Glossaire
p. 318-328
Texte intégral
1On donne ici les définitions les plus simples possibles des termes linguistiques utilisés dans l’ouvrage en les agrémentant, si besoin, d’exemples à même de concrétiser la définition. Ces termes formant souvent un ensemble cohérent de concepts, on marque d’un astérisque (*) les termes se trouvant dans une définition que l’on a précisée également dans ce glossaire.
A
adverbe : élément qui, dans une phrase, modifie un verbe, un adverbe ou un adjectif.
Ex. : Il mange beaucoup. ; Il mange vraiment beaucoup. ; Il est très gentil.
agent : notion sémantique* qui définit celui qui fait l’action.
Ex. : Le chat a bu tout le lait.
ancrage : emplacement où un signe, en forme de citation, est placé dans l’espace.
Ex : [maison] – ancrage neutre ; [oiseau] – ancrage tête (bouche)
animé : notion sémantique* qui signifie que le nom est un humain ou un animal.
Ex. : Pierre aime son chien.
arbitraire : qualifie un signe dont le signifiant* n’a rien à voir avec le référent*.
Ex. : En français, le mot « table » ne ressemble pas à une table.
B
balayage : consiste à déplacer un signe de façon continue sur un espace de gauche à droite, de droite à gauche ou de façon circulaire – balayage scandé : le signe est déplacé en marquant des points d’arrêt sur la ligne de déplacement du signe.
Ex : [ils/eux] – balayage circulaire
bases animo-locatives : caractérise des signes qui, dans leur forme de citation, ne présentent pas de différences morphologiques entre le sens animé et le sens locatif* au niveau du lexique*.
Ex : [Chine/Chinois] est un signe unique qui, en contexte, peut renvoyer soit à la personne (« Chinois » = animé) soit au pays (« la Chine » = locatif).
bases verbo-nominales : caractérise des signes qui, dans leur forme de citation, ne présentent pas de différences morphologiques entre le nom et le verbe au niveau du lexique*.
Ex : [travail/travailler] est un signe unique qui, en contexte, peut renvoyer à un nom (« le travail ») ou à un verbe (« travailler »).
bénéficiaire : notion sémantique* qui définit celui à qui bénéficie l’action exprimée par le verbe.
Ex. : Jacques donne un bonbon à son fils.
C
catégorie grammaticale : il s’agit de ce que l’on nomme aussi la nature du mot : nom, verbe, adjectif, adverbe, pronom sont des catégories grammaticales.
champ sémantique : ensemble d’éléments du lexique qui sont reliés, en général de façon thématique, par leur sens. Ils peuvent également être reliés par la forme, on parle alors de champ lexical. Un champ sémantique peut se composer de plusieurs champs lexicaux.
Ex : [mer] [phare] [port] et bien d’autres appartiennent au même champ sémantique.
[mer] et [bateau] appartiennent à un champ lexical, car ils ont le même mouvement.
combinatoire : étude linguistique de la façon dont les éléments peuvent dans une phrase être associés les uns aux autres. Cette étude « combinatoire » permet de décrire très précisément le rôle et la fonction des éléments linguistiques d’une langue.
Ex. : en lsf, le signe de négation [y’a pas] se combine avec des noms, le signe de négation [non] se combine avec des verbes.
configuration manuelle : On parle de « configuration manuelle » pour faire référence à la forme de main présente dans le lexique de la lsf.
D
dactylologie : il s’agit du nom technique de ce que l’on nomme plus communément « alphabet manuel », c’est-à-dire l’épellation manuelle des lettres de l’alphabet de la langue vocale environnante.
dérivation iconique : dans les langues vocales, la dérivation consiste à ajouter des éléments porteurs de sens, en général des préfixes ou des suffixes, à un élément lexical pour en créer un autre au sein d’une « famille lexicale* ».
Ex : en français, à partir du mot « porter » (racine « port– ») on crée par l’adjonction de préfixes ou de suffixe, les termes « déporter, importer, exporter, portage, porteur ».
En lsf, il n’existe pas à proprement parler de préfixes et de suffixes, mais le maintien d’un paramètre joue un rôle de « base dérivationnelle » iconique dans la création de « familles lexicales* ».
