Lancelot et le Cerf au pied blanc
Traduction française
p. 301-323
Texte intégral
I. [De la demoiselle avec le petit chien et de Keu]
Le conte dit en vérité ceci : | |
Lorsque les seigneurs étaient partis | |
et la cour séparée | |
– ce que je viens de vous raconter – | |
5 | une demoiselle arriva là-bas. |
Un petit chien blanc la suivait. | |
Dès qu’elle entra dans la cour | |
et aperçut le roi Arthur, | |
elle s’adressa à lui selon la coutume de son pays : | |
10 | « Que le Dieu céleste, |
tout-puissant vous récompense ! | |
Sire roi, veuillez prêter l’oreille à mes paroles. | |
Écoutez maintenant surtout mon récit : | |
Dans ce pays se trouve une forêt | |
15 | près d’une jolie vallée verte |
que vous connaissez bien sans doute. | |
Cette forêt, située dans une vallée, | |
est entièrement encerclée par deux montagnes | |
et entourée de hauts murs. | |
20 | Je pense que celui qui s’efforcerait d’y entrer |
aurait beaucoup de mal, | |
sauf à un seul endroit | |
où se trouve une petite poterne. | |
À cet endroit et nulle part ailleurs, | |
25 | on peut y entrer, |
– si comme je l’ai appris c’est vrai. | |
En contrebas, près d’une rivière, | |
se dressent maints arbres magnifiques | |
sous lesquels il fait bon se délasser. | |
30 | Un cerf au pied blanc |
règne en maître sur toute la rivière | |
et sur la forêt de la vallée. | |
Dans ces montagnes résident aussi | |
des lions effroyables | |
35 | qui veillent tous sur le cerf. |
Y passer la nuit est périlleux : | |
nuit et jour ils sont aux aguets. | |
Je n’aimerais pas me trouver face à eux | |
tant ils sont féroces, | |
40 | j’en suis sûre et certaine. |
Sire roi, vous n’avez pas encore appris | |
pour quelle raison je suis venue ici : | |
celle qui m’a envoyée | |
est reine dans son pays | |
45 | et suzeraine de maints chevaliers. |
Sur l’honneur, j’ose bien affirmer | |
qu’elle a le pouvoir | |
absolu sur trois rois, | |
prêts à la servir. | |
50 | Belle de toute sa personne, |
Elle est plus éclatante que la lumière du soleil. | |
De plus, personne ne lui a trouvé | |
la moindre vilenie. | |
C’est une demoiselle extrêmement jolie | |
55 | et de très haute naissance. |
Elle a juré sur sa couronne | |
de prendre uniquement pour époux | |
l’homme capable de lui apporter | |
le blanc pied du cerf. | |
60 | Il n’est pas facile de s’en emparer. |
Même celui qui tuera les lions | |
devra longtemps traquer le cerf | |
avant de l’attraper : | |
il le lui fera payer chèrement. | |
65 | Si quelqu’un veut y aller : |
Voici le petit chien qui | |
le guidera sur la bonne piste | |
dans la forêt où le cerf vit | |
et réside habituellement. » | |
70 | Keu prit alors la parole : « Que le Saint-Esprit me vienne en aide. |
Damoiselle, donnez-moi ce petit chien. | |
Je serai sans faute celui | |
qui partira en premier | |
tenter ma chance dans la forêt. » | |
75 | Ces paroles réjouirent la demoiselle. |
Elle laissa donc le petit chien | |
avec Keu à la cour | |
et toute joyeuse, elle prit congé. | |
La veille, très tôt le matin | |
80 | – avant l’arrivée de la demoiselle – |
Keu était venu à la cour. | |
Puisque vous venez d’apprendre | |
qu’il y était tombé en disgrâce, | |
soyez sûrs qu’à ce moment tout était pardonné, | |
85 | car sa dame1, la reine |
avait rétabli la paix et l’amitié | |
avec le roi et Gauvain2. | |
Keu était donc revenu à la cour | |
et avait emmené le petit chien. | |
90 | Le lendemain, |
Il entendit la messe ; | |
ensuite il prépara son départ, | |
s’arma et partit de là. | |
Le petit chien courut vite devant lui. | |
95 | Keu le suivit à toute allure. |
La journée était belle et claire. | |
Les oiseaux, nombreux, | |
chantaient dans les arbres et par terre. | |
Puis, peu avant midi, | |
100 | Keu aperçut une rivière, |
large et très profonde, | |
qu’il devait absolument traverser. | |
Il n’y avait rien d’autre à faire. | |
Le chien ne chercha pas de gué ; | |
105 | en un clin d’œil, il traversa à la nage. |
Sur ce, Keu tourna bride | |
pour rentrer à la cour. | |
