Une rhétorique de la spontanéité : le cas de la Promenade
p. 131-146
Texte intégral
S’il faict laid à droicte, je prens à gauche ; si je me trouve mal propre à monter à cheval, je m’arreste […] Ay-je laissé quelque chose à voir derriere moy ? J’y retourne ; c’est tousjours mon chemin. Je ne trace aucune ligne certaine, ny droicte ny courbe.1
1La promenade est avant tout un « art de voyager », une manière d’être au monde, d’en jouir et de le voir. Et le promeneur revendique une identité, aussi différente que possible de celle du pèlerin, de l’explorateur, ou du vagabond2. Dans un bref essai paru en 1802 et intitulé L’Art de se promener3, Karl Gottlob Schelle propose une série de réflexions sur ce qu’il considère comme un art de vivre. La promenade est pour lui caractérisée par la mesure. Elle est une activité physique dont il est possible de « dégager la valeur intellectuelle »4. Le promeneur est un homme cultivé, faute de quoi il serait nécessairement insensible à la beauté du monde et incapable surtout de se livrer au commerce fructueux avec soi-même ou avec les autres : on ne saurait se promener sans réfléchir, mais les graves pensées ou l’introspection trop poussée sont toutes deux bannies par le philosophe qui affirme que « le libre jeu des idées ne doit jamais totalement se soustraire à l’influence des objets environnants… »5. Inversement – et logiquement – un spectacle par trop grandiose est incompatible avec la mise en branle des facultés intellectuelles. En somme, l’esprit doit se promener6, à l’unisson du corps, et se montrer accueillant au génie du lieu qu’il parcourt. C’est ainsi que le plaisir de la promenade en ville et en société sera tout différent de celui de la promenade solitaire et en pleine nature. Le promeneur, on s’en doute, doit savoir regarder, en marchant ou depuis sa voiture : « Le spectacle d’un paysage se dévoilant peu à peu est pour l’esprit un plaisir particulier. »7
2Il est particulièrement tentant de traduire ces considérations dans le cadre d’une poétique de la Promenade – en acceptant donc le principe de convenance qui établit une sorte d’homologie, problématique autant qu’on voudra, entre une manière de voyager et l’écriture du Voyage. Sans doute est-ce le mot « liberté » qui vient le premier à l’esprit. L’écrivain-promeneur emprunte des chemins qui ne sont pas tracés à l’avance et la digression est son premier devoir. Il lui faut aussi adopter un tour qui soit au mieux capable de s’accorder à la vérité des choses et aux hasards des rencontres. Le naturel est cet art qui consiste à faire croire que les mots jaillissent sous les pas du promeneur – ou sous les sabots de sa monture – au moment même où se dévoile progressivement le paysage, selon la logique du déplacement. Enfin, le dialogue, l’entretien ou la conversation sont quasi naturellement associés à la Promenade, tant il est vrai que l’on ne peut s’empêcher de parler lorsqu’on est sur le chemin, pour le plaisir. À ce titre, le promeneur est toujours peu ou prou un interlocuteur qui me parle à distance, sans médiation aucune ou par le biais d’un compagnon dont j’entends les répliques.
3« À force de vouloir eviter l’art et l’affectation, j’y retombe d’une autre part. »8 Ainsi s’exprimait Montaigne, qui savait que l’on n’é-chappe pas à la rhétorique, même, et surtout (?), lorsqu’on veut être – et paraître – naturel. La Promenade est un « genre » bavard, elle fait sienne une esthétique du désordre et multiplie les marques de la simplicité, elle laisse enfin à la recension des détails une place de choix. À chaque instant, pourtant, quelque chose résiste, qui vient troubler une langue dont la transparence est l’horizon. L’écart lyrique, la tentation de la phrase, voire du tableau, la résurgence de la culture du promeneur menacent diversement la Promenade. Il faut compter sur des écrivains qui succombent au plaisir de « défamiliariser » leur lecteur et qui oublient, en d’autres termes les artifices du naturel pour faire « de la littérature ».
Portrait du promeneur en bavard
4Bernard Vray note dans une étude sur le dialogue au xviie siècle :
La forme de la promenade dérive de celle du dialogue. D’abord conventionnelle, faisant état de minces données localisantes sans réelle signification, elle trouve une nouvelle jeunesse et quelque épaisseur lorsque se développe l’art des jardins…9
5On conçoit qu’à l’époque classique l’intérêt porté à la nature passe au second plan, même si la promenade est bien un exercice physique qui favorise la réflexion et même s’il s’établit des connivences entre le lieu et les paroles échangées puis rapportées. Les promeneurs romantiques inverseront la hiérarchie des plans, sans pour autant cesser de converser. Sont ainsi abandonnées les formes codées de la conversation, de l’entretien, et du dialogue, qui laissent place à des dispositifs dialogiques plus diffus, pour une part masqués, ou gommés, par des éléments qui deviennent le premier objet de la Promenade : le moi et le monde.
