Découvrir Venise
De l’entrée dans les lagunes au bassin de Saint-Marc
p. 25-39
Texte intégral
1. L’apparition de la cité
1Découvrir Venise au siècle des Lumières, c’est s’approcher d’une île, de ce fragment d’univers qui ne tire son sens que de la mer qui l’environne. Face à cet espace, à la fois terre isolée au beau milieu des lagunes et prodige de la création et de l’effort des hommes, il nous faut dans un premier temps écouter, comprendre et analyser ce que pouvait être la première impression des voyageurs dans leur approche de la cité ducale, et ce, d’après l’expérience toute particulière que suscite l’arrivée par mer, de l’entrée des lagunes au bassin de Saint-Marc.
« Une cité sortant des eaux » : l’approche par mer de l’archipel vénitien
2« Je brûlais du désir de voir Venise, où j’arrivai la veille de l’Ascension1. » Ainsi exprimée par Louise-Élisabeth Vigée-Lebrun, la célèbre portraitiste de Marie-Antoinette, la perspective d’aborder une ville tant décrite et célèbre dans l’Europe entière pour son faste et sa stupéfiante position « contre-nature » au milieu des eaux n’était pas sans susciter quelque impatience pour les voyageurs en attente du traghetto à la poste de terre ferme de Fusina2, cette gondole qui devait les conduire aux abords de la Cité des Doges. Au départ de Mestre, le traghetto les conduisait de l’arrêt de Canal Salso au canal de la Giudecca. Les villes de Chioggia, près du Lido, et de Malamocco leur permettaient ensuite de jouir du spectacle de la ville depuis la pleine mer et d’entrer dans les lagunes jusqu’au terminal de la Riva degli Schiavoni, située à proximité de la place Saint-Marc. Ménageant une perspective suffisamment frappante sur leur subjectivité, le rythme lent de l’arrivée vers le bassin de Saint-Marc est, au siècle des Lumières, le point de vue3 privilégié dans la découverte de Venise. Mais ce désir commun peut également subir l’influence des outils indispensables que sont les guides de voyage dont les évocations sont alors susceptibles de conduire le regard du visiteur dans sa première rencontre avec Venise.
3Cette première tentative d’aborder la ville par le biais d’une vision d’ensemble lointaine est commune à bien des voyageurs depuis le début du xviiie siècle. Au siècle précédent, Maximilien Misson4 – auteur du guide de référence du voyageur des Lumières parcourant la péninsule, dont l’audience dépasse de beaucoup, pendant les deux premiers tiers du siècle, celle de tous les autres voyages d’Italie imprimés5 – dit apercevoir la cité sortant « au milieu de ces eaux avec trente ou quarante assez grands clochers6 ». Préalablement lus et retenus par les voyageurs avant et pendant le voyage vers Venise, on peut supposer que les termes employés par Misson, mille fois repris par la suite, n’auront de cesse d’influencer les touristes impatients d’apercevoir la ville. De cette image littéraire ainsi élaborée, le lecteur est donc en attente d’une confirmation du caractère surprenant d’un tel spectacle : le désir de voir surgir l’espace insulaire tant attendu s’en trouve accentué. Aussi, Anne-Marie d’Orbessan, qui voyage en Italie de 1749 à 1750, fait-il preuve d’un étonnement manifeste face à ces « bâtiments qui semblent s’élever du sein des eaux7 ». De même, en 1763, François Michel de Rotrou ne cache pas sa surprise à la vue de « cette ville qui sort du milieu de ces eaux avec une multitude de grands clochers et dômes et qui est éloignée de terre de six petits milles8 ».
4Si bon nombre de voyageurs perçoivent et décrivent la ville à travers les codes fournis par la littérature des guides, ou tout simplement en fonction de l’image de la cité qu’ils auraient pu apprécier dans les multiples vedute qui circulaient alors dans l’Europe entière, l’apparition progressive de Venise sous leurs yeux suscite également un certain nombre d’effets d’optique dont certains sont désireux de souligner la singularité. L’éloignement et le mouvement de l’eau génèrent, par exemple, la perte de la stabilité – pour le touriste peu habitué à atteindre une ville en gondole – et rendent troubles les contours de la cité ducale. Cette dernière est ainsi perçue comme une ville flottant à la surface des eaux chez l’abbé Coyer qui pénètre dans le territoire des lagunes au printemps 1764 : « En poursuivant la navigation […], j’ai commencé à découvrir la Cité flotante ; car elle paroit telle dans l’éloignement […]9. » Un an plus tard, en 1765, le chevalier de Jaucourt confirme cette impression à l’article « Venise » de l’Encyclopédie quand il déclare : « De quelques endroits qu’on y aborde, […] l’aspect est toujours également singulier. On commence à l’apercevoir de quelques milles de loin, comme si elle flottoit sur la surface de la mer […]10. » Perdus dans le flou de l’horizon, les repères monumentaux que sont les bâtiments de l’espace de Saint-Marc sont brouillés, comme imperceptibles. Lorsque ses contours se clarifient, Venise s’offre alors à la contemplation des voyageurs sous l’apparence d’une « masse de pierres, qu’on ne distingue pas bien de loin11 ».
