Quelques règles de rencontrologie
p. 93-103
Texte intégral
Rencontrer Gaïa et les E.T.
1La rencontrologie peut être instrumentalisée : rencontrer les autres en tant que condition de l’action inédite. Aussi bien rencontrer nos inventions que celles des autres. Pour produire de l’inédit, par la rencontre. Pour la rencontre avec l’inédit.
2Qu’importe de rencontrer le vrai des entités. Ce qu’elles sont vaut par ce qu’elles font. Par ce qu’elles transforment. Nous sommes habitués aux transformations, de nous-mêmes, de ce que nous approchons, et la rencontre oblige à la transformation. Nous ne rencontrerons jamais vraiment. Mais se mettre dans l’élan de la rencontre, voilà qui change tout. Voilà ce qui transforme.
3Au sein de la rencontrologie, le pouvoir des anciens penseurs n’est plus intact. Leurs pensées émises sous forme de livres ne nous sont plus utiles en tant que telles, dans l’exercice de notre pensée actuelle. Elles sont souvent paralysées sous l’usage des noms propres utilisés pour dénommer une théorie, un ensemble de concepts, qui ne conviennent pas comme tels, qui doivent être transformés par leurs rencontres. René Descartes n’a pas pensé seul. Son nom est trompeur. Ses pensées furent influentes parce qu’elles fluaient de multiples rencontres. Elles furent discutées, puis confirmées, puis utilisées, toujours transformées par leurs rencontres. Il en est de même pour Charles Darwin, pour Karl Marx, pour Sigmund Freud. Cet exercice de penser par le nom propre cache et masque les collectifs qui les ont générés, utilisés, reçus et mis en action. Les noms cachent les rencontres. Règle de rencontrologie : se méfier des noms propres.
4Puis, il y a ce deuxième problème, celui de l’usage de pensées du passé. Étudier René Descartes en tant que tel, actuellement, est une aberration chronologique. Personne ne le fait. Sa pensée vit des rencontres qu’on lui fait faire, des rencontres auxquelles on s’expose en le lisant. Sa pensée est dépassée en tout. La vie de cette pensée est celle des rencontres qu’elle cause, généralement malgré elle, parce qu’il ne savait pas qui il pourrait rencontrer quatre siècles après sa mort.
5Les penseurs du passé doivent être abductés. Nous devons devenir leurs E.T. Les emmener dans nos soucoupes volantes. Descartes, Darwin, Marx, Freud, ce sont nos Ham à nous. Pas besoin de la NASA. Nous pouvons les envoyer en l’air par nos propres forces. Et écouter ce qu’ils nous disent de leur rencontre, une fois revenus sur Terre.
6Il faut les envoyer en l’air. Ou les saisir, comme un aliment qu’on saisit dans la poêle. On ne les comprend pas, on les saisit. La rencontrologie est l’art des saisies. Nous ne comprendrons rien. Mais au moins, nous serons saisis. Et nous aurons saisi. Nous aurons saisi, parce que nous aurons été saisis.
7Afin de mieux saisir notre époque, imaginons nous mettre à rencontrer l’entité Gaïa. Elle a été inventée par James Lovelock, qui était à un moment chimiste, et développée par Lynn Margulis, qui était plus longuement biologiste, mais aussi moins longuement la femme de Carl Sagan, cet homme connecté à l’Espace, qui a été à l’origine du projet SETI. SETI cherchait des E.T.
8Cela change tout à la perception que nous pouvons avoir des inventions de pensée de Lynn Margulis1. Ham et Betty Hill ne se sont rencontrés durant leur voyage spatial que dans mon imagination. Mais Lynn Margulis et Carl Sagan se sont rencontrés comme mari et femme. Les E.T. et Gaïa s’accouplaient dans leur lit, par études interposées. La biologiste était informée de ces possibilités. Il y a des arrière-fonds. Gaïa, réutilisée et reconceptualisée par Bruno Latour, Gaïa, « une Terre dont le caractère habitable implique et requiert l’activité des vivants qui la peuplent2 », Gaïa née de la rencontre avec cet Espace où certains cherchent des E.T., en vain, tant qu’ils en cherchent des preuves positivistes. Voilà l’une des rencontres dont est née notre ère nouvelle, l’anthropocène.
Qu’est-ce qu’une rencontrologue ?
