Les Promenades dans Rome : l’amazone stendhalienne est-elle romaine ?
p. 247-264
Texte intégral
La nouvelle héroïne stendhalienne
1Le personnage féminin tel qu’il est conçu par Stendhal aux alentours de 1829 est reconnu comme entièrement nouveau à l’époque de sa création. Ni Ernestine ni Armance, héroïnes stendhaliennes antérieures, ne semblent posséder les qualités distinctives qui caractérisent une Mina, une Mathilde ou une Vanina. Jules Janin proteste à l’égard du personnage de Mathilde de La Mole qu’« on n’a jamais imaginé une fille comme cela », tandis qu’Arnould Frémy proclame que « le caractère de Mathilde est venu opérer une réforme complète parmi les héroïnes de romans. C’est toute une révolution qu’une création semblable1 ». Vanina Vanini et Mina de Vanghel, créées elles aussi à cette époque, sont taillées de la même pierre. Il s’agit de trois héroïnes audacieuses qui se veulent à tout prix auteurs de leurs propres destinées plutôt que simples figurantes. Jean Prévost les associe toutes trois, de même que Lamiel, à un troisième type de femme stendhalienne, diffèrent des deux autres répertoriés, à savoir la femme angélique et la catin sublime. Ce troisième type est lié par Prévost à la figure stendhalienne que le critique appelle « l’amazone ». Celle-ci est « un type de femme dont il [Stendhal] rêvait dès sa jeunesse, intelligente, indépendante, hardie, l’égale de l’homme2 ». Pour ce critique, cependant, il n’existe dans la fiction de Stendhal que des amazones ratées, trop cérébrales et trop antagonistes à l’homme pour vraiment mériter le titre de femme rêvée (même s’il se contredit quelque peu en appelant Lamiel « l’amazone de ses rêves3 »). La définition prévostienne de l’amazone, d’ailleurs, ne rend justice qu’en partie à tout ce qui distingue la nouvelle figure féminine qui vient peupler la fiction de Stendhal. Nous retiendrons quand même l’appellation proposée par Prévost, pour décrire le nouveau type d’héroïne incarné par Mathilde de La Mole, Mina de Vanghel et Vanina Vanini4.
2Après la parution des Promenades dans Rome en septembre 1829 viendra Le Rouge et le Noir en 1830 ; Mina de Vanghel, commencé en décembre 1829, sera terminé en janvier 1830, et Vanina Vanini sera publié en décembre 1829. Certes, l’invention de trois héroïnes audacieuses vers 1829 pourrait résulter de la naissance en France d’un type de féminisme d’inspiration saint-simonienne et fouriériste, ou de certains facteurs biographiques tels que l’amour de Stendhal en 1829 pour la très audacieuse Alberthe de Rubempré, à qui l’auteur rend indirectement hommage dans les Promenades5. Il est toutefois possible que ce soi-disant guide touristique, mi-autobiographique et mi-fictif6, ait servi de tournant dans l’élaboration fictionnelle de la femme chez Stendhal. C’est ce que semble suggérer Maurice Bardèche, qui non seulement souligne les parallèles entre Mathilde, Vanina et Mina, mais qui fait observer aussi que le type de la jeune fille énergique « existe dès les Promenades dans Rome7 ». Si c’est le cas, les Promenades pourraient nous aider à mieux cerner les caractéristiques de la nouvelle héroïne imaginée par Stendhal. Cet article va donc tenter de tracer quelques parallèles entre le caractère de la femme romaine tel qu’il est esquissé dans les Promenades et celui du nouveau type fictif stendhalien incarné pour la première fois par Mathilde, Mina et Vanina. Plus généralement, il essaiera de dégager les liens, si liens il y a, entre ces personnages et certaines réflexions théoriques qui figurent dans les Promenades. Cela nous permettra non seulement d’identifier les grands traits de la soi-disant « amazone » stendhalienne, mais aussi de réfléchir à la possibilité d’une origine romaine de celle-ci.
