Résumés des romans de Mary Shelley
p. 127-129
Texte intégral
1Frankenstein; or, The Modern Prometheus [1818] : jeune et ambitieux savant genevois, Victor Frankenstein découvre le secret du « principe de la vie » et décide alors, par une pluvieuse nuit de novembre, de créer un homme. Horrifié par l’apparence monstrueuse de l’être qu’il a créé, Victor rejette sa créature qui n’aura alors de cesse, animée par la vengeance, d’assassiner les proches de son créateur. Désormais seuls au monde, créateur et créature se lancent dans une course-poursuite effrénée qui les mènera au Pôle Nord. Victor y mourra de fatigue tandis que la créature, écrasée de chagrin par la perte de son créateur, annonce au capitaine Walton, dont le récit forme la structure du roman, son désir de mettre fin à ses jours par l’immolation.
2Matilda [1819, publié en 1959] : sur son lit de mort, une jeune femme raconte à un jeune poète épris d’idéal la relation passionnelle et tumultueuse qu’elle a entretenue avec son père après que ce dernier lui a avoué son attirance incestueuse pour elle.
3Valperga; or, the Life and Adventures of Castruccio, Prince of Lucca [1823] : ce roman, qui se situe pendant la guerre entre guelfes et gibelins qui fait rage dans l’Italie médiévale, décrit l’ascension au pouvoir de Castruccio Castacani dei Antelminelli, prince de Lucques et figure historique du quatorzième siècle italien. Mary Shelley crée deux personnages féminins fictifs autour de cette figure masculine : la blonde et rationnelle comtesse florentine Euthanasia dei Aldimari, promise à Castruccio depuis son plus jeune âge, et la brune et passionnée prophétesse Beatrice, originaire de Ferrare, que l’ambitieux Castruccio séduira puis abandonnera tout aussi rapidement pour revenir vers Euthanasia. Alors qu’Euthanasia parviendra à se défaire peu à peu de son attirance pour un homme qui se transforme chaque jour un peu plus en le tyran qu’il deviendra historiquement, Beatrice, aveuglée par sa passion, mourra de folie et de chagrin dans les bras de la belle et chaste comtesse. Condamnée à l’exil en raison de son refus de s’aligner sur les positions politiques de son amour de jeunesse, Euthanasia prendra la mer pour y périr lors d’un naufrage tandis que Castruccio continuera de gravir les marches qui le mèneront au pouvoir – et à la perdition morale.
4The Last Man [1826] : roman d’anticipation qui raconte l’extinction de l’humanité – à l’exception d’un seul homme, Lionel Verney – due à une peste mystérieuse en 2092. Élaboré à partir d’une prophétie de la Sibylle retrouvée dans une grotte à Naples, The Last Man est également un roman à clé puisque ses personnages principaux et les constellations émotionnelles qui les relient font écho à la vie intime de Mary Shelley avant la mort de ses enfants, de son mari et de lord Byron, survenue quant à elle pendant la rédaction du roman. À la nouvelle de cette mort, Mary Shelley se comparera d’ailleurs, dans son journal intime, à ce dernier homme qu’elle a créé.
5The Fortunes of Perkin Warbeck [1830] : ce deuxième roman historique propose une réécriture du destin tragique de Perkin Warbeck, que Mary Shelley identifie comme Richard d’York, et dont les traits physiques et le tempérament flamboyant rappellent beaucoup ceux de Percy Shelley. Mary Shelley crée le personnage féminin fictif de lady Katherine Gordon, épouse dévouée de Richard, qui lui survivra et plaidera, dans les dernières pages du roman, pour une éthique de vie centrée sur le souci de l’anonymat et d’une cellule affective restreinte, par contraste avec les idéaux de grandeur politique qui ont mené son mari à sa perte. Il est difficile de ne pas reconnaître la propre voix de la jeune veuve Mary Shelley dans cette volonté de repli sur soi et de discrétion après la perte de l’être aimé.
6Lodore [1835] : fruit de l’union malheureuse du ténébreux lord Lodore et de sa jeune et frivole épouse Cornelia Santerre, Ethel est enlevée à sa mère par son père dès sa petite enfance. Lord Lodore s’enfuit en Amérique avec sa petite fille qu’il élève dans l’isolement le plus total jusqu’à sa mort, provoquée par un duel, alors qu’Ethel vient d’entrer dans l’adolescence. Placée par son père mourant sous la protection du jeune anglais Edward Villiers, dont elle tombe immédiatement amoureuse, Ethel rentre en Angleterre pour y découvrir qu’elle a une mère, et que cette mère, devenue plus sage avec le temps, se repent de l’avoir laissée à la garde exclusive de son père. Le roman se clôt sur les retrouvailles émues des deux femmes entourées par Edward, Henry Saville (le nouveau mari de Cordelia) et le bébé qu’Ethel vient de mettre au monde ainsi que sur un épilogue aux accents de manifeste féministe au sujet de Fanny Derham, personnage secondaire de l’intrigue et amie proche d’Ethel qui a choisi une vie de célibat et d’étude. Roman d’apprentissage, Lodore appartient également, parce qu’il met en scène des personnages issus de l’aristocratie anglaise, à la catégorie des silver fork novels, très en vogue chez les classes aisées de l’époque.
7Falkner [1837] : alors qu’il est sur le point de se suicider, l’ombrageux Rupert Falkner est sauvé par une petite fille orpheline, Elizabeth Raby, qu’il décide alors d’adopter et d’élever à l’abri des regards. Adolescente, Elizabeth tombe amoureuse du jeune et sensible Gerard Neville, dont la trajectoire est liée à Rupert Falkner par un terrible secret. Une fois le secret découvert et le pardon accordé, les jeunes amants se marieront sous l’œil embué de larmes de Falkner qui ne peut croire au bonheur que la vie semble enfin lui offrir.
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