Ausone
p. 495-510
Texte intégral
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1– 1730, privilège de six ans en date du 3 juin 1729, registre le 14 juin 1729 pour l’exemplaire Reims BM Z MM 161 (approbation en date du 18 octobre
21727)
3– lieu d’édition : Paris
4– imprimeur :). Guérin
5– commentateur : Jean-Baptiste Souchay.
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6Jean-Baptiste Souchay1 est né en 1688 près de Vendôme, dans une famille aisée. Il fait ses études au collège de l’Oratoire de Vendôme où réside la famille. Vers 17 ans, il vient à Paris et devient précepteur de divers enfants de condition. Il est, par les fils du président de Noinville dont il est répétiteur, en contact avec l’éducation jésuite. En 1726, il entre à l’Académie où il se distingue par son assiduité et l’abondance de ses publications : il est l’auteur de mémoires sur les élégiaques, sur Mécène, sur Asinius Pollion, et sur divers autres sujets qui le font reconnaître comme un des meilleurs spécialistes de la littérature latine ; au collège Royal, où il entre en 1732 comme professeur d’éloquence, il se rend célèbre par un commentaire complet des harangues de Cicéron commencé dans ces années-là et achevé à sa mort. Son édition d’Ausone constitua le véritable début de sa gloire.
7Dans le début de sa préface, J.-B. Souchay fournit au lecteur une histoire détaillée des vicissitudes de son travail sur ce volume, le dernier à être paru sous la marque In usum Delphini. Les débuts de cette édition rencontrent immédiatement des difficultés réelles ducs à la fois aux circonstances de la cour et à l’histoire personnelle de l’éditeur qui en avait été chargé avant Souchay, Julien Fleury. Souchay évoque d’abord le mariage du Dauphin, qui avait épousé Marie-Anne de Bavière le 7 mars 1680. Selon Souchay, qui suit ici les faits rapportés par les éditeurs antérieurs, le moment où l’on commença à parler de marier le Dauphin entraîna la fin de la collection2. On sait en effet que la collection s’arrête après la parution de l’Horace de 1691, mais Souchay en citant Pierre-Daniel Huet semble faire allusion à d’autres événements que ce mariage, sans doute les opérations militaires des années 1692-1694, qui entraînent en 1695 la création d’un impôt spécial. Ces deux dates peuvent être retenues en raison de la mention par Souchay de la répulsion des éditeurs à engager de nouvelles dépenses dans des circonstances si difficiles.
8Outre ces contraintes extérieures, Souchay indique que Julien Fleury, éditeur d’Apulée en 1688, l’année de la naissance de Souchay, qui avait déjà à ce moment reçu commande de l’édition d’Ausone et qui l’avait commencée, ne put en pousser l’impression au-delà de la page 160, faute de crédits3. Le projet d’édition semble alors abandonné et l’édition condamnée à ne jamais voir le jour et à dormir dans les papiers de Fleury. Fleury meurt le 13 septembre 17254, l’édition étant toujours inachevée, mais le manuscrit réapparaît en 1727 (date de l’approbation) et finit par venir dans les mains de Jacques Guérin qui charge Souchay d’achever le travail. Il faut donc admettre, si l’on en croit Souchay, que l’édition a été complétée entre 1727 et 1729 soit dans un temps très court compte tenu du travail réalisé par Fleury et de la nécessité affirmée par Souchay de revoir entièrement ce travail5, ce que confirment les travaux préparatoires qui nous sont en partie connus par le volume de l’édition Vinet (1580) qu’il a annoté de sa main6. Il est également probable que Pierre-Daniel Huet, qui a lui aussi annoté un volume de Vinet7, ait assisté Souchay dans son travail et lui ait facilité la tâche.
9Le travail d’indexation qu’il a opéré dans son édition ainsi que la mise en ordre du matériau laissé par Fleury lui valurent, à la parution du volume, l’estime de ses pairs qui louèrent surtout la richesse, l’intelligence et l’exactitude de son travail d’indexation. Il devint alors une sorte d’arbitre du goût et on le consulta sur les éditions nouvelles ou déjà parues. Avant son Ausone, Souchay n’avait guère publié, mais il avait rédigé des sermons et des ouvrages traitant de la littérature ecclésiastique. Lors de sa nomination au collège Royal il entame une rhétorique française. Très faible physiquement, Souchay meurt relativement jeune, à 59 ans, le 25 août 1746. Son caractère est décrit exactement comme lui-même décrit celui de son auteur : « Son esprit, sa douceur et sa politesse naturelle, que le commerce du monde et une grande envie de plaire avaient encore augmentés, le rendaient d’un commerce agréable dans la société et lui avaient fait un grand nombre d’amis de tous les rangs qu’il cultivait avec soin. »
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PRINCIPALES ÉDITIONS ANTÉRIEURES
10Les éditions d’Ausone antérieures à celle de Souchay sont fort nombreuses. Nous ne mentionnons ici que celles qui sont connues de Souchay et qui d’ailleurs sont les principales, tant pour l’établissement du texte que pour la constitution du corpus ausonien. Sauf pour l’édition Vinet dont Souchay a utilisé l’édition de 1580, nous ne citons que la première édition en cas de rééditions :
11– 1472 (Girardinus), D. Magni Ausonii Opera. Ovidii Consolatio ad Liviam Augustam de morte Drusii Neronis. Titi Calpurnii bucolicum Carmen. Publii Gregorii Tiferni Hymnus ad Trinitatem, Venetiis
12– 1499 (Ugoleto), Opera Ausonii nuper reperta (a Thadeo Ugoleto Parmensi diligenter recognita), Parmae, impressum per A. Ugoletum
13– 1507 (Avantius), Ausoniusper Hieronymum Avantium [...] emendatus. Impressum Venetiis per Joannem Tacuinum de Tridino
14– 1518 (Dubois d’Amiens), édition partielle :
15• Francisci Sylvii D. Ausonii Precatio matutina ad omnipotentem Deum [...] luculente explicata, Parisiis, 1518 (BN Rés. m. Yc 612)
16• Edyllion D. Ausonii de resurrectione dominica a Francesco Sylvio expositum, Parisiis, venum dantur in aedibus ascensianis, 1518 (BN Rés. m. Yc 613)
17– 1551 (Vinet), D. Magni Ausonii [...] Opera diligentius iterum castigata et in meliorem ordinem restituta (ab Elia Vineto et a Jacobo Gopylo), Parisiis apud J. Kerver
18– 1568 (Poelmann), D. Magni Ausonii [...] Opera a Tbeod. Pulmanno [...] in meliorem ordinem restituta, correcta et scholiis illustrata, Antverpiae ex off. C. Plantini
19– 1574-1576 (J. Scaliger), D. Magni Ausonii, [...] Opera, in meliorem ordinem digesta. recognita sunt a Josepho Scaligero, [...] et infinitis locis emendata. Eiusdem Iosephi Scaligeri Ausonianarum lectionum libri duo, Lugdun. apud A. Gryphium
20– 1580 (E. Vinet), Ausonii [...] omnia quae adhuc in ueteribus bibliothecis inueniri potuerunt Opera. Ad baec, Symmachi et Pontii Paulini litterae ad Ausonium scriptae, tum Ciceronis, Sulpiciae, aliorumque quorumdam ueterum carmina nonnulla. Cuncta ad uaria uetera nouaque exemplaria emendata, commentariisque illustrata per Eliam Vinetum, Burdigalae, apud S. Millangium
21– 1669-1671 (Tollius).