6Plus que d’autres, certains genres se prêtent à la mise en scène d’une conversation. Le choix d’un dispositif donné implique bien sûr qu’on suive une série de conventions ; il est surtout, et conjointement, l’affirmation d’une prise de position10 à l’égard de modèles concurrents. La lettre de voyage récuse ainsi l’ordonnancement du récit élaboré a posteriori aussi bien que l’inventaire méthodique des lieux et des êtres pour lui préférer une sorte de bavardage familier et décousu. La tradition, on le sait, est à la fois riche et diverse : on songe en premier lieu au « voyage d’Italie » tel qu’il se constitue et se codifie progressivement au cours du xviiie siècle, au « voyage amusant » de l’époque classique, ou à des textes plus anciens encore qui préfigurent le récit de voyage intimiste11. Écoutons, plus près de nous, Victor Hugo qui s’exprime en ces termes dans la Préface du Rhin :
Le voyageur a marché toute la journée ramassant, recevant ou récoltant des idées, des chimères, des incidents, des sensations, des visions, des fables, des raisonnements, des réalités, des souvenirs. Le soir venu, il entre dans une auberge, et pendant que le souper s’apprête, il demande une plume, de l’encre et du papier, il s’accoude à l’angle d’une table, et il écrit. Chacune de ses lettres est le sac où il vide la recette que son esprit a faite dans la journée, et dans ce sac, il n’en disconvient pas, il y a souvent plus de gros sous que de louis d’or.12
7Un tel propos est exemplaire de l’un des lieux communs de la lettre de voyage. Mais il faut remarquer qu’il pourrait tout aussi bien prendre place au sein d’un journal ou – pourquoi pas ? – dans un feuilleton adressé à la presse (on pense ici à Gautier et à ses chroniques). La relation elle-même, dès lors qu’elle progresserait « à sauts et à gambades » et selon l’humeur du voyageur – pour peu qu’elle ait l’habileté de dissimuler la narration ultérieure – ne serait pas non plus tout à fait inapte à accueillir les causeries du voyageur – et le tout début du Voyage en Orient de Nerval ne me détromperait pas sur ce point. Des textes de factures très diverses peuvent donner le change, et entretenir l’illusion d’une conversation – fût-ce avec un absent – grâce, tout d’abord, à une série de traits formels : effet d’oralité, écriture au présent, ballet des narrataires (dans les journaux de Stendhal13), écriture à deux mains (pour Flaubert et Du Camp14). Chacun de ces cas, et de nombreux autres encore, mériterait un examen précis. Mais c’est de manière plus souterraine et peut-être plus fondamentale que se dessine le portrait du promeneur en bavard. Dans Par les champs et par les grèves, Flaubert parle de ces « sentiers vagabonds faits pour les pensées flâneuses et les causeries à arabesques… »15. Entre la marche à pied et l’expression immédiate d’une sorte « d’intériorité socialisée » se lisent de secrètes sympathies. La promenade n’a pas de but et la Promenade n’a pas d’objet16 ; il nous est encore une fois donné de constater la puissance du principe selon lequel le mode de déplacement régit l’ordre du discours17. Un extrait de la vingtième lettre du Rhin pourra faire office de commentaire et servir à engager la réflexion sur les « menaces » qui pèsent sur la Promenade :
Vous savez mon goût. Toutes les fois que je puis continuer un peu ma route à pied, c’est-à-dire convertir le voyage en promenade, je n’y manque pas.
Rien n’est charmant, à mon sens, comme cette façon de voyager – À pied ! – On s’appartient, on est libre, on est joyeux ; on est tout entier et sans partage aux incidents de la route, à la ferme où l’on déjeune, à l’arbre où l’on s’abrite, à l’église où l’on se recueille. On part, on s’arrête, on repart ; rien ne gêne, rien ne retient. On va et on rêve devant soi. La marche berce la rêverie ; la rêverie voile la fatigue. La beauté du paysage cache la longueur du chemin. On ne voyage pas, on erre.18
8Rien de neuf, dira-t-on, depuis Montaigne. Mais on est passé tout de même de l’entretien à la rêverie, de la promenade à l’errance. Il faut ici se livrer à un bref détour, par Rousseau bien sûr, qui fut un initiateur (paradoxal) des errances écrites. Il avoue dans ses Confessions : « Ma tête ne va qu’avec mes pieds. »19 Mais l’écriture paraît chez lui le concurrent le plus sérieux du plaisir éprouvé à se laisser porter par ses pas et ses rêveries. S’il regrette de ne pas avoir fait de journaux de ses voyages, il affirme aussitôt :
Pourquoi m’ôter le charme actuel de la jouissance, pour dire à d’autres que j’avais joui ? Que m’importaient des lecteurs, un public, et toute la terre, tandis que je planais dans le ciel ? D’ailleurs, portai-je avec moi du papier, des plumes ?20
9Une trop grande présence à soi interdit le partage avec autrui. La célèbre cinquième « Promenade » est encore plus explicite :
De quoi jouit-on dans une pareille situation ? De rien d’extérieur à soi, de rien sinon de soi-même et de sa propre existence, tant que cet état dure on se suffit à soi-même comme Dieu.21
10Seul l’écart lyrique est à même de dire la jouissance éprouvée en ces occasions exceptionnelles. Mais le vrai promeneur doit à l’occasion savoir s’oublier, et la marche peut l’y aider22. Il ne peut totalement renoncer au monde extérieur – et Rousseau ne le fait d’ailleurs pas toujours –, ce qui suppose un déport de soi, et une forme de légèreté. Sans doute est-ce ce qui permet de faire le départ entre la rêverie et la conversation, entre la promenade et l’errance. Et l’on sent que l’équilibre est toujours fragile, peut-être parce que la promenade est un art de l’entre-deux (comme la conversation23), qui doit respecter à la fois le monde, autrui et le moi.
