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Texte intégral
1Abeille (Albina). L’abeille est le seul insecte qui jouisse de l’estime totale et de l’admiration des hommes. Elle est agréable à Dieu, c’est-à-dire qu’elle est sacrée et la tuer est un péché parce qu’elle produit la cire des cierges qui éclairent les églises. L’homme a besoin de ses productions (cire et miel) à sa naissance, lors de son mariage et à sa mort.
Déjà les sources antiques attestent l’existence de l’abeille en Roumanie. La mythologie de ce pays mentionne surtout les actes préchrétiens de cet insecte qui aida Dieu à créer le monde.
À l'origine. Dieu créa la terre totalement plane. Quand il forma le toit du ciel et voulut le mettre en place, il constata qu’il était trop petit pour recouvrir toute la terre. Il envoya l’abeille chez le hérisson pour lui demander ce qu’il faudrait faire afin que le ciel recouvre toute la terre comme une tente. Le hérisson ne voulut pas confier à l’abeille le secret cosmogonique ; celle-ci ne se contenta pas de ce refus, se cacha derrière la feuille d’un arbre, à proximité, et épia le monologue du sage hérisson qui dit : « Dieu n’a qu’à faire des montagnes et des vallées afin que la terre soit plus petite. » Quand l’abeille s’envola, il réalisa qu’elle était désormais en possession de son secret. Il la maudit, la condamnant à manger toute sa vie ses propres déjections, mais Dieu, très satisfait du service rendu, transforma ainsi la malédiction : les déjections de l’abeille devront aussi profiter aux hommes qui les utiliseront comme nourriture et médicaments. La crotte devint donc miel.
On dit que l’abeille, roum. albina (alb : blanc + suffixe ina), fut blanche à l’origine. Dieu l’envoya demander au diable s’il serait bon qu’il y ait plusieurs soleils. Elle se posa sur la tête du diable, sans que celui-ci s’en rende compte, et perçut ses pensées. Puis elle s’envola vers le ciel, mais le diable la frappa de son fouet et c’est ainsi qu’elle devint noire et étranglée dans le milieu.
Parfois, on explique que l’abeille fut une fille désobéissante que saint Pierre frappa de la foudre, d'où sa couleur.
À l’instigation du serpent, l’abeille demanda à Dieu de faire mourir l’homme qu’elle piquerait. Dieu mit une condition à ce souhait : cela ne se pourrait que lorsque l’abeille aurait récolté un décalitre de miel dans l’année, sinon c’est elle qui périrait après avoir piqué un homme. Et c’est ce qui arrive car aucune abeille ne peut faire tant de miel en un an.
De même que les anciens Égyptiens croyaient que l’abeille était née des larmes de Ra, le dieu du soleil, les Roumains racontent qu’elles sont nées des larmes que la mère de Dieu versa à la mort du Christ.
L’abeille est une jeune fille ; son prétendant, le bourdon, demande sa main à chaque printemps, mais comme elle est très faible à cette époque-là, elle refuse de l’épouser. En automne, par contre, elle l’épouserait bien, mais c’est le bourdon qui ne veut plus parce qu’il est affamé et doit s’approvisionner pour l'hiver. L’abeille est donc chaste et l'apiculteur doit l’être aussi, sinon ses essaims s’en vont ailleurs.
Les abeilles doivent être protégées du mauvais œil. Saint Macavei (Jour de l’ours*) les protège, et là où elles se trouvent, les mauvais esprits n'approchent pas. Afin que le peuple des abeilles soit fort et résistant, il faut le faire sortir de la ruche, au printemps, par une gueule de loup.
Après la mort, l’âme humaine se transforme en abeille. L’apiculteur qui n’a pas vendu mais offert la cire à l’église est, à sa mort, accompagné jusqu’à sa tombe par des essaims.
Dans les contes, l’abeille fait partie des animaux reconnaissants. Lorsqu’elle reçoit l’aide d’un des protagonistes, elle lui donne une aile. Quand celui-ci à son tour a besoin d’aide, il doit prendre l’aile dans la main et les essaims exécutent aussitôt pour lui ce qu’il demande, lui construisent en une nuit une église de cire, par exemple, lui montrent où habite la fée des fleurs ou encore le chemin de l’autre monde.
2Abel. Après avoir été tué par Caïn, son corps s’en fut sur la lune. De sa gorge goutte le sang dans un chaudron sur la terre. Quand celui-ci sera plein et que trois gouttes tomberont sur le sol, ce sera la fin du monde, la terre s’embrasera.
3Abraham (Avraam). La légende biblique d’Abraham, le meilleur des hommes, qui ne mangeait que lorsqu’il avait un hôte et refusa de boire dans le verre de la Mort, a laissé des traces dans les chants funéraires. Le thème légendaire du sacrifice de son propre enfant qui, jeté dans le poêle brûlant se transformant parfois en herbe verte, joue avec des pommes d'or en chantant. remonte au sacrifice d'Isaac par son père.
4Accouchée (Lehuza). Pendant ses couches, la femme possède des forces nuisibles et ne doit avoir aucun contact direct avec la terre. Si elle y marche pieds nus, celle-ci se dessèche. Elle ne doit pas non plus se mirer dans une glace, sinon le diable s’y montre. Il ne faut pas prendre le nouveau-né des mains de la jeune accouchée, mais seulement du lit. Les femmes en couches sont exposées au mauvais œil. Lorsqu’elles quittent la maison pour la première fois après l’accouchement, elles doivent porter un ustensile de fer qui les protège contre le mal. Pendant quarante jours après l’accouchement, il ne faut pas appeler la femme par son nom, afin que les esprits malins ne l’apprennent pas.
5Accouchement (Naşterea). Comme dans maintes traditions attestées sous d’autres cieux. l’accouchement est souvent merveilleux. Sont attestés celui par le mollet (Naşterea din pulpă) – un vieil homme reçoit de la Sainte Vierge une pomme, un vendredi, et il la mange ; une fille naît de son mollet, qu’un aigle emporte dans son nid –, et par la pierre (Naşterea din piatrâ) – un jeune homme passant près d’une pierre entend une voix de femme lui demandant de l’épouser ; il acquiesce et une femme d’une merveilleuse beauté sort de la pierre. On retrouve ce motif à propos de la naissance du Christ : la Sainte Vierge s’agenouilla devant une pierre afin que son fils en naquît.
6Adam le vieux (Adam bătrânul). La mythologie roumaine connaît plusieurs traditions touchant à la création du premier homme, Adam.
1. Dieu envoya quatre anges aux quatre cornes du monde afin que chacun lui ramène une lettre. Le nom du premier homme fut donc composé de quatre lettres : A-D-A-M qui, en hébreu, signifient Levant, Couchant, Minuit et Midi.
2. Une tradition byzantine commune dit qu’Adam fut créé de quatre éléments (feu, eau. air, terre) ou de huit ; son corps fut fait de limon, les os, de pierres, le sang, de la rosée, les yeux, de la mer, la force, du vent, l’âme, de l’Esprit saint, la beauté, du soleil, la pensée, de la rapidité des anges.
3. Comme chez d’autres peuples d’Europe orientale, Adam est présenté comme une créature de Dieu et du démon. Le diable le fit d’argile et, au moyen d’un chalumeau, lui insuffla toute sa force pour l’animer. Ses efforts furent vains car l’âme insufflée sortait du corps argileux. Il demanda alors à Dieu de faire vivre cet homme, ce que fit celui-ci. Un peu du souffle du diable resta dans le corps d’Adam, c’est ainsi que s’expliquent les actes malins de l’homme.
Même les faiblesses physiques du corps humain sont l’œuvre du diable.
Quand Dieu créa Adam à partir du limon, le diable s’irrita tellement de sa beauté que, pour se venger, il cracha sur l’homme. Dieu voulut amoindrir les conséquences et retourna le corps humain, plaçant l’extérieur à l’intérieur. C’est ainsi que s’explique la saleté interne de l’homme qui est aussi la cause de maintes maladies. Le motif du crachat du diable est commun aux traditions slaves, lettones et finno-ougriennes.
4. Dès l’aube du monde, Adam signa un écrit (zapis) qui autorisait le diable à s’emparer de toutes les âmes pécheresses. Le diable cacha ce document sous une pierre du Jourdain (ou en enfer), mais Jésus plongea trois cierges dans ce fleuve lors de son baptême et l’écrit fut brûlé.
5. Selon une ballade populaire (Soleil* et Lune*), Adam habitait le ciel avec son épouse. Un jeune homme vint lui demander s’il pouvait prendre sa sœur pour femme. Le vieil Adam prit son petit-fils par la main et lui montra le paradis et toutes ses beautés, puis l’enfer et toutes ses horreurs, et il le plaça devant le choix : s’il épousait sa sœur, il irait en enfer ; si, au contraire, il y renonçait, il gagnerait le paradis.
6. Tous les hommes possèdent une pomme d’Adam. C’est la pomme qu’Ève plaça de force dans la bouche d’Adam et qui resta coincée à mi-chemin.
7Afin et Dafin (Afin şi Dafin). Ce sont les Dioscures du folklore roumain. Dans leur destin se retrouvent des traits de l’épopée en ancien français, Amis et Amilé.
