Chapitre I
Apamè. Une reine au cœur de la construction d’un royaume
p. 17-33
Résumé
In this paper we discuss Apama’s involvement in the Seleucid power structure. To carry out this project, we rely on two sources of knowledge: the cities named after the queen and an honorific decree of Miletus dated to 299 BCE. The study of these varied informations reveals the mise-en-scène of Apama after the battle of Ipsos (301 BCE). The emphasis on the queen’s activity at this precise moment of History – though she seems to have been active before 299 BCE – and Apama’s inclusion into the ideologic project of the Tetrapolis (ca. 300 BCE) show how important it was to publicize the influence of the queen. Indeed, at the same time, Seleucos – her husband – allies with the Antigonids and marries (300-297 BCE) Stratonike, Demetrios’ daughter. In this context, it is necessary to secure the primacy of Apama in order to prepare and to guarantee Antiochos’ (her son’s) royal legacy. In documentary terms, this conjunction of events – by leaving behind a record of public display of Apama – gives us a unique insight into the structure of the power of the first Seleucid queen.
Texte intégral
1Les auteurs antiques ne s’étendent que brièvement sur le destin de la première souveraine séleucide. Ils évoquent l’ascendance d’Apamè, rappellent les circonstances de son mariage et mentionnent les noms de ses enfants. C’est ainsi que nous savons qu’elle est la fille de Spitaménès, un notable bactrien qui a résisté à l’autorité que les Macédoniens cherchaient à établir en Asie centrale1. En 324 av. notre ère2, lors des noces de Suse, Apamè épouse Séleucos – alors général d’Alexandre le Grand. Trois enfants naîtront de cette union : Antiochos, le futur souverain séleucide, Apamè et Laodice3. Une fois l’éminent conquérant décédé, Apamè sera la seule femme épousée lors de l’union collective de Suse à être élevée par un diadoque au rang de reine et à participer à l’édification d’un royaume hellénistique et de ce qui deviendra la dynastie séleucide4.
2Je souhaite ici examiner la contribution qu’Apamè a apportée à l’élaboration du royaume séleucide afin de mettre en évidence l’influence politique de la première épouse de Séleucos I. Plus généralement, cette analyse me permettra de discuter du fonctionnement du pouvoir séleucide et de l’idéologie que cette autorité naissante a développée dans le but de consolider son influence. Pour mener à bien ce projet, je m’intéresserai tout d’abord aux fondations séleucides baptisées du nom d’Apamè puis au texte d’un décret honorifique voté par les Milésiens en l’honneur de la reine au printemps 299.
Les cités nommées Apamée
3Aux quelques indications biographiques que les auteurs antiques ont sommairement distillées au cours de leurs écrits, s’ajoutent les mentions de cités baptisées du nom de la reine Apamè. Séleucos aurait ainsi nommé trois sites du nom de son épouse5 ; Antiochos un seul afin d’honorer sa mère6. L’inscription dans le territoire des noms des différents membres de la famille séleucide participe de l’appropriation par Séleucos et par son fils du terrain sur lequel ils exercent leur autorité. Elle caractérise un acte royal7. Pour le cas d’Apamè, elle marque l’importance que revêt la souveraine dans la structure familiale séleucide. Notons en effet que Séleucos associe étroitement son épouse à la fondation de la Tétrapole – remarquable manifestation idéologique du nouveau pouvoir royal8. Apamè, en effet – de la même manière que son époux et que ses beaux-parents –, donne son nom à l’une des cités de cet ensemble cohérent de la Syrie du Nord. Cette pratique qui, selon E. Carney, devient ordinaire à la suite de la bataille d’Ipsos est cependant très récente9. C’est en effet Cassandre qui, le premier, inaugure cet usage en baptisant, peu après 316, l’une de ses nouvelles fondations du nom de son épouse Thessalonikè, la fille de Philippe II10. Il cherche ainsi à souligner son lien avec les Argéades et à manifester sa légitimité à agir en Macédoine. Si ce précédent se limite à consolider l’autorité personnelle d’un diadoque, sa fréquente déclinaison après 301 suggère, selon E. Carney, l’affirmation d’une légitimité non plus uniquement individuelle mais plus généralement familiale11. Ce phénomène qui se développe simultanément à l’octroi du titre de βασίλισσα aux épouses des diadoques démontre, selon E. Carney, l’importance que prennent les conjointes des nouveaux souverains lors de l’établissement des diverses autorités royales hellénistiques. Pour Apamè, cette influence semble effectivement être reconnue à la suite de la bataille d’Ipsos, en 301 : c’est après le succès militaire de Séleucos que la construction de la Tétrapole syrienne – dont l’une des cités est baptisée Apamée – est entreprise. Relevons de plus que l’unique décret honorifique que nous connaissons pour la reine Apamè date du printemps 299 – soit un peu plus d’un an après la déroute antigonide. Cette présence publique d’Apamè – toujours étroitement liée à d’autres membres de la famille séleucide tels son époux, ses beaux-parents ou son fils – devient manifeste à une période qui correspond au moment où Séleucos prend une seconde épouse.
4À la suite de la bataille d’Ipsos, en 301, le roi séleucide annexe une grande partie de la Syrie mais se heurte aux convoitises territoriales de Ptolémée I qui refuse de lui céder la Cœlé-Syrie. Ces divergences provoquent de vives tensions entre les rois lagide et séleucide, et conduisent à la formation d’alliances offensives consolidées par des mariages12. C’est dans ce contexte (entre 300 et 297) que Séleucos, âgé d’une soixantaine d’années, convole pour la seconde fois. Il épouse Stratonice, la fille de Démétrios Poliorcète et de Phila. Cette deuxième union ne permet pas d’établir, comme le suppose l’auteur byzantin Jean Malalas, qu’Apamè est alors décédée13. Il n’est cependant pas assuré non plus que la reine ait été vivante à cette date, dans la mesure où le dernier témoignage que nous possédons de son activité date de 299 et que la date du second mariage de Séleucos oscille entre 300 et 29714. Nous pouvons toutefois remarquer que c’est justement lorsque Séleucos s’allie aux Antigonides, après Ipsos, puis scelle cet accord en épousant Stratonice qu’Apamè est mise en valeur. Cette coïncidence n’est probablement pas fortuite ; elle indique certainement qu’il est alors nécessaire d’exprimer clairement la position d’Apamè. En effet, dès que le souverain prend une seconde épouse, il devient capital de faire officiellement savoir de quelle lignée sera extrait l’héritier. La valorisation de la mère du successeur souhaité est un moyen efficace d’assurer une sereine transition du pouvoir royal. Si la mise en valeur d’Apamè se manifeste par l’inscription du nom de la reine dans le nouveau territoire séleucide, elle est également perceptible dans le texte d’un décret émis par les Milésiens en son honneur.
