Histoires littéraires. Genre, écriture et postures sandiennes au xixe siècle
p. 451-467
Texte intégral
C’est le regard qui fait l’Histoire. Au cœur de tout récit historique, il y a la volonté de savoir. En ce qui concerne les femmes, elle a longtemps manqué.
Michelle Perrot1
1De récents travaux portant sur la place des femmes dans la critique et l’histoire littéraires ont permis d’éclairer d’un jour nouveau la question d’une histoire littéraire ou des histoires littéraires des femmes, et de leur inclusion dans le canon, comme dans une histoire littéraire renouvelée, ouverte à leur création2. Si les œuvres des femmes écrivains en ont reçu une plus grande légitimité, il reste encore à mieux comprendre comment les productions de celles qui ont marqué, voire transformé le champ littéraire ont influencé les autres femmes écrivains dans la courte comme dans la longue durée. Dans le cadre du présent ouvrage, consacré notamment aux notions de performance et d’écriture (et à celle de théâtralité) dans l’œuvre sandienne, nous souhaitons revenir sur la façon dont la personnalité de George Sand et sa performance publique ont affecté les représentations des femmes écrivains à son époque, puis légitimé leurs œuvres, surtout dans le second xixe siècle.
2La réception des écrivaines au xixe siècle, qui a fait l’objet de nombreuses études ces dernières années, relève souvent de l’aporie3. C’est ce que symbolisent les deux premiers vers, bien connus, du poème de Marceline Desbordes-Valmore, « Une lettre de femme », qui concerne à l’origine l’écriture de la lettre d’amour, mais qui pourrait désigner tout aussi bien l’activité scripturale des femmes, face à la doxa contemporaine : « Les femmes, je le sais, ne doivent pas écrire. / J’écris pourtant4 ». Compte ici le « pourtant » de la réfutation, l’écriture devenant même un devoir, comme l’affirmera plus tard Marie d’Agoult, dans ses Mémoires :
J’étais femme, et, comme telle, […] je n’avais aucun compte à rendre à mes concitoyens […]. En d’autres moments, la voix qui parlait à ma conscience […] trouvait dans mon sexe même une raison décisive de parler.
Lorsqu’une femme s’est fait à elle-même sa vie, […] et que cette vie ne s’est pas gouvernée suivant la règle commune, elle en devient responsable. […] Ce serait une erreur aussi de croire que l’homme seul peut exercer une influence sérieuse en dehors de la vie privée. […] Telle femme, en s’emparant des imaginations, en passionnant les esprits, en suscitant dans les intelligences un examen nouveau des opinions reçues, agira sur son siècle d’une autre façon mais autant peut-être que telle assemblée de législateurs ou tel capitaine d’armée5.
3Or, George Sand, succédant à Germaine de Staël – ou la côtoyant – dans l’imaginaire culturel romantique et post-romantique, est manifestement évoquée ici en filigrane, en ce qu’elle a percé avec force et succès un marché éditorial « masculin » dont la réticence face aux femmes qui écrivent ne cesse de se transmettre à l’opinion. Toutefois, dès ses premiers pas dans le champ littéraire, Sand devient, par ses attitudes anticonformistes, une icône, puis un modèle littéraire, et il est intéressant d’étudier les jeux de miroirs qui, à travers elle, renvoient la représentation de l’écriture féminine dans les décennies centrales du xixe siècle.
Visibilité de la femme écrivain
4On est encore loin de cerner complètement le pouvoir mythopoétique de Sand sur le champ littéraire de son siècle ; on en évoquera ici quelques exemples, à commencer par les vignettes de Jules Vernier qui accompagnent la Physiologie du bas-bleu de Frédéric Soulié6. Dans le chapitre v, « Bas-Bleus contemporains. Bas-Bleu marié, première espèce », Soulié fait indirectement d’elle, sans la nommer, le prototype du « bas-bleu contemporain » et du bas-bleu marié, qui « vit avec son mari, ou […] ne vit pas avec son mari, ou, vivant avec son mari, ne le compte pas comme mari7 ». Dans le chapitre vii, « Le bas-bleu libéré », pour la vignette ornant la lettre initiale, l’illustrateur Vernier reprend grossièrement les traits de Sand, cigarette au bec, mais habillée en femme et appuyée sur son bureau-écritoire auquel elle tourne toutefois le dos. De son côté, dans ce même chapitre, Soulié décrit la femme de plume qui se veut libérée et considère le mariage comme un « bagne8 » ; ce type du bas-bleu « veut être député, électeur, avocat ; il fume, il se promène les mains derrière le dos, il serre la main à ses collègues les hommes et les tutoie fraternellement9 ». Soulié décrit aussitôt les activités politiques et journalistiques du bas-bleu libéré, en démultipliant les déclinaisons derrière lesquelles se dessinent l’ombre de Sand comme celles des femmes des mouvements saint-simoniens ou fouriéristes et le malaise qu’elles engendrent. Il s’agit ici de femmes visibles dans l’espace public, ou d’une femme écrivain présente dans les journaux, à une époque où Sand va justement s’engager davantage dans le jeu politique aux côtés de Pierre Leroux. Soulié nomme ainsi quelques types : « femelle du communiste », « bas-bleu socialiste10 ».
5Au début de la monarchie de Juillet, soit après la parution des premiers grands romans sandiens et les menées du mouvement saint-simonien en faveur de l’émancipation des femmes, Charles Nodier avait déjà exprimé le malaise des hommes face à « la femme libre » qui, devenue si proche des hommes dans ses activités sociales, met en danger le désir amoureux, fondé sur les différences sexuelles :
Mais ce n’est pas son égale en droits qu’on aime, c’est un être tout divin – délicat et à protéger, à qui on se déclare soumis, par les grâces et les vertus […]. Je vous demande quel plaisir que de soupirer sous les fenêtres de l’inspecteur des contributions, que de faire le pied de grue pendant une nuit froide et neigeuse à la porte de l’adjoint de la mairie11.