Une impératrice reçut d’un Arabe des plantes merveilleuses dont l’ingestion rendait enceinte. Sa cuisinière en goûta et les deux femmes furent grosses et eurent des fils merveilleux appelés Afin et Dafin. L’empereur devant partir en guerre interdit à son fils d’entrer dans une certaine pièce, mais à peine était-il parti que celui-ci s’y rendit. Il y trouva un télescope à l’aide duquel il aperçut un palais d'or où vivait la belle Chiralina*. Afin et Dafin partirent à la recherche du lointain palais et arrivèrent à la demeure du vent de printemps. Alors qu’Afin et Dafin se dissimulaient sous les ailes d'un oiseau, le vent narra à sa mère comment on pouvait atteindre le palais de Chiralina et qu’elle était le destin de celle-ci. Mais qui le raconterait, serait pétrifié.
Afin entendit tout et fit ce qu’il fallait sans transgresser l’interdit de parler. 11 fabriqua un cerf d’or où se dissimula Dafin. La princesse souhaita avoir le cerf dans sa chambre. La nuit, Dafin quitta sa cachette et passa d’heureuses heures avec la princesse. Finalement, tous deux s’enfuirent pour le royaume de Dafin et se marièrent.
Un jour, Chiralina acheta deux chemises très fines, les enfila et aussitôt fut saisie d'une maladie mortelle. Afin était le seul à détenir le secret, mais ne pouvait le divulguer à quiconque. Il entra donc une nuit dans l’appartement de Chiralina, arrosa les chemises des larmes d’une tourterelle et permit ainsi sa guérison.
Les veilleurs racontèrent à Dafin qu’Afin rendait nuitamment visite à son épouse. Sommé de se justifier. Afin rompit le tabou, sachant bien qu’il serait pétrifié. Dafin et Chiralina regrettèrent leur manque de confiance en lui et placèrent son corps de pierre dans leur chambre. Ayant eu un fils, ils firent tous deux le même rêve : il ne pourrait délivrer l’ami pétrifié qu’avec le sang de leur enfant. Le cœur lourd, les parents décidèrent de le sacrifier et Afin reprit vie. Mais quand Afin apprit le sacrifice consenti par ses amis, il s’entailla le doigt, fit goutter le sang sur l’enfant mort, et celui-ci ressuscita.
8Agănăul. Danse exécutée par un jeune garçon et une jeune fille le jeudi saint ou par deux jeunes gens le jour de la fête des aïeux* (Moşi), six jours de rang.
9Âges, les trois âges de Jésus-Christ (Trei vârste ale lui Isus). Noël* (le futur Père Noël) envoie ses trois serviteurs dans l’écurie les uns après les autres voir si les hôtes qui s’y trouvent ne sont pas morts de froid. Le premier voit un bébé, le second un garçon avec un soupçon de moustache, le troisième un homme dont les cheveux commencent à grisonner.
10Aghemant. Roi du Pays des Diamants, situé sous terre, et roi des dragons. Sa fille, Sclipicioasa, est libérée et épousée par Agheran le Brave*.
11Agheran le brave (Agheran Viteazul). Celui que le conte merveilleux français connaît sous le nom de Jean de l’Ours est, dans le folklore roumain, appelé Agheran le Brave ou encore Tei-Legănat, Dunăre-Voinicul, Petre, Vişan, etc. Ces héros naissent d’une vache ou d’un mouton, ou encore, comme Tei-Legănat, d’une bûche de tilleul bercée si longtemps par une femme stérile qu’elle se transforme en enfant. Dans le cas d'une naissance normale, c’est Dieu lui-même qui baptise le nouveau-né.
S’étant lié d’amitié avec deux géants, Agheran se rend dans le monde souterrain, tue le dragon et délivre les trois filles de l’empereur que le dragon avait capturées et détenait prisonnières. Agheran est ramené par un aigle qu’il nourrit de plusieurs bœufs et même de morceaux de sa propre chair (hanche, pied, aisselle). Revenu dans le monde blanc, c’est-à-dire sur terre, il épouse Sclipicioasa, l’une des trois filles de l’empereur.
12Aghiută. C’est la main droite du diable suprême ; elle aide les sorcières à dérober le lait des vaches d’autrui.
13Agile de la terre (AgeruI Pământului). Personnage enfermé dans un chaudron par sept ou neuf dragons. Libéré par le plus jeune des trois fils de l'empereur, auquel les aînés ont broyé les pieds, l’Agile de la Terre aide son bienfaiteur à chasser et, à l’aide d’une plante merveilleuse, guérit ses jambes.
14Agneau / Agnelle (Mioara). L’agneau est un animal sacré parce qu’il plaît à Dieu et qu'il est aussi doux que le rédempteur, ce qui est confirmé par le fait que le diable ne peut pas se métamorphoser en agneau. On l’immole à Pâques. Dans les contes, Dieu et saint Pierre rendent visite à un pâtre qui, en leur honneur, sacrifie son unique agnelle. Les visiteurs le remercient avec une agnelle voyante à la laine d’or.
En Roumanie septentrionale on croit que si un pâtre récite dans sa hutte chaque soir un conte différent du 14 octobre jusqu’à la première naissance d’un agneau, soit environ cent contes, il reçoit alors un agneau merveilleux. Il peut obtenir la même chose si, durant la même période, il récite avec ferveur tous les matins et tous les soirs la prière intitulée Histoire de la Sainte Vierge. L’agneau merveilleux possède la faculté de prédire le destin de son maître durant la nuit de Noël ou de Pâques, lorsque s’ouvrent les cieux.
Dans les chants profanes de Noël, on trouve une agnelle qui supplie son maître de ne pas vendre le troupeau mais de le garder une année de plus, et elle lui promet un agneau à Pâques, un beau fromage à l’Ascension et beaucoup de laine à la Pentecôte.
15Agnelle voyante (Mioara năzdrăvană, Mioriţa). La ballade populaire la plus souvent étudiée, La Petite Brebis (Mioriţa), parle d’une agnelle ayant le don de seconde vue ; elle apprend à son maître que sept ou neuf de ses confrères veulent le tuer au crépuscule parce qu’il possède les plus beaux moutons et les meilleurs chiens et chevaux. Le pâtre l’écoute et fait son testament : il ne veut pas être enterré au cimetière mais dans la bergerie afin qu’il puisse rester à jamais auprès de ses moutons ; ceux-ci ne doivent pas apprendre qu’il a été occis mais qu’il a épousé une princesse et que, durant la noce, une étoile tomba du ciel, que soleil et lune lui servirent de témoins, que les sapins et les frênes furent ses invités, les montagnes les prêtres, les oiseaux, les musiciens et les étoiles, les cierges des noces. C’est aussi ce qu’on doit raconter à sa mère, sauf le fait qu’une étoile est tombée du ciel durant la noce.
Le testament qui transforme la mort en un mariage cosmique est tenu pour le plus ancien motif du texte et il a amené des interprétations contradictoires :
- certains y ont vu l’expression de la résignation, et même une joie de mourir, et l’ont rapportée à tout le peuple : les Roumains seraient un peuple acceptant son destin et même, peut-être, un peuple prisant la mort ;
- d’autres sont d’avis que le pâtre exprime sa joie et sa volonté de vivre en souhaitant une existence posthume au milieu de ses moutons ;
- l’opposition entre optimisme et pessimisme est considérée par d'autres comme saugrenue car on ne peut combattre le destin prédit par l’agnelle comme on le ferait pour un ennemi. Le pâtre n’a d’autre solution que de changer la signification de l’événement ; en présentant la mort comme une noce, il triomphe de son destin ;
- d’autres érudits voient l’opposition du jeune pâtre – surtout dans les versions transylvaniennes considérées comme les plus anciennes – dans le fait qu’il ne choisit pas entre les deux formes de trépas proposées (être poignardé ou tué d’un coup de feu), mais en choisit une autre, à savoir être décapité, une mort qui est réservée aux innocents.
16Le motif – représenter le trépas comme une noce avec une princesse – apparaît aussi dans certaines rédactions de la Chanson de Roland (rédactions V4 et V7) – celles de Cambridge, de Paris, de Lyon et de Châteauroux - où Charlemagne rapporte de Roncevaux à Blaye les corps de Roland, Olivier et Turpin, et envoie chercher Aude sous le prétexte qu’il désirerait la marier avec Roland. Aude s’enquiert de Roland qu’elle doit épouser, et l’empereur répond ainsi : « Il m’a quitté en mai et a épousé Fille Florent, l’enfant du roi du Val Dormant (ou encore Valsorie, Valserie) », pays imaginaire ou plutôt pays des morts. On relèvera cette coïncidence stupéfiante entre une épopée médiévale française et une ballade populaire roumaine.
17Le texte de cette ballade, mis par écrit pour la première fois au xixe siècle, est aujourd’hui connu sous mille cinq cents variantes et reste pour la culture roumaine de la plus grande importance. Il contient des rites mortuaires très anciens qui semblent éclairer la religion des Daces et des Proto-Roumains. En outre, Mioriţa passe pour un chef-d’œuvre de la littérature de ce pays, un texte que les analphabètes aussi bien que les lettrés ont recueilli avec une grande passion. Jules Michelet qualifiait Mioriţa de « chose sainte et touchante à fendre le cœur » ; pour Leo Spitzer c’est « un poème total de la douceur universelle », et pour Lorenzo Renzi « un joyau romantique populaire » (un gioello romantico popolare).