5Tout au long de la navigation, la ville se présente donc comme une totalité à découvrir par son apparition progressive. Outre les multiples comparaisons qu’elle provoque, elle devient ici l’archétype du point de vue, premier tableau livré à la contemplation de ceux qui l’abordent. Confrontés directement au surgissement d’une agglomération profondément urbaine, ces derniers se délectent du spectacle d’une ville qui se donne à lire comme un site ouvert à certains endroits et que la mer pénètre de toutes parts. Au terme de la traversée, l’île de la Giudecca, San Giorgio Maggiore et les principaux monuments qui se déploient dans la perspective de la place Saint-Marc constituent pour le voyageur un décor grandiose. Venant clore le jeu de vision spatiale de la ville suscité par cette longue traversée de la lagune, l’arrivée dans le bassin de Saint-Marc laisse à présent la place à la rencontre « concrète » avec la cité.
À Venise en chemin de fer (1846) : une rupture dans l’approche de la ville
6À côté des innombrables témoignages de voyageurs qui, du siècle des Lumières à la première moitié du xixe siècle, ont célébré avec émerveillement l’apparition lointaine de Venise, les auteurs qui visitent la ville dans le deuxième tiers du siècle se trouvent confrontés à une toute nouvelle approche de la ville qui n’est plus par bateau. Nous faisons bien entendu référence à la traversée de la lagune en chemin de fer.
7Le chemin de fer produit, à Venise comme ailleurs, une transformation de l’espace. Si celui-ci marque de son empreinte le paysage, il transforme également la perception des voyageurs. Or, le cas de Venise est, il est vrai, tout particulier. Car cette dernière est une île, née de la mer comme Vénus. Et c’est cette identité de la ville avec l’eau-mère qui semble quelque peu mise à mal par la construction du pont translagunaire en 184612. Reliant la cité anadyomène à la terre ferme, le pont par lequel le raccordement ferroviaire avec Milan est à présent assuré aurait signé la fin de l’insularité de Venise. Tel n’est pourtant pas le sentiment que donne la lecture des récits de voyageurs avant et après ce bouleversement. En effet, ce nouveau moyen d’aborder la ville n’entame en rien le caractère exceptionnel de sa situation au regard de ceux qui la découvrent par le chemin de fer. Ainsi, d’après Alexandre-Auguste de Gallifet, qui séjourne à Venise en 1845, la magie de la Sérénissime opère toujours son charme sur le touriste, et la présence du pont qui la relie désormais au continent ne défigure nullement le paysage lagunaire :
[…] ce pont demeure inaperçu, il n’en résulte que plus de célérité dans le parcours et moins d’embarras pour l’arrivée. Aussitôt descendu du wagon, on se retrouve, comme par le passé, sur le canal de la Giudecca […]13.
8Attentifs à la succession des « portions » de paysages qui défilent sous leurs yeux depuis Padoue, les voyageurs qui expérimentent ce tout nouveau mode de transport vers Venise font preuve d’une impatience qui ne fait que s’accroître à l’approche de la ville. Guettant son apparition soudaine et surprenante depuis les fenêtres de leurs wagons, des voyageurs comme Jules Gazel ont su rendre avec un grand réalisme l’excitation causée par la vitesse de la machine franchissant les lagunes :
De Vérone, le chemin de fer nous avait conduits à Vicence ; nous l’avons repris pour continuer notre trajet vers Venise. […] Nous laissons Padoue à notre droite, nous traversons la Brenta. La végétation devient de plus en plus rare et chétive, l’eau des lagunes commence à envahir les fossés […]. Tout à coup une voix s’écrie : Venezia ! Et chacun de se lever, de mettre la tête aux portières, d’ouvrir de grands yeux. La voilà, […] devant nous la ville enchantée ! […] Cependant, […] emportés par la vapeur, nous dévorons l’espace : en quelques minutes nous sommes au débarcadère14.
9Subitement transporté dans un univers qui lui est profondément étranger, le touriste aborde désormais Venise non plus par le bassin de Saint-Marc et par la Piazzetta mais par le Grand Canal. Cette immersion différente dans la réalité vénitienne implique donc une découverte progressive de la ville qui, peu à peu, se dévoile sous le regard du voyageur au rythme des façades de palais qui défilent sous ses yeux : « Enfin, nous voilà en gondole, lancés dans les rues aquatiques, étonnés de tout ce que nous voyons et de la beauté originale des palais qui bordent le Canal Grande […]15. »
10Toutefois, la vitesse avec laquelle le chemin de fer permet de rejoindre Venise depuis la terre ferme déplaît profondément à certains auteurs. Cela tient, tout d’abord, à la notion d’appréciation du paysage alentour à laquelle étaient jusqu’ici habitués les voyageurs. Dans les diverses pérégrinations qui les amenaient à traverser le territoire italien, ces derniers étaient en contact direct et constant avec la nature. Avec le chemin de fer, les voyageurs ont perdu ce lien immédiat qui les unissait au milieu naturel. Ils ne perçoivent à présent le paysage qu’à travers la médiation du nouvel ensemble machinique. Ensuite, si la vitesse permet un gain de temps considérable, elle a néanmoins pour effet de détruire les étapes intermédiaires, le chemin de fer ne connaissant que le départ et l’arrivée. C’est ce rétrécissement de l’espace et du temps qui engendre la perte des impressions du paysage traversé que pouvait avoir jusqu’ici le voyageur16. L’exemple le plus frappant de ce bouleversement de la perception est donné par les diverses évocations du trajet de Padoue à Venise, qui permettait aux étrangers d’apprécier le délicieux paysage des villas palladiennes le long de la Brenta. Ainsi, M. Henry qui se rend à Venise en 1846 déplore-t-il, pour l’avoir déjà expérimenté lors d’un précédent voyage, l’abandon du transport en burchiello à travers la campagne vénitienne :
[…] les chemins de fer sont commodes ; mais honnis soient-ils lorsqu’ils vous font traverser avec la rapidité de la foudre des campagnes telles que celles du Padouan. — Sans le rail-way actuel, ô voyageurs ! Vous connaîtriez les charmantes rives de la Brenta […]17.
