La montagne dans la littérature japonaise
p. 45-60
Texte intégral
1Dans la littérature japonaise, la montagne est toujours présente, la quasi totalité des poètes japonais la chantent depuis Man’yōshū1 et même le paysage urbain n’existe pas sans elle.2 Evidemment ce ne sont pas de hautes montagnes, ce sont des montagnes qui se trouvent juste à côté des villes, ou derrière les villages, d’où descendent des rivières, et d’où les âmes des ancêtres nous surveillent : ce sont plutôt des montagnes spirituelles, puisque l’on croit aussi qu’en les gravissant on peut parvenir à la purification de l’âme. De la sorte, chaque montagne possède sa propre divinité, laquelle suppose un culte particulier. C’est dans ces hauts lieux que les moines bouddhistes établirent leurs temples et leurs monastères.3 Aussi, les récits qui racontent les origines de ces temples (shintoïstes ou bouddhistes) situent-ils leurs histoires dans les montagnes, car c’est là que le saint moine reçut invariablement la révélation après avoir passé une série d’épreuves. Ces histoires racontent également les mystères ou les miracles qui se sont manifestés sur ces hauteurs.
Dans les montagnes de Kumano
2Quelques-unes d’entre-elles sont de vrais romans : c’est le cas de l'Histoire merveilleuse de l’origine du temple Suwa (ou Histoire de Koga Saburo) qui est comparable à l'Odyssée (le héros parcourt les pays souterrains en descendant dans un gouffre du mont Fuji), ou de l'Histoire du lieu saint de Kumano (la favorite de l’empereur est abandonnée dans la montagne de Kumano après avoir été décapitée, mais son enfant sort de son ventre et tète sa mère morte, les animaux de la montagne viennent le protéger, rappelant le serment de sainte Madeleine).4
3Suwa-Engi, plus proche de nous5, témoigne d’un univers purement montagnard, où le héros descend dans une grotte verticale et, au bout de son errance souterraine, revient sur la terre transformé en un serpent.6
4À un genre voisin7, mais un peu plus laïque, appartient Kumano-Honji. Il fait partie de la littérature populaire, racontée volontairement par des moines ambulants. Dans ce Honji (récit de l’origine du culte), l’histoire d’un enfant abandonné dans la montagne, élevé par des animaux, situe le roman tout entier dans le cadre montagnard, ce qui en fait le récit archétype de l’enfant merveilleux, que répètent les légendes populaires sous le nom de l’Enfant d’Or (Kintaro), ou de l’Enfant Ronce (Ibaragi Doji), ou encore de l’Enfant Ibuki (Ibuki Doji). Gorai Shigeru explique cette tendance et souligne que « ces récits originaires à propos de temple ou autres lieux saints ont enrichi la vie spirituelle des Japonais et soutinrent le culte de la montagne sacrée et du lieu sacré. »8
5Tous ces récits merveilleux, plus ou moins religieux, se situaient dans les montagnes. Oguri Hangan appartient, lui, à un autre registres.9 C’est une sorte de sermon historié dont le point culminant se situe dans les monts Kumano. Le héros, après avoir parcouru les enfers, revient sur la terre, mais son corps étant déjà pourri, il ne peut plus ni marcher ni voir. Il entreprend alors un pèlerinage à Kumano, accompagné de sa femme rencontrée en chemin, et le bain de la source sacrée régénère son corps.10 Nakagami rappelle encore une fois cette histoire, notamment dans son Gongu11 ce qui n’a rien d’étonnant lorsqu’on sait que Kumano, arrière-pays de Yoshino, est un des plus hauts lieux de la mythologie japonaise.12
6En effet, le premier maître spirituel, En-no-Gyoja, exploita ces montagnes, et c’est là aussi que le premier empereur Jimmu rencontra une ourse mystérieuse.13 C’est encore dans ces montagnes que l’empereur Yuryaku trouva le dieu-qui-a-une-seule-parole, sorte de double ou d’ombre de l’empereur.14 Quant au poète Saigyo, qui rapporte dans son œuvre ses expériences montagnardes et sa solitude érémitique, il devint bien moine sur ces mêmes hauteurs. Pour lui, les monts Yoshino représentaient les enfers, il fallait les passer les uns après les autres pour atteindre le paradis spirituel. À le lire, nous ne pouvons deviner s’il y est parvenu, mais nous pouvons suivre, en revanche, les étapes diverses de son cheminement dans la connaissance de l’univers.15
Dans les montagnes laïques
