« Nous cherchons des nuances plus délicates »
p. 227-245
Texte intégral
Multiplicité
1À Rome comme en Italie, selon Stendhal, on cherche la règle, on trouve l’exception. Replaçant l’Urbs dans le paysage italien, l’auteur des Promenades dresse le portrait d’une Italie multiple, avec ses « sept ou huit centres de civilisation », pour conclure en généralisant : « Mais tout est plein d’exceptions dans le monde1. » En quête d’une introuvable unicité, il en appelle à l’indulgence du lecteur pour une stratégie de démystification sauvage :
Comme on ne trouve la vérité nulle part, on me fait espérer que le lecteur me pardonnera quelques phrases rapides, heurtées et sans grâce, destinées à l’empêcher d’ajouter foi aux mensonges qui traînent dans toutes les histoires du xvie siècle.2
2D’où la multiplication des points de vue, des personnages et des nationalités. Pour tenter, à l’imitation d’Arasse3, une histoire rapprochée des Promenades, on peut choisir l’âge de Frédéric, dans le groupe de sept voyageurs : 46 ans, l’âge même de Stendhal en 1829. En face de Paul, qui incarne l’esprit français, il représente le caractère allemand, l’âme sensible, mais aussi un double de l’auteur, qu’il accompagne au concert. Arthur Schurig, dans sa version allemande des Promenades, entrait dans le jeu en attribuant le livre à « Friedrich von Stendhal4 ». La première personne s’empresse d’ailleurs de se mettre en doute : « Je ne sais si je nommerai de nouveau Paul et Frédéric dans la suite de ces notes5. »
3Le groupe est aléatoire. Une « charte » signée au « Colisée » (deux mots-clés du livre) accorde à chacun le privilège de la disparition. Il suffit de manquer le rendez-vous du matin. Ou de s’effacer chemin faisant : « En route, il est entendu que celui qui met une épingle au collet de son habit devient invisible, on ne lui parle plus6. » Le groupe est extensible. Un M. « von *** », alias « von S. », alias « von St. », « savant aimable7 » au demeurant, se voit attribuer un ouvrage de littérature potentielle – provisoirement définitif – qui « changera l’esprit de la science vers 1835 » : « Un Allemand de nos amis s’occupe d’un ouvrage qui me fait trembler pour la gloire de tous les prétendus savants qui parlent de Rome8. » Suit l’énoncé des quatre règles d’une méthode critique pour l’interprétation des ruines après inventaire. Le recours aux sources scientifiques et littéraires rappelle que Stendhal, comme les modernes de l’Oulipo, et comme ses propres lectures l’attestent9, abolit la frontière qui isolerait les deux domaines du savoir. D’ailleurs, en toute modestie : « Il faut savoir ignorer, nous répète souvent le savant von ***10. »
4Certaines rencontres délibérément mises en scène engendrent une joyeuse subversion. Après l’ennui des figures imposées, comme ces trois jours obligés avec l’Américain Clinker, on jouira des « contrastes » en le présentant à « monsignor N ***. Ces deux hommes s’abhorrent11 ». Quand l’auteur recopie dans ses Promenades l’article ancien d’un « journal grave » sur le conclave de 1823 (en fait février 1824), il le signe du nom de sa plus récente maîtresse, « alb. rub.12 », pour Alberthe de Rubempré, dite encore « Sanscrit », ou « Mme Azur »… Et il nous donne à lire son article anglais de 1825 pour le London Magazine, qui trouve une seconde jeunesse en version française dans la Revue britannique en 1829. Le collage – au sens esthétique – permet d’introduire et de filer une première fois le motif du conclave qui donnera bientôt sa conclusion et son épigramme ultime au livre dans l’actualité brûlante de 182913. Mais la signature peu séraphique relève de l’instantané intime, comme les notes cryptées au bas des pages 808 et 1098. Stendhal y grave, d’abord pour lui-même et désormais pour nous, ses 46 ans (l’âge de Frédéric, on s’en souvient) et les progrès de cette passion brève, violente et physique pour « Sanscrit » qui l’empêche alors de relire les épreuves des Promenades, au printemps durant la « guerre », et enfin le 21 juin 1829 au temps du « bonheur ».
5Par cette « présence simultanée des éléments les plus hétérogènes14 », voire les plus érogènes autour de Mme Azur, le texte stendhalien pourrait illustrer l’une des rubriques définies par Calvino en 1985 pour une esthétique du « prochain millénaire », où nous sommes : « multiplicité ». Après Gadda, Musil, Proust, Borges et Perec, sans oublier Rabelais et Montaigne, les inventaires et autres collections se savourent autrement. Ainsi le coq-à-l’âne en bout de liste des derniers empereurs romains dans les Promenades :
6461 Lybius Sévère
7467 Anthème
8472 Olybrius
9473 Glycerius
10474 Népos et Zénon
11475 Romulus, ou Augustule, qui l’année suivante fut détrôné par Odoacre, roi des Hérules. Avec lui finit l’empire d’Occident. Simplice était pape.15
12Le livre n’en orientera pas moins le voyageur parmi les quatorze rioni ou quartiers de Rome. Cinq ou six matinées en calèche suffiront à une première exploration en « douze courses » dont la première devra choisir entre le Colisée et Saint-Pierre. Le lecteur apprend le nom des « vingtneuf peintres » qu’il faut regarder exclusivement, « excepté dans les jours de vive émotion, où l’imagination est créatrice et donne des sensations même à propos d’un ouvrage médiocre16 ». L’auteur observe le groupe des Sept, sa Thélème ambulante, « notre petite caravane17 », comme il croquait en 1817 dans son premier Rome, Naples et Florence une théorie de moinillons en herbe : « Je viens de rencontrer une longue file de petits Prémontrés en robe blanche et chapeaux à trois cornes : le plus âgé n’avait pas quinze ans, la plupart à peine dix, plusieurs sept ou huit. » Mais le tableau n’allait pas sans l’épigramme, qui épingle une stratégie de retenue à la source : « Sans cette manière de prendre la jeunesse, les ordres monastiques s’éteindraient18. » Quant à la petite société des Promenades, « composée de sept personnes » dont « quatre adorent les Romains et trois les exècrent19 », elle est contradictoirement réactive. La multiplication des regards croise ainsi la multiplicité des objets. Tel jour, l’une des dames est curieuse d’arcs de triomphe. Le « Fay ce que vouldras » inspire alors une exploration exhaustive de la rubrique.
