Chapitre 5
Rencontrer des robots programmables en Petite Section : quelle interprétation est faite par les élèves sur le fonctionnement ?
p. 119-150
Texte intégral
1Ce chapitre présente une étude exploratoire qui s’inscrit dans le projet IeCare (Informatique à l’école : Conceptualisations, Accompagnement, Ressources) « dont l’objectif est de produire des connaissances fondamentales et opératoires sur l’informatique, son enseignement et son apprentissage, à l’école obligatoire1 ». Le projet IeCare a également pour objectif d’aider au développement d’une culture informatique et technologique. C’est l’approche du développement technologique qui anime ce chapitre.
2Depuis la publication des derniers programmes d’enseignement pour l’école maternelle (2015), différentes ressources sont disponibles pour mettre en place un enseignement autour de la robotique éducative, comme 1, 2, 3 codez (2016) développé par La Main à la pâte ainsi que les robots programmables proposés par des fournisseurs de matériels scolaires.
3L’étude présentée ici propose une analyse des usages d’artefacts programmables mobiles, le robot Bee-Bot® et le Blue-Bot®, à l’école maternelle en Petite Section et n’a pas pour intention de fournir une séquence pour la classe. C’est en cela que ce chapitre se distingue des propositions faites par les centres pilotes de la fondation La main à la pâte. Le point de vue des enfants est privilégié pour répondre à deux questions :
- Quels sont les apprentissages, de nature technique, que les enfants peuvent développer par la manipulation de robots programmables en classe de Petite Section de maternelle dans des situations collectives ?
- Quelles sont les difficultés pouvant être identifiés dans la compréhension du fonctionnement d’un robot programmable, dans ce contexte scolaire ?
4Le chapitre rappelle, dans un premier temps, le contexte d’introduction des robots programmables dans les écoles françaises qui engendre de nouvelles questions en didactique de la technologie. Il présente, ensuite, l’étude empirique centrée sur les propos des élèves de trois ans et en discute ses résultats.
La tortue et l’abeille
5L’introduction de robots programmables dans les écoles, dans une orientation pédagogique et didactique, n’est pas nouvelle. De multiples expérimentations ont été entreprises depuis les années 1980 (Baron & Drot-Delange, 2016). Dès 1985, avec la présentation du plan « informatique pour tous » (IPT) par le premier ministre Laurent Fabius, des micro-ordinateurs sont installés dans des écoles, des collèges et des lycées ainsi que des robots programmables se déplaçant sur le sol, pilotés par des lecteurs de cartes perforées ou programmés en langage LOGO. Ce plan IPT, comme le précisent Baron et Bruillard (1996), s’inscrit dans la continuité d’un processus politico-scientifique amorcé dès les années 1970 avec des recherches exploratoires en éducation et la mise en place de formations continues longues pour les professeur·e·s. Avec ce plan, de nombreux établissements scolaires sont équipés par l’État. L’idée d’utiliser des robots pédagogiques à l’école avec des visées d’apprentissage a été proposée par Papert (1980) qui prône le Jaillissement de l’esprit en appui sur des travaux de recherches selon lesquels c’est en manipulant, en construisant, en échangeant dans une situation proposée par le·la professeur·e que l’élève construit ses connaissances.
6Les premiers robots pédagogiques, diffusés dans les écoles françaises, se présentent alors sous la forme d’un dôme transparent laissant apparaître les nombreux composants électroniques qui le composent. La seconde version diffusée, la tortue T3, a la particularité de pouvoir transférer le programme dans le robot, par l’intermédiaire d’un boîtier connecté par infrarouge (figure 1). Les élèves peuvent ainsi interagir et observer leurs actions selon le déplacement du robot sur le sol.
7Trois décennies plus tard, un regain d’intérêt pour l’usage de ces robots programmables apparaît, comme en attestent les catalogues de fournisseurs de matériel scolaire. Les robots programmables proposés apparaissent, pour certains, comme des constructions sophistiquées, telles que le robot NAO, les Lego® Mindstorms ou le drone Tello qui font référence à différents mondes : industriel (bras manipulateur), spatial (astromobile martienne) ou encore militaire (drone de surveillance). Pour d’autres, il s’agit d’artefacts anthropomorphes comme les Bee-Bot® et les Blue-Bot®2, dont les façades laissent apparaître un visage souriant composé de deux yeux et d’une bouche (figure 1).
8La petite fille de la « tortue plancher » est-elle devenue une « abeille » incarnée en ces derniers robots ? Désormais, le transfert du programme peut se faire entre la réglette de programmation et le robot Blue-Bot® par liaison Bluetooth. La miniaturisation des composants électroniques a permis de réduire les dimensions du robot tout en proposant un habillage propice pour un usage scolaire en classe dont la manipulation est parfois hasardeuse et parsemée de chutes.
Bee-Bot® et Blue-Bot®, des robots contrôlables par une interface tangible
9Les robots Bee-Bot® et Blue-Bot® se caractérisent par un mode de déplacement dont la solution technique est l’utilisation de deux roues motrices placées sur un même essieu, tout comme la tortue. Cependant ces deux robots peuvent être programmés avec une interface tangible disposée sur la partie supérieure. Les deux robots sont similaires lorsqu’ils sont programmés par l’interface tangible (figure 2). L’unique différence se trouve dans la couleur : jaune pour le Bee-Bot® et transparente pour le Blue-Bot®.
10L’interface est constituée de boutons permettant de programmer des déplacements de translation et de rotation (avancer, reculer, tourner à droite, tourner à gauche). Un calculateur intégré dans le mobile traite ensuite les informations en synchronisant la commande d’alimentation en énergie des deux moteurs électriques assurant la rotation des deux roues simultanément pour un déplacement en translation, ou en commandant les moteurs séparément pour assurer des rotations.
11La solution technique retenue pour permettre une programmation d’un déplacement de ce type de robot est basée sur le principe des actions successives sur les boutons situés sur l’interface. Cette dernière est constituée de 4 boutons de couleur orange permettant de préciser le sens de déplacement. De deux boutons de couleur bleue ayant pour fonction, pour l’un d’effacer le programme et pour l’autre de générer une pause d’une seconde pendant l’exécution du programme. Un dernier bouton, le vert (touche GO), donne l’ordre d’exécution du programme.
12Une fois la suite d’instructions enregistrée dans la mémoire, l’action sur le bouton GO génère des déplacements du robot. Cependant, ces déplacements sont également générés par la programmation réalisée en amont par les concepteurs. Ainsi, la distance de déplacement d’un « pas » du robot est indiquée pour 15 cm, par le concepteur. En réalité, c’est une durée d’alimentation en énergie des moteurs qui est programmée. D’ailleurs cette distance varie suivant la nature des matériaux qui constitue la surface sur laquelle le robot se déplace. Cette durée n’est pas modifiable par l’utilisateur tout comme la rotation qui est obligatoirement de 90°.
