Peuple et du podestat. Cette fonction exige la possession de la dignité chevaleresque, à Florence comme ailleurs (I, 25).
Cavaliere « chevalier ». Transporté dans l’organisme communal, ce premier grade de la hiérarchie féodale, qui faisait du miles un soldat idéal appartenant à un ordre social, aristocratique et militaire, est une qualification honorifique dévolue aux combattants à cheval de la cité (uomini d’arme, I, 10 ; III, 10) qui ont reçu la dignité chevaleresque (épée, et éperons dorés). À la fin du XIIIe siècle, ils ne sont pas forcément nobles. La dignité chevaleresque est obligatoire pour défendre la cité dans les rangs des troupes d’élite à cheval (I, 10) ou pour exercer des fonctions politico-judiciaires à l’étranger (I, 25), nécessaire ou bienvenue pour des missions diplomatiques ou de négociation (I, 8). Elle est décernée à titre de décoration par l’État populaire (III, 33) ou par le parti guelfe (III, 38), pour services rendus à la cité. En échange de la fidélité qu’ils doivent au pouvoir communal, les chevaliers jouissent dans la cité de privilèges sociaux (I, 20) et économiques (I, 3) et, comme les nobles et les docteurs en droit, peuvent s’honorer du titre de messere.
Cittadino « citoyen ». Le plus souvent employé au sens politique de « habitant de la cité pourvu de droits civiques ». Le plus souvent aussi, quand il n’est pas autrement précisé (comme en I, 13 : potenti cittadini ), restreint à la catégorie sociale du popolano, par opposition au chevalier ou au docteur en droit (I, 20), au noble ou au Grand (III, 7). Il s’agit d’ailleurs toujours aussi de citoyens influents, qui, appelés à participer de près ou de loin aux affaires publiques, peuvent être qualifiés de maggiori cittadini (II, 12). Dans ce même sens politique, on trouve fréquemment buoni cittadini (voir buono) pour qualifier des citoyens importants, de qualité pour des raisons censitaires (I, 11 ; III, 14 ; III, 15 ; III, 28), sans qu’ils soient forcément honnêtes. En effet, au sein même du groupe de ces citoyens de qualité, on rencontre de très mauvais citoyens popolani qui s’allient avec les Grands pour faire injure à la justice (pessimi cittadini : I, 19), de perfides citoyens qui pratiquent l’hypocrisie pour servir leurs propres intérêts (malvagi cittadini, II, 8). Aussi cette qualification buoni cittadini tend-elle à comporter une nuance morale supplémentaire et à s’appliquer à ceux qui œuvrent pour le bien de la cité, à ceux qui sont raisonnables (I, 16), épris de paix (III, 8) et de justice (I, 5). Il peut arriver que le terme cittadino soit en outre employé de manière générale comme citoyen habitant de la ville, citoyen citadin ; et, opposé à la population rurale florentine, avec le même contenu socio-politique, il implique que son opposé ne désigne pas des paysans (cittadini e contadini : II, 26), ou pas seulement.
Consorto « parent » au sens large, dans une consorteria ou société de tours. Celle-ci rassemblait à l’origine les membres d’une même famille féodale, sur la base d’un même ensemble de propriétés foncières. Transportée à l’intérieur de l’organisme communal, elle regroupe tous ceux qui, nobles unis par les liens du sang ou les alliances matrimoniales, expriment cette consanguinité et ces alliances par une forte cohésion. Cette cohésion, sentie comme une loi infrangible, est vouée à la préservation des intérêts du groupe familial et à sa défense, et concrètement mise en œuvre par la construction d’ensembles de palais fortifiés serrés les uns contre les autres et dominés par des tours de défense qui, avant la loi de 1252, pouvaient culminer à 75 m. Mais cette même cohésion à l’intérieur du groupe familial, reconnue publiquement, sera utilisée contre eux : leur solidarité reçoit une consécration légale dans les Ordonnances de justice de 1293, qui les excluent collectivement des charges électives, avec l’obligation du sodamento (déjà instituée à partir de 1286), c’est-à-dire de la responsabilité collective de tous les consorti en cas d’infraction ou de délit commis par l’un d’eux (I, 11-12 ; I, 20).
Gente « les gens », mais généralement pas tout le monde. En dehors des emplois génériques pour « on », « la population » (II, 19 ; III, 21), dans le sens social le plus large il ne s’agira que des popolani, au sens spécifique de gens du Peuple, c’est-à-dire de la bourgeoisie (II, 5 ; II, 34). Dans un sens technique, ce sera la partie du popolo qui rassemble les boutiquiers et artisans, tenus de prendre les armes pour la défense du gouvernement bourgeois et de la démocratie, les hommes armés au nom du Peuple (II, 15). Et le champ d’application du terme tend même à se restreindre à la frange la plus modeste de la bourgeoisie (gente minuta : III, 7). Enfin, en dehors du sens social, le terme désigne le plus souvent des forces armées irrégulières (III, 20).
