Chapitre 4
Le paradoxe du Trentin, à la fois la plus italienne et la moins irrédentiste des terres irrédentes
p. 87-102
Texte intégral
1Le Trentin (6 726 km2 et 393 111 habitants1 en 1910), correspondant aux deux circoli de Trente et de Rovereto, était une partie du Kronland du Tyrol, dirigé depuis Innsbruck, au-delà du Brenner.
De toutes les terres irrédentes, le Trentin était celle dont l’italianité était la moins contestable, car sa population était, dans son écrasante majorité et depuis toujours, de langue italienne. Lors du recensement de 1910, 94 % des habitants, dont 8 412 Régnicoles installés durablement, avaient déclaré être de langue italienne (ou ladine). Et les 6 % de non italophones, dont 13 893 germanophones, étaient presque tous2 des fonctionnaires civils ou militaires, plus ou moins provisoirement en poste à Trente ou dans les garnisons de la frontière. La limite Nord du Trentin, qui franchissait l’Adige au défilé de Salorno, correspondait exactement à la frontière linguistique : chose rare et appréciable, dans l’empire des Habsbourg. En revanche, la limite des diocèses laissait la Val Venosta à celui (en majorité germanophone) de Bressanone et dix décanats germanophones à celui de Trente. Il fallut attendre la constitution apostolique Quo aptius du 6 juin 1964 pour que les frontières diocésaines et linguistiques coïncident.
2Le Trentin n’était pas une région riche : 63 % de sa population vivait encore de l’agriculture en 19103. En dehors de l’axe de la vallée de l’Adige, les chemins de fer étaient rares, les routes très mal commodes, en particulier en hiver. Jusqu’aux premières années du xxe siècle, le Trentin se présentait comme une juxtaposition de vallées enclavées et autarciques, communiquant mal et peu entre elles.
Si l’industrie était pratiquement inexistante4, le tourisme (un million de visiteurs par an5, presque tous allemands ou autrichiens, à la veille de la guerre) représentait déjà une activité importante ; en même temps qu’un enjeu politico-linguistique.
3Le Trentin, possession des Habsbourg depuis presque un millénaire
4Le Trentin fut inclus dans le Saint-Empire romain germanique dès la constitution de celui-ci, en 962. À partir de 1028, il fut dirigé par un prince-évêque qui, au xiie siècle, tomba sous la dépendance politique des comtes du Tyrol. La principauté épiscopale, dissoute le 9 février 1801, fut d’abord intégrée au royaume de Bavière. Mais des considérations stratégiques poussèrent Napoléon à fixer sur le Brenner la frontière Nord du royaume d’Italie6. Et donc à annexer au royaume d’Italie tous les territoires au sud du Brenner qui devinrent le département du Haut-Adige. Pour la première fois depuis la fin de l’Empire romain, le Trentin passa, pour quatre ans, dans un cadre politique italien. « Il est clairement prouvé que cette courte période de la souveraineté franco-italienne du royaume d’Italie a suffi à répandre l’incendie de l’idée nationale italienne, qui n’était auparavant l’apanage que des rares cercles cultivés7. »
Après la défaite napoléonienne, le Trentin retourna, avec tout le Tyrol, dans le giron de l’Empire autrichien, et y resta jusqu’en 1918.
Une défense précoce et vigoureuse de l’italianité
5En 1750 fut créée, à Rovereto, l’Accademia degli agiati dont le but était de favoriser les échanges culturels entre les Tridentins et les habitants de l’Italie proprement dite. Le 13 novembre 1751, des étudiants tridentins de Bologne quittèrent massivement l’association Deutsche Nation, exigeant d’être considérés désormais comme Italiens. Ce furent, en somme, les premières manifestations d’un « proto-irrédentisme » tridentin.
6De 1815 à 1866, le Trentin fut inclus, comme Trieste, mais contrairement à la Lombardie-Vénétie, dans la Confédération germanique. Du 5 au 27 avril 1848, des corps de volontaires venus de Lombardie, sous le commandement du général Michele Allemandi, tentèrent, sans succès, d’occuper le Trentin pour empêcher le ravitaillement des forteresses du Quadrilatère, sans que la population les accueille en libérateurs. En mai 1848, le Trentin envoya six députés au Bundestag de Francfort. Sans remettre en cause leur appartenance à l’empire d’Autriche, ils réclamèrent l’autonomie du Trentin8, ainsi que la sortie de la Confédération germanique. D’un rattachement à un État italien, il n’était pas question.
Ces premières velléités se heurtèrent pourtant à l’hostilité des Tyroliens germanophones. Le 13 août 1848, l’Innsbrucker Zeitung écrivait :
Nos voisins du Sud se considèrent donc comme appartenant à la nation italienne de par la langue romane qu’ils parlent, et […] veulent à mi-voix, nous dire adieu. Nous rendons avec plaisir cet adieu à nos voisins, nous ne leur envions pas leur nationalité italienne, nous ne contestons pas non plus qu’ils soient des Allemands de langue romane. Mais que le Südtirol [entendait-il le Haut-Adige actuel ou le Trentin ?] doive appartenir à l’Italie, là nous protestons et, s’il le faut, nous nous battrons. Que les Tyroliens romands migrent en Italie si l’Allemagne ne leur plaît plus, mais le Tyrol uni est, et restera, une terre allemande9 !