13Et l’invention du réel in situ anime aussi les inventaires. Pour les multiples galeries de tableaux, on tiendra compte de l’espace orienté, et du temps qu’il fait :
En revenant dans la rue del Corso, nous avons vu le palais Sciarra, d’une architecture fort agréable. La galerie de tableaux de ce palais étant située au midi et bien éclairée, nous l’avons réservée pour un jour de pluie. Il faut, au contraire, aller au palais Doria, naturellement obscur, à onze heures, un jour de beau soleil.20
14Si le livre n’en est pas un, c’est parce qu’il n’en faut pas : « Je dirais aux voyageurs : en arrivant à Rome, ne vous laissez empoisonner par aucun avis ; n’achetez aucun livre, l’époque de la curiosité et de la science ne remplacera que trop tôt celle des émotions21. » Même Grincheux, alias Sainte-Beuve, qui ailleurs dénigre les Promenades, accorde ici à l’auteur « des éclairs de sensibilité naturelle et d’attendrissement sincère, qu’il secoue vite, mais qu’il communique22 ». Et le lieu commun de l’« Avertissement » – « l’auteur a mis beaucoup d’attention à visiter les monuments de la ville éternelle » – n’est pas un vain mot, non plus que la fiction des « notes » qu’il aurait « commencé à écrire » dès 1817, voire « sur les lieux ou le soir en rentrant23 ». C’est à la continuité de sa propre pratique, écriture, réflexion, terrain, de Rome, Naples et Florence en 1817 jusqu’au livre de 1829, en passant par L’Italie en 1818 et le second Rome, Naples et Florence, qu’il se réfère ici à bon droit.
La suite dans les idées
15La transition avec les Promenades dans Rome s’observe dans le texte de Rome, Naples et Florence (1826) et dans les marginalia de Stendhal sur l’exemplaire « Filippi » de cette même œuvre. L’épigraphe du texte dit de 1826 (mais publié en 1827), « Comment peut-on être Persan ? », introduisait un exercice de décentrement et d’ironie généralisée, reflété par une marginale :
Les Italiens ne comprendraient
pas La Bruyère et les
romans de Voltaire, et
les lettres Persanes
on ne peut pas tout avoir
La nature essentielle
au français de 1826
est de vouloir
être spirituel comme Voltaire
et sensible comme
Mozart et Le Corrège24
16Les Promenades rappellent que la France aura « des Voltaire, des Courier, des Molière, des Moreau, des Hoche, des Danton, des Carnot », mais que les beaux-arts risquent d’y pousser en caisse et en serre comme « les orangers des Tuileries », pour conclure par une question : « Si nous brillons par l’esprit, ne serait-ce pas en manquer que de prétendre réunir tous les avantages possibles, que de vouloir donner à la fois à l’Europe des Voltaire et des Raphaël25 ? » D’où le dialogisme et la polyphonie, pour une compréhension problématique, car « les peuples sont inintelligibles les uns pour les autres26 ». Et comprendre l’autre est finalement le meilleur moyen de se comprendre soi-même. Telle note « Filippi » se rapporte au retour de Stendhal en France (1821) dont les enjeux ne sont compris qu’en « octobre 1826 » :
Le plus grand avantage des
voyages est peut-être qu’au
retour on s’étonne
de ce qu’on voit dans son
pays27
17Le texte des Promenades place les mêmes mots avec une légère variante dans la bouche d’un personnage épisodique : « Mme N *** nous disait ce soir : “Le plus grand plaisir du voyage est peut-être l’étonnement du retour. Je vois qu’il donne de la valeur aux êtres et aux choses les plus insipides28.” » Les notes « Filippi » s’échelonnent entre 1827 et 1829, quand elles sont datées, mais ce n’est pas ici le cas, et on ne peut donc affirmer avec certitude qu’il s’agit ici d’un jalon entre Rome, Naples et Florence et les Promenades. Même dans l’hypothèse moins probable d’un indice rétrospectif emprunté au texte le plus tardif, la continuité est sûre.
18Si les voyages de « Stendhal29 » – qui inaugurait son pseudonyme d’avenir en signant Rome, Naples et Florence en 1817 – se suivent et s’ensuivent, c’est aussi comme les étapes d’un diagnostic sur la Restauration en tant que phénomène européen. La polémique contre les Bourbons et le papisme ne faisait que s’accentuer dans le texte de 1826. Ici, Rome apparaît d’emblée comme « un État despotique30 ». Mais l’époque se moque des frontières : « À Rome comme ailleurs, les plus sots gouvernent, ou font peur à ceux qui gouvernent. Voilà l’esprit des restaurations31. » La discussion politique s’impose malgré tout. L’esthétique n’est pas un refuge sûr. On ne peut admirer tranquillement, « l’âme attendrie », les fresques du Dominiquin à Saint-André-della-Valle sans qu’un « prestolet », un « cuistre insolent » s’en mêle. Inutile de protester auprès des autorités diplomatiques. Car la diplomatie n’est pas « indépendante du parti prêtre ». D’où une nuit passée « jusqu’à deux heures du matin à faire les jacobins en prenant du punch excellent chez un grand seigneur ». Tout a changé de face : « Il y a cinquante ans, nous eussions parlé peinture et musique32. » De fait, l’époque a changé, mais la politique était déjà là, sous les alibis. L’auteur de Rome, Naples et Florence (1826) prétendait le contraire, à propos du cercle de Ludovic de Brême : « Je ne parle jamais politique à aucun de mes amis. La plupart me croient ministériel33. » Le dernier mot est une injure. Mais la note « Filippi » lève toute ambiguïté sur ce passage :
C’est pour ne
pas compromettre
mes amis de Milan.