Le Bee-Bot® et le Blue-Bot®, des robots à apprendre
13Les robots Bee-Bot® et Blue-Bot® sont des artefacts qui se suffisent à eux-mêmes pour être programmé, contrairement à la tortue. En effet, la programmation de la tortue nécessitait l’utilisation de cartes perforées, d’un lecteur de carte et même parfois, d’un micro-ordinateur de type TO de chez Thomson ou du modèle équivalent chez Apple. La compréhension du fonctionnement se complexifie, car elle implique d’identifier les actions et interactions que le robot peut avoir avec son environnement et, plus particulièrement, d’interpréter le dialogue entre ce dernier et la carte perforée, l’ordinateur ou encore le lecteur de carte. Du point de vue de la didactique de la technologie, c’est un système technique (Lebeaume, 2019) mettant en connexion plusieurs artefacts qui communiquent les uns avec les autres. Dans les classes, d’autres systèmes techniques sont présents comme le tableau numérique intéractif (TNI) mais lorsque des jeunes enfants ou encore des adolescents sont interrogés sur son fonctionnement, comme l’indiquent Perez (2016) et Grugier (2016), le chemin de l’information entre l’ordinateur, l’écran, le vidéo projecteur n’est pas mentionné. Les éléments sont identifiés sans relation entre eux. Et le système technique est perçu comme un élément parcellaire constitué d’éléments dissociés rendant difficile voire impossible la perception de son fonctionnement.
14Les robots Bee-Bot® et Blue-Bot® se caractérisent par l’intégration d’un pupitre de programmation ne nécessitant pas d’autres artefacts extérieurs pour fonctionner. En ce sens, la compréhension du fonctionnement de ces robots semble envisageable plus facilement auprès de jeunes enfants. Pour ces raisons, les robots programmables, d’apparence sympathique et attrayante, semblent être destinés à un public de jeunes enfants.
15Les paragraphes suivants précisent les attentes d’un enseignement à l’école maternelle pour la « découverte du monde des objets » et relatent un certain nombre de travaux expérimentaux avec le Bee-Bot® dans des classes.
La robotique à l’école maternelle
16L’école maternelle se caractérise par une approche non disciplinaire permettant aux enfants de découvrir un monde scolaire mais également sociotechnique par différentes approches, scientifiques, technologiques. L’initiation à la programmation est inscrite dans le programme d’enseignement du cycle 2 : « programmer les déplacements d’un robot ou ceux d’un personnage sur un écran3 ». Cependant, dès le cycle 1 pour des enfants de trois à cinq ans, le programme d’enseignement de l’école maternelle de 2015 offre de nombreuses possibilités permettant aux professeur·e·s de mettre en place des activités :
L’utilisation d’instruments, d’objets variés, d’outils, conduit les enfants à développer une série d’habiletés, à manipuler et à découvrir leurs usages. De la Petite à la Grande Section, les enfants apprennent à relier une action ou le choix d’un outil à l’effet qu’ils veulent obtenir.
Les enfants apprennent à intégrer progressivement la chronologie des tâches requises et à ordonner une suite d’actions.
Dès leur plus jeune âge, les enfants sont en contact avec les nouvelles technologies. Le rôle de l’école est de leur donner des repères pour en comprendre l’utilité et commencer à les utiliser de manière adaptée4.
L’école a un rôle d’activateur de curiosité en organisant des rencontres avec des artefacts. À cet égard, les activités collectives autour de nouveaux artefacts donnent également l’occasion de développer le langage comme vecteur de réussite scolaire (Lebeaume, 2018).
17Les travaux de recherche sur la robotique au sein de la petite enfance existent depuis l’apparition de robots pédagogiques avec notamment la tortue plancher (T2 et T3). Cependant, comme le soulignent Komis et Misirli (2015), la mise en œuvre des dispositifs expérimentaux en classe « n’était pas toujours évidente à cause de la complexité du matériel informatique5 ». L’offre actuelle de robots (Bee-Bot® et Blue-Bot®) à l’interface tangible, ayant une apparence d’animaux, semble appropriée pour la petite enfance même s’ils n’offrent que des possibilités limitées de programmation (Beraza, Pina & Demo, 2010). L’étude des pratiques (De Michele, Demo & Siega, 2008) de plusieurs professeurs de maternelle dans des écoles italiennes permet d’affirmer que l’usage en classe de robot Bee-Bot® favorise le développement d’aptitude pour la résolution de problèmes, de raisonnement logique et de numération, de repérage spatio-temporel ainsi que le développement d’un langage par l’acquisition d’un vocabulaire technologique. Ce robot favorise, dans une approche épistémologique, le développement réflexif concernant les processus de la pensée qui sont réalisés en situation. Komis et Misirli (2011) ont montré qu’avec un scénario prédéfini par les chercheurs, des professeurs grecs permettaient à des élèves de développer des compétences technologiques et informatiques par l’usage de robots programmables. L’analyse de vidéos réalisées auprès de classes françaises de l’école primaire6 où les professeurs disposaient d’une liberté pédagogique plus grande dans la conception des séquences, semble confirmer ces premiers résultats tout en mettant en évidence un ensemble de contraintes de mise en œuvre et de compréhension techniques sur le fonctionnement du robot. Par ailleurs, il a été montré qu’une construction d’une séquence d’instructions par des jeunes enfants de quatre ans pouvait s’effectuer avec la robotique pédagogique (Bers, Flannery, Kazakoff & Sullivan, 2014). De leur côté, Highfield et Mulligan (2008) décrivent un cas avec un enfant de cinq ans où la technologie, avec l’usage d’un Bee-Bot®, vient soutenir l’apprentissage mathématique. D’autres travaux apportent des résultats similaires (Highfield, Mulligan & Hedberg, 2008 ; Komis & Misirli, 2012) en soutenant le rôle de ce robot dans le développement de concepts mathématiques (pivotement, mesure).
18Si chez les enfants les dimensions manipulatoires et d’observation de résultats sur un mouvement semblent acquises, en revanche les dimensions de fonctionnement et de traitement des données par le robot ne semblent pas reliées (Béziat, 2017). L’analyse de l’activité d’enfants de 6-7 ans lors de séquences pédagogiques avec des robots Bee-Bot® (Nogry, 2019), confirme la difficulté des enfants à intégrer le caractère différé de l’exécution du programme suite à l’action sur l’interface. Ainsi, des difficultés de prise en charge des robots par les enfants sont soulevées (Grugier & Villemonteix, 2017).
19Les travaux de recherche sur la robotique éducative soulignent des contraintes dans l’usage et l’appropriation qui doivent être intégrées par les professeur·e·s dans une réflexion pédagogique et didactique.