Décret des milésiens en l’honneur de la reine Apamè
5Nous ne possédons à ce jour qu’un seul document épigraphique mentionnant sans ambiguïté la reine Apamè. Il s’agit d’un décret adopté par les Milésiens au printemps 299 en l’honneur de la souveraine séleucide. Ce texte fut voté peu après un décret établi par la même communauté en l’honneur d’Antiochos, le fils d’Apamè et de Séleucos15. Son examen permet de saisir comment la figure royale d’Apamè s’est progressivement construite.
Décret honorifique pour la reine Apamè
Stèle de marbre bleuâtre composée de deux fragments disjoints. Trouvée à Didymes lors des fouilles du Didymeion dirigées par T. Wiegand.
• Fragment a : l’emplacement actuel de la stèle ne m’est pas connu. Le numéro d’inventaire de l’édition Rehm, 1958, p. 480, correspond à l’inventaire du Deutsches Archäologisches Institut de Berlin (Inv. 50). Fragment supérieur orné d’une cimaise de 9 cm de haut (l. 1-16). T. Wiegand remarque que la pierre a dû rester longtemps à l’air libre car les lettres sont peu lisibles. Trouvé le 17 mai 1907 entre des murs d’époque byzantine, devant le fronton est du temple d’Apollon. Dimensions (A. Rehm) : h. 0,67 ; l. 0, 52 ; ép. 0,155. Hauteur des lettres : 1,2.
• Fragment b : l’emplacement actuel de la stèle ne m’est pas connu. Le numéro d’inventaire de l’édition Rehm, 1958, p. 480, correspond à l’inventaire du Deutsches Archäologisches Institut de Berlin (Inv. 370 donné déjà par T. Wiegand). Fragment très érodé, brisé en haut et en bas ; surfaces latérales partiellement conservées (l. 19-28). Trouvé en 1910 à proximité d’un autel archaïque rond, devant le fronton est du temple d’Apollon. Dimensions (A. Rehm) : h. 0,52 ; l. 0,545 ; ép. 0,17 (environ).
Hauteur des lettres : 1, 2.
Éd. : Wiegand, Abh. Ak. Berlin 43 (1908), p. 42-44 – édition et commentaire succinct du fragment a. Haussoullier a complété les lignes 7, 8, 10-14 de cette édition ; Wiegand, Abh. Ak. Berlin 68 (1911), p. 68-69 – édition et commentaire succinct des fragments a et b ; [Milet I/3, no 123, p. 262 – restitution des l. 10-20 par A. Rehm ; Holleaux, REG 36 (1923), p. 1-13 – restitution du fragment a (= Études III, p. 99-110) ; SEG IV, 442, l. 7-14 – restitution par A. Rehm d’après estampage] ; Rehm, 1958, p. 480 – édition et commentaire ; (Günther, 1971, p. 23-28 – édition, traduction allemande et commentaire ; Bringmann, 1995, KNr. 281 [E 2] – l’édition prend en compte les remarques de Robert, 1984, p. 467-472, traduction allemande et commentaire ; I. Estremo Oriente Greco 394 – édition et commentaire succinct en italien).
ἔδοξε τῆι βουλῆι καὶ τῶι δήμωι Λύκος Ἀπολλοδότ [ου εἶπεν.]
περὶ ὧν προεγράψατο εἰς τὴμ βουλὴν Δημοδάμας Ἀρ [ιστείδου,]
ὅπως Ἀπάμη ἡ Σελεύκου τοῦ βασιλέως γυνὴ τ[ιμηθῆι,]
δεδόχθαι τῆι βουλῆι καὶ τῶι δήμωι· ἐπειδὴ Ἀπά[μη ἡ βα]-
σίλισσα πρότερόν τε πολλὴν εὔνοιαν καὶ προ[θυμίαν] 5
παρείχετο περὶ Μιλησίων τοὺς στρατευομένου[ς σὺν]
[τ]ῶι βασιλεῖ Σελεύκωι καὶ νῦν παραγενομέν[ων τῶμ]
[π]ρεσβευτῶν, οὓς μετεπέμψατο Σέλευκος [διαλεξόμενος]