Femmes invraisemblables
3Le narrateur des Promenades raconte qu’au ixe siècle, une femme allemande, déguisée en homme, fut pape pendant deux années. Ce qu’il en dit est intéressant du point de vue de la figure de l’amazone :
Ce ne serait pas bien raisonner contre l’existence de la papesse Jeanne que de dire que la chose est peu probable. Les exploits de la Pucelle d’Orléans choquent bien autrement toutes les règles du sens commun, et cependant nous en avons mille preuves.8
4Une figure de femme invraisemblable, qu’elle soit papesse Jeanne ou Jeanne d’Arc, n’est donc pas forcément une figure féminine inauthentique. Une femme dont les exploits choquent le sens commun démontrerait tout simplement les limites du pauvre sens commun. Le narrateur semble tourner en dérision ce même sens commun en suggérant que l’interruption de la lignée mâle des papes aurait anéanti leur pouvoir. La différence fondamentale entre hommes et femmes inscrite dans les règles de l’Église catholique est ensuite mise en cause par un narrateur qui affirme d’abord que la différence entre visages masculins et visages féminins est parfois imperceptible, mais aussi que le mérite militaire de certaines femmes est égal ou supérieur à celui des hommes. Non seulement les apparences peuvent être trompeuses donc, mais de plus il ne faut pas se fier aux idées reçues quant aux capacités respectives des hommes et des femmes :
Y a-t-il beaucoup de différence entre la figure d’un jeune homme de dix-huit ans et celle de certaines femmes d’un caractère décidé et hardi, tel qu’il faut l’avoir pour aspirer à la papauté ? De nos jours, malgré l’intimité que nécessite la vie militaire, plusieurs femmes déguisées en soldats n’ont-elles pas mérité la croix de la Légion d’honneur, et cela du temps de Napoléon.9
5Le narrateur décrit la papesse Jeanne, dont il s’attache à prouver l’existence, comme « femme singulière10 », épithète qui sera attribuée bientôt à Mina de Vanghel, à Mathilde et à Vanina Vanini. Après avoir cité de nombreuses preuves de l’existence de la papesse Jeanne, qu’il oppose au cynisme d’un adversaire imaginaire, le narrateur explicite la raison pour laquelle certain public français du xixe siècle ne saurait croire à son existence :
Mais qu’importe la vérité de cette anecdote ? Jamais elle n’arrivera jusqu’à l’espèce d’hommes qui se fait remettre ses péchés. « Donnez le Code civil français à vos sujets, disais-je à mon adversaire, et personne ne réveillera sérieusement le souvenir de la jeune Allemande qui s’est placée mal à propos entre saint Pierre et Léon XII. »11
6Les capacités des femmes, ou plutôt leurs incapacités, sont définies une fois pour toutes par des règles formulées soit par l’Église catholique soit par le Code civil ; le petit fait vrai n’y entre pour rien, car les idées reçues, produites par ces règles, ne tolèrent pas de contradiction. Stendhal, on le sait bien, favorisait très peu les idées reçues et beaucoup la véracité du petit fait. C’est sans doute pour cette raison que bien des femmes des Promenades semblent échapper, tout comme leurs sœurs fictives, aux règles du sens commun.
7Mathilde, Mina et Vanina sont toutes les trois des figures féminines plutôt extraordinaires. Elles se moquent des convenances et semblent forcément ridicules, par conséquent, aux yeux de ceux qui souscrivent au sens commun. Ces gens ne sauraient approuver la « folie » de Mathilde et de Vanina, jeunes aristocrates qui s’offrent toutes deux à des amants plébéiens ; les mêmes lecteurs se moqueraient certainement du romantisme démesuré de Mina de Vanghel lorsqu’elle fait appel, sous une lune gothique, à ses ancêtres héroïques12. Comme ces héroïnes, les Italiennes des Promenades passent pour folles, ou du moins pour être sujettes à des accès de folie. Quand son interlocuteur évoque « les moments de folie absolue » propres aux Romaines, le narrateur des Promenades tombe d’accord avec lui, rappelant à son tour les signes de folie qu’il vient de voir chez un groupe de Romains revenant d’une partie de plaisir : « Ils chantaient, gesticulaient, et étaient absolument fous, hommes et femmes ; il n’y avait pas d’ivresse physique, mais jamais l’ivresse morale n’alla plus loin13. »
8Selon le narrateur, cependant, l’ivresse morale ou la folie sont très rares parmi les classes sociales élevées en Italie au xixe siècle. Celles-ci sont aussi étiolées par l’éducation et l’élégance que les classes dominantes en France et ailleurs. L’alliance problématique de la richesse et de l’énergie est abordée dans les Promenades, où le narrateur déclare que les artistes seront désormais obligés de « naître riche[s] et noble[s] » pour éviter le charlatanisme avant de remettre en cause cette même observation : « Mais, si l’on naît riche et noble, comment se soustraire à l’élégance, à la délicatesse, etc., et garder cette surabondance d’énergie qui fait les artistes et qui rend si ridicule14 ? » Nous soutenons que la création de personnages invraisemblables tels que Vanina, Mathilde et Mina, qui appartiennent toutes aux classes sociales élevées, vient d’un désir de la part de l’auteur de résoudre ce paradoxe : dans les trois cas, le personnage féminin fait exception dans la mesure où ces femmes sont nées riches et nobles sans rien perdre de cette énergie « ridicule » qui distingue les grandes âmes stendhaliennes15.