Sans crainte, le petit chien | |
retraversa à la nage la large rivière. | |
110 | Une course s’engagea entre eux deux. |
Très inquiet de le voir revenir, | |
Keu se demanda | |
quelle excuse il pourrait bien avancer. | |
Puis il se dit | |
115 | qu’il tuerait le petit chien avec son épée |
et dirait qu’il lui avait échappé. | |
Malgré sa colère | |
il ne parvint pas à le rattraper. | |
Lorsqu’il piquait des deux, | |
120 | le petit chien le devançait encore plus. |
Il continua ainsi toute la journée | |
jusqu’à ce qu’il aperçût le château | |
où Arthur tenait sa cour. | |
Alors, très abattu, | |
125 | il baissa la tête derrière son bouclier. |
Messire Gauvain vint vers lui, | |
le tournant en dérision. | |
Keu lui dit : « Que Dieu me vienne en aide. | |
Je n’étais pas encore très loin | |
130 | lorsque – j’en suis courroucé – |
je fus pris d’un malaise. | |
N’osant pas continuer mon chemin | |
je fus obligé de faire demi-tour. | |
J’ignore ce qui m’est arrivé. » | |
135 | Maintenant je cesse de parler de Keu |
et je vous écrirai sur Lancelot. |
II. [Comment Lancelot remporta le pied blanc]
Le conte nous dit ensuite | |
qu’à ce moment-là | |
Lancelot venait d’arriver à la cour. | |
140 | Après avoir appris la nouvelle |
il dit très calmement : | |
« Par ma foi, je veux suivre | |
ce petit chien, sans faute. » | |
Il appela tout de suite son écuyer, | |
145 | fit apporter aussitôt son armure, |
se hâtant comme quelqu’un désireux de partir | |
en quête de gloire et d’honneur. | |
Content et joyeux, | |
Il quitta la cour d’Arthur. | |
150 | C’était l’époque |
où les champs de blé étaient en fleurs. | |
Tout en chantant, il alla au trot, | |
pas très vite, ni très lentement. | |
Il ne sut point | |
155 | où se diriger, |
mais suivit de près le petit chien | |
où qu’il voulût aller. | |
– C’est du moins ce que j’ai entendu dire – | |
Il ne prit ni chemins ni sentiers : | |
160 | il le suivit à vive allure, |
sans s’arrêter, ni se reposer, | |
jusqu’à ce qu’il aperçût la vallée | |
en arrivant à la rivière3. | |
Alors il vit clairement le petit chien | |
165 | sauter aussitôt dans l’eau. |
Lâchant la bride à son cheval, | |
Lancelot le suivit sur-le-champ. | |
Avec hardiesse, il s’engagea dans la rivière | |
et la traversa au plus vite4. | |
170 | Puis il mit pied à terre |
dans l’herbe verte | |
et attendit qu’ils fussent secs | |
tous deux, lui-même et son cheval. | |
Ensuite il régla la selle, | |
175 | enfourcha son cheval sans crainte |
et chevaucha vers la forêt. | |
Le trajet était plus long que je ne puis dire, | |
Vous pouvez bien me croire. | |
Il continua ainsi son chemin | |
180 | jusqu’à ce qu’il aperçût l’orée de la forêt. |
Avant qu’il n’atteignît la poterne | |
les lions le remarquèrent | |
et l’attaquèrent violemment. | |
Avec son épée il se défendit aussitôt | |
185 | courageusement contre eux, |
car il voulut tuer à tout prix | |
les sept lions présents. | |
Écoutez, je peux vous dire comment il y parvint, | |
si vous voulez bien prêter l’oreille. | |
190 | Auparavant, un chevalier |
en avait tué trois. | |
Il s’était défendu comme il fallait ; | |
pourtant, il avait fini par mourir | |
et y laisser la vie. | |
195 | Je ne prétends pas que c’est la vérité absolue, |
mais j’ose bien vous raconter | |
ce que j’ai entendu dire : | |
Lancelot, le chevalier alerte, | |
porta maints coups aux lions | |
200 | féroces et agressifs envers lui, |
et ils ne l’esquivèrent pas. | |
Il fonça sur eux, | |
les frappant durement avec violence. | |
En retour, il reçut | |
205 | trois blessures graves et profondes. |
Il prit alors conscience de la gravité du combat | |
et se défendit avec force. | |
Il vit bien qu’il ne pouvait plus se dérober | |
sans perdre son honneur, | |
210 | ni faire demi-tour, |
ni s’enfuir en cas de péril. | |
Aussitôt il en tua trois. | |
Les autres furent féroces envers lui, | |
l’accablèrent et lui firent très mal | |
215 | en l’attaquant à maintes reprises |
jusqu’à ce qu’il les tuât tous. | |
