Sextus Aurelius Victor
p. 273-280
Texte intégral
1
1– 1681
2– lieu d’édition : Paris
3– imprimeur : Denys Thierry
4– commentateur : Anne Lefèvre.
2
5Voir supra, notice sur Florus, p. 35.
3
PRINCIPALES ÉDITIONS ANTÉRIEURES
6– 1579, André Schott, Anvers, ex officina Christophori Plantini
7– 1588, Frédéric Sylburg, dans Historiae Romanae scriptores Latini minores, tome I, Francfort, apud Andreae Wecheli heredes
8– 1611, Jean Gruter, dans Historiae Augustae scriptores Latini minores, Hanovre, impensis Claudii Marnii heredum
9– 1670, Leyde et Amsterdam, apud Danielem, Abrabamum et Adrianum a Gaasbeck (édition anonyme).
ÉDITIONS D’AURELIUS VICTOR AD USUM DELPHINI
10– 1681, Paris, Denys Thierry
11– 1726, Paris, Barbou. Nova Editio accuratior ; Tabulis denuo elaboratis ornata
12– En 1829 a paru à Londres, dans la collection Ad usum Delphini procurée par A. J. Valpy, une édition d’Aurelius Victor. Le texte et les notes de variantes ne doivent rien à l’édition d’Anne Lefèvre, mais ses interpretationes et ses notes de commentaire sont intégralement reprises de son édition et figurent sous le texte, conformément aux usages de la collection, alors que les autres notes d’éditeurs sont reproduites dans un second volume dont la pagination prolonge celle du premier.
4
TITRE
SEX. AURELII VICTORIS | | HISTORIAE ROMANAE | | COMPENDIUM. | | INTERPRETATIONE ET NOTIS | | ILLUSTRAVIT | | ANNA TANAQUILI FABRI FILIA. | | JUSSU CHRISTIANISSIMI | | REGIS, | | IN USUM SERENISSIMI | | DELPHINI. | | [marque d’imprimeur] | | PARISIIS, | | Apud Dionysium Thierry, viâ jacobæâ, sub signo | | Urbis Lutetiae. | | [filet] | | M.DC.LXXXI. | | CVM PRIVILEGIO REGIS.
FORMAT
13In-4°, pièces liminaires non paginées (feuillets signés alphabétiquement), puis texte et index paginés de à 302.
CONTENU
14Le texte est précédé de 7 pièces liminaires. Celles qui suivent la lettre au Dauphin et la préface Ad lectorem proviennent de l’édition de 1670, à l’exception de la dernière qu’Anne a pris l’initiative d’ajouter :
Serenissimo Delphino s.p.d. Anna Tanaquilli Fabri filia ; lieu et date : Parisiis Prid. Id. Jun. 1681 (aij r° - aiij v°)
Ad lectorem (a [4] r° - eij v°)
Gerardi Joannis Vossii De Historicis Latinis Lib. II Cap. VIII (eiij r°-v°)
JoannesMetellus Sequanus Stephano Pychio s.d.1 (eiij v° - i [1] r°)
De auctore Virorum Illustrium (i [i] r° - i ij v°)
De auctoribus antiquis Virum Illustrium2 (i iij r°-v°)
Voss. De Historicis Latinis Lib. II. Cap. XV (i iij v° - i [4] r°).
15Viennent ensuite les quatre œuvres attribuées à Aurelius Victor, avec les titres suivants, plus ou moins exacts, empruntés aux éditions précédentes3 :
p. 1-25 : Sex. Aurel. Victoris Origogentis Romanae (suivi, p. 26, du Privilège du Roy dans l’exemplaire consulté), récit légendaire des origines jusqu’à la fondation de Rome
p. 27-106 : Sex. Aurel. Victoris De Vtris illustribus urbis Romae liber, série de biographies des rois et des personnages marquants de la période républicaine
p. 107-182 : Sexti Aurelii Historiae abbreviatae, Pars altera : ab Augusto Octaviano, id est, a fine Titi Livii, usque ad consulatum decimum Constantii Augusti, et Juliani Caesaris tertium, plus connues sous le nom de Liber de Caesaribus et résumant l’histoire de l’Empire d’Auguste à Constance II (31 av. J.-C. - 360 après J.-C.)
p. 183-234 : De vita et moribus imperatorum Romanorum excerpta ex libris Sexti Aurelii Victoris, a Caesare Augusto usque ad Theodosium imperatorem, plus connu sous le nom d’Epitome de Caesaribus, et exposant l’histoire des empereurs d’Auguste à Théodose (31 av. J.-C. - 395 après J.-C.).