11En effet, et à l’inverse, l’oubli total de soi est un danger qui guette le promeneur. L’attention exclusivement portée à une « extériorité séduisante » conduit droit au pittoresque et à la tentation du beau morceau. Jean-Claude Berchet conclut d’un examen des préfaces des récits de voyages que :
Après le Voyage en Orient de Lamartine, qui date de 1835, le récit de voyage cesse de se développer dans un sens autobiographique […]. C’est ainsi que, dans les années 1840, se développe une sorte de subjectivisme journalistique ou impressionniste qui volatilise toute intériorité, qui implique donc la disparition paradoxale du sujet.24
12« Je vis par curiosité », nous dit Gautier qui suit ou feint de suivre les leçons d’un sage25. Seuls restent alors le regard et le spectacle. Et il suffit d’ouvrir – presque – au hasard un de ses Voyages pour lire des phrases de ce type :
La mer en ce moment était basse ; à perte de vue s’étendaient les lises ou plages de sable d’un ton cendré, et il fallait prolonger le regard jusqu’au bord extrême de l’horizon, à la ligne de rencontre du ciel, pour découvrir une mince barre verdâtre témoignant de la présence de l’Océan.26
13On aura compris que la causerie familière disparaît, et que l’écriture alors s’écarte autant qu’il est possible de l’idéal de simplicité et de naturel qui caractérisait la Promenade. En affichant sa « littérarité », le Voyage « s’artialise », comme le paysage.
14Une telle propension n’est pas bien sûr le fait du seul Gautier et il arrive très fréquemment que le réel fasse tableau, sous d’autres plumes, comme il advient momentanément que le monde soit oublié au profit du sujet qui ne parle que de lui, nûment. Sans doute tout est-il affaire de proportions et la Promenade oscille ainsi entre « l’impudeur […] des élans poétiques désordonnés »27 et la tentation de concurrencer par l’écriture « un spécimen de l’art du grand artiste »28. Au reste, elle est une forme suffisamment labile pour accueillir l’une ou l’autre de ces séquences. Une condition toutefois s’impose : les ruptures doivent subsister pour que demeure le désordre du texte, image des « fantaisies causeuses » de voyageurs « tranquilles d’âme et balancés par la marche »29.
Les vagabondages de l’écriture
15La discontinuité, la digression, l’improvisation se manifestent avec un éclat particulier chez Stendhal. Un compte rendu des Mémoires d’un touriste paru en 1838 contenait cet éloge quelque peu paradoxal : « Loin de vous rebuter, ce décousu de convention, cette simplicité si peu simple, cette naïveté si peu naïve, tout cela deviendra pour vous un charme irrésistible, un plaisir des plus vifs, un peu inquiet, mêlé de douceurs et de vicissitudes. »30 Le critique note, à mon sens avec raison, que le Voyage selon Stendhal – d’ailleurs vertigineux en ce qu’il brouille en profondeur les codes de l’écriture référentielle – est une sorte de comble du naturel. Le marchand de fer est un promeneur trop parfait pour être honnête (c’est-à-dire vrai), au point que c’est lorsque « l’auteur entre dans la fiction [que] son style renonce entièrement à ses saillies et à ses bigarrures »31. Les artifices d’une écriture transparente ne se sont pas toujours manifestés avec autant d’éclat, mais ils n’en ont pas moins toujours existé. L’ordo neglectus, un des lieux communs de la lettre, se devait d’investir la Promenade, pour cette première raison que l’ordre du discours reproduit figurément celui du déplacement32.