Une démarche technologique en classe
20Les programmes d’enseignement des cycles 1 à 4 mettent au premier plan l’importance de méthodes pédagogiques prenant pour références des démarches scientifiques et technologiques. Comme déjà indiqué par différents auteurs (Grugier, 2018 ; Hasni et al., 2018), les programmes actuels de l’école soulignent l’importance de favoriser une démarche laissant une place importante à l’investigation à travers la manipulation et l’expérimentation effectuées par les enfants. Le socle commun de connaissances, de compétences et de culture que les enfants doivent acquérir, précise que :
L’élève sait mener une démarche d’investigation. Pour cela, il décrit et questionne ses observations ; il prélève, organise et traite l’information utile ; il formule des hypothèses, les teste et les éprouve ; il manipule, explore plusieurs pistes, procède par essais et erreurs7.
Néanmoins, il n’existe pas de standardisation dans la démarche d’investigation (Grangeat, 2013 ; Hayes, 2002) avec un nombre d’étapes définies qui s’enchaîneraient dans un ordre précis mais plutôt des démarches possibles laissant une place aux questionnements et à l’interrogation. Cette approche pédagogique met l’appropriation du problème au centre de l’activité des enfants. Les élèves sont actifs en participant et en s’engageant dans les activités proposées pendant les moments scolaires organisés.
21Selon Bisault (2011), chaque moment à l’école maternelle est l’occasion de mettre en place des rencontres organisées avec des objets. Lorsqu’il s’agit d’agir sur un objet dans un but de modification, de construction ou de compréhension, ces moments scolaires englobent des visées d’éducation technologique. Le terme « artefact », dans le sens de Rabardel (1995), permet de dépasser le sens commun du terme « objet », habituellement limité aux objets matériels. En classe, l’artefact devient un instrument une fois associé à des schèmes d’utilisation. Les schèmes d’utilisation constituent des outils qui permettent au·à la chercheur·euse de modéliser les relations entre le geste et la pensée développées par les élèves (Rabardel, 1995).
22La rencontre avec un Bee-Bot®, en classe de maternelle, conduit l’enfant à développer un raisonnement empirique pour prendre en charge et mener des actions avec cet artefact en fonction du scénario pédagogique mis en place par le·la professeur·e. L’enfant s’adapte à l’artefact – c’est le processus d’instrumentalisation – et l’artefact influence les activités de l’enfant de par les contraintes qu’il impose – c’est le processus d’instrumentation. Ainsi, l’approche instrumentale développée par Rabardel (1995) offre un cadre d’analyse pour décrire le processus d’appropriation d’un artefact dans la durée.
23Nous supposons que l’enfant modifie son activité et que des schèmes d’utilisation se construisent par la manipulation de l’artefact et la découverte progressive des propriétés de ce dernier. Ainsi, l’approche instrumentale est retenue pour appréhender le processus d’appropriation d’un objet technique en situation.
24Ceci nous conduit à poser deux questions qui seront centrales dans ce travail de recherche :
- Quels sont les schèmes d’utilisation qui se construisent à travers la découverte et la manipulation de robot programmable par des élèves de la Petite Section de maternelle ?
- Et quelles sont les difficultés que les élèves rencontrent dans la compréhension du fonctionnement ?
Le terrain de recherche
25Pendant deux années scolaires 2017-2018 puis 2018-2019, des séances ont été développées dans une école avec des classes8 de Petite Section de maternelle à Paris. Le professeur de cette classe est un maître formateur ayant une expertise pédagogique pour l’enseignement dans le cycle 1 mais pas de formation particulière aux domaines scientifiques, technologiques ou encore informatiques. Nous considérons que la pratique de ce professeur est ordinaire car elle mobilise une expertise pédagogique pour compenser l’inexpertise technique en opposition à une pratique d’un·e professeur·e « innovateur » qui pourrait mettre en avant la technique avant la pédagogie (Béziat, 2019).
26Durant 5 semaines consécutives en début d’année scolaire, une demi-journée était consacrée à la découverte et à la manipulation des deux robots.
27Dans cette école, il n’y a pas d’équipement présent concernant la robotique éducative. Des robots Bee-Bot® et Blue-Bot®, dont la description fonctionnelle a été faite précédemment, ont été introduits par le chercheur pour ces séquences. Les enfants ne les ont jamais rencontrés en dehors de ce moment. Huit robots programmables ont été déposés dans la classe, pour permettre une organisation en groupes de 4 élèves.
28Pour apporter des éléments de réponses aux deux questions posées précédemment, les enfants ont été filmés lorsqu’ils manipulaient en groupes mais aussi pendant les phases de regroupement collectif. L’analyse des vidéos permet d’identifier des attitudes et des comportements pendant les moments où les enfants sont en manipulation ou en phase de verbalisation. Chaque vidéo a été visionnée une première fois afin de sélectionner les moments où des interactions s’effectuaient entre des élèves et le Bee-Bot®. Les vidéos ont ensuite été découpées à l’aide du logiciel Movie Maker pour se concentrer sur les gestes des élèves et leurs manipulations du robot. À travers cet ensemble constitué de capsules vidéo, nous avons cherché à identifier les processus de manipulation mis en œuvre dans les pratiques.
29Une seconde partie de cette étude a consisté à identifier, à travers le discours, les interprétations faites par les élèves sur le fonctionnement du robot et sur les conditions permettant de l’utiliser. Pour cela, des entretiens ont été menés auprès des enfants9, quelques semaines après la mise en place des séquences. Un guide d’entretien semi-directif, constitué de questions ouvertes avec des relances, a été utilisé (voir encart 1). La libre expression est favorisée afin d’obtenir des réponses spontanées des enfants. Cette méthodologie, éprouvée dans une recherche antérieure auprès d’un public similaire sur le fonctionnement des TNI (Tableau Numérique Interactif) (Grugier, 2016), permet d’obtenir des traces de la pensée des enfants et des savoirs mobilisés spontanément.
30Pour chaque entretien avec les groupes d’enfants, un robot identique à celui utilisé en classe était posé au milieu d’une table. Ce dernier était éteint et mis à disposition des enfants pour permettre la manipulation spontanée. Enfin, afin de permettre à tous les enfants de s’exprimer, les entretiens se sont déroulés sous la forme d’un focus groupe entre trois ou quatre enfants, animé par le chercheur. L’expression libre et la manipulation du robot mis à disposition ont été encouragées tout en recentrant et recadrant les enfants pour éviter la dispersion.
31Ces entretiens se sont déroulés dans l’école des enfants, dans leur classe, pour être dans un environnement connu. Les groupes ont été constitués en fonction de l’ordre de réveil des enfants après la sieste de l’après-midi.
La composition du corpus de données
32Pendant les moments de rencontres, d’échanges et de manipulations avec les robots programmables en classe, les enfants ont été filmés avec un dispositif discret de manière à ne pas trop les perturber.
33Le corpus est également composé de l’enregistrement des entretiens des enfants. Parmi ces enfants, trois ont rejoint la classe en cours d’année sans avoir rencontré les robots en classe. Ils ont également été interviewés (tableau 1) et les discours ont été comparés avec les autres groupes.
