Pistes pédagogiques
p. 111-148
Texte intégral
1- Rôle fondamental de l’iconicité au plan lexical
1Concernant la « saillance perceptive », il est important que les apprenants comprennent comment une caractéristique pertinente, liée à la perception du réel, appelée donc « trait saillant », va faire sens et être choisie pour créer le signe correspondant en lsf. On peut s’appuyer sur la saillance perceptive de trois manières :
- en référant à la forme du référent et c’est alors le paramètre ‘configuration’ – trait saillant – qui crée le signe ;
- par l’action liée au référent et c’est alors le paramètre ‘mouvement’ – trait saillant – qui crée le signe ;
- par le procédé de « métonymie ». Il s’agit, le plus souvent en lsf, de représenter le tout par la partie, comme dans [maison], qui ne figure en fait que le toit.
De plus, pour la description du vocabulaire étudié, quand le lien qui unit le réel et son signe est plutôt évident, on l’appelle « motivé » ou « iconique », et si ce lien ne fait pas sens, on l’appelle « arbitraire » ou « non iconique ».
2L’application de ces éléments théoriques s’inscrit dans toute séquence pédagogique. Dans une séquence, le lexique ne prend qu’une ou deux séances, car le travail ne se résume pas seulement à un apport de vocabulaire. L’enseignement/apprentissage va en effet se dérouler au travers d’activités langagières dans une perspective actionnelle proche de la réalité et par des actions en contexte social. Ainsi les apprenants manient les signes, les apprennent, les développent et les mémorisent pour les utiliser dans des exercices pratiques de mises en situations réelles.
3Nous développerons dans des applications, pour illustrer ces points théoriques, trois thèmes lexicaux : les noms communs des fruits et légumes et de la maison, et les noms propres en géographie.
Application 1 – le lexique des fruits et des légumes
4Le lexique des fruits et des légumes en lsf se classe en trois catégories :
- les signes qui imitent la forme de l’aliment par le paramètre ‘configuration’ ;
- les signes qui imitent l’action liée à l’aliment par le paramètre ‘mouvement’ ;
- les signes qui imitent à la fois forme et action liées à l’aliment et associent la configuration et le mouvement dans la construction de l’iconicité.
Tous ces éléments descriptifs sont autant de moyens mnémotechniques pour les apprenants de pouvoir retenir plus facilement le vocabulaire étudié.
Saillance perceptive liée à la forme
5La première catégorie inclut les fruits et les légumes dont les signes imitent la forme, et où la configuration de la forme réelle de l’aliment crée le signe. On en dresse ici deux « planches pédagogiques » qui explicitent ce lien de motivation liée à la forme, en mettant en regard la transcription du signe, son dessin et sa description.
Quelques fruits
Quelques légumes
Saillance perceptive liée à l’action
6La deuxième catégorie inclut les signes imitant une action liée à l’aliment. C’est alors le paramètre ‘mouvement’ qui sert à construire le signe. On en donne trois exemples dans la « planche pédagogique » suivante.
Saillance perceptive liée à la forme et à l’action
7La troisième catégorie inclut les signes qui représentent à la fois la forme et l’action liées à l’aliment. Les deux paramètres ‘configuration’ et ‘mouvement’ s’associent dans la formation du signe, ils sont intimement liés au réel, montrant un lien de motivation fort pour former le signe.
8Voici les deux « planches pédagogiques », l’une pour les fruits et l’autre pour les légumes, illustrant cette catégorie :
Quelques fruits
Quelques légumes
9Pour amener ce travail de lexique, le professeur construit un tableau à trois colonnes « signes imitant la forme », « signes imitant l’action » et « signes imitant la forme et l’action » et il demande aux apprenants d’y classer des images de fruits et légumes. Les apprenants testent les différentes possibilités de tri, car ils doivent à la fois classer et faire des propositions de signes. Dans ce travail collectif, chacun participe, expérimente et propose des solutions. Un tour de table est ensuite fait pour valider ou non le classement. De manière générale, lors de cette activité, les échanges s’avèrent fructueux puisque la majeure partie des aliments trouvent leur bonne place. La trace écrite sera visuelle et imagée, avec les éléments mnémotechniques pour retenir le lexique.