11Mais, plus que cela, c’est bel et bien le fait d’« entrer à Venise sans avoir navigué18 » qui déçoit l’auteur car, désormais, le plaisir de voir apparaître lentement la silhouette de la cité lagunaire est définitivement perdu :
Venise, hélas ! n’est plus une île. Grâce à la vapeur et à quelques centaines d’arches de pierre, l’union est faite avec la terre. — On apprendra un jour à nos neveux qu’on s’embarquait à Mestra et à Fusina, et que ce trajet durait une ou deux heures. Mais aussi, dans ce trajet, quelles jouissances ! — On voyait peu à peu s’approcher cette reine des mers […], dont l’aspect lointain semblait vous attirer… Effets perdus ! C’est déplorable ! — Si je n’avais pas vu Venise avant son pont sur la lagune, je ne m’en consolerais jamais19.
12Impatient de confronter au réel la mémoire culturelle qui en conditionne la perception, Théophile Gautier, qui voyage en Italie en 1850, rapporte dans Italia sa curieuse et décevante arrivée dans Venise à la nuit tombée par le chemin de fer. Le mauvais temps, la pluie et les nuages noirs décrits par l’auteur créent alors une atmosphère digne d’un roman noir et malmènent quelque peu le songe d’une découverte idéale de la cité longtemps espérée, qui s’offrirait aux tout premiers regards du voyageur trônant, fière et brillante au milieu d’une lagune ensoleillée. Le train qui s’enfonce dans la nuit semble au contraire entraîner l’auteur au cœur du merveilleux hoffmannien et du roman gothique anglais. À l’approche du mythe, emporté par une locomotive aux allures de « chariots bibliques dont les roues tourbillonnent comme des flammes », Gautier perçoit Venise comme un mirage exotique :
Jamais nous n’avons éprouvé d’impression plus étrange. […] Le ciel était comme une coupole de basalte rayée de veines fauves. Des deux côtés, la lagune, avec ce noir mouillé plus sombre que l’obscurité même, s’étendait dans l’inconnu. De temps en temps des éclairs blafards secouaient leurs torches sur l’eau […], et le convoi semblait chevaucher à travers le vide comme l’hippogriffe d’un cauchemar […]. Certes, ce n’était pas ainsi que nous avions rêvé notre entrée à Venise ; mais celle-là dépassait en fantastique tout ce que l’imagination de Martinn eût trouvé de mystérieux, de gigantesque et de formidable pour une avenue de Babylone ou de Ninive20.
13Ce voyage dans le noir vers la ville tant désirée est la pire expérience qu’un voyageur puisse vivre. Mais Théophile Gautier n’est pas le seul à regretter ce malheureux « accident de voyage21 » qui ne laisse nullement apprécier le saisissement et le charme uniques que suscite la découverte de cette ville. Dès lors, ce qui constituait pour les voyageurs d’Ancien Régime, comme pour le touriste romantique, le plus beau coup d’œil qui soit au monde se voit réduit à un instant fugace, l’approche soudaine et quelquefois décevante d’une cité offrant au voyageur un visage différent de celui qu’il pouvait apprécier autrefois en y arrivant par mer. Aussi, certains de nos auteurs semblent-ils s’écrier, comme le fera plus tard Thomas Mann, qu’« arriver à Venise par le chemin de fer » c’est bel et bien « entrer dans un palais par la porte de derrière22 ».
2. De la « lecture » du site à la parole : les effets générés par un espace urbain insolite
La textualisation du site ou les modalités du langage
14Venise provoque souvent chez le voyageur qui l’aperçoit pour la première fois une étrange réaction. Si la splendeur de cette ville l’enthousiasme au plus haut point, sa profonde originalité le désarme lorsqu’il s’agit de la décrire. Aussi, même un Vénitien tel que Goldoni se heurte-t-il à ce problème de représentation textuelle lorsqu’il évoque la cité ducale comme une ville « si extraordinaire, qu’il n’est pas possible de s’en former une idée juste sans l’avoir vue23 ». Or, comment s’effectue lors du passage à l’écrit la formation du discours du voyageur encore tout étonné de cette rencontre des plus insolites avec la cité flottante ? Une analyse précise du langage employé par nos auteurs est nécessaire pour déterminer les moyens à travers lesquels ces derniers font part d’expériences visuelles marquantes tout au long de leur parcours.