[π]ερὶ τῆς οἰκοδομίας τοῦ ναοῦ τοῦ ἐν Διδύμ[οις, οὐ τὴν]
τυχοῦσαν σπουδὴν ἐπ[οήσατο], Ἀντίοχ[ος δὲ ὁ υἱὸς αὐτῆς] 10
συμφιλοτιμῶν τῆι τοῦ πατρὸς Σ[ε]λεύ[κου περὶ τὸ ἱε] -
ρὸν [π] ροαιρέ[σ] ει οἰκοδομήσειν ἐπηγγ[είλατο στοὰν στα] -
δίαιαν τῶι θεῶι, ἵνα προσό[δων ἀπ’αὐτῆς γινομένων ἐπι] -
κοσμῆται τὸ ἱερόν· δεδ[όχθαι Μιλησίοις, ὅπως εἰδῶσιν]
πάντες, ὅτι ὁ δῆμ[ος ὁ Μιλησίων τὴν προσήκουσαν ἐπιμέ] - 15
λειαν ἔχ[ων διατελεῖ περὶ τοὺς εὐεργετοῦντας τὸν δῆμον]
[- - - - - - - - - Au moins deux lignes perdues - - - - - - - - - - - ]
[- - - - - - - - - - - - - - - - τοὺς δὲ ἀνατάκτας τοὺς ἐπὶ στεΦα] -
νηΦόρου τοῦ Ἀπόλλω[νος τοῦ μετ’Ἀθήναιον ἐξελεῖν εἰς τὴν εἰ] -
κόνα ἐξ ἁπάσης τῆς προσόδου τῆ[ς - - - - - τὸ ἀργύριον. ἀνα] - 20
γράψαι δὲ τόδε τὸ ψήφισμα εἰς στήλην λιθί[νην καὶ θεῖναι]
εἰς τὸ ἱερὸν τῆς Ἀρτέμιδος τῆς ἐν Διδύμοις· τὴν δὲ στήλη[ν]
καὶ τὴν ἀναγραφὴν ἀπομισθῶσαι τοὺς τειχοποιοὺς μη[δε] -
μίαν ὑπερβολὴμ ποιουμένους· τοὺς δὲ ταμίας ὑπηρε[τῆσαι]
ἐκ τῶν εἰς τὰ κατὰ ψηφίσματα ἐξηιρημένων· ἀναγρά[ψαι] 25
δὲ τόδε τὸ ψήφισμα καὶ εἰς λεύκωμα· ἐπιστάται τῆς [εἰκόνος]
Δημοδάμας Ἀριστείδου, Λύκος Ἀπολλοδότου, Ἀριστ[οΦὼμ]
Μιννίωνος. [- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - ]
Rest. Bringmann. l. 7 παραγενομέν [ων τῶν παρ᾽ ἡμῶν] Haussoullier ; παραγενομέν[ων πρὸς αὐτὴν τῶν] Holleaux ; παραγενομέν[ων τῶμ] Rehm. || l. 8 Σέλευκο[ς διαλεξάμενος] Haussoullier ; Σέλευκο[ς ὁ βασιλεὺς παρ᾽ ἡμῶν] Holleaux ; Σέλευκο[ς παρ᾽ ἡμῶν] SEG IV, 442 ; Σέλευκος [διαλεξόμενος] Rehm ; Σέλευκος [ἀπολογιουμένος] Seibert, 1974, p. 195 ; Σέλευκος [διαλεξόμενος] Robert. || l. 9 Διδύμ[οις Ἀπόλλωνος, οὐ τὴν] Wiegand ; Διδύμ[οις, οὐ τὴν] Holleaux. || l. 10 σπουδὴν ἐπ[οίει ὡς], Ἀντίοχο[ς ὁ πρεσβύτατος υἱὸς] Haussoullier ; σπουδὴν ἐπ[οιήσατο], Ἀντίοχο[ς δὲ ὁ τῆς Απάμης υἱὸς] Milet I/3 ; σπουδὴν ἐπ[οήσατο, (έπηγγείλατο) δ᾽] Ἀντίοχο[ς ὁ υἱὸς αὐτῆς] Holleaux ; σπουδὴν ἐποεὸ[ῖτ] ο, Ἀντίοχο[ς δὲ ὁ υἱὸς αὐτῆς] SEG IV, 442 ; σπουδὴν ἐποε[ῖτ] ο, Ἀντίοχο[ς δὲ ὁ υἱὸς αὐτῆς] Rehm suivi par Bringmann ; σπουδὴν ἐποε[ῖτ] ο, Ἀντίοχο[ς ὁ πρεσβύτατος υἱὸς] Seibert, 1974, p. 197. || l. 11 Σ [ε] λεύ[κου περὶ τὸ ἐν Διδύμοις ἱε]| ρὸν Haussoullier ; Σ [ε] λεύ[κου περὶ τὸ ἱε]| ρὸν SEG IV, 442. || l. 12 οἰκοδομῆς γινο[μένης τῆς κατὰ πόλιν στοᾶς ?…]|ΔỊΛ Haussoullier ; οἰκοδομήσ[ε] ιν ἐπηγγ[είλατο στοὰν στα]| δίαιαν SEG IV, 442. || l. 13-14 ἵνα προσό[δων ἀπ’αὐτῆς ἀεὶ γινομένων] | κοσμῆται τὸ ἱερόν· δεδ[εκται δὲ Ἀντίοχος, ὅπως κτλ.] Haussoullier ; ἵνα προσό[δoις ταῖς ἀπ’αὐτῆς γενησομέναις] | κοσμῆται τὸ ἱερόν· δεδ[ωκεν ἀργύριον ἱκανόν· ὅπως κτλ.] Milet I/3 ; ἵνα πρόσο[δoις ἀπ’αὐτῆς ἀεὶ γίνωνται καὶ ἐπι]| κοσμῆται τὸ ἱερόν· δεδ[όχθαι Μιλησίοις, ὅπως οὖν εἰδῶσιν ἅ] παντες Holleaux ; ἵνα προσό[δων ἀπ’αὐτῆς γινομένων ἐπι]| κοσμῆται τὸ ἱερόν· δεδ[όχθαι Μιλησίοις, ὅπως εἰδῶσιν] πάντες Rehm. || l. 21 λιθί [νην· ἀναστῆσαι δὲ] Wiegand ; λιθί[νην καὶ θεῖναι] Rehm. || l. 26 τῆς [ἐργασίας] Wiegand ; τῆς [εἰκόνος] Robert. || l. 27 Ἀριστ[είδης] Wiegand ; Ἀριστ[οΦὼμ] Müller, 1976, note 8, p. 21.