Ex : Le paramètre ‘emplacement’ sur les tempes relie un grand nombre de signes liés à la pensée : [penser] [rêver] [imaginer] par exemple.
dynamiques iconiques : il s’agit d’un des principes fondamentaux de l’économie linguistique en lsf permettant à chacun des paramètres (sauf l’orientation) de glisser en quelque sorte pour changer de statut linguistique.
Ex. : en lsf, une forme de main quelconque devient une « configuration manuelle » quand elle constitue l’un des paramètres d’un signe, et devient une « proforme » lorsqu’elle est ensuite utilisée en fonction de pronom.
E
économie linguistique : il s’agit d’un principe inhérent à toutes les langues qui permet avec des économies de moyens considérables de générer tous les mots et toutes les phrases d’une langue. Dans les langues vocales, l’économie linguistique se réalise grâce au fait que les unités minimales non significatives (les phonèmes) sont très peu nombreuses.
Ex. : en français 36 unités réalisées sous forme de sons permettent de générer tous les mots et toutes les phrases
Dans les langues gestuelles, les paramètres du signe sont beaucoup plus nombreux (environ 3 à 500 selon les descriptions), mais sont doublés des dynamiques iconiques qui permettent à ces paramètres d’acquérir d’autres fonctions.
emplacement : endroit sur le corps ou dans l’espace où un signe est exécuté.
espace de signation : ensemble des espaces sur le corps et autour du corps où la lsf se réalise. En gros, il s’agit de ce que l’on nomme en cinéma un « plan américain », qui va de au-dessus de la tête jusqu’à la taille.
F
famille lexicale : il s’agit d’un ensemble de termes lexicaux reliés entre eux à la fois par la forme et par le sens.
Ex. : en français « mer, marin, maritime, marinier ».
Ex. : en lsf [eau], [pluie], [cascade] [torrent].
flexion iconique : la flexion est, pour les langues vocales, définie par une modification des unités permettant d’apporter des informations de type grammaticales, comme dans la conjugaison verbale en français par exemple. En lsf, le mouvement peut subir des variations permettant d’apporter des informations de type lexicales ou adverbiales, nous les nommons « flexions iconiques ».
Ex : [bateau-avancer] avec un mouvement plus rapide renverra à [bateau-filer].
fonction : rôle syntaxique d’une unité lexicale dans la phrase. Par exemple, la « fonction adjectivale » permet d’apporter des informations sur le nom, la « fonction pronominale » permet de reprendre un nom ou un groupe nominal par un terme unique.
Ex : en français, fonction adjectivale, « une petite maison », en lsf, [maison] + mimique ‘petit’ + mouvement resserré.
Ex : en français, fonction pronominale, « Il y a un oiseau qui se pose sur la maison. », en lsf, [maison] [oiseau] [prM-maison ; prM-oiseau – se poser sur].
forme de citation : il s’agit de la forme neutre d’un « mot » tel qu’il pourrait apparaître dans un dictionnaire ou être donné dans des opérations de traduction. On parle aussi de « formes non marquées » par opposition à des « formes marquées ».
G
gérondif : tournure de phrase permettant d’exprimer des actions simultanées.
Ex : en français, « Il travaille en chantant. », en lsf, le plus souvent, quand c’est possible articulatoirement, les deux actions sont exprimées simultanément, soit par les deux mains, soit par une combinaison entre les mains et la mimique comme dans [pédaler] + mimique ‘siffler’ – « Il pédale en sifflant. ».
I
iconicité : il s’agit de produire des signes imitant le réel. Les signes sont alors dits « iconiques ». Les signes des langues gestuelles relèvent en général de l’iconicité : ils imitent ce qu’ils représentent.
Ex. : le signe [maison] représente le toit d’une maison traditionnelle dans le contexte culturel français.
inanimé : il s’agit d’une notion sémantique qui s’oppose à celle d’animé*. Cette notion renvoie aux objets au sens général du terme.
index : en lsf, on nomme « index » des signes qui sont construits par le fait que le doigt nommé index montre quelque chose. C’est le cas par exemple de nombreux signes référant aux parties du corps tels [nez] ou [oreille].
indices pronominaux : il s’agit d’éléments qui, au contraire des pronoms, n’ont pas d’autonomie propre, mais qui exercent une fonction pronominale. En lsf, les pointages dans les espaces pré-sémantisés*, les proformes corporelles ou manuelles sont des « indices pronominaux ».