16En ce sens, les hasards du chemin deviennent digressions. Toute place est laissée au vagabondage du regard et de l’esprit, à une sorte de scepticisme entendu ici dans le sens un peu lâche d’un refus de la cohérence et de la règle : « Toute forme de réflexion méthodique et rigoureuse est étrangère à la promenade », écrivait Karl Gottlob Schelle33. Comme discours incontrôlable, la Promenade est susceptible d’accueillir en son sein – et à partir de ce fil directeur ténu qu’est le déplacement non finalisé du promeneur – à peu près n’importe quelle « considération ». Libre à l’écrivain-promeneur de rapporter telle anecdote (la séquence narrative est alors en position de dépendance vis-à-vis de la description d’itinéraire), de laisser cours à l’épanchement lyrique (Hugo ne s’en privera pas dans ses lettres de voyage), de rappeler des souvenirs littéraires alors que ses pas se mettent dans ceux des hommes illustres (ainsi en est-il de Flaubert à Combourg34), de concurrencer à l’occasion les guides et, plus largement, les discours du savoir (Stendhal prétend pallier l’absence de réel Voyage en France35) ou d’introduire telle vue (que l’on peut d’ailleurs préparer à l’avance, comme le signalait de manière ludique un Nerval dans la première page de son Voyage en Orient). La Promenade obéit à un fonctionnement qui se calque sur celui du système descriptif, et pour cause : elle est finalement peu ou prou constituée d’une série d’expansions qui se greffent sur une liste de toponymes ou de constituants du paysage. Les carnets dont Flaubert et Maxime Du Camp se servirent pour composer Par les champs et par les grèves en témoignent ; on citera quelques lignes qui proviennent des notes du compagnon de Flaubert :
De nantes a saint-nazaire. – La Loire large et plate.
De saint-nazaire à pornichet, aubépines, ajoncs. Chemins à travers les haies de Pornichet au Pouliguen. – La baie déserte ; au bord des flots, sur le sable dur, des coquilles roses et blanches ; dunes couvertes de joncs. – Le bac […] Vieille abbaye d’un bon gothique toute découverte. – Surprise et curiosité des enfants à nos aspects. – Femme qui met sur les murs de la bouse de vache, ça remet les pierres et sert de mortier…36
17Tout est en place, donc, pour que se déploie une série de séquences, agencées seulement selon les choix et la fantaisie du promeneur.
18On pourra objecter qu’il en va de même dans des récits de voyages qui ne ressortissent évidemment pas à la forme de la Promenade (comme l’Itinéraire de Paris à Jérusalem, par exemple, qui pourrait assez bien se résumer par son seul titre, énumération de toponymes). Il faut donc adjoindre un second critère pour tenter de caractériser ce désordre de l’écriture propre à la Promenade. L’attention portée au détail est, je crois, le trait majeur qui permet de distinguer le récit de pèlerinage ou d’exploration de la simple excursion entreprise sans but apparent. Dans l’Itinéraire, tout ce qui fait obstacle à la quête du voyageur est écarté, et le texte se bâtit sur une série de refus : de l’autre, du pittoresque, de l’insignifiant. Ainsi se dessine une ligne directrice qui donne une profonde homogénéité au Voyage – et, en ce sens, Chateaubriand est bien plus proche du promeneur dans son Voyage en Amérique, lorsqu’il se décide à abandonner ses velléités d’explorateur à la recherche du passage du nord-ouest pour errer dans les forêts du Nouveau Monde. Or, dire le détail, le privilégier, c’est finalement renoncer à un premier plan, ou, ce qui revient au même, tout mettre sur le même plan. Jean Rousset caractérisait ainsi la lettre et le journal :
[…] une sorte de myopie, une attention extrême, voire grossissante, accordée aux événements imperceptibles, à tout ce qui n’a pas d’importance pour le regard lointain de la vision rétrospective…37
19La Promenade déstabilise le lecteur, parce qu’elle ne lui fournit pas de repères fixes. Elle se dérobe sans cesse et peut, à la limite, être parcourue sinon en tous sens, du moins selon des procédures qui font fi de la linéarité – apparente – du texte. Pourquoi, au fond, nous conformer à l’itinéraire du promeneur si ce dernier ne cesse de nous répéter que le hasard gouverne ses pas et ses impressions ? Nous sommes invités à nous promener dans le livre, au fil des détails qui nous arrêtent et qui sont pour nous la vérité du texte. « La vraie richesse des spectacles est dans le détail », écrivait Alain qui préférait « faire à la fois un mètre ou deux, s’arrêter et regarder de nouveau un nouvel aspect des mêmes choses » plutôt que de faire cent kilomètres38.
20Pourtant, il faut nuancer, car la Promenade n’échappe pas au morceau de bravoure, qui peut aussi se déployer à partir du détail. Le détail, finalement, n’est plus insignifiant s’il témoigne d’un regard et d’une écriture singuliers. Resurgit alors, de manière un rien obstinée, cette question du style, d’autant plus entêtante que le promeneur prétend ne pas en faire.
En marge de la littérature ?
21Le refus du style est l’un des lieux fondateurs les plus forts du texte viatique39, et le promeneur n’en a pas l’exclusivité. Les déclarations d’un Chateaubriand, par exemple, le prouvent de manière éclatante40 et s’inscrivent ce faisant dans une tradition fort ancienne : l’écriture référentielle ne peut appartenir de plein droit à la littérature, et le meilleur moyen de valoriser le texte et de séduire le lecteur est de se mettre à l’abri – de manière plus ou moins retorse – du reproche concernant les mensonges de la littérature. La simplicité serait le garant de la vérité et de la sincérité ; elle offre en outre un charme tout particulier – et il ne faut bien entendu jamais comprendre que le voyageur renonce à plaire. Quelle serait alors sur ce plan la spécificité de la Promenade ? Ne ferait-elle que répéter à l’envi le déjà-dit et le déjà-pensé, à savoir : « Ceci n’est pas un livre »41 ?