Au contraire sans cesse de politique
jusqu’à ce que la belle musique
la fasse oublier
fasse oublier cette plaie, cette
douleur34
19Et de nombreuses autres marginales du même groupe insistent, cette fois dans le droit fil explicite du texte, sur le despotisme politico-religieux, propre au papisme, dont le tableau envahit les premières pages des Promenades. L’Église a une histoire. L’extrême attention de l’auteur à son temps lui inspire une vision diachronique de la Ville éternelle. Il désigne les effets du concile de Trente, qui « agit avec colère et agrandit la brèche qui sépare le protestantisme ou la religion de l’examen personnel de la religion du pape », créant ainsi « la religion telle que nous la voyons aujourd’hui35 ».
20Donc Stendhal avance – on hésite à dire qu’il progresse, « mot qui rime avec graisse » selon lui36 – dans un texte localement hétérogène et discontinu, mais globalement continu dans le cercle plus vaste où il s’inscrit, traversé par une pensée vive qui veut saisir un monde mouvant. Et le montage volontairement abrupt du texte des Promenades ne se comprend que dans le sens d’une écriture qui vise des buts qu’elle commence parfois seulement à s’inventer. L’exemple le plus singulier concerne le réemploi du compte-rendu de l’affaire Lafargue, ce hors-texte que Claude Liprandi dans sa belle étude jugeait ici déplacé, ou imposé par des contraintes éditoriales37. Quel rapport entre le crime passionnel commis par un plébéien français et le tourisme à Rome ? La transition, ou plutôt l’asyndète en forme de précaution oratoire, est ici abrupte et impolie, pour « un récit bien long et un épisode de plusieurs pages, qui n’a aucun rapport avec Rome38 ». Mais le lecteur attentif observera que Lafargue paraît déjà quelque deux cents pages plus tôt dans l’édition courante du xixe siècle quand l’auteur décline le paradigme de ses happy few : « Il est sans doute parmi nous quelques âmes nobles et tendres comme Mme Roland, Mlle de Lespinasse, Napoléon, le condamné Lafargue, etc. Que ne puis-je écrire dans un langage sacré compris d’elles seules39 ! » Les sources de Stendhal datent ici de mars-avril 1829, donc de l’époque même où l’auteur achève et corrige son texte. Il s’intéresse à ce personnage qui est une trop bonne graine : « on le dirait d’une classe supérieure à celle qu’indique son état d’ébéniste40 », avec ses « idées philosophiques », « habituellement rêveur, préoccupé » ainsi que le décrit son ami le gendarme retraité41. Les passions déploient en effet « une énergie effrayante dans la petite bourgeoisie, parmi ces jeunes gens qui, comme M. Lafargue, ont reçu une bonne éducation, mais que l’absence de fortune oblige au travail et met en lutte avec les vrais besoins42 ». Cette « classe » donnera sans doute dorénavant « tous les grands hommes », tel Napoléon qui « réunit autrefois les mêmes circonstances : bonne éducation, imagination ardente et pauvreté extrême43 ». 1829, les Promenades. 1830, le Rouge. Le jalon est ici progressif. Lafargue paraît, pour introduire le motif de la passion et de l’énergie trouvables en France même. L’idée de « Julien » vient une nuit d’octobre 1829. Juillet suivra « Julien », non moins sûrement, dans cet entrelacement du réel et de l’écriture vive, quand Stendhal aura encore le nez dans les épreuves, celles du Rouge et le Noir cette fois en juillet 1830.
21La continuité de l’écriture au fil du temps se révèle transgénérique. On pourrait l’observer sous cet angle dans l’importance croissante des anecdotes44, invoquées en 1817, développées dix ans plus tard, pour cette « métaphysique » très singulière, revendiquée par le second Rome, Naples et Florence, acheminement vers une fiction romanesque hantée dès Armance en 1827 par le présent agonistique.