15Pour restituer son expérience visuelle dans une cité étrangère, le voyageur a souvent recours à un jeu de métaphores, hyperboles ou comparaisons, qui deviennent ses principaux outils pour signifier et exprimer une réalité que les mots ont du mal à décrire. L’un des exemples les plus frappants – dont la fréquence à travers les récits en fait un leitmotiv récurrent – concerne les considérations des voyageurs sur la forme générale de la ville dès son apparition lointaine. Frappés par le surgissement de Venise au-dessus des eaux et par l’omniprésence de l’élément aquatique, nos auteurs usent et abusent de métaphores le plus souvent issues du monde marin pour tenter de la définir. Outre l’image de la ville sortant du fond de la mer et dont les tours « grossissent à mesure que l’on en approche24 », couramment diffusée dans les récits dès le début du siècle, ce que les textes de la seconde moitié du xviiie siècle donnent à voir, c’est bien souvent l’image du navire. L’on en trouve un bon exemple dans la description de Venise que nous donne Jean-Dominique Cassini dans son Manuel de l’étranger qui voyage en Italie25, l’une des sources plébiscitées par les voyageurs de la fin du siècle. Après avoir souligné que sa position au beau milieu des lagunes en fait la « ville la plus curieuse d’Italie », ce dernier a recours à une citation de Giovanni Vincenzo Antonio Ganganelli (1705-1774) – élu pape en 1769 sous le nom de Clément XIV – pour exprimer et communiquer tout son étonnement au lecteur. Et celui-ci de déclarer : « C’est exactement, pour me servir des paroles de Ganganelli, un vaste navire qui se repose tranquillement sur les eaux, et où l’on n’aborde qu’avec des chaloupes26. » En effet, posée sur les flots sans aucune muraille ni protection face au danger que représente le voisinage de peuples étrangers, la ville donne au voyageur l’impression d’un grand navire de pierres en parfaite symbiose avec les eaux qui l’environnent. Or, cette image n’est pas sans nous rappeler que c’est bel et bien par l’omniprésence de ses galères marchandes que ses habitants, un peuple de marins, imposèrent par le passé leur puissance dans toute la Méditerranée et construisirent la réputation glorieuse de Venise, ville du commerce et de l’échange.
16Au siècle suivant, les voyageurs ne font pas moins preuve d’imagination pour rendre compte de l’étrangeté de la cité lagunaire. Outre l’image toute romantique de la ville submergée que nous aurons l’occasion d’analyser plus en détail, l’on peut trouver parmi les récits du commun des voyageurs une réelle volonté d’assimiler Venise à une plante marine. C’est du moins ce qu’avance en 1812 le musicien Auguste-Louis Blondeau pour qui Venise est une « étrange cité qui semble sortir de l’eau comme une touffe de roseaux27 ». Même évocation quelques années plus tard dans le récit du séjour vénitien d’Auguste Brizeux qui s’écrie devant le vieux palais des Foscari : « Venise disparaît comme une plante marine sous les vagues d’où elle était sortie28. » Enfin, la comparaison la plus originale revient très certainement à Antoine-Vincent Arnault29 qui juge la position de la ville si inhabituelle, et son apparition au milieu de l’Adriatique aussi soudaine qu’une « garenne au milieu des plaines de la Beauce ou de la Brie30 ». Par cette métaphore des plus insolites – une garenne étant un lieu boisé où les lapins vivent à l’état sauvage –, l’auteur développe l’idée d’un lieu coupé du monde et vivant en parfaite autarcie.
17Comme en témoignent les divers exemples que nous venons de présenter, la métaphore, tout comme l’image, donne à voir et suppose le travail d’une visualisation du réel. Pour autant, la topographie complexe d’une cité telle que Venise, l’histoire glorieuse dont elle est auréolée et le poids du mythe qui entoure ses origines rendent, bien souvent, impossible toute description de cette « icône » pour les voyageurs. Cet étonnement un peu désorienté à la découverte d’une ville curieuse et unique au monde les place face à l’indicible, autrement dit face à l’impossibilité d’user de moyens lexicaux ou syntaxiques, tout comme des procédés descriptifs, pour rendre compte de leur expérience visuelle. C’est bien cette aporie du discours que l’on rencontre quelquefois dans les pages que Jacques Cambry consacre à Venise. En effet, celui-ci avoue dans certains passages son incapacité à signifier par la parole toute la magnificence du spectacle de cette ville. Ainsi écrit-il, dès son arrivée dans les lagunes, en date du 13 septembre 1788 : « Il est impossible de décrire l’effet qu’à son réveil produit sur le voyageur le premier coup d’œil de Venise31. » Plus loin, alors qu’il tente de décrire le panorama qui s’offre à sa vue du haut du campanile, il reconnaît son impuissance à en rendre parfaitement toute l’étendue et la beauté : « Je m’arrête ; il est impossible de donner une idée de la grandeur, de la richesse, de la majesté des tableaux dont on peut jouir de la haute tour que je vais quitter32. » Mais l’indicible peut aussi s’exprimer par le recours à la citation. Dans le cas de Venise, il pourrait bien se lire comme une figure de l’hyperbole. Aussi, pour évoquer toute la majesté de cette cité à la fondation légendaire, bon nombre d’auteurs de la seconde moitié du xviiie siècle font-il couramment référence aux vers du poète Jacopo Sannazaro (1458-1530) qui célèbre la ville dans ses Élégies latines. C’est notamment ce que fait l’abbé Coyer au tout début de sa première lettre sur Venise lorsqu’il la définit comme la « merveille que le poète Sannazar a chantée dans les beaux vers qu’on n’oubliera jamais ; je n’en cite qu’un. Illam Homines dices: hanc pofuiffe Deos. Les hommes ont bâti Rome, et les dieux Venise33 ». Cette « démission » provisoire du discours par l’insertion soudaine de la citation permet, certes, de donner plus de crédibilité aux propos du voyageur, tout comme de mettre en lumière ses propres références érudites, mais surtout de placer dans les paroles d’autrui tout ce que ressent le témoin fasciné par le spectacle de la cité ducale. Ce même spectacle, aussi impressionnant soit-il sur la subjectivité des voyageurs, a néanmoins la particularité d’être déjà connu de certains des auteurs dont nous allons maintenant présenter les propos. Nous verrons dans quel état d’esprit ces derniers abordent la ville lagunaire dont l’image, si célèbre et si répandue, leur est déjà familière.