Il a plu au Conseil et au peuple. Lykos fils d’Apollodot [os a fait la proposition suivante] en s’appuyant sur la motion mise à l’ordre du jour du Conseil par Démodamas, fils d’Aristeidès, afin d’honorer Apamè, l’épouse du roi Séleucos ; plaise au Conseil et au peuple. Attendu que la reine Apamè a fait preuve dans le passé de beaucoup de bienveillance et d’empressement à l’égard des Milésiens qui faisaient campagne [aux côtés du] roi Séleucos et que maintenant, en présence des ambassadeurs (de Milet) que Séleucos avait invités [pour discuter] de la construction du temple de Didymes, elle s’est montrée exceptionnellement zélée ; attendu aussi qu’Antiochos, [son fils], rivalisant avec la politique que mène son père Séleu[cos au sujet du sanct] uaire, a promis de construire [un portique d’un st] ade pour le dieu afin d’embellir encore le sanctuaire grâce aux rev[enus assurés par ce portique]. [Plaise aux Milésiens, afin que] tous [sachent] que le peu[ple des Milésiens, continuant de montrer une juste soll] icitude, [accomplit envers ses bienfaiteurs - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - et que les assesseurs en charge sous le stéph] anéphorat d’Apollo[n qui suit celui d’Athénaios, prélèvent] du revenu total du [- - - - - l’argent pour la st] atue. Que ce décret soit gravé sur une stèle de marbre et placé dans le sanctuaire d’Artémis à Didymes. Que les teichopoioi fassent, sans délai, exécuter contre paiement la stèle et sa gravure. Que les trésoriers (les) aident (en retirant l’argent nécessaire à la gravure de ce décret) du fonds pour la réalisation des décrets. Que l’on fasse inscrire également le décret sur un tableau blanc. Les préposés à (l’exécution de) la [statue] sont Démodamas fils d’Artisteidès, Lykos fils d’Apollodotos, Aristo[phôn] fils de Minniôn [- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - ].
Trad. M. Widmer s’appuyant sur les traductions de Austin, The Hellenistic World, no 51, p. 108-109 ; Bielman, 2002, no 10, p. 64-67 ; Bringmann, 1995, KNr. 281 [E2], p. 342.
La datation
6La datation du décret pour Apamè, fixée par A. Rehm en 299, est généralement acceptée16. Elle se base sur la mention, dans le décret honorant la reine, du stéphanéphore sous le mandat duquel l’argent nécessaire à la construction de la statue de la souveraine est attribué. Une analyse comparée de la manière dont l’argent permettant l’édification des statues a été mis à disposition des exécutants dans le décret honorant Apamè et dans celui remerciant Antiochos17 – le fils aîné de Séleucos I et d’Apamè – a incité A. Rehm à dater le décret honorant Apamè du printemps 299, peu après la résolution prise par les Milésiens en faveur de son fils Antiochos18. L’épigraphiste place ainsi le décret pour Antiochos à la fin de l’année 300/299 et celui pour Apamè au début de l’année 299/298.
Démodamas : attaché aux Séleucides
7Démodamas, le fils d’Aristeidès, est à l’origine des deux décrets honorifiques émis consécutivement pour Antiochos et pour la reine Apamè. Bien qu’ils soient rédigés dans le même élan, Démodamas soumet ces décrets l’un en qualité de synèdre puis l’autre comme simple citoyen. En effet, à la fin de l’année 300/299, alors membre des synèdres, il propose à l’Assemblée de Milet d’honorer Antiochos, le fils aîné du roi Séleucos I. Au début de l’année suivante – au printemps 299 –, alors sorti de charge, il suggère au Conseil d’honorer la reine Apamè. Sa proposition, exposée par Lykos, fils d’Apollodotos, sera ratifiée par le Conseil et l’Assemblée de Milet19.
8Selon l’hypothèse de B. Haussoullier, Démodamas est l’un des proches compagnons du roi Séleucos I. Le chercheur rapproche en effet le citoyen milésien du général des rois Séleucos I et Antiochos I, dont Pline rappelle qu’il érigea un autel à l’Apollon didyméien après avoir traversé le fleuve Iaxarte20. Pour E. Bikerman, Démodamas a participé, aux côtés des soldats milésiens pour lesquels Apamè s’est montrée si bienveillante, aux campagnes nord-orientales menées par le premier souverain séleucide21. Cette supposition d’E. Bickerman exige de placer l’expédition de Séleucos à une époque précédant la votation, à Milet, du décret honorant la reine. Une datation précise est toutefois impossible à établir, et les chercheurs, sans arguments décisifs, placent cette campagne juste avant l’offensive séleucide en Inde ou à l’issue de celle-ci, entre 306 et 30322.
9En 1940, l’hypothèse d’E. Bikerman fut mise en doute par W. W. Tarn sans pourtant que l’objection de ce dernier ne modifie les positions des chercheurs23. Récemment, cependant, la proposition de W. W. Tarn fut reprise et étayée par P. Kosmin24. Selon ce dernier, s’il est certain que des soldats milésiens ont été soutenus par Apamè lors d’une campagne séleucide antérieure à 299, rien ne permet d’établir que ceux-ci combattaient dans les Hautes Satrapies et que Démodamas se battait alors à leurs côtés25. D’ailleurs, comme W. W. Tarn l’avait fait remarquer, le seul indice que nous possédons pour dater l’activité centre-asiatique du philos séleucide établit que Démodamas se trouvait aux confins du royaume entre 294 et 28126. Si l’on en croit Pline l’Ancien, c’est en effet lors du règne conjoint de Séleucos et de son fils que Démodamas a servi dans la région des Hautes Satrapies et qu’il participa à la consolidation du territoire séleucide en rejetant la frontière nord-est du royaume au-delà du fleuve Iaxarte (Syr-Daria)27. Il a alors repoussé les populations nomades qui occupaient ces terres puis borné ces nouvelles possessions séleucides au moyen d’autels dressés pour l’Apollon de Didymes28.