REPRISES
22– L’édition est reprise en 1782 : Mannhemii cura et sumptibus Societatis literatae.
23– Reprise partielle (notes et interpretatio) en 1823 : Eondinii, curante et imprimente A.J. Valpy.
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TITRE
24D. MAGNI | | AUSONII | | BURDIGALENSIS | | OPERA. | | INTERPRETATIONE ET NOTIS | | ILLUSTRAVIT | | JULIANUS FLORIDUS, CAN. CARNOT. | | JUSSU | | CHRISTIANISSIMI REGIS | | IN USUM | | SERENISSIMI DELPHINI. Recensuit, suppleuit, emendauit, Dissertationem de Vita & Scriptis Ausonii\\suasque animaduersiones adjunxit Joannes Baptista Souchay, | | Regiae Inscript. & Human. Litter. Academiae Socius. | | [marque d’imprimeur] | | PARISIIS, | | Typis Jacobi Guerin, ad Ripam Augustinianorum. | | [filet] | | M.DCC.XXX. | | CUM APPRORATIONE ET PRIVILEGIO REGIS.
FORMAT
25In-4 .
CONTENU
26Outre l’interprétatio et l’adnotatio qui constituent le minimum exigé d’un éditeur de la collection, l’ouvrage comprend bien d’autres pièces se rapportant à Ausone :
Avant le texte
27– Praefatio Editoris : rappel du but de la collection, résumé des circonstances de parution de l’édition, énoncé des principes éditoriaux, appel à la bienveillance des lecteurs (p. IV-VII)
28– Catalogus auctorum uariorum interpretatione ac notis illustratorum, iussu Christianissimi regis, in usum serenissimi Delphini : catalogue complet de la collection avec titres, auteurs, dates et éditeurs (p. VII-VIII)
29– Summa eorum quae Hac editione continentur : table des matières (p. IX-X)
30– Dissertatio Editons de Vita et Scriptis Ausonii : introduction scientifique divisée par Souchay en sous-parties : nom, origine, famille, éducation, charges, honneurs, enfants, qualités, génie, religion, écrits, éditions (p. XI-XXXVIII)
31– Diuersorum Epistolae ad Ausonium : collection de lettres adressées à Ausone : de Théodose Auguste, choix de lettres de Symmaque à Ausone (ex editione LugduniBatauorum, anno 1653) comprenant 7 lettres ipetis a me litteras longiores 1, 14 CUF, saepe unanimitatis tuae 1,16 CUF, ego etsi continuis 1, 18 CUF, bene ac sapienter maiores nostri 1, 20 CUF,post longum silentium tuum 1, 23 CUF, etsi plerumque uera est apud parentes 1, 25 CUF, merum gaudium eruditionis tuae 1, 31 CUF), 2 lettres de Paulin de Nole à Ausone (ex editione Parisiensi 1685) : quarta redit duris (Carm. 10, CSEL) et continuata meae durare silentia linguae (Carm. 11, CSEL) (p. XXXIX-LVI)
32– Testimonia et Judicia diuersorum de Ausonio : recueil de citations concernant Ausone ou son œuvre comprenant 47 entrées d’anciens et de modernes en ordre chronologique (p. LVII-LXVII)
33– Emendanda : liste d errata classés en texte, interpretatio, notes, remarques, dissertation (p. LXVIII).
Le texte
34Le texte lui-même est présenté selon une double méthode, les pièces sont numérotées en chiffres arabes de I à 471 sans tenir compte de l’œuvre qu’elles constituent ou à laquelle elles appartiennent. Des titres indiquent le titre des recueils ou des pièces. À l’intérieur d’un recueil une numérotation en chiffres romains situe la pièce dans l’ensemble. L’interpretatio est continue, elle court au bas du texte en caractères italiques, les mots ajoutés par Souchay étant imprimés en romain. Contrairement aux autres volumes de la collection, les notes ne comportent pas d’appel de note dans le texte, mais un lemme donnant les mots expliqués. L’interpretatio est composée sur deux colonnes placées sous le texte lui-même. L’édition est soignée et ne comporte qu’un nombre très faible de coquilles ou d’inadvertances d’imprimerie.
Après le texte
35– Editons animadversiones : remarques diverses de Souchay n’ayant pas trouvé place dans le commentaire, classées par groupes d’œuvres, puis œuvres (p. 599-684)
36– Extrait des registres de l’Académie Royale des Inscriptions et Belles-Lettres du vendredi 10 février 1730 : jugement très favorable sur les remarques de Souchay (p. 685)
37– Lectori suo : petite préface consacrée aux Obscaena e textu Ausoniano resecta (nouvelle numérotation p. 2, puis 3-16 pour les obscaena)
38– Index uocum omnium latinarum quae in Ausonii Operibus occurrunt : index par numéro de texte suivi du numéro du vers ou de la section (non paginé). Les mots sont rangés sous la forme qu’ils présentent dans le texte et non sous une forme grammaticalement conventionnelle (nominatif ou Ire personne du singulier du présent de l’indicatif)
39– Index uocum usus rarioris, ueterum, nouarum ex editione Tollii : adiectis uocibus ab eodem praetermissis : index des curiosités lexicographiques avec titre du poème en abrégé (ou du recueil), suivi du numéro du vers ou de la section (non paginé)
40– Index Graecarum et ex Graeco Latinoque ioculariter compositarum uocum quae in Ausonii Operibus occurrunt : index des mots grecs ou assimilés, numérotation par numéro de texte suivi du numéro du vers ou de la section pour les ouvrages en prose (non paginé).
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41Pour amender et compléter le travail de Fleury dont il est difficile d’évaluer la part exacte, Souchay, aidé par le bibliothécaire de la bibliothèque Royale, C. Sallier, met la main sur un manuscrit qui comprend le Ludus septem sapientum, les Periochae, les Versus paschales, le Catalogus urbium et qu’il désigne sous le numéro 4740 de la bibliothèque Royale, soit l’actuel Paris BN 8500 (/Mans les éditions modernes). L’ordre des pièces du manuscrit 474° permet de rattacher ce texte à la branche dite branche y, dérivée d’un manuscrit de Bobbio. On peut s’étonner de voir Souchay indiquer la cote après les Villes alors que P comporte, entre les Periochae et les Versus, quelques Epistulae, les Praefatiunculae, le Griphus, l’Épigramme 1, le Protrepticus, le Genethliacos et l’Églogue 2 désignés sous le nom d’Opuscula septem. Cependant cette particularité peut très bien provenir d’une inadvertance et ne remettre en rien en cause l’utilisation par Souchay de ce manuscrit. De cela, il ressort que, quelle que soit la qualité du témoin dont il a pu disposer et qui est grande8, Souchay demeurait tributaire d’une tradition directe extrêmement lacunaire qui rendait indispensable un appui presque total sur les travaux d’érudits antérieurs.