Les lions étendus morts sur le sable, | |
il se plaignit de ses blessures. | |
Pourtant il remercia beaucoup Dieu | |
220 | de l’avoir protégé |
contre ces lions féroces5 | |
qu’il combattit longtemps. | |
S’il n’avait pas été aussi fort, | |
il n’aurait pas eu la vie sauve. | |
225 | Puis il alla vers son cheval |
et mit le pied dans l’étrier. | |
Bien qu’il fût blessé et fatigué, | |
il l’enfourcha rapidement | |
et s’engagea dans la forêt. | |
230 | Son triste état le gêna le plus. |
Il entendit les oiseaux chanter. | |
L’odeur des herbes douces, | |
nombreuses dans la forêt, | |
l’apaisa. | |
235 | Il allait et venait, |
entendait maints chants | |
d’oiseaux qui lui plaisaient beaucoup | |
et diminuaient sa souffrance. | |
En regardant partout autour de lui | |
241 | il aperçut alors le cerf, |
240 | couché sous un giroflier. |
Écoutez maintenant comment Lancelot s’y prit : | |
il éperonna son cheval. | |
Le cerf le remarqua et se mit à courir. | |
245 | Lancelot le suivit de près, |
bien qu’il fût fatigué et souffrant. | |
Le petit chien courut devant ; | |
avant que Lancelot ne s’en rendît compte, il l’eut attrapé. | |
Lorsqu’il l’eut tué, | |
250 | Lancelot s’approcha au grand trot |
et mit pied à terre sur l’herbe. | |
Désireux d’obtenir le pied blanc, | |
il le trancha avec son épée. | |
255 | Puis, ne tenant plus sur ses jambes, |
254 | il s’effondra. |
Au même moment, il vit venir | |
un chevalier monté sur un grand cheval. | |
Lancelot le pria | |
de venir près de lui, | |
260 | de prendre le pied blanc |
et de lui promettre sur l’honneur | |
de se rendre chez la demoiselle, | |
et de lui dire | |
qu’il gisait dans la forêt, | |
265 | grièvement blessé, |
qu’il viendrait dès qu’il pourrait, | |
et qu’elle n’épouse aucun homme | |
avant sa venue. | |
« Dites-lui qu’elle se porte toujours bien, | |
270 | du matin au soir. |
Je me suis donné tant de peine | |
pour sa vertu et son honneur, | |
dont j’ai entendu parler. » | |
Sur ce, il tendit la main | |
275 | et donna le pied au chevalier. |
Il eût mieux fait | |
de ne pas le lui donner ! | |
Ce qui doit advenir | |
finit inéluctablement par arriver. | |
280 | Après avoir pris le pied, |
le chevalier saisit son épée et frappa Lancelot | |
si durement qu’il survécut à peine. | |
Il commit une vilenie, | |
285 | se déshonorant ainsi. |
284 | – Si seulement il avait pu en être autrement ! – |
Il trouva Lancelot blessé et aggrava ses blessures, | |
rendant le mal pour le bien, | |
comme on le fait de nos jours | |
et comme on l’a maintes fois fait. | |
290 | Puisse le Dieu éternel |
empêcher tous les méchants d’agir ainsi, | |
si bien qu’ils se ravisent, | |
renoncent à toute perfidie | |
et se comportent d’une manière juste ! | |
295 | Lorsque le chevalier cruel |
eut blessé le seigneur, | |
si bien qu’il pensa | |
que celui-ci en mourrait, il se rendit | |
là où habitait la reine. | |
302 | Tout s’étant passé ainsi pour lui, |
300 | Il fut comblé de joie. |
et de bonheur. | |
Il pensa devenir un grand seigneur bientôt ; | |
mais avant la fin de l’histoire | |
305 | il découvrira bien |
s’il va tirer quelque profit de sa forfaiture. | |
À quoi bon en parler longuement ? | |
Lorsque le chevalier s’approcha du château | |
et arriva devant, | |
310 | un écuyer prit son cheval |
et le mena là où l’on en prendrait soin. | |
Qu’il fut heureux de voir cela ! | |
Lui-même entra dans la grande salle | |
où il fut bien accueilli | |
315 | par des chevaliers et des demoiselles, |
présents en grand nombre. | |
La demoiselle elle-même s’avança vers lui, | |
désireuse de bien le recevoir | |
parce qu’elle ne le connaissait pas. | |
320 | Puis elle l’emmena dans un verger |
et s’assit sur l’herbe avec lui. | |
Écoutez maintenant ce qu’il fit alors : | |
« Damoiselle, dit-il, vous avez juré | |
devant tous les sujets de votre royaume | |
325 | de ne prendre pour époux |
que l’homme capable de vous apporter | |
le pied blanc du cerf. | |
Le voici maintenant, faites | |
