Introduction
p. 9-17
Texte intégral
1« Tous les grands hommes de lettres sont des marcheurs enthousiastes », s’exclame le philosophe Leslie Stephen dans son « Éloge de la marche » (1902). Enchanté par sa propre expérience, il présente même la « pratique renouvelée de la marche » à la fin du dix-huitième siècle comme le facteur principal du renouveau de la poésie anglaise1. Si ces propos méritent d’être nuancés parce qu’ils suggèrent une conception réductrice de la création artistique, ils mettent néanmoins en lumière un phénomène bien réel : la place centrale de la marche dans l’expérience de nombreux artistes de l’époque. Thomas Gray et William Bowles, qui tracèrent notamment la voie au romantisme, appréciaient effectivement de partir à pied à la découverte de sites pittoresques. En renforçant leur sensibilité esthétique, ces promenades leur permirent de développer un certain sentiment du paysage, à l’origine du souffle nouveau traversant leurs descriptions méditatives de la nature. Les romantiques, qui portèrent ce mouvement naissant à son comble, appréciaient tout particulièrement les promenades et excursions qui les plongeaient au cœur même de la nature. William Wordsworth et Samuel Taylor Coleridge étaient ainsi des marcheurs émérites : ils accomplirent de véritables exploits dans leur jeunesse et continuèrent à pratiquer, tout au long de leur vie, une activité qui leur était particulièrement chère. La marche était d’ailleurs intimement liée à leur travail créateur et l’on peut affirmer avec Jonathan Bate qu’ils « étaient des poètes marcheurs (walking poets) tout autant qu’ils étaient des poètes de l’imagination2 » – deux dimensions à notre sens connexes. Cette passion des écrivains pour la marche se retrouve, à un degré moindre, à la génération suivante : Thomas de Quincey en était un fervent adepte, John Keats s’y adonnait dès qu’il en avait la possibilité et John Clare y puisait une grande partie de son inspiration.
2 Assez banale de nos jours, la marche par choix et par plaisir, telle que la pratiquaient ces poètes, n’allait toutefois pas de soi à l’époque. Les années couvrant la fin du dix-huitième et le début du dix-neuvième siècle constituèrent, en effet, une période charnière dans l’histoire de ses valeurs et de ses représentations, car elle perdit alors ses connotations séculaires de pauvreté et de criminalité pour devenir une activité de loisir de plus en plus prisée. Parmi les premiers marcheurs se trouvaient bon nombre d’étudiants d’Oxford ou de Cambridge qui, en raison de sa simplicité primitive et de sa grande souplesse, avaient érigé ce mode de déplacement en symbole de liberté ; ils envisageaient ainsi leurs expéditions pédestres comme des moyens d’affirmer leur identité en dehors des cadres sociaux conventionnels. Ces pionniers étaient, en outre, souvent des amoureux de la nature, qui chérissaient leurs promenades pour le contact direct qu’elles offraient avec la chair de l’univers.
3Favorisant une profonde immersion dans la nature, la marche enrichit, en effet, l’expérience, car elle décuple les sensations et avive les émotions, notamment esthétiques. Elle a ainsi le pouvoir de renouveler la perception et de devenir l’instrument d’une « re-découverte » de la nature, dont elle permet une vision radicalement différente – plus spontanée, plus personnelle et sans doute moins tributaire des cadres ou des pratiques esthétiques dominantes. Or ce nouveau rapport au monde et à l’espace va de pair avec un nouveau rapport à soi et au temps ; la marche définit donc une sensibilité, mais aussi une subjectivité particulières. Enrichissante pour tout homme, elle l’est plus encore pour le poète car, comme l’a clairement souligné John Keats dans une lettre rédigée au cours de son voyage en Écosse de 1818, elle contribue au développement des facultés essentielles à son art en aidant au mûrissement de son esprit :
Je ne me serai pas accordé ces quatre mois de marche dans les Highlands si je n’avais cru par là élargir mon expérience, effacer plus de préjugés, m’habituer davantage aux rigueurs, appréhender de plus beaux paysages, me rassasier de Montagnes plus grandioses et étendre plus vigoureusement la portée de ma Poésie, qu’en restant chez moi parmi mes Livres fût-ce avec Homère à la main.3
4 Étant donné la spécificité de l’expérience de la marche comme loisir, il n’est guère étonnant qu’au moment de son émergence, elle ait ouvert un champ nouveau dans l’espace littéraire, d’autant plus que celui-ci avait été longtemps dominé par la poésie satirique et spirituelle, d’inspiration foncièrement urbaine, de la période classique (« the Augustan Age »). Vers la fin du dix-huitième siècle, la nature et le moi devinrent donc les sujets privilégiés des explorations poétiques ; ce renouveau thématique eut inévitablement son pendant au niveau formel car les artistes s’efforcèrent d’inventer une écriture capable de rendre, dans toutes ses nuances, le mouvement d’une pensée continue et sinueuse, reflet des méditations favorisées par la marche.