L’histoire et la Charte
22Le retour à Rome n’a rien d’éternel au sens d’un retour de l’identique. Revenir, c’est constater, dans le détail, que le temps se gâte. « Tout était changé en 1828. Le Romain qui s’arrêtait pour boire à une taverne était obligé de boire debout, sous peine de recevoir des coups de bâton sur un cavaletto45. » Chercher des « nuances plus délicates46 » ne signifie pas pour Stendhal mettre de l’eau dans son vin, selon l’usage d’ailleurs charmant et pétillant du Wienerwald. Le texte imprimé de Rome, Naples et Florence, avec ses cartons, était mité et caviardé en 1827 par la censure et l’autocensure françaises. Les commentaires de l’auteur qui prolifèrent sur les pages interfoliées de l’exemplaire « Filippi » marquent une exaspération croissante contre la réaction politique et, par exemple, l’itinéraire symptomatique de l’imprimeur Pihan-Delaforest, naguère « ultra libéral à l’École normale et archi pauvre diable ». Mais « maintenant tout cela est loin », il n’est plus qu’un renégat politique : « aujourd’hui delaforest protégé par les Jésuites qui lui ont valu un peu de protection du duc d’Angoulême47 ». Ange Pihan-Delaforest « imprimeur à Paris » figure bien comme Victor Cousin dans la première promotion (lettres) de l’École en 181048. Une note mordante, mais à double sens, des Promenades montre que Rome sert d’alibi pour parler plus librement de politique : « Il faudra peut-être des siècles à la plupart des peuples de l’Europe pour atteindre au degré de bonheur dont la France jouit sous le règne de Charles X49. » En effet, la Charte, comme horizon politique généralisé, malgré les tensions croissantes et la réaction française, perce sous l’ironie. Les notes Filippi stigmatisent l’absolutisme césaro-papiste. Stendhal commente ainsi son texte de 1826-1827, en face de : « Ce n’est pas le pape qu’il faut vaincre, c’est la Russie » :
il parle d’Alexandre
qui craignant le nom
de Borbon soutient
l’autorité des rois50
23La lettre volée aux Bourbons fait épigramme contre les détracteurs qui italianisaient Bonaparte en Buonaparte : migration du « u » digne de Perec ! Le second Rome, Naples et Florence associait la Terreur blanche au souvenir de la répression de la révolution napolitaine, qui revient dans les Promenades. La morale de l’histoire médiévale de Crescentius en 985, paraît alors furieusement actuelle, en attente de Risorgimento51 :
Tous les historiens ont accablé ce grand homme de calomnies et il les méritait bien car il semble qu’il voulût affranchir à la fois sa patrie du joug des empereurs allemands et du pouvoir temporel des prêtres. Crescentius voulait que le pape ne fût que l’évêque de Rome.52
24Il eut le malheur de croire à « une capitulation offerte par le pouvoir absolu offensé, comme les patriotes de Naples en 180053 ». En somme, l’histoire se répète : « Le généreux Romain sortit de sa forteresse, et aussitôt il fut envoyé au supplice avec douze de ses principaux amis54. »
Même en matière d’économie touristique, Curie rime avec incurie : Les pauvres têtes qui ont le pouvoir ne font ouvrir ces musées qu’une fois la semaine ; cependant, si le peuple de Rome peut payer les impôts et voir un écu, c’est parce qu’un étranger a pris la peine de le lui apporter.55
25Le premier Rome, Naples et Florence prétendait observer la contagion romaine dans le déclin de Ferrare, « qui fut une grande ville tant qu’elle sut garder sa nationalité ; depuis qu’elle est au pape, le légat pourrait nourrir un demi-régiment de cavalerie avec l’herbe qui croit dans les rues56 ». À Rome, il faudrait en finir avec le malgoverno. « Un préfet de police raisonnable […] en supprimant les mauvais usages et les mauvaises odeurs, ferait de Rome une ville parfaite57. » Le pouvoir papal n’est au contraire qu’une triste gérontocratie : « Nous voyons la cause de la décadence des États romains ; quelque bien intentionné que soit le souverain, il est appelé aux affaires à l’âge où il faudrait les quitter58. » Et encore sans avoir été « prince dans sa jeunesse », puisqu’il a dû passer « les cinquante premières années de sa vie » à faire « la cour à des personnages plus puissants que lui59 ». Plus grave, cette vieillesse ridicule entretient le feu sacré d’une violence archaïque. « Grégoire VII eut le plaisir de voir la Saint-Barthélemy et en fit rendre grâce à Dieu60. » Cette date figure encore à Rome « parmi les événements glorieux au catholicisme61 ». On montre le tableau de Vasari qui représente L’Assassinat de l’amiral Gaspard de Coligny. La morale de l’auteur renvoie à l’histoire plus récente des Restaurations :
Ainsi, il est un lieu en Europe où l’assassinat est publiquement honoré. Ces honneurs sont d’autant plus dangereux, que de nos jours des assassinats du même genre ont eu lieu à Nîmes : sont-ils punis ?62
26À Saint-Paul-hors-les-Murs, « les physionomies qu’on a données à plusieurs papes rappellent les rigueurs salutaires de la Saint-Barthélemy et de l’Inquisition63 ». La formule est reprise de Rome, Naples et Florence (1826), où l’on voit malgré la censure du mot « assassinats », que pour Stendhal la Terreur blanche ne passe pas. Rome en est le ventre encore fécond : « dès qu’il y a du saint Dominique et de l’Inquisition, je vois le massacre des Albigeois, les rigueurs salutaires de la Saint-Barthélemy, et par une transition naturelle, les a………s de Nîmes, en 181564 ».
27Aller à Rome, c’est remonter à la source du despotisme. D’ailleurs, les Promenades reviennent souvent sur le motif des « libéraux actuels » qui sont comme « les protestants du xixe siècle65 ». Et le christianisme, avec son « Dieu tout puissant rémunérateur et vengeur », exècre essentiellement le gouvernement représentatif, « qui est justement l’unique passion du xixe siècle66 ». Il faudra bien rompre un jour l’isolat romain, « dans un pays qui n’a fait qu’entrevoir la civilisation moderne67 » entre 1809 et 1814. Un Romain éclairé constate : « Ici il est permis d’oser aux ouvriers qui cultivent la vigne du Seigneur ; si le zèle les égare un instant, ils n’ont pas à craindre le rire de l’impiété et les récits satiriques de votre liberté de la presse68. » Il inspire à l’auteur une parabole prophétique :
Si, dans une famille composée de quatre sœurs, lui ai-je répondu, on fait une robe d’une certaine étoffe lilas aux deux aînées, les cadettes meurent de chagrin jusqu’à ce qu’elles aient obtenu une robe semblable. Notre littérature a donné à la France le droit d’aînesse en Europe ; Napoléon et la République ont renouvelé ce droit. La France a une certaine chose nommée la Charte : la Russie et l’Italie pleureront jusqu’à ce qu’elles aient une charte.69
28La seconde Rome est une malédiction. Rome, Naples et Florence (1826) reprenait littéralement le texte de 1817 :
Quel séjour que la Rome antique si, pour dernier outrage, sa mauvaise étoile n’avait pas voulu qu’on bâtit sur son sol la Rome des p… Que ne seraient pas le Colisée, le Panthéon, la basilique d’Antonin et tant de monuments détruits pour faire des églises, restant fièrement debout au milieu de ces collines désertes, le mont Aventin, le Quirinal, le Palatin ! Heureuse Palmyre !70
29Il faut observer que le mot « prêtres », censuré en 1826, figurait en toutes lettres dans le livre de 1817 : indice des tensions croissantes !
