Cronica delle cose occorrenti ne’ tempi suoi
Éléments de bibliographie
p. 306-310
Texte intégral
La fortune de l’œuvre et l’édition du texte
1L’histoire de la fortune de l’œuvre suit une trajectoire très accidentée, qui peut être ramenée à deux grandes périodes. Dans un premier temps, la diffusion de la chronique a été à peu près nulle. On comprend aisément que du vivant de l’auteur, et pendant quelques décennies encore, les Compagni aient été contraints de la garder secrète et qu’elle n’ait pu connaître qu’une diffusion très confidentielle, dans une Florence où le parti guelfe blanc fut l’objet des persécutions que l’on sait, et qui connut par la suite l’établissement définitif du régime adverse. Mais l’oubli s’est prolongé pendant plus de trois siècles, où laCronica n’a fait que très rarement surface. Nous ne disposons aujourd’hui que de deux attestations anciennes de la connaissance de l’œuvre : l’une, datant de la fin du XIVe siècle, par l’anonyme florentin commentateur du poème de Dante, l’autre par Paolo Mini dans son apologie de Florence publiée à Lyon en 1577, qui tous deux en citent des passages. On ne connaît d’elle, en outre, que deux manuscrits antérieurs au XVIIe siècle, l’un de la fin du XVe, même si ce manuscrit suppose lui-même au moins un intermédiaire par rapport à l’autographe, et l’autre du début du XVIe siècle.
2Dans un second temps, ce n’est qu’à partir de la première moitié du XVIIe siècle que l’œuvre fut découverte et put connaître une diffusion véritable, dont témoignent une vingtaine de manuscrits du XVIIe et du XVIIIe siècle. Elle put même, dès lors, atteindre une certaine gloire, qui la fit entrer au panthéon des œuvres adoptées comme modèles de langue par les académiciens de la Crusca, et accepter dans le patrimoine de la littérature italienne, avec ses premières éditions, en 1726 puis 1728, dans lesRerum Italicarum Scriptores. Son succès s’est poursuivi avec des hauts et des bas dans l’intérêt qu’elle a suscité depuis. Sa carrière éditoriale s’éteint en effet pendant un siècle environ, avant de connaître un renouveau décisif au XIXe siècle sous l’influence du romantisme, témoignant un fort engouement, à partir de 1828, pour un texte qui suscita alors un triple intérêt, linguistique, patriotique et documentaire, lié à la gloire nationale de Dante. L’œuvre se trouve ensuite, à la fin du XIXe siècle, au centre d’une polémique très virulente sur son authenticité, minutieusement résumée par G. Smets, dont nous donnons la référence plus loin, et récemment encore par F. Ragone, « Dino Compagni e i suoi nemici. Linguaioli e archivisti nella Firenze postunitaria », dans lesQuaderni Storici, XXVIII (1993), p. 39-60. Cette polémique ne s’est achevée qu’avec l’édition critique qu’Isidoro Del Lungo a accompagnée d’un monumental travail d’étude, de défense et d’illustration historico-critique, qui lui assure désormais la place qui lui revient dans le panorama littéraire italien.
3Le texte de base se trouve donc dans l’édition critique établie par Isidoro Del Lungo :La Cronica di Dino Compagni delle cose occorrenti ne’tempi suoi, dans lesRerum Italicarum Scriptores, Raccolta degli Storici Italiani dal cinquecento al millecinquecento, ordinata da Ludovico Antonio Muratori, nuova edizione riveduta, ampliata e corretta con la direzione di Giosuè Carducci e Vittorio Fiorini, Tomo IX, Parte II, Città di Castello, S. Lapi, 1913. C’est l’édition améliorée à partir de celle qui avait déjà été présentée dans le travail monumental précédemment accompli (Dino Compagni e la sua Cronica, 3 vol., Florence, Le Monnier, 1879-1887, vol. II), où Isidoro Del Lungo recueillait un matériau gigantesque pour illustrer la valeur de ce texte par l’exactitude des informations, la justesse des données et du contexte, et l’historicité du langage utilisé, qui mainte fois concorde avec des formules officielles ou des expressions tirées de la langue de l’époque. Cette édition a fourni le texte de référence, reproduit dans les éditions commentées modernes comme, parmi les plus utiles : Dino Compagni,Cronica, introduction et notes de Gino Luzzatto (édition originale : Milan, Vallardi, 1906 puis 1923), Turin, Einaudi, 1968 puis 1978, ou bien Dino Compagni,Cronica delle cose occorrenti ne’ tempi suoi, introduction et notes de Guido Bezzola, Milan, Rizzoli, 1982. La plus récente mise à disposition du texte étant : Dino Compagni,Cronica delle cose occorrenti ne’ tempi suoi, introduction et notes de Gabriella Mezzanotte, Milan, Mondadori, 1993.