18Aïeux (Moşii). Ce terme désigne aussi bien des dates que des objets offerts aux morts. Les Aïeux jouent un très grand rôle dans le calendrier roumain et ont lieu à Noël*, en hiver, début mars, pendant le carême, avant Pâques, à Pâques* et à la Pentecôte*, l’Ascension* ainsi qu’aux fêtes des saints Pierre*, Élie*, Dumitru, sainte Marie* et de la Sainte-Croix. Selon les saisons, on offre aux pauvres, ainsi qu’aux voisins, riches ou pauvres, du porc, des saucisses, du froment cuit, des gâteaux, du lait, du fromage, des haricots, du miel, des fruits secs, du vin et de la bière avec les couverts correspondants. Certains leur offrent des vêtements, des poules voire une vachette. Sans oublier un cierge. Ces offrandes doivent de toutes les façons profiter aux morts qui visitent la demeure plusieurs fois par an. Le samedi avant la Pentecôte (samedi des Aïeux), ils soupent même, c’est donc l’un des jours les plus importants pour eux.
19Aigle impérial (Pajura, Vulturul). Une version raconte qu’une mère maudit ses enfants qui mangent le pain encore en pâte, et les condamne à être aigles impériaux. Une autre qu’une princesse enlevée et transportée dans l’autre monde boit l’eau d’une source merveilleuse et se transforme en aigle impérial. Cet oiseau ne vieillit jamais parce qu’il se baigne tous les trente ans dans les eaux du Jourdain*. Selon une autre version encore, l’aigle impérial ne voulut pas entrer dans l’arche de Noé* parce qu’il savait qu’il était capable de nager quarante jours de suite mais il oublia de compter les nuits et se noya.
L'aigle impérial peut être comparé au soleil par certaines de ses fonctions : il sait et voit tout, mais son rôle principal est celui d’un oiseau qui peut franchir la frontière entre l’ici-bas et l’au-delà.
Parfois, il est présenté comme une femme qui conçoit des enfants d’un drac ou d’un homme. Dans sa maison se réfugie une fillette fuyant son frère qui veut l’épouser ; elle se lie d’amitié avec la fille de l’aigle impérial, et toutes deux échappent à un dragon et à l’aigle impérial, mais se noient dans une fontaine. De leurs corps naissent deux érables à feuilles d’aubier ; un porcher en fait deux flûtes qui narrent le sort des deux fillettes.
– Un jour, l’aigle impérial ravit une princesse et l’emporte dans son nid au faîte d’un arbre touchant au ciel, mais Cenuşotcă la délivre et l’épouse.
– L’aigle impérial avait englouti le jeune homme qui avait défendu ses petits contre un dragon, puis l’avait relâché et ramené de l’autre monde dans le nôtre après l’avoir approvisionné largement d’eau et de viande et même lui avoir donné de sa propre chair, tirée de ses pattes ou de ses aisselles.
– L’aigle impérial a aussi pour fonction de s’occuper des orphelins jusqu’à leur majorité. Il procure à ses bienfaiteurs des objets merveilleux qui exaucent tous les souhaits. Plusieurs aigles impériaux apportent ainsi à Ileana Cosânzeana de la farine d’un moulin inaccessible autrement.
– L’aigle impérial est enfin le seul oiseau pouvant s’élever jusqu’aux tourbillons* de vent, et c’est de là qu’il a ramené la rage sur terre.
20Ail, (Aiul, Usturoiul). Plante très efficace contre les sorcières. Si quelqu’un n’en mange pas, c’est le signe que c’est un sorcier. On en mange quand les sorcières sont le plus actives, à la vigile de saint André* et de saint Georges* par exemple, afin de contrecarrer leurs maléfices. Pour les mêmes raisons, les hommes enduisent d’ail leurs épaules, leur poitrine et leurs genoux. On enduit aussi les cornes des animaux et leurs pis, ainsi que les portes, les fenêtres et les broyeurs de lin. Comme amulette, l'ail éloigne les fantômes. Placé dans le berceau d’un enfant, il empêche son enlèvement par la mauvaise Mère de la Forêt*. On l’utilise aussi contre des maladies comme l’épilepsie et la peste, réputées envoyées par les morts.
Afin que les défunts ne deviennent pas des revenants* (strigoi), on dépose des gousses d’ail dans leur cercueil, dans leur bouche, leur nez et leurs oreilles. On transperce le corps du trépassé soupçonné d’être un revenant avec un pieu enduit d’ail.
Le vendredi, il ne faut pas manger d’ail car les anges, qui vont communier au ciel le samedi, pourraient s’en offusquer. Qui tue un serpent à la Saint-Georges et met une gousse d’ail dans sa gueule, est capable d’identifier les sorcières et les magiciens.
21Alcool (Alcoolul). Autrefois les hommes buvaient du vin sans perdre la tête, mais depuis que le diable a lâché un vent dans le tonneau, les hommes sont ivres.
22Aleodor l’empereur (Aleodor împărat). Sur son lit de mort, un roi dit à son fils Aleodor qu’en aucun cas il ne devrait chasser sur les terres d’un demi-homme qui chevauche sans cesse un demi-lièvre. Aleodor passa outre l’interdiction et fut pris par le demi-homme qui exigea de lui, en contrepartie, qu’il lui ramène pour femme la fille de l’Empereur Vert. Chemin faisant, Aleodor aide un brochet, un corbeau et un taon en danger. Il reçoit une écaille du premier, une plume du second et un duvet du troisième, objets qui l’aideront dans les difficultés. L'Empereur Vert lui promet sa fille s’il réussit à se cacher trois jours de suite sans que celle-ci puisse le trouver, sinon on lui tranchera la tête et on la plantera sur le seul des cent pieux restant encore libre. Les animaux aident alors Aleodor. Le brochet le métamorphose en une brème et le cache au fond de la mer, mais la princesse le découvre au moyen d’une lunette merveilleuse. Le corbeau le transforme en son petit et l’enlève jusqu’au vent des cimes, mais là aussi elle le découvre. Le taon le change en une lente et le cache dans la natte de la princesse, où celle-ci ne peut le trouver. Aleodor obtient donc la princesse et se rend avec elle chez le demi-homme. Toutefois, elle refuse d’épouser le monstre qui meurt de rage. Aleodor épouse la princesse et son royaume englobe maintenant celui du demi-homme.
23Alexandre, Roman d'A. (Alexandria). La geste du Macédonien a fourni une certain nombre de motifs au folklore, par exemple : le château construit entre ciel et terre, une corde faite de sable, le cheval merveilleux Ducipal (Bucéphale*), les Bienheureux* (Blajinii). Le roman influença aussi la toponymie – les Gorges de Tourda conservent encore la marque des sabots de Ducipal –, l’onomastique et les arts plastiques. Le Roman d'Alexandre fut extrêmement populaire et, en 1790, parut à Bucarest l’édition illustrée par Nastase Negrule, qui eut une large diffusion et contribua à populariser maints thèmes et motifs merveilleux.
24Alexandre le Grand (Alexandra cel Mare ; Alexandru Macedoneanul). Fils d’une reine et d’un astronome qui retint sa naissance jusqu’à l’heure favorable, Alexandre tue son père sans savoir qui il est, et fait la guerre au monde entier. Lors de ses expéditions dans maints pays, il rencontre des animaux et des monstres étranges comme les anthropophages cynocéphales*, des fourmis gigantesques et mangeuses d'hommes, des gens à tête humaine et corps de cheval, etc. Il atteint la frontière du paradis, mais des anges lui conseillent de ne pas la franchir et de boire de l’eau de la source de vie afin d’être éternel. Par mégarde, son cheval boit de cette eau et Alexandre celle d'une autre source. Avec l’aide d’un démon, Alexandre visite l’enfer où il voit son beau-père, Darius, l’empereur de Perse, dévoré par un monstre, mais dont les parties mangées ne cessent de repousser...
Les soldats d’Alexandre veulent épouser des jeunes filles d'un pays conquis, mais l’empereur s’y oppose et retourne en Macédoine avec toute son armée, où son premier conseiller l’empoisonne. Son cheval merveilleux le venge puis disparaît. Il ne reviendra qu’à la fin du monde, comme Bayard, le destrier des Quatre Fils Aymon.
25Alexie / Alexiu. Homme de Dieu fêté le 17 mars. Ce jour-là, tous les reptiles se mettent à vivre car il est le patron des serpents*. Sa fête est liée à des interdictions de travailler, notamment à l’aide d’objets pointus comme les clous, alênes, fourches, etc. Il est également défendu de prononcer le mot « serpent », sinon on sera persécuté par les reptiles toute l’année. Durant tout le mois de mars, le vocable « serpent » est remplacé par « poisson, vermine, ceinture » ou « Vasile ». Le crapaud doit lui aussi être nommé par une métaphore comme « les dames, les seigneurs, les juments », etc. Le 17 mai, on balaie autour des maisons et des parcs à brebis et on brûle les balayures afin que la vermine ne puisse s’approcher de ces lieux.
26Aliments rituels (Alimente rituale) : voir Aïeux* (Moşii), Apaos*, Ascension du Seigneur*, Pantelimon*.
27Alimori (voir latin ad lemures). À diverses dates de janvier, février ou mars, les Roumains allument une roue entourée de paille et la font descendre d’une colline. Dans le Banat, ce rite est accompagné du cri : « Alimori. » Cette cérémonie est destinée aux morts mais on y incite également les jeunes gens à se marier.
28Alimoş Toma. C’est l’un des héros les plus importants des ballades populaires. Il se trouve sous les trois ormes qui jaillissent d’un seul tronc. Il a attaché son cheval à un piquet et étend le caparaçon pour manger, mais aucun homme n’est présent pour trinquer avec lui. Alimoş aimerait bien trinquer avec ses armes ou avec son cheval, mais les premières sont de fer froid et le second ne peut lui répondre. Il se décide alors à trinquer avec les ormes qui lui répondent en s’inclinant.