16Le texte est imprimé avec un retrait négatif à la première ligne de chaque chapitre ou développement, et chaque page comporte une numérotation toutes les 5 lignes. L’interpretatio est très réduite (13 passages assez courts). En revanche, l’annotatio est abondante ; elle est ordonnée en deux colonnes avec appels de note ; elle figure en bas de page, sauf pour le De viris pour lequel elle est à la fois en bas de page et sous chaque biographie lorsque cette dernière est répartie sur deux pages.
17L’Index vocabulorum omnium quae apud Aur. Victorem leguntur occupe les pages 235-302. Dans l’édition de 1726, il est denuo recognitus longeque auctior.
5
18Des quatre œuvres publiées par Anne Lefèvre sous le nom d’Aurelius Victor, seule la troisième est réellement de cet auteur, les autres étant anonymes en dépit des titres qui leur sont donnés dans l’édition. Leur réunion mérite quelques explications.
19Le De viris, qui date très probablement de la première moitié du ive siècle, avait été publié pour la première fois à Rome vers 1470 sous le nom de Pline le Jeune, mais des éditions postérieures en donnent la paternité à Suétone ou à Cornélius Népos. L’édition princeps de l’Epitome de Caesaribus, rédigé au début du ve siècle, parut à Fano en 1504, et l’opuscule fut attribué d’emblée à Aurelius Victor.
20Mais, sans doute peu avant 1577, André Schott put collationner un manuscrit datant du xve siècle, le Pulmannianus (aujourd’hui conservé à la Bibliothèque royale de Bruxelles), contenant un corpus complet d’histoire romaine, le corpus Aurelianum, constitué à la fin du ive siècle. Il comprend trois œuvres : l’Origo gentis Romanae, jusqu’alors inédit et datant du ive siècle ; un De viris plus complet que celui qui était connu ; et le Liber de Caesaribus, également inédit et seule œuvre authentique d’Aurelius Victor, qui l’avait rédigé en 360-361. En 1577, Schott publia à Douai la première édition complète du De viris, puis, en 1579, fit paraître à Anvers, sur les presses de l’illustre Plantin, une édition complète du corpus Aurelianum, auquel il joignit le texte de l’Epitome de Caesaribus, dont l’attribution à Aurelius Victor, incontestée auparavant, était désormais remise en question. Plus tard, en 1609 à Francfort, Schott publia sous le nom de Cornélius Népos une réédition sans changement de l’ Origo, ainsi qu’une nouvelle édition du De viris avec des notes fortement rajeunies.
21Anne s’intéressait particulièrement aux abrégés d’histoire romaine, ce dont témoignent son édition de Florus et, un peu plus tard, celle d’Eutrope. Pour nos quatre œuvres, le grand nombre d’éditions dont elles avaient été l’objet depuis 1579 montrait l’intérêt qu’elles suscitaient et ne pouvait que l’inciter à les publier de nouveau dans la collection Ad usum Delphini. Dans la dédicace au Dauphin, elle souligne que ces opuscules seront utiles à la jeunesse des Gaules (argument qu’elle reprend au début de l’Ad lectorem), et ajoute que le Dauphin lui-même prendra grand plaisir à lire les actions des empereurs et des hommes illustres de Rome, qui de surcroît enrichiront sa culture et fortifieront la sagesse qu’il manifeste déjà.
22À cela s’ajoutent sans doute deux raisons. D’abord, il est possible que ce soit Huet lui-même qui l’ait incitée à entreprendre ce travail. Elle révèle dans son Ad lectorem qu’il s’était intéressé longtemps auparavant aux œuvres placées sous le nom d’Aurelius Victor et les avait étudiées attentivement. Elle déplore que ses travaux aient été perdus, car, dit-elle, ils lui auraient permis d’avoir une opinion plus assurée sur l’identité des auteurs. En outre – mais de ceci elle ne dit rien-, son père, Tanneguy Lefèvre, avait publié à Saumur en 1672, l’année de sa mort, une édition d’Eutrope et du De vins accompagnée de notes sommaires. On peut penser qu’elle a voulu montrer qu’elle était capable de faire au moins aussi bien que lui, et elle y aura réussi, car l’édition de son père n’a guère été marquante4.