7Autour de Kyōto, se trouvent aussi des montagnes, comme Arashiyama16, dans lesquelles, depuis fort longtemps, les habitants de la ville ont pris l’habitude de se rendre pour se promener sous les cerisiers ou sous les érables aux feuilles rouges. Mais autrefois les montagnes n’étaient pas seulement des lieux de promenade, elles servaient surtout aux gens de la cour de lieux de réclusion : les courtisanes célèbres, fatiguées des mille ruses de l’amour, y cherchaient la solitude et se faisaient volontiers religieuses, à la manière des empereurs retirés. À chaque mauvais coup du sort, les courtisans faisaient aussi retraite dans l’une de ces montagnes en y cherchant consolation, parfois jusqu’à s’y consacrer à la religion. Izumi Shikibu, poétesse de la même époque que Saigyo, célèbre pour sa vie amoureuse, devait ainsi connaître la solitude de la montagne. Après une vie passionnée à Kyōto, elle partit pour la province, en suivant son époux, et lorsque celui-ci fut décédé, commença pour elle la vie en dérive d’une naufragée des amours humaines. En suivant les chemins dans les montagnes, elle chantait « d’une montagne à l’autre, le chemin devient de plus en plus sombre, éclaire-moi le chemin, Ô toi, la lune au-delà des montagnes ». C’est aussi au-delà des montagnes, dans le Livre du mort17 que la princesse Fujiwara vit une image resplendissante de son bien-aimé, transformé en Amida.18 Appelée par ce visage divin, son âme quitta le monde sans toutefois quitter son corps. Arrivée au pied du mont Futagami, elle fut recueillie dans un temple, où elle se mit à tisser une toile avec des fibres de lotus. Cette toile devint alors un mandata, et quand le monde se mit à admirer ce paysage du mont sacré, la princesse se déroba, et personne ne la revit jamais.19
8Il n’y a aucune montagne à laquelle ne soit attachée une histoire sacrée : il en est ainsi du mont Hakone20, à ceci près que dans la pièce de Chikamatsu21 qui raconte la vie de l’enfant d’or, Kintaro, la montagne n’est pas celle des ermites. Kintaro est une sorte du héros national, élevé avec des ours, selon la légende (Komochi-Yamauba), histoire inspirée elle-même des légendes populaires concernant les enfants d’ogres.22 Il s’agit d’enfants merveilleux de même famille, nés avec des dents, et dotés d’une abondante chevelure hirsute, au corps dur comme fer, qui commandent aux animaux et deviennent des bandits maîtres des montagnes. Selon les versions, l’Enfant buveur23, ou l’Enfant Ronce, habite dans un palais qui est aussi celui du dragon.24
9Les légendes racontent, par ailleurs, que dans les montagnes se trouve une déesse. La vieille femme de la montagne dans les traditions populaires pourrait bien être, en effet, une déesse déchue. Dans les contes populaires, cette « Vieille » de la montagne demande à un conducteur de chevaux un petit morceau du poisson qu’il transporte, puis ce petit morceau vite avalé, est suivi d’un gros quartier, suivi par la charretée tout entière de poisson, et enfin par les chevaux et le charretier lui-même. Pourquoi cette Vieille de la montagne est-elle décrite de cette horrible façon ? Sans doute parce qu’elle représente la force créatrice de la montagne. La puissance de dévoration semble en effet corrélative à la puissance de création. Cependant, on trouve aussi dans ces récits légendaires une grande insistance sur des lieux sacrés de la montagne interdits aux femmes25 : celles qui ont voulu passer outre cette interdiction ont été transformées en pierres.26
10Selon la croyance populaire, la divinité de la montagne est servie par des singes qui sont ses parèdres. La divinité elle-même apparaît sous une forme ophidienne, ne se laisse pas voir sous sa vraie nature, et pour transmettre ses volontés aux villageois, envoie ses parèdres, ou bien un énorme sanglier, comme ce fut le cas pour châtier l’orgueil de Yamato Takeru.27
11Les romans d’aventures de l’époque Edo (1600-1867) s’approprient, quant à eux, des montagnes plus sauvages : l’histoire des huit chiens samouraïs en est un bon exemple.28 Elle commence par l’exil de la princesse qui a aimé son chien, lequel la charge sur son dos pour pénétrer dans la montagne. Cette histoire reprend un récit du viiie siècle relaté dans Konjaku, recueil de contes dans lequel un chasseur rencontre dans la montagne une très belle femme dont il apprend qu’elle est l’épouse d’un chien. La tradition des romans d’aventure sera reprise par des écrivains populaires de l’époque moderne tels que Nakazato Kaisan29 ou Shirai Kyuoji30, qui s’approprient les montagnes laïques comme les lieux d’aventures de leurs héros. Leurs histoires se déroulant très souvent autour du mont Fuji, elles contribueront d’une certaine façon à l’élaboration de clichés désacralisants.
Époque Meiji (1867-1910)
12Si, à l’époque Meiji, les regards se sont tournés vers l’Europe, quelques écrivains ont cependant continué d’exploiter la veine littéraire ou paralittéraire du Japon profond, tel Yanagita Kunio, qui a inauguré chez nous les études ethnologiques avec son travail sur la vie des montagnards (Yamano jinsei)31, dont le mystère ne lui avait pas échappé.