9Il importe de s’arrêter ici sur la notion de femme exceptionnelle, ou plutôt, pour commencer, sur son contraire, la femme typique. Dans De l’amour, l’esprit de système de Stendhal, hérité des idéologues, l’avait mené à codifier les signes d’amour chez les femmes et à répartir celles-ci en catégories en fonction de leur nationalité. Dans les Promenades, les femmes qui accompagnent le narrateur à Rome sont tellement prévisibles, tellement programmées par les convenances, qu’elles n’arrivent à le surprendre qu’après une longue contre-éducation romaine menée sous sa propre tutelle ; jusqu’à ce moment-là, toutes les réactions de ses compagnes de voyage s’expliquent parfaitement par une éducation française qui a mené l’uniformisation à un point tel que le narrateur ne se donne même pas la peine de les distinguer les unes des autres. Le « vif plaisir » qu’elles éprouvent en reconnaissant une figure de femme appelant au secours dans l’Incendie du Borgo de Raphaël vient du fait que « dans les pensions de jeunes demoiselles à Paris », on fait dessiner cette figure par les pensionnaires16 ; autrement dit, toutes les bourgeoises parisiennes ont la même réaction à la vue de cette fresque. De manière semblable, les compagnes de voyage ne prêtent aucune attention, selon le narrateur, à « la musique bouffe sublime » que l’on entend dans la rue en Italie, lui préférant une « musique à faire grincer des dents » à laquelle les rues françaises les ont habituées17. Il n’y a entre elles que très peu de différence, tandis que la différence entre elles et le narrateur semble presque absolue : « Telle est l’origine de tous nos différends : beaucoup de choses insignifiantes à mes yeux leur semblent jolies, et ce qui est la beauté sublime pour moi leur fait peur18. »
10En revanche, les femmes italiennes semblent surprendre sans cesse le narrateur des Promenades. Elles se définissent par leur imprévisibilité. Or, malgré sa tendance à la systématisation, Stendhal est attiré par tout ce qui échappe aux systèmes et aux règles, par tout ce qui fait exception. Pour le narrateur des Promenades, la résistance à la lecture simple, à la compréhension immédiate, est une source de plaisir bien réelle. Selon lui : « Le plus grand malheur […] qui puisse arriver pour un jardin anglais qui plaît, c’est de le connaître », car « la science de la vie […] empêche de se passionner et de faire des folies pour rien19. »
11Il est certain que l’« illisibilité » des Italiennes fascine le narrateur des Promenades. Par exemple, le 26 septembre 1827, il décrit une « belle Napolitaine » dont la piété n’exclut pas le goût pour Voltaire20 ; l’incohérence radicale de cette figure anticipe celle de Mathilde de La Mole qui, elle aussi, est une voltairienne pieuse. Les Italiennes des Promenades posent une énigme, telle Francesca Polo, dont l’histoire est décrite comme « inintelligible pour les habitants du pays21 ». Certains personnages féminins des Promenades résistent même à la compréhension de leurs amants : celui de Francesca Polo la contemple avec horreur après son acte meurtrier, et celui de Clara Visconti ne comprend que tardivement pourquoi elle a quitté le couvent, déguisée en homme, pour lui rendre visite pendant la nuit. À leur tour, ces Italiennes sont souvent susceptibles de ne pas comprendre les réactions de leurs amants. Francesca Polo, par exemple, croit que la froideur de Fabio, son amant, n’est nullement justifiée lorsqu’il découvre qu’elle vient de tuer son frère, et conclut qu’« il avait cessé de l’aimer » avant le moment de cette découverte22.
12Les difficultés de lecture posées par certaines des Italiennes qui figurent dans les Promenades préfigurent celles que présenteront les premières amazones de Stendhal. Mina de Vanghel se suicide de manière inattendue à la fin de la nouvelle, Vanina Vanini surprend le lecteur en trahissant son amant, et Mathilde de La Mole ne cesse de nous surprendre – et de se surprendre – tout au long du second tome du Rouge et le Noir, entrant souvent à l’improviste dans la bibliothèque où travaille Julien, hésitant entre enthousiasme et dégoût à l’égard de celui-ci, et lui désobéissant à la fin du roman pour suivre son propre dessein23.
13L’amazone décrite par Jean Prévost est définie entièrement par sa ressemblance à l’homme et par sa relation avec lui ; elle n’est que le double complémentaire de celui-ci, sa compagne ; « égale de l’homme », elle possède « corps et grâce de femme, courage et esprit masculins, c’est la compagne égale de son compagnon, qui peut le comprendre parfaitement et doubler ses forces dans les combats de la vie24 ». Ce jugement est toutefois à nuancer. Car la nouvelle héroïne stendhalienne se définit justement par son irréductibilité au rôle de compagne ou de complément. Si Simone de Beauvoir a pu affirmer que « jamais Stendhal ne se borne à décrire ses héroïnes en fonction de ses héros25 », cela est encore plus vrai de cette héroïne que l’on associe à la figure de l’amazone. C’est d’abord un individu exceptionnel, tellement différent des autres qu’il est souvent incompréhensible ou illisible pour eux. Cet individu ne vise pas tant à être l’égale de l’homme qu’à trouver un homme qui soit à sa hauteur ; en général, l’héroïne sera déçue, car très peu d’hommes sont en mesure d’adhérer à son système de valeurs. L’infériorité de l’homme aimé finit par s’imposer à Vanina Vanini et à Mina de Vanghel. Et même si Mathilde de La Mole, comme Gina et Lamiel plus tard, semble convaincue par les qualités supérieures de l’homme élu, elle n’est guère réductible au statut de compagne. Cette irréductibilité des héroïnes hardies de Stendhal au statut de complément docile fait partie de leur illisibilité et les fait ressembler aux Italiennes des Promenades.
Indépendance sentimentale
14L’autonomie accordée au désir féminin constitue un des traits saillants de l’écriture stendhalienne. À l’encontre de bien des Françaises de l’époque, qui ont peu de choix en matière d’amour, Mina, Vanina et Mathilde sont toutes décidées à choisir leur amant, et à l’abandonner si besoin est. En fait, toutes les héroïnes stendhaliennes sont des êtres passionnés, même si certaines, les soi-disant amazones, sont plus hardies dans la poursuite de leur désir que d’autres. En cela, les amazones ressemblent aux nombreuses femmes des Promenades qui affirment leur droit à l’amour, même au prix de leur réputation : la jeune Clarice Porzia qui se laisse enlever par un « mauvais sujet » mais qui choisit finalement de rentrer à la maison paternelle26 ; la dame qui repousse un cardinal puissant car elle est déjà amoureuse d’un autre27 ; la comtesse Pescara qui annonce à un jeune homme qu’elle désire le voir dans sa société et qui se donne à lui dès le lendemain28. En effet, les Romaines, selon le narrateur, sont parfaitement prêtes à prendre l’initiative en amour29. Même les religieuses italiennes défendent leur droit d’aimer, comme l’indique la longue anecdote sur le couvent dit de Catanzara et celle, bien plus courte, sur le siège d’un couvent à Pise contre l’archevêque. Les Italiennes des Promenades sont ainsi des êtres passionnés, des êtres mus d’abord par leur propre désir et non pas par celui d’un autre (ou d’un Autre) masculin. C’est cet aspect des Italiennes qui amène Michel Crouzet à faire remarquer que « l’Italie réalise une expérience singulière de la transparence féminine : la femme est le geste, l’aveu du désir, elle élimine toute distance, tout “idéal” séparateur30 ». Il se peut que la transparence même des Italiennes en matière d’amour participe – paradoxalement – de leur inintelligibilité, de leur énigme pour le narrateur stendhalien.