4La question de la langue, qui est aussi celle du texte, reste néanmoins d’actualité, surtout depuis que l’on a fait remarquer (Gianfranco Folena, « Filologia testuale e storia linguistica », dans les Actes du « Convegno di Studi de Filologia italiana nel centenario della Commissione per i Testi di Lingua », 7-9 avril 1960, édités par la revueStudi e Problemi di Critica Testuale, 1961, p. 17-34) que le texte dont on dispose aujourd’hui, établi essentiellement à partir de deux manuscrits tardifs que Isidoro Del Lungo a utilisés (Ashburnham 443, postérieur à 1465, et Magliabechi II, VIII, 39, sa copie de 1514), a pu subir de sérieuses altérations, repérables notamment dans l’adaptation de la syntaxe aux habitudes florentines du XVe siècle. On sent aujourd’hui la nécessité d’une révision du texte de cette chronique : Guido Bezzola, « Un luogo di Dino Compagni »,Studi e problemi di critica testuale, 42 (1991), p. 5-7. La contribution la plus récente, mise au point détaillée sur tous les aspects des questions touchant à l’établissement du texte, est celle de Davide Cappi,Del Lungo editore di Dino Compagni : il problema del testo della « Cronica », Rome, Istituto storico italiano per il Medio Evo (Fonti per la storia dell’Italia medievale, Subsidia 1), 1995.
5Une traduction française, la seule à notre connaissance, avait déjà été tentée après la réhabilitation de l’œuvre par Isidoro Del Lungo : Dino Compagni,Chronique des événements survenus de mon temps, traduction annotée par Charles Weiss, Paris, Librairie Charles Foulard, 1905.
6La chansonAmor mi sforza e mi sprona valere se trouve dansRimatori del Trecento, Giuseppe Corsi éd., Turin, UTET, 1972, p. 627-637. Elle est également publiée, avec les autres poésies, par Isidoro Del Lungo dansDino Compagni e la sua Cronica, vol. I, parte I, p. 320-376.
Œuvres de contemporains
7Bien qu’aucune n’offre la même précision, la même richesse documentaire, la même passion, différentes chroniques parallèles à celle de Dino, c’est-à-dire de contemporains qui traitent eux aussi de Florence, de cette époque et de ces événements, permettent d’utiles confrontations et compléments d’informations : Giovanni Villani,Nuova Cronica, édition critique établie par Giuseppe Porta (3 vol.), Parme, Fondation Pietro Bembo/Ugo Guanda Editore, 1990-1991 : d’un marchand guelfe noir, partial lorsqu’il s’agit de Gibelins, cette œuvre fondamentale écrite au cours de la première moitié du XIVe siècle éclaire ou complète le texte de Dino sur de très nombreux points. Paolino Pieri,Cronica delle cose d’Italia. Dall’anno 1080 fino all’anno 1305, Anton Filippo Adami éd., Rome, Monaldini-Zempel, 1750 : écrite après 1302 par un Grand, probablement Guelfe noir. Neri degli Strinati,Cronichetta, Florence, 1753 : écrite en 1312 par un Gibelin qui eut à subir les violences des Noirs en 1301, avant de s’exiler. Simone della Tosa,Annali, Domenico Maria Manni éd., dansCronichette antiche di vari scrittori del buon secolo della lingua toscana, Florence, 1733, p. 125-171. Divers autres textes anonymes traitent de la période prise en considération par Dino Compagni : allant jusqu’en 1308, celui qui est dénomméCodex Neapolitanus par son éditeur Otto Hartwig, dansQuellen und Forschungen zur ältesten Geschichte der Stadt Florenz (2 vol.), II, Halle, Niemeyer, 1880, p. 271-296 ; un autre dénomméCronica Marciana-Magliabechiana, également édité par O. Hartwig pour la période 1300-1313 couverte avec une relative précision :Eine Florentiner Chronik zur zeit Dantes, Halle, Karras, 1880 ; la chronique ditePseudolatiniana, car autrefois attribuée à Brunetto Latini, couvrant la période 1050-1297, éditée par Pasquale Villari dansI Primi Due Secoli della storia di Firenze, Florence, Sansoni, 1904, p. 509-584, et par Alfredo Schiaffini dansTesti fiorentini del Dugento e dei primi del Trecento, Florence, Sansoni, 1954, p. 82-150 ; une dernièreCronichetta, couvrant les années 1080-1321, est éditée par Pietro Santini dansQuesiti e ricerche di storiografia fiorentina, Florence, Seeber, 1903, p. 90-144.
Études historiques
8Isidoro Del Lungo,Dino Compagni e la sua Cronica,op. cit., vol. I, 1879-1880.