Au bon moment surgit Manea, le riche propriétaire terrien, qui affirme qu’Alimoş lui a causé du tort. Par traîtrise, il éventre Alimoş et s’enfuit à cheval. Alimoş remet ses entrailles dans son ventre et le poursuit, le décapite et revient aux trois ormes où il commande à son cheval de l’enterrer sous les arbres puis de se rendre auprès de l'armée, dans laquelle son frère est soldat, pour se mettre à son service. Le cheval fait ce que souhaite son maître.
Alimoş incarne l’héroïsme. Très aimé de sa monture et de la nature, il se comporte comme il se doit et conformément aux coutumes du pays, il est aimable et toujours prêt à combattre pour le droit. La scène des entrailles rappelle la complainte française du Roi Renaut, le cheval, Bayard de l’épopée et du roman populaire Les Quatre Fils Aymon.
29Alisei, saint (Sf. Alisei). Fêté le 14 juin, il protège de la cécité.
30Alouette (Ciocârlia). Elle est le symbole de l’échec en amour. L’alouette, fille d’un empereur, s’éprit du jeune homme soleil* (Soarele) et gagna ses palais. Soare lui aussi tomba amoureux d’elle, mais sa mère jeta sur Ciorcârlia une malédiction : elle la transforma en un oiseau (pasăre, féminin) qui s’élance chaque jour vers le soleil mais retombe sur terre sans avoir pu atteindre le jeune Soare. Selon d’autres récits, Ciocârlia en est empêchée par le vent des cimes parce que celui-ci a un fils qui s’est amouraché d'elle et qu’elle n’a pas voulu l’épouser puisqu’elle aime Soare.
On dit encore que Ciocârlia et Soare ont été frère et sœur, orphelins, et que saint Pierre a métamorphosé l’une en alouette et l’autre en jeune soleil. Les tentatives incessantes de la sœur pour rejoindre son frère échouent chaque fois.
L’alouette apporta de l’eau à Jésus quand celui-ci était sur la croix et, en récompense, elle reçut sa merveilleuse voix.
Un jour l’alouette et la taupe labourèrent, mais leurs bœufs disparurent durant la nuit et, depuis, l’alouette les cherche au-dessus de la terre et la taupe sous le sol.
L’alouette est l’oiseau des labours et l’horloge des paysans. Son chant sonne le début des travaux agricoles. Le 1er juin, elle mange l’orge de la nouvelle récolte et après ne gazouille plus.
31Aman l’ogre (Aman Cătcăun). Géant dont la force se situait à l’extérieur du corps, dans une truie qui se roulait toute la journée dans la fange. En elle se trouvait un rat et, dans celui-ci, deux scarabées. Le jeune Lucer réussit à tuer la truie, le rat et les scarabées et donc à occire Aman.
Le folklore européen connaît d’autres contes selon lesquels c’est la vie d’un individu plus ou moins mythique qui se trouve dans des animaux ou dans des objets. Ce thème est bien attesté dans le folklore universel et les folkloristes le nomment external soul.
32Amazone (Amazoana). Les contes populaires présentent des femmes ayant un caractère masculin. La troisième fille d’un empereur sans fils vainc ainsi un loup, un lion et un dragon, puis dérobe les fonts baptismaux d’au-delà du Jourdain*. Par suite d’une malédiction elle est changée en un magnifique jeune homme dont s’éprend Ileana Simziana et ils se marient.
33Amour et Psyché (Amor şi Psiche). Un empereur avait trois filles. Les deux premières épousèrent des princes. Un jeune porc demanda la main de la dernière et l’obtint après avoir bâti un pont en fer, un autre en argent et un dernier en or. Dans l’obscurité nocturne, tous deux sont heureux sans que l’épouse sache que son mari quitte sa peau d’animal la nuit et se transforme en homme d’une merveilleuse beauté. Sur les conseils de sa famille, elle découvre ce secret et brûle la peau afin que son mari reste beau aussi durant la journée. Son époux, pour la punir, disparaît après avoir prononcé une terrible malédiction : elle devra parcourir le monde entier avec des souliers de fer et ne pas mettre d’enfant au monde jusqu’à ce qu’elle l’ait retrouvé et qu’il ait posé sa main sur sa taille. Après bien des tribulations, elle le retrouve mais il s’est remarié. Elle achète trois nuits à sa seconde femme pour dormir avec lui. La troisième nuit, il pose sa main sur sa taille et elle accouche aussitôt d’un enfant extraordinaire.
On raconte les mêmes péripéties en intervertissant parfois les rôles : la femme apparaît alors comme animal ; découverte, elle quitte son époux qui se lance à sa recherche. Cette légende ouvre d’intéressantes perspectives sur l’arrière-plan mythique des légendes mélusiniennes ainsi que sur le devenir des traditions de l’Antiquité classique, ici du conte bien connu d’Apulée L'Âne d’or.
34Amvrozie, saint (Sf. Amvrozie). Un berger sauve un diable un peu spécial sur le point d’être dévoré par un loup. Ce diable se révèle être saint Amvrozie. Il manifeste sa reconnaissance en sauvant le berger capturé par les Tatares : chevauchant sa queue, celui-ci regagne sa demeure après avoir traversé les profondeurs de la mer.
35An : le Nouvel An, l’année passée (Anul nou / vechi). Il s’agit d’un personnage mythique. Le Nouvel An « arrive », l’Année passée est enterrée sous la forme d’une tête de cheval ou de bœuf et sous la sonnerie des cloches. Outre Noël, le Nouvel An est le moment où s’ouvrent les cieux et où s’installe un lien spirituel entre Dieu et les hommes. Les animaux (bœufs) parlent entre eux et prédisent le sort de leur propriétaire au cours de l’an neuf. La nuit de la Saint-Sylvestre et le 1er janvier sont les meilleurs moments pour influencer magiquement les événements de la nouvelle année. Certains rites doivent provoquer le bonheur de l’individu, d’autres celui de la communauté (fertilité des champs ensemencés), d’autres enfin doivent prédire le temps qu’il fera. Parmi ces rites : la charrue*, l’ensemencement*, colinde* (chants profanes), Sorcova (un bâton orné de fleurs de pommiers ou artificielles), Vasilca* (une tête de porc couronnée portée sur une tablette), différents masques d’animaux : l’ours*, le cerf*, ainsi que la Boriţa* (Brezaia, Turca), aussi bien « l’étoile » ou le « Jeu d’Hérode ». Les acteurs sont de petits enfants, des jeunes ou des adultes qui expriment leurs bons vœux à leurs hôtes ou créent une agréable ambiance, tout cela représentant un bon présage pour l’année qui s’ouvre. Pour leurs vœux ils reçoivent de l’argent ou de la nourriture avec laquelle, le 2 janvier, ils restaurent la communauté afin que rien de semblable ne manque de toute l’année. On échange aussi des cadeaux. On menace les arbres fruitiers : « Si vous ne portez pas de fruits cette année, vous serez abattus ! » La première nuit de l’année, les trésors* enterrés jettent des flammes (comme en Scandinavie) ; les hommes montent la garde pour découvrir où les trouver. Les filles cherchent à savoir si elles se marieront et avec qui. Divers jeux ont lieu visant à apprendre quel temps il fera ou qui trépassera cette année-là. Entre Noël et les Rois, les âmes en peine quittent leurs tombes et errent. Comme elles ne veulent pas y retourner, on les y chasse.
36An (Anul). L’année mythique dure trois jours, si bien que les héros des contes grandissent en un jour autant que les autres en un an.
37Anadan. Il représente en Roumanie le type de l’élève manquant de reconnaissance. Orphelin, Anadan est adopté par son oncle, le sage Archirie*, qui lui fait partager toute sa science et lui transmet sa place à la cour de Sinagrip, empereur du Pays de la Nostalgie. Anadan tente en vain de tuer son oncle et maître.
38Andilandi. C’est le nom d’un oiseau merveilleux. À l’origine la fille d'un empereur qui tomba amoureuse de son frère. Elle fut métamorphosée en un oiseau au chant supérieur à toute la musique du monde et douée de la faculté de prédire le destin des hommes.
39André, saint (Sf. Andrei). Il est fêté le 30 novembre ou le 1er décembre. C’est lui qui « coud » le fleuve, c’est-à-dire le gèle, ce qui marque le début de l’hiver. C’est le maître des loups auxquels il distribue de la nourriture. On le fête afin que les loups épargnent bêtes et hommes. Ce jour-là, on ne travaille pas, il est même interdit de se peigner les cheveux, de coudre, de prêter quelque chose de la maison (du feu par exemple), de faire l’aumône, de sortir les ordures de la maison. La veille de la Saint-André, on ne dort pas car il est aussi le maître des fantômes et des vampires et parcourt la nuit avec eux. On enduit donc d’ail en forme de croix toutes les ouvertures de la maison. Le soir, les hommes mangent de l’ail afin d’être épargnés par les loups, les fantômes et les vampires. Il faut aussi cacher les broyeurs de lin afin que les fantômes ne puissent les trouver et s’en servir pour se battre ; on serre les affinoirs à lin afin que les loups ne puissent ouvrir la gueule (magie sympathique).
La nuit de la Saint-André, jeunes gens et jeunes filles fêtent « la garde de l’ail », pour éviter que les fantômes ne le dérobent. Simultanément, les jeunes filles cherchent à savoir si elles se marieront et si leur futur est riche ou pauvre.