42Sur ce plan, la bibliographie, indiquée en préface et confirmée à la fois par les notes de l’édition et les travaux préparatoires sur l’exemplaire de Vinet, est impressionnante. Grâce à la diligence de C. Sallier, Souchay dispose en effet de plusieurs éditions et de nombreux volumes de commentaires. Il connaît l’édition de Tollius (1669, 1671) à laquelle il se réfère souvent et les éditions de Élie Vinet (1580) et Joseph Scaliger (1574-1575) qu’il indique soit sous le nom de Scaliger lui-même, soit sous celui de Lugdunenses. Il a lu également et cite avec une précision qui montre qu’il n’a pas tiré ses renseignements de Tollius, mais bien de l’original, les commentaires d’Accorso, 15249, de Turnèbe, 1565I10 Wilhelm Canter, 1564-157111, Lipse, 1580, Scaliger, 1574, puis éditions multiples dont 1590 et I60412, von Barth, 162413, Gronovius14, 1639, 1652, 1662. Souchay mentionne également deux publications marginales qui montrent que son exploration n’a rien négligé qui puisse lui fournir de nouveaux renseignements : il a lu en effet les deux opuscules de François Dubois d’Amiens, qui avait, en 1518, donné une édition commentée de la Precatio matutina et des vers De resurrectioneDomini15. Il est également certain, même s’il ne le cite pas dans sa bibliographie, qu’il a eu accès, soit directement, soit par l’intermédiaire des citations qu’en font d’autres éditeurs au texte d’Ugoletto paru en 1499 et à l’édition de Poelmann parue à Anvers en 1568. L’absence de mention dans la préface peut cependant indiquer que le texte lui est connu indirectement, par exemple par l’édition Tollius qui énumère généralement la plupart des conjectures antérieures. Enfin, le cours de l’édition montre d’autres références très variées qui complètent l’appareil d’érudition : commentaires de Pithou, 156516, et une édition vénitienne vetustissima qui peut être soit celle de 1472 (Girardinus), soit celle de 1507 (Avantius).
43Avec ce matériau, Souchay utilise comme référence le texte Vinet paru chez Millanges à Bordeaux en 158017 et porte sur cet exemplaire une première série de corrections et d’annotations remontant soit à d’autres éditions ou commentaires conservés, soit au texte que lui fournit son manuscrit. Mais il restait à résoudre la question de l’étendue et du classement de ce corpus. Sur ce plan, Souchay semble s’être rangé à la même disposition que Tollius et avoir suivi la vulgate en cours de constitution dans la numérotation et l’identification des pièces ausoniennes : l’ordre définitif est celui-ci Épigrammes, Ephemeris, Parentalia, Commemoratio, Epitaphia, Caesares, Ordo urbium, Ludus, Edyllia, Epistulae, Gratiarum Actio, Periochae, Praefatiunculae. Cet ordre correspond également à une volonté de réaliser un corpus authentique et de prendre parti sur l’authenticité de certaines pièces. Dans la dissertatio, Souchay fait la synthèse des travaux antérieurs, avant de prendre parti à son tour : il attribue à Ausone les idylles uir bonus, ναί καὶ oὐ, aetates animalium, musarum inuenta et Herculis labores sur la foi d’Accurso et de Hieronymus Aleander18. De son propre chef, dit-il, il attribue à Ausone, en résumant la controverse qui s’est développée autour de ces textes le De mensibus et le De signis caelestibus qu’il remet en place dans les Eglogues – place qui leur sera ultérieurement conservée-, après un remarquable usage d’une source archéologique pour attribuer le De mensibus à Ausone, repris de Bucherius, De doctr. temp. 2519. Il élimine en revanche, prudens, les uersus Rophalicos et les Disticha Catonis, qu’il juge ne pouvoir être l’œuvre que d’un païen. Sur le premier texte, il bénéficie de l’autorité de Scaliger et a parfois été suivi par les modernes, bien que Peiper ait opté pour l’authenticité, pour le second il a été suivi, l’œuvre étant à présent datée du iiie siècle20.
44Loin d’être prisonnier de sources abondantes et souvent confuses, Souchay se livre à une recension critique des éditions qu’il a pu consulter ou connaître. Il explique comment s’est constitué le corpus ausonien et sur quels manuscrits se sont fondés les éditeurs antérieurs. Ce texte est singulièrement précieux pour suivre le parti pris qu’il adopte lui-même et qui est en réalité une synthèse des éditions anciennes. Pour les commentaires il accorde confiance à Accurso21 (eruditas atque elegantes), se méfie de Vinet, mais pas autant que Scaliger pensait devoir le faire et lui accorde crédit dans les passages difficiles tout en notant qu’il complique souvent à l’excès ce qui est clair22. Il trouve que Tollius, qu’il utilise beaucoup pour son commentaire, puisqu’il entendait donner l’intégralité du commentaire d’Accurso n’avait pas à le couper23. Enfin il se prononce sur la datation des œuvres en suivant un article de La Bibliothèque françoise de mai-juin 1726 où se trouve un article de Belet qu’il discute et analyse24, complétant ainsi les justifications de ses choix éditoriaux.
45En somme, il ressort de tout ce qui précède que, pour le texte, Souchay choisit l’hétérogénéité des sources et sélectionne avec grand soin parmi les multiples variantes qui lui sont proposées.
46L’établissement du texte d’Ausone est un casse-tête qui a donné lieu à des milliers de pages de littérature25. Souchay, conscient du problème, note que le texte d’Ausone, très difficilement accessible dans les manuscrits, a été le jouet de correcteurs frénétiques qui l’ont souvent défiguré. Il a donc visiblement tenté de réfréner la tendance correctrice et s’est efforcé de privilégier toujours face aux corrections les leçons issues des manuscrits qu’il connaît directement ou indirectement. Mais le résultat est assez déroutant.
47Les exemples d’un choix du texte des manuscrits contre une correction d’éditeur sont nombreux : en 13, 226 choisit vere pour rene s’appuyant sur des manuscrits cités par Vinet, en 75,9 (In Eunomum medicum : Languentem Caium...) propose la leçon du ms de Poelmann dixi, face à une tradition unanime portant dico, le passé étant plus conforme à la concordance attendue de saperet. En 200, 13 et 14 (Grammaticis Latinis Burdigalensibus... : Nunc, ut quemque mihi...), il édite selon la leçon ms transmise par Scaliger, se détournant de Vinet et de Tollius, par préférence pour le ms des Lugdunenses. En 302, 55 (Lud. Sap., Solon) degere est imposé contre degeret qu’il trouvait dans Vinet en raison de sa présence dans un vetus codex. En 332, 3 (Prec. Ans. Cons. Des), il adopte ecquid que Tollius lui donne comme issu d’un vetus codex, en Mosell. 206, il suit le texte Vinet et rejette la correction de Gronovius car elle est sine auctoritate libb. MSS. En Mosell., 316, il choisit corus Achates contre une correction de Gronovius nescio quo nixus fundamento, parce que le texte qu’il retient a le crédit du manuscrit de Poelmann. En 336, 30 (Griph.), il écarte Mnemonidarum pour retenir Mnemosynarum en raison de l’origine probable de ce texte dans les ms contre une origine dans une correction de Heinsius. En 338 (Ep. ad Paulin), rem vanam quippe curavi : exigua est est imposé comme leçon ms face au texte reçu par Vinet et Tollius, qui cependant hésite.