10Les fonctions de Démodamas ne se limitent cependant pas au domaine militaire. En effet, lorsque Pline mentionne que Démodamas franchit l’Iaxarte, il ajoute qu’il fonde ses descriptions de la Bactriane et de la Sogdiane sur les écrits du philos séleucide29. Ces derniers sont aujourd’hui perdus et ce n’est que par des mentions secondaires ou par des comparaisons que nous pouvons imaginer leur contenu30. Certainement de type géographique et ethnographique, les récits de Démodamas, comme ceux de Mégasthènes, de Patroklès ou de Daïmachos31, sont pour L. Capdetrey le reflet « d’une réelle appropriation intellectuelle d’un territoire conçu comme le champ d’exercice de la souveraineté séleucide32 ». Cette participation de Démodamas, à la fois militaire et intellectuelle, à la constitution d’un territoire séleucide a certainement été facilitée par une collaboration locale favorisant la rencontre entre le philos séleucide et les élites indigènes. On peut alors imaginer qu’Apamè, originaire d’Asie centrale, avait conservé dans la région un réseau d’alliances hérité de sa famille et qu’elle n’hésita pas à en faire profiter Démodamas. Ce contact supposé est nécessaire à la construction par le Milésien de son récit qui devait être constitué d’observations et d’informations recueillies auprès de doctes Sogdiens ou Bactriens. C’est du moins ce que suggère la comparaison que l’on peut faire avec la méthode de travail de Mégasthènes. Ce dernier semble avoir interrogé les habitants des régions qu’il découvrait afin de réaliser son étude ethnographique de l’Inde33. On peut imaginer que Démodamas a fait de même pour récolter les données indispensables à la rédaction de son ouvrage. Les contacts qu’il a établis avec les notables sogdiens et bactriens dans le but de rédiger son ouvrage ont également pu soutenir la consolidation du territoire nouvellement gagné. Si nous admettons avec L. Capdetrey « la faiblesse apparente de la réaction des satrapes orientaux face à l’arrivée des Séleucides sur les territoires d’Asie centrale, et l’imposition dans ces satrapies d’une autorité séleucide plus formelle qu’astreignante34 », nous pouvons supposer que l’action de Démodamas s’inscrit dans ce mécanisme d’appropriation diplomatique des régions centre-asiatiques.
11S’il participe par son activité à la constitution du territoire séleucide, Démodamas contribue également à l’édification de la stature royale d’Antiochos, le fils aîné de Séleucos I et d’Apamè, alors nommé co-roi. Selon P. Kosmin, les récits du philos séleucide – dont Pline se fait l’écho – avaient en effet une fonction idéologique dans la mesure où ils présentaient le nouveau souverain de l’Est dans le rôle du roi bâtisseur, restaurateur et défenseur de la civilisation35. Cette fonction sera d’ailleurs à nouveau assumée par Antiochos, alors roi en titre, dans le texte du cylindre de Borsippa daté du 27 mars 26836.
12Ces différents témoignages – ainsi que leurs interprétations – font de Démodamas l’une des chevilles ouvrières de l’implantation du pouvoir séleucide en Asie centrale au début du iiie siècle. Cet investissement du philos dans la construction de l’autorité royale séleucide, s’il est évident dans les Hautes Satrapies lors du règne conjoint de Séleucos et de son fils, est déjà manifeste en Asie Mineure dès 300. C’est en effet à cette date que Démodamas propose que Milet – sa cité – honore le fils aîné des souverains séleucides. Il fait ainsi voter un décret pour remercier Antiochos de sa bienveillance et de son désir de poursuivre la politique de son père37. Le philos présente alors officiellement le successeur séleucide et l’inscrit dans la continuité politique de Séleucos I. L’année suivante, Démodamas dépose une motion pour honorer la reine Apamè. Ces deux démarches politiques mettent en évidence la position de Démodamas : celle d’un médiateur jouant les intermédiaires entre le pouvoir séleucide et la cité de Milet.
Honorer Apamè : une action qui ne va pas de soi
13Notons ici le léger décalage temporel qui existe entre les dépôts des deux propositions faites par Démodamas devant le Conseil et le peuple de Milet. Le philos séleucide fait tout d’abord adopter le décret remerciant le fils aîné du roi. Démodamas appartient alors à une commission de synèdres – peut-être expressément mandatée pour soumettre la motion honorant le jeune Antiochos38. Par la suite, dégagé de ses obligations, Démodamas suggère de remercier la souveraine séleucide. L’absence de synchronisation des deux propositions du philos révèle la difficulté des Milésiens à percevoir immédiatement l’importance politique d’Apamè.
14Ce décalage suggère en effet que la présente action politique de la reine n’était pas explicite pour la population milésienne. Si l’on en croit le décret voté pour Apamè, c’est effectivement une action plus abstraite que concrète qui, peu avant 299, s’avère être celle de la souveraine39. À l’inverse de l’action passée d’Apamè – la reine avait alors en effet pratiquement soutenu l’effort de guerre séleucide en distribuant selon, A. Bielman, des rations supplémentaires de nourriture aux soldats milésiens se battant pour le compte de son époux40 –, l’action qu’elle entreprend peu avant 299 est plus discrète. En effet, la reine semble alors avoir favorisé l’audience d’une délégation milésienne parvenue à la cour séleucide – certainement en accélérant le processus de réception41. Elle paraît également avoir suggéré à son fils Antiochos de construire un portique à Milet, dont les revenus devaient servir à l’aménagement du sanctuaire d’Apollon à Didymes. C’est en effet notamment pour la promesse de son fils envers le sanctuaire que la souveraine est remerciée. Au moment de la rédaction du décret pour Apamè, la promesse d’Antiochos est d’ailleurs concrétisée. L’emplacement du portique a été choisi, les entrepreneurs ont été désignés par Antiochos et la gestion des revenus produits par le portique a été organisée42. Les Milésiens rendent donc hommage à l’influence qu’Apamè exerce sur le roi et son fils. Ils expriment publiquement l’autorité que détient la reine au sein de sa famille et à la cour séleucide. Cet ascendant est cependant peu visible pour les Milésiens ; il est assurément moins tangible que le portique élevé par Antiochos ou que les nombreuses offrandes déposées par Séleucos dans le sanctuaire de Didymes43.
15La typologie des actions pour lesquelles Apamè est honorée ainsi que le léger retard d’émission du décret peuvent indiquer que la décision de valoriser l’autorité de la reine émane plutôt du pouvoir séleucide que de la cité de Milet. Comme nous l’avons déjà développé, il s’agirait – en faisant connaître à une large audience la position politique d’Apamè44 – de confirmer la solidité du noyau familial séleucide et d’engager le processus de succession du roi séleucide alors âgé d’une soixantaine d’années. Cette hypothèse implique de voir en Démodamas l’incarnation de la voix des Séleucides à Milet, le metteur en scène de la famille royale dans le sanctuaire panhellénique de Didymes. Cette médiation de Démodamas, si elle sert les Séleucides, satisfait également les Milésiens, qui s’efforcent à la même période de relancer l’activité oraculaire du sanctuaire de Didymes, interrompue pendant plus d’un siècle et demi suite à la destruction du temple par les Perses45.