Ghibellino « Gibelin ». S’oppose à guelfo (« Guelfe ») en tant que désignation politique. Au cours du XIIIe siècle, la division de la noblesse italienne oppose les premiers, partisans en Italie, depuis l’époque de Frédéric II, d’une politique philoimpériale, aux seconds qui, d’abord attachés à une indépendance communale farouche, se rallieront néanmoins à la cause du Pape et de la monarchie angevine pour chasser d’Italie les Hohenstaufen. Après 1267, sous ces deux étiquettes se regroupent les factions constituées qui dominent alternativement les villes italiennes, et à Florence le guelfisme conquérant caractérise définitivement la citoyenneté.
Grande « Grand ». Traduction du latin magnatus et équivalent de potente, c’est la définition non pas d’une classe sociale, car le groupe ainsi défini n’est pas socialement homogène, mais d’une condition sociale, sans distinction de tendance politique (Guelfes et Gibelins confondus) ni d’origine (citadine ou rurale). Cette définition est donnée, dans un but d’exclusion politique, par les popolani, à tous ceux qui sont identifiés par leur noblesse ou leur prestige, leur richesse, leur pouvoir économique et politique, et leur comportement méprisant ou agressif envers ceux qui leur sont inférieurs. Ce qui les identifie, c’est en somme la grandeur notoire dont ils jouissent et qu’ils sont conscients de posséder au sein de la société d’alors, à la date de la promulgation des Ordonnances de justice (1293), depuis une vingtaine d’années environ, en gros depuis le début de la domination guelfe. Les deux critères de définition du « Grand » ou « puissant » que donnent les Ordonnances, pour 140 familles florentines environ, sont la possession de la dignité chevaleresque, qu’ont obtenue même les riches mercatores, banquiers et marchands, pour s’unir à la noblesse, mais aussi le jugement de l’opinion publique. Ainsi les Grands ne sont-ils pas forcément nobles (I, 13), bien que la plupart soient chevaliers, mais l’accent peut être mis sur la noblesse comme principale caractéristique du groupe (« les nobles et grands citoyens » : I, 11), qui est surtout qualification de prestige.
Guelfo « Guelfe ». Voir Ghibellino.
Messer « messire ». Traduction du latin dominus, le titre préposé au nom s’applique aux nobles, aux chevaliers, aux juges et aux docteurs en droit. À cette époque, il est donné également aux cardinaux.
Nobile « noble ». Noble de sang, de naissance, par référence à la classe privilégiée dans la société hiérarchisée de type féodal. Mais dans la société communale florentine de la deuxième moitié du XIIIe siècle, la noblesse n’étant plus une condition indispensable pour la détention du pouvoir, elle ne représente plus un élément distinctif dans les divisions sociales (I, 13). De nombreux descendants de l’ancienne noblesse de sang n’étaient plus alors considérés comme des Grands, s’ils n’avaient pas les attributs afférant à cette condition (grandeur, puissance, pouvoir). Le terme peut donc n’avoir qu’une signification générique de qualification soit honorifique soit laudative, sauf lorsqu’il est couplé à « Grand » (I, 11).
Popolano « membre du Peuple », du popolo. Bourgeois, donc sans noblesse, inscrit à l’une des corporations professionnelles (Arts) dont les activités vont de la banque et du commerce international jusqu’aux formes les plus rentables de l’artisanat. Parfois précisé (popolani minuti : I, 18), parfois sans l’être (III, 2), il peut indiquer même la petite bourgeoisie. Plus précisément, au sens strict qui s’affirmera avec les lois populaires de 1293, sont appelés popolani ceux des citoyens florentins membres des 12 Arts majeurs, qui peuvent se définir par le fait de ne compter parmi les membres de leur famille aucun chevalier et de n’être pas considérés par la vox populi comme Grands. Dans la confrontation socio-politique, cette désignation est souvent colorée par la fidélité à cette appartenance de classe ou sa trahison : si l’un peut être dit buono e leale popolano (« bon et loyal partisan du Peuple » : I, 24), d’autres sont fréquemment qualifiés de falsi popolani (I, 14 ; II, 11), c’est-à-dire certes membres du Peuple mais agissant contre ses intérêts, parfois sous couvert de travailler pour lui, donc traîtres à sa cause. Le sont de même ceux qui, appartenant à la haute bourgeoisie, gouvernent au nom des Grands du parti noir lesquels, légalement privés du pouvoir, en tirent néanmoins au grand jour toutes les ficelles (II, 26 ; III, 19). Le même nom sous la forme popolari (I, 4) ne semble pas comporter de nuance particulière, mais trahit le calque du latin populares.