10Les bases du lexique des fruits et des légumes s’enseignent dès le niveau A1, puis s’étoffent progressivement dans les niveaux suivants, allant des aliments eux-mêmes à l’élaboration de recettes et menus d’ici et d’ailleurs, pour enfin ouvrir sur des conversations multiculturelles où avis et expériences s’exprimeront librement :
- faire deviner un fruit ou un légume choisi au préalable ;
- faire des courses au marché : les apprenants ont une liste en image et vont acheter ce dont ils ont besoin. Les apprenants jouent à tour de rôle marchands et clients ;
- faire une recette simple de cuisine à base de fruits ou de légumes. Par exemple, faire une soupe, une ratatouille, ou une salade de fruits ;
- dans un menu de fête, présenter un beau plateau de crudités ;
- échanger sur ses propres goûts en y intégrant l’origine géographique ou culturelle de chacun ;
- travailler sur ce qu’apportent les fruits et les légumes dans la nutrition et pour la santé en général ;
- argumenter sur des régimes alimentaires spécifiques par exemple végétarien ou végan ;
- discuter et illustrer le slogan publicitaire « 5 fruits et légumes par jour » ;
- débattre sur les différences entre une agriculture conventionnelle et une agriculture biologique dans la production des fruits et légumes, en en soulignant les avantages et les inconvénients.
Application 2 – le lexique des pièces de la maison
11Après avoir présenté les trois catégories du lexique des fruits et légumes, nous listons maintenant les signes lexicaux des pièces de la maison. Ils se classent en deux catégories : d’une part les signes créés par « métonymie », en représentant la partie pour le tout, et d’autre part les signes liés aux actions réalisées dans chacun des espaces de la maison.
Signes créés par « métonymie »
12La première catégorie inclut les signes de la maison créés par métonymie où un objet de la pièce – la partie – représente à lui seul la pièce elle-même : le tout. On en donne une courte « planche pédagogique ».
Signes créés par association d’actions
13La deuxième catégorie inclut les signes de la maison associés aux actions liées aux différents espaces ou lieux où se déroulent ces actions, de ce fait les signes sont souvent des signes verbaux-nominaux, c’est-à-dire renvoyant à un nom ou à un verbe suivant le contexte, la « planche pédagogique » associée, présentée ci-après, en illustre quelques-uns :
14Pour amener ce travail de lexique, le professeur montre des images d’appartements standard, meublés et habités. Le choix du support est orienté, il doit être le plus exhaustif possible : il va comporter, d’une part, les éléments des pièces, ameublement et décor pour introduire les signes de la première catégorie et, d’autre part, les personnes en action dans ces pièces, pour les signes de la deuxième catégorie. Les apprenants, dans un premier temps, décrivent tout ce qui leur vient en tête : l’intérieur des pièces et les activités de chaque habitant, et ainsi préparent le contenu lexical des signes de chaque pièce. La description est collective et non restrictive pour gagner en densité. Elle est libre en acceptant toutes les propositions et elle est guidée et accompagnée par le professeur. Ensuite, les deux catégories de signes sont notées dans un tableau et un tour de table est fait pour le remplir collectivement. La trace écrite de la leçon sera un plan de maison avec les signes localisés au bon endroit, avec des éléments représentatifs de chacune des pièces pour une mémorisation visuelle.
15Les connaissances basiques du lexique de la maison seront enseignées dès le niveau A1. Elles s’enrichiront par la suite, dans la progression, d’une observation de plus en plus précise de différents éléments d’une habitation, par exemple maison individuelle ou appartement, puis s’élargiront en prenant en compte son cadre, par exemple urbain ou rural ; son quartier, populaire ou aisé ; ses habitants, familles, étudiants ou seniors, suggérant ainsi des échanges sur les modes de vie et développant les capacités de chacun à l’argumentation :
- décrire une maison ou un appartement sur un ou plusieurs étages ;
- lire un plan d’architecte ;
- décrire sa propre habitation ;
- décrire la maison idéale ;
- décrire une colocation d’étudiants ou intergénérationnelle ;
- expliquer les directions d’un trajet d’une pièce à une autre ;
- faire deviner un trajet, ses directions, son point d’arrivée ;
- détailler chaque pièce dans une étude approfondie, amenant un vocabulaire d’éventail plus large ;
- lister les activités ménagères : balayer la cuisine, aspirer le salon, faire les lits, ranger la bibliothèque, laver la vaisselle ;
- produire une annonce immobilière ;
- chercher une location ou acheter un bien et définir avec le vendeur ce que l’on recherche : l’exposition, la situation géographique, le nombre de pièces, la présence d’un balcon ou d’une terrasse, d’un jardin ;
- organiser un déménagement en construisant une interaction : expliquer, par exemple, dans quelle pièce apporter les cartons préalablement étiquetés.
