Glossaire
p. 335-338
Texte intégral
Alto Adige : nom italien (à partir de 1890) d’une province germanophone, autour de Bolzano, annexée par l’Italie après le traité de Saint-Germain (1919) et bénéficiant, depuis 1946, d’une large autonomie.
De 1809 à 1814, un département du Royaume napoléonien d’Italie porta ce nom, mais il incluait, non seulement le Haut-Adige actuel, mais aussi la province de Trente.
L’altra sponda (littéralement : l’autre rivage) : littoral oriental de l’Adriatique. Souvent utilisé dans la presse italienne de l’époque pour désigner les terres irrédentes.
Austriacanti : terme péjoratif par lequel les italianissimi, irrédentistes ou non, désignaient les Austro-Italiens qui affichaient leur fidélité aux Habsbourg.
Le Ballhaus : palais viennois qui abritait le ministère des Affaires étrangères austro-hongrois jusqu’en 1918. C’est, aujourd’hui, le siège du gouvernement fédéral autrichien.
Cercle (circolo, en italien ; Kreis, en allemand) : circonscription administrative de Cisleithanie, de la taille d’un arrondissement français.
La Consulta : palais romain, place du Quirinal, où siégea, de 1874 à 1922, le ministère italien des Affaires étrangères.
Le dì dello Statuto : le « jour du statut » commémorait l’octroi, en 1848, d’une constitution par le roi de Sardaigne Charles-Albert, le « statuto albertino » qui, élargi à toute l’Italie après l’Unité, resta en vigueur jusqu’au 1er janvier 1948. Cette fête fixée, à partir de 1861, au premier dimanche du mois de juin, était, pour les irrédentistes, une occasion de manifester leur attachement à l’Italie.
Fuorusciti : littéralement « sortis dehors ». Irrédents ayant quitté, volontairement ou non, l’Autriche-Hongrie et réfugiés en Italie, pour échapper à la répression ou manifester leur italophilie.
« Imperatore degli impiccati » (empereur des pendus) : invective lancée à l’empereur François-Joseph par Carducci peu après l’exécution d’Oberdan et largement reprise dans toute la littérature irrédentiste, jusqu’à l’annexion. Notez que le pluriel était inexact, car, jusqu’en 1915, aucun autre qu’Oberdan ne fut exécuté pour irrédentisme.
On donnait aussi à l’Empereur le surnom peu respectueux, mais moins agressif, de « Cecco Beppe ».
Irrédentistes politiques : Italiens, qu’ils soient régnicoles ou sujets austro-hongrois, militant pour la réunion au royaume d’Italie des terres considérées comme italiennes, et restées sous souveraineté étrangère (en premier lieu austro-hongroise, mais aussi suisse, française, grecque) après 1866.
Italianissimi (ou irrédentistes culturels) : Italiens d’Autriche-Hongrie décidés à défendre leur langue et leur communauté, par la violence s’il le fallait, contre les attaques des autorités habsbourgeoises et des nationalités voisines (Allemands dans le Trentin ; Slovènes et Croates dans le Litorale.)
Par contre, et contrairement aux irrédentistes politiques (même si les limites ont parfois été poreuses), les Italianissimi ne souhaitaient pas, ou ne jugeaient pas réaliste, une annexion des terres irrédentes par l’Italie.
Kronland (littéralement : pays de la couronne ; pluriel Kronländer) : province de l’empire d’Autriche, à partir du Diplôme d’octobre 1860.
La Leitha : petit fleuve du Burgenland qui marquait, localement, la limite entre la partie autrichienne et la partie hongroise de l’empire des Habsbourg. D’où les noms de Cisleithanie (= empire d’Autriche) et de Transleithanie (= royaume de Hongrie).
Litorale (en allemand : Küstenland) : Kronland de l’Empire autrichien rassemblant la ville de Trieste, le Frioul oriental et l’Istrie (mais ni la Dalmatie, qui formait un Kronland à part, ni Fiume, qui relevait du royaume de Hongrie). De toutes les terres irrédentes, le Litorale était, de loin, la plus peuplée et la plus active.