La reprise en main du pouvoir rétablit, de toute façon, le statu quo ante.
7Quelques dizaines de tridentins participèrent pourtant aux luttes du Risorgimento. On en comptait 93 dans les rangs de l’armée piémontaise, lors de la campagne de 1859, et quinze parmi les milles. Le plus célèbre, Oreste Baratieri (1841-1901), originaire de Condino, amalgamé dans les rangs des officiers de l’armée italienne, devait être le généralissime malheureux d’Adoua, en 1896.
Mais, en juillet 1866, François-Joseph pouvait qualifier, sans mentir, les Tridentins de « population particulièrement bien disposée envers l’Autriche que nous ne pouvons pas abandonner contre son gré10 ».
8Un irrédentisme à la fois actif et modéré
9Le Trentin resta donc partie intégrante de l’Empire austro-hongrois jusqu’à la fin de la fin de la Première Guerre. On devait y noter, jusqu’en 1918, une succession d’incidents : défilés militaires et hymne autrichien sifflés, affiches lacérées, graffiti injurieux, insultes et bousculades contre des voyageurs qui parlaient trop bruyamment allemand dans un restaurant… Incidents somme toute banals dans le contexte austro-hongrois.
10Mais ils restèrent plus rares que dans le reste de l’Empire et l’ambiance était nettement moins tendue à Trente qu’à Trieste ; sans même parler de Fiume ou de la Dalmatie.
Benito Mussolini, alors obscur agitateur socialiste, qui séjourna dans le Trentin, du 6 février au 26 septembre 1909, écrivait, manifestement sans enthousiasme, mais avec franchise et lucidité :
Que les irrédentistes italiens sachent que le Trentin est autrichien : autrichien depuis les montagnards qui révèrent François-Joseph jusqu’aux inconnus qui, il y a quelques années, jetèrent dans l’Adige les couronnes votives déposées au pied du monument à Dante ; autrichien depuis l’évêque qui vend terres et châteaux aux pangermanistes jusqu’aux libéraux nationaux qui ont « honte » de parler italien [c’était là calomnier grossièrement, tant l’évêque Endrici que les libéraux du Trentin], aux ouvriers qui ont obtenu des réformes sociales très importantes : caisse maladie, suffrage universel d’ici peu, pensions pour les invalides et les vieux. Mais assez sur ce chapitre. C’est un sujet trop douloureux11, 12.
11La Pro Patria
12C’est pourtant à Trente que le podestà de Rovereto, Augusto Sartorelli, créa, en 1884, la société Pro Patria, sur l’idée du tridentin Guglielmo Ranzi13, pour défendre et diffuser l’italianité. En 1886, au congrès de Rovereto14, douze groupes adriatiques vinrent se joindre aux quatre-vingts groupes tridentins.
13Rappelons que l’article XIX de la Loi fondamentale du 21 décembre 1867 (qui tenait lieu de constitution) garantissait à chaque sujet de L’Empire autrichien de pouvoir être éduqué dans sa langue maternelle. Mais il fallut attendre la Sprachverordnung de 1880, pour que le financement de ces écoles primaires échoie aux municipalités. Seulement, ces municipalités, dominées par le groupe linguistique majoritaire, refusèrent, presque toujours, de financer l’enseignement en langue minoritaire.
Un exemple concret : à Trente, la municipalité, italophone, ne finançait que les écoles où l’enseignement se faisait en italien. Si la communauté de langue allemande souhaitait, pour ses enfants, une école avec enseignement en allemand, elle pouvait la fonder, le droit autrichien était assez libéral dans ce domaine : il suffisait de trouver quarante enfants parlant cette langue. Mais ceux qui ouvraient une telle école devaient la financer eux-mêmes, sans pouvoir compter sur l’aide, ni de la municipalité ni de l’État. À Bolzano, une soixantaine de kilomètres plus au nord, où les Allemands dominaient et les Italiens étaient minoritaires, le problème était inverse et ceux qui voulaient que leurs enfants fréquentent une école italienne devaient la financer eux-mêmes.
14Le Deutscher Schulverein avait été fondé le 13 mai 1880, dans le but « d’ériger, entretenir et financer des écoles pour la communauté allemande, dans les territoires où la langue d’enseignement n’est pas l’allemand » ; c’est-à-dire, là où les germanophones étaient en minorité : en particulier en Bohême-Moravie, en Carniole et aussi dans le Trentin. Apolitique et modéré15, le Deutscher Schulverein comptait (en 1889) presque 100 000 membres, avait un budget de plus de trois millions de couronnes, qui lui permettait de financer 152 établissements scolaires. À peu près 10 % de son budget servait à subventionner les établissements du Trentin où l’on enseignait en allemand : trois maternelles, deux communales et le lycée allemand de Trente16.