23Pour réaliser son travail, Anne dispose d’une excellente édition : celle publiée à Leyde et Amsterdam en 1670. Cette édition, qu’elle ne cite jamais, est anonyme et sans grande originalité, mais n’en est pas moins d’une grande utilité. Elle reproduit avec une fidélité rarement prise en défaut le paratexte, le texte et les notes de Schott, mais de façon beaucoup plus pratique, car les notes sont sous le texte et non rejetées à la fin, et tiennent compte de la rédaction la plus récente que leur avait donnée Schott. C’est par cette édition qu’Anne a pu avoir connaissance des notes de Machaneus pour le De viris et d’Élie Vinet pour l’Epitome, déjà publiées par Schott, ainsi que de celles de Gruter pour les quatre œuvres (1611), que l’éditeur anonyme de 1670 avait ajoutées aux précédentes. Elle donne d’ailleurs le nom de ces commentateurs dans son Ad lectorem. Qu’elle ait bien utilisé l’édition de 1670 explique qu’elle ne cite pas dans cette liste un autre commentateur important, Sylburg (1588). Pourtant, dans ses notes, elle se réfère assez souvent à lui. La raison en est que Gruter fait lui-même état des notes de son prédécesseur, dont de ce fait Anne n’a qu’une connaissance partielle et indirecte.
24Dans son Ad lectorem, Anne s’intéresse avant tout à ce qui préoccupait les érudits depuis 1579 : l’identité des auteurs, et c’est de cela que traitent essentiellement les cinq pièces liminaires qui suivent l’Ad lectorem. Pour les deux premières œuvres, elle n’innove guère par rapport à ses prédécesseurs. Elle estime que l’Origo provient d’Asconius Pedianus, le commentateur des discours de Cicéron, suivant en cela l’opinion de Matai (Metellus) qu’elle reproduit dans les pièces liminaires. Pour le De viris, elle constate après d’autres qu’il a été édité sous les noms les plus divers (Pline, Cornélius Népos, Suétone, Aurelius Victor), et estime à juste titre qu’il ne peut être l’œuvre de Victor, car son style diffère trop de celui du Liber de Caesaribus.
25Beaucoup plus original, en revanche, est son jugement sur les deux derniers opuscules. La question qui se posait alors était de savoir si l’Aurelius Victor, contemporain de Julien l’Apostat et auteur du Liber de Caesaribus, était ou non identique à l’Aurelius Victor ayant vécu du temps de Théodose et auteur de l’Epitome, et si ce dernier n’était pas en fait un anonyme. Son hypothèse est la suivante : le Liber de Caesaribus, œuvre d’Aurelius Victor, était à l’origine plus ample et se terminait avec la vie de Théodose ; mais, peu après, quelqu’un le remania en y introduisant des extraits de Suétone, d’Eutrope et d’Ammien Marcellin, le défigurant ainsi gravement5. Cette thèse n’a guère eu d’écho, mais, à la fin du xixe siècle, en a fait naître une autre qui, au contraire, a obtenu d’emblée un grand succès et conserve aujourd’hui des partisans : nous n’aurions plus l’œuvre originale d’Aurelius Victor ; elle aurait subsisté sous forme d’extraits dans les deux opuscules qui nous sont parvenus, ce qui expliquerait leurs ressemblances pour la vie des empereurs du ier siècle.
26Avec l’édition de 1670, Anne disposait du meilleur texte qu’il était possible d’avoir à son époque. Et pourtant, le texte qu’elle publie est déficient et sensiblement inférieur au modèle. Une étude exhaustive de son édition du Liber de Caesaribus montre que le texte est emprunté, non à cette édition, mais à l’une de ces nombreuses « éditions de poche » regroupant les historiens latins mineurs qui parurent au xviie siècle, spécialement en Hollande6. Tout se passe donc comme si, pour ne pas retarder le travail d’impression, elle avait remis à l’imprimeur une de ces « éditions de poche » et conservé par devers elle l’édition de 1670 pour rédiger ses notes. Sans doute, par la suite, a-t-elle dû corriger le texte ; mais cette révision n’a pu être que rapide et superficielle. C’est le principal défaut de son édition.