On dit aussi qu'un ange appelé André servit de rameur à Dieu à l’aube du monde. Son aviron lui tomba des mains, il plongea pour le retrouver et, pendant ce temps, Dieu prit un peu de limon qui s’était formé à l'extérieur de la barque et en fit la terre qu’André porte sur son dos depuis ce temps-là, ce qui évoque aussi la légende d’Atlas.
40Âne (Măgar). Dieu aime cet animal, aussi un diable ne peut-il pas prendre cette forme, ni nuire à quiconque se trouve proche d’un âne. Cet animal ne peut être déchiqueté par les bêtes sauvages, il a porté la Vierge et Jésus en Égypte. On dit que Dieu donne au pauvre un âne qui chie de l’or. En outre l’animal est censé avoir caché dans son ventre une femme poursuivie par un père incestueux.
Les représentations négatives de l’âne ne manquent pas. À l’origine, il s’agissait d’un poulain tout à fait normal qui courait aux côté d’un cheval ; Dieu voulut les dépasser et demanda qu’on lui fît place ; le cheval s écarta, mais pas le poulain qui fit comme s’il n’avait pas entendu la prière de Dieu. C’est depuis ce temps qu’il a de longues oreilles et est devenu âne.
Pour guérir la « toux asinière » (coqueluche), le malade doit boire le lait d'une ânesse où être enfumé par du fumier d’âne.
41Ange (Înger). À l’aube du monde, Dieu créa deux anges, Michel et Satanail, puis leur donna un livre pour qu’ils s’instruisent. Satanail se crut plus avisé et voulut s’asseoir en face de Dieu, mais celui-ci le transforma en un tzigane lippu et le précipita au fond des flots. Le livre désormais conservé par Michel se métamorphosa en un oiseau dont les œufs donnèrent naissance à d’autres anges. Satanail vit cela et se transforma aussi en oiseau, en une cigogne, mais des œufs de celle-ci sortit du tabac.
Les anges disent la messe nocturne dans les cieux et chassent tous les esprits malins de la terre ; quand ils ont fini, les coqs chantent. Chaque homme a son ange parce que Jésus-Christ a souhaité qu’il en soit ainsi, et depuis l'ange protège l’homme du démon.
La discorde règne parfois chez les anges. Un jour, le char de feu de saint Élie* se cassa et les anges refusèrent de l’aider à le réparer, aussi furent-ils transformés en lucanes.
Un jour, Dieu* emmena avec lui quelques anges sur terre. En revenant, Dieu leur demanda ce qui leur avait bien plu. Les uns dirent que c’étaient les belles églises, les autres les forêts ou les plantes, mais l’un resta coi. À la demande de Dieu, il expliqua qu’il était tombé amoureux d’une bergère et lui avait dit qu’il donnerait sa vie d’ange pour ses yeux bleus. Dieu ne voulut pas le punir mais, tout en cheminant, il se dit que ces anges, qui avaient vu tant de choses, allaient sans doute tout raconter aux autres dans le ciel et provoquer leur désir de visiter la terre. Il décida donc de changer ses compagnons en étoiles. Tous ornèrent le ciel et éclairèrent un peu la terre, seul l'ange amoureux ne produisit pas de vraie lumière, clignotant simplement. Dieu l'ôta du ciel et le jeta sur terre, là où se tenait la bergère. Mais ce fut un malheur pour lui car il se brisa en mille étincelles d’où naquirent les hannetons.
Les anges se tiennent toujours sur l’épaule droite de l’homme, le diable sur l’épaule gauche, et ils l’accompagnent partout, sauf à l’auberge. Ils évitent aussi la femme en couches qui a mangé les baies de l’aubépine. Les anges jouent parfois le rôle des déesses du destin, prédisant à une fillette nouveau-née que l'épousera l'homme auquel ses parents ont accordé l'hospitalité la nuit de sa naissance.
Les anges et les diables se disputent pour savoir qui aura le plus d’âmes. Un jour, l'ange d un mort endetté entra au service du débiteur jusqu’à ce que la créance fût éteinte, puis il regagna le ciel.
42Anghina, sainte (SJ. Anghina). Cette sainte apparaît dans les maisons où vivent des enfants. Pour l’apaiser et afin qu’elle ne fasse pas de mal aux petits, il faut les prendre dans ses bras, les réchauffer et les nourrir.
43Anne, sainte (Sf. Ana). Elle est fêtée deux fois l’an, le 9 décembre pour se protéger des maladies, et le 25 juillet (dormition de sainte Anne) date à laquelle on court le risque de succomber au sommeil éternel. On suppose que la légende de sainte Anne s’est superposé au mythe italique d’Anna Perenna. Les Roumains connaissent aussi une fée de ce nom, dernier avatar du mythe ancien.
44Annonciation (Blagoveşnicul). Ce jour-là, le 25 mars, est célébré pour se protéger des maladies et des coups. Les paysans allument des feux avant l’aube dans leurs jardins pour annoncer le printemps et afin que les arbres portent des fruits.
45Antanasii, les (Antanasiile). Le nom de ces jours de fête est formé par contamination entre saint Antoine et saint Tãnase, invoqués les 16 et 17 janvier contre le vertige et des maladies infantiles comme le « feu Saint-Antoine ».
46Antéchrist (Anticrist, Antihârţ). Fils d’une femme monstrueuse, il a, dès trois ans, une barbe aussi grande que celle d’un adulte. En vertu d’un contrat que Dieu passa à l’aube des temps, il régnera sur terre les trente dernières années précédant la fin du monde. Alors il n’y aura plus d’eau. L’Antéchrist parcourra le monde avec un chaudron plein d’eau ou d’urine afin de gagner autant d’âmes que possible. En effet, celui qui répondra à son offre de boire perdra son âme. Il ordonnera aux hommes d’édifier des ponts cloutés et d'y marcher pieds nus. Il finira par affronter saint Élie et, au moment où il le blessera ou le décapitera et que son sang se répandra sur la terre, le monde entier s’embrasera.
47Antipa, saint (Sf. Antipa). Fêté le 11 avril, il guérit les maux de dent.
48Antofiţă, fils de Vioară (Antofiţă al lui Vioară). N’ayant pas eu de succès en pêchant aux lieux habituels, Antofiţă part, contre l’avis de son père Vioară, grand chef des pêcheurs, pour la Mer Profonde. La profondeur de cette mer est égale à la distance qui sépare le ciel de la terre. Il veut capturer un grand poisson afin de pouvoir fêter ses noces, construire sa maison avec les arêtes, la couvrir avec les écailles et la peindre avec le sang. Mais il n’attrape que le jeune fils de Vidra (Loutre*), l’impératrice de la Mer Profonde. Furieux de son échec, il se venge sur le jeune poisson. Pour le délivrer, Vidra lui promet une bonne pêche. Antofiţă relâche son prisonnier, et Vidra envoie tant de poissons dans ses filets et dans ceux de ses pêcheurs que tous se noient sous le poids des rets, sauf Antofiţă qui gagne une prairie ayant poussée sur la mer. Vidra le punit en lui donnant un coup de queue dans les yeux, ce qui l’aveugle. Le vacher ou le porcher de Vioară trouve Antofiţă et le ramène chez lui. Le père condamne son fils pour sa désobéissance : il devra se marier neuf fois, avoir neuf fils et une fille qui lui apportera de l'eau en prison. Vioară s’empoisonne et meurt.
49Antoine, saint (Sf. Antonie). On le célèbre le 17 janvier pour conjurer la peste. Comme chez d’autres peuples romans, on invoque également ce moine pour la guérison des brûlures et des écorchures.
50Apaos. Nom des primeurs (fruits, mais aussi vin et pain) offerts aux morts à l’église.
51Aplati/Élargi (Lăţilă). Un des géants de la mythologie roumaine. Il grandit tant qu’il peut toucher la lune de la main.
52Arabe (Arapul). On attribue aux Arabes des pouvoirs magiques. Ce sont eux qui exécutent magiquement les dures tâches des héros des contes, qui connaissent les moyens d’une conception magique, etc. Parfois, l’Arabe exige un tribut humain, une fillette de chaque localité, parfois on lui demande de tuer une jeune fille mais il l’épargne avec magnanimité.
53Araignée (Păianjenul). Un mythe peu connu dit que deux femmes voulurent un jour ligoter la mère de Dieu pendant qu’elle dormait. Elles furent maudites, condamnées à produire du fil à tout jamais et devinrent des araignées. Plus connue est l’autre genèse de cet arachnide. Une pauvre veuve avait une fille et un fils qui devaient gagner eux-mêmes leur pain. Elle travaillait comme maçon, lui comme tisserand. Lorsque leur mère arriva à sa dernière heure, elle les fit quérir. La fille vint aussitôt, le fils déclara qu’il n’avait pas de temps pour les visites. La mère bénit sa fille et en fit une abeille, maudit son fils et en fit une araignée. Tandis que l’abeille peut être fière de ses produits (cire, miel), la toile merveilleuse de l’araignée reste inutile.
Un jour l’araignée défia la mère de Dieu à qui d’elles deux ferait le fil le plus fin, et elle gagna, mais Marie maudit sa toile : elle ne sera produite que là où il n’y a pas d’hommes et personne ne s’en servira.
L’araignée, hostile aux humains et à la divinité, tissa sa toile entre des branches d’arbres afin d’empêcher le soleil d’illuminer la terre et de la réchauffer. Dieu créa donc le vent qui balaya sa toile. Un jour, le vent se cacha au bord de la mer, aussitôt la sécheresse s’installa et les animaux moururent. Tous les êtres vivants se mirent à sa recherche, seule l’araignée le trouva : elle tissa sa toile sur son visage, ce qui le réveilla, mais l’avait-elle voulu ?