5Ces rapides considérations font apparaître la marche comme un point nodal où s’entrecroisent les thèmes favoris et les problèmes fondamentaux des écrivains romantiques, de William Wordsworth tout particulièrement. La choisir comme angle d’attaque pour étudier ce dernier permet une approche transversale de sa vie et de son œuvre, capable d’apporter d’intéressantes intuitions sur l’acte créateur, justement situé à l’articulation des deux. La marche offre, en outre, la possibilité d’aborder de manière originale, chez ce poète épris de nature et de paysages, les questions esthétiques et la problématique de la représentation. Or, à ce jour, aucune réflexion systématique sur ses implications n’a été menée. Les quelques ouvrages abordant le sujet ne s’attachent généralement pas au phénomène dans son ensemble, mais visent à en éclairer un ou plusieurs aspects précis4.
6Dans Wordsworth’s Poetry, 1787-1814 (1964), Geoffrey Hartman étudie la figure du « halted traveller » (ou voyageur arrêté), récurrente dans les poèmes de Wordsworth. Il analyse donc principalement la représentation d’un moment particulier de la marche, celui de l’arrêt du mouvement, qu’il interprète comme le signe d’une expérience visionnaire mettant en jeu la faculté suprême de l’imagination. Par ailleurs, dans sa lecture des vers du livre VI du Prélude consacrés à la descente des gorges du Gondo, il souligne le jeu d’interaction complexe existant entre la marche et l’écriture : « Le chemin est le chant. Mais le chant s’efforce souvent de devenir le chemin. Et lorsque cela arrive, […] le chemin est perdu5. » Si elles ne concernent que la marche en représentation dans le texte, les remarques de Hartman offrent cependant des pistes fort intéressantes.
7John Elder consacre pour sa part quelques pages stimulantes de son livre Imagining the Earth : Poetry and the Vision of Nature6 (1985) à la manière dont la marche – symbole d’unité capable de réconcilier des réalités apparemment antithétiques, telles l’imagination et la nature ou le passé et le présent – aidait Wordsworth à résoudre ses questions existentielles. Dans The Walk : Notes on a Romantic Image (1989), Jeffrey Robinson part quant à lui de l’idée que « la marche met en lumière le drame de la confrontation entre un monde intérieur et un monde extérieur, qui sont liés l’un à l’autre à des degrés de compatibilité variés7 » pour étudier les approches de différents auteurs ; il n’évoque Wordsworth que de manière succincte au chapitre III, intitulé : « Se libérer du fardeau : la marche et le moi ».
8Dans Walking, Literature and English Culture : The Origins and Uses of the Peripatetic in the Nineteenth Century (1993), Anne Wallace adopte un point de vue néo-historiciste. Elle analyse dans un premier temps les changements matériels qui, au tournant du dix-neuvième siècle, contribuèrent à une nouvelle interprétation de la marche, insistant tout particulièrement sur la révolution des transports et l’accélération des enclosures. Dans l’examen qu’elle fait ensuite de quelques textes du dix-huitième siècle ayant trait à la marche, elle se concentre sur la manière dont est représenté le passage d’un lieu à l’autre, se servant de ce critère pour juger de la qualité des œuvres. Ce rapide panorama poétique la conduit à distinguer Wordsworth, pour avoir le premier offert une représentation fidèle de l’activité pédestre. Elle étudie alors quelques-uns de ses poèmes à la lumière de la tradition géorgique instaurée par Virgile et, de ses interprétations, tire l’idée que l’excursion remplit désormais le rôle autrefois dévolu à l’agriculture, à savoir qu’elle est le travail de culture par excellence. Elle définit ainsi, à partir de l’œuvre de Wordsworth, un nouveau genre : « the peripatetic8 », dont elle suit le développement au dix-neuvième siècle. L’ouvrage de Wallace offre des informations (historiques ou culturelles) et des intuitions intéressantes, mais son analyse possède néanmoins des limites. De fait, en attribuant des raisons avant tout matérielles à la transformation de la marche en activité de loisir, elle néglige par trop la spécificité de l’expérience pédestre et omet ainsi un élément crucial : le facteur psychologique, qui s’articule autour de trois points principaux, à savoir le désir de liberté, la volonté de s’affirmer et la recherche d’un rapport plus direct au monde. Son optique spécifique – présenter l’excursion comme un travail de culture – la conduit en outre à ne quasiment pas évoquer Le Prélude ; l’idée, pourtant essentielle chez Wordsworth, de la marche comme instrument de construction de l’être est donc absente de son étude.