Tab. 1 – Composition du corpus d’entretiens.
Descriptions | Dénomination des groupes interrogés | Durée des entretiens |
Enfants ayant rencontré les robots en classe | Groupe 1 : composé de 4 enfants | 10 minutes 50 |
Groupe 2 : composé de 3 enfants | 8 minutes 10 | |
Groupe 3 : composé de 4 enfants | 8 minutes 44 | |
Groupe 4 : composé de 3 enfants | 10 minutes 18 | |
Enfants arrivés en cours d’année scolaire | Groupe 5 : composé de 3 enfants | 4 minutes 35 |
34La principale difficulté, dans les focus groupes avec de jeunes enfants, n’ayant pas une maîtrise du vocabulaire, est d’établir un climat permettant de recueillir un discours. De nombreuses relances sont nécessaires pour s’assurer du sens donné aux mots que les enfants utilisent.
Des robots dans la classe de maternelle
Description de l’activité des élèves en classe
35Lors de la première séance, le professeur a cherché à identifier les représentations initiales des enfants sur le mot « robot ». Les enfants de cette classe disent : « c’est un jouet ; un tracteur ; il faut des piles ; c’est fragile ». Les représentations sont variées.
36Une phase de découverte et de manipulation libre est ensuite mise en place. Un robot est mis à disposition pour un groupe de 6 enfants. Très rapidement, les enfants s’aperçoivent que les robots possèdent des roues. D’ailleurs certains enfants utilisent le robot programmable comme s’il s’agissait d’un modèle réduit de voiture. Ils déplacent le robot sur la table en le poussant mais, les roues frottent sur la surface en émettant un bruit. Plusieurs enfants constatent alors que : « Ça ne marche pas ! ». Cette première activité qui renvoie à la découverte du robot programmable pour des non spécialistes permet d’affirmer, sans surprise, que la finalité de l’artefact n’est pour le moment pas définie.
37Après quelques secondes, une deuxième découverte est faite. Les enfants se mettent à appuyer sur les boutons du pupitre de programmation. Cependant, encore une fois, ils s’expriment en disant : « Ça ne marche pas ! ».
38Une nouvelle phase de découverte permet d’identifier des commutateurs placés sous le robot. Après manipulation, le robot émet un son et des voyants lumineux s’allument (figure 3). « Ça fait bip », précisent certains enfants. Par la suite, les élèves vont appuyer sur les boutons du pupitre qui vont permettre de générer des déplacements rectilignes.
39Après une dizaine de minutes de manipulation, la classe pense qu’un robot peut avancer tout seul.
40Dans les séances 2 et 3, les manipulations se poursuivent permettant de stabiliser un processus d’utilisation consistant à mettre en fonctionnement le robot en agissant sur les deux interrupteurs placés sous l’objet. Ceci devient, pour la suite de la séquence, un schème d’utilisation socialement partagé. C’est une forme de pensée spécifique qui se développe concernant l’usage du robot programmable avec une visée de compréhension du fonctionnement. La présence de deux robots de couleurs différentes ne pose pas de difficulté dans la connaissance du fonctionnement. C’est une élaboration intellectuelle importante, comme Bisault (2011) l’avait souligné, pour des enfants de cet âge, de pouvoir penser l’artefact sans s’arrêter sur la singularité de la couleur.
41Dans les séances 4 et 5, la manipulation des robots révèle plusieurs difficultés :
- la première est que les enfants ne sont pas en mesure de programmer un déplacement répondant à ce qui est attendu en agissant sur une suite logique de boutons, sans un guidage du professeur. Les enfants, sans être évidemment des spécialistes, occupent des rôles d’exécutants nécessitant une rationalité technique moins complexe et surtout moins autonome ;
- la seconde est liée à la conception des robots. En effet, si l’utilisateur n’efface pas le programme précédent, ce dernier reste en mémoire. Il est alors difficile de comprendre le comportement du robot avec les nouvelles informations qui sont programmées sans une remise à zéro. Finalement, l’artefact nécessite une rationalité technique assez complexe car renvoyant à la notion de mémoire de stockage.
Identification des processus mis en œuvre par les enfants à la fin des 5 séances
42Lors de la dernière séance, chaque élève devait allumer et programmer le robot pour que ce dernier se déplace sur une longueur définie. Le robot, une fois placé sur le premier carré de couleur, devait atteindre l’emplacement sur lequel une image de pomme était collée (figure 4).
43Pendant ce moment de prise en main et de programmation du robot par les enfants, deux processus ont été mobilisés : le premier, consiste à actionner les deux interrupteurs pour prendre en charge le robot. Le second consiste à programmer le robot, avec le pupitre de commande, de manière à générer un déplacement voulu.
44Trois attendus observables ont été retenus par le chercheur :
- la notion d’algorithme avec l’enchaînement des actions sur les boutons de déplacement puis l’action sur le bouton GO, générant l’exécution d’un programme ;
- le déplacement du robot dans le sens souhaité ;
- le déplacement de plusieurs « pas » consécutifs du robot.
45Il apparaît que les enfants agissent, pour 19 d’entre eux (tableau 2), sur les deux interrupteurs afin de mettre en fonctionnement les robots. À la fin des cinq séances, la grande majorité des élèves, 17 sur 22, arrive à générer, seul, un déplacement du robot en agissant sur au moins deux boutons de commande : une direction et le bouton GO. Par contre, seulement 2 élèves sur 11 ont programmé le robot de manière à ce que ce dernier puisse se déplacer en répondant au cahier des charges.
Tab. 2 – Résultats de l’évaluation des élèves d’une classe à la fin des cinq séances.
Attendus | Critères | Acquis | En cours d’acquisition | Non évalué |
Prendre en charge le robot | Actionner le bouton ON/OFF | 19 | 1 | 2 |
Actionner le son du robot | 18 | 2 | 2 | |
Programmer les déplacements du robot | Comprendre l’enchaînement flèche + actionner le bouton GO | 17 | 3 | 2 |
Faire avancer le robot dans le sens souhaité (en avant) | 14 | 6 | 2 | |
Réussir à faire avancer de plusieurs cases en une seule fois (algorithme de programmation) | 2 | 18 | 2 |
46Les résultats sont similaires pour la seconde classe observée et ils montrent la construction par les élèves d’un schème d’utilisation pendant la durée de la séquence. La procédure d’allumage du robot, avec l’action sur les interrupteurs ON/OFF et celui du son, est acquise. Par contre, malgré le développement d’un processus de manipulation, traduisant une amorce de compréhension de la programmation, ils n’arrivent pas, en autonomie, à générer plusieurs mouvements consécutifs au Bee-Bot®.
Analyse des focus groupes
47La présentation des résultats, suite à l’analyse des discours des enfants, prend en compte l’ordre chronologique afin de faire apparaître, à travers les thèmes abordés et les relances, le vocabulaire utilisé par les enfants. Les entretiens se déroulent avec le chercheur et 3 enfants en dehors des moments scolaires (récréation ou à la fin de la sieste).