Application 3 – le lexique des noms propres de la géographie : les continents et les pays
16Nous faisons un point spécial sur le lexique des continents habités, élément essentiel pour la conception de toute séquence sur ce thème lexical. Nous présentons ce lexique grâce à une « planche pédagogique » qui explicite le signe avec sa transcription d’une part et, d’autre part, quelques éléments de description qui éclairent la construction du signe lsf.
17Nous voyons que le lexique des noms propres des continents se classe en deux catégories : les signes créés par « métonymie » et les signes construits sur la forme du pays. Il en est de même pour la plupart des noms propres des pays.
18Notons que le signe [France], ci-dessus, fait exception, car il est construit par l’initiale [F] et un mouvement de balayage.
Signes créés par « métonymie »
19La première catégorie inclut les signes créés par métonymie en prenant un élément ou un lieu symbolique du pays pour en faire le signe. Nous présentons une « planche pédagogique » par continent.
Europe
Amérique
Afrique
Asie
20On le voit, dans ce champ sémantique, l’iconicité tire grandement parti du procédé de métonymie. Les pays peuvent, par exemple, être nommés en fonction de vêtements traditionnels, d’animaux emblématiques, de symboles présents dans les drapeaux, de coutumes spécifiques religieuses ou non. Ces éléments iconiques sont autant de moyens mnémotechniques pour les apprenants.
Signes créés suivant la forme
21La deuxième catégorie que nous présentons brièvement ici inclut les signes des pays qui suivent la forme géographique du pays. Nous les présenterons sous la même forme de « planche pédagogique ».
22Pour amener ce travail de lexique, nous proposons un travail d’associations : dans une première colonne se trouvent les pays représentés sur le planisphère et, dans une deuxième colonne, les symboles typiques dessinés ou schématisés. Les apprenants ont à relier un pays à son symbole représentatif. Pour réussir ce travail, il est nécessaire de connaître d’une part des généralités d’ordre culturel – par exemple la cornemuse pour l’Écosse ou la représentation des pharaons pour l’Égypte – et d’autre part d’avoir quelques notions de géographie, comme la botte italienne ou la forme de demi-lune pour le Japon.
23Pédagogiquement, le lexique des noms propres est le seul contexte où l’on emploie la dactylologie. Dans une séquence portant sur ce thème lexical, comme la compréhension doit être partagée pour communiquer, la dactylologie soutient les signes nouveaux et potentiellement inconnus pour amener le sens sans ambiguïté. Le lexique lsf des pays ne se « devine » pas, c’est pourquoi la première fois qu’on nomme le pays en contexte, on épelle son nom en dactylologie, puis on lui substitue son signe lsf dès qu’on l’a appris. De plus, au vu du nombre de pays dans le monde, il est normal de ne pas en connaître tous les signes, car ce n’est pas un besoin immédiat en communication usuelle.
24L’acquisition des bases du niveau A1 se fera naturellement avec la France et sa place sur le planisphère, entraînant de fait un élargissement aux pays européens voisins. Ce thème lexical se prête également à une étude transversale et pluridisciplinaire. Dans les niveaux plus avancés, l’incitation à une expression plus approfondie aboutira à des débats de société dans lesquels les apprenants exerceront leur propre pensée sur un plan abstrait, dans une dynamique de stratégie de planification :
- placer un ou des pays sur le planisphère ;
- localiser un ou des pays sur une carte ;
- décrire les pays limitrophes de la France ou d’un autre pays ;
- organiser un grand voyage avec étapes ou organiser une croisière ;
- parler des pays qu’on a visités et/ou parler de ceux qu’on aimerait visiter ;
- discuter du folklore commun ou différent des pays dans le monde ;
- raconter un voyage touristique et développer les spécificités du pays visité ;
- discuter des événements internationaux de la communauté Sourde ;
- travailler sur les langues des signes des différents pays et comparer quelques signes de chacune d’elles.