Popolo « Peuple », mais toujours dans des sens historiquement marqués : quand le terme popolo est employé au sens social, il ne s’agit pas de la plèbe (humble population rurale et prolétariat urbain), de ce bas peuple qui bien entendu est sans grade et n’a pas d’existence politique dans les communes italiennes d’alors. Il ne s’agit pas non plus du plus grand nombre par opposition à l’élite socio-économique. C’est au contraire la part de la population sans noblesse qui constitue la haute et la moyenne bourgeoisie, la bourgeoisie aisée, structurée dans les corporations professionnelles reconnues (les 12 Arts majeurs), comme l’indique la distinction entre bonne bourgeoisie, et boutiquiers et artisans affiliés aux Arts mineurs : del popolo e degli artefici (I, 14). Pour désigner la bourgeoisie la plus riche, nerf et moteur économiques de la cité, le terme est alors précisé comme popolo grasso . De là découlent des emplois disons plus techniques : au sens politique popolo désigne fréquemment l’État populaire conquis par la haute bourgeoisie au détriment des Grands (I, 6), le gouvernement populaire (III, 4), ou bien le parti du Peuple (I, 13), et jusqu’aux régimes, démocraties populaires (III, 21, au pluriel). Il peut avoir un sens politique plus général : l’ensemble des citoyens, la république ou la démocratie populaire (I, 11). Il arrive toutefois que, employé pour la population (III, 2) ou bien le peuple, la foule, la population vivante et manifestante (I, 16 ; III, 3 ; III, 4 ; III, 5), il recouvre néanmoins en même temps, au sens socio-économique, surtout les membres du popolo minuto inscrits aux Arts mineurs : il popolo e molti popolani (III, 3).
Popolo grasso « riches membres du Peuple », « riche bourgeoisie ». Ensemble des familles de la haute bourgeoisie, sans noblesse évidemment, les plus riches et les plus influentes, c’est-à-dire celles qui sont inscrites aux Arts majeurs, et pratiquent des activités surtout liées à la direction de la production manufacturée, au grand commerce international et à la banque. La désignation concerne parfois plus précisément les membres du gouvernement populaire qui détiennent officiellement le pouvoir (III, 2). Le popolo grasso et le popolo minuto sont deux ordres de citoyenneté officiellement reconnus dont la frontière suit la mobilité des regroupements au sein des Arts (mobilité des métiers dans les corporations, et progrès dans l’attribution de droits politiques aux différents Arts). La nécessaire distinction à faire entre les popolani grassi et les grandi reste l’une des plus difficiles à établir précisément, parce que nombre de Grands le sont précisément grâce à leur richesse acquise par l’activité marchande ou bancaire : significative de l’indétermination, une expression comme gran cittadini di popolo (II, 7) pour désigner des ambassadeurs florentins choisis parmi les riches bourgeois.
Popolo minuto « menu Peuple ». C’est la petite bourgeoisie de Florence. Elle est constituée par les plus modestes (les moins riches et les moins puissants) des membres du popolo, c’est-à-dire ceux qui sont inscrits aux Arts mineurs et dont l’activité est essentiellement manuelle, employés dans la production manufacturée, le commerce de détail et l’artisanat.
Potente « puissant ». Équivalent de grande, désigne ceux qui ont du pouvoir dans la société florentine, par les possessions, la richesse, les amitiés, le nombre d’hommes de main qui les entourent… Péjorativement employé par Dino pour désigner ceux qui usent et abusent de la force (I, 16). Peuvent ne pas être nobles : « les citoyens puissants, lesquels n’étaient pas tous de sang noble, mais qu’on appelait Grands à divers titres » (I, 13). Ainsi les Médicis, par exemple, sont dits potenti popolani (II, 15). Parfois utilisé avec la signification précise de « qui est au pouvoir » (III, 18). Par opposition, les impotenti sont les moins riches et les moins puissants, les sans pouvoir (I, 5), les faibles (II, 21), appartenant au popolo, surtout minuto.