15Sur cet exemple, chaque communauté de l’Empire fonda de telles ligues d’enseignement, pour soutenir sa langue, là où elle était minoritaire : l’Ústřední matice škola tchèque (fondée en 1881) ; la Magyar iskola egylet hongroise (en 1882), la Druzba Kirilla e Metoda slovène (en 1886) ; à partir de 1884, la Pro Patria italophone qui se donna donc pour mission d’« établir et entretenir des écoles italiennes partout où les italophones étaient minoritaires, et ne pouvaient donc pas compter sur l’aide des municipalités17 ». Scolariser ses enfants dans la langue de leurs parents permettrait à ces minorités de ne pas disparaître.
16Ce ne fut que le 3 juillet 1885 que le gouvernement autrichien se résolut à autoriser la Pro Patria, mais recommanda aux autorités de la surveiller de près et d’intervenir, si elle outrepassait ses activités. Son premier congrès se tint à Rovereto, le 28 novembre 1886. Felice Venezian18 vint porter le salut de Trieste et exalta les intérêts communs (qui n’étaient guère apparus évidents jusque-là), et donc la lutte à mener ensemble entre « quelli del mare e quelli dei monti ».
17La troisième assemblée générale de la Pro Patria, à Trente, le 3 juillet 1890, devait être aussi la dernière. La société ayant refusé de pavoiser le drapeau jaune et noir et surtout, ayant accepté l’aide de la Dante Alighieri (fondée à Rome quelques mois plus tôt, voir p.), les autorités autrichiennes prononcèrent, le 10 juillet 1890, sa dissolution, ainsi motivée : « La Pro Patria a démontré qu’elle poursuivait d’autres buts, exclusivement politiques, qui vont au-delà de l’activité scolaire. » D’autre part, « la Dante Alighieri subit l’influence du courant politique désigné en Italie comme irrédentiste » et de servir « à des tendances politiques dirigées avant tout contre les intérêts de l’État autrichien19 ». En septembre 1891 lui succéda la Lega nazionale, dont le centre de gravité était sur l’Adriatique, beaucoup plus que sur le Trentin.
Il Trentino, terra di preti
18Le Trentin était une terra di preti, comme le Frioul et, contrairement aux cités du Litorale, la pratique restait forte, les vocations nombreuses.
Même s’il n’était plus Prince depuis 1801, l’évêque de Trente (l’évêché ne fut élevé en archevêché que le 14 juin 1929, par la constitution apostolique inter ceteras) était une personnalité qui comptait beaucoup ; d’autant qu’il possédait de droit un siège viriliste à la Diète provinciale d’Innsbruck.
Celestino Endrici (1866-1940) fut nommé évêque de Trente, le 3 janvier 1904. Très influencé par l’encyclique Rerum novarum et la nécessité pour l’Église de s’engager dans la société de son temps, Endrici fut l’un des promoteurs de l’Azione Cattolica. C’est sans doute grâce à lui qu’au début du xxe siècle, le monde catholique était, à Trente, nettement moins conservateur qu’ailleurs. Alcide de Gasperi20 était un de ses principaux collaborateurs, à la tête de la Voce Cattolica, devenue, en 1906, Il Trentino. Nommer à ce poste un laïc était déjà une petite révolution.
19S’il était fidèle aux Habsbourg, l’évêque ne cacha jamais son opposition aux menées pangermanistes du Volksbund21. Le 11 septembre 1911, il encourageait les « jeunes fiers de leurs traditions chrétiennes et de leur italianité, mises en péril par les injustes agressions du Volksbund, qui troublent la paix civile et religieuse22. »
En riposte, quand le 18 novembre 1911, l’évêque se rendit à Bolzano, le Volksbund publia : « L’honneur commande à tout Allemand de considérer la présence d’Endrici dans notre ville, comme une offense. » Et l’évêque fut accueilli par une pluie de pierres et des insultes : « À bas le Trentin ! Mort à l’Italie23 ! » On chanta sous ses fenêtres Die Wacht am Rhein24. À la suite de ces évènements, il écrivit au Pape, le vénète Pie X, lui proposant de rattacher au diocèse de Bressanone/Brixen les dix décanats germanophones qui dépendaient du diocèse de Trente « à cause de la difficile situation du bilinguisme et de la malsaine propagande nordique [entendons : pangermaniste] ». Il ne fut pas écouté, le redécoupage des diocèses ne fut accordé qu’en 1964.