Une autre fois, l’araignée se vanta devant la mère de Dieu de filer la corde avec laquelle Jésus serait pendu. C’est pour cette raison que la tuer n’est pas un péché, au contraire : qui écrase une araignée voit sept de ses fautes pardonnées.
L’araignée a rarement un caractère positif. Elle aida, dit-on, la mère de Dieu à échapper à ses poursuivants en la cachant avec Jésus dans un puits à sec qu’elle scella de sa toile, preuve pour les poursuivants que personne ne pouvait se cacher là. Elle rendit le même service à un voleur dissimulé dans une grotte.
La médecine populaire utilise peu l'araignée, sauf pour protéger contre les frissons.
54Arăpuşca et son épée (Arăpuşca şi sabia ei). Arăpuşca est une fée-oiseau dont la force se trouve dans l’épée. Elle fut condamné à rester fille et à faire le mal jusqu’à ce qu’un jeune homme s'empare de l’arme. Beaucoup tentèrent de le faire, mais aucun ne réussit, Arăpuşca les pétrifiant à l’aide de l’épée puis les décapitant. Le pays perdit peu à peu tous ses hommes. Lorsque les deux fils aînés de l’empereur eurent à leur tour échoué, leur cadet tenta l’aventure. Suivant les conseils du mâle boiteux de l’alouette, il put s’emparer de l’épée de la fée-oiseau qui redevint une femme normale. Il l’épousa et, avec l'aide du glaive, il ressuscita tous les hommes tués par son épouse. On suppose qu’Arăpuşca correspond à la Harpye gréco-italique, qui possède visage d’oiseau et corps de femme.
55Arbre de vie (Arborele vietii). Il est assimilé à l’homme. Ayant fait un rêve, un homme invita son voisin chez lui pour qu’il l’interprétât. Il avait rêvé d’un lac entouré de lierre avec au centre un pommier, autour duquel volaient des pigeons et des tourterelles, et sur le tronc duquel il y avait un anneau, ce qui fut interprété comme suit. Le lac est sa ferme, le pommier, le propriétaire, les oiseaux, ses enfants, l’anneau, sa chère épouse. L’assimilation de l’arbre et de l’homme n’est pas seulement symbolique : les arbres disposent d’une âme complexe, comme les humains. Ils vous avertissent des dangers qui vous guettent, peuvent s’ouvrir et se fermer, si bien qu’on peut y entrer et en sortir. Les enfants tués peuvent prendre la forme d’un arbre. Un copeau peut devenir arbre et du bois mort reverdir. Le mauvais œil peut les frapper.
Il existe un esprit sylvestre (Mère de la Forêt*) qui est mi-femme mi-arbre. Les personnes poursuivies se cachent dans les arbres, comme la fille nue sortie d’une orange : perchée sur l’arbre elle prépare sa parure de noces, tout comme la jeune mariée, chantant son bonheur. Sous le pommier se trouve le lit familial où parents et enfants sont recouverts de ses fleurs. Les gens y tiennent conseil, on y danse et fait la fête. Il est souvent question d’arbres jumeaux, si entremêlés qu’on dirait un seul arbre. Des tombes des amants morts avant le mariage poussent deux arbres qui s’enlacent (comme dans la légende de Tristan). Certains arrachent leurs racines du sol et vont à la messe de saint André*. Au début du monde, les arbres des forêts allaient d’eux-mêmes vers les maisons pour être utilisés, mais une femme voulut les chevaucher et, depuis, ils doivent être portés par les hommes. Les arbres sylvestres sont le gîte des sorcières qui tentent de nuire aux hommes.
Dans les rites calendaires et de la vie quotidienne, l’arbre joue un rôle considérable : il apporte la fertilité (Sorcova*, saint Georges*, 1er mai*, Pentecôte*, la petite charrue*, aux noces), ou bien il apaise les morts. À la Saint-Élie, les enfants se rassemblent sous les arbres fruitiers qu’ils secouent afin que les fruits tombés aillent en aumône aux défunts. Pour la même raison, les premiers fruits cueillis sont portés à l’église le 14 septembre. Dans les rites funéraires, le sapin* est important.
Comme ailleurs en Europe, on peut transmettre sa maladie aux arbres. Il faut pour cela fendre l'arbuste, y faire passer neuf fois le malade et, après chaque passage, enterrer un bretzel, un cierge ou une pièce de monnaie. La veille de Noël, on peut menacer d’abattre les arbres fruitiers stériles à la hache s’ils ne se décident pas à porter de fruits l’année suivante.
56Arbre du monde (Arborele lumii). Il se dresse au milieu du paradis et brille comme le soleil, mais il peut aussi se dresser au bord ou au milieu de la mer ou d’un lac, à la limite de la terre ferme et de l’eau. Comme dans le mythe oriental de l’arbre Chaluppu, la vipère met ses petits au monde entre ses racines ; le serpent habite au cœur de l’arbre au sommet duquel se tient le faucon, image rappelant celle d’Yggdrasill, l'arbre cosmique de la mythologie germanique. Comme lui, l’arbre du monde relie l’ici-bas aux cieux, c’est bien un axis mundi, qu'un jeune homme, ou un vieillard, escalade. Le premier découvre dans ses branches la cour d’une fée qu’il épouse, le second atteint le paradis et y reçoit ce qu’il désire.
57Arc (Arcul). L’arc est l’une des armes les plus archaïques ; peu employé au combat, sa fonction est essentiellement symbolique. Même lorsqu’il fait partie de l’équipement des héros, il reste décoratif. Un jeune homme emporta ainsi son arc quand il voulut mesurer sa force à celle du lion, mais il n’eut pas l’occasion de l’utiliser car le lion choisit la lutte. Trois chasseurs voulant tirer sur trois cygnes perchés sur un donjon furent pétrifiés alors qu’ils les visaient.
Le trait d’arc permet de trouver l’endroit idéal pour construire un monastère. Etienne le Grand* découvrit par ce moyen le lieu où ériger le futur monastère de Putna, mais, par mégarde, il commença à construire les bâtiments à un autre endroit et se blessa au doigt. Il reconsidéra la trajectoire de sa flèche et fit édifier le monastère au bon endroit. Le même moyen est utilisé par les princes désirant savoir où ils se marieront.
58Arc-en-ciel (Curcubeul). C’est une créature d’une taille extraordinaire habitant le ciel et descendant sur terre pour boire l’eau des fontaines, des sources, des rus et des mers. Parfois, c’est un dragon qui apporte l’eau aux nuages et enlève des moutons voire des enfants. En même temps que l’eau, il aspire poissons et batraciens qu'il fait pleuvoir sur la terre. Il « enferme » la pluie : quand on l’a vu, on sait qu’il va faire beau.
Selon d'autres traditions, Curcubeul était un jeune homme qui, pour sa désobéissance, fut condamné à devenir dragon. D’autres encore croient que l’arc-en-ciel est la ceinture du ciel ou de la terre, de la mère de Dieu ou de Dieu lui-même, disant qu’il est sacré et protège les hommes de la noyade. Quand il apparaît, on dit que le bon Dieu met sa ceinture. C’est en même temps le signe qu’il n’y aura plus de déluge, c’est pourquoi les hommes se réjouissent quand il se montre. L’arc-en-ciel annonce aussi de bonnes récoltes et, quand le vert prédomine en lui, c’est un signe d’abondance de froment. Le jaune signifie beaucoup de maïs, le rouge, beaucoup de vin, le bleu sombre, beaucoup de fruits mais aussi sécheresse et mortalité.
L’arc-en-ciel est le chemin qui mène du ciel à la terre ; les anges l’empruntent pour venir chercher de l’eau ici-bas. C’est aussi le siège de Dieu ; il s’y tiendra au jour du Jugement dernier. Quelques-uns pensent que c’est l’arche de Noé. Il ne se montre que lorsqu’il a soif ou quand Dieu a bu toute l’eau des cieux, sinon il reste invisible.
Si, rampant sur les genoux et les coudes, quelqu’un pouvait atteindre le lieu où l’arc-en-ciel boit l’eau, il rajeunirait, pourrait changer de sexe temporairement ou pour l’éternité et tous ses souhaits seraient exaucés. La fin du monde sera annoncée par la disparition de l’arc-en-ciel.
59Archanges Michel et Gabriel, les (Arhanghelii Mihail şi Gavrül). Ils apparaissent parfois ensemble et sont fêtés le 8 novembre. On les célèbre pour faciliter le trépas des mourants. Ces archanges délivrent le soleil, la lune et les étoiles capturés par les démons et rétablissent l’ordre.
À l’origine, Michel n’était qu’un homme ; il épousa la belle Stăncuţa qui se révéla bien désagréable. Pour sa patience, il fut sanctifié et préposé à la réception des âmes. Un jour, il quitta sa demeure et partit dans le monde, arriva dans une maison où venait de naître un enfant qu’il se proposa de baptiser. Comme cadeau de baptême, il lui offrit une fiole contenant un remède dont trois gouttes suffisaient à guérir un patient – il en fit donc un médecin. Toutefois, l’enfant ne traitera que le malade aux pieds duquel se tient Michel. Si celui-ci se tient à sa tête, il ne fera rien car le malade est destiné à l’archange, c’est-à-dire voué à une mort proche. Grâce à ses succès, le médecin devint riche et célèbre et un empereur l’appela un jour pour le rétablir, menaçant de le faire décapiter s’il échouait. Le médecin aperçut Michel à la tête du lit et sut qu’il ne pourrait le sauver. Il réfléchit et chuchota à l’oreille de l’archange : « Cher parrain, ta femme est à ta recherche et elle est déjà à la porte. » Aussitôt Michel quitta l’empereur qui put être guéri. Une autre fois, le médecin dut traiter une princesse, mais Michel se tenait à sa tête ; il tourna le lit la tête aux pieds et la sauva.