13Après Yanagita, Minakata Kumagusu, esprit original, s’orienta lui aussi vers l’ethnologie à laquelle il s’initia au British Museum où il travailla pendant dix ans. Retourné au Japon, il s’installa dans sa région d’origine, Kumano, et consacra le reste de sa vie à en relater les traditions et les mystères, constituant ainsi un trésor de récits populaires sur lesquels il nous invite à la réflexion.32
14Un autre écrivain de l’époque Meiji, Izumi Kyoka, se plaît particulièrement à s’inspirer de traditions populaires pour inscrire ses récits dans un contexte montagnard. Dans son Moine de Koya33, il nous présente une femme énigmatique qui habite la montagne de Hida et transforme ses hôtes en bêtes de sommes.34 Dans un autre roman, La Chronique des monts et des vaux35, il évoque la déesse blanche du mont Blanc (Hakusan) de Kaga, ou bien encore, dans Le Lys noir36, dépeint les aventures d’un jeune homme cherchant l’étrange fleur dans la montagne.37 Son Fantôme qui cache ses sourcils38 est réputé comme l’un des meilleurs romans fantastiques japonais. Le narrateur (qui est en fait le narrateur second) est logé dans un auberge de Kiso. L’endroit se trouve dans les montagnes profondes. Il y rencontre le fantôme d’une femme morte, qui lui apparaît d’abord dans la salle de bains, puis dans la pièce principale. Faisant sa toilette devant un miroir, elle lui demande en se retournant, et tout en cachant ses sourcils39, si sa toilette lui convient. Il s’agissait, en fait, du fantôme d’une femme accidentellement tuée dans la région l’année précédente. Comme le premier narrateur avait auparavant imaginé que de belles femmes ensanglantées se levaient dans la brume au-dessus des montagnes, il trouve dans ce récit de fantôme une réalisation frappante de ses propres visions. On notera que Kyoka décrit également les montagnes de sa région avec leurs mystères.
15À la même époque, Koda Rohan savait aussi que toute valeur existentielle se découvre par et à travers la montagne. C’est pourquoi le héros de son roman, histoire d’un tableau40, pénètre dans une montagne profonde, et une nuit qu’il passait dans un temple, entend une voix mystérieuse l’appeler vers l’au-delà, peint sur un tableau, dans lequel il est comme aspiré.
16Tsubo-uchi Shoyo (qui a traduit, entre autres, tout Shakespeare) mérite d’être cité pour son œuvre sur le thaumaturge En no Gyoja41, selon une histoire qui retrace fidèlement la légende : à l’origine du monde, un magicien qu’on appelait En no Gyoja, s’installa dans les montagnes de Yoshino, et la divinité autochtone, Hitokotonushi (qui ne dit qu’un seul mot), fut emprisonnée par le sort qu’il lui jeta (ce qui n’est pas sans rappeler l’histoire de Merlin l’enchanteur). Dans la pièce de Tsubo-uchi, représentée en 1939, ce roi magicien de la montagne surpasse de loin les forces des hommes : certaines légendes disent qu’il fut pris par les soldats de l’Empereur et exilé dans la région d’Izu, et que, du lieu de son exil, il partait survoler le mont Fuji pour se divertir.
Époque moderne
17Ultérieurement, la prose japonaise va se plonger dans la fange de la grande ville, alors que les poètes resteront fidèles à leurs sources traditionnelles d’inspiration, les monts et les mers.42 Miyoshi Tatsuji célèbre ainsi le mont Aso (Kusa Senri, 1939) et le mont Fuji est très souvent chanté par de nombreux poètes.43 Mais pour Takamura Kotaro, la montagne prend un tout autre sens. Dans sa touchante élégie Sanroku no futari44, le mont Bandai représente le paysage intérieur d’une femme déchirée qui va sombrer dans le délire. On notera que ce mont Bandai est de faible altitude, mais on sait que le rôle symbolique majeur joué par une montagne n’est en rien dépendant de sa hauteur.45 Ainsi, La Cime tendrement blanche de Kita Morio (1966), laquelle se situe dans l’Himalaya, n’est pas nécessairement plus prégnante que la modeste hauteur apparaissant dans Le Grondement de la montagne de Kawabata (1954). Gassan de Mori Atsushi (1973) est un chef-d’œuvre dans ce sens. Gassan est la montagne sacrée où un néophyte, s’initiant au mysticisme religieux, passe tout un hiver dans un temple enseveli sous la neige profonde, en imitant les ascètes de la montagne. Peut-être peut-on y voir le souvenir de Saigyo, le vrai poète moine. Le héros comprend au moment de quitter les lieux qu’il avait déjà vu cette montagne dans une vie antérieure, ce qu’il pressentait sans doute sans parvenir à le formuler et encore moins à le croire. Lors de la réunion des initiés, il avait d’ailleurs entendu dire qu’il ne faisait plus partie du monde des vivants, et cet hiver au cœur de la neige fut bien pour lui une expérience anticipée de l’Au-Delà.
18Chez Kawabata, les montagnes sont l’expression même d’un paysage tout empreint de nostalgie, comme le prouvent Yukiguni (Pays de neige, 1955) ou Izu no odoriko (La Danseuse d’Izu, 1926), chefs-d’œuvre dont l’action se situe dans les montagnes. Le vieux Shingo (Kawabata) pense d’ailleurs à sa jeunesse devant sa jeune bru, alors que Le Grondement de la montagne46 ébranle son existence. Il se sent mal vieilli, et lorsque, la violence de l’instinct n’étant pas encore maîtrisée, il se sent attiré par sa jeune bru, il entend distinctement le grondement de la montagne, comme si la montagne le grondait. (Il avait déjà entendu le même grondement la veille de la mort de sa belle-sœur qu’il adorait.) Kikuko, sa bru, pleure sous le masque qu’il lui a fait essayer. Elle a clairement vu que son beau-père la désire, mais elle est si désolée qu’elle ne peut le consoler, et serait bien trop malheureuse de se donner à lui : elle aussi aurait entendu le grondement de la montagne.