Priore « Prieur ». Emprunté à la hiérarchie ecclésiastique où il désigne des religieux supérieurs dans certains ordres (III, 1 ; III, 8), le terme s’applique à des personnages essentiels, de premier plan, dans la hiérarchie patronale des corporations professionnelles, élus parmi les consuls ou capitudini des Arts (priori dell’arti : I, 4), ainsi que dans la hiérarchie politique au sein du parti guelfe (II, 11). L’emploi le plus marqué désigne les Prieurs des Arts, créés par les popolani, qui accèdent au pouvoir suprême à Florence en 1282 (I, 4), et forment le collège de magistrats à la tête de l’État qui prend le nom de Seigneurie (voir signori). D’abord trois, les Prieurs sont très rapidement portés au nombre de six (I, 4). Puis, à partir de 1293 s’en ajoute un septième, le gonfalonier de justice, et les Grands en sont exclus (I, 11). En cas de crise leur nombre peut être accru, voire doublé (III, 3).
Reggenti « gouvernants ». Désigne ordinairement les Prieurs dans leur fonction de gouvernement (le reggimento), à Florence (I, 19 ; I, 20) ou ailleurs (III, 5).
Rettori « officiers de justice », « magistrats », représentant l’autorité judiciaire. Traduction du latin politique et administratif regimina, désigne la double magistrature du podestat et du capitaine du Peuple, préposés à l’administration de la justice et à son exécution. Une exception seulement (II, 11) où le terme est employé pour désigner les dirigeants politiques, les Prieurs.
Savio . Le sens moral qualifiant la sagesse, la prudence ou l’aptitude à agir dans son propre intérêt, est souvent secondaire par rapport au sens politique qualifiant la reconnaissance de l’autorité du notable, apte à gérer les affaires de l’État ou à conseiller les gouvernants. Notamment dans les expressions dérivées du langage administratif en latin de l’époque, comme buono e savio uomo (I, 8), savio e buono frate (III, 15) ; voir buono. Par suite, l’adjectif peut indiquer une référence dans la capacité de jugement (I, 27), un juste milieu dans les aptitudes et les qualités (I, 25), ou souligner la compétence professionnelle (II, 10 ; II, 11), l’aptitude à diriger un parti (II, 25) ou à gouverner une ville (II, 27), la maîtrise de la parole et de l’art oratoire (II, 6 ; III, 21).
Ser. Titre honorifique, préposé au nom, spécifiquement réservé aux notaires.
Signori « Seigneurs ». En dehors de l’emploi conventionnel du terme, appliqué à tout personnage appartenant à la noblesse, locale ou étrangère, en qui l’on reconnaît l’autorité légitime, le nom signori désigne à Florence le groupe des six Prieurs des Arts élevés à la magistrature suprême de la ville à partir de 1282. Ils sont qualifiés de la sorte pour souligner le prestige politique de ces magistrats à la tête de l’État communal florentin, qui récupère à son profit le vocabulaire féodal. Gouvernants élus de la république, ils forment la Seigneurie (signoria) mais dans un sens républicain, très différent de celui que les termes signori et signoria pouvaient avoir en Italie du Nord (III, 2), où la Seigneurie aux mains d’un seul était déjà une sorte de principat (III, 25 ; III, 29), identifié par Dino Compagni à la tyrannie (III, 24).
Uficio. Génériquement la « fonction », la « charge » (II, 20), « l’office », la « mission » (II, 27). Plus précisément, appliqué aux hautes charges de gouvernement de la cité, c’est-à-dire aux magistratures politiques, celles de la Seigneurie (charges de Prieurs et gonfalonier de justice : I, 11 ; II, 10 ; II, 12), que se disputent les Florentins (I, 2 ; I, 7 ; I, 20 ; II, 8 ; II, 26) ; mais appliqué aussi aux fonctions de podestat, de capitaine ou de vicaire, exercées dans les villes voisines sujettes, et les bourgs fortifiés du territoire (gli uficî di fuori : I, 3). Dans le même sens, on trouve souvent onori, les « dignités », les « honneurs » (II, 5 ; III, 28), qui ajoute l’idée de privilège ou de prestige que comporte l’exercice ou l’occupation de telles fonctions, notamment les plus importantes (I, 4 ; I, 14 ; II, 7 ; II, 20 ; II, 22 ; II, 24).
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Chronique des événements survenant à son époque
Ce livre est diffusé en accès ouvert freemium. L’accès à la lecture en ligne est disponible. L’accès aux versions PDF et ePub est réservé aux bibliothèques l’ayant acquis. Vous pouvez vous connecter à votre bibliothèque à l’adresse suivante : https://0-freemium-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/oebooks
Si vous avez des questions, vous pouvez nous écrire à access[at]openedition.org
Référence numérique du chapitre
Format
Référence numérique du livre
Format
1 / 3