L’unique et l’antique
30Au fond, cette « grande machine de civilisation et de bonheur éternel nommée christianisme71 » est condamnée à l’impermanence, peut-être à la caducité72. Mais elle est « semblable à ces grands fleuves qui se détournent suivant les obstacles qu’ils rencontrent ». Elle dissimule son historicité. Elle a « changé de direction tous les deux ou trois siècles ». Ainsi « la religion actuelle, que le vulgaire croit antique, a été faite par les papes qui ont régné depuis le concile de Trente73 ». Les anciens avaient pris la précaution en « inventant » la religion « pour dominer les mouvements de la colère du peuple » de bâtir des temples, « mais il ne voulurent point de prêtres. Voilà le trait marquant de la politique romaine74 ». On comprend dès lors la bifurcation originelle du « je » des Promenades en faveur de la Rome antique. On se souvient de la liste de douze courses obligées pour le touriste. La première est ainsi libellée : « 1o Le Colisée ou Saint-Pierre75. » Le tropisme du voyageur se manifeste quand le récit se met en mouvement par le passage du singulier au pluriel, lors du passage de la première rubrique à la seconde, dans la même phrase : « Ma première visite, en arrivant, fut pour le Colisée ; mes amis allèrent à Saint-Pierre ; le lendemain nous parcourûmes le Musée et les stanze (ou chambres) de Raphaël au Vatican76. » L’auteur montre encore sa prédilection dans le premier inventaire du « nombre immense de choses curieuses que renferme la ville éternelle ». Il comporte six rubriques que chaque membre du groupe des sept place « à la tête de six pages de son carnet de voyage77 ». Ici encore l’ordre des rubriques privilégie la Rome première : « 1o Les ruines de l’antiquité : le Colisée, le Panthéon, les arcs de triomphe, etc. », suivie en deuxième position par les « chefs-d’œuvre de la peinture78 ». Le premier des Sept (comme les fameuses collines du site élu ?), le paladin du Palatin, d’abord immédiatement seul contre tous dans son choix des pierres pillées du Colisée contre Saint-Pierre et les bâtisseurs d’églises, cultive sa sécession79 en face du monument : « Si j’avais le pouvoir, je serais tyran, je ferais fermer le Colisée durant mes séjours à Rome80. » Il suit les pas dans la neige de l’un des bâtisseurs de Saint-Pierre : « Lorsqu’il travaillait à cette église, Michel-Ange, déjà très vieux, fut trouvé, un jour d’hiver, après la chute d’une grande quantité de neige, errant au milieu des ruines du Colisée81. » Ce que les papes ont de bon, c’est que « dans leur jeunesse, avant de monter sur le trône », ils « admiraient les ruines de l’antiquité82 ». Bramante et Michel-Ange illustrent cette continuité.
31La Rome antique sert parfois d’antidote à la Rome papale. Le groupe des voyageurs assiste à une prise de voile : « On a promené dans l’église une jeune fille parée comme pour le bal ; le cardinal-vicaire Zurla lui a coupé les cheveux. » Les « ruines sans forme » sont un refuge contre la tristesse partagée : « nous nous sommes enfuis rapidement jusqu’aux thermes de Caracalla ». Mais tandis que les dames dînent de bonne heure dans une maison romaine, le narrateur continue « cette vie de curieux, si simple et si aisée ». Il oublie le temps qui passe en lisant son Gibbon « monté sur un de ces grands murs des thermes de Caracalla83 ». Il projette d’aller lire un Suétone le lendemain « dans le fauteuil de bois qu’un Anglais a fait placer tout au haut des ruines du Colisée84 ». Le premier Rome, Naples et Florence évoquait déjà le concert importun, au temps de Noël, en souvenir de l’étable de la nativité, des paysans des Abruzzes que les dévots paient « pour réveiller tout le quartier ». La musique en est « très étrange et très juste ; mais il est ennuyeux d’être réveillé. » Peut-être s’agit-il là des airs et des instruments « qui charmaient les Romains dans les fables atellanes85 ». Les Promenades approfondissent l’enquête sur le terrain en interrogeant un pifferaro, non sans prendre peut-être une tradition toscane pour une forme poétique « antérieure aux Romains86 ». Le charme unique de Rome tient à cette rémanence, jusque dans les sérénades intempestives encouragées pas le clergé. Le voyageur se montre particulièrement réceptif à « la simplicité touchante des premiers siècles du christianisme87 ».