9Guido Levi,Bonifazio VIII e le sue relazioni col comune di Firenze. Contributo di studi e documenti nuovi alla illustrazione della Cronica di Dino Compagni, Forzani, 1882, extrait de l’Archivio della Società romana di storia patria, vol. V.
10Gaetano Salvemini,La Dignità cavalleresca nel comune di Firenze e altri scritti (1re éd. 1896), Ernesto Sestan éd., dansOpere di Gaetano Salvemini, I, vol. 2, Milan, Feltrinelli, 1972.
11—,Magnati e popolani in Firenze dal 1280 al 1295 (1re éd. 1899),ibid., vol. 1, 1966.
12Isidoro Del Lungo,Da Bonifacio VIII ad Arrigo VII. Pagine di storia fiorentina per la vita di Dante, Milan, Hoepli, 1899.
13Nicola Ottokar,Il Comune di Firenze alla fine del Dugento (1re éd. 1926), deuxième édition revue et corrigée, introduction de Ernesto Sestan, Turin, Einaudi, 1962.
14Robert Davidsohn,Storia di Firenze (8 vol. traduits de l’allemand,Geschichte von Florenz), Florence, Sansoni, 1956-1968.
15Sergio Raveggi, Massimo Tarassi, Daniela Medici, Patrizia Parenti,Ghibellini, Guelfi e popolo grasso. I detentori del potere politico a Firenze nella seconda metà del Dugento, Florence, La Nuova Italia, 1978.
16Pierre Antonetti,La Vie quotidienne à Florence au temps de Dante, Paris, Hachette, 1979.
17Michele Luzzati,Firenze e la Toscana nel medioevo, Turin, UTET, 1986.
18Jean-Marie Moeglin, « Henri VII et l’honneur de la majesté impériale. Les redditions de Crémone et de Brescia (1311) », dans le volume collectifPenser le pouvoir au Moyen Âge (VIIIe-XVesiècles), Paris, Éditions Rue d’Ulm/Presses de l’ENS, 2000, p. 211-245.
Études littéraires
19Karl Hillebrand,Dino Compagni. Étude historique et littéraire sur l’époque de Dante, Paris, Durand, 1861.
20Georges Smets,La Chronique de Dino Compagni, Liège, La Meuse, 1909 (extrait de laRevue de l’université de Bruxelles, 1908-1909, p. 505-526, 669-697, 754-819).
21Isidoro Del Lungo,Dino Compagni e la sua Cronica,op. cit., vol. I, 1879-1880.
22—,D’un piccolo libro de’tempi di Dante : storia esterna, vicende, avventure, 2 vol., Milan, Rome, Naples, Albrighi-Segati, 1917.
23Mario Luzi, « La città di Dino »,L’Approdo letterario, IV (1958), p. 74-92 ; puis dans le volume collectifStudi fiorentini, Libera cattedra di storia della civiltà fiorentina, Florence, Sansoni, vol. VII (1963), p. 83-110 ; enfin dansL’Inferno e il limbo, Milan, Il Saggiatore, 1964, p. 138-164.
24Giorgio Petrocchi, « L’arte di Dino Compagni »,Rassegna di cultura e vita scolastica, XV (1961), 3.
25—, « Cultura e poesia nel Trecento », dansStoria della letteratura italiana, dirigée par E. Cecchi et N. Sapegno, Milan, Garzanti, vol. II, 1965, p. 606-631.
26Pier Giorgio Ricci, « Dino Compagni e la prosa storica del’300 », dansLetteratura italiana, I Minori, Milan, Marzorati, 1961, vol. I, p. 201-216.
27Giovanni Pirodda, « Per una lettura dellaCronica di Dino Compagni »,Filologia e letteratura, XIII (1967), p. 337-393.
28Donato Moro,Fonti e autonomia di stile nella Cronica del Compagni, Galatina, Editrice Salentina, 1971.
29Antoine Monti,Les Chroniques florentines de la première révolte populaire à la fin de la commune (1345-1434), Lille III, Atelier national de reproduction des thèses, 2 vol., 1983, vol. I, p. 70-78.
30Girolamo Arnaldi, « Dino Compagni cronista e militante popolano », dansLa Cultura, XXI (1983), 1, p. 37-82, reprise augmentée de l’article « Compagni, Dino », duDizionario biografico degli Italiani, Rome, Istituto della Enciclopedia Italiana.
31—, « LaCronica delle cose occorrenti ne’tempi suoi di Dino Compagni »,Letteratura italiana. Le Opere, I,Dalle Origini al Cinquecento, Turin, Einaudi, 1992, p. 331-350.
32Marco Berisso, « Preliminari per una lettura narrativa e tematica dellaCronica di Dino Compagni »,Italianistica, XXV (1996), 1, p. 9-42.
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