Amoralité féminine
15Moya Longstaffe fait remarquer chez Lamiel « le manque (ou le refus) de réflexion névrotique sur les questions morales31 ». De même, Mina de Vanghel ne rechigne pas devant une relation sexuelle avec un homme marié et même se venge de manière cruelle sur la femme de ce dernier, tandis que Mathilde de La Mole admire ceux qui ont mérité la peine de mort, et que Vanina Vanini dénonce dix-neuf carbonari afin d’empêcher son amant de la quitter par amour de la patrie. Cette apparente immoralité, voire amoralité, des amazones stendhaliennes les rapproche encore une fois des Italiennes des Promenades, car en Italie, selon le narrateur de Rome, Naples et Florence, des mots tels que « décence », « vertu » et « duplicité » veulent dire autre chose qu’en France32. Michel Crouzet va jusqu’à dire dans son essai sur Stendhal et l’Italianité que pour Stendhal, l’Italienne se situe « comme une opposition essentielle au principe social » ; l’Italienne stendhalienne est, selon lui, « essentiellement hors la loi33 ».
16Dans les Promenades, Francesca Polo semble se considérer comme tout à fait innocente après avoir tué le frère de son amant, qui s’était glissé dans son lit. On apprend que « jamais elle n’a eu la moindre idée qu’elle faisait mal en tuant l’inconnu34 ». Le narrateur, comme son compagnon de voyage Paul, semble également persuadé de son innocence paradoxale. Le cas de Lucrèce Frangimani est différent, car ici il s’agit d’une femme qui ne semble aucunement tenir à son innocence. La « suite d’intrigues assez peu intéressantes » que le narrateur prétend avoir lue dans un manuscrit, et qui intéresse pourtant assez l’auteur pour lui inspirer une de ses futures Chroniques italiennes, présente une jeune religieuse, « l’altière Lucrèce Frangimani », qui annonce par sa hauteur, son génie, sa puissance de manipulation et son égoïsme les personnages de Mina, Vanina et Mathilde35. Abandonnée, comme Vanina, par un jeune homme qui lui préfère la politique, elle devient haineuse et méchante, comme le deviendra plus tard Hélène de Campireali, l’abbesse de Castro. La haine de Lucrèce est surtout dirigée contre l’abbesse de son couvent, qui a facilité le départ de son amant pour l’Amérique :
Ce départ fut un coup mortel pour Lucrèce Frangimani. C’était alors une fille de vingt-sept à vingt-huit ans, d’une rare beauté, mais d’une physionomie fort changeante. Dans ses moments sérieux, ses traits imposants et ses grands yeux noirs et perçants annonçaient peut-être un peu l’empire qu’elle était accoutumée à exercer sur tout ce qui l’environnait ; dans d’autres instants, pétillante d’esprit et de vivacité, elle devançait toujours la pensée de qui lui parlait. Du jour qu’elle eut perdu son amant, elle devint pâle et taciturne. Quelque temps après, elle se lia avec plusieurs religieuses qui faisaient profession de haïr l’abbesse. Celle-ci s’en aperçut, mais n’y fit aucune attention. Bientôt Lucrèce prêta son génie à la haine jusque-là inactive et impuissante de ses nouvelles amies.36
17Cette description fait pressentir le personnage de Mathilde de La Mole, qui elle aussi est décrite comme exerçant un empire incomparable sur son entourage, qui elle aussi est pleine d’esprit et semble pouvoir devancer la pensée de ses interlocuteurs. La fierté du personnage des Promenades, décrit comme « une personne passionnée, d’une adresse et d’un esprit infinis37 », l’amène à prendre sa revanche sur l’abbesse du couvent en la faisant empoisonner. Ce meurtre indirect, qui est sur le point d’être découvert, amène Lucrèce à empoisonner son ancienne amie intime, la belle Clara Visconti, et la pauvre Martina, une prétendue amie, pour éviter d’être elle-même compromise. Si Lucrèce partage l’esprit de vengeance et l’apparente immoralité de Mina de Vanghel et de Vanina Vanini, elle semble encore plus étrangère qu’elles à la morale chrétienne traditionnelle. L’égoïsme amoral qui caractérise les aventures de Francesca Polo et de Lucrèce Frangimani, de même que celles de Mina, Vanina et Mathilde, est aussi présent chez la jeune Ghita, que le narrateur rencontre chez « M. N***, peintre fort distingué » et qui est mue par un désir de se venger des coups de couteau qui marquent son corps38.