27Ce résumé « vraiment en or » de toute l’histoire romaine, dit fièrement Anne, pourra, grâce à son travail, imprégner les tendres esprits des enfants7. Il n’en est que plus remarquable que les quatre textes soient publiés intégralement, sans la moindre coupure. Cela n’allait pas de soi dans une collection où certains éditeurs n’ont pas hésité à en pratiquer lorsqu’ils estimaient qu’il y avait atteinte à la bienséance. Or ici il y aurait eu matière à en faire, par exemple pour les débauches de Cléopâtre, de Néron, d’Élagabal, la prostitution masculine du temps de Philippe l’Arabe ou l’homosexualité de Constant, le plus jeune des fils de Constantin8.
28C’est évidemment à l’annotatio qu’Anne a apporté une attention toute particulière. Dans son Ad lectorem, elle juge que les éminents commentateurs qui l’ont précédée, et dont elle reconnaît les grandes qualités, ont laissé bien des points de côté, qui eussent mérité la lumière de plus érudits qu’elle. Elle estime, cependant, n’avoir négligé aucune explication nécessaire à l’intelligence des textes, notamment pour les jeunes lecteurs, et avoir consacré tous ses soins à l’emendatio. Et de fait, à notre avis, elle a bien satisfait à ses objectifs, pédagogiques autant que scientifiques.
29Sur le plan pédagogique, elle est très attentive à fournir à ses lecteurs les moins avertis toutes les précisions qui soient de nature à mieux leur faire comprendre l’histoire et la société romaines. Elle donne les dates essentielles, notamment pour les consulats. Elle ne manque jamais, dans des notes brèves, de donner tous éclaircissements sur la situation géographique des lieux évoqués. Elle multiplie les explications sur des aspects institutionnels, religieux ou juridiques. Enfin, elle est soucieuse d’éclairer le sens de textes qui ne sont pas toujours faciles à comprendre. Sur ces plans, elle innove souvent par rapport aux éditions antérieures.
30Dans ces conditions, on peut s’étonner que, dans son édition, l’interprétatio au sens strict et formel ait une part aussi congrue : elle ne concerne que 13 passages, dont 11 pour le seul Liber de Caesaribus d’Aurelius Victor qui, de fait, est le plus difficile des quatre textes édités, tant son style est heurté et abrupt. Le paradoxe n’est qu’apparent : l’essentiel de l’interpretatio se trouve en fait dans les notes. Dans 4 des 13 cas, l’interpretatio est même intégralement doublée par une autre paraphrase dans les notes ; dans d’autres cas, certains termes seulement d’un texte donnant lieu à interpretatio sont aussi expliqués dans les notes. En outre, Anne n’hésite pas, dans les notes, à traduire en français des termes ou des expressions difficiles.
31Sur un plan plus scientifique ou critique, Anne est loin de ne tirer parti que des notes de commentaire et des emendationes qu’elle a trouvées dans l’édition de 1670. Ainsi, pour les deux derniers opuscules, qui traitent de la période impériale, elle fait largement appel aux commentaires réputés de Casaubon et de Saumaise sur les écrivains de l’Histoire Auguste9, qui contenaient de nombreuses précisions et références, et qui, de surcroît, proposaient des conjectures susceptibles d’améliorer le texte du Liber de Caesaribus et celui de l’Epitome. D’une façon générale, elle cite ces conjectures en donnant le nom de leur auteur, le cas échéant en les jugeant inutiles ou inopportunes. Elle en propose bien d’autres qui témoignent d’une bonne maîtrise de la critique des textes.