Reconnaître le paysage : le rôle de la mémoire
18Voir Venise pour la première fois constitue forcément une expérience inoubliable. Nos voyageurs d’Ancien Régime, tout comme leurs successeurs, ont certes pu être influencés par leur culture, les guides et sources diverses utilisés avant d’entrer dans le territoire de ses lagunes, mais bon nombre d’entre eux ont néanmoins tenté d’y appliquer un regard neuf et une sensibilité sans apprêt. Réussir à percevoir ce qu’il reste de spontané dans leur propos – bien que les récits de voyages imprimés pris en compte dans notre étude soient déjà le résultat d’une « reconstruction » de l’expérience vécue –, c’est là tout l’intérêt de l’analyse précise et attentive de la première impression dans les textes que nous venons d’effectuer. Or, que se passe-t-il lorsque nos auteurs s’y rendent pour la seconde fois, parfois même à des années d’intervalle ? De même, qu’en est-il de ceux qui en connaissent déjà la silhouette et les lieux les plus célèbres, largement diffusés par la gravure et les tableaux, et qui sont sur le point d’y séjourner ? L’image de Venise qu’ils véhiculent dans leur imaginaire se heurte-t-elle à la réalité de leur expérience ou, au contraire, est-elle fidèle à leurs attentes ? Afin de cerner au mieux l’état d’esprit du voyageur qui revient sur ses pas et, surtout, qui se souvient, nous avons choisi dans ce qui suit d’examiner les témoignages de ces auteurs qui, au xixe siècle, ont été confrontés à l’expérience toute particulière du « déjà-vu ».
19Un second voyage met nécessairement en jeu le processus du souvenir34. À Venise, la confrontation avec la réalité, pour le voyageur qui la redécouvre au lendemain de la chute de la République – à l’heure où elle n’est plus, en cette première moitié du siècle, qu’une reine déchue soumise à l’envahisseur étranger – peut s’avérer des plus décevante et parfois même infiniment choquante. C’est le sentiment qu’éprouve le général Laharpe qui se rend à Venise en 1819, soit trente-huit ans après son tout premier séjour. Il fait alors le douloureux constat de l’état de la cité après la chute de l’oligarchie vénitienne :
Je n’avois pas été à Venise depuis trente-huit ans : ce qui m’a d’abord frappé, ç’a été de rencontrer si peu d’embarcations sur le canal qui borde la grande et belle route par laquelle on arrive de Padoue à Zasine [Fusine], en face de Venise. Jadis ce canal étoit couvert de péottes, gondoles et bateaux de toute espèce […], chargés de marchandises ou de voyageurs, et annonçant par leur nombre l’approche d’une capitale florissante. La même différence entre les deux époques étoit aussi sensible en entrant à Venise par le grand canal, que ne couvroient plus comme autrefois d’innombrables gondoles, barques et bateaux35.
20À la gloire passée succèdent la ruine et le déclin, à la riante atmosphère qui régnait autrefois sur le Grand Canal comme sur le canal de la Giudecca succède la désolation. Par sa nouvelle vision de la cité lagunaire, le voyageur paraît en quelque sorte contraint de ranimer un lointain souvenir que le temps a néanmoins gardé vif et éclatant. Aussi fait-il renaître une atmosphère, un décor, celui de la Venise des Lumières. Dès lors, plus que sur le contraste d’une réalité frappante laissant entrevoir dans le regard de l’auteur la décadence actuelle de l’ancienne République, c’est bel et bien sur le rôle de la mémoire qu’il convient ici d’insister. Victimes du temps, les façades délabrées des palais du Grand Canal sont les témoignages marquants d’une réalité cruelle. Le souvenir du xviiie siècle est, quant à lui, trop proche pour que le contraste entre le passé et le présent ne frappe pas la sensibilité du voyageur et ne ranime pas sa mémoire. Face au nouveau visage de la ville, ce dernier reconnaît donc des lambeaux de paysage, mais ce qui renaît immédiatement devant ses yeux, ce sont des images faites d’une harmonie de couleurs et de lumières, fussent-elles cruellement teintées de nostalgie.