Luogotenente (traduction en italien de Statthalter) : gouverneur qui représentait le souverain, à la tête d’une province de l’Empire austro-hongrois. On peut les comparer aux préfets, mais leurs compétences étaient non seulement civiles, mais aussi militaires. La majorité était d’ailleurs, des officiers d’active, et non des fonctionnaires civils.
Luogotenenza : palais où étaient installés les services du luogotenente. Équivalent de la préfecture.
Le misogallismo (néologisme forgé, en 1799, par l’écrivain Vittorio Alfieri) : hostilité des Italiens à tout ce qui est français. Le misogallismo (en particulier dans les années 1880-18890) était en concurrence avec l’hostilité traditionnelle à l’Autriche, et affaiblissait, par contrecoup, l’irrédentisme dans l’opinion et les cercles dirigeants italiens.
Marcolini : Dalmates qui cultivaient la nostalgie de la république de Saint-Marc et voulurent, en 1848-1849, croire à sa résurrection. Le même phénomène était encore plus accentué en Istrie, mais le terme semble surtout avoir été employé en Dalmatie.
Országgyűlés (littéralement : « assemblée du pays ») : Parlement de Budapest, compétent pour la Transleithanie (alors que le Reichsrat était compétent pour la Cisleithanie). Il était composé de deux chambres : le Képviselő Ház (chambre basse) et le Főrendi Ház (la chambre des magnats). À partir de 1902, il siégea dans un beau bâtiment établi sur les rives du Danube, à l’architecture inspirée de celle de Westminster.
Contrairement au Reichsrat, plurilingue, l’Országgyűlés n’admettait pas d’autre langue que le magyar.
Podestà : maire des villes italophones d’Autriche-Hongrie ; alors qu’en Italie, à la même époque, on parlait de « sindaco ».
Dans les terres irrédentes, le terme fut aboli après 1918, pour être ressuscité, dans toute l’Italie cette fois, par le régime fasciste de 1926 à 1944, les maires n’étant plus élus, mais désignés par le pouvoir. Notons que dans la dizaine de communes des Grisons qui sont de langue italienne, on parle encore aujourd’hui de « podestà ».
Polentoni : terme péjoratif pour désigner les Italiens régnicoles (en grande majorité vénètes et lombards) établis dans les terres irrédentes.
Régnicoles : sujets du royaume d’Italie, désignés ainsi pour les distinguer des Italiens, sujets austro-hongrois. En 1910, on recensait 79 062 Régnicoles établis dans les terres irrédentes.
Reichsrat (littéralement : conseil d’Empire) : Parlement de la Cisleithanie, de 1861 à 1918. Il était bicaméral, mais la « chambre des Seigneurs » ne jouant pour ainsi dire aucun rôle, le terme de Reichsrat désignait, presque toujours, la chambre des députés, et elle seule.
Salorinisti : surnom donné par Ettore Tolomei à ceux des irrédentistes qui limitaient leur revendication au Trentin, de langue italienne, au sud de la passe de Salorno, et qui refusaient de considérer le Haut-Adige, de langue allemande, comme une Terre irrédente.
Südtirol : nom allemand du Haut-Adige.
Schiaffo di Tunisi (la gifle de Tunis) : établissement en 1881 du protectorat français sur la Tunisie que l’Italie, tant sa classe politique que son opinion publique, prit pour un affront impardonnable et qui la poussa vers la Triplice.
Venezia giulia (traduit en français par : Vénétie julienne) : projet de province dont les limites, dessinées par Graziadio Ascoli, englobaient, autour de Trieste, les terres irrédentes d’Istrie et du Frioul. Rejetée par les autorités austro-hongroises, la proposition d’Ascoli ne se concrétisa qu’après l’annexion de 1919.
Virilistes (sièges) : sièges qui, dans les Diètes provinciales autrichiennes, étaient réservés à des notables ecclésiastiques (évêques, abbés d’importants monastères) ou culturels (recteurs d’université).
Welsch : vocable (qui prend souvent une connotation péjorative) utilisé par les Autrichiens pour désigner les Italiens ; par les Allemands pour désigner les Français et par les Suisses alémaniques pour désigner les Romands. Ainsi, le Welschtirol était la dénomination officielle du Trentin.
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L’irrédentisme italien dans l’Empire austro-hongrois (1866-1915)
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