32Dans ses notes, elle a pris le parti de citer largement des textes latins parallèles : Florus et Eutrope évidemment, mais aussi Tite-Live, Cicéron, Suétone, l’Histoire Auguste et bien d’autres. Elle fait de même, mais à une moindre échelle, pour les historiens grecs, en traduction latine souvent accompagnée du texte original. Pour l’Epitome par exemple, elle se réfère souvent à Zosime ; or ce n’est que depuis peu que l’on sait que l’Epitome et Zosime procèdent (le premier directement, le second indirectement) d’une même source perdue, les Annales de Nicomaque Flavien, parues sous le règne de Théodose.
33Les notes d’Anne sont certes loin d’être toujours très originales par rapport à celles des grands commentateurs qui l’ont précédée. Mais elle a souvent le mérite d’être plus claire et d’aller à l’essentiel, voire de dégager la bonne solution à une question qui divisait les érudits.
34Un exemple peut illustrer cette qualité de son commentaire : le lieu de naissance de l’empereur Carus (282-283). La quasi-totalité des historiens anciens, dont le Liber de Caesaribus de Victor, Eutrope et l’Epitome, affirment que Carus est né à Narbonne. Mais Joseph Scaliger, tirant parti de ce que l’Histoire Auguste énumère plusieurs lieux de naissance possibles, mais sans citer Narbonne, émit l’hypothèse selon laquelle Carus était, non un Gaulois, mais un Illyrien originaire d’une ville que, selon lui, le géographe Ptolémée appelle Narbona. Dans leurs commentaires à l’Histoire Auguste, Casaubon constatait que tous les autres historiens se prononçaient pour Narbonne, tandis que Saumaise montrait que la ville illyrienne s’appelait en réalité Narona. Anne connaît ces commentaires et en tire le meilleur parti10 : tout en reprenant l’argumentation de Saumaise sur Narona, elle cite intégralement des vers de Sidoine Apollinaire, que Casaubon n’avait fait que mentionner et dont Saumaise ne parlait même pas, et qui prouvent de façon indiscutable que Carus est bien né à Narbonne. Ce n’est que depuis une trentaine d’années que ce point de vue a été enfin admis, sur la base précisément des vers de Sidoine Apollinaire.
35L’index, que nous avons beaucoup utilisé pour le Liber de Caesaribus dans sa version revue et augmentée de 1726, s’est révélé très complet et exact en général, mais d’un maniement assez peu commode, car il donne la référence aux pages, mais non aux lignes des pages.
6
36Dès 1696, les notes d’Anne ont été publiées de nouveau dans l’édition de Samuel Pitiscus, parue à Utrecht, mais de façon partielle, comme celles des commentateurs antérieurs.
37Le plus important éditeur d’Aurelius Victor au xviiie siècle, Jean Arntzen, dans sa grande édition variorum publiée à Amsterdam et Utrecht en 1733, est sévère avec Anne. Il reproche à Pitiscus de ne pas avoir publié intégralement les notes de Schott et de leur avoir trop souvent préféré celles d’Anne. Il fait grief à cette dernière, ainsi d’ailleurs qu’à André Dacier pour son édition de Festus publiée la même année dans la collection, d’avoir pillé sans vergogne et sans toujours le dire les travaux de leurs prédécesseurs. Le jugement d’Arntzen est excessif, et d’ailleurs en partie contradictoire avec sa propre édition. Car lui-même reproduit largement les notes d’Anne dès lors qu’elles ne font pas double emploi avec celles d’éditeurs précédents.
38Les traducteurs français d’Aurelius Victor au xixe siècle, Caillot et Dubois11, ne s’y sont pas trompés : ils rendent hommage à celle qui les a précédés et s’inspirent largement de ses notes pour les leurs. Plus récemment, à l’âge des éditions critiques, ses conjectures sont largement reproduites et plusieurs d’entre elles ont été reçues dans le texte.
39De fait, le commentaire d’Anne est le seul qui soit paru entre 1611 et 1733 ; il tient bien sa place à côté de ceux de Schott, Sylburg, Gruter et Arntzen, et a sur eux l’avantage d’être en général plus simple et plus abordable, à défaut souvent d’originalité, car il ne s’adresse pas qu’à des érudits, comme Anne elle-même l’avait souhaité. Anne a donc bien servi son auteur. Il n’en est que plus dommage qu’elle n’ait pas porté plus d’attention à l’exactitude des textes qu’elle publiait, principal point sur lequel son édition est en retrait sur celles qui l’ont précédée.