20Mais décrire Mgr Endrici comme un activiste irrédentiste, un agent italien (les germanophones avaient surnommé son séminaire le Garibaldinum) serait erroné, même si, pendant la guerre, sa courageuse défense de ses diocésains lui valut d’être interné, de 1916 à 1918. Comme pour la quasi-totalité du clergé tridentin, entre les Habsbourg, fidèles soutiens de l’Église, et l’Italie franc-maçonne qui avait spolié le Pape, son choix était vite fait, même s’il était trop avisé pour l’exprimer en public. En 1902, le jeune Alcide De Gasperi prit cette devise (qui aurait pu être celle de presque tous les Tridentins) : « Prima cattolici e poi italiani. E solo là ove finisce il cattolicesimo. »
21Cela explique pourquoi ce ne fut pas dans le Trentin, pourtant si massivement italophone, que le mouvement irrédentiste fut le plus virulent, au contraire : « La bataille pour l’italianité du Trentin s’avéra beaucoup moins exubérante et agressive que celle vécue dans les régions adriatiques25. »
22La revendication, jamais satisfaite, d’une province du Trentin, distincte du Tyrol
23Les italophones du Trentin eurent toutefois, jusqu’en 1918, une double revendication, toujours refusée. La première, commune avec tous les italophones de l’Empire, était la constitution d’une université de langue italienne. L’autre, qui leur était propre, était la constitution d’une province du Trentin, linguistiquement homogène et séparée du Tyrol germanophone. La Diète régionale siégeait à Innsbruck ; les députés tridentins (35 contre 61 germanophones) y prononçaient leurs discours, en italien, ostensiblement ignorés par leurs collègues germanophones. À qui ils rendaient, bien évidemment, la politesse. Cela faisait partie, oserait-on dire, du folklore austro-hongrois.
24Comme l’expliqua Angelo Ara :
La cohabitation forcée à l’intérieur d’une même structure administrative de deux groupes nationaux séparés par une limite linguistique bien définie… représenta une cause constante de tensions qui se firent toujours plus âpres avec l’éveil des consciences nationales. L’unité administrative du Tyrol, sur laquelle le gouvernement de Vienne refusa toujours de revenir, créa artificiellement, un conflit national26.
[Néanmoins,] à Vienne, on était d’avis que… satisfaire les revendications des Tridentins aurait constitué un précédent susceptible de mettre en mouvement une avalanche de revendications analogues. Mais l’indivisibilité du Tyrol n’était pas seulement un impératif politique pour le gouvernement central, mais aussi pour les forces politiques et la population germanophone du Tyrol qui la considèrent comme une valeur absolue et intangible… La bataille pour l’autonomie a développé inutilement cinquante ans de tensions… La confrontation italo-allemande eut là l’aspect d’un conflit politico administratif, plus que celle d’une lutte nationale, où une partie tente d’imposer son hégémonie à l’autre, voire de l’assimiler de force27.
25Avec le temps, l’appellation même de « Trentin », d’abord anodine, devint de plus en plus suspecte aux autorités, qui tentèrent d’imposer « Welschtirol » jusque dans les publications en italien ; ainsi, en mars 1906, quand Alcide de Gasperi changea le titre de son journal de La Voce Cattolica en Il Trentino, ses adversaires l’accusèrent d’irrédentisme. Accusation dont De Gasperi se défendit en définissant sa « conscience nationale positive » comme, ni irrédentiste, ni nationaliste. De 1915 à 1918, la mention de « Trentin » fut carrément interdite.
L’impérialisme touristique
26Dans le Trentin, « l’irrédentisme était, en premier lieu, une réponse à l’agressivité des sociétés culturelles et sportives allemandes28 », ressenti comme une menace. Dans un rapport, daté de 1899, le diplomate français Charles Loiseau signalait l’ « impérialisme touristique » de sociétés d’excursion autrichiennes et allemandes, à la fois sportives et savantes. Ces « Allemands d’Autriche, de Prusse, de Saxe ou de Bavière, explorent systématiquement la région, sous couleur d’études scientifiques ou de tourisme et laissent de leur passage des traces morales et matérielles de plus en plus sensibles29 ». Loiseau évoquait aussi des hôteliers allemands qui n’engageaient que du personnel germanophone ou sachant l’allemand, des clubs alpins qui multipliaient les poteaux indicateurs de sentiers et de refuges « rédigés en allemand et multipliés à dessein. » Et régulièrement brisés et souillés par les excursionnistes italiens.
27Cet activisme ne pouvait rester sans réponse ; dès le 2 septembre 1872, deux vétérans tridentins des guerres du Risorgimento, Prospero Marchetti (1822-1889) et Nepomuceno Bolognini (1824-1900), avaient fondé, à Madonna del Campiglio, la Società alpina del Trentino, se proposant de « promouvoir la connaissance des montagnes du Trentin, le développement du tourisme dans les vallées et de l’italianité du Trentin ». Et aussi, plus discrètement, des activités d’observation : ce n’était pas un hasard si Marchetti avait, un neveu, prénommé Tullio, qui fut un des premiers officiers de renseignement italien. La Società fut dissoute par les autorités autrichiennes en 1876, mais put se reconstituer, au bout de quelques mois, sous le nom de Società degli alpinisti tridentini. Le 8 juillet 1883, ils tinrent une réunion commune avec le club Alpino Italiano, à Chiesanuova nei Lessini.