32C’est pourquoi l’épiphanie de la Rotonda abolit le temps, et le texte fait mouche : « Le Panthéon a ce grand avantage : deux instants suffisent pour être pénétré de sa beauté. On s’arrête devant le portique ; on fait quelques pas, on voit l’église, et tout est fini88. » Le Panthéon est ici une « église », saisie synthétiquement d’un coup d’œil en entrant. Saint-Pierre devient, dans ce vocabulaire en chiasme, un « temple auguste » où l’auteur s’attarde au point de songer à s’y laisser enfermer :
Cinq heures ont sonné, mes amis sont allés dîner chez un ambassadeur ; je suis descendu seul dans Saint-Pierre. Il y a justement un grand banc de bois à dossier vis-à-vis le tombeau des Stuart (par Canova), où se trouvent ces deux anges si jolis. De là j’ai vu venir la nuit dans ce temple auguste. À la chute du jour sa physionomie change de quart d’heure en quart d’heure. Peu à peu tous les fidèles sont sortis ; j’ai entendu les derniers bruits, et ensuite les pas retentissants des porte-clefs fermant successivement toutes les portes avec un tapage qui faisait tressaillir. Enfin l’un d’eux est venu m’avertir qu’il n’y avait plus que moi dans l’église. J’étais sur le point de céder à la tentation de m’y cacher et d’y passer la nuit ; si j’avais eu un morceau de pain et un manteau, je n’y aurais pas manqué. J’ai donné 2 pauls au porte-clefs, ce qui m’assure une immense considération pour l’avenir.89
33Au total, c’est une journée « telle qu’aucun autre pays de la terre ne peut la fournir90 ». C’est d’ailleurs à la page du lendemain que Stendhal esquisse sa poétique des « points d’orgue et autres ornements qu’invente l’âme émue du chanteur » en écho à « ces petits moments de repos délicieux que l’on rencontre dans les vraies passions91 ». Le génie du lieu est profondément musical, comme à la date du 3 juillet 1828, entre le chant des cigales aux « grands moments de silence92 » sous les arbres du Pincio et celui des rossignols dans la nuit : « Nous nous promenons dans les rues de Rome, vers les une heure, chant délicieux et retentissant des rossignols que le peuple élève dans des cages93. »
34Rome devient la ville du point d’orgue, où le temps se savoure et s’oublie dans la fulgurance de l’instant comme sur la pente de la rêverie. L’auteur ouvre une parenthèse où le livre rêve de se prolonger : « On m’annonce que ce volume va finir ; j’en suis bien fâché ; j’aurais voulu avoir encore cent cinquante pages à ma disposition94. »
La terre monte
35Stendhal voudrait rendre « le Panthéon à sa beauté première », il suffirait d’« enlever les terres jusqu’au niveau du pavé antique » comme un préfet intelligent l’a fait à Nîmes pour la Maison carrée95. On a vu son rêve d’une Rome d’avant Rome portée par le chant immémorial des pifferari. Les « restes incultes, remarquables seulement par la grandeur des pans de murs qui restent debout […], autrefois un des lieux de Rome les plus ornés96 », éveillent un imaginaire des profondeurs, du temps comme de l’espace, où l’on descend parfois exceptionnellement, comme à Saint-Clément, ou Sainte-Constance. Rome ressemble à cette ville invisible de Calvino, qui « a de la terre à la place de l’air » :
D’Argie, du dessus où nous sommes, on ne voit rien ; il y en a qui disent : « C’est là-dessous », et il faut bien les croire ; les lieux sont déserts. La nuit, en collant l’oreille sur le sol, on entend quelquefois une porte qui bat.97
36Un journal de juin 2007 montre le président de la République italienne, Giorgio Napolitano devant la maquette d’un temple « antichissimo » découvert, ou plutôt recouvert sous les jardins du Quirinal, dont les vestiges ont été retrouvés sans creuser par une enquête échographique. C’est le retour du dieu Quirino lui-même, montré en effigie sur une monnaie, à propos d’un édifice connu par les textes de Varron, Pline, Tite-Live, Vitruve98. Cette fraîcheur de la découverte, le voyageur souhaite, nouveau privilège, l’éprouver même quand il revient sur ses traces : « Je voudrais, après avoir vu l’Italie, trouver à Naples l’eau du Léthé, tout oublier, et puis recommencer le voyage, et passer mes jours ainsi99. »
37Ce mouvement s’inscrit dans la pensée romantique esquissée en Allemagne par Herder et illustrée en Amérique par Emerson :
Le monde premier, l’avant-monde comme disent les Allemands, – je peux y plonger en moi-même aussi bien que ramper à sa recherche avec mes doigts dans les catacombes, les bibliothèques, les vestiges brisés, les torses dans les villas en ruines.100
38Un autre pèlerin romantique et non moins impie visite, mais à Paris cette fois, les collections de l’hôtel de Cluny un jour d’hiver en 1849. Il y poserait volontiers son sac de marin. « La maison est exactement celle que je voudrais habiter », écrit Melville (car c’est lui) dans son Journal. Il descend « sous les voûtes de l’ancien palais romain des thermes101 ». Il continue sa promenade de touriste sur les quais jusqu’à la Chambre des députés. Mais le lecteur de Moby-Dick, deux ans plus tard, en 1851, sera surpris de quitter brusquement le pont du Pequod pour la rive gauche de la Seine, au chapitre xli, intitulé « Moby-Dick », qui conte la légende de la baleine blanche et sonde les profondeurs d’Achab :
C’est déjà beaucoup, et pourtant rien n’a été effleuré encore du plus important, du plus sombre, du plus profond d’Achab. Mais il est vain de vouloir rendre accessible les profondeurs, et il n’y a de vérité que profonde ! Détournez-vous du cœur même de ce splendide Hôtel de Cluny où nous voici maintenant – malgré ses merveilles grandioses, quittez-le – et descendez plus profond dans ces vastes salles des thermes romains, vous, âmes plus nobles et plus tristes encore ; où loin au-dessous, profondément, de cette croûte terrestre où l’homme érige ses tours fantastiques, la racine de sa grandeur, son essence terrible tout entière gît là, barbue, dans le défi de sa majesté enterrée : antiquité enterrée sous les antiquités, et trônant sur des torses ! Les grands dieux se moquent de ce roi captif sur son trône brisé ; mais lui, telle une cariatide accroupie et patiente, il porte sur son front gelé les linteaux empilés des âges. Descendez jusqu’à lui, vous, âmes fières et mélancoliques ! Interrogez ce roi fier et triste ! Un air de famille ! Oui, il vous a engendrés, vous, altesses en exil ; c’est de lui seul, de cet ancêtre sombre que vous tiendrez le vieux secret d’État.102
39Le commentaire de cette étrange catabase « therméneutique103 » au palais parisien de Julien, dit l’Apostat, nous entraîne peut-être assez loin des Promenades dans Rome. Mais l’inquiétude métaphysique de Melville rejoint celle de Stendhal. Et les vestiges immémoriaux consolent l’un comme l’autre de la fragilité des corps et du temps humain : « Bréguet fait une montre qui pendant vingt ans ne se dérange pas, et la misérable machine, à travers laquelle nous vivons, se dérange et produit la douleur au moins une fois la semaine104. » Stendhal observe la solidité de sa Rome piranésienne, parfois enfouie sous « une masse épaisse de douze ou quatorze pieds » qui « est de la terre et non pas des débris de briques ou de mortier », où l’on peut « toucher de la main » la Porta Maggiore de Claude, jadis élevée105. Cette « horreur de l’oubli profond où ils allaient tomber au lendemain de leur mort » a inspiré la pyramide de Cestius, qui n’était qu’un financier, ou le tombeau de Cecilia Metella, femme du riche Crassus. Stendhal conclut : « Ces gens-là ont réussi, puisque moi, Allobroge, venu du fond du Nord, j’écris leurs noms, et que vous les lisez tant de siècles après eux106. » L’épigraphie moderne n’a rien perdu de son charme, ni Rome de son éclat – ni Stendhal son humour allègre :
Un pape fait placer ses armes sur le plus petit mur qu’il relève et jusque sur les bancs de bois peint dont il garnit les antichambres du Vatican ou du Quirinal. Cette vanité, bien pardonnable, maintient le culte des beaux-arts. C’est ainsi qu’au jardin du roi on inscrit le nom de l’amateur qui envoie un ours.107
40Place de la Minerve, en vue de la Rotonda privée de ses marbres, une belle inscription rappelle qu’à son tour l’auteur des Promenades dans Rome, Stendhal, a bien mérité le nom de Romain108.