Notes de bas de page
1 Le destinataire est en fait S. Wynants, dit Pighi, dont le nom est estropié par Schott lui-même.
2 Cette pièce et celle qui précède sont présentées anonymement, mais émanent en fait de Schott.
3 Les titres réels de ces quatre opuscules sont les suivants : 1. Origo gentis Romanae ; 2. Liber de viris illustribus urbis Romae ; 3. Aurelii Victoris Historiae abbreuiatae ab Augusto Octauiano, id est a fine Titi Liuii, usque ad consulatum decimum Constantii Augusti et Iuliani Caesaris tertium ; 4. Libellus de uita et moribus imperatorum breuiatus ex libris Sexti Aurelii Victoris a Caesare Augusto usque ad Theodosium.
4 Dans son édition, elle ne se réfère à son père qu’une fois, p. 28, note 2 (De vir. ill., 2, 2) : « Ludos Consualia.] Proprie loquutus est, malim me ita loqui quam dicere ludos Consuales. Pater meus. »
5 Ut vere dicam quod sentio, libellum DE CAESARIBUS auctiorem olim fuisse reor, et Theodosii vitam amplexum. Sed paulo post quum aliquis ejusdem fere aetatis ex hoc libello, et aliis nempe Suetonio, Eutropio, Ammiano, Epitomen, vel in sui ipsius, vel in aliorum usum texisset, ita factum esse ut libellus DE CAESARIBUS paulatim neglectus in manus hominum venerit, et multis mendis inquinatus et parte sui etiam mutilus.
6 Nous avons, pour le même texte, collationné intégralement trois éditions de ces historiens latins mineurs : Anvers, 1615 ; Amsterdam, 1625 ; Leyde, 1632. On y retrouve la plupart des fautes qui déparent le texte d’Anne, sans pour autant qu’on puisse incriminer telle ou telle de ces éditions, très semblables entre elles.
7 Illud studium et eum laborem adhibui, ut tuto gloriari possim hocce totius Historiae Romanae compendio vere aureo puerorum teneras mentes recte jam imbui posse (Ad lectorem).
8 Une édition scolaire du De viris et du Liber de Caesaribus, parue à Poznan en 1822, comporte de telles coupures, qui sont bien matérialisées dans le texte.
9 L’édition des Scriptores Historiae Augustae qu’elle utilise est certainement celle de Saumaise, parue à Paris en 1620. Saumaise a joint à ses propres notes celles que Casaubon avait publiées dans son édition de Paris en 1603.
10 Page 167 de son édition, note 7.
11 Galerie romaine, ou les Hommes illustres de Rome et les Césars, traduits du latin avec des notes par A. Caillot, Paris, 1825 ; Sextus Aurelius Victor[...] Traduction nouvelle par M. N.-A. Dubois, Paris, Panckoucke, 1846.
Auteur
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
La collection Ad usum Delphini. Volume I
L'Antiquité au miroir du Grand Siècle
Catherine Volpilhac-Auger (dir.)
2000
Devenir roi
Essais sur la littérature adressée au Prince
Isabelle Cogitore et Francis Goyet (dir.)
2001
L’Éloge du Prince
De l’Antiquité au temps des Lumières
Isabelle Cogitore et Francis Goyet (dir.)
2003
La collection Ad usum Delphini. Volume II
L’Antiquité au miroir du Grand Siècle
Martine Furno (dir.)
2005
Des rois au Prince
Pratiques du pouvoir monarchique dans l'Orient hellénistique et romain (IVe siècle avant J.-C. - IIe siècle après J.-C.)
Ivana Savalli-Lestrade et Isabelle Cogitore (dir.)
2010
Femmes influentes dans le monde hellénistique et à Rome
IIIe siècle avant J.-C. - Ier après J.-C.
Anne Bielman Sánchez, Isabelle Cogitore et Anne Kolb (dir.)
2016
Femmes influentes dans le monde hellénistique et à Rome
iiie siècle av. J.-C.-ier siècle apr. J.-C.
Isabelle Cogitore, Anne Bielman Sánchez et Anne Kolb (dir.)
2021