6Le piédestal où l’amour courtois place la femme-idole, tout en la marginalisant dans la société, ne saurait tolérer la parité de droits et de destinées sociales pour les deux sexes dans la sphère publique. Les prétentions féminines à envahir les champs d’action masculins sont donc stigmatisées, en particulier au théâtre, où Sand apparaît par le biais de ses épigones et de ses œuvres. Dans un vaudeville de 1867, comme dans les vignettes d’Honoré Daumier pour Le Charivari, en 1844, on s’apitoie ainsi sur le pauvre mari, contraint de s’occuper des enfants et de repriser les bas, justement bleus, de sa femme qui s’adonne à la littérature en compagnie de douteux sigisbées12 ou de femmes artistes à la versatilité encore plus douteuse, lesquelles fument dix-neuf cigares entre les repas (comme si elles incinéraient ainsi leur siècle) ; le club de celles-ci est situé, selon un jeu à double sens qui aspire à la tautologie, « dans le quartier des Lorettes ». Une autre comédie, écrite à la même époque que le texte de Soulié, se termine ainsi par l’« Air d’Indiana » – « Adieu, mon rêve littéraire,/Je n’aurai d’plum’ que pour mes chapeaux13 » –, et s’inscrit dans une longue série de pièces vouées à rédimer l’espèce des bas-bleus et à les re-métamorphoser en inoffensives femmes au foyer.
7À la même époque, les journalistes écrivant dans des périodiques engagés pour la cause des femmes ne l’entendent toutefois pas de cette oreille. Dans La Femme nouvelle. Émancipation des femmes, en 1833, la saint-simonienne Suzanne Voilquin fait une critique de l’article de Nodier : « Que prouve M. Ch. Nodier de plus clair dans son article sur la femme libre, inséré dans le second numéro de l’Europe littéraire ? », demande-t-elle, pour mettre ensuite en lumière la faiblesse intéressée de l’argumentation et encourager les femmes à écrire ; dans le même temps, elle se penche sur les modes de représentation des femmes écrivains et cite des exemples historiques, dont Manon Roland et Germaine de Staël14. Plus tard, la Gazette des femmes répondra à Frédéric Soulié, auteur de la Physiologie du bas-bleu, qu’« il existe de nos jours des femmes qui savent donner aussi bien un coup de plume qu’un coup d’éventail à l’insolent qui les insulte15 ». La Gazette fait également un compte rendu de la représentation au Palais-Royal d’une comédie, L’Amour et pot au feu, « centième satyre [ sic] de femmes auteurs […] dans laquelle bien des pauvres femmes se pourraient reconnaître ». Dans la pièce, la femme qui délaisse bouillons et oignons pour la poésie est interprétée par une actrice « avec une telle exactitude de costume, que chacun […] nommait la personne dont elle était la fidèle caricature ». Et l’auteur de commenter : « De semblables pasquinades n’empêcheront jamais le public d’estimer les femmes de talent : tant pis pour le pot au feu », d’autant plus que si, comme Sand ou Sophie Gay, nommément citées, « on gagne de dix à trente mille francs par an à barbouiller du papier, on fait écumer son pot-au-feu par une servante16 » – réplique qui donne en passant une idée des rémunérations que reçoivent les femmes auteurs, ainsi bien insérées dans le marché littéraire.
8Les allusions acharnées à George Sand, dans ces satires, montrent non seulement que le modèle était dangereux aux yeux de ses détracteurs17, mais également qu’il s’agissait d’une présence incontournable. Il n’est pas jusqu’aux bals de l’époque qui ne soient influencés par la visibilité croissante de George Sand et sa présence dans les performances fantasmées des femmes dans l’espace public et la littérature populaire. En 1846, Alexandre Privat d’Anglemont, grand expert en danseuses et en cocottes, rappelle que les filles du Quartier latin s’empressent de « se baptiser d’un nom de roman en vogue : elles arrivent à Paris Louison et Toinon, et un an après on les retrouve Lélia, Indiana18 ». Dans la Physiologie de la polka, le chapitre consacré aux bas-bleus présente celles-ci comme ébranlées par le nouveau bal, sauf « les mères nobles de la littérature féminine », Marceline Desbordes-Valmore et Amable Tastu, et « Madame George Sand », étrangement reliée à la Corinne de Germaine de Staël dans une représentation où elle est peinte comme la « Sibylle antique sur son trépied », immobile, toutefois « sans détacher ses regards de l’humanité ; car elle sait bien que la danse passe et que l’humanité reste19 ».
9Ce regard, en effet, inquiète. Quoi qu’il en soit, l’écriture des femmes est une réalité avec laquelle il faut compter – les travaux récents sur les romancières, de 1815 à 1848, le montrent clairement20. Certains relient cette écriture à l’image traditionnelle de la femme comme incarnation d’une sensuelle élégance ou comme autre moitié du ciel : à propos de Delphine de Girardin, on parle des « nouveaux jolis confrères en peignoir, en rubans bleus et roses » et de « la petite église coquette et embaumée qui mêle de si délicieux accents au faux bourdon de la grande cathédrale littéraire21 ». Les anthologies prolifèrent, tout au long du siècle, et La Perle, ou les Femmes littéraires (1832), joli volume en velours rouge aux pages bordées d’or, présente une introduction où la galanterie et la reconnaissance du statut des écrivaines ne vont pas sans ambiguïtés :
Les femmes sont l’ornement de la littérature, comme elles le sont de la société, et leur aimable influence s’y fera toujours sentir comme dans ce qui touche plus intimement au bonheur de la vie : les femmes ont voulu de tout temps contribuer à nos plaisirs intellectuels, pour qu’il ne fût pas dit que nous puissions être heureux sans elles […] et depuis Sapho jusqu’à nos jours, elles nous ont prouvé sans cesse que le génie littéraire n’était pas un privilège de l’homme, qui s’en est arrogé tant d’autres qu’il lui faudra restituer un jour.