Ce n’est pas un hasard non plus si la création de ces sociétés sportives et touristiques suivait de peu celles des troupes alpines : les Landesschützen autrichiens, créés en 1871 et les Alpini italiens, créés en 1872. Depuis l’Italie, le général Giuseppe Perrucchetti (1839-1916), le promoteur et créateur des Alpini faisait (en 1884) ouvertement l’éloge de ces sociétés sportives, aux « éléments de valeur, rompus aux fatigues, aux privations et aux dangers, et donc capables de rendre de grands services au pays30 ».
28Les sociétés d’excursionnistes germanophones sillonnaient le Trentin, y construisant des refuges, des sentiers, formant des guides, et publiant articles et études, aidant les aubergistes à moderniser leurs établissements ; à condition que ceux-ci s’engagent à ce que l’allemand y soit la langue exclusive. Associations italophones et germanophones avaient ainsi leurs propres réseaux d’auberges et de refuges. Ainsi, en août 1911, « on inaugura bruyamment, avec des banquets, des discours et des feux d’artifice, en présence de nombreux officiers autrichiens31 » un refuge, le Viosgipfel, financé par une section pangermaniste de Halle an der Saale ; et situé à quelques mètres d’un refuge italophone, Monte Viozzi, la « guerre des toponymes » faisait alors rage. On y entonna le Deutschland über alles, dont la première strophe décrivait l’Allemagne comme allant « de la Meuse au Niémen, du Belt à l’Adige ». Toutes ces vantardises et provocations contribuaient à tendre l’ambiance.
29Toutes ces sociétés pouvaient-elles sérieusement avoir pour objet, comme elles le proclamaient haut et fort, la germanisation du Trentin en y achetant des propriétés et ouvrant des hôtels ? Le château de Pergine Valsugana, par exemple, au bord du lac de Caldonazzo, fut acquis par une société munichoise qui en fit un véritable club de vacances, ante litteram, rebaptisé Persen im Suganertal, et dont le personnel, comme la clientèle, étaient exclusivement germanophones32. Riva et Arco (dûment rebaptisées Ufer am Gardasee et Arch) semblaient, l’été, des colonies germaniques. Mais une fois la saison terminée, le Trentin redevenait une région rurale et italophone.
Le bras de fer Dante Alighieri vs Walther von der Vogelweide
30C’est dans cette optique qu’il faut situer l’érection, le 11 octobre 1896 à Trente, du monument à Dante, œuvre du Florentin Cesare Zocchi (1851-1922). Sept ans plus tôt, le 15 septembre 1889, avait été inauguré à Bolzano celui à Walther von der Vogelweide33, décrit par Sandonà comme l’« emblème et le symbole de la pensée allemande, incitation à de nouvelles conquêtes34 ».
31Le projet d’une statue monumentale de Dante remontait à 1886, mais on avait alors reculé devant le coût, préférant concentrer les ressources de la Pro Patria sur le financement des écoles. Mais, en 1889, considérant (sans doute à raison) le monument à von der Vogelweide comme une provocation, on décida d’y répondre, en édifiant une statue au poète gibelin.
32La quasi-totalité des podestà (à commencer par celui de Trente, qui fit don de 11 000 florins, et céda gratuitement le terrain) accueillit bien le projet, tenant à y contribuer, fut-ce de façon symbolique. À peine signala-t-on quelques graffiti « Polenta ai poveri, vèh! E no monumento ».
33En Italie même, l’accueil fut enthousiaste, dans l’intelligentsia et la jeunesse universitaire. Ruggiero Bonghi, alors ministre de l’Instruction publique, publia cette circulaire :
Dante Alighieri est à Trente, comme dans tous les autres endroits d’Italie, symbole d’italianité et l’offrande de toute l’Italie maintiendra plus vivante dans ce généreux peuple tridentin encore [c’est moi qui souligne] détaché du Royaume, l’image et le souvenir de la patrie commune.
Une autre de ses circulaires parlait du succès de la souscription comme d’un « splendido plebiscito35 ». Ce qui était pour le moins audacieux, de la part d’un ministre en exercice.
34Le projet fut, en revanche, accueilli avec la circonspection qu’on imagine par les autorités. Le Statthalter du Tyrol rappela que :
Ce monument devrait établir un signal univoque du caractère italien du Trentin. La teneur de cette proclamation ne laisse pas subsister de doute sur la façon dont les promoteurs entendent se servir de cette idée pour intensifier dans la région, l’agitation et le mouvement national36.
Mais il jugea inopportun de l’interdire.