19Ce grand bruit sourd pourrait être encore celui de la montagne qui s’effondre et sous laquelle on demeure enseveli, à l’image du pays, du Japon d’autrefois, qui s’est écroulé après la guerre, pour Sakaguchi Ango qui pressentait l’écroulement d’un Japon trop hâtivement modernisé. Aussi est-il allé chercher le soulagement dans les montagnes, où il rencontre une fille extraordinaire qu’il décrit dans sa nouvelle : La Fée de la vallée, la fée des arbres47, dans laquelle il ne s’agit pas de mettre en scène la vie des montagnards, mais celle des citadins qui se réfugient momentanément dans les montagnes pour tenter d’y retrouver la pureté d’une vie innocente. Mais la fille rencontrée est aussi belle que cruelle, qui se jette dans un étang en abandonnant l’infirme qu’elle soignait.
20Cette génération d’après-guerre vivait, il est vrai, une terrible difficulté à s’adapter aux nouvelles valeurs imposées par les circonstances. L’un de ses écrivains, Umezaki Haruo, a décrit de la sorte dans Fleur fantôme48 la déchéance d’un rescapé profondément névrosé, qui se sent toujours menacé d’une mort immédiate, et se rend au volcan Sakurajima avec un vague désir de suicide, dont le délivre, mais pour combien de temps, un pari fait avec son compagnon d’infortune.49
21On sait que, pour les Japonais, les montagnes sont l’endroit où habitent les morts. Aussi, chaque fois qu’un héros est tenté par la mort, le voici gravissant les montagnes ; et, s’il en revient, il ne sera plus la même personne qu’avant l’ascension. C’est le cas de Tokito Kensaku du Chemin dans la nuit de Shiga Naoya50, roman que l’on considère comme le plus énigmatique qui soit pour des esprits occidentaux. Il en va d’ailleurs de même pour les jeunes Japonais, non pour une philosophie hermétique (qui n’existe pas), mais à cause du comportement du héros difficile à comprendre. Ce dernier fréquente les prostitués tout en gardant de bonnes relations avec la société. Il finit par se marier, mais après une faute qu’il ne lui pardonne jamais, essaie de se débarrasser de sa femme en la repoussant sur le quai de la gare depuis le train en marche. Son épouse, résignée, ne se révolte nullement, mais ils ne peuvent retrouver une entente qui n’a jamais existé. Pour oublier tout cela, Kensaku se réfugie seul dans la montagne, où il tombe malade, et se décide à appeler celle qu’il avait abandonnée. Avant de s’aliter, il avait tenté une ascension dans la montagne. Pris de fatigue, il avait fait halte, s’était couché dans les roseaux et avait connu la nuit, et surtout l’aube, dans une nature extrêmement sauvage, puis rencontré dans la montagne le visage de la mort.51
22Pour Nitta Jiro, l’aspect religieux de la montagne paraît inexistant. Mais en lisant son Histoire d’un porteur, ou La Dame de Fuyo52, nous croyons voir flotter dans ces romans un esprit surnaturel qui habite la montagne. Pour cet écrivain aussi le décalage entre la vie d’en bas et la vie d’en haut est trop évident, et il ne peut vivre dans la ville, se demandant comment les autres n’entendent pas l’appel impérieux de la montagne.53
23Plus directement tournée vers la haute montagne se situe partiellement l’œuvre de Kita Morio lequel n’est pas pour autant un esprit mélancolique, puisqu’on le considère comme le premier écrivain non sérieux, représentant même, avec Endo Shusaku, l’école japonaise des écrivains humoristiques. Ses chroniques du docteur Manbo sont d’ailleurs toutes des best-sellers. Où donc a-t-il appris cet humour qui rend millionnaire ? À cause de de la montagne, lui seul choisit la ville alpine de Matsumoto pour faire ses études, alors que tous ses camarades se rendaient à Tōkyō. Chaque fois qu’il se sentait seul, il montait dans la montagne, et s’entretenait secrètement avec elle. Ce personnage bizarre qui parlait haut tout seul, devint cet écrivain bizarre qui divertit les lecteurs avec ses bavardages apparemment gratuits de montagnard perdu dans la grande ville. Dans La Cime tendrement blanche54, il transpose sur le mode de la fiction ses expérience d’expéditions himalayennes. Certes, il ne foule pas le sommet vierge, souffrant de diabète au camp de base, et la cime tendrement blanche reste blanche, alors que le héros ne revient plus au pays.
24S’il est un roman d’alpinisme, La Paroi55 d’Inoue Yasushi en est bien un. Le héros, rescapé d’un accident de montagne, est soupçonné d’homicide volontaire : il aurait coupé sa corde d’assurance pour que son compagnon ne l’entraîne pas dans sa chute. Alors qu’il tente de prouver son innocence, il est victime, dans la même montagne, d’un autre accident qui le tuera.56
25Si la littérature japonaise moderne ne raconte le plus souvent que la vie des grandes villes, Oé Kenzaburo ne cesse de raconter sa forêt natale.57 On sait qu’au Japon forêt et montagne sont indissociablement liées. Il s’agit en l’occurrence d’une montagne de la croyance au dieu chiens58, divinité maléfique que l’on peut envoyer porter le mal à ceux que l’on n’aime pas. Descendant de cette montagne pleine de supersititions, Oé est allé dans une université de la capitale, mais il ne put jamais s’adapter à la vie urbaine.