Nous avons un objet en classe
48Le débat mis en place commence par l’identification de l’artefact qui est posé sur le milieu de la table. Ce dernier est éteint. Tout en montrant le robot programmable, le chercheur demande aux enfants s’ils ont déjà vu cet objet. Il sera ensuite demandé aux enfants de le nommer.
49Le terme « objet » est utilisé car c’est ce dernier qui a été employé majoritairement par le professeur en classe. À plusieurs reprises, le terme de Bee-Bot® a également été employé pendant les séances.
50Les réponses apportées sont :
GROUPE 1. – Oui.
GROUPE 2. – Oui/Non.
GROUPE 3. – Non. Moi je ne l’ai jamais vu avant.
GROUPE 4. – Oui.
GROUPE 5. – Oui !
51Curieusement, les enfants du groupe 5, qui n’ont pas rencontré le robot durant l’année scolaire disent le connaître alors que les enfants du troisième groupe semblent ne pas s’en souvenir. De même dans le groupe 2, les réponses sont différentes entre les enfants interrogés.
52Afin d’obtenir plus de précisions sur les rencontres que les enfants ont pu avoir avec cet objet, il est demandé de préciser le lieu de ces moments. Pour les groupes 3 et 4, la classe est logiquement nommée. Pour les autres, les enfants désignent la maison. Cependant, cette dernière réponse est à prendre avec un peu de recul. En effet, en reformulant les propos, une précision importante est apportée :
CHERCHEUR. – Où l’avez-vous vu, cet objet ?
ENFANT. – À ma maison.
CHERCHEUR. – Tu m’as dit que tu l’avais vu à ta maison !
ENFANT. – Non, je ne l’ai pas à la maison.
53Le début de ces entretiens fait appel à la mémoire épisodique qui nécessite d’être capable de se projeter dans le passé pour interpréter le présent. Pour ces jeunes enfants, la difficulté est bien réelle car la notion d’un passage d’une journée à une autre est associée à une ritualisation comme le fait d’avoir dormi.
C’est une abeille qui ne vole pas
54La dénomination du robot est très variable d’un groupe à l’autre et même d’un enfant à l’autre dans un même groupe.
55Dans les quatre premiers groupes, plusieurs noms sont avancés par les interviewés (tableau 3). Cependant, il n’apparaît pas d’unanimité même si la désignation « abeille » revient le plus souvent. En classe, volontairement, le robot a été désigné avec les termes suivants : « l’objet », « le petit objet » et « Bee-Bot® » dès la troisième séance.
Tab. 3 – Dénomination du robot par les enfants.
Dénomination | Nombre de fois cité | Argumentation développée |
Un moustique | 1 | Aucun |
Une abeille | 7 | Car elle a du jaune et du noir |
Une grenouille | 1 | Aucun |
Ali | 1 | Je ne sais pas |
56Le robot est baptisé « Ali » par un élève. Cependant, ce dernier ne développe pas d’argument pour justifier ce choix. Est-ce une fabulation ou fait-il référence au robot Wall-E du film d’animation Pixar Studios ? L’analyse des discours ne permet pas d’aller plus loin.
57Cependant, même si la désignation du robot semble liée à son apparence, le terme « abeille » soulève des interrogations auprès de certains enfants comme en attestent certains échanges verbaux :
CHERCHEUR. – Comment l’appelez-vous ?
ENFANT. – C’est une abeille.
CHERCHEUR. – Est-ce qu’elle vole ?
ENFANT. – Non, elle bouge mais elle ne vole pas car elle n’a pas d’ailes.
58Pour les enfants qui rencontrent pour la première fois le robot, ceux du groupe 5, un débat se met en place pour définir un nom possible.
CHERCHEUR. – Comment voulez-vous l’appeler ?
ENFANT 1. – L’abeille.
ENFANT 2. – Ce n’est pas une abeille ! Parce qu’une abeille ça vole.
ENFANT 3. – Ben moi, je n’ai pas vu. J’ai peur des abeilles.
ENFANT 2. – Ça, c’est une voiture.
ENFANT 1. – Ben non.
59Ces échanges mettent en avant le fait qu’il est difficile avec le robot Bee-Bot® pour des jeunes enfants – dont l’intention est l’initiation à la programmation – d’attribuer un nom à ce dernier uniquement par une approche de l’apparence. En effet, certains objets ont un nom qui est lié à la fonction d’usage comme avec une roue dentée dans un système d’engrenage. Ici, l’habillage aux allures d’un animal jaune avec des rayures noires peut faire penser à un insecte. D’ailleurs, le nom commercial est « abeille » (Bee). Cependant, le nom commercial n’a pas de lien direct avec la fonction du robot. Il apparaît que face à un objet nouveau, les enfants recherchent des similitudes avec d’autres objets qu’ils connaissent pour en définir un nom (Grugier, 2016). Il s’agit là d’une forme de réflexion technique qui inclut un raisonnement par des échanges d’idées dans un groupe.
Le bouton vert sert à le faire avancer
60Les enfants ayant manipulé le robot Bee-Bot® en début d’année scolaire sont unanimes : il faut appuyer sur le bouton vert. Précisons qu’à ce stade des échanges, les commutateurs de mise en fonctionnement sont pour le moment en position OFF. Cependant, à douze reprises, le bouton vert (GO) est nommé pour dire que c’est par cette action que le robot va générer un déplacement. D’ailleurs, les discours laissent peu de place à l’hésitation :
CHERCHEUR. – Est-ce que quelqu’un sait comment ça fonctionne ?
ENFANT 1. – Oui, moi. Il faut appuyer sur le bouton vert et là, ça commence.
ENFANT 2. – Je connais comment ça s’allume. Il faut appuyer sur le bouton vert.
ENFANT 3. – Sur le bouton vert.
ENFANT 4. – Quand on appuie sur le bouton vert, ça avance tout seul.
ENFANT 5. – Moi je sais. Il faut appuyer sur le bouton vert.
ENFANT 6. – Il faut appuyer sur le bouton vert.
61Majoritairement, les enfants se rappellent qu’il est nécessaire d’utiliser ce bouton pour voir le robot se déplacer. Ceci est en soi un point important. En effet, la manipulation du Bee-Bot® en classe, sept mois avant, montre que ces jeunes enfants ont acquis une pratique manipulatoire de ce dernier.
62Pour d’autres enfants, la pratique manipulatoire ravive des souvenirs un peu plus précis, sur le fait qu’il n’y a pas qu’une seule action à faire :
ENFANT 7. – Sur le [bouton] orange et sur le vert.
ENFANT 8. – Il faut appuyer sur les boutons.
63Pour certains, une procédure est élaborée permettant d’associer un geste centré sur un acte technique : mettre en fonctionnement le robot programmable.