9La rencontrologue est celle qui cherche à rencontrer des entités hétérodoxes.
10Y a-t-il actuellement des personnes qui effectuent ce type de recherches ?
11Oui. Des éthologues. Des exobiologistes. Des botanistes.
12Il y a actuellement cette expérience de rencontrologie menée par Bruno Latour3. Voici ce qu’elle serait capable de produire en effets, racontée par Isabelle Stengers :
Sur l’agora, en présence d’un public qui est intéressé aussi bien à leur silence qu’à leurs interventions, chacun des belligérants est concerné, doit faire attention à la manière dont la proposition diplomatique et la réponse qui lui est faite l’impliquent ou l’enrôlent. La tolérance ne fonctionne plus, l’ignorance mutuelle n’est plus une option. Une mise en scène de type chorégraphique devrait s’imposer alors, où les protagonistes, habitués à se bousculer ou à se marcher sur les pieds les uns des autres, apprendraient l’art des rencontres, des accordages et des distances.
13Cette proposition de diplomatie de toutes les entités peut s’interpréter comme une entreprise de mise en rencontre. Cette diplomatie est une chorégraphie, une scénographie. Toute rencontre passe par une mise en scène. Le théâtre et la danse sont les alliés des rencontrologues. Faire se rencontrer des spécialistes de différentes disciplines exige de se prémunir de plusieurs possibilités d’erreurs. Celles-ci fournissent autant de règles supplémentaires de rencontrologie :
- une tentative de rencontre ne laisse pas intactes les deux parties ;
- une tentative de rencontre transforme les entités concernées ;
- une tentative de rencontre ne permet en aucun cas de rencontrer le vrai de ce que constituerait l’entité rencontrée ;
- il n’y a pas de vrai dans une rencontre, il n’y a que des rencontres ;
- il faut prendre l’habitude d’être aussi rencontrés, et accepter de ne pas être seulement des rencontreurs ;
- il faut accepter de ne rien comprendre à ce qui se passe, l’important est de saisir et d’être saisi ;
- il faut chercher ce que l’on ne cherche pas ;
- rencontrer, c’est inventer des dispositifs à usages uniques ;
- rencontrer, c’est aussi faire usage de la fiction ;
- rencontrer, c’est accepter de se transformer.
14La rencontrologue n’est ni une spécialiste ni une professionnelle. Elle ne détient pas un savoir certain et institué. Elle est rencontrologue4 dès lors qu’elle a pris l’habitude d’énoncés étranges. Ses conceptions sont ouvertes, et sa manière de définir les termes qu’elle utilise n’est jamais exclusive. Cette ouverture impose un flou et une confusion, qui obligent à penser avec des paradoxes, avec des contradictions. Mais aussi avec ses propres problèmes psychologiques, avec sa gêne, avec son trouble. Le vocabulaire, les définitions, la rencontrologue s’y confrontent d’autant plus qu’elle ne sait pas bien ce qu’elle dit, ce qu’elle fait, ce qu’elle cherche, ce qu’elle tente de rencontrer. Le flou des définitions est une grande chance donnée aux autres, à ce qui n’est pas soi à ce qui n’est pas de son propre usage, à ce qu’il serait important de rencontrer.
15Être rencontrologue, c’est s’habituer à autant d’incertitudes. Longtemps, ce régime d’incertitudes maximales fut pris en charge par la métaphysique, qui était un bon moyen de dénier activement les incertitudes en question. Le métaphysicien était alors celui qui faisait avec, qui faisait face. Mais, gavés de sciences que nous sommes, et de toute cette matière dont nous cherchons à expliquer rationnellement l’organisation et l’ordre, nous voyons le physique apparaître partout, au point d’être en surnombre. Surphysique me semble plus juste et plus adéquat que métaphysique, utilisé en des temps anciens où nous ne savions que peu. Cette surphysique provoque un vertige. Et ce vertige surphysique est ce à quoi la rencontrologue est confrontée. C’est son trouble.
16Apprendre à nommer au plus juste, en saisissant le surnombre par le jeu du flou et de la confusion, voilà l’effort de la rencontrologie pour faire exister. Le chien Cayenne Pepper, compagnon de l’humaine Donna Haraway5, plutôt que l’animal. Se méfier du nom de René Descartes. Se laisser inspirer par le nom de Cayenne Pepper. La rencontrologie tient dans cette tension.