26Pour ce dialogue difficile, voire impossible entre la ville et la montagne, il ne faudrait pas oublier Kajii Motojiro, qui, dans son Azur59, fait intervenir une montagne invisible : le narrateur, tuberculeux, est venu se soigner dans les montagnes d’Izu, qu’il passe des journées entières à regarder. Un jour il découvre tout d’un coup qu’il y a une autre montagne invisible dans le ciel, mais il se rend bien vite compte qu’il s’agit d’une illusion projetée sur le vide, ce qu’il acceptera très mal.60
27Cette montagne invisible charme et emprisonne Yoko, héroïne éponyme du roman de Furui Yoshikichi.61 Le narrateur rencontre cette femme mystérieuse dans la haute montagne des Alpes japonaises. Seule, assise sur un rocher, elle semblait ne pas le voir s’approcher. Interrogée, elle dit s’être égarée, et lui demande de la ramener à la gare. Le narrateur la rencontre plus tard dans la grande ville, et comprend qu’il s’agissait d’une malade qui ne pouvait pas s’intégrer dans son milieu. C’est en cherchant une autre manière de vivre qu’elle s’était perdue dans la montagne ; mais, ramenée en ville, sans plus aucun point de repère, il ne lui reste plus qu’à habiter une montagne chimérique, et personne dans ce monde ne pourra jamais la comprendre.
28Précisons, pour terminer, que je ne parlerai pas ici de la littérature « alpine » à laquelle toute une étude a été consacrée.62 Shiga Shigetaka63, Kojima Usui64 et bien d’autres ont contribué à créer la mode de l’alpinisme au Japon. Pour Shiga, l’essentiel du paysage japonais est la montagne, et les quatre volumes des Alpes japonaises de Kojima Usui sont comparables aux Voyages dans les Alpes de Saussure.65 Après eux, les alpinistes ont publié des récits de leur ascension ou de leur promenade.66 La mode durera jusqu’à l’avènement du ski au Japon.67 Parmi ces textes inspirés par les Alpes, nous pouvons citer quelques noms de philosophes de l’école de Kyōto, comme Kuwabara, Imanishi, ou Umezao, anthropologues ou humanistes qui ont souvent dirigé des expéditions en Himalaya et exploitèrent la montagne, dans le meilleur sens du terme, c’est-à-dire à l’instar des penseurs du Moyen Âge qui méditaient sur l’univers en faisant pèlerinage dans les montagnes de Kyōto. Peut-être est-ce là l’une des caractéristiques de la pensée japonaise que cet extraordinaire succès de la montagne, et son omniprésence en littérature. C’est ainsi qu’un pascalien célèbre, Kushida Magoichi, est plus largement connu pour ses essais sur la montagne que pour ses travaux sur le penseur français... et l’on peut sans doute élargir sans fin le propos sur l’expérience montagnarde des écrivains : Tanizaki erre dans les montagnes de Yoshino en cherchant le souvenir de sa mère,68 Kawabata, on l’a vu, écoute le grondement de la montagne et prend conscience de son instinct profond, Oé éprouve une terrible nostalgie pour sa forêt natale enfouie dans les montagnes de Shikoku, Abe Kōbō est arrivé vers la fin de sa carrière dans les montagnes absurdes qu’il décrit dans son Arche du cerisier,.69 Chaque écrivain arrive ainsi aux montagnes mystérieuses quand il cherche un autre ordre, un autre monde, et il découvre que ces montagnes étaient toujours là, dans son for intérieur, comme s’il s’agissait de la dernière étape de sa vie.
29Monts de l’initiation, monts des ancêtres, monts des morts (Gassan) : les montagnes du Japon demeurent toujours des endroits mystérieux, magiques. Yanagita a même rapporté des histoires de femmes ayant abandonné la vie quotidienne pour gagner les montagnes. En effet, certaines femmes extrêment sensibles, qui perdent leur raison après une expérience douloureuse, sortent parfois un jour de leur maison, pieds nus, et montent sur les hauteurs pour s’y cacher. Plus tard, lorsqu’on les rencontre, elles ne reconnaissent plus les hommes, et les hommes les traitent comme de vieilles divinités de la montagne. Pourquoi ces femmes se rendraient-elles ainsi dans la montagne si elles ne pressentaient que s’y trouve un monde tout autre, un autre ordre, presque l’au-delà ? On a d’ailleurs l’impression que, dans la montagne, ces folles ne sont plus folles. Bien des Japonais en arrivent à idéaliser totalement la montagne, comme ce lieu privilégié où ne se rencontrent ni riches, ni pauvres, ni guerriers, ni paysans, où règne l’égalité la plus parfaite et la seule force divine sur tous les êtres vivants.
Notes de bas de page
1 Voir infra, note 42. Je ne parlerai pas ici de la poésie de l’époque classique (surtout celle de Kokin et de Shin Kokin) ce qui donnerait un caractère disproportionné à cette contribution. Comme le montre l’article de C. Sun et G. Durand pour la Chine, on emploie aussi au Japon l’expression san-sui (monts et rivières) pour désigner le paysage, et la poésie japonaise tout entière utilise comme décor le paysage « san-sui ».