Il ne fonctionne pas. Il faut des piles
64En laissant les enfants sur l’affirmation qu’il est nécessaire d’appuyer sur le bouton vert pour faire déplacer le robot, une phase de manipulation est mise en place. C’est l’occasion d’émettre d’autres hypothèses pour expliquer que cela ne fonctionne pas.
65Dans un groupe :
(Un enfant appuie sur les boutons mais rien ne se passe.)
CHERCHEUR. – Il ne se passe rien. Pourquoi ?
ENFANT 1. – Il faut appuyer sur le bouton vert.
ENFANT 2. – Moi j’ai appuyé mais…
CHERCHEUR. – Ça ne fonctionne pas ? Pourquoi ?
ENFANT. – Il faut une télécommande.
CHERCHEUR. – Et tu te rappelles comment tu as fait pour faire avancer cet objet ?
ENFANT. – Ben, il faut des piles.
CHERCHEUR. – Pourquoi faut-il des piles ?
ENFANT. – Parce qu’avec des piles, cela peut marcher.
66Certaines hypothèses peuvent être validées ou invalidées par des essais. Comme l’hypothèse liée au support qui peut empêcher le bon fonctionnement du robot.
CHERCHEUR. – L’objet ne se déplace pas. Pourquoi ?
ENFANT 1. – Mais peut-être que c’est à cause de la nappe qui est dessus la table.
ENFANT 2. – Il faut changer de table.
(Nous changeons de table pour réessayer. Un enfant appuie sur les boutons mais rien ne se passe.)
67Ces propositions illustrent le développement d’une interprétation menée par les enfants concernant le fonctionnement du robot.
Il faut appuyer sur les boutons du dessous
68Constatant, par la manipulation, que le robot ne se déplace pas en appuyant sur le bouton vert, les enfants, ayant rencontré le robot quelques mois avant, le retournent afin de manipuler, ce que nous nommons, des commutateurs. Les gestes des enfants traduisent une technicité acquise précédemment avec un repère spatial établi. Bien entendu, le vocabulaire de ces jeunes enfants ne leur permet pas de mettre directement en mots ce qu’ils font.
CHERCHEUR. – Que fais-tu ? Tu appuies sur quoi ?
ENFANT. – Ça ne marche plus.
CHERCHEUR. – Tu actionnes les boutons.
ENFANT (L’enfant manipule les commutateurs sous le robot). – Ça marche maintenant.
69Dans un deuxième groupe, l’enfant a acquis un repérage spatial lui permettant d’expliquer ce qu’il fait.
CHERCHEUR. – Comment fait-on ?
ENFANT. – Il faut appuyer en dessous.
(Un enfant actionne les commutateurs et le robot s’allume et émet un son. Après plusieurs actions sur les boutons, le robot se met à se déplacer.)
ENFANT. – Il a marché en arrière !
70Dans un troisième groupe, une entraide se met en place entre les enfants pour mettre en fonctionnement le robot.
ENFANT 1. – Ça ne marche pas !
ENFANT 2. – Tu t’es trompé. Attends.
(Le second enfant retourne le robot et manipule les deux commutateurs.)
CHERCHEUR. – Pourquoi tu les touches ?
ENFANT 2. – Là, j’essaie de l’allumer.
71Ces jeunes enfants ne possèdent, évidemment, pas le vocabulaire pour désigner les différents éléments sur lesquels ils agissent pour générer un déplacement du robot. Cependant, un schème procédural est en cours de construction même si plusieurs essais sont nécessaires.
Il faut peut-être le faire rouler
72Le robot se présente sous la forme d’un « jouet » dont l’aspect et les couleurs peuvent favoriser son attractivité pour de jeunes enfants. Cependant l’apparence simple du robot Bee-Bot® ne traduit pas un usage immédiat comme le révèlent les discours des enfants du groupe 5 qui découvrent le robot pour la première fois.
CHERCHEUR. – Est-ce que quelqu’un sait comment ça fonctionne ?
ENFANT. – Oui.
CHERCHEUR. – Montre-nous.
(L’enfant appuie sur les boutons.)
CHERCHEUR. – De quelle couleur sont-ils ?
ENFANT. – Orange.
CHERCHEUR. – Et que se passe-t-il ?
ENFANT. – Euh…
(Rien ne se passe.)
CHERCHEUR. – Comment faire pour que ça marche ?
ENFANT. – Il faut faire comme ça.
(Les enfants font déplacer le robot sur la table en faisant frotter les roues.)
73L’activité des enfants est centrée sur la mise en fonctionnement du robot par des actions sur les boutons de l’interface.
Il faut appuyer sur plusieurs boutons
74Dans les discours et à travers la manipulation, des indices laissent supposer que les rencontres manipulatoires que les enfants ont pu avoir en classe avec ce robot ont permis d’acquérir une logique de mise en fonctionnement.
CHERCHEUR. – Sur quel bouton as-tu appuyé pour le faire avancer ?
ENFANT 1. – Sur le bouton vert.
ENFANT 2. – Et sur le bouton orange.
CHERCHEUR. – Vous avez appuyé sur lesquels ?
ENFANT 1. – Bouton orange et puis vert. Et j’ai fait deux fois. Peut-être qu’il faut faire trois fois.
75Le discours révèle des traces d’une amorce de conception algorithmique avec une réflexion logique et argumentée d’un enchaînement d’actions de programmation. Cependant, le geste reste hésitant.
Il faut appuyer sur un bouton orange et le bouton vert
76Après avoir réussi à générer un déplacement du robot en appuyant sur un bouton orange et puis sur le bouton vert, un défi est proposé aux enfants. Avant de placer le robot devant les enfants, le chercheur efface la mémoire contenant le programme.
CHERCHEUR. – Nous voulons que l’abeille se déplace tout droit. Comment faire ?
(Les enfants appuient sur le bouton vert, un bouton orange puis de nouveau sur le bouton vert. Le robot se déplace d’un pas de 15 cm.)
CHERCHEUR. – Tu as appuyé sur quel bouton ?
ENFANT. – Que le devant et sur le côté.
77Le robot ayant la mémoire de programmation effacée, ce dernier est placé devant un second enfant pour lui permettre de formaliser par le discours ce qui vient d’être fait.
CHERCHEUR. – Cela ne fait rien !
ENFANT. – Sur l’autre côté.
(Le robot se déplace.)
CHERCHEUR. – Alors tu as appuyé sur quel bouton ?
ENFANT. – Celui-là.
CHERCHEUR. – Il est de quelle couleur celui-ci ?
ENFANT. – Vert.
CHERCHEUR. – Il y a plusieurs boutons.
ENFANT. – Oui.
CHERCHEUR. – De quelle couleur sont-ils ?
(Le chercheur montre les boutons de directions orange.)
ENFANT. – Orange. Les flèches. Pour déplacer.