48Dans certains cas, Souchay, se fondant sur une leçon manuscrite, opère une correction qui se veut plus fidèle au texte des ms. Ainsi en 267, 2 (Caes., Galba) Souchay opte pour visus es contre visas ad qui est la lecture courante que l’on trouve par exemple chez Tollius, suivant en cela Vinet. Or on s’aperçoit en lisant Tollius que la raison du choix de Souchay est bien de suivre les ms qui donnent ici visus et. Entre deux corrections, celle de Vinet et celle de Tollius, Souchay n’hésite pas : la plus proche des ms est la meilleure.
49Dans d’autres cas Souchay utilise comme provenant de manière plus sûre des ms un texte transmis par une édition ancienne, mais de toute évidence défectueux. Ainsi en Mosell. 337, Souchay éditefluminea contre la vulgate qui porte sulphurea et qui est défendue par de nombreux commentateurs, parce que Tollius a trouvé dans l’édition de Ugoletto un texte fulminea qui ne signifie rien, mais qui suppose que la variante soit fluminea et non sulphurea qui ne veut rien dire. Dans ce cas, Souchay adopte une correction suggérée par Tollius, mais sur l’appui de manuscrits anciens.
50On pourrait ainsi multiplier les exemples de ce qui semble être une recherche de fidélité aux manuscrits face aux corrections. Cependant cette recherche ne montre pas souvent d’originalité. Le plus fréquemment, Souchay tire parti de l’étrange pratique de Tollius qui consiste à laisser en note le texte qui lui semble le meilleur et à éditer conformément à la vulgate. De manière courante, Souchay, parfois sans le dire, reprend cette lecture à son compte et l’insère comme texte. Le cas le plus frappant est représenté par 345, 22 (Techn. : solamen tibi Phoebe) où servus Geta donné par la vulgate devient bellax Geta. Souchay note que, selon Tollius, deux parchemins portent pellax, ce qui justifie à ses yeux la correction en bellax, ne s’agissant pas de Géta, le personnage de Térence, mais des Goths. Souchay adopte alors ce texte corrigé, mais on ne peut que douter de son bien-fondé. En effet, pellax donné par les membranei est excellent et ne nécessite aucune correction. Souchay aurait donc pu le conserver. De tels cas de prudence excessive face au texte des manuscrits ne sont pas rares et hypothèquent parfois gravement l’apparente rigueur dans le choix du texte. En 336, 88 (Griph.) Souchay édite ter Deus alors qu’il trouve chez Tollius tris Deus et que Vinet, dans l’édition même qu’il a annotée, donne tris comme le texte d’un vetus codex. Le sommet de l’incohérence est atteint quand Souchay cite ce texte tris après avoir indiqué que tres ou tris omnino ponendum. Quel que soit le texte retenu, on ne peut qu’être surpris de la réaction de Souchay. Pourquoi, alors qu’il préfère ce texte et le trouve dans des manuscrits, s’obstiner à suivre le texte de Vinet qu’il juge fautif ?
51Dans l’ensemble on peut d’ailleurs noter que les explications sur les choix textuels ne sont pas toujours limpides. S’il existe des cas (Mosell. 336) où Souchay se contente sans le dire de choisir une lecture jugée possible par d’autres éditeurs, les cas où il opte pour une correction de manière apparemment arbitraire sont assez nombreux. Dans certains cas, il semble avoir changé d’avis ou reculé devant un texte qui lui avait d’abord paru intéressant. En Mosell. 242, Souchay a noté, sur son Vinet qui lit defensus, defensos qui s’appuie sur une note d’Accurso renvoyant aux premières éditions imprimées. Finalement dans sa version définitive, il revient au texte de Vinet. Dans le même vers, après avoir suggéré sur son Vinet pisces pour piscis, il revient encore une fois au texte de Vinet. Dans d’autres cas enfin, le texte édité est en contradiction avec des éléments pourtant importants de la documentation qu’il a utilisée. C’est le cas en Mosell. 496 où il s’agit de savoir si le texte doit porter celebrande ou celebranda. Souchay note que les deux textes sont possibles, les fleuves étant masculins, mais l’accord morphologique au féminin pouvant se rencontrer. Il propose donc celebrande. Mais plus haut, alors qu’il considère que si on lit domini Mosellae, il faut écrire celebrande, il édite dominae ! Le plus étonnant dans cette affaire somme toute incohérente est qu’il ne s’appuie pas sur une note pourtant exacte de Ugoletto transmise par Tollius qui indique avec exemples qu’Ausone préfère le féminin pour les noms de fleuves.
52Enfin un problème particulier est posé dans le cas où la tradition fournit à Souchay des rédactions assez nettement différentes d’un même passage ou d’un même poème, comme le cas du numéro 196 de son édition, Comm. Prof., Alethio Mineruio. La situation était particulièrement confuse dans ces passages de l’œuvre. En l’absence de possibilité d’établissement d’un stemma, l’édition de telle ou telle variante repose sur des choix parfois bien subjectifs de cohérence avec l’ensemble ou d’intérêt global. Avant Souchay, Tollius qu’il suit ici de près, même s’il s’écarte de son texte, n’avait pas pris parti et donné les deux textes, l’un en texte principal et l’autre en note en expliquant vers lequel allait sa préférence. Mais, chose vraiment curieuse, Tollius, après avoir travaillé sur les emendationes d’une des versions, plus rare et considérée comme très supérieure, la rejetait en note et se contentait de la vulgate dans le corps du texte. Comme à son habitude, Souchay, non sans rendre hommage à la sagacité de Tollius, adopte le texte mis par Tollius en note avec quelques variantes minimes dues à Scaliger et rejetées par Tollius, mais donne en note l’autre texte qu’il juge lui aussi très inférieur.
53Le texte est donné dans son intégralité, mais certains poèmes sont rejetés dans des obscaena e textu Ausoniano resecta. Suivant le principe de la collection, Souchay a jugé que certaines épigrammes, il est vrai particulièrement salaces, ne pouvaient être mises devant les yeux des jeunes gens27. Mais, à la différence d’autres auteurs de la collection, il ne découpe pas le texte et édite les pièces en entier dans son appendice. Ces pièces sont d’ailleurs pourvues d’une annotation tout aussi fournie que les autres pièces, mais il n’y a pas d’interprétatio. Le choix de ces pièces est, dans l’optique d’une élimination des pièces à caractère pornographique, parfaitement justifié et ne montre guère chez Souchay une grande originalité ou une spéciale pruderie. Certaines épigrammes pourvues de sous-entendus coquins demeurent en place malgré tout, seules les franches paillardises étant éliminées.