Séleucos et l’Apollon de Didymes
16Didymes est un sanctuaire oraculaire très ancien qui, selon Pausanias, fonctionnait bien avant que les Ioniens n’arrivent dans la région46. Le sanctuaire était alors connu dans l’ensemble du monde méditerranéen pour son oracle, ses richesses et sa statue d’Apollon. À la suite de la révolte de Ionie, le sanctuaire fut pillé et brûlé par Xerxès47. La statue d’Apollon fut emportée comme butin et les Branchides, qui administraient le sanctuaire et avaient soutenu les troupes du Grand Roi, s’exilèrent en Sogdiane et y fondèrent une cité48. Dévasté et privé de sa statue cultuelle, le sanctuaire fut délaissé et l’oracle se tut jusqu’à l’arrivée d’Alexandre. C’est alors, entre 333 et 331, selon C. Bearzot, que Séleucos consulta l’oracle au sujet de son retour en Macédoine49. Le général reçut la réponse suivante : « ne te presse pas de rentrer en Europe, l’Asie sera bien mieux pour toi50 ». Lorsqu’en 312 il s’apprête à reprendre la Babylonie après en avoir été chassé par Antigone, Séleucos utilise cette même prédiction pour motiver ses troupes. Dans ce contexte, l’oracle des Branchides est légèrement modifié puisque selon Diodore il aurait annoncé la future royauté de Séleucos51. Cette transformation intervient, comme le souligne C. Bearzot, au moment où Séleucos revendique le droit de mener une politique autonome et lorsqu’il s’impose comme l’un des nouveaux protagonistes du monde hellénistique52. Selon l’historienne, cette modification qui marque le soutien de l’Apollon didyméen à la constitution de l’aura royale de Séleucos indique le lien qui s’établit alors entre le diadoque et le sanctuaire. Séleucos renforcera d’ailleurs ce rapport en restituant au Didyméion la fameuse statue d’Apollon qui avait été dérobée par les Perses au début du ve siècle53. Le sanctuaire ionien et la famille séleucide s’aident donc mutuellement à construire puis renforcer leur importance politique. Didymes redevient un sanctuaire oraculaire renommé que les Séleucides utilisent pour diffuser en Égée l’image de leur maison. Ils légitiment ainsi leur position de pouvoir et occupent par la communication une région éloignée des territoires qu’ils contrôlaient alors. Dans ces conditions, il semble impératif pour les Séleucides de présenter les membres influents de leur famille et d’impliquer chacun d’eux dans la reconstruction du sanctuaire ionien. C’est ainsi qu’Apamè obtint une certaine visibilité à Didymes54.
La reine Apamè
17La reine Apamè a été pour Séleucos I une partenaire essentielle lors de la création puis de la consolidation du royaume. Elle participa tant à l’organisation territoriale de l’espace séleucide qu’au développement de l’idéologie royale.
18Les origines centre-asiatiques de la reine ont certainement contribué au bon déroulement de l’appropriation par les forces séleucides des territoires bactrien et sogdien. Il y a en effet de fortes chances pour qu’Apamè ait activé les réseaux hérités de sa famille afin de faciliter l’expédition militaire et littéraire qu’entreprit Démodamas entre 294 et 281. Avant cela, c’est à la constitution du territoire syrien qu’elle participa, donnant son nom à l’une des quatre cités élevées par Séleucos pour composer le site stratégique de la Tétrapole. Elle marqua également sa présence dans le sanctuaire de Didymes, propageant en Égée l’image d’une reine qui participe en coulisse à la politique du clan séleucide. Cette présence de la reine attestée de diverses façons – cités baptisées de son nom, action évergétique ou influence de son réseau – est géographiquement très diffuse55. C’est en effet sur l’ensemble du territoire récemment assemblé – et même au-delà – que se manifeste Apamè. La large distribution spatiale des « épiphanies » de la reine séleucide est, selon moi, révélatrice de l’implication d’Apamè dans la constitution du nouveau pouvoir royal.
19Recherchant un espace sur lequel exercer son influence, le pouvoir séleucide développe diverses méthodes afin de maintenir des territoires hétérogènes sous son autorité. Apamè est convoquée lorsqu’il s’agit de créer ou de rebaptiser des cités – inscrivant ainsi physiquement la présence séleucide dans le territoire. À la marge de cet espace royal, l’influence de la reine prend la forme d’évergésies. Ces dernières permettent généralement aux souverains de construire les identités politiques qu’ils souhaitent diffuser pour étendre leur influence et sur lesquelles ils s’appuient pour consolider leur autorité au sein d’un espace nouvellement acquis. Apamè participe – de même que son époux et son fils aîné – à ce double mouvement. Elle est cependant honorée pour sa bonne influence sur son entourage plus que pour des bienfaits tangibles – à la différence de Séleucos I ou d’Antiochos. La reconnaissance de cette activité mal perceptible souligne l’importance qu’il y avait à rendre visible la reine Apamè à Didymes, en marge du territoire séleucide, et à présenter ainsi chacun des membres constitutifs du pouvoir. Cette mise en scène de la reine, du roi et de leur fils aîné construit l’autorité séleucide sur le long terme, en fixant l’image de la succession royale au moment même où celle-ci pourrait être ébranlée par le second mariage du roi avec la jeune Stratonice.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 Arr., An., 7.4.5-6, décrit les noces de Suse lors desquelles Séleucos épousa la fille de Spitaménès le Bactrien ; Arr., An., 4.5.4, il évoque le soutien scythe que reçut Spitaménès lors du siège de Maracanda (Samarcande) ; Plu., Demetr., 31.5, présente Antiochos, le fils de Séleucos et de la Perse Apamè ; Str., 12.8.15, confond Apamè avec la fille du général perse Artabaze.