Selon d’autres traditions, Michel est toujours accompagné de la mort, mais plus miséricordieux qu’elle, il accorde toujours un répit au mourant. On raconte aussi qu’il perdit un œil en se battant avec son épouse ; depuis ce temps-là, la mort est à moitié aveugle et s’empare aussi des âmes d’hommes assez jeunes. On raconte encore qu’il chassa les Turcs de Roumanie, qu’il laboure avec une charrue et des bœufs d’or, qu’il fait traverser l'enfer à la mère de Dieu, est toujours par monts et par vaux et ne se trouve au paradis que le Vendredi saint et à Pâques. Enfin, Michel devra aussi livrer combat à l’Antéchrist à la fin du monde.
60Archini, forêt d’(Codrii Arşinilor). Forêt fabuleuse très éloignée des habitations humaines ; il n’y chante aucun coq noir et l’on n’y entend nul chat noir. Peut-être est-ce une survivance de la forêt hercynienne dont parle César...
61Archirie. Le sage Archirie restant sans enfant adopta son neveu Anadan* qui était orphelin. Il lui apprit tout ce qu’il savait et finit par lui confier sa charge de conseiller à la cour de l’empereur Sinagrip. Par suite des intrigues d’Anadan, Archirie fut condamné à mort, mais le bourreau l’épargna. Entre-temps, un pharaon égyptien exigea de Sinagrip de lui fabriquer vingt cordes de sable et de lui apporter de l’eau dans un crible, tâches que seul Archirie aurait pu accomplir. Sinagrip découvre qu’Archirie est vivant et lui demande de se charger de ces tâches. Archirie fait vingt trous dans les murs du palais du pharaon : le soleil y passant donne l’impression que ses rayons sont des cordes de sable. Puis il demande la permission d’aller dans le Nord pour réaliser la seconde épreuve. Il pourra ramener de l’eau dans une charrette parce que là-bas, l’eau se solidifie. Sinagrip récompense Archirie tandis qu’Anadan doit compléter son éducation près de lui et supporter ses reproches.
62Architecture mythique (Arhitectura mitică). Les contes décrivent des édifices merveilleux, châteaux impériaux en or, argent ou cuivre, plus rarement en verre, avec de nombreuses pièces, des écuries. Des dragons possèdent aussi de tels édifices. Certains castels tournent avec le soleil (sont héliotropes), d’autres se réduisent à la taille d’une pomme. La hutte des pauvres peut se transformer en splendide château. Ces palais se dressent sur des roches abruptes, possèdent une haute tour, des douves et sont entourés d’épais remparts. Une alarme sonne quand des indésirables tentent d’entrer ou de sortir. L’intérieur est tout d’or et de soie, les bains sont de marbre. On y trouve de merveilleux jardins et fontaines. Ces châteaux sont si superbes et si brillants qu’ils sont plus beaux que le soleil.
63Argeş. C’est au monastère du même nom qu’est liée la plus importante légende de sacrifice de fondation (Manole*).
64Argintan. Roi du Pays des Dragons où tout est en argent.
65Armes (Armele). Dans la mythologie roumaine, la lutte est généralement préférée à l’utilisation des armes. Les plus citées sont la massue et l'épée (opposée à l'arc) avec lesquelles le père du héros a combattu et qui n’ont plus été utilisées depuis longtemps ; ainsi le glaive est-il rouillé. Ces armes se régénèrent et sont meilleures que des neuves. Les armes à feu sont évoquées mais peu employées. Au premier coup de fusil, les héros véritables se font enterrer vivants car l’avènement des dites armes sonne le glas de l’âge des héros (Novac*). On connaît aussi quelques armes magiques telles l’épée, le bâton, le peigne, l’étoffe et le fouet. Elles tuent, pétrifient ou peuvent même se transformer en pierre, en lac, etc. Certains objets peuvent aussi être considérés comme des armes, le bonnet par exemple, car ils rendent invisible.
66Ascension (Înălţarea Domnului, Ispasul). Fêté quarante jours après Pâques, ce jour était l’anniversaire d’un homme gai nommé Ispas qui assista à l'Ascension. Un mythe récent raconte que Jésus et ses saints rendirent visite ce jour-là à un paysan pour célébrer l’anniversaire d’Ispas, mais Jésus fut capturé et crucifié. À l’Ascension, on apporte des feuilles de noyer dans les maisons et à l’église et on en porte à la ceinture ; on ramène aussi chez soi des fleurs de sureau et des branches d’érable à feuilles d’aubier. Pour les sorcières, c’est un jour faste car elles peuvent s’emparer de la fertilité des champs et de la fécondité des animaux. Pour les en empêcher, on souffle dans le cor du berger, on donne à manger aux vaches certaines fleurs contrecarrant l’action des sortilèges. Après le jour anniversaire d’Ispas, il ne faut plus manger d’œufs rouges ; ce qui est semé après cette date ne portera pas de fruits. À l'Ascension, les femmes dorment sous les frênes, et si elles trouvent à leur réveil des feuilles vertes, c’est un bon présage. Qui meurt ce jour-là entre au ciel. C’est aussi le jour des « aïeux d’Ispas » : les femmes font l’aumône pour les âmes des défunts, offrant du lait cuit et de la balle de maïs, croyant qu’elles montent au ciel et ont besoin de provisions de bouche.
67Assoiffé, l’(Setilă). Personnage mythique dont la bouche est si grande qu’il peut engloutir la mer d’un coup. Puis il attend sept ans que l’eau se soit rassemblée et la boit à nouveau. Selon d’autres traditions, l’Assoiffé boit toute l’eau d’un fleuve et se plaint de mourir de soif. Cette propriété de l’Assoiffé profite au héros des contes, qui se lie d’amitié avec lui.
68Atanase et Cyril (Atanasie şi Chiril, Tănasea Ciumii). Ces deux prêtres sanctifiés sont fêtés le 18 janvier pour éloigner la peste. Leur jour s’appelle donc aussi « Tanase de la Peste ».
69Âtre (Vatra). C’est l’un des endroits les plus importants de la maison paysanne, c’en est le centre. Là se réunit la famille, surtout à la saison froide, et l’on y parle, comme autrefois, en France, à la veillée. Derrière le poêle se trouve une plate-forme où dorment les Anciens et les filles d’un certain âge, ce qui a donné la locution : « Elles ont vieilli sur le poêle. » C’est aussi la place des Cendrillons*. Dans les rites de guérison, les braises du foyer servent à préserver du mauvais œil*. Il est interdit de manger sur le foyer, sinon la mère meurt, le bonheur s’éloigne, peut-être parce qu’autrefois on tenait le foyer pour sacré, entre autres choses car les aïeux s’y retrouvent. L’âtre est aussi le centre du village.
Dans un sens plus général, on appelle « foyer » tout lieu où l’on fait du feu. En temps de peste on allume neuf feux sur une montagne afin de chasser la maladie. Qui mourait sur une telle montagne était enterré dans un tel foyer. Le terme désigne aussi l’endroit où dansent les elfes, et celui qui s’assied là voit son corps se couvrir de pustules.
70Aubes (Zorile). Chants populaires entonnés par des jeunes gens avant l’aurore le jour de Noël, dans le clocher ou dans un arbre, afin que les Aubes ne se pressent pas car ils n’ont pas encore fait le tour du village. On les chante aussi le jour des noces en demandant que le jour se prolonge afin que la fête dure plus longtemps.
Les Aubes jouent un rôle plus important dans les rites funéraires. Deux groupes de femmes chantent tour à tour devant la maison du mort, tant que le corps s’y trouve, la Chanson des Aubes (cântecul zorilor), en demandant que celles-ci attendent que tout soit prêt pour le grand voyage du défunt (provisions, cierge, habits, lettres pour les parents, cercueil, croix, etc.). Dans tous ces chants, les Aubes sont personnifiées et appelées « sœurs ».
71Aurochs (Bourul). Cet animal disparut de Roumanie au xviie siècle, mais plusieurs traditions l’évoquent. Dans les textes, il est connu comme « animal fondateur ». En 1359, on dit que le jeune Dragoş* de Maramureş poursuivit un aurochs avec ses hommes jusqu’au-delà des Carpates orientales ; ils l’auraient tué dans une plaine, près d’un fleuve et auraient mangé sa chair. L’endroit leur plut tant qu'ils décidèrent d'y rester. Ils firent venir leurs amis avec leurs femmes et enfants et fondèrent un nouveau pays. Ils choisirent Dragoş comme souverain qui, en souvenir de la chasse, se fit fabriquer un sceau avec une tête d’aurochs. Le nouvel État fut appelé Moldavie d’après le nom d’une chienne (Molda) ayant participé à la chasse. Il s’agit certainement d’une chasse rituelle qui amène la découverte d’un beau pays inconnu et provoque la fondation d’un nouvel État. Le thème semble être indigène et avoir déjà été connu des Daces, mais on trouve des parallèles dans d’autres mythologies, dans les mystères de Mythra par exemple. Dans la tradition orale, l’aurochs est présenté comme le dieu des eaux ou de la fertilité. Un aurochs noir porte un berceau de soie sur ses cornes ; une jeune fille s’y tient et prépare son trousseau. L’animal nage entre des pins et des sapins tandis qu’elle l’avertit que s’il interrompt son travail, ses frères le tueront, fixeront ses cornes à la façade de leur maison, couvriront leur chariot de sa peau, prépareront un banquet de sa chair, fabriqueront des gobelets pour les témoins de mariage de ses sabots et feront un pont de ses os pour les invités à la noce.