Ex. : en lsf le signe [lui] est autonome et c’est un pronom, mais dans une phrase, la troisième personne peut être exprimée par le point de départ ou d’arrivée d’un verbe, qui ne sont pas autonomes, eps3a[donner]eps3b – « Il lui donne. ». Il s’agit alors d’indices pronominaux.
J
joncteur : désigne tous les éléments qui permettent de mettre en relation deux propositions.
Ex : en lsf des signes comme [mais] ou [quand même], mais aussi des mouvements latéraux du corps balançant de droite à gauche.
L
langue artificielle : il s’agit d’une langue inventée par des hommes, en général dans le but d’une communication universelle. Ce terme s’oppose à la notion de langue naturelle qui émerge, grâce à la faculté de langage présente chez tous les êtres humains, de la nécessité d’une communication sociale nécessaire à l’humanité. Les langues gestuelles sont des langues naturelles.
lexique : en gros il s’agit du « vocabulaire », mais la notion de « lexique » en linguistique est plus précise, car elle inclut l’organisation, la structure et la composition de ce « vocabulaire ».
locatif : rôle sémantique* qui réfère au lieu.
Ex : en français, « Je vais à Paris. », en lsf, [paris] eps1[aller]epsL.
locus : en lsf, un locus est une portion d’espace que l’on a repéré dans le discours pour servir la référence. Dans son discours, le signeur crée des espaces pour y revenir ensuite.
Ex. : [nid]–loc1 [oiseau]–dans loc1 – « Il y a un oiseau dans le nid. ». Dans cet exemple le locus sert à exprimer la localisation /dans/.
M
main dominante : il s’agit de la main active du signeur, la main droite pour un droitier, la main gauche pour un gaucher. Elle s’oppose à la main dominée qui est passive.
Ex : dans le signe [arbre], il y a une main immobile qui supporte la main figurant iconiquement un arbre. La première est dite « dominée », la seconde « dominante ».
métaphore : il s’agit d’une figure de style permettant d’utiliser un terme dans un domaine où il n’est pas attendu, ce qui crée une image particulière. On peut penser au passage du concret vers l’abstrait entre autres exemples.
Ex. : en français comme en lsf « un esprit ouvert », [ouvert]–emplacement ‘tempes’.
métonymie : il s’agit d’une figure de style permettant en particulier de désigner, par exemple, le tout par la partie, le contenu par le contenant.
Ex. : en français « boire un verre », en lsf, le signe [maison] représenté par le toit ou le signe [chat] représenté par ses moustaches.
modalité de phrase : toute phrase possède une modalité qui indique la façon dont le locuteur envisage ce qu’il dit. Par exemple, pour la modalité « assertive », il affirme ce qu’il dit : c’est une « assertion » ou une « affirmation » ; pour la modalité « interrogative », il l’interroge, c’est une « interrogation » ; pour la modalité « exclamative », il s’étonne, c’est une « exclamation », s’il doute, la modalité est dite « dubitative ».
morphologie verbale : il s’agit de la façon dont les verbes vont varier dans leur forme pour donner des indications de type grammaticales.
Ex : en français « Donnez ! », indique un mode impératif, et une seconde personne du pluriel, en lsf, la forme eps1[prêter]eps3 indique une personne 1 agent* et une personne 3 bénéficiaire*.
mouvement articulateur : il s’agit, en lsf, d’un mouvement qui permet de créer le signe. Sans ce mouvement, il n’y aurait pas de signe linguistique, mais une simple posture. Ce mouvement articulateur peut être un mouvement simple comme dans [pourquoi] où il s’agit d’un petit mouvement bref répété. Il peut également être un mouvement iconique, c’est-à-dire renvoyer à un mouvement lié au référent, comme dans [mer] où le mouvement imite celui des vagues.
mouvement interne : il s’agit, en lsf, d’un mouvement qui, à l’intérieur d’un signe, fait que l’on passe d’une configuration manuelle à une autre.