Notes de bas de page
1 VI, p. 667.
2 Ibid., p. 1015.
3 Daniel Arasse, Le Détail. Pour une histoire rapprochée de la peinture, Paris, Flammarion, coll. « Champs », 1996.
4 Römische Spaziergänge, Diederichs, 1910.
5 VI, p. 607.
6 Ibid.
7 Ibid., p. 733, 803 et 914.
8 Ibid., p. 1123-1124.
9 Sur le poids des ouvrages scientifiques dans la bibliothèque de Stendhal, voir : Massimo Colesanti, « La “biblioteca ideale” di Stendhal », séminaire « Lectures et lecteurs de Stendhal » organisé par Massimo Colesanti, Marie-Rose Corredor, Béatrice Didier et Hélène de Jacquelot (Rome, 16 novembre 2006) ; Catalogo del Fondo Stendhal della Fondazion Primoli, vol. II, Massimo Colesanti et Valeria Petitto (dir.), Rome, Edizioni di Storia e Letteratura, 2006. Un littéraire et un scientifique, Queneau et Le Lionnais, sont à l’origine de l’Oulipo.
10 VI, p. 803.
11 Ibid., p. 1122.
12 Ibid., p. 999-1014.
13 Ibid., p. 1161 : la nomination du cardinal Albani au poste de secrétaire d’État révèle enfin la couleur politique du nouveau pontificat, d’où les graffitis à la craie, « en vingt endroits de Rome » et aux portes de la résidence papale, citant le vers d’Alfieri : « Siam servi si, ma servi ognor frementi » (« Esclaves sans doute, mais toujours frémissants »), trouvé par Stendhal dans Le Constitutionnel du 15 juillet 1829 (Robert Vigneron cité par Armand Carracio dans son édition des Promenades dans Rome, 3 vol., t. III, dans Œuvres complètes, sous la direction de Victor Del Litto et Ernest Abravanel, 50 vol., Genève, Cercle du Bibliophile, 1967-1974, p. 459).
14 Italo Calvino, Leçons américaines, Paris, Seuil, coll. « Points », 2001, p. 170. Les rubriques précédentes (« Légèreté », « Rapidité », « Exactitude », « Visibilité ») donneraient aussi des pistes intéressantes pour Stendhal.
15 VI, p. 1165.
16 Ibid., p. 630.
17 Ibid., p. 737.
18 Rome, Naples et Florence en 1817, dans VI, p. 67-68.
19 VI, p. 737.
20 Ibid., p. 719.
21 Ibid., p. 608.
22 Cité par Armand Caraccio dans son édition des Promenades dans Rome, t. I, dans Œuvres complètes, sous la direction de Victor Del Litto et Ernest Abravanel, op. cit., p. clxi.
23 VI, p. 597-598.
24 Jean-Jacques Labia, « Rome, Naples et Florence (1826), les notes et variantes de l’exemplaire “Filippi” », L’Année stendhalienne, no 2, 2003, p. 341. Désormais, nous désignerons la transcription de ces notes et marginales par l’abréviation Filippi, suivie de la page.
25 VI, p. 901.
26 Ibid.
27 Filippi, p. 330.
28 VI, p. 711.
29 Le mot « Stendhal » désigne d’ailleurs le livre de 1817 dans les notes en vue d’une seconde édition augmentée (voir, par exemple, L’Italie en 1818, dans VI, p. 179).
30 VI, p. 603.
31 Ibid., p. 902 (et note 2 p. 1699).
32 Ibid., p. 891-892.
33 VI, p. 357, note de bas de page. Voir la note autographe de l’exemplaire « Le Petit » : « Note prudente et fausse pour ne pas compromettre M. Locatelli qui est vivant. » (Ibid., p. 1540.)
34 Filippi, p. 319.
35 VI, p. 1017. Voir aussi Filippi, p. 320, sur le pharisaïsme romain. Texte : « La [morale] y est prohibée comme conduisant à l’examen personnel. » Note : « La morale apprécie/les actions. Danger/immense de ce mot/apprécie/suivez le Pape/il est pilote habile/et vous fera faire/votre salut. »
36 Lettre à Sainte-Beuve, 21 décembre 1834, Correspondance, édition de Henri Martineau et Victor Del Litto, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1967-1968, t. II, p. 762.
37 Claude Liprandi, Au cœur du Rouge. L’affaire Lafargue et Le Rouge et le Noir, Lausanne/Aran (Suisse), Éditions du Grand Chêne, 1961.