2 On sait que, même de la ville de Tōkyō, on peut apercevoir le mont Fuji : pour quelqu’un comme Uchida Hyakken, qui a créé son univers littéraire à partir de rêveries fantastiques, ce paysage du Fuji est toujours présent ; il en a même imaginé l’éruption. À propos du Fuji, on rappellera le roman de Okamoto Kanoko, le plus puissant des romans consacrés à cette montagne. Le Fuji de Takeda Taïjun, lui, ne traite que de la maison de santé installée en contrebas. L’ascension du Fuji, l’hivernage en son sommet, sont les sujets favoris de Nitta Jiro. Parmi les romans d’aventures, nous pouvons citer L’Ombre qui s’élève sur le Fuji de Shirai Kyoji. (On trouvera ces références et bien d’autres dans la bibliographie de fin de volume.)
3 Il s’agit évidemment ici d’un mélange de la tradition chinoise et de la croyance japonaise. Le mont Hyei, au nord de la ville de Kōytō, fut investi en 799 par le moine Saicho qui y construisit le temple Enryaku. Kobo-Daishi Kūkai, lui, édifia son temple au mont Koya en 817. On peut citer également le temple Takayamadera, élevé par Myoe dans Togano en 1205.
4 Le plus célèbre parmi ces récits religieux doit être celui de l’origine du mont Shigi (Shigi San-Engi), le premier en date du genre (entre 1157 et 1180), Abe Yasuro achève toute une étude sur le thème de l’exclusion féminine dans ce texte.
5 Suwadaintyojin-Ekotoba (1356) ne rapporte pas l’histoire de Saburo. Ce n’est que dans le recueil des sermons (Shintoshu) que nous la trouvons pour la première fois. La version populaire de ce recueil date du xve siècle.
6 Sur le monde de Kumano, consulter Yoshino-Kumano shinko no kenkyu (Étude sur la croyance de Yoshino et Kumano), Tōkyō, Meicho Shuppan, 1976 ; et Machida Soho, Eros no kuni, Kumano (Le Pays d’Éros, Kumano), Tōkyō, Hozokan, 1996.
7 Ce récit fait partie du recueil des contes populaires anciens Otogi Soshi (xvie s.). Nous en trouvons une autre version dans Shintoshu (xve s.), recueil de textes shintoïstes.
8 Nihonjin no jigoku to Gokuraku (Le Paradis et l'enfer des Japonais), Kyōto, Jinbunshoin, 1991.
9 Le texte le plus ancien se trouve dans le recueil des sermons (Sekkyoushu, 1666), mais l'histoire est rendue célèbre en tant que Joruri, que des moines ambulants récitaient dans un but didactique ou que des Tayu (chanteurs de Joruri) interprétaient.
10 Un autre sermon célèbre (Shintokumaru) raconte également la cure miraculeuse d’un lépreux par la source de Kumano.
11 1975, repris dans le tome III des Nakagami Kenji Zenshu (Œuvres complètes), Tōkyō, Shuei sha, 1995.
12 L’ordre de Kumano serait à l’origine de tous les ordres montagnards. Les ascètes de Kumano parcouraient toutes les montagnes du pays, ce qui fait qu’aujourd’hui nous trouvons partout des temples qui portent le nom de Kumano.
13 On peut interpréter cet épisode comme une hiérogamie : l’empereur perd connaissance dans les montagnes de Kumano, et dans un rêve, il rencontre cette ourse qui lui annonce le don d’une épée merveilleuse, qu’il trouve ensuite à ses côtés.
14 Chaque empereur y rencontre son double ; c’est une sorte de lignée des empereurs de l’ombre. Kumano, arrière-pays, joue ainsi le rôle d’une force invisible qui manipule le politique. On peut lire tous ces récits dans Kojiki (Chronique des choses anciennes, Paris, Maisonneuve et Larose, 1969, trad. Masumi et Maryse Shibata), et dans Nihongi (Chronicle of Japan, Japan Society of London, 1896, trad. W. Aston).
15 Il chante : « Je souhaite mourir sous les fleurs au printemps, dans la montagne. »
16 On se souvient de cette scène du Pavillon d'or où un personnage démoniaque séduit une jeune fille à Arashiyama, ce qui n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.
17 Origuchi Shinobu, Shisha no sho, Tōkyō, Seiji sha, 1943.
18 Anatabha (Amida en Japonais), l’une des cinq incarnations de Dhyani Bouddha.
19 C’est le chef-d’Œuvre d’Origuchi Shinobu. Le grand Amida qui passe au-dessus de la montagne est une image clé de l’auteur pour composer ce roman mystérieux.
20 Dans un récit de voyage écrit par la fille d’un intendant de province, vers 1060 (Sarashina Nikki), cette montagne de Hakone est le lieu d’une scène émouvante : des artistes ambulants, venus du fond de la montagne, chantent des poèmes touchants d’une voix claire, avant de disparaître à nouveau dans la nuit des hauteurs.
21 Komochi-Yamauba (La Vieille de la montagne à l’enfant), 1712. À propos de l’enfant d’or, on peut consulter Takasaki Masahide, Kintaro tanjotan, Tōkyō, Ofusha, 1971.