54Comme toutes les éditions de la collection, l’édition d’Ausone comprend avant le texte un paratexte assez important qui a été décrit plus haut. Les éléments proprement rattachables aux traditions de la collection, comme la préface de l’éditeur, ne présentent guère d’intérêt sauf à souligner l’importance du travail d’édition de texte, comme nous l’avons déjà noté, les circonstances particulières qui entourent ce volume tardif, et le fait que la mention In usum Delphini est devenue ici une sorte de marque de fabrique pour désigner la présentation de l’édition.
55L’élément le plus remarquable du paratexte sur le plan de l’édition du poète elle-même est la dissertatio biographique qui ouvre l’ouvrage et en donne aussitôt le ton. Vinet avait déjà fourni une notice sur Ausone et Tollius à son tour avait indiqué quelques points essentiels, mais rien dans les éditions de référence de Souchay ne s’apparente au texte méthodique et extrêmement complet qu’il compose. Ici également, la part due à ses devanciers est loin d’être négligeable, mais Souchay a puisé bien au-delà de la simple littérature consacrée à Ausone. Le type d’érudition avec un examen attentif des sources et le souci de les inventorier, de les dater et de les classer rappelle les travaux historique de Lenain de Tillemont dont l’Histoire des empereurs et les Mémoires finissent alors de paraître (1712 pour les Mémoires, 1738 pour l’Histoire). L’érudition va ici de pair avec un plan très simple et très complet et le souci de tirer de l’œuvre même du poète des renseignements qui sont ensuite mis en perspective et organisés. L’exemple suivant, qui traite de la religion d’Ausone peut fournir un exemple de cette méthode et de ses résultats. Souchay part de la constatation que de nombreux et importants savants ont soutenu qu’Ausone était païen, dont Scaliger et Vossius28. Il reprend un à un leurs arguments et les réfute : a) Ausone a certes écrit des obscénités, mais cela ne peut servir à prouver sa religion, puisqu’il est évident qu’il s’amusait comme avec le centon pornographique et virgilien. b) Il utilise massivement les thèmes païens, mais un poète n’est pas un théologien comme le prouvent de nombreux poètes modernes dont il ne viendrait à l’idée de personne de contester la foi. c) Il est ami de Symmaque dont on sait qu’il était un païen militant, mais cette amitié ne prouve pas qu’il ait adhéré à sa foi. d) Paulin de Nole dans son Carm. 10 lui reproche d’être étranger à la foi, mais Scaliger et Vossius interprètent à contre-sens ces passages et Souchay démontre pourquoi. Enfin, se détournant des critiques anciens, il montre que le passage d’Augustin qui pourrait servir de contre-exemple vise Claudien et non Ausone. On ne peut qu’être frappé de la justesse et de la rigueur de cette analyse qui montre qu’outre un éditeur de qualité et un érudit fort savant, Souchay est également un admirateur fervent du Bordelais.
56L’interprétatio et l’adnotatio sont indissolublement liées dans le travail de Souchay et doivent donc être étudiées ensemble. En effet, un des traits les plus caractéristiques de l’annotation de Souchay est la tendance à développer parfois fort longuement son interpretatio dans le système des notes, ce qui permet de préciser le sens et à l’occasion de poser une conjecture textuelle et de l’appuyer sur la valeur globale de l’énoncé ainsi restitué. Cette tendance peut être identifiée même dans une note très simple comme celle-ci29 : « le séjour élyséen.] Le séjour des saints, le Ciel. Ausone, bien que chrétien parle en païen : mais cela se fait par habitude poétique30. »
57Dans ce cas, la reprise en interpretatio de l’image conduit à poser la définition d’un stylème poétique, mais aussi et surtout à exposer la particularité ausonienne qui consiste à utiliser, bien qu’il soit chrétien, des images issues du paganisme. On le voit, la reprise du sens est ici mise au service d’une note informative de valeur plus générale.
58C’est d’ailleurs ce qui se produit le plus souvent et donne à l’édition sa valeur documentaire principale au moins dans l’esprit de la collection. Souchay en effet fait le plus souvent la synthèse des notes qu’il trouve dans les éditions antérieures, essentiellement chez Tollius, mais il n’hésite pas à aller voir l’original si la note citée par Tollius lui semble tronquée, tout en y ajoutant de son propre fonds. L’ensemble fournit un appareil de notes très complet, très érudit et offre parfois des éléments très riches de discussion. Les sujets abordés par cette annotation sont des plus variés, compte tenu de la nature même des textes commentés. On peut cependant noter que, contrairement à d’autres éditions de la collection, les notes de critique textuelle figurent en bonne place dans l’édition et donnent souvent lieu à de petits exposés savants : examen des différents textes, discussion et choix d’une lecture. Tel est par exemple le cas en dimensions assez réduites de cette note où se pose la question d’une lacune dans le texte avant le vers cité31 : « Et quand en l’espace de quatre heures il penche vers midi.] si l’on suppose ici une lacune (ce que fait Vinet), je pense qu’il faut comprendre qu’elle se trouve entre le vers précédent Valeque quod fit mutuum et celui-ci quod cum perhoras quatuor. En effet, ces deux vers sont tout à fait cohérents : pour il dans Et quand en l’espace de quatre heures il penche vers midi remplacer par “le soleil” ou le “jour” : cela provient du fait des six heures que les Anicens dénombraient en tous temps de l’année entre le lever du soleil (où ils fixaient le début du jour) et midi, et autant du midi au coucher du soleil. De fait, elles étaient plus longues en été et plus brèves en hiver : des six heures, dis-je, qui se trouvent avant midi, déjà quatre étaient écoulées et le soleil au cours de la cinquième heure se hâtait vers midi, ce qu’il dit ensuite en ces termes (suit la citation). » La réflexion développée ici montre que la lacune supposée par Vinet est remise en question au noms de la cohérence même du propos. Or, dans ce cas, la position de Souchay est particulièrement originale et montre une réflexion personnelle sur le texte. En effet, les éditeurs antérieurs – et postérieurs d’ailleurs–ont supposé une lacune après quatuor comme le faisait Vinet, mais Souchay a raison de faire remarquer que l’expression qui pose problème inclinet ad meridiem n’est pas en réalité incompréhensible. Son analyse, ici très fine, du sens de inclino, qui est sans doute exacte, montre l’intention évidemment scientifique du propos. En cela, Souchay se situe dans son annotation dans une perspective résolument scientifique et non seulement pédagogique ou même prioritairement pédagogique. Les notes les plus importantes visent à établir soit le texte, soit son contexte, soit la pratique d’Ausone et ne se soucient guère de fournir des éclaircissement de base. On trouve ainsi des notes extrêmement techniques en particulier sur des problèmes métriques dont la solution influe sur le texte. Ainsi pour fournir au lecteur tous les éléments d’appréciation sur une conjecture qu’il serait tenté d’accepter à la suite de Vinet, il donne les éléments nécessaires à la défense de la solution contraire, et ne corrige pas le texte32. « Contraires.] Je préférerais l’adverbe controversum à savoir au contraire, ce qui est aussi l’avis de Vinet. En outre la deuxième syllabe du mot controuersa que le poète allonge ici et dans l’Idylle val Kai où, est scandée brève par Sidoine Apollinaire, Ep. 8, 11 dans le mot controversarium (suit la citation). »
59Ainsi, si le matériau qu’il gère n’est pas toujours de première main, Souchay s’y montre critique et pondéré et n’hésite pas à corriger des erreurs ou proposer ses propres solutions. Cela confirme d’ailleurs le présupposé de méthode exposé dans la préface à propos de ses sources33 : « Parmi ces remarques, celles qui me paraissaient bonnes, en citant leurs auteurs, je les ai placées dans mes remarques. Quant à celles qui étaient mauvaises et donnaient prise à l’erreur, j’en ai montré la fausseté. » Cette remarque contribue d’ailleurs à lier intimement l’annotation aux animadversiones qui en sont le complément. Celles-ci ne diffèrent en effet des notes que par leur taille qui les rendait difficilement intégrables au corps du texte. Elles portent sur divers points de critique textuelle ou de commentaire, généralement fort savant, et donnent lieu à des débats sur telle ou telle conjecture de manière beaucoup plus poussée que ne le font les notes. Il est clair que les animadversiones traduisent la difficulté matérielle à insérer dans le cadre des contraintes de la collection la masse de documentation que Souchay a amassée.
