Imaginaire et genres littéraires
p. 271-273
Texte intégral
1La division massive du corpus limbourien entre fiction et critique d’art rend difficile de considérer l’œuvre dans son ensemble. Jusqu’ici, les textes critiques ont été surtout analysés comme le lieu de l’élaboration d’une esthétique, mais on a pu voir que la critique d’art était sous-tendue par le même imaginaire que les textes de fiction : on a pu y déceler l’image de la noyée, la présence des structures du conte, la mise en œuvre de la poétique du désir dans un texte, ou plus globalement la construction du tableau comme talisman et image de l’œuvre poétique. Le critique est donc invité, par-delà la différence de régime – fiction et non-fiction –, à englober l’ensemble de l’œuvre de Limbour dans son analyse non seulement de son esthétique, mais aussi de sa poétique. La question du genre apparaît alors comme un nœud de l’écriture limbourienne. En effet, le critique est confronté à une tension entre un imaginaire fortement cohérent et sa mise en œuvre dans des textes génériquement très divers. Cela ne serait guère problématique si ces deux niveaux n’étaient pas mis en relation par Limbour lui-même, notamment par les phénomènes massifs de reprise qui font se croiser textes de critique et fictions. En outre, certains textes constituent des foyers d’ambiguïté générique, et au premier chef « Description d’un tableau » dont on a vu qu’il était le paradigme de l’œuvre de Limbour : ce texte de fiction, que son titre met en relation avec la critique d’art, pourrait être également un paradigme générique, la fusion entre fiction et critique étant recherchée. Il paraît dès lors pertinent d’analyser l’œuvre de Limbour en dehors des genres canoniques, en tâchant de voir comment l’imaginaire produit des structures organisant l’œuvre en profondeur. Il ne faut cependant pas céder à l’illusion d’une œuvre a-générique : l’indétermination générique naît du travail des genres existants, et tout particulièrement du genre de la chronique. La critique d’art prend là, à nouveau, une place cruciale : elle se révèle tendue entre une adaptation, largement sous-estimée, aux genres de la critique d’art professionnelle et une subversion de ceux-ci afin de donner forme, à travers eux, aux structures propres à accueillir l’imaginaire qui sous-tend l’ensemble de l’œuvre.
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