21Or, pour apporter un éclairage supplémentaire sur le rôle de la mémoire en voyage, l’on pourrait également s’interroger sur l’emprise particulière qu’eurent les modèles iconographiques sur les visiteurs et sur l’impact de l’image d’une Venise déjà connue par les précieuses vedute gravées ou par la peinture d’artistes, de Canaletto à Bonington, précédant la rencontre physique avec la ville. Comment cette acculturation préalable conditionne-t-elle le processus de la première impression à l’approche de la cité ? Si l’on observe les témoignages des voyageurs de l’époque romantique, l’on s’aperçoit que de nombreux auteurs évoquent ce contact avec l’image d’une Venise diffusée en gravures ou reproduite par le pinceau des védutistes du xviiie siècle en tant que tout premier « souvenir visuel ». Aussi arrivent-ils à Venise en ayant à l’esprit l’image et l’idée d’une ville que le védutisme topographique a mis en forme. Ce n’est que par la prise de contact directe avec la réalité vénitienne que le voyageur peut accomplir les processus de transfert du topos visuel que perpétuent les vedute à sa propre lecture de la cité visitée36. Et bien souvent, l’image déjà familière de la cité lagunaire fait place à la déception. Ainsi, dès son arrivée dans la ville, aux prises avec une réalité qu’il ne soupçonnait pas, le musicien Blondeau ne déclare-t-il pas :
Je sortis pour connaître par moi-même cette ville que tant de récits, de tableaux, de gravures m’avaient rendu si désireux de voir. Sa disposition me parut fort incommode. Les rues […] sont multipliées à l’infini […]. […] Les canaux nombreux qui sillonnent la ville […] exhalent une odeur peu agréable […]37.
22Perdu au sein de ce vaste labyrinthe qu’est Venise, le voyageur peine à en retrouver l’image qu’en ont rendue peintres et graveurs. Pire encore, selon certains, la profusion de tableaux, gravures, dessins et reproductions en tous genres qu’elle a suscitée est telle, qu’elle empêche le commun des voyageurs d’y poser un regard original. C’est ce qu’avance le baron d’Haussez lorsqu’il évoque sa première impression en approchant de la cité lagunaire :
Après une demi-heure de navigation sur un canal fort encaissé, on entre dans les lagunes, et Venise apparaît au milieu des eaux […]. Cette perspective est belle : moins cependant que l’on est convenu de la trouver. On a été tellement circonvenu par des descriptions exagérées de son étrangeté, de sa situation, de ses merveilles, que l’on n’y est plus surpris de rien. Je puis dire que, quoique je visitasse cette ville pour la première fois, je la revoyais, tant elle ressemblait à ce que j’en connaissais par des récits, des tableaux, des dessins, des panoramas. […] Je retrouvais jusqu’au style du Diorama au milieu de ce mouvement sans bruit qui a lieu sur les canaux38.
23Il est intéressant d’observer que, dans ce cas précis, la première découverte de la ville, et par conséquent le premier véritable voyage, se fait par la médiation de la culture livresque et visuelle du voyageur. Tout fonctionne comme si le voyage imaginaire effectué au fil des descriptions ou par la contemplation émerveillée des tableaux et autres images de Venise surpassait le voyage réel. En évoquant par un habile et intéressant effet d’inversion le « Diorama » d’une des vues de Venise qu’il a pu apprécier avant son départ, le baron d’Haussez a bien l’impression de se trouver encore au cœur de ce voyage imaginaire à l’intérieur de la peinture. Et Venise devient, sous ses yeux, pareille à un vaste « paysage-tableau » dont les lumières changeantes sur la lagune rappellent les jeux d’éclairage tout particulier qui donnent vie au spectacle du « Diorama ».
24De même, le témoignage des plus véhéments que Balzac adresse, dans une lettre de 1837, à son amie milanaise la comtesse Clara Maffei nous prouve que les peintres de vedute, pour avoir sans doute trop alimenté le rêve des étrangers, ont annulé l’effet de surprise que tout voyageur doit pourtant ressentir en découvrant Venise. Ne pouvant masquer sa déception, il avoue :
[…] je n’ai pas reçu de Venise l’impression que j’en attendais […] ; la faute en est à ces misérables gravures anglaises […], à ces tableaux de la légion de ces exécrables peintres de genre, lesquels m’ont si souvent montré le Palais ducal, la Piazza et la Piazzetta, […] que je n’avais plus rien à prêter au vrai39.