35L’inauguration eut lieu le 11 octobre 1896. Les autorités ne furent pas invitées ; leur présence aurait obligé à pavoiser en jaune et noir, couleurs de la maison de Habsbourg. Hormis quelques ecclésiastiques présents à titre personnel, le clergé brillait par son absence37. On remarquait en revanche de nombreuses délégations venues d’Italie. On avait gravé sur le piédestal du monument cette injonction, toujours en place aujourd’hui et somme toute pacifique : «Inchiniamoci, italiani, inchinatevi, stranieri. Deh, rialziamoci, affratellati nella giustizia (Inclinons-nous, Italiens, inclinez-vous, étrangers. Mais relevons-nous, devenus frères dans la justice). »
36Tous notèrent que, si, à Trente, l’auteur de la Divine Comédie regarde vers le nord, à Bolzano, le Minnesänger regarde lui, vers le sud. Un peu comme si les deux poètes médiévaux se regardaient en chiens de faïence, comme pour se défier, à cinquante kilomètres de distance. À moins qu’ils n’échangent des regards consternés de se voir ainsi instrumentalisés…
Conclusion
37Paradoxe du Trentin : la plus italienne des terres irrédentes était celle où l’irrédentisme (sous ses différentes formes) faisait le moins recette. Non qu’il en ait été absent : les jours qui suivirent la mobilisation générale austro-hongroise du 31 juillet 1914, pas moins de 769 Tridentins franchirent la frontière, pour ne pas avoir à porter l’uniforme des Habsbourg. Mais il est clair que le gros de la population ne les soutenait pas38. Dans la Voce du 15 décembre 1910, Mussolini affirmait : « À Trente, il n’y a ni irrédentisme ni irrédentistes. » Et si par « irrédentiste », il entendait : partisan d’une annexion à l’Italie, le futur Duce exagérait à peine.
38À cela, on pouvait avancer quatre raisons :
- Contrairement aux Italiens de l’Adriatique, les Tridentins, majoritaires de façon écrasante, ne sentaient leur italianité sérieusement menacée ni par des vagues d’immigration, slaves ou germaniques, ni même par une politique tracassière des autorités. L’italien était la seule langue de l’école et de l’administration. Et l’activisme du Tiroler Volksbund,l’« invasion » estivale des sociétés d’excursionnistes étaient plus irritants que dangereux.
- Les contacts avec le royaume d’Italie étaient relativement fréquents et faciles, plus que pour les Italiens du Litorale en tout cas. Un peu paradoxalement, ces contacts réguliers ne favorisaient pas l’irrédentisme, au contraire. Car la comparaison de l’économie, de l’administration, des libertés publiques et du niveau de vie en Autriche et en Italie n’était pas toujours en faveur de celle-ci. On ne trouvait donc, entre Trente et Rovereto, guère trace de l’idéalisation d’une Italie mythifiée, si fréquente parmi les irrédentistes de Dalmatie, de Trieste ou de Fiume qui, trop souvent, idolâtraient une Italie idéalisée où ils n’étaient jamais allés eux-mêmes.
Le triestin (et fort peu irrédentiste) Roberto Bazlen39 ironisait :
Ils [les irrédentistes adriatiques] se sentent séparés du pays auquel ils croient appartenir, de par leur langue et leur culture… ne peuvent s’empêcher de se nourrir de la grandiloquence du siècle du Risorgimento pour tenir haut le flambeau, croient qu’à Rome, on trait la Louve pour nourrir les générations suivantes de son lait… Et quand on donne Nabucco au théâtre municipal de Trieste, la pensée de tous les boutiquiers, négociants, directeurs de banque et d’assurance, médecins, avocats, importateurs et exportateurs dans le parterre, tous les étudiants et les midinettes du poulailler s’envole sur des ailes dorées, et l’enthousiasme est tel que le théâtre est prêt à s’écrouler à grand fracas40.
Pareil spectacle aurait été inconcevable à Trente. De toute façon, les Tridentins sont rarement exubérants ; exaltés encore moins. Et ils se méfient de ceux qui le sont
- Contrairement aux Italiens de l’Adriatique, les Tridentins, majoritaires de façon écrasante, ne sentaient leur italianité sérieusement menacée ni par des vagues d’immigration, slaves ou germaniques, ni même par une politique tracassière des autorités. L’italien était la seule langue de l’école et de l’administration. Et l’activisme du Tiroler Volksbund,l’« invasion » estivale des sociétés d’excursionnistes étaient plus irritants que dangereux.
- Les contacts avec le royaume d’Italie étaient relativement fréquents et faciles, plus que pour les Italiens du Litorale en tout cas. Un peu paradoxalement, ces contacts réguliers ne favorisaient pas l’irrédentisme, au contraire. Car la comparaison de l’économie, de l’administration, des libertés publiques et du niveau de vie en Autriche et en Italie n’était pas toujours en faveur de celle-ci. On ne trouvait donc, entre Trente et Rovereto, guère trace de l’idéalisation d’une Italie mythifiée, si fréquente parmi les irrédentistes de Dalmatie, de Trieste ou de Fiume qui, trop souvent, idolâtraient une Italie idéalisée où ils n’étaient jamais allés eux-mêmes.
- L’irrédentisme était, des deux côtés de la frontière de 1866, l’apanage de la bourgeoisie intellectuelle, et surtout de lycéens et d’étudiants ; bref, de classes urbaines. Or, le Trentin, c’était des campagnes et des petites villes (Trente avait 45 000 habitants, Rovereto 18 000) à l’atmosphère très provinciale.