Les femmes ont réussi toutes les fois qu’elles ont tenté de nous montrer que leur esprit était aussi étendu et plus délicat que le nôtre ; […] l’histoire nous offrait des femmes grands hommes ; nous avons eu des femmes grands écrivains22.
10La grammaire, à l’époque, ne saurait nommer ces figures nouvelles, et l’hermaphrodisme linguistique ne semble pouvoir être évité. Ainsi, Jules Janin s’égare dans les difficultés de « genre », en perpétuant l’incertitude qui reviendra sous la plume de Jules Barbey d’Aurevilly23, et se demande, en parlant de Sand, dans le célèbre article publié à plusieurs reprises sous des formes et des supports différents :
Qui est-il ou qui est-elle ? Homme ou femme, ange ou démon, paradoxe ou vérité ? Quoi qu’il en soit, c’est un des plus grands écrivains de notre temps. D’où vient-elle ? Comment nous est-il arrivé ? […] pourquoi il s’est mis ainsi à couvrir de ses dédains, de son ironie et de ses cruels mépris la société tout entière ? quel énigme cet homme, quel phénomène cette femme24 !
11Journaliste polyvalent, le même Janin avait par ailleurs donné à la Gazette des femmes un article de tout autre teneur, une sorte de réquisitoire des plus féministes contre les préjugés qui accablent Sand parce qu’« Elle est femme ! », sans toutefois renoncer au plaisir de la dualité. Si George est « tour à tour un capricieux jeune homme de dix-huit ans, et une très jolie femme de vingt-cinq à trente ans », elle « est le plus grand écrivain de ce temps-ci » :
Il n’y a pas à l’Académie française, il n’y a pas dans toutes les académies françaises et étrangères de ce monde, un écrivain de la force de George Sand. Faites-la donc asseoir à côté de M. de Chateaubriand et de M. de Lamartine, qui se lèveront pour lui faire place et cortège, [si ce n’était] toujours la même réponse : Elle est femme !
12Et « cette femme qui est un grand homme », écrit Janin, il la campe ainsi :
[…] bien malheureuse […] car pendant que les hommes la proclament une femme illustre, étonnante, l’orgueil de son sexe ; voici que les femmes, pour se consoler de voir réunie tant de beauté à tant de génie, tant de dévouement à tant de courage, s’écrient […] : Ce n’est pas une femme, c’est un homme ; […] femmes qui tremblez, rassurez-vous ; George Sand, trompé par les hommes, comme une femme, n’ira pas parmi vous revendiquer ses droits de femme ; elle vous a prises en pitié […], le jour où elle a pris en haine tous les hommes ; mais elle vivra […] reine chez les hommes, roi chez vous25.
13Une ambivalence similaire, au niveau des jeux de genre et de la réversibilité des attributions genrées, se reproduit lorsque le « phénomène » Sand intervient comme référence intradiégétique dans des romans, où elle est souvent présentée par rapport à un double, entérinant le débat ancien sur l’essence féminine. Ce qui advient chez Balzac, dans Béatrix notamment, avec Marie d’Agoult comme repoussoir. De façon encore plus manichéenne, on peut citer Lui. Roman contemporain, dans lequel Louise Colet se fixe sur le traumatisme de ses amours ratées avec Flaubert, mais aussi un roman où s’affrontent les questions esthétiques majeures du travail et de l’inspiration, de l’art pour l’art et de l’art engagé26. C’est aussi une riposte à Sand, avec laquelle les relations n’avaient jamais été faciles27. L’écrivaine est évoquée ici sous le nom d’Antonia Back, femme auteur déjà célèbre, qui n’« apparaît un grand génie » qu’à « tous ceux qui ne sont pas du métier28 ». Dépourvue de « sensibilité » en amour comme de « condensation » dans l’art, impassible et hypocrite de surcroît, elle travaille « avec un patient effort à réhabiliter ses sentiments par ses doctrines », qui laissent « une grande élasticité à la morale29 ». Dans un premier temps, sa beauté et « un esprit qui valait le [s] ien30 » séduisent Albert (représentant Musset), mais le conflit naît justement de cette parité et du désarroi des hommes face aux femmes intellectuelles qui « nous pénètrent, nous analysent, nous traitent de pair. […] il nous en coûte d’avoir à compter avec leur intelligence31 ». La revendication serait complète de la part de l’écrivaine qu’est Colet, qui a bien vécu ces préjugés, si elle n’oubliait pas les obligations, et le besoin, de l’écriture payée à la ligne que, comme Sand, elle connaissait bien : noircissant Antonia, qui considère l’art comme une tâche quotidienne, pour exalter la libre inspiration du vrai poète, Albert, elle accable sa rivale, ainsi que « le grand absent » qu’est Flaubert.
14Toutefois, ce qui compte est cette discussion sur la femme créatrice, non seulement écrivain mais aussi cantatrice et danseuse – les professions les plus acceptées dans le domaine de l’expression des femmes, de par le nécessaire partage des tâches – que le roman met en scène, s’inscrivant dans la lignée du Künstlerinromane qui foisonne après Corinne et Consuelo. Dans ce genre romanesque, les personnages sandiens font école, et le problème de la voix de la femme, au sens propre et symbolique, revient souvent teinté d’une poétique du retrait, face à une société qui essaie de l’étouffer. Citons Domenica, pauvre orpheline, fille de Consuelo en ce qu’elle a de modeste et de spontané, ancrée par son profond sens de la douleur dans la poétique de Marceline Desbordes-Valmore. Sous le Second Empire, dans Les Désirs de Marinette (1868), André Léo campe, sur un fond réaliste, une Consuelo prolétaire de la banlieue de Paris, qui connaît le succès à l’Opéra, mais renonce finalement à son art parce qu’elle ne saurait se plier aux compromis qu’il comporte, préférant le bonheur d’une famille unie.