78Cet extrait dévoile les actions de ces enfants qui semblent rester centrés sur l’idée que le bouton vert (GO) permet de générer un déplacement du robot. Malgré les échanges avec le chercheur en tentant de faire décrire les actions, les enfants ne semblent pas percevoir la fonction des boutons orange. Cette difficulté, dans la programmation du robot, avait déjà été identifiée à la fin des séquences mises en place en classe. Sans réelle surprise, la pensée technique des enfants n’a donc pas évolué sur cette question puisqu’ils n’ont pas manipulé le Bee-Bot® entre ces deux périodes scolaires.
Le robot se déplace avec les roues
79Lorsque la discussion aborde ce qui permet au robot de se déplacer, les réponses des enfants sont à la fois en lien avec les actions qu’ils ont sur les boutons et les caractéristiques techniques du Bee-Bot®.
CHERCHEUR. – Pourquoi l’abeille avance ? Comment fait-elle ?
ENFANT 1. – Moi je sais. Il faut appuyer sur le bouton vert.
ENFANT 2. – Parce qu’elle a des roues.
CHERCHEUR. – Combien y a-t-il de roues ?
ENFANT 1. – Deux.
CHERCHEUR. – Est-ce que c’est comme les voitures ?
ENFANT 1. – Non.
ENFANT 2. – Non, les voitures en ont devant.
CHERCHEUR. – Combien de roues ont les voitures ?
ENFANTS. – Quatre.
CHERCHEUR. – Pourquoi, ça avance ? Qu’est-ce qui permet que ça avance ?
ENFANTS. – Le bouton vert et le bouton orange.
80Les activités des enfants avec le robot constituent, ici, un référent empirique pour la découverte du principe mécanique de déplacement. Mais il est difficile, par rapport à la taille du corpus, d’affirmer que les enfants sont capables de faire un lien entre les actions sur les boutons et la rotation des roues. Cependant, les deux sont nommées laissant penser qu’une connexion existe.
Il y a une pile et des fils
81Les échanges sur l’intérieur du robot révèlent un imaginaire débordant des enfants mais aussi une capacité à formuler des hypothèses plausibles du point de vue technique. De plus, ce questionnement offre de réels moments d’échanges, parfois argumentés, entre les enfants.
82Dans un groupe :
CHERCHEUR. – Et toi ?
ENFANT 1. – Un cheval.
ENFANT 2. – Des moustiques parce qu’il n’y a pas de cheval.
CHERCHEUR. – Et toi ?
ENFANT 3. – Je pense qu’il n’y a pas de cheval.
83Dans d’autres groupes, ce ne sont pas des animaux mais des sucreries :
ENFANT 1. – Des bonbons.
ENFANT 2. – On ne les voit pas car c’est couvert de jaune.
ENFANT 3. – Des pâtes de fruits.
ENFANT 4. – Non pas de pâtes de fruits.
ENFANT 5. – Moi, je pense qu’il y a des bonbons.
ENFANT 6. – Mais non, ils ne sont pas invisibles.
ENFANT 7. – Je ne sais pas.
84Une hypothèse liée au fonctionnement du robot est avancée dans un groupe :
CHERCHEUR. – Qu’est-ce qu’il y a dedans ?
ENFANT. – Il y a une pile.
CHERCHEUR. – Tu m’as dit qu’il y avait une pile. À quoi sert-elle ?
ENFANT. – À avancer. Ben, il faut des piles.
CHERCHEUR. – Pourquoi faut-il des piles ?
ENFANT. – Parce qu’avec des piles, cela peut marcher.
85Et dans un dernier groupe, le terme de fil, dans le sens de fil électrique, est évoqué comme réponse spontanée :
ENFANT 3. – Un fil. Des fils.
CHERCHEUR. – À quoi servent les fils ?
ENFANT 2. – Ça sert à brancher. Pour faire marcher.
86Les deux termes que sont « fils » et « pile », pouvant être présents, d’après les enfants, à l’intérieur du robot peuvent être considérés comme des hypothèses réalistes d’un point de vue technique mais restant à vérifier. D’ailleurs, à défaut de pouvoir vérifier ce qu’il y a à l’intérieur du robot en ouvrant ce dernier, il semble difficile, dans un milieu scolaire de valider ou d’invalider l’ensemble des propositions des enfants.
87En groupe réduit, les enfants se questionnent et communiquent entre eux sur des éventuelles possibilités. Des schèmes d’utilisation sont formulés en nommant la présence d’une pile et de fils électriques.
Il y a une bille en dessous
88Ces moments d’échanges, autorisés par les entretiens, permettent à certains enfants d’affiner l’observation du robot programmable. Ainsi, le troisième point d’appui qui est réalisé par une bille placée en dessous et à l’avant du robot est repéré dans un groupe par un enfant. Cependant, sa fonction n’est pas identifiée par ces jeunes enfants. D’autant, que cet élément n’a à aucun moment fait l’objet d’un échange en classe. D’ailleurs, il n’avait pas été repéré précédemment par les enfants.
ENFANT 1. – Il y a des billes. Mais si, parce que regarde là.
(L’enfant montre la bille du troisième point d’appui.)
ENFANT 2. – Non, c’est un bouton pour avancer.
ENFANT 1. – Ben regarde, non, quand on appuie.
ENFANT 2. – Ah oui.
Les boutons bleus ne fonctionnent pas
89Les deux boutons bleus présents sur le pupitre supérieur du robot ne sont pas nommés par les enfants. Il semble, a priori, que ces derniers ne se posent aucune question à leur sujet. Il est vrai que tout au long des séances mises en place en classe, les fonctions de ces boutons n’ont pas été discutées même pendant les phases de regroupement. De plus, l’action sur ces boutons n’étant pas directement visible sur le comportement du robot, les enfants ont sans doute essayé d’appuyer sur ces boutons mais, ne voyant aucun résultat, ils ne s’y sont vraisemblablement pas attardés. À la fin des entretiens, la question de l’usage de ces boutons bleus a donc été posée aux enfants.
CHERCHEUR. – D’après vous, à quoi servent les boutons bleus ?
ENFANT 1. – À arrêter.
(Les enfants appuient dessus. Le robot se déplace mais, il n’y a pas de lien entre l’action sur les boutons et le déplacement.)
ENFANT 2. – Ben, le bouton bleu, il fait…
ENFANT 3. – C’est pour faire comme ça… Attends, donne-le-moi.
(L’enfant appuie sur les boutons bleus mais rien ne se passe.
Finalement après plusieurs essais, un des enfants propose la conclusion suivante :)
ENFANT. – Bon, ils ne marchent pas !
90Ces traces d’échanges verbaux montrent que les enfants de trois à quatre ans, qui ont été interrogés, ne s’attardent pas sur des éléments du robot programmable qui n’amènent pas directement un mouvement ou un changement immédiat d’état sur ce dernier. Finalement, c’est peut-être le manque d’expérimentation qui conduit les enfants à avouer leur ignorance. Ceci montre également que les enfants n’ont, pour le moment, pas suffisamment d’autonomie pour programmer le Bee-Bot® seuls.