17Nous rencontrerons toujours avec nos émotions : ce sont elles qui nous feront confondre. Il faut accepter la confusion et la transformation de nos émotions par celles de nos conceptions. Ainsi nous ferons théorie avec nos nouvelles émotions. Le vertige surphysique est d’abord cela, une émotion. On peut avoir des émotions pour René Descartes, lorsqu’il théorise les émotions. On peut facilement avoir des émotions pour Cayenne Pepper, ou pour un ours, ou pour un chimpanzé, ou pour les furtifs. Qui d’entre nous peut avoir des émotions pour les E.T. ?
18La rencontrologue formule des énoncés non-conformes. Elle a des intuitions. À force d’utiliser sa pensée de cette manière, il en émane des propositions qu’elle a du mal à prouver par la logique raisonnable. La rencontrologue, afin de constituer des énoncés convaincants, préfère parfois user d’une logique déraisonnable. Elle aime constater à quel point ses énoncés sont non-conformes6.
19Qu’est-ce qu’engage cette manière de procéder ainsi dans l’exercice de la pensée ? Si tout est confus, flou et trouble jusqu’aux définitions, on pourrait se dire que tout cela n’engage à rien. Et que ce ne sera doté d’aucun effet. Or, bien au contraire, cela engage en tout ! Et la rencontrologue sera celle capable de s’engager jusqu’au point de la transformation.
20Car la grande motivation de la rencontre, de faire rencontre, c’est la transformation.
21Et la transformation entraîne toujours bien d’autres que soi. L’entourage doit faire avec la transformation de celui qui est transformé ou qui se transforme.
22Si l’on ne se transforme pas, peut-il y avoir rencontre ? La chamane se chamanise sans cesse. Elle n’est pas chamane. Elle n’est chamane que parce qu’elle se transforme. Que parce qu’elle devient un être hybride. Que parce qu’elle transforme son hybridation. Sans ces transformations d’hybridations, elle ne pourrait pas se compromettre dans ce qu’elle fait. Elle ne pourrait pas rencontrer. Nous ne pouvons pas rester intacts pour rencontrer. Il faut un minimum se compromettre.
23Mais alors, s’il y a transformation et hybridation, y a-t-il encore des rencontreurs et de rencontrés ?
Rencontrologie décoloniale
24Toutes les rencontres ne sont en effet pas nées égales. Il y a des rencontrologies impérialistes, coloniales, dominatrices. Ce sont les rencontrologies conçues par les rencontreurs. Règle pour une rencontrologie non coloniale : cultiver ce qui inverse notre propension à être les rencontreurs et pas les rencontrés.
25C’est cette inversion, pour les H.M.O. que nous étions encore au xxe siècle, qui est fondamentalement nouvelle avec le phénomène OVNI et les personnes qui disent avoir rencontré des E.T. Betty Hill et les abductés, ce sont des rencontrés et pas des rencontreurs. En cela, ils sont identiques à ceux qui, à la même époque, dans les années 1960, étaient encore appelés les primitifs. Les peuples primitifs étaient des rencontrés.
26Il y a inversion et je crois que personne n’a perçu cette nouveauté. Et peut-être que le déni ambiant de l’époque était dû à cette inversion, le rencontré n’a pas le beau rôle. Le point de vue psychologique du rencontré, voici qui va pouvoir nous être utile.
27Nous vivions jusqu’alors, et nous continuons largement à vivre depuis, dans le déni ambiant de cette hiérarchie implicite, où le rencontré n’a pas le beau rôle. Inverser cette hiérarchie, et adopter le point de vue du rencontré, voici la règle de la rencontrologie non coloniale.
28Est-ce qu’il y a des récits de rencontrés, en dehors de ceux des abductés ? L’ours est un rencontré. Les furtifs sont des rencontrés. Ils n’écrivent pas leur récit de la rencontre. Des récits émis par les rencontrés eux-mêmes, avec leurs propres moyens d’expression, qui pourraient être compréhensibles par les rencontreurs ? Voilà qui est bien rare. Encore plus si ce sont des récits inscrits et imprimés, écrits par des rencontrés. C’est très limité. C’est limité aux seuls humains. Or, des humains qui ont été rencontrés, il n’y en a que deux types, on l’a vu. Les peuples autochtones, certains membres de ces groupes. Et les personnes qui disent avoir été rencontrées par des E.T. Donc, des récits ethnographiques du point de vue des autochtones, et des récits ufologiques du point de vue des abductés.