15Sand condamnera certes André Léo comme pétroleuse32, à l’époque dramatique de la Commune. Toutefois, elle avait auparavant conseillé à Juliette Adam de lire ses œuvres, en constatant la croissance exponentielle des femmes « de plus en plus nombreuses qui lui paraissaient prendre conscience de leur valeur morale et intellectuelle. “Autrefois elles étaient cinq, aujourd’hui elles sont cinquante”, dit notre grande amie qui nous cita comme exceptionnelle Mme André Léo, et me conseilla de lire son premier et son dernier volume : Double histoire et Attendre et espérer33 ».
Femmes sous influence ? La référence sandienne
16Les retombées intertextuelles des œuvres de Sand sur les écrits de ses contemporaines restent encore à étudier dans leur ensemble, d’autant plus que cette généalogie littéraire féminine est très riche, et que Sand y assume un rôle de légitimation. Ce qu’elle a fait, d’autres pourront le faire, elle est la grande contemporaine, le paratonnerre et le bouclier, la référence inévitable dans les revues et journaux, tant « masculins » que « féminins ». Ainsi, il n’est guère possible de parler des écrits d’une femme sans que Sand soit automatiquement nommée, et ses œuvres constituent une échelle de valeurs à laquelle comparer celles de ses consœurs. Qu’il s’agisse de roman sentimental, de roman féministe, de roman champêtre, voire d’écrit « politique », la richesse des productions sandiennes facilite leur évocation. Ainsi, les Récits d’une paysanne de Juliette Lamber, future Juliette Adam, sont précédés en 1862 d’un « Avertissement des éditeurs » qui en souligne la nouveauté, dans la production de l’auteur, par une allégation de modestie : « personne ne comparera ces petits romans champêtres, si saisissants, si pleins de vie, aux romans champêtres qui les ont précédés. Il n’y a là aucune préoccupation d’imitation ou de pastiche », même si la répétition de la mention de sous-genre ne fait que confirmer leur insertion dans une lignée bien précise34.
17Le même raisonnement sous-tend le compte rendu que Jules Vallès fait de l’œuvre d’André Léo, dont il juge « remarquables » les romans, dont il se dégage une « poésie forte et simple » et où il y a « quelque part […] du génie ». Auteur elle aussi de romans « rustiques », dont le cadre est son Poitou natal, André Léo est « un talent venu en bonne terre », pourvu qu’il se débarrasse, précise Vallès, « du souvenir de George Sand35 », car l’égaler, ce serait toujours lui être « inférieur36 ». Surtout que le sujet est prétexte à une tirade contre un certain type de femme auteur, qui « fera ses semblables toujours supérieures, viriles, et elle profitera […] de sa popularité qui commence, pour recommencer encore le plaidoyer, discuter la question fatiguée du mariage, et l’on croira entendre un avocat quand on désirait lire un romancier37 ». Là encore, au-delà de l’idéologie qu’il partagera avec sa consœur au Cri du Peuple, au moment de la Commune38, Vallès perpétue une séparation nette entre masculin et féminin. Le topos s’établit très tôt et n’évoluera guère au cours du siècle : à propos des Récits d’une paysanne, de Juliette Lamber, on parle ainsi de « la main blanche et fine » qui a écrit le livre, de la « transparence et la blancheur » du « front rêveur » qui l’a conçu, et de « la force virile de l’idée et la ferme droiture du style39 ».
18Face à cet architexte et à cet épitexte « féminins » – pour employer les notions de Gérard Genette – de plus en plus touffus, Sand est toujours présente, non sans apories toutefois. Les journaux féminins oscillent entre admiration sans condition et distanciation par rapport à certaines attitudes, lorsque l’esprit semble prendre le dessous sur le cœur40, ou la part « masculine » l’emporter sur la part féminine. Au moment de sa séparation, la Gazette des femmes l’exhorte à signer de « son nom de jeune fille donc, et avec lui son nom de gloire et de postérité : Aurore-Dupin-de George-Sand, et ce nom deviendra le plus beau entre toutes les femmes41 ».
19De son côté, on sait combien Sand a été récalcitrante lorsqu’il s’agissait pour elle de se ranger parmi les femmes auteurs, mais elle ne cesse jamais de se rapporter à ses consœurs, tout d’abord dans les correspondances privées. Elles les encourage, incitant Marie d’Agoult à écrire « sur le sort des femmes et sur leurs droits42 » ; elle participe à la cotisation pour l’Union ouvrière de Flora Tristan43 ; elle cite Amélie Bosquet, folkloriste amie de Flaubert, comme une « femme érudite, patiente et consciencieuse44 », et plus tard elle donne à Juliette Adam des conseils d’hygiène scripturale et de méthode, l’invitant à choisir une classe de lecteurs et à se forger les « qualités de métier », sans jamais oublier que « le travail est un acte de lucidité45 ».