18Il est indéniable que les femmes brillantes et énergiques exercent une puissante force de séduction sur l’imagination de Stendhal, même et peut-être surtout lorsqu’elles se montrent capables de cruauté, voire de meurtre. Cette attirance pour le crime est un trait de l’âme passionnée, selon le narrateur des Promenades. Aux xvie et xviie siècles, la « finesse » et « l’élan » du peuple italien étaient tels qu’il « applaudissait à leur valeur » les brigands qui se réfugiaient dans les bois ; une jeune Italienne aurait préféré un brigand à un soldat, en raison de son opposition à un gouvernement méprisé, et du fait que cette « vie aventureuse plaisait à l’imagination italienne39 ». Alors qu’il raconte l’histoire du couvent de Catanzara, le narrateur s’arrête sur un détail assez inconséquent pour souligner les attraits du crime :
Tel est l’amour dans ces âmes passionnées ; les plus grands défauts, les crimes, les désavantages les plus extrêmes, loin d’éteindre l’amour, ne font que l’augmenter. « J’aimerais mon amant quand il serait voleur ! » me disait Mme L***, par qui j’ai su l’histoire que je raconte.40
19Paul, l’ami du narrateur, est tellement séduit par l’histoire de Francesca Polo qu’il est prêt à surmonter tous les obstacles pour ne pas quitter Venise sans la voir. L’auteur lui-même est si touché par l’image de cette femme qu’il lui prête la physionomie tendre de Métilde Dembowski, comme le note Victor Del Litto41. L’amoralité des amazones stendhaliennes est donc préfigurée par l’idéalisation de la femme criminelle dans les Promenades.
Beauté féminine et regard féminin
20Le narrateur des Promenades loue souvent la beauté féminine, faisant l’éloge, par exemple, de la « charmante figure de Mme la marquise Florenzi de Pérouse » ou de Mme Dodwell, « la plus jolie femme de ce pays42 ». Il semble juger de la valeur d’un bal en fonction du nombre de femmes séduisantes qui s’y trouvent et se pose avec son ami M. Corner en connaisseur de la beauté féminine43. Apparemment, il traite les femmes comme de simples objets, déclarant qu’il a « toujours pensé, sans le dire, qu’une femme appartient réellement à l’homme qui l’aime le mieux » et qu’il « étendrai[t] volontiers ce blasphème aux tableaux44 ». La réduction des femmes à des objets sexuels pourrait constituer un thème des Promenades. Plusieurs religieuses, par exemple, se trouvent empoisonnées, ici comme plus tard dans les Chroniques, de manière à être exposées en spectacle devant leurs assassins, et la mort de martyres féminines y est décrite comme un spectacle quasi sexuel. Cependant, même aux yeux d’un narrateur plutôt sexiste, les Romaines semblent affirmer leur énergie propre, leur propre force de vouloir :
Je remarquais au concert d’hier soir quelques-unes des plus jolies femmes de Rome. La beauté romaine, pleine d’âme et de feu, me rappelle Bologne ; il y a ici de plus longs moments d’indifférence ou de tristesse. On aperçoit l’effet du grand monde. Ces dames ont un peu de l’indifférence d’une duchesse de l’ancien régime ; mais leur vivacité les emporte ; elles changent souvent de place, s’agitent beaucoup dans un salon, elles n’en sont que plus belles. Tant de mouvements dérangeraient à Paris une jolie robe de Victorine.45
21Même la physionomie d’une Romaine révèle qu’elle se soucie peu de plaire aux autres. Ses yeux annoncent « le feu sombre et voilé des passions tendres et profondes46 » et, selon le narrateur, une Romaine ne feindrait jamais le plaisir47. La description d’un portrait de femme attribué à Raphaël met en valeur le genre de beauté qui caractérise la femme romaine énergique :
On voit dans cette tête un grand caractère, c’est-à-dire beaucoup de franchise, le dédain de toute ruse, et même cette férocité que l’on rencontre dans le quartier du Trastevere. Cette tête est à mille lieues de l’affectation d’élégance, de mélancolie et de faiblesse physique que le xixe siècle voudrait trouver chez la maîtresse de Raphaël. Nous nous vengeons en l’appelant laide. Raphaël l’aima avec constance et passion.48
22La jeune Ghita, qui impressionne beaucoup le narrateur lorsqu’il la rencontre dans l’atelier d’un ami peintre, est décrite comme « fort belle sans doute, mais encore plus remarquable par la férocité de sa physionomie vraiment romaine49 ». Le peintre l’emploie comme modèle pour la figure de Sophronie au bûcher, scène tirée de la Jérusalem délivrée du Tasse et qui remonte à la première croisade. Le narrateur nous apprend aussi qu’un M. Court, « l’auteur des Obsèques de César, a fait un superbe portrait de cette jeune fille, qu’il a représenté un poignard à la main50 ». Ce n’est pas un hasard si Ghita est représentée par ces peintres en héroïne qui appartient à un lointain passé. Les peintres s’inspirent très évidemment de l’énergie de Ghita, qui semble relever d’un autre âge, tout comme l’auteur des Promenades va s’en inspirer peut-être, du moins en partie, pour son nouveau personnage féminin, qui sera lui aussi associé à un héroïsme archaïque51.