Ex. : dans le signe [oiseau], le mouvement permet de créer le signe en passant deux fois de la configuration ‘bec d’oiseau ouvert’ à la configuration ‘bec d’oiseau fermé’.
multimodalité : en linguistique, la multimodalité réfère au fait que dans le dialogue en face-à-face, on utilise tous les canaux de communication disponibles : la gestualité, la mimique, le corps, la voix.
N
néologie : dans toutes les langues, on a besoin de nouveaux mots pour répondre aux nouvelles réalités. La création de ces mots nouveaux est ce qu’on nomme la « néologie ».
non verbal : dans la communication linguistique humaine, on distingue entre le message strictement linguistique, qui utilise la langue, et les éléments qui accompagnent et complètent ce message qui sont dits « non verbaux ».
O
objet : notion sémantique* qui définit l’objet vers lequel est tournée l’action du verbe.
Ex : en français, « Je regarde la télévision. », en lsf, [télévision] eps1[regarder]epsO
onomatopée : une onomatopée est un son qui imite un son réel. Par exemple, en français, « miaou » pour le cri du chat. En lsf, par définition, les sourds n’entendant pas, il n’y a pas d’onomatopées, néanmoins, les sourds produisent des sons lorsqu’ils s’expriment en langue gestuelle. Ces sons s’apparentent à du non verbal*.
oralité : en linguistique, on parle d’oralité pour définir une situation où la langue est utilisée en face-à-face et non dans ses dimensions écrites – que l’on nomme aussi scripturales*. La langue française est une langue qui est utilisée dans des dimensions orales et scripturales, tandis que la lsf, pour laquelle il n’y a pas d’écriture, est une langue qui appartient à l’oralité.
P
paire minimale : il s’agit d’un couple de mots qui ne s’oppose que par une seule unité minimale non significative.
Ex : en français, « par »/« car », où seuls « p » et « c » diffèrent, en lsf [maison] et [villa] qui ne s’opposent que par l’amplitude du mouvement.
paramètres : les paramètres sont des classes d’unités distinctives permettant de construire un signe. Ils sont au nombre de 4 : configuration, emplacement (ou ancrage), mouvement, orientation.
patient : notion sémantique qui définit en général un animé subissant l’action exprimée par le verbe.
Ex : en français « Pierre frappe Jacques. », en lsf, [pierre]–eps3a [jacques]–eps3b eps3a[battre]eps3b
pertinence : en linguistique un élément est dit « pertinent » lorsqu’il apporte un sens.
Ex : en français l’opposition entre les sons [b] et [ʁ] est pertinente, car « bu » n’a pas le même sens que « ru », par contre la façon dont on prononce le [ʁ] n’est pas pertinente, car il s’agira toujours du mot « ru ». En lsf, dans l’opposition entre les signes [blanc] et [fleur] les deux emplacements (‘près du nez’ et ‘près du cou’) sont pertinents, tandis que l’ouverture de la main en fin de signe n’est pas pertinente, car il s’agira toujours de [blanc] et de [fleur].
point de vue interne, point de vue externe : dans une narration, le point de vue interne consiste à prendre le point de vue du personnage et le point de vue externe à prendre le point de vue de celui qui raconte l’histoire, à savoir le narrateur.
pointage, pointage lexicalisé : en lsf, on nomme « pointage » tous les signes qui, soit avec l’index, soit avec l’épaule ou le regard sont dirigés vers une portion d’espace chargée de signification, appelée « locus »*. Un pointage est dit lexicalisé quand il s’agit d’un signe, comme par exemple [nez] où le nez du signeur est pointé. Ces signes avec pointages lexicalisés sont nommés des « index »*.
polysémie : il s’agit d’un phénomène commun à toutes les langues et qui consiste pour une unité lexicale à avoir plusieurs sens qui se nuancent et changent en fonction du contexte.