20À Marceline Desbordes-Valmore, George écrit ainsi la première, ayant appris, lui confie-t-elle, « que vous lisez mes livres avec bienveillance », et en affirmant que « depuis longtemps j’admire et chéris vos belles et tendres poésies ». À quoi Desbordes-Valmore répond par une lettre beaucoup moins officielle, parlant de fièvre, de pitié, de cris intérieurs de désespoir, malgré le « style pur et fort qui recouvre toutes ces blessures » chez sa correspondante46. Un embryon de discussion sur la relation féminine à l’écriture va donc se développer entre Sand et ses contemporaines ; elle cherche souvent à privilégier un côté « traditionnel » de la femme, qui doit conserver sa spécificité genrée. Comme elle l’affirme dès les premières pages d’Histoire de ma vie, l’art est aussi une affaire de « solidarité » (HV, t. I, p. 19) ; elle souligne ce fait chez Harriet Beecher-Stowe ou chez Delphine de Girardin. Les qualités de celle-ci, l’« exubérance de son esprit » et la « tendresse de cœur », sont considérées également pour leur portée esthétique. Delphine a doté « son époque de beaux ouvrages », mais elle a fait aussi don d’elle-même aux artistes qui l’approchaient et qui recevaient d’elle « de nouvelles forces » : « Les plus grands esprits l’ont trouvée à leur niveau dans ce qu’ils avaient de meilleur », et elle se plaçait parmi eux, « femme du monde » et « écrivain », comme un foyer rayonnant47.
21Sand entre également en lice pour dresser un bilan de l’activité d’Hortense Allart. Le temps est loin où Sand la considérait « pédante » et sans séduction48, et l’article sur le Novum Organum invite « les femmes intelligentes » à lire les livres d’une femme « savante » et « poète », qui « est, par ses travaux sérieux, ses vertus privées, la noblesse de son caractère, l’élévation de son talent et la haute direction de son esprit, une des gloires de son sexe49 ». Beaucoup plus argumentée, la préface que Sand consacre aux Enchantements de Prudence approfondit les questions de la relation entre passion et activité intellectuelle chez les femmes, ainsi que de leur influence « dans la société présente et future50 ». Dans cette même préface, après avoir évoqué l’originalité, non exempte de défauts, de l’auteur, son « travail assidu » et son « réel stoïcisme » (p. vi), sa « soif de vivre » et « tant d’ivresse » domptée par la raison, Sand, qui parle comme souvent au masculin, se déclare « forcé d’admirer cette puissance et d’y constater curieusement la transformation du sexe intellectuel, résultat de la culture intellectuelle virile » (p. vii). Ce qui est étonnant chez Hortense Allart est sa « possession du moi » (ibid.), par laquelle « elle a porté seule tous ces fardeaux terribles, la jeunesse et ses orages, la maternité et ses devoirs de toute la vie, l’étude, cette conquête sans repos de la sagesse » (p. x). Face à une femme qui a suivi en Italie « l’idéal de Corinne » et « un délicieux Oswald » (p. xiii), qui « ne s’accuse ni se vante d’avoir cédé aux passions » (p. x), Sand se laisse aller à une réflexion sur le couple et sur la « fermentation romantique » (p. xiii), et finit par saluer la « satisfaction d’un esprit toujours d’accord avec luimême », grâce à laquelle « le récit de ces enchantements est d’un attrait indicible » (p. xii), et élude toute réserve. Ne s’agit-il pas pour Sand, dans cette critique qu’on pourrait nommer « autobiographique », de dresser un bilan de son propre passé et d’une expérience qu’elle a partagée avec ces femmes, et de rappeler aussi ses propres attitudes romantiques et post-romantiques51 ?
La préface au Bleuet (1875)
22Préfacière allographe, Sand remplit à de nombreuses reprises les fonctions classiques de conseil, de garantie de la qualité du livre et d’incitation à la vente, et c’est le cas d’une petite préface au roman d’une femme, Le Bleuet, qui n’est pas incluse dans le précieux volume George Sand critique, mais qui constitue un exemple frappant à quelques mois de la mort de Sand. Il s’agit de moins de deux pages, écrites en une soirée52. Grand écrivain blasé, Sand reçoit ensuite la « dame de lettres », « fort ennuyeuse, complimenteuse », venue la remercier, dame à laquelle elle se « dérobe » pour « achever Le Marteau rouge », conte de grand-mère, non sans la renvoyer aussi à son rôle de mère de « charmantes filles53 », aux prénoms d’ailleurs bien sandiens de Consuelo et de George-Achille54. L’auteure en question écrit sous le pseudonyme de Gustave Haller ; de son vrai nom Wilhelmine-Joséphine Simonin, elle est l’épouse d’Eugène Fould ; ancienne pensionnaire de la Comédie-Française sous le nom de Mlle Valérie, elle est écrivain et sculpteur ; elle fait l’objet d’un chapitre des Silhouettes parisiennes de la féministe Olympe Audouard, d’un compte rendu de Janin sur sa comédie Le Médecin des dames, et de plusieurs chroniques dans Les Gauloises, ancien Le Bas-bleu, moniteur mensuel des productions artistiques et littéraires des femmes. Le 1er janvier 1876, ce journal parle du Bleuet comme d’un roman « bien écrit, simple d’action », rempli de « réflexions d’un esprit profond et distingué […], exprimées avec une élégante originalité et […] une tournure brève empruntée au style dramatique », ce qui trahit l’incognito d’une figure « très connue et très choyée du monde politique et financier55 ». La préface de Sand est donc un texte de circonstance, qui a « décidé définitivement la réputation56 » de l’auteur ; le texte propose aussi des thèmes intéressants et il vaut la peine de le citer longuement : « Je crois, malgré le pseudonyme, que ce charmant livre est l’œuvre d’une femme. Il y a de ces délicatesses de sentiment, de ces recherches d’analyse qui me semblent appartenir à un esprit plus pénétrant et plus contenu que celui de l’homme57 ». Le héros « de cette simple et touchante histoire » possède en tout cas, écrit Sand :
un cœur de femme mais il a aussi le caractère d’un homme bien trempé, et ce mélange de tendresse et de fermeté fait de lui un type assez neuf. Est-il vrai ? Je veux l’admettre. On ne discute pas ce qui plaît et intéresse. […] L’auteur, en voulant être romanesque, ce que je crois très nécessaire à un romancier, nous montre qu’il sait fort bien étudier les caractères les plus opposés, et tous les types […] ont un grand relief. La forme nous paraît très bonne, correcte et sobre. Nous croyons que le public encouragera ce remarquable essai d’un homme excessivement délicat ou d’une femme très fortement douée58.