25Ainsi que le déplore Balzac, l’emprise des modèles iconographiques sur les visiteurs a pour effet de gâcher la première impression sur la ville. De ce fait, pour avoir été préalablement découvert par le biais de la peinture, le paysage perd nécessairement de sa force évocatrice puisque la représentation picturale en a dérobé toute la magie. Cet étrange processus que produit la mémoire, ce « déjà-vu » agissant comme si le paysage vénitien évoquait dans l’esprit des voyageurs une présence antérieure à toute rencontre réelle avec la cité, ne prépare pourtant nullement nos auteurs à la découverte physique du labyrinthe de ses canaux comme des beautés architecturales qu’elle recèle. Il est des impressions que l’expérience unique du promeneur aux prises avec la réalité vénitienne peut seule provoquer.
26En effet, par sa construction, la ville génère une dualité spatiale entre le territoire mi-clos de ses rues étroites et l’ouverture de sa périphérie sur la pleine mer. Quelles sont les réactions des visiteurs du xviiie siècle, partout confrontés à ce particularisme vénitien ? Comment perçoivent-ils ce changement brutal d’espace, de l’extérieur à l’intérieur de la cité ? Nous allons maintenant tenter de cerner au mieux les différents points de vue choisis par les voyageurs pour jouir du spectacle de Venise en observant, tout d’abord, comment s’organise et s’exprime la perception des lieux les plus attractifs de la ville, tels que l’espace de Saint-Marc ou le Grand Canal, puis en nous attachant aux espaces mystérieux que sont les canaux et le labyrinthe des ruelles. Le jeu sur les champs de vision, de l’arrivée à Venise à la perception de sa topographie du haut d’un édifice, nous permettra de comprendre quel type d’approche ont en partage les voyageurs français du xviiie siècle sur le paysage vénitien.
Notes de bas de page
1 L.-É. Vigée-Lebrun, Souvenirs de Mme Louise-Élisabeth Vigée-Lebrun, Paris, H. Fournier, 1835-1837, t. II, p. 163. La célèbre portraitiste fit une escale à Venise en 1792.
2 Arrivant directement de Padoue, les voyageurs rejoignaient Fusina dans un coche d’eau nommé burchiello (voir fig. 2).
3 Ce terme, dont nous verrons qu’il est fréquemment employé par nos auteurs, désigne le point d’où l’on doit considérer un paysage ou un bâtiment pour l’apprécier convenablement.
4 Fils d’un pasteur huguenot, Maximilien Misson est né à Lyon vers le milieu du xviie siècle. À la suite de la révocation de l’édit de Nantes, celui-ci émigre en 1685, par la Hollande, en Angleterre. Il visite l’Italie en 1687 et 1688 en compagnie du comte d’Arran, jeune aristocrate anglais dont il est le précepteur. Sur Misson, voir H. Harder, Le Président de Brosses et le voyage en Italie au xviiie siècle, Genève, Slatkine / Moncalieri, Cirvi, coll. « Bibliothèque du voyage en Italie », n° 5, 1981 (première partie : « Le nouveau voyage d’Italie de F.-M. Misson », p. 23-77).
5 Cependant, même si sa réputation n’est plus à faire auprès des voyageurs de la seconde moitié du siècle, l’œuvre de Misson se voit ensuite surpassée par les guides « encyclopédiques » de l’abbé Richard et de l’astronome Lalande qui se sont proposé de réunir dans un seul et même ouvrage l’ensemble des connaissances que le xviiie siècle possède sur les différents aspects de l’Italie.
6 M. Misson, Nouveau voyage d’Italie fait en l’année 1688, avec un mémoire contenant des avis utiles à ceux qui voudront faire le mesme voyage, Amsterdam, Clousier, 1743, t. I, p. 223. L’ouvrage de Misson connut six rééditions de 1691 à 1743.
7 A.-M. d’Aignan d’Orbessan, Voyage d’Italie, dans Mélanges historiques, critiques de physique, de littérature et de poésie, Paris, Merlin, 1768, t. I, p. 617.
8 F. M. de Rotrou, Voyage d’Italie (1763), édité par G. de Rotrou, Paris, Alteredit, 2001, p. 118.
9 G.-F. Coyer, Voyage d’Italie et de Hollande, Paris, Veuve Duchesne, 1776, t. II, p. 16.
10 Chevalier de Jaucourt, article « Venise », dans Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Neuchâtel, S. Faulche, 1765, t. XVII, p. 5.
11 A. de Rogissart et Havard, Les Délices de l’Italie, contenant une description exacte du pays et des raretez qui s’y trouvent, Amsterdam, P. Morlier, 1743, t. I, p. 74.
12 Voir A. Bernardello, La Prima Ferrovia fra Venezia e Milano: storia della imperial-regia privilegiata strada ferrata ferdinandea lombardo-veneta (1835-1852), Venise, Istituto Veneto di Scienze, Lettere ed Arti, 1996.
13 A. A. de Galliffet, Souvenirs de voyage : promenade en Italie, 1845, Paris, H. Simon Dautreville, 1851, p. 305. À l’époque où l’auteur visite Venise, le pont translagunaire n’est pas encore équipé de sa voie ferrée. De plus, le canal auquel il donne, par erreur, le nom de « Giudecca » n’est autre que le Grand Canal qui traverse la ville de la gare Santa Lucia jusqu’à la Douane de mer.