60L’interpretatio interprète indifféremment les vers et la prose, sans doute en raison de la difficulté de la langue d’Ausone dans la plupart des textes. Le sondage de détail opéré sur la technique interprétative de Souchay dont on va lire les résultats ci-dessous repose sur l’Ephemeris, deux lettres (à Symmaque, Epist. 12, et à Paulin, Epist. 19a Green) et la fin de la Gratiarum Actio ad Gratianum Augustum (12-18 Green).
61L’interpretatio recherche de manière systématique l’ordre sujet-verbe-objet caractéristique du français dans les indépendantes, principales et subordonnées à un mode personnel. Ainsi un vers comme iam strepit vigilax hirundo devient jam hirundo vigil garrit in nidis34. De même pour les adjectifs et déterminants, et ce même si la pratique est moins systématique, la postposition l’emporte comme en français sur l’antéposition de règle en latin. On le voit d’ailleurs dans l’exemple qui précède. Pour les tours qui n’existent pas en français, l’ordre est plus libre, mais tend dans la mesure du possible à se conformer soit à l’usage le plus classique, soit – et c’est le cas le plus fréquent – à l’ordre le plus propre à faire sentir au lecteur quelle est exactement la construction et donc à éviter les erreurs : on lit ainsi quem videre datum est nostris proavis pour le vers ausonien cernere quem licuit proavis35.
62Dans les cas nombreux chez Ausone d’énoncés syntaxiquement elliptiques, Souchay restitue systématiquement dans son intégralité le membre objet de l’ellipse, même si celle-ci est courante dans la langue la plus classique ou repose sur une simple nuance d’emploi. Par exemple, dans le cas d’un adjectif équivalent à une proposition concessive, cas absolument banal en latin classique et qui ne saurait dérouter un latiniste même moyen, Souchay se livre à une savante recomposition de la subordonnée qui fait de si scelere abstineo, errori obnoxius la phrase complexe si contineo a crimine, licet sim expositus errori36, etc. Il est évident que les ellipses beaucoup plus osées auxquelles se livre Ausone donnent lieu à de semblables développements, qui dépassent parfois le cadre de la simple interpretatio. Ainsi dans l’Actio, pour exposer ce passage, il est vrai particulièrement délicat37 : & adhuc obnoxii in paginis concrematis ductus apicum, & sestertiorum notas cum titubantia & trepidatione cernebant : quod meminerant lectum, legi posse etiam tunc verentes..., Souchay écrit : & debitores aspiciebant adhuc cum haesitatione & metu figuras litterarum & characteres Sestertiorum in foliis combustis : timentes etiam tum ne id posset legi in iis quod recordabantur lectum antea fuisse.
63Ici l’ordre des mots de la première proposition est francisé selon la coutume de l’interpretatio. Dans la deuxième proposition la construction rare de vereor avec infinitive est remplacée par la construction classique timeo ne, et la forme lectum, très peu claire, est largement développée pour donner tout son sens.
64En ce qui concerne la syntaxe, Souchay élimine tous les poétismes et la plupart des constructions tardives qu’il normalise. Ainsi nidis devient in nidis, lacerande virgis devient, malgré l’autorité de Martial à qui Ausone emprunte cette expression, dignus qui lanieris flagris38.
65Si l’on se penche sur les mots qui sont ajoutés par Souchay pour les besoins de sa paraphrase et qu’on en dresse un tableau, on obtient pour les passages étudiés le résultat suivant : pronoms : 82 ajouts ; adverbes et interjections : 19 ajouts ; substantifs : 18, dont 6 dans la prose ; formes verbales autres que sum : 17 ; membres de phrases entiers : 17 dont 16 dans la prose ; verbe sum : 10 ajouts dont 9 en fonction de copule ; conjonctions : 8 dont 5 de coordination et 3 de subordination ; adjectifs : 3.
66Ce tableau fait apparaître que l’écrasante majorité des ajouts représente des pronoms et tend donc à rapprocher l’usage du latin de celui du français. Ensuite dominent nettement les indicateurs à forte valeur sémantique, adverbes qui précisent une nuance, substantifs, formes verbales dans des tours elliptiques et membres de phrase entiers. Il faut ici noter que l’Actio particulièrement redoutable sur le plan de la langue est de loin la pièce qui donne lieu au plus grand nombre d’ajouts de groupes importants. La faible part d’ajout de conjonctions peut s’expliquer par la normalisation systématique des tours qui représente autant de conjonctions ajoutés, mais non considérées comme telles. Enfin les adjectifs, pauvres en intérêt sémantique dans une paraphrase, n’apparaissent qu’à titre exceptionnel. En fait cette liste montre clairement que le but premier de la paraphrase est d’assurer la compréhension du texte et dans certains cas de le développer.
67Faut-il pour autant exclure de cet exercice toute visée littéraire ? J’en doute. Plusieurs éléments font en effet penser à une recherche de variatio qui rappelle la pratique scolaire de la paraphrase et ouvre même parfois sur une interprétation globale du passage. Ainsi, la variation systématique du vocabulaire, toutes les fois bien sûr qu’elle est possible, est la règle, conformément à la définition antique de la paraphrase. Mais on observe des comportements qui montrent un souci d’opérer ce travail sans perdre de vue l’intérêt explicatif que peut avoir cet exercice. Les noms propres sont évidemment généralement conservés tel quels ou sous leur forme usuelle en français (Cicero pour Tullius), mais dans certains cas ils disparaissent. Ainsi, si dans le dernier poème de l’Ephemeris, Lucifer est conservé au vers 39, au vers 2 Euris était devenu ventis. Il est clair que dans le premier cas le nom est conservé parce qu’il figure dans le texte avec sa valeur sémantique propre, comme nom de personne, alors qu’il est éliminé dans le deuxième par manière de commentaire, pour montrer qu’il ne le faut pas entendre ici dans sa valeur propre, mais bien dans un sens métaphorique, une certaine catégorie de vents signifiant les vents en général, comme en français classique « les zéphirs ». Un problème assez semblable se produit avec les noms divins comme dans la litanie qui clot la precatio de l’Ephemeris. On y lit39 tu qui es sospitator noster, Deus, & Dominus, animus, gloria tui Patris, Verbum, Filius, verus Deus ex vero Deo, lux ex luce procedens, habitans cum Patre aeterno, regnans in aeternum au lieu de Salvator, Deus ac Dominus mens gloria Verhum Filius, ex vero verus, de lumine lumen, aeterno cum Patre manens, in saecula regnans. Les passages qui ne sont pas des noms de Dieu, y compris salvator qui est ici vu comme un qualificatif sont l’objet d’un paraphrase stricte, alors que les noms eux-mêmes sont parfaitement conservés et même réintroduits dans le cadre d’une allusion à une formule liturgique qui se trouve développée.