22 La version la plus ancienne de cette histoire date de 1664 (Kintoki Miyako Iri, Sukune no Akutaro).
23 Voir Otogi Soshi (xve s.).
24 Au Japon les dragons sont essentiellement aquatiques, c’est une sorte de monstre marin, mais, chose curieuse, la tradition de cet enfant ogre croise celle des dragons.
25 La réalité est parfois conforme à cet interdit : même aujourd’hui, le mont Omine de Yoshino reste interdit aux femmes.
26 Légende rapportée par Yanagita dans Bikuni ishi no hanashi, 1922. Voir Ishiganmi Takashi, Ishi no densetsu (Légendes de pierres), Tōkyō, Sekkascha, 1963.
27 Kojiki et Nihongi : une variante nomme explicitement le serpent, mais le texte définitif de Nihongi précise qu’il s’agit d’un gros sanglier. Une légende locale raconte qu’un chasseur croit voir passer un gros serpent, lui tire dessus et découvre alors un sanglier. Lorsque par la suite sa fille deviendra folle et finira par plonger dans un étang, c’est en serpent qu’elle se transformera. Voir Yamamoto et al., Nishi Mikawa no mukashi hanashi (Récitspopulaires de Nishi Mikawa), Miyai, 1981.
28 Hakkenden (Huit Chiens guerriers) de Bakin, écrit entre 1814 et 1841.
29 Dai-Bosatsu-Koge (Le Col de Dai Bosatsu), 1913-1914.
30 Fuji ni tatsu hage (L’Ombre qui s’élève sur le mont Fuji), Tōkyō, Hoschi shinbun sha, 1925-1927.
31 Il débutera en ethnologie avec une étude sur le document secret des chasseurs du village de Shiiba : Nochi-no-kari-no-kotoba (Dits de l'après-chasse), 1909.
32 Voir Minakata Kumagusu Zenshu (Œuvres complètes), Tōkyō, Heibonsha, 1971. On peut utilement consulter Nakazawa Shin’chi, Mori no Baroque (La Musique baroque en forêt), Tōkyō, Serika shobo, 1992.
33 . Koya Hijiri, 1907.
34 Cela n’est pas sans rappeler l’histoire que rapporte saint Augustin dans sa Cité de Dieu (XVIII, 18, 2), celle d’une aubergiste qui transformait ses hôtes en ânes.
35 Sankai hyoban ki (Histoire des monts et des mers), 1929. L’histoire se déroule au pied du Hakusan (mont Blanc).
36 Kuroyuri, 1899 ; Œuvres complètes, t. III, 1941. Mishima a beaucoup aimé ce mélodrame.
37 Certes, la lutte que l’on découvre dans ce récit avec l’aigle géant des montagnes n’a rien de réaliste, car l’auteur s’inspire essentiellement d’un univers livresque et, pour une bonne part, d’éléments empruntés aux traditions populaires montagnardes. Cet écrivain est originaire de Kanazawa, au pied du Hakusan. Voir Chiwaki Shinoda, Kyoka no bunshingenso (Le Double de Kyoka), dans Genso bungaku no Tozai, Kanazawa, Yugatsu sha, 1990 ; voir aussi Hiroto Yoshimura, Sankai Hyobankei Kenky, dans Kyoka Henkyu, Ishikawa kindai bungakukan, 1989.
38 Mayukakushi no rei, 1924 ; Œuvres complètes, t. II, 1940.
39 Le lecteur occidental doit savoir que si ce spectre féminin cache ses sourcils, c’est pour ne pas montrer qu’ils sont rasés, signe de la femme mariée.
40 Kangadan, 1924, dans Kaiyo (Œuvres complètes, t. IV, Tokyo, Iwanami, 1953).
41 L’histoire de En no Gyoja se trouve dans Shoku Nihongi (797, Nouvelle Chronique du Japon). Ryoiki, au viiie siècle, intègre d’autres détails, et l’histoire la plus complète se trouve dans En no Gyoja Engi que nous trouvons dans plusieurs recueils des récits populaires de l’époque Muromachi (par exemple Muromachi jidai monogatari shu, Yokoyama Shigeru éd.).
42 Depuis Man’yoshu (recueil de poèmes du viiie s.), le paysage montagnard est la première chose à chanter ; et l’on sait que la tradition du poète voyageur est parfaitement dominante dans la poésie japonaise. Il est impossible, par exemple, d’imaginer un Basho sédentaire, et son Oku no Osomichi (Sentier du Japon profond, 1703) chante évidemment les montagnes. Cependant, la poésie japonaise de l’époque moderne commence à trouver majoritairement ses thèmes d’inspiration dans l’univers urbain, même si quelques exceptions perpétuent la tradition du lien étroit entre poésie et montagne.
43 Fuji San, de Kusano Shimpei, par exemple (Iwanami Bunko rééd., 1991). Mais ces mont Fuji n’ont rien à voir avec les célèbres estampes d’Hokusai. Voir infra, note 53.
44 Takamura Kotaro, Sanroku no Futari (Deux êtres au pied de la montagne), 1938.
45 Il s’agit pour Takamura d’une montagne de la région de Tohoku. Dans cette même région, Miyazawa Kenji traite d’un volcan en éruption dans son Higashi lwate Kazan (1924). Dans ses contes féeriques, l’histoire se déroule souvent dans ces montagnes enchantées peuplées de faunes.