Au travers de nombreux exemples autour du thème des fruits et légumes et de celui de la maison, nous avons souligné le rôle fondamental de l’iconicité dans la formation des signes lexicaux. Avec des liens de motivation plus ou moins éloignés, nous avons vu comment la saillance perceptive s’exprime soit par la configuration, soit par le mouvement, soit par les deux, ou bien par métonymie. Quant aux signes du lexique des noms propres appliqués aux pays et continents, ils se forment soit par métonymie soit sur la figuration de la forme du pays. Nous avons expliqué le rôle exceptionnel de la dactylologie dans l’apprentissage de ce domaine lexical particulier. Enfin, des propositions d’exercices ont permis d’ouvrir des pistes pédagogiques pour étayer la pratique en contexte, qu’elle soit individuelle, collective, ou interactive.
2- Quelques signes particuliers : les lettres et les chiffres
25Il existe deux classes de signes particuliers, celle des signes de l’alphabet dactylologique qui génèrent les signes initialisés, et celle des signes des chiffres et des nombres. Dans la formation de tous ces signes, le paramètre configuration joue un rôle essentiel et domine la formation de chacun de ces signes lexicaux.
Les lettres : alphabet dactylologique manuel et signes initialisés
Dactylologie
26Pour ce qui concerne la lsf, la dactylologie, c’est l’alphabet manuel lsf. Il a été inventé pour transcrire manuellement l’alphabet français écrit. Les 26 lettres y sont représentées par une configuration spécifique.
La dactylologie s’épelle dans l’espace devant le locuteur, légèrement de gauche à droite pour les droitiers, dans le sens de l’écriture pour le locuteur, en espaçant chaque lettre, à un rythme fluide, régulier et sans saccades. L’objectif restant la compréhension, cette régularité est non seulement importante, mais nécessaire.
27Dans la communication, la dactylologie s’accompagne de la lecture labiale qui, au cours de l’épellation, prend le relais par l’articulation du mot. Dans ce cas, la dactylologie n’épelle alors que le début du mot sans l’achever. Dans une interaction entre Sourds, c’est ce qui se produit la plupart du temps.
28Le paramètre ‘configuration’, incluant sa propre orientation, est surdominant dans la formation des lettres manuelles, qui sont exécutées, sans mouvement, dans un espace contraint à droite du signeur au niveau du visage. Cette configuration porte d’ailleurs le nom de la lettre.
Signes initialisés
29De cet alphabet découlent de nombreux signes appelés signes initialisés. Ces signes se créent en utilisant la première lettre du mot français (ou parfois la seconde). Ils ne sont pas attachés à un univers spécifique, mais se rencontrent dans tous les domaines, que ce soit pour du lexique concret ou abstrait, pour des noms communs ou propres ou pour des verbes. Nous reprenons l’alphabet – sauf la lettre [Q] pour laquelle nous n’avons pas trouvé d’exemples, même s’il en existe surement – pour donner des exemples de signes initialisés qui, malgré cet emprunt à l’alphabet, maintiennent souvent une part d’iconicité. Nous précisons dans notre « planche pédagogique » si le signe initialisé est « arbitraire » ou « iconique » en décrivant le lien d’iconicité.
30Pédagogiquement, comme nous l’avons vu, la dactylologie ne doit servir qu’à épeler les noms propres, avant de leur substituer le signe lsf dès qu’on y a accès. Elle ne s’enseigne pas au tout début de l’apprentissage pour éviter d’y avoir recours de manière systématique, puisqu’il s’agit au contraire de privilégier l’entrée dans la communication visuelle. Voici quelques pistes pédagogiques de leurs utilisations en contexte :
- donner son nom et son prénom avant d’utiliser son prénom en signe ;
- parler de quelqu’un dont on ignore le nom en signe ou bien qui n’en a pas encore. Si cette personne est amenée à faire partie de son entourage amical ou professionnel, il faudra alors lui trouver un nom en signe ;
- citer une personne célèbre dont on ne connaît pas le signe ;
- épeler et soutenir la compréhension d’un nom propre en géographie (pays, régions, villes) avant de lui substituer son signe lsf.
Les chiffres
31La deuxième classe de signes particuliers regroupe les chiffres et les nombres. Le paramètre dominant est également la configuration. Quant au mouvement des dizaines et centaines, il accompagne, de façon complètement arbitraire, la formation des nombres.
32De 1 à 9, ce sont les doigts de la main qui montrent le chiffre dans l’espace neutre.
La formation des chiffres de 1 à 5 se fait avec une seule main, la main dominante (droite pour les droitiers et gauche pour les gauchers) :
Pour les chiffres de 6 à 9, la formation se fait à deux mains, et c’est la main dominante qui est significative : la main gauche maintient la quantité « 5 » et c’est la main droite qui fait sens. L’exemple est donné pour les droitiers :
[dix] est un signe arbitraire, sans lien avec la quantité représentée.