9Centré sur le motif de l’errance, Wordsworthian Errancies. The Poetics of Dismemberment (1994) de David Collings propose une lecture originale de l’œuvre de Wordsworth, qui prend le contre-pied des interprétations plus communément avancées. L’auteur y montre comment, par le biais des solitaires errants peuplant son œuvre, le poète explore le territoire ambigu de l’imaginaire, qui apparaît soumis à la troublante indétermination de l’hyperbole9 et est souvent dévoilé par la rencontre inattendue de l’un des personnages avec son double spectral. Il découvre ainsi un espace foncièrement autre qui révèle le moi profond (dans ses failles et dans ses excès), mais aussi le vrai visage de la culture, à savoir sa violence originaire. Envisageant essentiellement Wordsworth comme « le poète des tornades, de l’errance, des histoires noires » (p. 36), Collings en étudie un aspect souvent négligé et souligne, ce faisant, sa modernité. Si certaines de ses analyses sont stimulantes, d’autres peuvent néanmoins paraître aussi « extra-vagantes » que les passages qu’il examine. Quoi qu’il en soit, son approche est bien différente de la nôtre, ne serait-ce que parce qu’elle est centrée sur l’errance – une modalité très spécifique du déplacement, qui paraît même constituer une entité opposée à la marche telle que Wordsworth semblait surtout la concevoir, c’est-à-dire en termes d’itinéraire ou de trajectoire lui permettant de situer et de fixer non seulement les choses, mais aussi son être. Ainsi, là où Collings met en valeur la dislocation du sujet, nous voudrions pour notre part insister sur la quête, centrale chez le poète, de l’unité et de la continuité de son identité. L’ouvrage de Collings a cependant le mérite de rappeler que l’absence et le manque se glissent toujours au cœur de la plénitude désirée ; la quête de soi se fait donc toujours sur fond d’errance.
10Dans Romantic Vagrancy. Wordsworth and the Simulation of Freedom10 (1995), Celeste Langan, textes et théories marxistes à l’appui, offre elle aussi une lecture originale – mais parfois très absconse – de l’œuvre de Wordsworth, à partir de la figure du vagabond. Ayant posé que les déplacements du vagabond imitent la circulation du capital à l’intérieur du système capitaliste, Langan souligne une autre analogie récurrente, celle qui existe entre le poète cherchant des matériaux pour les transformer dans son art et les mendiants nécessiteux rencontrés au cours de ses promenades ; elle déduit alors de ce parallèle que littérature et vagabondage sont tous deux caractérisés par la liberté négative (« freedom from ») présente à la base du libéralisme. Elle développe, en outre, l’idée d’une subjectivité en perpétuel déséquilibre : assimilé au vagabond, et donc foncièrement instable, le sujet n’a d’autre choix que de se redéfinir sans cesse. S’ils fournissent des renseignements historiques souvent précieux, les commentaires de Langan sont dans l’ensemble assez peu probants, donnant parfois même l’impression d’en dire plus sur les présupposés théoriques de leur auteur que sur Wordsworth ou le vagabondage.
11 L’ouvrage de Robin Jarvis, Romantic Writing and Pedestrian Travel11 (1997), est, en revanche, beaucoup plus convaincant. Dans les premiers chapitres, Jarvis pose les bases théoriques et culturelles nécessaires à une étude synthétique mais fouillée des écrivains romantiques. Il évoque ainsi l’émergence des « walking tours » (voyages à pied) et le développement de l’activité pédestre à la fin du dix-huitième siècle, puis présente la marche sous différentes facettes en analysant les motivations et les particularités des nouveaux marcheurs de l’époque. Il souligne ensuite les liens existant entre la marche et la création littéraire, au niveau du rythme notamment. Fort stimulantes, les quelque trente-cinq pages qu’il consacre alors à Wordsworth suivent le développement progressif, au fil des poèmes, de ce qu’il appelle « textual pedestrianism » (« la marche du texte »), mettant ainsi en lumière l’existence d’une correspondance remarquable entre les errances des personnages (ou du narrateur) et les divagations du texte. Certains points de notre étude entrent en résonance particulière avec celle de Jarvis, dont elle approfondit et élargit un certain nombre de pistes.