46 Yama-no-oto, 1952. Pour les références bibliographiques de Kawabata, voir en fin de volume.
47 Kigi no sei, Tani no sei, 1929.
48 Genka, dans Shincho, 1965 (Œuvres complètes, Tōkyō, Shinshosha, 1948).
49 Le suicide dans un volcan fut un temps très à la mode. Saint-Loup s’en est souvenu, pour son roman Montagne sans dieu dont il situe l’action au Japon (Amiot-Lumont, 1955).
50 An ya koro, 1922.
51 Certes, Daisen n’est pas une haute montagne, mais il y a des morts tous les ans sur ses pentes : on perçoit ici encore la relativité de la hauteur ; comme le prouve d’ailleurs l’histoire vraie de Kato Buntaro, dont Nitta Jiro a retracé la vie (Koko no hito, Le Solitaire, 1968), excellent alpiniste qui a bien failli mourir de froid dans une montagne de cette région, alors qu’il avait accompli une hivernale légendaire dans les Alpes du Nord.
52 Respectivement Gorikiden, 1955 ; Fuyo no hito, 1971. Ce dernier retrace des aventures sur le mont Fuji. L’auteur travaillait à l’observatoire du mont Fuji. Il écrivit plusieurs romans d’alpinisme, dont le premier (Histoire d'un porteur, déjà cité) eut un succès retentissant. Le Solitaire (voir supra) est le plus achevé.
53 On sait que le mont Fuji, ce sommet de la vulgarité japonaise, comme s’en gaussera Ozamu Dazai (voir infra, p. 209) est la scène de nombreux romans, quand il ne devient pas lui-même le personnage principal. Okamoto Kanoko écrit deux romans sur le Fuji (Hoei Funka, 1940 et Fuji, 1941), voir aussi le Fuji de Takeda Taijun (1969) et Fuji Nikki (Journal du Fuji) de sa femme, Takeda Yuriko (1975) parmi bien d’autres. Si l’on y cherche toutefois des aventures d’alpinistes, on sera vite déçu, puisqu’il s’agit de l’histoire d’une maison d’aliénés qui se trouve au pied du mont Fuji.
54 Shiroku taoyakana mine, 1966.
55 Hyoheki, 1956.
56 Dans L'Alpe homicide d’Hervieu (1886), on retrouve un schéma presque identique.
57 Voir en particulier Man’en gannen no futtobōru, 1967, Le Jeu du siècle, Paris, Gallimard, 1985 ; et M/T no Mori no fushigi no monogatari, 1986, M/T et l’histoire des merveilles de la forêt, Paris, Gallimard, 1989, trad. R. Ceccaty et R. Nakamura.
58 Voir l’étude de Komatsu Kazuhiko dans l’édition japonaise de ce livre.
59 Sokyu, dans Bungeishuto, 1928.
60 L’auteur n’a pas survécu très longtemps à cette expérience du vide, emporté peu après par la tuberculose.
61 Yoko, 1971. Furui a aussi écrit Sansofu (Ballade de la montagne en folie), Tokyo, Shueisha, 1982.
62 Voir Uriu Takuzo, Nikon Sangaku Bungakushi (Histoire de la littérature alpine au Japon), 1979. L’auteur n’y traite pas du genre romanesque non plus que du poétique, mais des récits de voyages et d’ascensions.
63 Nikon Fukeiron (Le Paysage du Japon), Seikyosha, 1894.
64 Nikon Arupusu (Les Alpes japonaises), 4 vol., 1910-1914 ; voir Œuvres complètes, Tōkyō, Taishukan, 1990.
65 Voir bibliographie en fin de volume.
66 Voir par exemple Takeda Hisakichi, Tabe Juji, ou Maki Yuko, pour ne citer qu’eux.
67 Je ne parlerai pas non plus de la littérature de consommation : romans d’aventures, romans de mœurs, romans pour la jeunesse, parmi lesquels on rencontre très souvent le thème de la montagne.
68 Yoshino-Kuzu, 1931, Le Lierre de Yoshino, Paris, Gallimard, 1987, trad. R. de Ceccaty et R. Nakamura, rééd. dans Œuvres complètes, Paris, Gallimard (Pléiade), t. I, 1997.
69 Hakobune Sakuramaru, L'Arche en troc, Paris, Gallimard, 1987.
Auteur
Université de Nagoya, Japon
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
L’enfant-dieu et le poète
Culte et poétiques de l'enfance dans le roman italien du XXe siècle
Gilbert Bosetti
1997
Montagnes imaginées, montagnes représentées
Nouveaux discours sur la montagne, de l'Europe au Japon
André Siganos et Simone Vierne (dir.)
2000
Petit dictionnaire de mythologie populaire roumaine
Ion Taloș Anneliese Lecouteux et Claude Lecouteux (trad.)
2002
Le Sphinx et l’Abîme
Sphinx maritimes et énigmes romanesques dans Moby Dick et Les Travailleurs de la mer
Lise Revol-Marzouk
2008
Babel : ordre ou chaos ?
Nouveaux enjeux du mythe dans les œuvres de la Modernité littéraire
Sylvie Parizet
2010