23La force et la férocité sont donc constitutives de la beauté romaine, selon Stendhal, de sorte que celle-ci résiste forcément à sa réduction à un simple objet de désir. Or, si la beauté romaine se rencontre rarement chez les héroïnes de Stendhal, celles-ci, et surtout les amazones, ressemblent aux Italiennes passionnées des Promenades en ce qu’elles ne se laissent pas réduire au rang de bel objet. Mina de Vanghel résiste au regard masculin de manière plutôt dramatique, en s’enlaidissant et en se déguisant afin de pouvoir mieux observer sa proie. Jean Prévost fait même observer que le déguisement « est comme essentiel au personnage de l’amazone », et que « la vraie amazone est quelquefois ennemie de sa propre beauté, et s’en débarrasse lorsque cette beauté la gêne52 ». Julien Sorel a beaucoup de mal à se faire une idée bien nette de la beauté de Mathilde ; la première fois qu’il la voit, ce sont les yeux « scintillants » de la jeune fille qui le retiennent, ce qui suggère que c’est son regard à elle qui l’emporte sur le sien53.
24De plus, les amazones de Stendhal montrent souvent un désir de regarder, un plaisir à voir, qui sert d’indice de la force de leur vouloir. C’est un désir de voir et de savoir qui pousse Vanina Vanini à regarder par une fenêtre qui n’aurait pas dû être ouverte, et qui la pousse à y retourner plusieurs fois, d’abord pour regarder en cachette la malheureuse occupante de l’appartement pour essayer de « deviner son aventure54 », et plus tard pour regarder en cachette l’occupant infortuné du même appartement. Se décidant à lui rendre visite de nouveau, Vanina se dit que « si [elle] le voi[t], c’est pour [elle], c’est pour [se] faire plaisir55 ».
25Un certain désir de regarder de la part de la femme est suggéré à plusieurs reprises dans les Promenades. Les Italiennes décrites ou imaginées par le narrateur trouvent un plaisir évident à voir leur amant. Francesca Polo dit à son soupirant qu’elle le « voi[t] passer avec plaisir ; mais […] ne [l’]aime point » ; elle le « voi[t] avec plaisir » parce qu’il « ressembl[e] à un homme qu[’elle] aime peut-être56 », tandis qu’une autre femme se refuse à un cardinal en raison de son amour pour « les beaux yeux de Don Jules57 » ; et Clara Visconti regarde son soupirant à travers un rideau qui la cache58.
26C’est un désir de voir de la part des dames françaises qui l’accompagnent qui retient le narrateur à Rome vers la fin de leur séjour : « nos compagnes de voyage désirent voir le couronnement d’un pape59 ». L’énergie de ces dames semble augmenter à mesure que leur désir de voir s’accroît. Par exemple, lorsque leur désir de voir le masque du Tasse se trouve contrarié par une interdiction imposée par le pape Léon XII, les compagnes de voyage « sont outrées de colère, c’est la première fois depuis treize mois60 ». Rome est offerte à ces femmes par le narrateur comme une suite de spectacles : le « spectacle » émouvant d’une prise d’habit par une jeune religieuse, le « spectacle […] lugubre » d’un enterrement, le spectacle des ruines, et ainsi de suite61. L’éducation des yeux des dames françaises semble être l’un des objectifs du narrateur62. Pour Martine Reid, ainsi, « voir s’apprend, c’est la leçon des Promenades63. »
Force féminine
27En Italie, au xixe siècle, comme en France à la même époque, il existe un grand culte de la Madone. Mais il paraît d’après les Promenades que le pouvoir symbolique de la femme est accompagné en Italie par un pouvoir des femmes beaucoup plus significatif qu’en France à cette époque. Les Italiennes riches occupent dans la société une position analogue à celle des aristocrates françaises de l’Ancien Régime : le narrateur lui-même fait explicitement la comparaison64. Le narrateur et ses amis passent un bon nombre de leurs soirées parlant peinture et sculpture ou assistant à des concerts chez des dames italiennes. Le pouvoir mondain de certaines Romaines argentées est tel qu’elles sont en mesure de manipuler des papes. La comtesse A., par exemple, fait de son confesseur un archevêque, et la duchesse Braschi « força le pape » à faire son confesseur évêque65. Le pouvoir politique des femmes italiennes est historique, selon le narrateur. Il nous rappelle qu’au xe siècle, une maîtresse puissante dirigeait Rome :
Rome fut gouvernée et bien gouvernée par une femme : Théodora appartient à l’une des familles les plus puissantes et les plus riches de Rome. Elle eut de l’esprit et du caractère, on ne lui reproche que la faiblesse d’avoir aimé ses amants avec passion.66
28Le narrateur nous rappelle aussi que la fille de Théodora, Marosia, maîtresse du pape Serge III, était encore plus puissante que sa mère.
29Certes, un certain nombre de femmes des Promenades sont victimes du pouvoir des autres : les religieuses Martina et Clara, la madonna Pia, sainte Perpétue, la femme obligée de sacrifier l’héritage de son enfant à un pape rapace, même la remarquable Lucrèce Borgia dont le comportement est dicté par « la politique de son terrible père », le pape Alexandre VI67. Mais il existe aussi de nombreux exemples dans les Promenades de femmes qui exercent un contrôle sur leur propre destinée. Dans le cas de Ghita, on lit qu’après la perte de son amant, « jamais elle n’a voulu en prendre un second68 ». Lucrèce Frangimani, Clara Visconti, Francesca Polo, Ghita sont toutes des femmes qui, bien que contraintes par une destinée qui leur a été dictée par d’autres, trouvent un moyen d’élaborer leur propre histoire.