2 Sans avis contraire, toutes les dates s’entendent avant notre ère.
3 Jean Malalas, Chroniques, 198 (éd. Dindorf), fait allusion aux deux filles qu’Apamè eut de Séleucos : Apamè et Laodice.
4 Le statut royal d’Apamè est épigraphiquement attesté en 299 (A. Rehm, Die Inschriften, p. 480).
5 App., Syr., 57.295, énumère le nombre de cités que fonda Séleucos I pour honorer sa famille (seize Antioche en l’honneur de son père ; cinq Laodicée en l’honneur de sa mère ; neuf cités à son nom ; quatre cités au nom de ses épouses : trois Apamée et une Stratonice). Str., 16.2.4, rappelle que la Seleukis compte quatre villes principales : Antioche (près de Daphnè), Séleucie de Piérie, Apamée et Laodicée que Séleucos I fonda et baptisa du nom de son père, de son nom, du nom de son épouse et de celui de sa mère. Voir, au sujet d’Apamée, Cohen, 2006, p. 94-101. Plin., nat., 5.21, évoque le pont qui relie Apamée à Zeugma (Séleucie), deux cités fondées par Séleucos I en Commagène. Sherwin-White & Kurt, 1993, p. 15, interprètent l’établissement de ces cités sur les rives syrienne et mésopotamienne de l’Euphrate comme le symbole de l’importance géographique et idéologique que revêt le mariage de Séleucos et d’Apamè. La troisième cité baptisée par Séleucos I du nom de sa première épouse pourrait être Apamée Rhagiane, en Médie (Str., 11.9.1), ou Apamée Sittacène, sur le Tigre, au sud de Babylone (Plin., nat., 6.31.3).
6 Str., 12.8.15, explique qu’Antiochos I donna le nom d’Apamée à une nouvelle cité de Phrygie afin d’honorer sa mère. Liv., 38.13.5, se méprend en affirmant que cette cité doit son nom à Apamè, la sœur de Séleucos I. Voir Cohen, 1995, p. 281-285.
7 Carney, 1988, p. 140.
8 Voir à ce sujet, notamment, Capdetrey, 2007, p. 64-69.
9 Carney, 1988, p. 134-135.
10 Carney, 1988, p. 136-139 ; Cohen, 1995, p. 101-105.
11 Carney, 1988, p. 141.
12 Will, 2003, p. 80-87.
13 Jean Malalas, Chroniques, 198 (éd. Dindorf), précise que, comme Apamè était morte, Séleucos s’éprit, après l’avoir vue, d’une autre femme nommée Stratonice. Ogden, 1999, p. 119, indique qu’il s’agit d’une mauvaise compréhension qui résulte certainement des conceptions monogamiques de l’auteur byzantin.
14 Rehm, 1958, p. 480. Voir le décret honorifique pour la reine Apamè présenté ci-dessous dans ce même chapitre.
15 Rehm, 1958, p. 479.
16 Une mauvaise compréhension de l’argumentaire de Rehm conduit Günther à dater le décret en l’honneur d’Antiochos de la fin de l’année 299 (Günther, 1971, p. 34). Il inverse ainsi l’ordre de production des décrets. Cette méprise est relevée par Seibert, 1974, p. 199-200.
17 Rehm, 1958, p. 479 (édition des fragments a, b et c réalisée sur la base des estampages de Haussoullier, vus à Paris en 1942).
18 Pour les détails de l’argumentation voir Rehm, 1958, p. 281.
19 Müller, 1976, p. 20-28, revient en détail sur la fonction des synèdres et sur la procédure d’établissement des décrets honorifiques émis à Milet en l’honneur d’Apamè et de son fils Antiochos.
20 Haussoullier, 1902, p. 36, mentionnant Plin., nat., 6.49. Cette identification est suivie sans réserve par les historiens (Rehm, 1958, p. 282 ; Günther, 1971, p. 35 ; Robert, 1984, p. 469 ; Savalli-Lestrade, 1998, no 3, p. 4-5 ; Capdetrey, 2007, p. 384-385).
21 Bikerman, 1938, p. 73.
22 Rehm, 1958, p. 282, place cette expédition avant 306, date du début de la campagne de Séleucos en Inde (entre 306 et 303). Robert, 1984, p. 472, et Sherwin-White & Kurt, 1993, p. 26, se rangent à son avis. Mehl, 1986, p. 166-181, suivi par Savalli-Lestrade, 1998, p. 5, et Coloru, 2009, p. 147-148, place cette opération à la fin de l’offensive du roi en Inde. La présence de Démodamas dans cette région peut être déduite d’une remarque d’Étienne de Byzance concernant le nom de Antissa, une ville d’Inde qu’évoquerait Démodamas dans ses récits (St. Byz., s. v. Ἄντισσα).
23 Tarn, 1940, p. 92, s’appuie sur Plin., nat., 6.49, qui présente Démodamas comme l’officier des rois Séleucos et Antiochos (« Seleuci et Antiochi regum dux »), pour placer la campagne du philos séleucide entre 294 et 281 lorsque Antiochos gouvernait l’Est du royaume et avait obtenu de son père le titre de βασιλεύς.
24 Kosmin, 2014, p. 61-62.
25 Kosmin, 2014, note 23 de son deuxième chapitre, p. 291, remarque que les Milésiens auraient pu se battre pour Séleucos lors de la reprise de Babylone, de la conquête de l’Ouest iranien, des campagnes indiennes du souverain, ou même lors de la bataille d’Ipsos. Contra Robert, 1984, p. 471-472, qui suppose que le philos séleucide avait opéré aux côtés du bataillon milésien « dans le pays natal de la Bactrienne qui était devenue la reine séleucide ». De là, il présume qu’un « lien personnel de sympathie » s’était noué entre Démodamas et Apamè, ce qui expliquerait pourquoi le Milésien avait choisi de déposer une motion honorant la reine.
26 Kosmin, 2014, p. 61-62, suit l’argumentation de Tarn, 1940, p. 92, présentée ci-dessus en note 23.
27 Capdetrey, 2007, p. 41, indique que cette conquête s’inscrit dans « le contexte de fixation récente de limites symboliques par Alexandre » et que Séleucos et Antiochos avaient en mémoire cette conquête alexandrine qui était « leur référence » pour cette expédition.