Des manipulations pour comprendre le Bee-Bot®
91Les moments offerts dans ce cadre scolaire ont permis aux enfants d’acquérir une procédure de mise en fonctionnement du robot. En comparant les discours des enfants n’ayant pas rencontré préalablement le robot, l’écart entre les deux catégories de cette classe montre que les moments manipulatoires mis en place en classe ont favorisé le développement d’une technicité.
92De plus, il est probable que les moments de regroupement organisés en classe ont supporté l’acquisition d’un vocabulaire simple correspondant à la fois aux organes de commande du robot mais aussi en lien avec un repérage spatial : dessous, côté, devant, etc. Cependant, l’apparence simple du robot soulève encore des zones complexes que ces enfants de Petite Section de maternelle ne semblent pas en mesure de percevoir avec les situations mises en place. Ces difficultés de compréhension sont directement en lien avec la question des fonctions des différents boutons du pupitre de commande.
Enjeux de ces robots programmables à l’école maternelle
93Ces résultats de recherche montrent que les jeunes enfants de trois et quatre ans déploient des stratégies dans la mise en fonctionnement d’un artefact. Ces stratégies alimentées par les moments scolaires constitués de manipulation et d’échanges semblent favoriser la mise en place d’un schème d’utilisation. Cependant, comme le soulignaient Gholson et al. (1972), les enfants restent attachés à des découvertes, par exemple l’usage du bouton vert et tiennent peu compte des nouvelles informations pouvant arriver ensuite. Ces jeunes enfants se trouvent alors dans l’incapacité à se décentrer des premières découvertes sur le robot et donc finissent par faire abstraction des autres boutons de commande disponibles sur le Bee-Bot®. Ce comportement de centration sur les premières découvertes est vraisemblablement accentué par les caractéristiques techniques du robot. En effet, comme souligné précédemment, l’action sur certains boutons n’étant pas directement visible, les enfants se concentrent alors sur ceux qui génèrent un déplacement, un son ou l’allumage de voyants. C’est le cas avec les deux commutateurs placés en dessous du robot, les boutons de direction orange et le bouton vert GO qui, en les actionnant de manière aléatoire, vont finir par engendrer un mouvement du robot. L’action sur le pupitre de commande, mais sans rationalité d’enchaînement, ne permet pas d’acquérir une logique algorithmique. La programmation se réduit à générer un déplacement uniquement d’un pas du robot.
94Néanmoins, un développement langagier s’est développé permettant, en groupe réduit, d’échanger sur le robot programmable. De plus, les entretiens ont permis d’identifier la capacité des enfants à formuler des hypothèses concernant le dysfonctionnement du robot et de proposer des situations pour valider ou non l’hypothèse formulée. Par exemple, lorsque le robot ne fonctionne pas, les enfants proposent de changer le revêtement du support sur lequel l’artefact doit se déplacer. Ainsi, comme l’ont souligné Gelaes, Detiffe et Thibaut (2003), l’observation des moments scolaires confirme que des enfants de trois et quatre ans sont capables d’acquérir des connaissances nouvelles sur un artefact, d’identifier des fonctions et de repérer des parties spécifiques qui y sont associées.
Pour approfondir l’analyse des discours des enfants
95La rencontre avec un Bee-Bot® en classe de maternelle conduit l’enfant à développer un raisonnement empirique pour à la fois prendre en charge et mener des actions avec cet artefact en fonction du scénario pédagogique mis en place par le professeur. L’approche instrumentale développée par Rabardel (1995), doit permettre d’appréhender plus finement le processus d’appropriation d’une technologie par de jeunes enfants et de caractériser l’évolution des schèmes d’utilisation et d’action instrumentée en situation scolaire.
96Par ailleurs, l’aptitude développée par l’enfant et le comportement déployé pour comprendre, conduisent à un registre de technicité en fonction des actions menées avec le robot, de la complexité de cet artefact et du niveau de réflexion nécessaire pour son appropriation. Selon Combarnous (1984), trois composantes de la technicité s’inscrivent dans l’action d’un individu avec un artefact : une pensée avec une rationalité propre, des engins avec des instrumentations spécifiques, matérielles ou non et une spécialisation des individus. La notion de registre de technicité est adéquate pour caractériser les activités techniques des enfants.
97Pour conclure, à l’école maternelle, en Petite Section, il est possible de mettre en place des moments scolaires mettant en jeu une technicité en apprenant à contrôler un robot programmable constitué d’une interface tangible, en développant un langage propre et en programmant des déplacements. L’usage et la manipulation, par une approche pédagogique laissant une place importante à la découverte, ont permis aux enfants de discuter sur le fonctionnement du robot programmable.
Remerciements
98Nos remerciements vont aux enfants des deux classes pour leurs implications dans les activités proposées ainsi qu’au professeur – maître formateur de cette école de Paris, Sébastien Clerc, qui a accepté de développer et mettre en place des séquences avec le Bee-Bot®.
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Notes de bas de page
1IeCare : <http://iecare.lip6.fr/> (consulté le 22 février 2021).
2Site du fabriquant TTS : <https://www.tts-group.co.uk> (consulté le 22 février 2021).
3Ministère de l’Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche. (2018). Programme du cycle 2. Texte consolidé à partir du programme au Bulletin officiel de l’éducation nationale spécial no 11 du 26 novembre 2015, des nouvelles dispositions publiées au Bulletin officiel de l’éducation nationale spécial no 30 du 26 juillet 2018.
4Ministère de l’Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche. (2015). Programme de l’école maternelle. Bulletin officiel spécial, no 2 du 26 mars 2015, p. 21.
5Komis, V. & Misirli, A. (2015). Étude des processus de construction d’algorithmes et de programmes par les petits enfants à l’aide de jouets programmables. Dans Drot-Delange, B., Baron, G.-L. & Bruillard, E. (dir.). Informatiques en éducation : Perspectives curriculaires et didactiques. Clermont-Ferrand : Presses Universitaires Blaise-Pascal, 143-154, p. 144.
6Le projet ANR DALIE, didactique et apprentissages de l’informatique à l’école primaire : <http://www.unilim.fr/dalie/> (consulté le 22 février 2021).
7Ministère de l’Éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche (2015). Socle commun de connaissances, de compétences et de culture. Bulletin officiel no 17 du 23 avril 2015, p. 6.
8Cette classe de Petite Section de maternelle a accueilli : 22 enfants pour l’année 2017-2018 et 17 enfants pour l’année 2018-2019.
9Les entretiens ont été menés dans une classe, à la fin du mois de juin.
Auteur
Université de Paris – Unité de recherche : Éducation, Discours, Apprentissages (EDA)
ORCID : 000000027432859X
IdRef : 115310908
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