L’esthétique de Georges Limbour
p. 27-29
Texte intégral
1L’abondance de la critique d’art invite à se pencher sur celle-ci afin de déterminer l’esthétique mise en œuvre par Georges Limbour et le rôle qu’y joue l’imagination. Cette étude implique de situer les positions prises par Limbour dans les débats artistiques de son temps et notamment dans la querelle des abstractions qui agite la fin des années quarante et les années cinquante : son refus violent d’accorder à l’abstraction le statut d’art est l’indice de son esthétique romantique, fondée sur une transfiguration de la nature par l’imagination. La pratique de la critique d’art oblige ainsi Limbour à expliciter son esthétique en prenant position par rapport à la peinture des années cinquante. De ce fait, la place de Dubuffet et de Masson est cruciale, puisque c’est d’abord à propos de leur œuvre que Limbour dit ce que sont pour lui les pouvoirs de l’imagination et qu’il définit le rôle de l’artiste et de l’œuvre dans la mission de transfiguration du réel qu’il assigne à l’art. L’art de Masson, rencontré durant les années de formation, est le modèle d’une esthétique de la création reposant sur la transfiguration que l’imagination de l’artiste fait subir au réel, tandis que celui de Dubuffet conduit plus tard Limbour à penser la réception de l’œuvre comme la prolongation du processus créateur : la rêverie face au tableau produit une nouvelle œuvre. Il n’est d’ailleurs pas innocent que, dans la suite de l’étude, ce soit « Description d’un tableau », rêverie sur un tableau de Dubuffet, qui apparaît comme le paradigme de l’œuvre. C’est la métamorphose du regard produite par la contemplation du tableau qui va être placée à la source de la création et faire de la poésie, à la suite de la peinture, cet art à la fois magique et réaliste qui fait surgir des apparences usées la fraîcheur du monde de la première fois.
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