29Voilà la transformation et l’hybridation qui font le défi de la rencontrologie non coloniale : égaliser les rapports entre rencontreurs et rencontrés, sans pour autant effacer toute différence entre eux, ce qui serait impossible et abolirait toute rencontre.
30Le rencontrologue ne dispose pas d’autorité en soi, car il sait qu’il peut se transformer7. Et encore moins lorsqu’il favorise la position du rencontré, contre la domination possible du rencontreur. De quelle autorité serait doté quelqu’un qui serait prêt à se transformer ? Un transformable ne serait jamais certain de son identité, donc de son autorité. S’il se transforme, alors sa position dans le monde également. Il emporte sa position du monde avec sa transformation. Comment prendre au sérieux une telle personne ? C’est précisément et justement parce qu’il y a cette possibilité de la transformation, qui est en même temps une impossibilité de l’autorité, qu’il est permis de la prendre au plus grand sérieux !
31Surtout quand le rencontrologue se transforme en une rencontrologue minoritaire.
32La transformation est toujours un risque inédit, dont on ne peut pas prévoir les effets. Le risque de la transformation est ce qui est demandé à la rencontrologue. Elle est dotée par là d’un savoir peu certain, pas autoritaire, mais obligatoire afin de chercher un tant soit peu ce qui se passe ici au juste. Ceux qui se refusent à ce risque, incompatible avec l’autorité, s’interdisent toute rencontre. Il est alors permis de douter de leur sérieux. Revendiquer une autorité en tant que rencontrologue, c’est n’être pas sérieux.
33Mais se pose alors le problème même de l’usage de la transformation, car l’entité qui se transforme ainsi pour effectuer une rencontre n’est plus la même qu’elle était. De ne plus être l’entité de départ, de ne pas pouvoir rester la même, voici qui va encore faire confondre. La confusion est une condition de la transformation. D’où son rôle central en rencontrologie.
34Accepter la transformation, de soi, de l’autre, et des deux ainsi formés de cette rencontre. Accepter un possible nous, une personne collective. C’est accepter aussi de ne plus être soi. C’est consentir à n’être plus un seul.
La rencontrologie, c’est extra !
35La rencontrologue, à force de tenter de rencontrer, de chercher à en prendre un peu l’habitude, conçoit avec beaucoup de prudence les certitudes de ses conceptions de départ. Elle apprend à s’étonner de toutes les possibilités de chacune des entités. Elle ne cesse alors de chercher à se décentrer. Se décentrer de soi. Se décentrer de l’Humain. Se décentrer du Moderne. Se décentrer de l’Occidental. Se décentrer de la Terre. Telle est la transformation rencontrologique : moins devenir trans que devenir extra. Extra-soi. Extra-humain. Extra-moderne. Extra-occidental. Extra-terrestre. Juste extra. La rencontrologie, c’est extra.
36Être extra, c’est être au clair avec sa position du monde. C’est admettre d’en être extra. Cela exige de très souvent formuler sa position, qui ne cessera de se modifier. On ne cesse d’être extra à des quantités de choses, parfois les plus diverses entre elles. La rencontrologue accepte toutes les positions du monde, pourvu qu’elles soient extra. Et elle les conçoit comme pouvant exister à l’égale des siennes, en mieux : ce sont elles qui sont extra. Elles sont extra parce qu’elles résultent de rencontres.
37La rencontrologie est donc nécessairement extra-autoritaire. Le propre des savoirs disciplinaires est de se constituer en retirant l’autorité, sur les problèmes qu’elles abordent, à toutes les personnes et à toutes les entités qui n’utilisent pas leurs méthodes. À toutes celles et tous ceux qui se trouvent dans une position extra-autoritaire. Nier l’autorité de la pensée par exclusion de la méthode. C’est ce qui s’est passé jusqu’à récemment pour les peuples rencontrés par les H.M.O. Mais aussi curieusement, parmi les H.M.O., pour les personnes aux savoirs différents, ou bien rencontrant des phénomènes considérés comme étranges. De ce point de vue, les abductés rencontrés par des E.T. sont les plus extra-autoritaires de tous. Rien ni nul de plus extra qu’eux.