Ex. : en français, le mot « bureau » peut référer à une table de travail, à une pièce, à un groupe de personne dirigeant une association par exemple. En lsf, le signe [peau] peut vouloir dire /peau/ /face-à-face/ ou /raciste/.
proforme corporelle : en lsf, il s’agit d’utiliser son corps comme un pronom permettant de référer à un personnage. Par exemple dans une histoire concernant un chien, on adoptera le point de vue du chien au moyen d’une proforme corporelle [prC-chien] pour référer à ce chien tout au long de l’histoire.
proforme manuelle : en lsf, il s’agit de réutiliser une forme de main présente dans le lexique pour en faire un pronom que l’on intègrera en général à un verbe, comme dans par exemple [pomme] [prM-pomme – manger] – « manger une pomme ».
proposition : en linguistique une « proposition » est un membre de phrase contenant un verbe.
R
référent : le référent est l’objet présent dans le réel dont on parle. Par exemple si on dit « Regarde, là le bel arbre ! », c’est qu’il y a un arbre dans le réel qui sera le référent du mot « arbre ». Dans les faits, l’arbre-référent sera montré. Ce mécanisme fonctionne dans toutes les langues, y compris donc en lsf.
rôle sémantique : il s’agit de tous les éléments présents dans la phrase et envisagés du point de vue de leur sens. Certains sont liés au verbe, comme l’agent* et l’objet* par exemple, d’autres ne sont pas nécessairement liés au verbe comme l’instrument par exemple – l’instrument étant l’outil avec lequel on peut accomplir l’action.
S
saillance perceptive : il s’agit de la façon dont s’organise la perception du réel. On a en général tendance à retenir de façon privilégiée les éléments les plus « frappants », par exemple, les rayures d’un zèbre ou les pales d’un hélicoptère. C’est sur cette saillance perceptive que se fonde l’iconicité* des signes de la lsf.
schéma actanciel : il se définit comme l’ensemble des rôles sémantiques* reliés à un verbe. Par exemple, le schéma actanciel du verbe /donner/ implique un agent*, un objet* un bénéficiaire* : quelqu’un – donner – quelque chose – à quelqu’un. Comme il s’agit de sens, les schémas actanciels des verbes sont relativement universels. Cette notion de schéma actanciel explique largement la structuration de l’espace en lsf.
sémantique : en linguistique, la notion de « sémantique » renvoie à tout ce qui s’intéresse au sens (sens des mots, sens des éléments dans la phrase, sens des unités composant le lexique*).
scripturalité : il s’agit de l’utilisation de la modalité écrite d’une langue. La scripturalité s’oppose à l’oralité*.
sémiologie : il s’agit de l’étude générale des signes utilisés dans toutes les formes de communication humaine, qu’elles soient linguistique ou non.
signe : en sémiologie, toute manifestation d’une intention de communication génère ce que l’on nomme un signe. Un signe se présente toujours avec deux « faces » un signifiant* et un signifié*. Par exemple un panneau du code de la route est un signe. Le signifiant en est le panneau du code la route lui-même, le signifié est le sens du panneau.
Dans l’étude des langues gestuelles, le terme « signe » acquiert un sens beaucoup plus restreint qui renvoie au lexique de la langue.
signe bimanuel : en lsf, un signe est dit « bimanuel » lorsqu’il est exécuté avec deux mains.
Ex. : [maison].
signe unimanuel : en lsf, un signe est dit « unimanuel » lorsqu’il n’est exécuté qu’avec une seule main.
Ex. : [chien].
signes initialisés : en lsf, les signes sont dits « initialisés » lorsque la configuration manuelle reprend, via l’alphabet manuel, la première lettre du mot de la langue vocale environnante, comme par exemple [repos] dont la configuration manuelle est la lettre ‘R’.
signifiant : il s’agit de la face perceptible du signe, ce que l’on voit ou entend.