- Le Trentin était, depuis la Contre-Réforme (initiée par un concile tenu, ce n’était pas un hasard, à Trente même), un bastion du catholicisme. Si le clergé était souvent en première ligne pour défendre l’italianité du Trentin, les catholiques considéraient les irrédentistes avec une méfiance d’ailleurs réciproque. Depuis sa fondation, en 1904, le Partito popolare cattolico (fondé en 1904), démocrate-chrétien ante litteram, avait fait du Trentin son fief. L’influence des libéraux, et de la maçonnerie, dominante dans les villes du Litorale, était ici des plus modestes. On pouvait en dire autant des socialistes, si réduite était la population ouvrière41.
Or, « l’important [pour les catholiques] était de garantir les caractéristiques fondamentales de la nation tridentine, avant tout la religion, puis la langue et les traditions. Peu importait si cela avait lieu dans le cadre de l’Autriche ou du royaume d’Italie42 ».
Cela dit, ne nous leurrons pas, ce sincère attachement à l’empire des Habsbourg n’était, paradoxalement, pas incompatible avec une virulente hostilité à tout ce qui était de langue allemande. Pour ne prendre que cet exemple, on trouve sous la plume du catholique et paisible Alcide De Gasperi, pourtant parangon de fidélité aux Habsbourg, de très dures invectives contre « l’outrecuidance, la moderne mégalomanie teutonique , les sauvages allemands43 ».
Notes de bas de page
1 Chiffres du recensement de 1910, cités par Corsini Umberto, 2003, « Die Italiener », dans Die Habsburger Monarchie III/2, Vienne, Verlag der österreichischen Akademie der Wissenschaften, p. 839-879, p. 850. Cité, en français, par Bled Jean-Paul, 2011, François-Joseph L’Empereur éternel, Paris, Perrin p. 420.
2 On dénombrait sept villages et hameaux (Proves, Lauregno, San Felice, Senale, Trodena, Anterivo, Luserna, Palù, Fierozzo, Roveda), qui étaient restés des îles linguistiques germanophones. S’il faut en croire Virginio Gayda (ouvr. cité, p. 428), leur pérennité ne s’expliquait que par le soutien des sociétés pangermanistes. En 1946, ils furent rattachés à la province de Bolzano.
3 Cité par Corsini Umberto, ouvr. cité, p. 853.
4 Exception confirmant la règle : le développement précoce de l’hydroélectricité : déjà 48 centrales en 1913. Paolo Oss (il se nommait, en fait « Hoss », mais avait dégermanisé son patronyme pour ne pas contrarier ses électeurs) Mazzurana, qui fut podestà de Trente de 1884 à 1895, joua un rôle de premier plan dans le développement de l’hydroélectricité, ainsi que dans le désenclavement de la région.
5 Voir collectif, 2007, Trentino Alto Adige nel XX secolo, Trente, fondazione museo storico, p. 75.
6 Le royaume d’Italie était un royaume vassal de l’Empire napoléonien, dont le Roi était Napoléon lui-même, et qui était dirigé par son vice-roi, Eugène de Beauharnais, le beau-fils de Napoléon.
Contrairement à ce que le nom pourrait laisser penser, il était loin de couvrir toute la Péninsule, mais seulement sa partie Nord-Ouest. Ce « Royaume » n’était qu’une créature de Napoléon, son existence fut éphémère (de 1805 à 1814) et pourtant, il laissa un souvenir fort dans les esprits. Comme le commenta Cesare Balbo : « Ce n’était certes, pas l’indépendance, mais nous n’en avions jamais été aussi près. »
7 Mayr Michaël, 1917, Der italienische Irredentismus, sein Entstehen und seine Entwicklung, vornehmlich in Tirol, Innsbruck, Tyrolia, p. 334.
8 Voir Framke Gisela, 1987, Im Kampf um Südtirol; Ettore Tolomei und das Archivio per l’Alto Adige, Tübingen, Max Niemeyer Verlag, p. 17.
9 Cité par Framke Gisela, ouvr. cité, p. 18-19.
10 Cité en français par Bled Jean-Paul, 2011, François-Joseph L’Empereur éternel, Paris, Perrin, p. 420.
11 Cité par Delle Donne Giorgio, 1987, Cesare Battisti e la questione altoatesina, Rome, Valerio Levi, p. 35.
12 Mussolini était, en 1909, encore socialiste. Or, les socialistes italiens étaient plutôt hostiles à l’irrédentisme, a fortiori depuis qu’il était devenu apanage des nationalistes. Faut-il voir dans le regret, esquissé à la fin de la lettre, les prémices de son chemin de Damas ?
13 Redivo Diego, 2005, Le trincee della nazione: cultura e politica della Lega Nazionale (1891-2004), Trieste, p. 32. Voir aussi Sartorelli Augusto, 1919, La società Pro Patria e il suo tempo, Société Dante Alighieri, Rome. Le 7 août 1884, dans le journal Il Raccoglitore, Sartorelli avait publié un article intitulé « Proteggiamo la nostra lingua! ».