38 VI, p. 1069, pour l’épiphanie de Lafargue. Voir aussi p. 1079 pour le commentaire de Stendhal sur Lafargue.
39 Ibid., p. 880.
40 Ibid., p. 1069.
41 Ibid., p. 1077.
42 Ibid., p. 1079.
43 Ibid., p. 1079-1080.
44 Voir, pour l’originalité de Stendhal dans l’évolution du récit de voyage, la contribution de Christopher W. Thompson aux « Journées d’étude sur Rome, Naples et Florence » du Centre d’études stendhaliennes et romantiques de Grenoble (6-7 juin 2006), et son ouvrage French Romantic Travel Writing : Chateaubriand to Nerval, Oxford, Oxford University Press, à paraître en 2011.
45 VI, p. 598.
46 VI p. 600. Il s’agit de « voir des choses nouvelles, non pas des peuplades barbares […]. Nous cherchons des nuances plus délicates ; nous voulons voir des manières d’agir plus rapprochées de notre civilisation perfectionnée. » Mais voir sur le terrain.
47 Filippi, p. 307, 313 et 348.
48 Voir le Supplément historique à l’Annuaire des anciens élèves, Dijon, Imprimerie Darantière, 2005.
49 VI, p. 613.
50 Filippi, p. 342 ; voir aussi p. 314 : « avant que les [Bourbons] fussent nobles », où le blanc du texte restait inexpliqué avant la note « Filippi ».
51 Voir Henri-François Imbert, « Les papes et le Risorgimento », dans Les Métamorphoses de la liberté, ou Stendhal devant la Restauration et le Risorgimento, Paris, José Corti, 1967, p. 342-352.
52 VI, p. 1062.
53 Ibid., p. 1063.
54 Ibid., p. 1064.
55 Ibid., p. 609.
56 Rome, Naples et Florence en 1817, dans VI, p. 96.
57 VI, p. 815, le texte cite ici l’action éclairée du préfet de police de Paris, M. de Belleyme, en 1828 et 1829, qui démissionne à l’avènement du ministère Polignac.
58 Ibid., p. 1043.
59 Ibid., p. 601.
60 Ibid., p. 1034.
61 Ibid., p. 766.
62 Ibid., p. 767.
63 Ibid., p. 937. Voir Filippi, p. 345, l’émotion esthétique à Santa-Croce : « Ah ! si je pouvais oublier [l’inquisition] ! »
64 Rome, Naples et Florence (1826), dans VI, p. 509.
65 VI, p. 1034.
66 Ibid., p. 977.
67 Ibid., p. 663.
68 Ibid., p. 664.
69 Ibid.
70 Rome, Naples et Florence (1826), dans VI, p. 579, comparer avec p. 24.
71 VI, p. 998.
72 Voir, dans cet ouvrage, l’article d’Yves Ansel.
73 VI, p. 999.
74 Ibid., p. 738.
75 Ibid., p. 608.
76 Ibid., p. 604.
77 Ibid., p. 600.
78 Ibid.
79 Voir Georges Blin, Stendhal et les problèmes de la personnalité, Paris, José Corti, 1958, p. 371 et suiv.
80 VI, p. 614.
81 Ibid.
82 Ibid., p. 613-614.
83 Ibid., p. 889-890 pour l’ensemble de ces citations ; on songe à Julien, le « chien de lisard » surpris pas son père dans sa lecture aérienne.
84 Ibid., p. 890.
85 Rome, Naples et Florence en 1817, dans VI, p. 63.
86 VI, p. 734.
87 Ibid., p. 941.
88 Ibid., p. 790.
89 Ibid., p. 632, et p. 633 pour la suite sur le chant et la langue : « Je ne désire être compris que des gens nés pour la musique ; je voudrais pouvoir écrire dans une langue sacrée. »
90 Ibid., p. 632.
91 Ibid., p. 633.
92 Ibid., p. 930.
93 Ibid., p. 933.
94 Ibid., p. 1093.
95 Ibid., p. 798.
96 Ibid., p. 753.
97 Italo Calvino, Les Villes invisibles, Paris, Seuil, coll. « Points », 1996, « Les villes et les morts. 4 », p. 146.
98 La Repubblica, jeudi 31 mai 2007 ; on est dans le registre du livre potentiel imaginé par Stendhal, voir ci-dessus.
99 VI, p. 752.
100 Ralph Waldo Emerson, History ; voir le texte original et son commentaire par Harold Beaver dans Herman Melville, Moby-Dick ; or the whale, Londres, Penguin, coll. « The Penguin English Library », 1972, p. 782.
101 Herman Melville, Journaux de voyage, traduction française de Francis Ledoux, Gallimard, 1956, p. 76-77.
102 Moby-Dick, traduction française d’Armel Guerne, Paris, Presses Pocket, 1981 (variantes de détail pour suivre au plus près le coup de force de Melville), p. 242-243.
103 Harold Beaver dans son édition de Moby-Dick ; or the whale, op. cit., p. 783, commente le jeu de la lettre anglaise sur « Hermes » et « Thermes ».
104 Rome, Naples et Florence (1826), dans VI, p. 381.
105 VI., p. 892.
106 Ibid., p. 893.
107 Ibid., p. 894.
108 Elle est ainsi libellée : « In questo edificio/già Palazzo Conti/stendhal/che le Promenades dans Rome/rendono degno del nome di Romano/abito tra il 1834 e il 1836/qui riando la lontana infanzia/nella Vita di Henry Brulard/e porto uno sguardo acuto/sulla societa del suo tempo/in Lucien Leuwen/8 marzo 1964. »
Auteur
Université Paris Ouest Nanterre La Défense
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Voyager en France au temps du romantisme
Poétique, esthétique, idéologie
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« Façons de voir »
Xavier Bourdenet et François Vanoosthuyse (dir.)
2011
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2014