Ex : en français, la suite de sons du mot « table » est le signifiant du signe /table/, en lsf, la combinaison des paramètres du signe [table] est le signifiant du signe.
signifié : il s’agit du sens véhiculé par le signe. Ainsi pour le mot français « table » ou le signe de la lsf [table] les signifiés sont identiques, ils renvoient au concept de /table/.
situation de communication : elle se définit par l’ensemble des éléments présents lors d’une communication en face-à-face : les personnes et les objets présents, le temps et le lieu. C’est en fonction de cette situation de communication que certaines unités linguistiques comme « je », « dans cinq minutes » ou « ici » acquièrent un sens concret.
spatialisation du signe : un signe est dit « spatialisé » lorsqu’il n’est pas exécuté sur l’emplacement défini dans sa forme de citation.
stf (spécificateur de taille et de forme) : il s’agit de signes qui précisent, comme le nom l’indique, la taille ou la forme d’un élément. Il peut s’agir bien sûr d’objets, mais aussi de parties du corps, de personnes, d’animaux, etc. Ces stf recevront en français des traductions très différentes selon le contexte.
syntaxe : il s’agit en gros de la grammaire, cependant en linguistique le mot « syntaxe » a un sens moins général que le mot grammaire. La syntaxe est l’étude des éléments de la langue et du comportement de ces éléments dans la phrase.
T
T0 (« T zéro ») : il s’agit du temps de l’énonciation, c’est-à-dire du moment où l’on parle. Ce T0 indexe tout le discours et permet par exemple d’interpréter des concepts comme /demain/ ou /hier/.
tracé : en lsf, il s’agit d’un mouvement dans l’espace qui dessine en quelque sorte une forme qui donne l’iconicité du signe.
Ex. : le signe [question] trace un point d’interrogation dans l’espace, c’est un tracé.
U
unité minimale : il s’agit des plus petites unités de la langue. On distingue entre les unités minimales significatives, c’est-à-dire porteuses de sens, comme les « mots » ou les « préfixes » par exemple, et les unités minimales non significatives c’est-à-dire dépourvues de sens que l’on nomme unité phonologique*.
unité phonologique : il s’agit des plus petites unités dépourvues de sens dans une langue. Dans les langues vocales il s’agit des phonèmes qui se réalisent dans les sons d’une langue. Par extension, on parle aussi d’unités phonologiques pour les langues gestuelles, il s’agit alors des paramètres du signe.
V
variantes : dans toutes les langues, il existe des variations qui sont liées à différents facteurs. Par exemple, en français comme en lsf, il existe des variantes géographiques : selon les régions on n’utilise pas le même vocabulaire. Il existe aussi des variantes liées au temps, en français comme en lsf, certains signes ne s’emploient plus et sont remplacés par des nouveaux. Il existe aussi, en français comme en lsf, des variations liées au style, par exemple, il existe des formes « d’argots » dans les deux langues.
verbal, non verbal : on a coutume en linguistique de parler d’expression verbale, lorsque le locuteur s’exprime au moyen de la langue, et de non verbal lorsqu’il s’exprime par d’autres moyens. La répartition verbal/non verbal peut être très différente en français et en lsf. Par exemple, la mimique accompagnant une phrase prononcée en français est dite « non verbale », car elle n’appartient pas à la langue. Cependant, en lsf, les mimiques obligatoires, comme celles marquant les modalités de phrases* par exemple, appartiennent à grammaire de la langue et sont donc considérées comme du verbal.
verbe support : dans la description de la langue française on parle de « verbe support » lorsque le verbe crée une locution en perdant son sens propre. C’est spécialement le cas des verbes « prendre » et « faire » que l’on trouve dans les locutions « prendre le train » ou « faire la cuisine ».
verbes à trajectoire : dans la description de la lsf, on parle de « verbe à trajectoire » lorsque le verbe se déploie dans l’espace avec un point de départ et un point d’arrivée qui distribuent des rôles actanciels. Lorsque les verbes ne présentent pas de trajectoires, on parle de « verbes simples ». Ainsi, en lsf, [emprunter] est un verbe à trajectoire, tandis que [dormir] est un verbe simple.
visée iconique : les signes des langues gestuelles sont composés de paramètres choisis, à travers le filtre de la saillance perceptive*, en fonction de la visée iconique, dont le but est de créer un signe imitant au mieux le réel lorsque l’on a affaire à du vocabulaire concret. Ainsi, le verbe [pleurer] suggère, avec l’index, des larmes qui coulent des yeux.
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