ce qu’il vous plaît dans cette circonstance. | |
330 | Avec mon épée, je l’ai emporté |
sur les lions cruels et féroces envers moi, | |
c’est sûr et certain. | |
De droit j’ai acquis votre main ; | |
que ceux qui me l’envient | |
335 | soient frappés de malheur ! |
Je me suis donné tant de peine pour l’obtenir. » | |
Après l’avoir écouté, | |
la demoiselle prit congé de lui, se leva | |
et dit qu’elle voulait réfléchir. | |
340 | Aussitôt elle entra dans sa chambre. |
« Malheureuse femme, que m’arrive-t-il ! | |
Maintenant, Dieu ne m’est pas propice. | |
Que veut-on me faire comprendre ? | |
Pauvre femme, quel méfait ai-je commis | |
345 | à l’égard de Dieu Notre-Seigneur ? » |
Elle pleura à faire pitié, | |
puis se lamenta sur son malheur : | |
« Seigneur, est-ce l’exaucement de la prière | |
que je faisais sans cesse, du matin au soir : | |
350 | que Dieu m’envoie un époux6 |
avec qui je vivrais dans la joie ? | |
Je pense que sur la terre entière | |
il n’existe pas son pareil en laideur. | |
Pauvre de moi, que vient-il de m’arriver ! | |
355 | Il n’a pas l’air d’accomplir des exploits ; |
il est si laid, de plus il est méchant. | |
Cela me rend vraiment malheureuse. » | |
Les demoiselles le remarquèrent aussitôt. | |
Elles allèrent vers elle | |
360 | lorsqu’elles la virent pleurer7. |
Toutes lui demandèrent alors | |
ce qu’elle avait et ce qui lui arrivait. | |
Elle répondit : « Vous l’apprendrez bien. | |
Avez-vous vu ce chevalier odieux, | |
365 | que j’ai si bien accueilli ? |
Voici ce qui s’est passé : | |
Il a apporté ici le pied blanc. | |
Je vous en supplie, veuillez | |
me donner un bon conseil. | |
370 | Vous voyez bien dans quel état je suis. » |
Une jouvencelle qui se tenait près d’elle | |
lui répondit : « Damoiselle, sachez bien ceci : | |
notre conseil ne servira à rien. | |
Il serait bon de penser | |
375 | à convoquer vos vassaux, |
afin qu’ils vous conseillassent. | |
À mon avis, c’est la meilleure chose à faire. » | |
La demoiselle répondit aussitôt : | |
« Je convoquerai donc sans délai | |
380 | tous les chevaliers de mon pays, |
si bien que viendront rapidement | |
tous ceux qui appartiennent à mon royaume ; | |
leur venue est urgente et indispensable. » | |
Arrivèrent alors maints chevaliers vaillants | |
385 | et aussi maints jouvenceaux, |
avant le coucher du soleil | |
et le lendemain très tôt. | |
J’ai entendu dire | |
que pas moins de six mille | |
390 | de ses vassaux se présentèrent à la cour. |
Avant le lever du soleil | |
vinrent aussi trois rois couronnés | |
accompagnés de tant d’hommes | |
que je ne puis vous les nommer. | |
395 | Ils mirent pied à terre et entrèrent dans la salle. |
La demoiselle leur souhaita la bienvenue. | |
Puis la reine rassembla aussitôt les rois | |
et ceux qu’ils choisirent | |
dans le jardin clos. | |
400 | Elle y fit entrer aussi ceux qu’elle crut capables |
de la conseiller au mieux, | |
qui lui étaient entièrement dévoués, | |
et en qui elle avait toute confiance ; | |
elle n’y laissa entrer personne d’autre | |
405 | et s’introduisit avec eux dans le verger. |
Les rois lui demandèrent alors | |
ce qu’elle désirait et ce qu’elle voulait. | |
Elle répondit qu’elle le leur dirait : | |
410 | « Un chevalier, que je ne connais pas, |
409 | est venu ici, chez moi, |
et m’a apporté le pied blanc | |
que maint chevalier vaillant | |
a payé de sa vie. | |
Il m’a raconté | |
415 | qu’il s’est battu pour l’obtenir. |
Si ce qu’il m’a dit est vrai, | |
je ne serai plus jamais | |
heureuse ni honorée, | |
tant il est laid : de plus il est méchant. | |
420 | Je souhaite être conseillée à ce sujet ; |
même s’il était un bon mari, | |
Dieu le sait, il serait inconvenant | |
qu’il devînt votre suzerain à vous tous. » | |
Un roi magnanime lui répondit : | |
425 | « Damoiselle, nous avons entendu votre récit. |
Qu’on fasse venir maintenant le chevalier ; | |
après avoir entendu sa version des faits, | |
nous vous conseillerons bien. » | |
Sur ce, on appela le chevalier qui se présenta. | |