22Rien n’est moins sûr. D’une part parce que le Voyage d’écrivain est plus marqué par le mélange des styles que par un ton familier qui courrait d’un bout à l’autre du texte. D’autre part, parce que la dénonciation du « littéraire » est paradoxale, et fait partie de ces stéréotypes de contenus piégés que sont bien souvent les dénégations auctoriales portant sur la valeur des œuvres. Sur le premier point, il faut renvoyer à la préface à bien des égards inaugurale de l’Itinéraire de Paris à Jérusalem. Le style « suit le mouvement de [la] pensée et de [la] fortune », nous dit Chateaubriand42. Il pourra donc être empreint de solennité lors de la découverte des Lieux saints – et mimer par exemple le tour des orateurs chrétiens – ou se conformer à d’autres modèles lorsqu’il s’agira de relater les occupations ordinaires du pèlerin. Chateaubriand est « classique » en ce point, et s’attache à ne pas enfreindre le principe de convenance entre le dire et le dit. Or, la Promenade a ceci de particulier qu’elle ne représente presque jamais un personnage confronté au grandiose ou à l’exceptionnel – peut-être parce qu’il évolue en territoire sinon connu, du moins (relativement) familier. Les accents sublimes courent le risque de paraître déplacés – à moins, j’y reviendrai, que le promeneur ne parvienne à ériger l’ordinaire en extraordinaire. À bien lire ensuite les déclarations de principe concernant la simplicité du ton, on y décèle un système d’intentions complexe qui aboutit à ériger la simplicité en une sorte de perfection de l’art – ce qui paraît à première vue contradictoire.
23On relèvera, de manière un peu cavalière, quelques tendances d’un discours qui manifeste le désir d’écrire « simplement, véritablement et purement », « sans autrement pindariser ou farder le langage »43. Trois citations nous guideront ici :
Je suis étonné de la beauté des oliviers du Puget ; je dis beauté, quoiqu’il n’y ait pas au monde d’arbres plus laids. Ils ont toujours l’air cacochyme et amputé, mais enfin, au Puget, ils sont gros. Mes compagnons de voyage m’apprennent que, seuls de tous les oliviers de la Provence, ils ne gelèrent pas.44
J’étais hier au Mont-Saint-Michel. Ici il faudrait entasser les superlatifs d’admiration […] Mais j’aime mieux commencer platement par te dire, mon Adèle, que j’y ai fait un affreux déjeuner. Une vieille aubergiste bistre appelée madame Laloi a trouvé moyen de me faire manger du poisson pourri au milieu de la mer. Et puis comme on est sur la lisière de la Bretagne et de la Normandie, la malpropreté y est horrible, composée qu’elle est de la crasse normande et de la saleté bretonne qui se superposent à ce précieux point d’intersection. Croisement des races ou des crasses, comme tu voudras.45
Je suis revenu à Luz au pas et en rêvant de Gavarnie ; j’avais encore le bruit de sa cascade dans l’oreille et je marchais sous le pont de neige. J’ai été accosté franchement par un homme qui m’a demandé du tabac et nous avons causé côte à côte jusqu’à Saint-Sauveur, où nous nous sommes quittés. Il était grand, veste blanche, bas bleus et espadrilles aux pieds, le chapeau noir espagnol et le foulard roulé en bandeau sur la tête ; il montait un maigre petit cheval blanc et s’appuyait sur un long bâton comme s’il s’en fut aidé pour marcher.46
24Stendhal utilise l’une des figures les plus utiles qui soit : l’autocorrection permet de réajuster sans cesse le discours – et de donner par là même l’impression d’une pensée en marche. Embarras, réticences, repentirs donnent la preuve que rien n’est figé pour qui se réserve le droit de réfléchir au fil de la phrase en feignant de reproduire les mouvements successifs de l’esprit, ou du regard. L’artifice est tout aussi patent chez Hugo. La rudesse apparente de l’expression ne parvient pas à masquer la délectation qu’éprouve l’écrivain à jouer des sonorités et des rythmes pour faire une phrase. Flaubert, enfin, se veut familier : tournures simples et absence de recherche lexicale, alliées au caractère anodin de l’événement relaté, se conjuguent pour forger l’image d’un scripteur qui voudrait paraître (l’expression est de Gautier) « daguerréotype littéraire ».