30La très grande énergie de certaines femmes italiennes dans les Promenades est liée à un refus fondamental du sort qui leur a été préparé69. La revanche terrible de Lucrèce Frangimani, dans l’anecdote du couvent de Catanzara, naît de son sentiment d’une injustice commise contre elle par l’abbesse mais plus largement par sa famille et la société ; l’adultère audacieux de Francesca Polo, qui couche avec son amant aux côtés de son mari, illustre l’ennui que lui inspire un époux fat et âgé ; de plus, l’assassinat ultérieur de l’imposteur qui se glisse entre ses draps procède de sa conscience d’avoir été violée ; et l’énergie très visible de Ghita, non seulement modèle mais aussi artiste, dérive d’un désir de se venger de ses blessures et de ses pertes.
31Les héroïnes tendres de Stendhal ne deviennent relativement énergiques qu’à partir du moment où elles tombent amoureuses d’un homme qui leur est interdit ; avant ce moment révélateur, elles se contentent, telle une Mme de Rênal ou une Mme de Chasteller, d’une existence plutôt vide. Cette tendance à la résignation chrétienne est portée à l’extrême par Armance qui, même amoureuse, se plie docilement, quoique douloureusement, au sort que les règles de sa société lui imposent. Les trois premières amazones de Stendhal, par contre, comme les Italiennes précitées, se révoltent contre leur sort même en l’absence de passion érotique préexistante. Chez Vanina, Mina et Mathilde, l’arrivée d’un homme inaccessible ou interdit ne sert pas de mobile premier mais plutôt de prétexte à la révolte : dès le départ, Vanina Vanini ne veut pas se marier, malgré la décision de son père (le fait qu’elle finisse bien par se soumettre à cette décision paternelle n’annule aucunement son geste initial de révolte) ; la fuite audacieuse de Mina de Vanghel trouve son origine dans une absence de liberté sentimentale ; et Mathilde de La Mole se révolte contre la platitude de la société qui l’entoure. Ce que Christopher W. Thompson dit de Vanina pourrait aussi s’appliquer à Mathilde et à Mina :
Au début, la résistance que Vanina a opposée spontanément à l’avenir que lui préparaient sa classe, son argent et la vie mondaine a été surtout une résistance intuitive et non raisonnée au rôle passif, soumis au patriarcat, auquel la condamnait sa condition de femme. Son désir a été de choisir son avenir, et même simplement, par exemple, de maîtriser au lieu de subir le regard des autres.70
32Les amazones dans la fiction stendhalienne visent à être auteurs de leur propre sort, ne voulant pas se laisser cerner et phagocyter par l’intrigue et le destin conçus par d’autres, pas même par l’homme élu. La Romaine des Promenades et l’amazone de la fiction partagent ainsi un même désir de choisir son destin, d’exercer son autorité sur sa propre histoire.
Conclusion
33Un sentiment de frustration qui donne lieu à des actions héroïques, une force intérieure et un pouvoir certain sur les autres, une propension aux accès de folie, une tendance à étonner, une volonté sentimentale indépendante, une apparente immoralité ou (a) moralité égoïste, un désir de voir et une résistance à la réduction au statut d’objet, la faculté de vouloir et la maîtrise de sa propre destinée : voilà les traits de caractère que les amazones de Stendhal pourraient devoir aux rencontres du narrateur des Promenades avec des Romaines énergiques. Ce texte constitue-t-il donc un tournant dans la façon stendhalienne de représenter les femmes ? Au premier abord, il serait difficile de l’affirmer, attendu que dans Rome, Naples et Florence l’auteur avait déjà élaboré une grande partie de ses idées sur les femmes italiennes qu’il considérait, bien avant 1829, comme beaucoup plus énergiques que les Françaises. En revanche, la naissance, directement après la rédaction des Promenades, de trois héroïnes stendhaliennes qui ressemblent en tant de détails aux Romaines de cet ouvrage et qui semblent développer certaines des idées qui y sont esquissées (l’égalité des sexes, la femme invraisemblable, le caractère productif de la frustration) n’est sûrement pas une simple coïncidence. C’est sans doute grâce aux Promenades, du moins en partie, que les héroïnes de Stendhal commenceront, avec éclat, à nous étonner71.
Notes de bas de page
1 Jules Janin, 26 décembre 1830, Journal des débats, reproduit dans Michel Crouzet (dir.), Stendhal, Paris, Presses de l’université de Paris-Sorbonne, coll. « Mémoire de la critique », 1995, p. 65-75 ; Arnould Frémy, Revue de Paris, août 1838, reproduit dans Voyages en France, édition de Victor Del Litto, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1992, p. 913-924).
2 Jean Prévost, Essai sur les sources de Lamiel. Les amazones de Stendhal. Le procès de Lacenaire, thèse complémentaire, Lyon, 1942, p. 41.
3 Ibid., p. 15 et 39.
4 Jean Prévost semble hésiter à inclure Vanina Vanini parmi les amazones de Stendhal, la comptant parmi les personnages proches de « son type d’amazone » (Ibid., p. 10).
5 Voir VI, p. 1014. Une des dames qui tiennent salon à Rome, et l’une des plus charmantes, est dite française (VI, p. 1096) ; selon Robert Vigneron, cette femme représente Alberthe de Rubempré, à qui l’auteur aurait voulu rendre hommage indirectement (Robert Vigneron, « Stendhal et Sanscrit », Modern Philology, vol. 33, no 4, mai 1936, p. 383-402, citation p. 385).