68Ainsi la paraphrase interprétative, généralement de très bonne qualité, apparaît comme recoupant les buts de la paraphrase considérée comme exercice de rhétorique : simplifier pour expliquer, mais aussi varier en conservant le ton et les aspects essentiels du texte, quitte à n’en pas toujours totalement éclairer le sens, ce qui conduit souvent Souchay à redoubler sa paraphrase par une annotation qui la développe grandement dans le but de livrer le sens.
69Il en va de même d’ailleurs du reste du paratexte où l’auteur fait preuve du même souci de tirer parti de tous ses devanciers sans se contenter de les recopier. Les testimonia et judicia par exemple sont inspirés de ceux de Tollius, mais Souchay a complété de nombreuses citations en recopiant l’original et non la version tronquée de Tollius, ajoutant quelques renseignements et quelques témoignages supplémentaires glanés parmi ses contemporains ou des auteurs de la génération immédiatement précédente.
70De même les indices reprennent en partie des indices déjà existants, celui de Tollius assez complet et celui de Vinet très mal fait, mais les complètent de manière substantielle. Ils se distinguent par leur clarté et leur scrupuleuse exactitude. L’idée de répartir par sous-index la matière et celle de reprendre à son compte en l’améliorant l’index grammatico-stylistique de Tollius montrent ici encore que l’œuvre est voulue comme un outil de travail et non comme un simple ouvrage d’instruction.
6
71Le travail mené par Souchay présente le grand avantage de fournir un texte cohérent, soigneusement annoté et commenté et donc aisément lisible pour un poète dont la difficulté est redoutable. Le texte, si l’on tient compte de l’impossibilité où l’on était au xviiie siècle de reconstituer son histoire exacte est correctement édité, parfois avec un sens réel de l’à-propos, et se fonde sur une synthèse des travaux antérieurs sans toutefois demeurer prisonnier des très nombreuses corections proposées. Toutefois le travail se ressent souvent d’une certaine hâte et d’une difficulté réelle à opérer un tri nécessaire dans les multiples notes érudites dont le texte a été encombré par les prédecesseurs de Souchay. Il y a donc bien des passages édités d’une manière qui nous paraît arbitraire ou pour le moins discutable, mais l’honnêteté intellectuelle de l’éditeur ne masque jamais ou presque la difficulté constante à laquelle il s’est heurté. L’apparat qui accompagne l’édition, érudit et souvent de très bonne qualité, à l’image de l’interpretatio, fournit encore de précieux éclaircissements sur des passages singulièrement obscurs (à condition évidemment que le texte soit celui qui est aujourd’hui reçu).
72Ces raisons font sans nul doute que l’édition, saluée à sa parution comme un ouvrage exemplaire, a joui jusqu’aux éditions scientifiques modernes d’un réel crédit et a été citée avec éloges même par les éditeurs modernes qui tous la mentionnent, même si aujourd’hui elle nous paraît presque totalement obsolète tant dans ses principes éditoriaux que dans sa vision de l’histoire du texte. Elle est en quelque sorte la somme du savoir ancien sur ces textes, l’état ultime avant la redécouverte du poète par les premiers éditeurs scientifiques.
Notes de bas de page
1 L’article le plus complet sur ce personnage demeure une notice de l’Histoire de l’Académie royale des inscriptions et belles lettres, tome XVIII, 175 3, où se trouve l’Éloge de monsieur l’abbé Souchay. Sur le premier éditeur, J. Fleury, on se reportera à la notice sur son édition d’Apulée.
2 « Dès que il commença à être question du mariage du Sérénissime Dauphin, pour l’usage duquel avaient paru la plupart des vieux auteurs expliqués selon la méthode découverte par le Duc de Montausier, “les lettres se turent à la Cour” et l’illustre Pierre Daniel Huet, qui en avait repris la charge, en tant qu’administrateur de cette oeuvre, y mit un terme comme il le dit lui-même : “Les hommes du ciel font venir Mars et l’embrasent par leur chant.” » (Praef. Edit., p. III : Vbi primum agi coeptum est de Serenissimi Delphini nuptiis, cuius in usum prodierunt ueteres plerique Scriptores commentariis, iuxta rationem a Montauserio duce inuentam explanati, « conticuerunt litterae illae aulicae », summusque uir Petrus Daniel Huetius, qui eas in se partes receperat, ut operis procurator esset, destitit ut ipse testatur : « aere ciere uiros, Martemque accendere cantu ». Souchay indique ensuite explicitement que Fleury a reçu commande d’un Ausone après avoir achevé son Apulée (Praef. Edit., p. III : post nauatam Apuleio operam Ausonii quoque interpretandi cura demandata fuerat). Or l’Apulée est paru en 1688, ce qui place la demande après cette date et explique qu’au moment de l’arrêt de la collection, Fleury n’ait pu imprimer que 160 pages.
3 « Les éditeurs que la munificence royale avait auparavant soutenus, craignant désormais les frais et la dépense, abandonnèrent l’entreprise. » (Praef. Edit., p. IV : Ubrarii quos Regis munificentia prius adiuuerat, iam sumptus impensasque ueriti, incepto destiterunt.)
4 Voir Praef. Edit., p. IV.
5 Praef. Edit., p. IV : « J’avais ouï dire que l’interprétation et le commentaire de Fleury n’étaient pas de qualité suffisante et que quelques éléments de ces textes avaient disparu et qu’il fallait les remplacer. » (Audieram enim et Floridi cum interpretationem tum commentarios non statis limata esse, et eorum intercidisse nonnulla quae supplenda essent.)
6 Paris BN Rés. g. Yc 552.
7 Paris BN Rés. m. Yc 610.
8 « Codex qui magni momenti habebatur ad textum codicum Veronensium restituendum est Parisinus Latinus 8500 ; [...] fuit olim Francisci Petrarcae », déclare S. Prete, Ausonii Opuscula, Leipzig, Teubner, 1978, p. XXIII.
9 Mariangeli Accursii diatribae (in Ausonium), Romae in aedibus M. Argentei, 1524, consultable a la BN sous la cote Yc 56.
10 Soit Adriani Turnebi Aduersariorum tomi III [...] Argentinae sumptibus L. Zetzneri, 1599, dont un exemplaire (conservé à la BN, Z 431) appartenait à Huet, soit dans l’édition Scaliger-Vinet.