25En bref, on refuse par tous les moyens les apprêts d’une langue travaillée pour mimer l’allure de la communication ordinaire : hésitation, franchise et simplicité, en plus d’être des lieux communs, sont les gages les plus sûrs qui font croire à la vérité. Mais les écrivains ne manquent pas de renchérir explicitement sur le « naturel » de leur écriture, comme si la seule rhétorique de la spontanéité (en acte) ne suffisait pas. Écoutons encore une fois les mêmes, c’est-àdire Stendhal (ou le négociant en fer) :
Autant je suis réservé et plat à mon comptoir et dans les réunions avec mes collègues les hommes à argent, autant je prétends être naturel et simple en écrivant ce journal le soir. Si je mentais le moins du monde, le plaisir s’envolerait et je n’écrirais plus. Quel dommage !47
26puis Hugo :
Si l’auteur avait publié cette correspondance de voyageur dans un but purement personnel, il lui eût probablement fait subir de notables altérations ; il eût supprimé beaucoup de détails ; il eût effacé partout l’intimité et le sourire ; il eût extirpé et sarclé avec soin le moi, cette mauvaise herbe qui repousse toujours sous la plume de l’écrivain livré aux épanchements familiers […] ces altérations eussent été des falsifications ; ces lettres, quoiqu’en apparence à peu près étrangères à la Conclusion, deviennent pourtant en quelque sorte des pièces justificatives ; chacune d’elles est un certificat de voyage, de passage et de présence ; le moi, ici, est une affirmation. Les modifier, c’était remplacer la vérité par la façon littéraire. C’était encore diminuer la confiance, et par conséquent manquer le but [qui est « de maintenir le droit de la France sans blesser la nationalité de l’Allemagne »].48
27Et enfin Flaubert, qui s’exprime en ces termes au tout début de son Voyage aux Pyrénées et en Corse :
[…] je n’aurai aucune prétention littéraire et je ne tâcherai pas de faire du style ; si cela arrive, que ce soit à mon insu comme une métaphore qu’on emploie faute de savoir s’exprimer par le sens littéral. Je m’abstiendrai donc de toute déclamation et je ne me permettrai que six fois par pages le mot pittoresque et une douzaine de fois celui d’admirable. Les voyageurs disent le premier à tous les tas de cailloux et le second à toutes les bornes ; il me sera bien permis de le stéréotyper à toutes mes phrases, qui, pour vous rassurer, sont d’ailleurs fort longues.49
28En revendiquant une complète liberté, Stendhal s’éloigne autant qu’il est possible des relations de voyage traditionnelles. On lui reprochera d’ailleurs d’être « inventeur avant d’être voyageur ». « Parler de tout à bâtons rompus, sans prétendre à l’objectivité »50 revient à bousculer un lecteur habitué à trouver dans un Voyage le compte rendu des lieux parcourus. Et, par ailleurs, celui qui affirme « mépriser et détester le style académique »51 affiche bien des choix stylistiques lorsqu’il écrit « naturellement ». Les propos de Victor Hugo ne sont finalement pas si différents de ceux du touriste ; ils aboutissent en tout cas aux mêmes effets. Si la vérité, garantie par la présence du moi, s’oppose à la « façon littéraire », il n’en reste pas moins que le texte publié transgresse les modèles qui se fussent spontanément offerts à l’écrivain s’il n’avait voulu, nous dit-il, servir une cause. Cette vérité, qu’on le veuille ou non, est donc une façon : le ton du Voyage est le fruit d’un choix conscient, il a toutes les chances de paraître la marque d’un style. Flaubert, quant à lui, se démarque également de ses prédécesseurs, tout en reconnaissant avec humour qu’il n’est pas si facile d’abandonner certains tics d’écriture. Le « stéréotypage », ou le retour inconscient d’un style fleuri sont finalement les allures les plus naturelles qui soient et s’en écarter revient à affirmer une originalité. Ces prises de position, quels que soient les éléments qui permettent de les différencier, ont toutes au moins un point commun. Lorsqu’il revendique le naturel (Stendhal), ou s’en excuse (Hugo), ou dit son impossibilité (Flaubert), l’écrivain est à l’évidence persuadé qu’il offre à lire un texte défamiliarisant, c’est-àdire, d’une certaine manière, anti-naturel.
29Il resterait à retourner le propos. Le voyage de proximité, on le conçoit, ne se prête guère au recensement des merveilles du monde ou à la relation des événements inouïs. « Le Rhin et La Loire ne sont ni le Gange ni la Brenta », disait un critique à propos de Stendhal – et il expliquait de cette manière la difficulté particulière à écrire un « Voyage en France »52. Mais rien ne s’oppose bien sûr à ce qu’un regard neuf soit porté sur l’ordinaire, pour le transformer en extraordinaire. Dans un texte au titre à cet égard éloquent (Voyage d’exploration sur la Meuse par le chaland La Beauté), Gautier écrit les lignes suivantes :
Est-il bien nécessaire, pour qu’un voyage offre de l’intérêt, qu’il ait lieu dans les contrées lointaines, à demi fabuleuses, presque inaccessibles, où l’on ne va guère et d’où l’on ne revient pas souvent ? Notre idée n’est pas de déprécier les navigations sur l’Amour, le Nil Bleu ou Blanc, la rivière des Amazones ou le Macquarie ; mais une simple promenade sur la Meuse, de Charleville à Givet ou à Namur, ne manque pas non plus de charme, et il est peu de touristes qui la fassent. Cet été nous nous sommes passé cette fantaisie, et nous y avons pris autant de plaisir qu’à descendre de Tver à Nijni-Novgorod par la Volga.53
30Dès lors que le voyage se généralise, et qu’il est possible de se promener à l’ombre des Pyramides ou à Niagara, il reste à inventer d’autres explorations au plus près de chez soi54 et à exalter, fût-ce de manière ironique, le sublime d’un chemin ou d’une voie d’eau empruntée par un chaland. Le promeneur disparaît alors, quand surgit un voyageur d’un type nouveau, qui retrouve des vertus aux fleurs de la rhétorique.