6 Voir Béatrice Didier, Stendhal autobiographe, Paris, PUF, coll. « Écrivains », 1983, p. 147.
7 Maurice Bardèche, Stendhal Romancier, Paris, La Table ronde, 1947, p. 175-184 et 215-216 (citation p. 215).
8 VI, p. 896.
9 Ibid., p. 897.
10 Ibid., p. 898.
11 Ibid.
12 Mina de Vanghel était considéré par son auteur en 1829 « comme peu fait pour un public français ». Stendhal, Romans et nouvelles, édition de Henri Martineau, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1952, t. II, p. 1475.
13 VI, p. 645.
14 Ibid., p. 1080.
15 Dans une lettre à Adolphe de Mareste du 17 décembre 1830, Stendhal s’explique ainsi sur le personnage de Mathilde : « Cette vue du manque de caractère dans les hautes classes m’a fait prendre une exception. C’est un tort. Est-il ridicule ? C’est bien possible. » (Stendhal, Correspondance, édition de Henri Martineau et Victor Del Litto, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1967, t. II, p. 218.)
16 VI, p. 647.
17 Ibid., p. 667.
18 Ibid., p. 689.
19 Ibid., p. 752.
20 Ibid., p. 654.
21 Ibid., p. 971.
22 Ibid., p. 977.
23 Certes, Clélia Conti étonne Fabrice quand elle trouve un moyen de déjouer son vœu à la Madone, Mme de Rênal surprend Julien en inventant une ruse pour dissiper les soupçons de son mari, Mme de Chasteller et Armance sont illisibles pour Lucien et Octave, mais en général ces héroïnes non-amazoniennes sont parfaitement transparentes pour le lecteur.
24 Jean Prévost, Essai sur les sources de Lamiel, op. cit., p. 10.
25 Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe [1949], Paris, Gallimard, 1976, t. I, p. 375-389 (citation p. 387).
26 VI, p. 912.
27 Ibid., p. 949.
28 Ibid., p. 1106-1107.
29 Ibid., p. 1068-1069.
30 Michel Crouzet, Stendhal et l’Italianité. Essai de mythologie romantique, Paris, José Corti, 1982, p. 248.
31 Moya Longstaffe, « Le coup de pistolet, le concert et l’audace féminine : la fin de la chasse au bonheur », L’Année Stendhal, no 4, 2000, p. 5-27 (citation p. 18).
32 Rome, Naples et Florence (1826), dans VI, p. 518.
33 Michel Crouzet (dir.), Stendhal, op. cit., p. 242 et 260.
34 VI, p. 976-977.
35 Ibid., p. 833.
36 Ibid., p. 835.
37 Ibid., p. 837.
38 Ibid., p. 1125.
39 Ibid., p. 1036. En fait, le narrateur nous apprend qu’au xixe siècle même, « aux yeux d’une jeune fille des environs de Rome, surtout dans la partie montagneuse vers Aquila, le plus bel éloge pour un jeune homme est d’avoir été quelque temps avec les brigands » (Ibid., p. 1038).
40 Ibid., p. 838-839.
41 Ibid., p. 1715-1716.
42 Ibid., p. 875-876 et 1092.
43 Ibid., p. 644-645.
44 Ibid., p. 632.
45 Ibid., p. 633.
46 Ibid., p. 645.
47 Ibid., p. 1100.
48 Ibid., p. 639. Voir aussi p. 688.
49 Ibid., p. 1125.
50 Ibid.
51 Selon Julia Kristeva, les héroïnes de Stendhal « ont la force du destin, la puissance des divinités antiques » (Histoires d’amour, Paris, Denoël, 1983, p. 338).
52 Jean Prévost, Essai sur les sources de Lamiel, op. cit., p. 17.
53 Romans et nouvelles, édition de Henri Martineau, op. cit., t. I, p. 450.
54 Ibid., t. II, p. 450.
55 Ibid., p. 754-755.
56 VI, p. 972.
57 Ibid., p. 949.
58 Ibid., p. 838.
59 Ibid., p. 1147.
60 Ibid., p. 970.
61 Ibid., p. 889 et 987.
62 Cette éducation n’est guère nécessaire aux Italiennes, qui sentent les beaux-arts de manière instinctive : « une statue de Canova émeut jusqu’aux larmes une jeune femme italienne », selon le narrateur (ibid., p. 880).
63 Martine Reid, « Promenades dans Rome : l’art et la manière de voir », L’Année Stendhal, no 1, 1997, p. 47-65 (citation p. 62).
64 VI, p. 624.
65 Ibid., p. 1047.
66 Ibid., p. 1057. Voir aussi p. 764.
67 Ibid., p. 1019.
68 Ibid., p. 1125.
69 Le thème de l’énergie féminine avait déjà été exploré dans les deux éditions de Rome, Naples et Florence (1817 et 1826) et dans De l’amour (1822). Voir la discussion des différents types d’énergie dans l’œuvre stendhalienne dans l’introduction de Christopher W. Thompson à son ouvrage Lamiel fille du feu. Essai sur Stendhal et l’énergie, Paris, L’Harmattan, 1997.
70 Christopher W. Thompson, « Vanina Vanini ou la répétition tragique », L’Année Stendhal, no 4, 2000, p. 29-36 (citation p. 34).
71 Je tiens à remercier Lucy Garnier pour sa relecture et ses utiles suggestions.
Auteur
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