L’aurochs apparaît aussi comme un animal dormant au sommet de la montagne, sous un pin : quand il se réveille, il s’ébroue et fait tomber la rosée sur les environs. En même temps, il fait trembler les monts et se troubler les fleuves. Avec la même fonction, l’aurochs se manifeste près des sources et arrose les champs.
D’autres textes parlent de la chasse à l’aurochs le soir, dans le champ de seigle, à minuit dans celui de froment mûr et au matin dans le jardin d’agrément. Alors que l’animal se vante qu’il n’existe pas un chasseur capable de le suivre, apparaît saint Jean qui lui décoche ses traits.
72Aurore, Crépuscule, Minuit (Zorilă, Murgilă şi Miezilă). Il s’agit de trois frères, chacun né au moment dont il porte le nom. Ils vivaient ensemble, mais se disputèrent un jour à cause d’une chemise faite par leur mère et se séparèrent à tout jamais. On les représente en général comme des hommes, plus rarement comme des femmes ou des dragons. Aurore est un beau jeune homme qui se montre dans les champs au printemps et en été. Quelquefois aussi, Crépuscule et Aurore sont des bœufs : le premier porte la lune, le second le soleil et à l’aide de leurs cornes, ils jettent le soleil d’est en ouest ; ou des bœufs qui s’affrontent, mais c’est Aurore qui gagne à chaque fois ; ou encore deux taureaux se poursuivant éternellement sans pouvoir s’atteindre. Ils apparaissent aussi comme des manifestations dangereuses, ayant la forme d'hommes horribles, de fantômes, de bêtes nocturnes, etc. Ils terrifient les humains qu’ils rencontrent, les frappent, les tuent ou les dévorent, et enlèvent les jeunes filles.
Selon d’autres traditions, Aurore et Crépuscule ne sont que des hommes masqués qui font peur aux gens, qui n’osent plus sortir, afin de se livrer au vol. Le héros du conte désirant arrêter le temps lie Aurore, Crépuscule et Minuit à des arbres et ne les relâche qu’après avoir exécuté sa tâche. Des trois personnages, Aurore est le plus capable : il délivre des enfers les filles de l’empereur, puis épouse la cadette, ou bien il délivre les astres que les diables ont capturés et cachés dans l’autre monde.
73Autour (Uliul). Quand Dieu créa le monde, Il rassembla tous les oiseaux afin qu’ils l’aidassent à creuser le lit des fleuves. Tous vinrent sauf l’autour qui, pour cette raison, n'a pas le droit de boire l’eau des rivières et doit se contenter de l’eau de pluie. En période de sécheresse, il vole vers Dieu et Lui demande la pluie car il mourrait aussitôt s’il buvait une autre eau.
Une tradition explique ainsi son caractère de prédateur ; à l’aube du monde, Dieu décida que les hommes et les femmes ne se rencontreraient qu’une fois l’an. Une femme trouva que c’était peu et chargea l’autour d’aller voir Dieu pour lui faire part du désir des humains. En récompense, elle lui donna une poule et, depuis ce temps-là, il a le droit de s’emparer des poules. L’autour passe pour être le « loup des moineaux », et Pline l’Ancien dit qu’il apparaissait sous la forme d’un coucou à une certaine époque, entre l’Annonciation et la Saint-Jean, selon les Roumains. Il ne gagne toutefois pas la confiance des oiseaux car ils savent qu’il redeviendra autour après la Saint-Jean. Divers rites visent à l’aveugler ou à faire que son bec ne s’ouvre plus. Un autour abattu et crucifié sur la porte de la maison protège hommes et animaux de tous les maux. Un autour boiteux joue parfois le rôle de l’aigle impérial, emportant un mari auprès de sa femme perdue.
74Autre monde (Lumea cealaltă). En général, c’est le royaume des morts, le même pour les riches et les pauvres, ni bien ni mal, sans odeur ni goût. Il est loin sous terre, quelque part sur terre ou derrière le ciel que nous voyons. Si quelqu’un en revient pour un court instant, il ne doit pas révéler sa position. La plupart du temps, les défunts se montrent en rêve et demandent une messe ; parfois, ils célèbrent une messe entre eux à minuit, dans l’église. Il ne faut pas les offenser ni plaisanter avec eux.
Les contes décrivent un autre au-delà, celui des dragons et des fées, des êtres surpuissants en général, monde de cuivre, d’argent ou d’or, rempli de lumière, de fleurs, d’oiseaux gais et d’animaux. L’homme n’y vieillit point, mais il faut aller chercher ceux qui y entrent en passant par un puits ou grâce à un cheval magique. Le retour s’effectue la plupart du temps avec l’aide d’un aigle qui peut franchir les frontières du monde.
L’autre monde est rarement représenté en noir. C’est l’univers des vents, du gel et de la canicule, du soleil et de la lune, des saintes mères Mercredi, Vendredi et Dimanche.
75Avestita, l’aile de Satan (Avestiţa, aripa Satanei, Samca). Cette femelle est le pire des esprits malins et on l’appelle aussi Samca ou Baba Coaja. Ses victimes sont les femmes enceintes ainsi que les enfants de moins de sept ans. La reine des sorcières, qui ressemble à la Kuga serbe et à la Schenka bulgare, possède une jambe de fer, des ongles de cuivre, un nez de verre, des yeux de feu ; sa peau est celle d’un ours, ses cheveux tombent sur ses talons, sa bouche crache des flammes. C’est un démon femelle, un fantôme, une vieille femme possédant une main et une jambe molles, ou encore une maladie, l’épilepsie.
Avestiţa torture les femmes qui accouchent, pesant tant sur elles qu’elles mettent au monde des enfants morts. Si elle n’a pas réussi à tuer le fœtus, elle poursuit les enfants, leur envoie la maladie qui fait d’eux des infirmes à vie. Beaucoup disent qu’Avestiţa les dévore huit jours après leur naissance.
À l’origine, Avestiţa causait grand mal et l’on ignorait comment s’en protéger. À la naissance du Christ, saint Sisin (Sisoe), ou l’archange Michel, la prit au moment où elle partait torturer la Sainte Vierge et son enfant. Le saint la saisit par les cheveux et la frappa de son épée jusqu’à ce qu’elle lui révélât tous ses secrets. Elle déclara qu’elle prenait la forme d’un chien, d’un chat, d’une ombre, d’une sauterelle, d’une araignée ou d’une mouche, que les humains ne peuvent distinguer des animaux et insectes normaux. Le saint mit les hommes au courant et, depuis, Avestiţa changea encore de forme, se transformant en pigeon, agneau ou veau, c’est-à-dire en animaux divins, afin que les humains ne puissent savoir qu’il s’agit là de l’Aile de Satan. Voici le plus grand secret qu’elle révéla au saint : elle lui donna un livre, « le livre protégeant de la Samca », que chaque femme enceinte et chaque enfant devraient porter comme amulette afin de ne pas être sacrifiés à Avestiţa. Des prêtres âgés ou des moines doivent recopier ce livre dans un monastère trois nuits de suite. Il renferme plusieurs prières contre la maladie de Samca. Quand un enfant en souffre, il faut utiliser les plantes de Samca et un certain charme ; on cuit les plantes et on les boit avec du sucre, ou on les dépose dans le bain du malade. Il faut placer le livre de Samca sous l’oreiller de l’enfant.
Avestiţa redoute saint Sisin qui la cherche dans les lieux écartés, la saisit par les cheveux, la frappe de son épée et l’enferme. Avestiţa n’épargne que les femmes qui ont écrit sur le mur de leur chambre ses dix-neuf noms euphémiques, ainsi que celles qui ont fabriqué un monstre de fer, représenté avec hache, faucille, rouet, et qui le portent à la ceinture pendant leur grossesse.
76Avrămeasa (Herbe du pauvre homme, gratiole). Herbe médicinale, sainte ou encore fée. Elle peut guérir celui qui souffre du feu de l’amour (Esprit-amant*/Zburător) s’il se baigne dans l’eau de cuisson de l'avrămeasa, de la valériane et de la mandragore. Même les elfes redoutent cette plante.
77Axe du monde (Axa lumii). Le ciel est compris comme une coupole dont les limites s’appuient sur les bords de la terre, ou bien sur l’axe du monde qui relie le centre de la voûte céleste à la terre. Cet axe soutient et meut le ciel.
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Petit dictionnaire de mythologie populaire roumaine
Ce livre est cité par
- (2005) Comptes rendus. Le Moyen Age, CXI. DOI: 10.3917/rma.111.0133
- Gély, Véronique. (2004) Mythes et littérature : perspectives actuelles. Revue de littérature comparée, 311. DOI: 10.3917/rlc.311.0329
- Timotin, Emanuela. (2009) Queen of the fairies and biblical queen. Notes on the Romanian Herodias. Acta Ethnographica Hungarica, 54. DOI: 10.1556/AEthn.54.2009.2.8
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