31« Les sauvages ne savent pas ce que c’est que de se promener », disait Buffon dans son Histoire naturelle. Etilyaeneffet dans cet exercice gratuit qu’est la promenade un fond de mondanité et de sociabilité que la mise en texte exhibe : en se faisant art de la conversation, agencement du désordre et feinte simplicité, la Promenade paraît un comble du raffinement. La lire est poursuivre une finalité sans autre fin que le plaisir esthétique éprouvé à laisser promener ses pensées au gré des mots d’un interlocuteur choisi. Mieux, le contentement est d’autant plus fort que l’on sait l’équilibre fragile. À chaque instant, le risque existe : que le promeneur s’oublie à ne parler que de soi, ou à se faire simplement l’archiviste du monde ; ou qu’il redevienne de manière trop voyante l’écrivain qu’il n’a jamais cessé d’être, et me voici entraîné vers un autre régime de littérarité. Je n’en suis que plus sensible, peut-être, au retour du naturel après ces écarts : le désordre du texte me garantit de ces surprises. À proprement parler, la Promenade n’est pas une forme, encore moins un genre ; elle est plutôt le résultat d’une élaboration savante qui me fait croire à une présence, au fur et à mesure que je tourne les pages du livre, en découvrant ce que je n’aurais jamais eu l’idée d’aller chercher, au terme d’une mise en scène et en mots d’un hasard soigneusement préparé.
Notes de bas de page
1 Montaigne, Essais, livre III, chap. 9, P. Villey éd., Paris, PUF « Quadrige », 1988, p. 985.
2 « Les arts de voyager délimitent les trois grands modes du déplacement classique : le voyage, l’errance et la promenade », N. Doiron, L’Art de voyager. Le déplacement à l’époque classique, Paris/ Sainte-Foy, Klincksieck/ Presses de l’Université de Laval, 1995, p. 63. Voir également Ph. Antoine, « L’explorateur, le promeneur et le pèlerin : Chateaubriand et l’art de voyager », Bulletin de la société Chateaubriand, 1999, p. 54-60.
3 K.G. Schelle, L’Art de se promener, Paris, Payot et Rivages « Rivages poche/ Petite bibliothèque », 1996.
4 Ibid., p. 30.
5 Ibid, p. 170.
6 L’expression figure dans le Dictionnaire de Furetière.
7 L’Art de se promener, op. cit , p. 86.
8 Le propos est cité dans les Essais, op. cit., livre III, notice du chapitre 6, p. 898.
9 B. Vray, « Le dialogue comme forme littéraire au xviie siècle », CAIEF, n° 24, 1972, p. 29.
10 Voir D. Maingueneau, Le Contexte de l’œuvre littéraire, Paris, Dunod, 1993, chap. 3.
11 M.C. Gomez-Géraud montre ainsi que les Lettres de Busbecq cueillent « comme en une promenade les fruits des impressions et des spectacles surgis sans raison sur le chemin, et comme pour le simple plaisir du voyageur » (« Les Lettres de Busbecq : le style épistolaire ou les débuts du récit de voyage intimiste », dans A. Rousseau éd., Sur les traces de Busbecq et du gothique, Presses universitaires de Lille, 1991, p. 100).
12 V. Hugo, Préface du Rhin, dans Voyages, Œuvres complètes, Paris, Robert Laffont « Bouquins », 1987, p. 5.
13 Voir J.-J. Hamm, « Voyage et vagabondage de l’écriture : le journal de Stendhal », dans Le Journal de voyage et Stendhal, Genève, Slatkine, 1986, p. 15-25.
14 Par les champs et par les grèves, dans Voyages, Paris, Arléa, 1998. Le texte compense de manière ludique l’absence de destinataire précis et réintroduit ironiquement la figure du lecteur en niant son existence : « J’oublie toujours que je n’ai pas de lecteurs », écrit ainsi Flaubert (p. 221).
15 Ibid., p. 219.
16 J. Grenier, « La promenade (Étude phénoménologique) », NRF, n° 43, novembre 1964, p. 818.
17 « La route suivie dans la Nature servira […] à définir l’ordre naturel du discours classique. Le monde et le livre sont alors compris dans un même espace », (N. Doiron, « L’art de voyager », Poétique, n° 73, p. 86).