23Or, cette dualité censée entretenir le suspense introduit un roman dûment stigmatisé par Barbey d’Aurevilly comme « aussi féminin que possible59 », roman qui discute des épreuves de l’amour et des conditions du bonheur humain, dans le mariage surtout, illustrant la difficulté d’une amitié désintéressée entre homme et femme. Une rhétorique argumentative visant à déjouer les stéréotypes dénonce un roman à thèse, construit avec une bonne efficacité de langage, qui utilise le héros comme porte-parole de la femme et des idées de l’auteure, selon un idéalisme que Sand avait enseigné, mais qui fera douter justement de la vérité du personnage masculin60.
24Un fait marquant est le lancement du roman, qui « plaçait Gustave Haller à la tête des auteurs d’avenir de la France contemporaine », comme le dit pompeusement Le Monde illustré du 25 décembre 1875. Moins d’un an après sa publication, Les Gauloises font état de la fête pour la dixième édition61, mais dès la quatrième édition, on rapporte les « Opinions de la presse », condensant dans un appendice « force articles favorables et madrigalesques62 », dont aucun ne fait abstraction du jugement de Sand, reprenant parfois ses propres mots :
Ce jugement est celui d’un maître, et d’un maître qui par sa haute intelligence et par sa double nature, est plus que tout autre à même de juger une œuvre pareille, car il a toutes les qualités « d’un homme excessivement délicat et d’une femme très fortement douée ». […] L’auteur a mis ce jugement en tête de son œuvre, comme un diadème63.
25Tous les journaux soulignent « l’honneur d’une préface » de « l’auteur de La Petite Fadette » (Le Figaro, p. 31), le « patronage d’un éminent écrivain » (Le National, p. 18) ou de l’« illustre introductrice » (Le Constitutionnel, p. 45), le « laisser-passer littéraire » (Le Gaulois, p. 39) que constitue la « courte mais remarquable préface de Sand » (L’Opinion nationale, p. 21). Même Le Charivari (p. 16) parle d’« Un livre intéressant ! […] Ce Gustave-là m’a tout l’air de porter jupons. Mais son œuvre est virile par le talent. Le Bleuet est un roman étudié et digne de la préface que Sand lui a consacrée. C’est tout dire. » Aux attestations d’estime s’ajoutent les rapprochements dans le sujet et les personnages : le « caractère de Franz Tilmann tient à la fois de l’Alceste de Molière et du Bénédict de Valentine, mais avec des nuances tout à fait originales » (Revue de France, p. 30). Il s’agit d’un roman peut-être trop philosophique, mais qui appartient au genre des « livres étudiés, pensés et surtout écrits », qui « accuse réellement un produit féminin » (Le Journal de Paris, p. 23), « dans la conception, dans le style, dans toutes ces délicatesses de sentiment qu’une femme seule peut ressentir et exprimer » (Le National, p. 17-18), faisant de son « personnage alsacien rêveur et blond […], une femme qui a de la barbe au menton » (Le Journal de Paris, p. 23).
26Comme quoi le cercle se boucle. Cette petite préface et les réactions qu’elle provoque semblent faire remonter le temps à rôles inversés : un grand écrivain cautionne l’œuvre d’un[e] débutant[e], au pseudonyme transparent, laissant totalement subsister la division entre masculin et féminin, la littérature « officielle » et la littérature « féminine », comme si rien n’était changé depuis le temps des interrogations de Janin. Certes, on sait que Sand a presque toujours refusé « de se situer en tant que femme, dans un espace féminin ou dans une tradition féminine », comme le précise Christine Planté64, et on se souvient bien de ses préfaces « ondoyantes », si l’on peut dire, du temps d’Indiana. Certes, Sand a toujours préféré confier la contestation des idées reçues, ainsi que les éléments métadiscursifs, à ses romans, supportés en partie, en ce qui concerne sa poétique, par Histoire de ma vie ou Lettres d’un voyageur. Par ailleurs, si elle n’a eu de cesse de déstabiliser « l’imagerie convenue de la représentation des sexes », précise à juste titre Martine Reid65, la préface au Bleuet peut sembler à cet égard surprenante et décevante. Toutefois, cette préface n’est-elle pas symptomatique d’un changement qui s’est subtilement opéré, au cours de la deuxième moitié du siècle, dans la représentation même de la femme auteur ? Surtout à partir des années 1870, devenue un type littéraire, envahissant les catalogues d’éditeurs et hantant les rédactions des journaux, la femme qui écrit peut commencer à se passer de justifications et surtout de ce « pourtant » par lequel nous avons débuté cette réflexion.
27D’une part, banalement, le paratexte du Bleuet affiche le statut acquis par Sand un an avant sa mort. Comme le rappellera Barbey d’Aurevilly, elle est « la présidente […] de la République féminine des lettres », dont « les moindres billets sont pour les femmes des décorations qu’elles pendent au cou des livres qu’elles écrivent66 ». Sa féminité est acquise et annexée, mais non exclusivement, dans sa stature d’écrivain tout court, dont l’attitude, face à ses consœurs, semble cautionner la différence plutôt que l’intégration. D’autre part, reconnaître ces différences, dans les préfaces et les articles des dernières années du siècle, ne signifie plus affirmer un signe quelconque d’infériorité de la femme67, mais rechercher une spécificité, une définition en train de se faire, pour la femme qui écrit.