430 | Lorsque la demoiselle l’aperçut, |
elle se mit à pleurer très fort | |
et dit : « Soyez le bienvenu, Seigneur. » | |
Le chevalier lui rendit son salut gentiment. | |
Aïe, que la reine fut triste ! | |
435 | Le fait de ne l’avoir jamais vu |
fut un rude coup pour elle. | |
Ensuite, un roi qui voulait du bien | |
à sa suzeraine ne tarda plus | |
à interroger le chevalier : | |
440 | pour quelle raison et comment |
il était venu à la cour ? | |
Après l’avoir écouté, | |
le chevalier répondit : « Seigneur, dans notre pays | |
maint chevalier sait, | |
445 | – de plus, la nouvelle se répand – |
que la situation de la demoiselle est telle | |
qu’elle pourra épouser | |
uniquement l’homme qui lui apportera | |
le pied blanc du cerf. | |
450 | Mon père est un chevalier vaillant |
et m’a ordonné de partir | |
à la chasse du cerf dans la forêt. | |
Voilà pourquoi je suis maintenant venu à la cour. | |
J’ai tué le cerf | |
455 | et apporté ici le pied |
que maint chevalier a payé de sa vie. | |
Je réclame ce qui me revient de droit, | |
car je me suis donné tant de peine. » | |
Après avoir entendu son récit, | |
460 | le roi se dit en son for intérieur |
que cela pourrait bien être vrai. | |
Puis il déclara : « Damoiselle, écoutez ceci : | |
notre conseil, soutenu par notre pouvoir, | |
est de différer de quinze jours le mariage ; | |
465 | je ne vois pas de meilleure solution. |
D’ici là, beaucoup de choses pourront se produire. » | |
468 | Un délai aussi long |
467 | déplut beaucoup au chevalier ; |
il se rendit bien compte que c’était de mauvais augure pour lui | |
470 | et s’en inquiéta d’autant plus. |
Le délai fut ainsi fixé, | |
ce qui réjouit beaucoup la demoiselle. | |
Elle ne renvoya pas la cour ; | |
sa volonté et ses ordres | |
475 | furent aussitôt exécutés. |
Maintenant je cesse de conter cette histoire, | |
– laissant les seigneurs là-bas – | |
et j’écrirai sur Gauvain. |
III. Comment Gauvain protégea Lancelot et se battit en duel pour lui
Le conte dit | |
480 | qu’à ce moment-là Gauvain |
se doutait fort que Lancelot | |
était en péril, | |
parce qu’il était sans nouvelles de lui | |
et qu’aucun message n’était parvenu à la cour. | |
485 | Il était à Cardueil |
avec l’épouse d’Arthur, la reine, | |
le roi lui-même étant absent. | |
Il aperçut alors un écuyer, | |
l’appela aussitôt | |
490 | et lui ordonna de chercher son cheval. |
– Ce fut tôt le matin – | |
Puis, on lui amena sa monture | |
qu’il enfourcha hardiment, | |
mais sans savoir | |
495 | où aller. |
Il chevaucha ainsi selon la volonté de Dieu | |
jusqu’à ce qu’il aperçût | |
l’orée de la forêt. | |
Là, il vit le sol jonché | |
500 | des pieds et des mains |
des chevaliers qui y avaient laissé leur vie. | |
Il crut qu’il y avait aussi ceux de Lancelot ; | |
504 | accablé de tristesse, |
503 | il s’effondra sur l’herbe. |
505 | Il se lamenta plus |
que quiconque par la suite | |
ou auparavant, | |
parce qu’il croyait avoir perdu | |
Lancelot, le chevalier alerte. | |
510 | Par la suite, celui-ci le lui rendit bien. |
Ensuite il remonta en selle | |
et se dirigea vers la forêt | |
pour voir ce qu’il en était. | |
Il vit alors son compagnon vaillant | |
515 | étendu sur l’herbe. |
Seigneur Dieu, qu’il fut heureux ! | |
Il mit pied à terre et pleura beaucoup, | |
puis dit : « Lancelot, ami, seigneur, | |
qui vous a fait cela ? » | |
520 | À ces mots, Lancelot lui demanda : |
« Qui êtes-vous ? Dites-le-moi. » | |
Gauvain lui répondit : | |
« Seigneur, mon nom est Gauvain, | |
je suis très peiné par votre malheur. » | |
526 | Écoutez maintenant la réponse |
525 | de Lancelot à ces paroles : |
« Gauvain, cher ami vaillant, | |
Avec force j’avais remporté le pied blanc | |
sur les lions féroces | |
530 | qui m’ont grièvement blessé, |
comme vous pouvez le voir maintenant. | |
Puis est venu ici un chevalier sans honneur, | |
ce dont je me suis rendu compte après. | |
Je l’ai prié de venir par ici, | |
535 | il s’est alors approché de moi, |