14 Pisa Beatrice, 1995, Nazione e politica nella società Dante Allighieri, Rome, Bonacci, p. 20.
15 Le Deutscher Schulverein, qui comptait de nombreux israélites parmi ses dirigeants, fut critiqué durement par les nationalistes qui, en 1885, firent scission, créant une organisation concurrente : le Schulverein für Deutsche.
16 En 1910, le lycée allemand de Trente comptait un peu plus de 200 élèves, dont 130 italophones et 67 germanophones (chiffres donnés par Virginio Gayda, ouvr. cité, p. 432-433).
17 Redivo Diego, ouvr. cité, p. 32.
18 Felice Venezian (1851-1908), issu d’une famille juive et italianissima de Trieste, était avocat. Franc-maçon, élu au conseil municipal de sa ville natale, il se distingua par sa virulente hostilité aux Habsbourg, allant beaucoup plus loin que la plupart des irrédentistes de sa génération. Sa dernière volonté fut d’être enterré, drapé d’un drapeau tricolore.
19 Cité par Huber Kurt, ouvr. cité, p. 43.
20 Voir Pombeni Paolo, Il primo De Gasperi, 2007.
21 Le Tiroler Volksbund était une association pangermaniste, fondée à Sterzing/Vipiteno en 1907. Son slogan était : « Le Tyrol indivisible, de Kufstein à Vérone ! » et son ambition affichée, de germaniser le Trentin. Voir Umberto Corsini, 2003, « Die Italiener », dans Die Habsburger Monarchie III/2, Vienne, Verlag der österreichischen Akademie der Wissenschaften, p. 845.
22 Cité par Igino Giordani, 1955, Alcide De Gasperi, Milan, Mondadori, p. 25.
23 Raconté par Gayda Virginio, ouvr. cité, p. 473.
24 Gelmi Josef, 1991, « La chiesa e la questione etnica nel Sudtirolo dal 1900 al 1945 », dans Vittorio Peri (dir.), Minoranze nella Mitteleuropa: identità e confronti, Gorizia, Istituto per gli incontri culturali mitteleuropei, p. 327.
25 Pitassio Armando, 2015, « irrédentisme et nationalisme en Italie. Un même projet ? », Cahiers Irice, fascicule I.
26 Ara Angelo, ouvr. cité, p. 438.
27 Ara Angelo, ouvr. cité, p. 442.
28 Pitassio Armando, 2015, « Irrédentisme et nationalisme en Italie. Un même projet ? », dans Cahiers Irice, fascicule I.
29 Loiseau Charles, 1902, Rapport de la mission d’études, Archives du quai d’Orsay, p. 11.
30 Perrucchetti Giuseppe cité par Punzo Giovanni, I servizi d’informazione italiani, la vicenda di Carzano, p. 27.
31 Gayda Virginio, ouvr. cité, p. 447.
32 Voir sur ce sujet Gayda Virginio, ouvr. cité, p. 435-438.
33 Le Haut-Adige s’enorgueillit, malgré des bases historiques plutôt ténues, d’être la région natale du grand Minnesänger (≈ trouvère) Walther von der Vogelweide (1170 ?-1230 ?). Sa statue, le « Walther » est le centre névralgique de Bolzano, depuis 1889.
Déjà, en 1859, tout de suite après la deuxième guerre du Risorgimento, à la décision du gouverneur d’Innsbruck de fêter le centenaire de la naissance de Friedrich Schiller avait répondu, à Trente, une cérémonie en l’honneur de Dante. Dès sa protohistoire, l’irrédentisme était culturel. Voir Paolo Pombeni, 2007, Il primo De Gasperi, p. 22.
34 Sandona Augusto, 1932, L’irredentismo nelle lotte politiche e nelle contese diplomatiche italo-austriache, Bologne, Zanichelli, p. 184.
35 Cité par Sandona Augusto, ouvr. cité, p. 208-209.
36 Rapport du Statthalter Bohuslav von Widmann, daté du 22 février 1890 et cité en italien par Sandona Augusto, ouvr. cité, p. 186.
37 Cela n’empêcha pas la Voce cattolica du 13 octobre 1896 de s’exclamer : « Ce grandiose monument sera le palladium, non seulement de notre nationalité, mais aussi de notre foi. »
38 Voir Piccoli Paolo, 2004, De Gasperi, un trentino nella storia di Europa, Soveria Mannelli (CZ), Rubettino, p. 103.
39 Roberto Bazlen (1902-1965), d’origine israélite et allemande, fut écrivain, et surtout traducteur et éditeur.
40 Cité en allemand par Lunzer Renate, 2002, Triest: eine italienisch-österreichische Dialektik, Klagenfurt, Wieser Verlag, p. 27.
41 Aux élections de 1911, sur les neuf députés que le Trentin envoya à Vienne, on comptait un socialiste (Cesare Battisti), un libéral et sept populaires, dont deux étaient prêtres ; et un certain Alcide de Gasperi (1881-1953) qui, âgé de trente ans, fut le benjamin du Reichsrat.
42 Canavero Alfredo, « La formazione intellettuale e politica ».
43 Pombeni Paolo, 2007, Il primo De Gasperi, p. 206.
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