11 Gulielmi Canteri, [...] nouarum lectianum libri quatuor in quibus, praeter uariorum auctorum, tam graecorum quant latinorum, explicationes et emendationes, Athenaei, Gelli, et aliorum fragmenta quaedam nunc primum in lucem proferuntur[...], Basileae, per]. Oporinum, 1564, mais éditions augmentées en 1566 et 1571 consultables successivement à la BN sous la cote Z 13159, Z 13160 et Z 13161.
12 Ausonianarum lectionum libri dm [...], Lugduni 1574, BN Yc 7396.
13 Gasp. Barthii Aduersariorum commentatorium libri LX, quibus es uniuersa antiquitatis serie omnisgeneris auctorum plus centum quinquaginta millibus locis [...] obscuri, dubii, maculati, illustrantur constituuntur, emendantur [...] Eduntur praeterea ex uetustatis monumentis praeclara hoc opere non pauca, nec uisa hactenus, nec uideri sperata [...], Francofurti, apud D. et D. Aubrios et C. Schleichium, 1624, BN Z 438-439.
14 Ioannis Frederici Gronouii Obseruationum libri III [...] Lugduni Batauorum, apud J. Commelium, 1639 avec édition augmentée en 1662 (BN Z 12965 pour la première édition et Z 12969 pour la seconde). Il faut ajouter Ioannis Frederici Gronouii Obseruationum liber nouus, in quo, cum alia ad optimorum utriusque linguae auctorum intellectum, tum promissos ad T. Livium quorundam locorum uberiores tractatus repraesentatur. Dauentriae, typis J. Columbi, 1652 (BN Z 12967).
15 Francisa Sylvii D. Ausonii Precatio matutina ad omnipotentem Deum [...] luculente explicata. Parisiis, 1518 (BN Rés. m. Yc 612) et Edyllion D. Ausonii de resurrectione dominica a Francesco Sylvio expositum, Parisiis, venum dantur in aedibus ascensianis, 1518 (BN Rés. m. Yc 613).
16 Petri Pithoei [...] Aduersariorum subseciuorum libri II, autre édition en 1574. Ausone est l’objet du chapitre XIII du livre I et de multiples remarques dans le reste de l’ouvrage. Voir l’index librorum et capitum en tête du texte.
17 Voir ci-dessus le répertoire des éditions.
18 Diss., p. XXX.
19 Ibid., p. XXXI.
20 Voir, à ce sujet, R. Herzog, éd., Nouvelle Histoire de la littérature latine, vol. 5, Restauration et renouveau, Turnhout, Brepols, 1993, p. 74.
21 Diss., p. XXXV.
22 Etsi enim uerbosus est Vinetus ut qui maxime, atque habet longe plurima quae nibil ad rem faciant, in eo tamen laudandus uenit, quod multum operae et laboris in emendando Poeta nostro consumpserit. (Ibid., p. XXXVI)
23 Ibid, p. XXXVII-XXXVIII.
24 Ibid, p. XXXVIII.
25 État (simplifié) de la question chez R. Herzog, op. cit., p. 308-314.
26 Je donne, pour les épigrammes, la numérotation telle qu’elle apparaît dans l’édition, accompagnée entre parenthèses de la référence du poème par son incipit. Ici, ad Gallam puellam iam senescentem : dicebam tibi, Galla... Pour les autres textes, je donne leur numérotation chez Souchay dans le texte et leur titre entre parenthèses.
27 Sont ainsi jugées infâmes les pièces suivantes : Epig. 70, ad Pythagoram de Marco (Pythagora Euphorbi.. ; 71, subscriptum picturae Crispae mulieris impudicae (praeter legitimi...) ; 90, ad Zoilum qui uxorem moecham duxerat (Semiuir uxorem duxisti) ; 108, in scabiosum Polygnotem (thermarum in solio.. ; 119, de tribus incestis (tres uno in lecto.. ; 120, in Castorem (Lambere quum uellet.123, in Eunum liguratorem {Eune, quid adfectas.. ; 124, in eumdem (Diuersa infelix...) ; 125, in eumdem Eunum (Salgama non hoc sunt.. ; 126, in eumdem Eunum (Λαίς, ’Eρϖς...) 127, in eumdem [Eune, quod uxoris.. ; 128, ad eumdem paedagogum liguritorem (Eunus Syricus...) ; 131, in quendam qui leuia sibi inguina faciebat (Inguina quod calido...) ; 142, de uxore deformi (deformis uxor...). Suit l’intégralité de la Parecbasis, contenant entre autres le désopilant centon virgilien.
28 Diss., X, religio, p. XXIV-XXVII.
29 Parent. Aemil. Magn. Arbor. 23 (p. 107).
30 Elysiam sedem.] Sedem piorum, coelum. Ex mente Paganorum loquitur Ausonius, quamvis Christianus : sed hoc more poëtico.
31 Eph. Egress. 7 (p. 96) : Quod cum per horas quatuor inclinet ad meridiem.] Si qua sit hic lacuna (quod suspicatur Vinetus) inter superiorem versum, Valeque quod fît mutuum ; & hunc, quod cum per horas quatuor, intelligendum esse existimo. Satis enim cohaerent hi duo versus : Quod cum per horas quatuor inclinet ad meridiem, supple sol, uel dies : nempè è sex horis, quas veteres quâcunque anni tempestate numerabant ab ortu solis (unde diei sumebant inidum,) usque ad meridiem, totidem à meridie ad occasum ejus numerantes ; quaeque proinde aestate longiores, hyeme breviores : ex aliis, inquam, sex horis antemeridianis jam quatuor erant elapsae, & sol per quintam horam ad meridiem properabat ; quod infra ait his verbis : Quartam jam totus in horam/Sol calet, ad quintam flectitur umbra notam.
32 Eph. p. 98 : Controuersa.] Mallem controversum adverbium, id est, in contrariant partent ; quod & Vineto placet. Caeterum secunda syllaba vocis controversa, quam hîc, & Idyllio cui titulus titulus Nαί καὶ oὐ Πυϴαγορίκον, producit Ausonius ; corripitur à Sidonio Apollinari in Phalaecio carmine epist. II. lib. 8. in voce controversiarum : Nunc flammant Satirae, & tyrannicarum/Declamatio controversiarum.
33 Praef. Ed., p. V : ex iis, quae bona videbantur, laudatis auctoribus, in meas Animadversiones transtuli. Quae mala, & errori ansam praebere poterant, coargui.
34 Eph. 1, 2 (p. 87).
35 Eph. Orat. 20 (p. 91).
36 Eph. Orat. 52 (p. 93).
37 P. ; 550.
38 Eph. 1, 17 (p. 87).
39 Eph. Prec. 80-84 (p-95).
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Devenir roi
Essais sur la littérature adressée au Prince
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2001
L’Éloge du Prince
De l’Antiquité au temps des Lumières
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2003
La collection Ad usum Delphini. Volume II
L’Antiquité au miroir du Grand Siècle
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2005
Des rois au Prince
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