et je lui ai dit : “Noble chevalier honorable, | |
veuillez | |
apporter ce pied blanc | |
au lieu où réside la demoiselle.” | |
540 | En possession du pied, il m’a frappé |
avec son épée ; en outre, il l’a enfoncée dans mon corps | |
me blessant grièvement. » | |
Lorsque Gauvain eut entendu le récit de Lancelot, | |
il le souleva avec prudence8 | |
545 | et le mit en selle devant lui ; |
ensemble ils sortirent de la forêt. | |
Gauvain avait entendu dire | |
que, par là, il y avait une ville, | |
située sur une haute montagne | |
550 | où habitait un médecin expérimenté. |
Il amena Lancelot chez lui, | |
le priant de bien soigner ses blessures | |
et de le guérir rapidement ; | |
s’il le faisait, il le récompenserait généreusement. | |
555 | Gauvain lui indiqua en outre |
un traitement très efficace. | |
Ensuite il quitta Lancelot | |
et se rendit à bride abattue | |
à l’endroit où le mariage devait se dérouler. | |
561 | À son arrivée au château, |
560 | on se douta peu de ses intentions ; |
peu de personnes le reconnurent | |
ou comprirent ce qu’il voulait, | |
tant il y avait de nobles chevaliers. | |
565 | Mais, avant la tombée de la nuit, |
maint chevalier fut au courant. | |
Ce fut le jour | |
où le chevalier aurait dû prendre | |
pour femme la demoiselle. | |
570 | Tous ceux présents à la cour |
étaient peinés | |
qu’on en soit arrivé là. | |
Un chapelain était tout prêt. | |
Malgré sa tristesse, la demoiselle se présenta | |
575 | pour tenir sa promesse faite au chevalier. |
À ce moment-là, Gauvain, le téméraire, s’avança | |
et demanda sans détours | |
quel genre d’homme était celui qui | |
aurait pour femme la demoiselle. | |
580 | Les chevaliers demandèrent ce qu’il voulait. |
« Ce que je veux ? » Puis le scélérat déclara : | |
Je l’ai acquise de bon droit. | |
– Tu l’as acquise ? – Oui, dit-il, parole d’honneur. | |
– Tu mens ; tu le regretteras ! | |
585 | Même en enfer, tu ne m’échapperas pas, |
je vengerai mon ami, | |
qui de bonne foi et en toute confiance | |
t’a donné le pied blanc. | |
Tu t’es déshonoré toi-même, | |
590 | car mon ami était grièvement blessé |
et tu as aggravé ses blessures ! | |
C’est pourquoi je te jette le gant, | |
si toutefois tu oses le relever. » | |
Le chevalier répliqua aussitôt : | |
595 | « Tu mens honteusement comme un bandit ; |
je ne me suis jamais rendu coupable d’un acte tel | |
celui que vous m’imputez maintenant ici. | |
Lorsque vous le regretterez, | |
il sera trop tard. » | |
600 | Ces paroles suscitèrent aussitôt le duel. |
Puis, le chevalier s’adressa à nouveau | |
à Gauvain – je vous raconterai comment – : | |
« Je ne sais pas ce que vous avez appris, | |
mais vous commettez une bêtise | |
605 | en m’accusant, je vous le dis, |
de l’acte que vous venez de mentionner. | |
Quoi qu’il se soit passé, | |
je n’ai pas de comptes | |
à vous rendre ici. | |
610 | Voilà où l’on en est maintenant : |
le duel doit avoir lieu. | |
Je sais très bien moi-même | |
que je suis totalement innocent dans cette affaire : | |
je ne vous crains nullement. » | |
615 | Gauvain montra sa noblesse en répondant : |
« Chevalier, vous feriez mieux de me craindre. | |
Je sais très bien que vous | |
ne me redoutez pas le moins du monde, | |
mais, Dieu le sait, je vous crains encore moins ! | |
620 | Je ne sais pas si je le dis par stupidité, mais |
si vous avez du courage, vous en aurez bien besoin. | |
Je ne me chargerais pas à la légère | |
d’une chose aussi grave, je vous dis pourquoi : | |
à mon avis, il ne s’agit pas d’un jeu, | |
625 | c’est une question de vie ou de mort, et d’honneur ! |
Je ne vous aurais jamais | |
accusé d’une chose aussi grave, | |
si je n’avais pas su la vérité, | |
et le comment, et le pourquoi. » | |
630 | Ainsi se termina leur conversation. |
La demoiselle s’en réjouit beaucoup, | |
de même que tous ceux qui étaient présents | |
et qui lui étaient entièrement dévoués. | |
Gauvain, le chevalier hardi, | |
635 | s’arma aussitôt, |
attacha ses chausses, | |
se vêtit de son haubert | |