Les nombres de 11 à 15 se forment à une main et le paramètre mouvement, choisi arbitrairement, va de bas en haut.
Les nombres de 16 à 19 se forment à deux mains, la main dominante est significative. Le paramètre mouvement, choisi arbitrairement, va vers le bas. L’exemple est donné pour les droitiers.
Pour les « chiffres ronds » des dizaines, la représentation est arbitraire quant au mouvement, mais le lien de motivation reste présent par rapport à la quantité qu’ils montrent, puisqu’ils reprennent les chiffres figurant les dizaines.
[cent] reprend le chiffre romain « C » ou il s’agit d’un signe initialisé [C], première lettre du mot en français.
[mille], [million], [milliard], ces trois signes montrent un lien de motivation lié à la quantité, par rapport à la façon dont l’avant-bras est investi (ou non) :
Tous les nombres intermédiaires se construisent de la même manière, un chiffre puis l’autre, de gauche à droite, dans le sens de l’écriture pour le locuteur et en les espaçant et avec un mouvement assez rapide entre les dizaines et les unités. Pour exemple :
33En lsf, la règle obligatoire qui est reliée à la quantité est la suivante : on signe en premier le nom commun, puis la quantité. Par exemple : en français, « J’ai deux sœurs. », en lsf : [pté1][sœur] [deux].
34Bien que cette énumération soit fastidieuse à décrire, son approche en lsf est assez transparente, et nous précisons que les signes des chiffres et nombres ne s’apprennent pas en soi, mais toujours en contexte. Les chiffres et les nombres, dont l’acquisition s’aborde au niveau A1, sont un outil de progression dans les niveaux suivants et interviennent, de manière naturelle, dans de nombreux domaines de réflexion : les populations, la santé, l’économie et l’environnement par exemple, dans les constats des difficultés et des échecs ou bien, au contraire, dans ceux des avancées et des réussites. Outre le calcul mental et le domaine mathématique, voici quelques autres exemples de mises en situation, utilisant des chiffres, liées aux besoins de communication :
- dire son âge, sa date de naissance ;
- donner une date, une année, un siècle ;
- présenter une famille, c’est-à-dire le noyau familial et la famille au sens large ;
- présenter sa classe, son école, les horaires de cours ;
- exprimer l’heure, le temps et sa durée, par exemple pour les temps de trajet scolaires, les déplacements journaliers ou ponctuels, les vacances ;
- exprimer une quantité, un poids, un volume, un prix, une distance ou une mesure, une surface. Ces applications vont pouvoir s’expérimenter dans les thèmes liés à la vie quotidienne comme les achats et le commerce en général, à la vie professionnelle, sociale et culturelle, dans les domaines techniques, en médecine, en histoire et en géographie par exemple.
En résumé, les deux classes de signes définis comme particuliers sont : d’une part, la dactylologie qui s’applique à l’épellation des noms propres et à laquelle seront substitués les signes lsf correspondants dès qu’on en aura eu la connaissance et, d’autre part, les chiffres et les nombres dont les multiples applications seront obligatoirement associées à leur règle d’utilisation.
35Dans ce chapitre, en exposant la formation du lexique basée sur l’iconicité, nous avons pu en constater la vaste étendue, puisqu’elle intervient dans des domaines aussi divers que celui des fruits et légumes, de la maison et des pays, thèmes que nous avons pris comme exemples. Nous avons également présenté les signes dits particuliers qui regroupent, d’une part, l’alphabet dactylologique dont découlent les signes initialisés et, d’autre part, les chiffres et les nombres. La connaissance de ces procédés de formation des signes lsf va permettre à l’apprenant, fort de ces nouvelles compétences, de découvrir, par extrapolation, de nouveaux signes dans d’autres domaines comme les transports, les matières et fournitures scolaires, la nature et les animaux. Cette connaissance va aussi pouvoir s’appliquer, dans un lexique certes plus complexe, à des notions abstraites comme le lexique de la pensée ou des émotions par exemple. Il est à souligner qu’il ne s’agit absolument pas de deviner le signe lsf, mais de connaître réellement les principes d’iconicité et de saillance perceptive dans la formation lexicale, pour ouvrir sur une capacité créative et un élargissement du vocabulaire personnel avec un minimum d’effort de mémorisation.
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