12Si des incursions plus ou moins poussées ont ainsi permis la reconnaissance du vaste champ ouvert dans les études wordsworthiennes par la marche et ses implications, le terrain, quoique défriché, reste encore largement inexploré dans le détail. L’ambition de cet ouvrage est donc de pallier, autant que faire se peut, ce manque. Sans se prétendre exhaustive – les ramifications d’un phénomène aussi protéiforme que la marche semblent, en effet, offrir un champ d’étude inépuisable –, notre analyse se veut synthétique : embrassant à la fois la vie et l’œuvre du poète, elle s’appuie sur des perspectives variées qui permettent de saisir au mieux toutes les implications de la marche et de faire émerger les diverses problématiques qui y sont liées. Explorant les thèmes privilégiés et les problèmes essentiels de Wordsworth (qui, à des degrés divers, hantent l’ensemble de la littérature romantique), cette étude combine les approches culturelle, psychologique, philosophique, esthétique et poétique. Au-delà de cette diversité apparente, toutefois, l’unité de l’analyse est garantie par le fondement ultime sous-tendant l’ensemble de nos réflexions : une écoute attentive des vers de Wordsworth, un réel contact avec ses écrits et ses poèmes, devenus familiers au fil du temps.
13 Organisé autour de trois pôles – culturel, existentiel et poétique –, notre parcours critique commence par présenter l’époque de Wordsworth, puis se resserre sur sa vie, avant de plonger au cœur de sa création. Cette construction pour ainsi dire pyramidale – avec un objet d’étude de plus en plus restreint, intime et mystérieux – nous a paru la plus pertinente pour aborder le problème essentiel de l’écriture poétique ; production d’un discours par un sujet donné dans un espace et dans un temps donnés, celle-ci ne peut, en effet, se détacher de l’existence individuelle de l’auteur, ni même du contexte dans lequel il vivait. En établissant le socle culturel et existentiel de la création chez Wordsworth, les premiers chapitres aident donc à mieux en comprendre les modalités et les enjeux.
14Axée sur l’histoire culturelle au sens large, la première partie – Figures de la marche. Esquisse d’un paysage socio-culturel en pleine évolution – présente le contexte dans lequel s’inscrivait Wordsworth ; elle permet ainsi de mieux cerner la part d’originalité dans son comportement de marcheur, mais aussi dans son entreprise poétique. De nombreuses informations historiques, sociales ou culturelles sont fournies – amenées ou illustrées, dans la mesure du possible, par des exemples tirés des écrits du poète lui-même. Les importantes mutations affectant l’Angleterre (modernisation, industrialisation, transformation de la société rurale et des villes) sont ainsi évoquées, de même que les évolutions dans le domaine esthétique, qui contribuèrent largement à la valorisation de la marche. Nous dressons en outre une typologie poétique des marcheurs de l’époque et nous nous attardons sur la spécificité des déambulations urbaines. Ce tableau dynamique montre alors qu’un certain nombre d’attitudes et de valeurs aujourd’hui banales (ou communément acceptées, du moins) plongent leurs racines dans cette époque romantique riche en changements ; on songe, entre autres, à l’idée de la marche comme loisir « démocratique » ou à celle de la nature comme lieu privilégié de ressourcement.
15Consacrée à l’étude des résonances existentielles de la marche, la deuxième partie – La marche, instrument d’ancrage et de découverte – en propose une phénoménologie, notamment appuyée sur les concepts et les théories de Maurice Merleau-Ponty. Loin d’être imposée par quelque commodité critique, l’utilisation de ces outils « modernes » semble au contraire appelée par l’œuvre de Wordsworth elle-même ; peu de poètes ont, en effet, chanté mieux que lui la correspondance secrète entre l’homme et la nature, la réciprocité qui fait de tout acte de perception un échange ouvrant sur le sentiment de présence au monde. En accordant ainsi une place essentielle à la subjectivité dans l’appréhension de la nature, Wordsworth s’inscrivait, comme les autres romantiques, dans un large mouvement qui conduisit à la redéfinition du paysage. Renouvelant sans cesse son émerveillement face à l’univers, la marche lui permettait, en outre, de s’ouvrir aux forces mystérieuses de la nature, images de la faculté reine du poète : l’imagination ; elle traçait donc pour lui le chemin de la création poétique. Elle constituait, par ailleurs, une véritable hygiène de vie et l’aidait ainsi à définir son être et à assurer sa stabilité psychologique, menacée par sa conscience aiguë du temps et ses tendances hypochondriaques.