28Faut-il en conclure que George Sand serait alors la pionnière des gender studies ? Ce serait trop dire, mais elle reste certainement le « témoin » et l’« interprète68 » d’un siècle où le questionnement sur la féminité du texte a permis l’essor d’une attitude critique nouvelle. Face à une écriture féminine – des autres – en mal de reconnaissance, dans une dialectique entre sexualisation du texte et recherche d’une inclusion dans le champ littéraire commun, Sand pose avec fermeté les problèmes de l’auctorialité, tout en invoquant une beauté utile, qui ne renonce jamais à la portée esthétique, mais y ajoute les valeurs de la relation féminine au monde. Comme Gustave Haller, et comme André Léo, Sand n’a jamais écrit de texte « qui ne soit une pensée69 », et cette pensée, même dans ses contradictions, ne s’est jamais trop éloignée du « progrès70 » des femmes, et des femmes auteurs, à son époque et au-delà.
Notes de bas de page
1 M. Perrot, Les Femmes ou les Silences de l’histoire, p. v.
2 En particulier, voir les études suivantes : C. Planté, « La place des femmes dans l’histoire littéraire : annexe ou point de départ d’une relecture critique ? » ; A. Lasserre, « La volonté de savoir : présentation du numéro » ; A. Lasserre, « Les femmes du xxe siècle ont-elles une histoire littéraire ? » ; M. Reid, Des Femmes en littérature ; M. Reid (dir.), Les Femmes dans la critique et l’histoire littéraire. Je remercie beaucoup Catherine Nesci pour ses précieuses suggestions concernant ces références et bien d’autres points dans cet article remanié.
3 Je me permets de renvoyer à mon étude, La Révolution souterraine. Voyage autour du roman féminin en France, 1830-1875, p. 177-372.
4 Pour le paradoxe de cette affirmation, voir l’article de M. Danahy, « Marceline Desbordes-Valmore and the Engendered Canon ».
5 M. d’Agoult, Mémoires, souvenirs et journaux, t. I, p. 30.
6 F. Soulié, Physiologie du bas-bleu. Il faudrait relire le texte en rapport avec l’iconographie, notamment celle d’Honoré Daumier. Nous renvoyons aux travaux suivants : C. Planté, « Les Bas-Bleus de Daumier : de quoi rit-on dans la caricature ? » ; C. Planté, « Les bas-bleus contre l’ordre social », chap. ii de La Petite Sœur de Balzac ; M. Reid, « Bas-Bleus », chap. ii de Des Femmes en littérature ; C. Nesci, « Bas-Bleu ou femme de plume ? La littérature au féminin selon Daumier et Gavarni ».
7 F. Soulié, Physiologie du bas-bleu, p. 42.
8 Ibid., p. 64.
9 Ibid., p. 64-65.
10 Ibid., p. 65.
11 C. Nodier, « La femme libre ou de l’émancipation des femmes ».
12 M. Coste et A. Belle, Le Mari d’un bas-bleu.
13 F. Langlé et F. Devilleneuve, Un bas-bleu, comédie-vaudeville en un acte.
14 Suzanne [Voilquin], La Femme nouvelle. Émancipation des femmes, no 113 [1833], p. 164-166.
15 M. de Vieuxbois, « Les bas-bleus de France, peints par Frédéric Soulié ».
16 « Confidences », Gazette des femmes, 1er mars 1837.
17 « Qui a peur de George Sand ? » demande encore Béatrice Didier au limen du livre commandé par le ministère des Affaires étrangères pour le bicentenaire de la naissance de Sand, que le ministère de la Culture et de la Communication a inscrit au titre des célébrations nationales en 2004 : George Sand, Paris, ADPF et ministère des Affaires étrangères, 2004, p. 7.
18 A. Privat d’Anglemont, Voyage à travers Paris. Le Prado, 2002, p. 144.
19 A. Vitu et P. Farnèse, Physiologie de la Polka, 2002, p. 274.
20 A. Del Lungo et B. Louichon (dir.), La Littérature en bas-bleus : romancières sous la Restauration et la monarchie de Juillet, 1815-1848, Paris, Classiques Garnier, 2010.
21 Charles de Bernard, « La canne de M. de Balzac, par Mme Émile de Girardin », La Chronique de Paris, 22 mai 1836, p. 234.
22 P. L. Jacob, La Perle ou les Femmes littéraires : choix de morceaux en vers et en prose composés par les femmes depuis le quinzième siècle jusqu’à nos jours, précédé d’un aperçu historique sur les femmes littéraires de la France, p. 10-11.
23 « Après George Sand, Daniel Stern ! Seulement doit-on dire Monsieur ou Madame Daniel Stern ? », demande J. Barbey d’Aurevilly (Les Œuvres et les hommes, t. V, Les Bas-bleus, 1968, p. 63).
24 J. Janin, « Mme George Sand », p. 438. Voir aussi l’article de M. Le Mens dans le présent ouvrage.
25 J. Janin, « George Sand », p. 114-115.
26 L. Colet, Lui. Roman contemporain.
27 Voir surtout Corr., t. VI, p. 804-806 et t. XVI, p. 244. J. Barbey d’Aurevilly, dans son chapitre « Antique et bleu » du Musée des Antiques, définit George Sand comme un « bas-bleu à coins rouges », à côté de laquelle Louise Colet « n’est qu’une chaussette » (Les Vieilles actrices. Le Musée des antiques, p. 183).
28 L. Colet, Lui. Roman contemporain, p. 83.
29 Ibid., p. 123.
30 Ibid., p. 132.
31 Ibid., p. 134.
32 Voir, sur ce point, Agendas, t. IV, septembre 1871, p. 421-422.
33 J. Adam, Mes sentiments et nos idées, p. 238.
34 J. Lamber, Récits d’une paysanne, p. vii.
35 J. Vallès, « Les livres nouveaux. Un mariage scandaleux et Une vieille fille d’André Léo », p. 403-405.
36 J. Vallès, « Les livres nouveaux. Les Deux filles de M. Plichon d’André Léo », p. 450.
37 Ibid.
38 Sur ce sujet, on se référera à l’article de F. Marotin, « Jules Vallès, George Sand et les femmes de lettres ».
39 E. Belcour, « Courrier de Paris », Le Papillon, 25 février 1861, p. 79.
40 Voir H. de Damville, « George Sand ».
41 « Confidences », Gazette des femmes, 1er septembre 1836, p. 96.