18 V. Hugo, Le Rhin, « Lettre XX », op. cit., p. 135. La comparaison de cette disposition d’esprit avec celle que manifeste Chateaubriand lors de son séjour à Athènes est presque comique : « […] il n’y a point de ruines de ce côté, et nous ne faisions plus qu’une agréable promenade avec les souvenirs d’Athènes. » La promenade n’est pour le pèlerin qu’un pis-aller. (Itinéraire de Paris à Jérusalem, dans Œuvres romanesques et voyages, M. Regard éd., Paris, Gallimard « Pléiade », 1969, p. 884)
19 J.-J. Rousseau, Les Confessions, R. Trousson éd., Paris, Imprimerie nationale, t. II, 1995, p. 672.
20 Ibid., t. I, p. 355.
21 J.-J. Rousseau, Les Rêveries du promeneur solitaire, H. Roddier éd., Paris, Classiques Garnier, p. 71.
22 Ainsi que l’écrit Jacques Réda, « il arrive qu’à force de marcher, mais sans nécessairement en faire une ascèse sportive, juste en déambulant, on perde peu à peu le sentiment de son identité propre », (« Aux Ternes », Magazine littéraire, n° 353, avril 1997, p. 53).
23 A. Morellet fustige l’égoïsme dans la conversation ; mais il ajoute aussitôt qu’il est des circonstances où l’on peut tout de même parler de soi, à la condition de ne pas « passer la mesure de l’attention et de la patience [des] auditeurs » (De la conversation, Paris, Payot et Rivages « Rivages poche/ Petite bibliothèque », 1995, p. 58).
24 J.-C. Berchet, « Les préfaces des récits de voyage », dans Écrire le Voyage, G. Tverdota éd., Presses de la Sorbonne nouvelle, 1994, p. 13.
25 T. Gautier, Quand on voyage, dans Le Voyage en France. Anthologie des voyageurs français et étrangers en France, aux xixe et xxe siècles, Paris, Laffont « Bouquins », p. 431.
26 Ibid., p. 434.
27 G. Flaubert, Voyage aux Pyrénées et en Corse, dans Voyages, op. cit., p. 37.
28 G. Flaubert, Voyage en famille, dans Voyages, op. cit., p. 121.
29 G. Flaubert, Par les champs et par les grèves, dans Voyages, op. cit., p. 263.
30 A. Frémy, La Revue de Paris, août 1838, dans Stendhal, Voyages en France, V. Del Litto éd., Paris, Gallimard « Pléiade », 1992, p. 917.
31 Ibid., p. 922.
32 N. Doiron, « L’art de voyager », art. cité, p. 86.
33 L’Art de se promener, op. cit., p. 32.
34 Par les champs et par les grèves, dans Voyages, op. cit., p. 294-299.
35 Mémoires d’un touriste, dans Voyages en France, op. cit., p. 3.
36 Op. cit., p. 172.
37 J. Rousset, « Une forme littéraire : le roman par lettres », Forme et signification, Paris, Corti, 1995, p. 71.
38 « Voyages », dans Propos sur le bonheur (1928), Paris, Gallimard, « Folio/Essais », p. 124.
39 R. Le Huenen parle à ce propos d’« un topos de la transparence du discours réaffirmé à l’envi et accompagné de la revendication de dire vrai », « Qu’est-ce qu’un récit de voyage ? », Les Modèles du récit de voyage, Littérales, n° 7, op. cit., p. 16.
40 « Je n’ai point fait un voyage pour l’écrire… », Itinéraire de Paris à Jérusalem, op. cit., p. 701.
41 Tels sont les premiers mots de l’Avertissement du Voyage en Orient de Lamartine (S. Moussa éd., Paris, Champion, 2000, p. 43).
42 Op. cit., p. 702.
43 C’est à dessein que je fais allusion ici à des voyageurs renaissants (par l’entremise de M.-C. Gomez-Géraud, Écrire le voyage au xvie siècle en France, Paris, PUF « Études littéraires », 2000, p. 16), pour montrer qu’une telle posture n’est pas une invention du promeneur – et encore moins des écrivains du xixe siècle.
44 Stendhal, Voyage dans le Midi de la France, dans Voyages en France, op. cit, p. 740.
45 V. Hugo, lettre à Adèle Foucher, 28 juin 1836, France et Belgique, dans Voyages, op. cit., p. 576.
46 G. Flaubert, Voyage aux Pyrénées et en Corse, op. cit., p. 39.
47 Mémoires d’un touriste, op. cit., p. 5.
48 Préface du Rhin, op. cit., p. 7.
49 Voyage aux Pyrénées et en Corse, op. cit., p. 21.
50 V. Del Litto, Introduction aux Voyages en France, op. cit., p. LXXV.
51 Voyage en France, op. cit., p. 755.
52 Ibid., p. 917.
53 T. Gautier, Les Vacances du lundi (1881), dans Le Voyage en France. Anthologie…, op. cit., p. 448.
54 Voir J.-D. Urbain, L’Idiot du voyage (chap. 15), Paris, Payot et Rivages, 1993.
Auteur
IUFM d’Amiens.
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