16Enfin, la troisième partie – Wordsworth, « poète-marcheur » – est centrée sur la poétique de l’auteur, qui avait la particularité de composer ses vers en marchant. À partir du rapport complexe entre marche et écriture, nous examinons la question de la création littéraire, nous interrogeant tant sur la genèse des poèmes que sur la délicate notion de rythme. Engageant son corps aussi bien que son esprit, l’écriture s’apparentait chez Wordsworth à une marche intériorisée, comme semble le suggérer le rythme ambulatoire caractéristique de sa poésie, de ses poèmes en blank verse tout particulièrement. Une partie de l’analyse consiste précisément à déterminer la valeur de cet adjectif : renvoie-t-il à un simple rapport analogique ou signale-t-il aussi une subtile intégration du rythme des pas du poète à son texte ? Indépendamment de la nature exacte de ces rapports entre marche et écriture, Wordsworth regardait du moins la première comme une figuration de la seconde : métaphore opératoire, la marche représentait l’idéal qui l’orientait dans sa création, symbolisant avec pertinence la dynamique de son écriture. Le Prélude, grande autobiographie artistique, invite, en outre, le lecteur à suivre le poète dans ses déambulations poétiques à la recherche de son être passé, et cette promenade littéraire débouche sur une idée qui lui était chère, celle de l’œuvre comme monument vivant.
Notes de bas de page
1 Leslie Stephen, « In Praise of Walking », dans Studies of a Biographer, Londres, Duckworth, 1902, vol. III, p. 245-285.
2 Jonathan Bate, Romantic Ecology : Wordsworth and the Environmental Tradition, Londres, Routledge, 1991, p. 49.
3 John Keats, Lettres, trad. R. Davreu, Paris, Belin, 1993, p. 183.
4 Pour donner une meilleure idée de l’avancée des recherches, les ouvrages en question sont ici présentés dans l’ordre chronologique.
5 Geoffrey Hartman, Wordsworth’s Poetry, 1787-1814, New York-Londres, Yale University Press, 1964, p. 47.
6 John Elder, Imagining the Earth : Poetry and the Vision of Nature, Urbana-Chicago, University of Illinois Press, 1985 (en particulier, p. 93-100).
7 Jeffrey Robinson, The Walk : Notes on a Romantic Image, Norman-Londres, University of Oklahoma Press, 1989, p. 7.
8 Elle le définit ainsi dans son introduction : « Je vois la poésie de la marche chez Wordsworth comme une extension des géorgiques virgiliennes, dans laquelle le marcheur occupe l’espace idéologique abandonné par l’agriculteur. Le résultat, que j’appelle “péripatétique”, représente l’excursion comme un travail de culture capable, par la remémoration et l’expression des valeurs du passé, de rénover l’individu et la société dans laquelle il vit. » (Anne Wallace, Walking, Literature and English Culture : The Origins and Uses of the Peripatetic in the Nineteenth Century, Oxford, Clarendon Press, 1993, p. 11).
9 Collings s’appuie là sur des remarques de Jean-Pierre Mileur (dans The Critical Romance) qu’il cite en introduction : « L’hyperbole n’est pas seulement le langage des hauteurs auxquelles on aspire et des profondeurs dans lesquelles on tombe ; c’est aussi le langage des détours, de l’exagération, de l’errance, de l’extra-vagance. Et de même que […] les profondeurs hyperboliques ne peuvent, en termes de perspective, être distinguées des hauteurs hyperboliques, de même les vagabondages hors du chemin véritable ne peuvent être distinguées des véritables quêtes. » (David Collings, Wordsworthian Errancies. The Poetics of Dismemberment, Baltimore-Londres, John Hopkins University Press, 1994, p. 3-4).
10 Celeste Langan, Romantic Vagrancy. Wordsworth and the Simulation of Freedom, Cambridge, Cambridge University Press, 1995.
11 Robin Jarvis, Romantic Writing and Pedestrian Travel, Basingstoke-Londres, Macmillan, 1997.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Énergie et mélancolie
Les entrelacs de l’écriture dans les Notebooks de S. T. Coleridge. Volumes 1, 2 et 3
Kimberley Page-Jones
2018
« Étrangeté, passion, couleur »
L’hellénisme de Swinburne, Pater et Symonds (1865-1880)
Charlotte Ribeyrol
2013
« The Harmony of Truth »
Sciences et poésie dans l’œuvre de Percy B. Shelley
Sophie Laniel-Musitelli
2012