Conclusion
p. 173-178
Texte intégral
1Les mouvements féministes et les féministes ont exprimé leurs revendications dans de nombreux pays depuis des centaines d’années. Lorsque les féministes ont investi les espaces institutionnels, ils n’en ont pas pour autant stoppé les féminismes de terrain, ni la possibilité de porter des discours critiques et radicaux.
2La conférence mondiale de Pékin de 1995 a été le point de départ, mais aussi le point culminant des mobilisations féministes dites de la troisième vague. Cette vague fait suite aux deux précédentes : la première désignant les luttes menées à partir du xixe siècle pour les droits civils et politiques (comme le droit de vote) et la deuxième désignant les mobilisations dans la seconde partie du xxe siècle pour, notamment, le droit à disposer de son corps (contraception, avortement, etc.).
Depuis les années 1990, le féminisme français est allé de pair avec l’émergence et la consolidation d’un féminisme transnational dont l’un des combats principaux a été la lutte contre les inégalités et violences de genre. Cette vague a aussi permis l’apparition et l’utilisation du terme « genre » qui prône une approche plus inclusive et le recours à l’intersectionnalité. Les féministes ont porté l’égalité de genre à l’ordre du jour des agendas étatiques nationaux à travers le monde ainsi qu’au sein de l’ONU.
Depuis les années 2000 cependant, un constat est sans appel : les objectifs ambitieux fixés par la conférence de Pékin et espérés par les féministes n’ont pas été atteints. En outre, des reculs (backlash) et résistances importantes ont vu le jour à travers le monde. Se pose la question de la capacité des États et des institutions internationales à promouvoir réellement l’égalité des genres. Les féministes peuvent aussi sembler divisé.es sur certains débats comme ceux autour de la prostitution et du travail du sexe et des religions par exemple.
Cependant, depuis une dizaine d’années, une nouvelle vague féministe semble voir le jour : celle d’une nouvelle génération radicale et inclusive, qui souhaite se déconstruire, plus largement gagnée à la pensée féministe et ayant recours à divers moyens d’action pour faire entendre la parole féministe, comme les réseaux sociaux, les collages, les manifestations renouvelées dans leurs formes d’expression au sein de Pink Blocks, etc.
Si certains et certaines ont pu parier sur la fin du féminisme, il n’en est rien. Ce dernier s’adapte, évolue et permet continuellement de poser et repenser les enjeux de société de son époque. Le féminisme est ancré dans les luttes présentes et dans celles à venir. Il est un garde-fou contre les mouvements conservateurs et réactionnaires. Il ouvre les possibilités d’imaginer et de construire des sociétés plus égalitaires, où les normes de genre ne seraient plus des carcans oppressants.
L’enjeu reste maintenant de savoir si, et de quelle manière, cette nouvelle vague ambitieuse parviendra à faire avancer efficacement l’égalité de genre, auprès des gouvernements, institutions et sociétés patriarcales, alors que vingt-cinq ans ont déjà passé depuis les engagements non tenus pris à Pékin.
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