28 Str., 11.11.2, rappelle que l’Iaxarte sépare les Sogdiens des Nomades. Sur les conséquences qu’aurait pu avoir l’expédition de Démodamas, voir Olbrycht, 1996, p. 160-161. Plin., nat., 6.46.1-7, mentionne la destruction par les Barbares de la cité d’Alexandrie de Margiane reconstruite ultérieurement par Antiochos I. Si des invasions nomades peuvent avoir détruit certaines cités d’Asie centrale, Coloru, 2009, p. 148, suppose qu’il s’agit d’incursions isolées plutôt que d’un déferlement barbare.
29 Plin., nat., 1.6 et 6.49. Ath., 15.30 (682e), cite un ouvrage que Démodamas aurait consacré à la cité d’Halicarnasse.
30 Bearzot, 1984, p. 79-81, suppose que les récits de Démodamas, qui ne seraient pas uniquement à caractère ethnographique, auraient pu être la source utilisée par Diodore (19.90) pour rapporter l’expédition babylonienne de Séleucos en 312.
31 Mégasthènes, FGrH 715 ; Patroklès, FGrH 712 ; Daïmachos, FGrH 716. Savalli-Lestrade, 1998, no 6, p. 8-9, no 7, p. 9, et no 2, p. 4, évoque ces auteurs dans sa prosopographie. Primo, 2009, p. 53-65, 72-78 et 82-85, fait de même. Bosworth, 1996, p. 113 et 120-121, propose de dater les Indica de Mégasthènes de 310 et suppose que Mégasthènes fut envoyé à la cour de Chandragupta par le satrape Sibyrtios et non par Séleucos I. Il s’écarte ainsi de l’hypothèse traditionnellement défendue qui suggère que Mégasthènes était l’émissaire de Séleucos à la cour de Chandragupta en 304/303. Voir également Kosmin, 2014, p. 34-58 (Mégasthènes et les Indica), p. 61-67 (Démodamas), p. 67-76 (Patroklès), p. 34-35 et 267 (Daïmachos).
32 Capdetrey, 2007, p. 82.
33 Arr., Ind., 8.6, cite les lignes que Mégasthènes consacre à l’habillement et à l’armement de l’Héraclès indien. Mégasthènes tient ces informations des Indiens eux-mêmes (ὡς αὐτοὶ Ἰνδοὶ ἀπηγέονται). Au sujet des fourmis, Arr., Ind., 15.7, rapporte les propos qui ont été racontés à Mégasthènes.
34 Capdetrey, 2007, p. 39-43.
35 Kosmin, 2014, p. 64-65, formule cette hypothèse en s’appuyant sur Plin., nat., 6.47. Le naturaliste explique dans ce passage que la cité d’Alexandrie de Margiane fut détruite par les Barbares avant d’être reconstruite par Antiochos qui la rebaptisa Antioche.
36 Kuhrt & Sherwin-White, 1991, p. 71-86, proposent une translittération et une traduction anglaise du document de Borsippa.
37 Rehm, 1958, p. 479, lignes 7-9 : καλῶς ἔχ<ο>ν ε[ἶναι | ὑπ]ολαμβάν[ων ἐπ]ακολουθεῖν τῆι τοῦ πατ[ρὸς προ|αιρ]έσε[ι].
38 Les synèdres sont, selon Müller, 1976, p. 26-28, mandatés par le peuple de Milet pour régler une question ponctuelle. Ils ne forment pas véritablement un collège permanent de magistrats.
39 Voir lignes 5-10 du décret honorifique voté par les Milésiens pour Apamè. Le document est présenté ci-dessus dans ce même chapitre.
40 Sánchez Bielman, 2002, p. 65, base son hypothèse sur d’autres cas connus d’actions évergétiques de reines hellénistiques.
41 Savalli-Lestrade, 2007, p. 99, remarque, à la lecture d’Aristée, 174-175, qu’il existait à la cour lagide « un délai de cinq jours pour les demandeurs (privés) d’audience et de trente jours pour les ambassadeurs de rois ou de cités ». Elle ajoute (p. 104) que ce délai légal pouvait encore être prolongé puisque le roi était souvent en déplacement.
42 Voir Rehm, 1958, p. 479.
43 Rehm, 1958, p. 424 (traductions : Pouilloux, 2003, no 37, p. 142-145 ; Günther, 1971, p. 43-50 ; Bringmann, 1995, KNr. 280 [E], p. 334-338).
44 En plus de sa gravure sur pierre, le décret est immédiatement inscrit sur un tableau blanc afin d’être connu de tous. Cf. ligne 26 du décret voté par les Milésiens en l’honneur de la reine Apamè (le document est présenté ci-dessus dans ce même chapitre).
45 Bearzot, 1984, p. 64-65.
46 Paus., 7.2.6.
47 Sur la date de la destruction du sanctuaire de Didymes, voir Hammond, 1998, p. 340-342.
48 Str., 14.5 et 11.4.
49 Bearzot, 1984, p. 61. L’édification du temple de Didymes aurait commencé peu après 334 (datation de Günther, 1971, p. 21-22 et 38, acceptée par Bringmann, 1995, KNr. **455 [A], p. 512, et reprise par Marcellesi, 2004, p. 167).
50 App., Syr., 56.
51 Diod., 19.90.4.
52 Bearzot, 1984, p. 63.
53 Paus., 1.16.3 et 8.46.3.
54 En 1895, une base de statue inscrite fut découverte parmi les ruines d’une chapelle dans un champ au sud du temple d’Apollon à Didymes. L’inscription de la base est érodée, mais on peut distinguer le nom d’Apamè. Rehm, 1958, p. 113, suppose qu’il s’agit de l’épouse de Séleucos I. Je développe l’analyse de cette inscription, en particulier le lien existant entre les reines hellénistiques et l’Artémis de Didymes, dans Widmer, 2015.
55 Voir carte en annexe.
Auteur
Université de Lausanne
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2021