38Nier l’autorité8. Pour se transformer en extra, la rencontrologue va devoir nier son autorité. Et ainsi elle peut se laisser aller, elle peut se laisser faire, elle peut se laisser rencontrer. Et peut-être ne pas chercher la connaissance pour la connaissance, mais la connaissance de ce que produit la rencontre en elle et en sa position du monde.
39La rencontrologue prendrait pour point de départ de ses conceptions le point d’arrivée d’Isabelle Stengers9. La philosophe restitue la parole d’un Indien Omaha qui s’entretient avec un bloc de pierre. S’ensuit une réflexion terriblement troublante, propre à modifier nos conceptions et notre position du monde :
Il ne s’agit pas du triste relativisme de « chacun son mode de pensée », un relativisme sans effort […]. Il s’agit de reconnaître à l’Indien le pouvoir de nous situer. Et ce pouvoir n’est pas celui de nous faire reconnaître qu’il sait « mieux que nous » ce qu’est « vraiment » un bloc de pierre […]. Et c’est en effet là peut-être la version tentaculaire de la question, celle qui nous touche et peut nous forcer à penser ; qu’est-ce qui nous prend ? Qu’est-ce qui nous a pris ? Quelle pensée nous fait penser les pensées des autres sur un mode qui fait de nous les maîtres du sens à attribuer à notre expérience et à la leur ? Qu’est-ce qui donne à nos idées ce pouvoir furieux ? Qu’est-ce qui nous a pris10 ?
40Méfions-nous de nos anciennes séparations.
réel = vrai / imaginé = illusion
culture = humain / nature = animal et plante
41Ce sont des nuisances conceptuelles.
42La rencontrologue se défait de ces anciennes conceptions. Elle désapprend à poser cette terrible question qui nous a tant empêchés : est-ce vrai ou est-ce une illusion11 ?
43La rencontrologue se situe dans le monde, mais hors de ces questions et de ces habitudes. Elle est en position d’extra, avec toute la précarité à laquelle sont exposés les extras par rapport aux titulaires institutionnels. La rencontrologie est extra-institutionnelle.
Notes de bas de page
1 Il faut commencer à concevoir l’importance de ses inventions théoriques, une autre histoire des vivants dont la logique aurait plutôt été faite de partenariats symbiotiques, de coopérations et non pas de luttes.
2 Isabelle Stengers, Réactiver le sens commun, lecture de Whitehead en temps de débâcle, Paris, Les Empêcheurs de penser en rond, 2020, p. 110.
3 Elle est expliquée de manière claire par Isabelle Stengers, Réactiver le sens commun, p. 115-121.
4 Une rencontrologue peut tout aussi bien être un rencontrologue, et aussi l’entre deux et les possibilités nouvelles des genres et des sexes.
5 Donna Haraway, Manifeste des espèces compagnes, Paris, Climats, 2018.
6 Voir Isabelle Stengers, ouvr. cit., p. 160.
7 Le penseur Emanuele Coccia peut nous aider à connaître ce type d’effets, surtout par son livre : Emanuele Coccia, Métamorphoses, Paris, Rivages, 2020.
8 Expression utilisée par Isabelle Stengers notamment : Isabelle Stengers, Réactiver le sens commun, p. 181. Ce passage est essentiel pour sentir de quoi se saisirait au juste la rencontrologue vis-à-vis de l’autre : « Se laisser toucher n’est pas, surtout pas, tenter de se métamorphoser en Indien, mais de tenter de conférer à l’Indien le pouvoir de nous situer. »
9 Isabelle Stengers, Ibid., p. 178-186.
10 Le fictionnaire, le professeur de psychologie prédifictionnelle, le rencontrologue étant des figures amateurs, non professionnelles, non instituées, sans cesse il y a eu cette question, « pour qui te prends-tu ? ». Cette question, je l’ai ressentie durement, elle m’a affecté. Pour qui te prends-tu ? Retirer de la légitimité à ce qui déjà se sentait ne pas en avoir. Autant s’efforcer de ne pas en revendiquer.
11 Et pour le phénomène UFO, cette question a particulièrement été nuisible afin d’envisager au mieux ce qui se passait au juste. C’était assigner les personnes qui disaient à une délégitimation. Elles ne pouvaient, alors, qu’avoir un problème de vocabulaire, elles ne pouvaient pas bien dire puisque la question posée était inadmissible.
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