– qui lui seyait bien, à mon avis – | |
et mit le surcot par-dessus. | |
640 | Ensuite, on lui apporta son heaume solide, |
résistant aux coups portés | |
643 | avec une lance ou une épée, |
642 | où qu’on l’atteignît. |
Il ne voulut pas différer le duel, | |
645 | car, dès qu’il fut armé, |
il fit amener sur l’herbe | |
son beau et grand destrier. | |
Puis, se sachant en péril, il se signa. | |
À quoi bon en parler longuement ? | |
650 | Tous deux étaient bien équipés, |
De plus, l’un et l’autre étaient vaillants. | |
Ils s’attaquèrent avec force et courage | |
s’assénant des coups tels | |
que leurs lances se brisèrent. | |
655 | Chacun des deux, désireux de frapper l’autre, |
saisit alors son épée. | |
Ils les brandirent avec violence, | |
portant de rudes coups avec elles ; | |
ils se donnèrent maints coups l’un à l’autre, | |
660 | si bien que quiconque le vit s’en étonna. |
Ils se battirent longtemps et durement. | |
La demoiselle dit : « Que Dieu, Notre-Seigneur, | |
donne maintenant des forces à Gauvain. » | |
On put voir alors les étincelles | |
665 | jaillir de leurs heaumes ; |
le cliquetis des armes était fracassant ; | |
il n’y eut pas de trêve, | |
ils assénèrent maints rudes coups. | |
À quoi bon en parler longuement ? | |
670 | Puis, Gauvain frappa et atteignit |
le chevalier, au point de fendre | |
son heaume et sa tête avec, | |
l’épée pénétrant | |
jusqu’à son épaule avant de rebondir. | |
675 | Il y eut un cri déchirant, |
puis le chevalier tomba raide mort. | |
On l’attacha à une queue de cheval | |
et on le traîna – il l’avait bien mérité – | |
partout, de long en large, | |
680 | sur la montagne, dans la vallée. |
Qu’ainsi périssent tous | |
ceux qui pratiquent la perfidie ! | |
J’ose bien affirmer sur l’honneur | |
que la demoiselle fut alors heureuse, | |
685 | de même que tous ceux qui étaient avec elle. |
Ensuite Gauvain dit : « Je veux partir. » | |
– pour voir comment allait son ami. | |
À ces mots, la demoiselle l’interpella : « Il est trop tard, | |
s’il vous plaît, | |
690 | j’aimerais bien savoir son nom. » |
Le chevalier alerte répondit : | |
« Damoiselle, on peut le mentionner avec fierté : | |
il est le meilleur des chevaliers | |
vivant sur la terre entière ; | |
695 | de plus, il est le plus beau. » |
La demoiselle dit alors : « Toutes les prières | |
698 | que j’ai faites par le passé |
697 | n’ont donc pas été vaines. |
– Damoiselle, il s’appelle Lancelot, | |
700 | je n’ai jamais vu son pareil |
en bravoure. | |
J’aimerais savoir où il en est. » | |
La demoiselle lui répondit ceci : | |
« Je vous dis ce qu’il faut faire maintenant : | |
705 | Vous ferez honneur à vous-même |
en restant chez moi aujourd’hui | |
et demain, au lever du soleil, | |
si le cœur vous en dit, | |
vous vous rendrez là où se trouve votre ami. » | |
710 | Le noble chevalier lui répondit : |
« Damoiselle, je ferai ce que vous souhaitez. | |
– Seigneur, dit-elle, que Dieu vous en récompense. » | |
Sur ce, maints chevaliers puissants souhaitèrent | |
courtoisement la bienvenue à Gauvain. | |
715 | Tous ceux qui étaient présents |
furent pleins d’attention pour lui. | |
À l’heure du repas, | |
la demoiselle prit Gauvain par la main | |
et le fit asseoir à côté d’elle ; | |
720 | elle fut prévenante envers lui, |
et ceux qui servirent dans la salle | |
prirent bien soin de lui. | |
Le repas terminé | |
et les chevaliers levés de table, | |
725 | tous furent joyeux et s’amusèrent, |
car cela leur convenait bien. | |
Écoutez maintenant ce que fit la demoiselle : | |
« Gauvain, chevalier vaillant, dit-elle, | |
je sais bien que vous ne voulez pas vous attarder ici. | |
730 | Lorsque vous verrez votre ami, |
saluez-le de ma part, je vous prie. | |
Maintenant, je vous recommande à Dieu ; | |
j’ignore quand je vous reverrai. | |
Je prie pour que tout se passe bien pour vous, | |
735 | que vous restiez auprès de votre ami |
jusqu’à ce qu’il soit guéri | |
et que vous reveniez ici avec lui. » | |