14 J. Gazel, Lettres sur l’Italie et mélanges littéraires, Limoux, J. Boute, 1853, p. 275-276.
15 Ibid., p. 176.
16 Sur le problème de la mutation du temps et de l’espace causée par le voyage en train, et notamment sur la toute nouvelle perception du paysage qui en résulte, voir W. Schivelbusch, Histoire des voyages en train, Paris, Le Promeneur, 1990, et C. Studeny, L’Invention de la vitesse. France, xviiie-xixe siècle, Paris, Gallimard, 1995.
17 M. Henry, Promenade dans le Nord de l’Italie pendant l’été de 1846, Besançon, J. Bonvallot, 1847, p. 33.
18 Ibid., p. 34.
19 Ibid.
20 T. Gautier, Italia, Paris, V. Lecou, 1852, p. 90.
21 Ibid., p. 91.
22 T. Mann, La Mort à Venise, Paris, Le Livre de Poche, 1997, p. 38 [1re édition originale : 1922].
23 C. Goldoni, Mémoires de Goldoni, pour servir à l’histoire de sa vie, et à celle de son théâtre : précédés d’une notice sur la comédie italienne au xvie siècle, et sur Goldoni, par M. Moreau, Paris, Ponthieu, 1822, t. I, p. 23.
24 A. de Rogissart et Havard, Les Délices de l’Italie…, ouvr. cité, t. I, p. 74.
25 J.-D. Cassini, Manuel de l’étranger qui voyage en Italie, Paris, Veuve Duchesne, 1778.
26 Ibid., p. 141. Bien que Cassini ne nous donne aucune indication quant à l’ouvrage auquel il emprunte cette citation, il est néanmoins fort probable que celle-ci soit extraite des Lettere originali del R. P. Maestro Ganganelli, divenuto Papa sotto il nome di Clemente XIV (Paris, Pissot, 1777, 2 vol.), dans lesquelles Venise est effectivement comparée à un navire (t. I, p. 19). Or, ces lettres n’ont en réalité aucune authenticité puisque la véritable correspondance du pape n’a été publiée qu’en 1837 par Alfred Von Reumont. Nous savons néanmoins que le véritable auteur de ce recueil de lettres n’est autre que le polygraphe français Louis-Antoine de Caraccioli (1719-1803), qui publie en 1776 les Lettres intéressantes du pape Clément XIV (Ganganelli) traduites de l’italien et du latin (Paris, Lottin / Rouen, Bénitier, 1776, 2 vol.), ainsi qu’un bien curieux Voyage de la Raison en Europe dans lequel on trouve une description de Venise assez voisine des propos de Cassini (dans Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques [1772], Amsterdam et Paris, s. n., 39 vol., 1787-1789, t. XXVII, p. 223).
27 A.-L. Blondeau, Voyage d’un musicien en Italie, 1809-1812, Paris, Éditions Mardaga, 1993, p. 407.
28 A. Brizeux, « Fragments d’un livre de voyage – Venise », Revue des Deux Mondes, avril 1833, t. II, p. 58. Ce voyageur se trouve à Venise en 1833.
29 Antoine-Vincent Arnault (1766-1864) rédige ses Souvenirs d’un sexagénaire (Paris, Dufrey, 1833) bien des années après son séjour vénitien de 1797. Royaliste convaincu, un temps exilé, il se lia avec Lucien Bonaparte et le général Leclerc, qui le fit venir à Milan à l’état-major du général en chef. Bonaparte lui confia alors quelques missions en Méditerranée.
30 Ibid., t. III, p. 65.
31 J. Cambry, Voyage pittoresque en Suisse et en Italie, Paris, H. J. Jansen, 1801, t. II, p. 178.
32 Ibid., p. 184.
33 G.-F. Coyer, Voyage d’Italie et de Hollande, ouvr. cité, t. II, p. 16-17.
34 Sur ce point, voir les études réunies par François Moureau dans Le Second Voyage ou le Déjà-vu (Paris, Klincksieck, 1996).
35 F.-C. Laharpe, « Fragments d’un voyage inédit à Venise en 1819, par le général Laharpe », dans Nouvelles annales des voyages, de la géographie et de l’histoire, Paris, Gide fils, 1819, t. III, p. 452.
36 Sur le rôle et l’importance du support iconographique dans la culture visuelle des voyageurs des xviiie et xixe siècles, et dans leur approche des villes italiennes, voir M. A. Fusco, « Il “luogo comune” paesaggistico nelle immagini di massa. Il “topos” tra vedutismo e turismo nei secoli xviii-xix », dans C. De Seta (dir.), Il Paesaggio, vol. 5 de Storia d’Italia, Turin, Einaudi, 1982, p. 764-785.
37 A.-L. Blondeau, Voyage d’un musicien en Italie, ouvr. cité, p. 405.
38 C. Le Mercher de Longpré, baron d’Haussez, Voyage d’un exilé de Londres à Naples et en Sicile, en passant par la Hollande, la Confédération germanique, le Tyrol et l’Italie, Paris, Allardin, 1835, t. I, p. 176.
39 H. de Balzac, Lettre à la comtesse Clara Maffei du 14 mars 1837, citée dans Venise entre les lignes, textes choisis et commentés par É. Schlumberger, H. Demoriane et R. Gouze, Paris, Denoël, 1999, p. 34-35.
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