42 M. d’Agoult et G. Sand, Correspondance, p. 45.
43 Aux côtés, parmi les femmes, d’Hortense Allart, Pauline Roland, Virginie Ancelot, Marceline Desbordes-Valmore et Anaïs Ségalas.
44 Voir « Avant-propos » à Légendes rustiques, p. vi.
45 Lettre à Juliette Adam, à Nohant, le 30 août 1872, Corr., t. XXIII, p. 201.
46 Voir, à ce propos, l’article de G. Lubin, « George et Marceline ».
47 Voir l’article dédié à Delphine dans Autour de la table, p. 41-46 ; repris dans GSC, avec une introduction de M.-È. Thérenty, p. 489-497.
48 M. d’Agoult et G. Sand, Correspondance, p. 45.
49 « Madame Hortense Allart », Courrier de Paris, 23 décembre 1857.
50 « Préface » à H. Allart, Les Enchantements de Prudence, p. iii. Sand cite ensuite un extrait du texte, qui anticipe les propos des Mémoires de Marie d’Agoult que nous avons cités : « Les talents distingués sont seuls dignes d’occuper le public, mais j’ai cru que le sort des femmes a été parfois si malheureux qu’on aimerait d’en voir une suivre en liberté son cœur, et placer dans sa destinée l’amour et l’indépendance au-dessus de tout. » (ibid.)
51 « Les idées morales de Mme de Samans sont à beaucoup d’égards les idées professées par George Sand ; seulement George Sand est plus grave et plus magistrale », lit-on dans un compte rendu des Derniers Enchantements. Voir R. de Lers, « Derniers enchantements - Gertrude, par Mme P. de Samans L’Esbatx », p. 46.
52 « Tousé, artiste et régisseur de l’Odéon vient de la part d’une dame m’apporter un roman avec prière de préface. […] Je le retiens à dîner. Je lis le roman, j’écris la préface et je la lui donne. » (Agendas, t. V, 1er juillet 1875, p. 287)
53 Ibid., 15 juillet 1875, p. 290.
54 L’engouement sandien s’unit à la figure du grand-père paternel, le ministre (Achille Fould, 1800-1867) auquel Sand s’était adressée plusieurs fois (voir, en particulier, Corr., t. XII, p. 748). Cette relation explique peut-être la préface de Sand.
55 Les Gauloises, 1er janvier 1876, p. 3.
56 Selon Le Monde illustré, 25 décembre 1875.
57 « Préface » à G. Haller, Le Bleuet, p. vii.
58 Ibid., p. viii-ix.
59 « un bout de feston, un rien brodé… de soie bleue ! », écrit J. Barbey d’Aurevilly, Les Bas-bleus, p. 253.
60 Le héros, Franz Tillman, Alsacien riche de son exploitation agricole, rencontre deux femmes aristocrates. Il tombe amoureux de l’une d’elle, à qui il impose la retraite de la campagne, mais qui s’avère indigne de son amour. Avec l’autre, il noue une amitié profonde nourrie d’affinités électives et entretient pour un moment des rapports harmonieux avec elle et son mari, mais meurt des soupçons qui pèsent sur cette amitié.
61 Voir « Échos et nouvelles », Les Gauloises, 1er juin 1876, p. 7.
62 J. Barbey d’Aurevilly, Les Bas-bleus, p. 253.
63 Ce compte rendu est extrait de La Patrie, automne 1875, p. 8. Dans le paragraphe qui suit, nous donnerons le titre du journal, suivi de la page de l’appendice de cette quatrième édition du Bleuet, où se trouve la citation. Les articles sont tous de l’automne 1875, les auteurs et les dates exactes sont facilement repérables dans les pages, numérotées 1-49, de cet appendice.
64 GSC, p. xxxiv.
65 M. Reid, Signer Sand, p. 170.
66 J. Barbey d’Aurevilly, Les Bas-bleus, p. 253.
67 Au contraire, L. Derome, dans Le Journal de Paris du 17 septembre 1875, en citant la préface, remarque : « on voit que Mme Sand est modeste à l’endroit de son sexe » (p. 22).
68 Voir l’article nécrologique des Gauloises, 1er octobre 1876.
69 A. Léo, lettre à P.-J. Hetzel du 17 avril 1873, publiée dans L. Colombo, La Révolution souterraine, p. 434-436.
70 « Plus ou moins répandus, ses livres resteront comme des matériaux de l’édifice du progrès », écrit-elle à propos d’Hortense Allart, dans le Courrier de Paris (1857).
Auteur
Université de Vérone (Italie). Maître de conférences en Littérature française à l’université de Vérone, et s’occupe principalement de l’écriture féminine, notamment au xixe siècle, sur laquelle elle a présenté plusieurs communications à des colloques en Europe et aux États-Unis, et publié plusieurs articles et ouvrages dont Marie d’Agoult. Autoritratto di un’intellettuale romantica (Diabasis, 1997) et La Révolution souterraine. Voyage autour du roman féminin en France, 1830-1875 (ANRT, 2007). Elle s’occupe aussi des relations entre littérature, musique et danse, a publié des articles sur Gautier et la danse, et dirigé, avec Stefano Genetti, les volumes Pas de mots. De la littérature à la danse (Hermann, 2010) et Figure e intersezioni, tra danza e letteratura (Fiorini, 2010).
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