Gauvain, le chevalier vaillant, dit alors : | |
« Damoiselle, je n’y manquerai pas, | |
740 | si Dieu m’est propice. » |
Cette conversation terminée, | |
elle entra aussitôt dans sa chambre. | |
Puis, les serviteurs préparèrent tout de suite | |
pour Gauvain un lit | |
745 | somptueux et magnifique. |
Même s’il avait porté la couronne | |
À Acre à ce moment-là, | |
il lui aurait certainement | |
plu d’y dormir. | |
750 | Un serviteur robuste et agile |
apporta un matelas de soie | |
et un oreiller de pourpre ; | |
un autre apporta | |
deux draps blancs et fins, | |
755 | fraîchement lavés et bien pliés. |
Jamais personne n’en vit | |
de ses yeux d’aussi beaux | |
que ceux du lit où Gauvain dormit cette nuit-là. | |
Les draps étendus sur le lit, | |
760 | une demoiselle apporta sans délai |
une couverture avec des broderies d’or, | |
afin qu’il puisse se couvrir. | |
Même celui qui aurait fait le tour du monde | |
n’aurait pas trouvé la pareille, | |
765 | tant elle fut belle. |
La broderie, | |
d’une grande valeur, | |
était digne d’un roi puissant9. | |
Le lit préparé, | |
770 | un serviteur vint chercher Gauvain |
pour l’inviter à venir se coucher. | |
Voyant le lit, | |
si somptueux et si beau, | |
il se dit | |
775 | qu’il n’avait trouvé nulle part ailleurs |
un lit aussi beau. | |
Il fit ce qu’on attendait de lui | |
et se coucha aussitôt. | |
Le matin, dès l’aube, | |
780 | Il se leva, prit congé, |
enfourcha rapidement son cheval | |
et se rendit chez son ami. | |
À son arrivée là où il l’avait quitté, | |
Lancelot n’était pas encore guéri. | |
785 | Bien que cela lui coûtât, |
Il fut obligé d’attendre | |
le moment où il lui semblerait | |
que Lancelot serait en mesure de manier les armes, | |
en cas de besoin. | |
790 | Ce moment venu, Gauvain, le hardi, |
gratifia le médecin d’une récompense | |
qui le combla de joie. | |
Puis, il leur souhaita aussitôt | |
bon voyage et bon retour, en bonne santé. | |
795 | Tous deux chevauchèrent jusqu’au moment où ils virent |
qu’ils approchèrent du château. | |
On les remarqua bientôt. | |
La demoiselle alla à leur rencontre | |
et leur souhaita la bienvenue. | |
800 | « Ami, dit-elle, êtes-vous guéri ? |
– Oui, damoiselle, sans nul doute ; | |
Que Dieu en soit remercié. » | |
Puis Gauvain intervint : « Chère damoiselle, | |
à votre avis, quelle est la meilleure chose à faire, | |
805 | maintenant qu’est venu mon ami |
qui a acquis votre main | |
à grand peine ? | |
Cependant, pour le moment, | |
il ne veut pas vous épouser, sachez-le. | |
810 | Il désire différer le mariage |
jusqu’à son retour ici, | |
en chevalier vaillant, avec sa parenté. | |
Mais il souhaite que vous y consentiez | |
et que vous ne vous en attristiez point, | |
815 | bien qu’il vous quitte ainsi. » |
La demoiselle, maîtrisant son émotion10, | |
répondit : « Seigneur, en toutes circonstances, | |
je suis prête à faire ce qu’il souhaite. | |
J’attendrai, quoi qu’il en soit, | |
820 | aussi longtemps qu’il faudra11 ; |
de plus, je me comporterai toujours selon son désir, | |
du matin au soir. » | |
Ces paroles plurent beaucoup à Lancelot, | |
car, à aucune condition, | |
825 | que ce soit pour son bonheur ou son malheur, |
quoi qu’il lui arrive, | |
pour rien au monde, | |
il l’aurait prise pour femme à ce moment-là, | |
à cause de la reine, | |
830 | qu’il aimait d’un amour total et absolu. |
Ce fut le plus important pour lui. | |
On fit bon accueil aux seigneurs ; | |
on se réjouit et se divertit beaucoup. | |
La reine et Lancelot, | |
835 | assis côte à côte, conversèrent ensemble. |
Il lui plut vraiment beaucoup. | |
J’ai appris qu’elle aurait aimé | |
célébrer le mariage, | |
mais je vous dis qu’elle eut honte | |
840 | de le réclamer à ce moment-là. |
Ils passèrent ainsi deux jours là-bas. | |
Le troisième jour, | |
tous deux prirent congé | |
et chevauchèrent ensemble jusqu’à leur arrivée | |
845 | à la cour d’Arthur à Camaalot |
où la joie fut grande, | |
parce qu’ils étaient venus tous les deux. | |
Ils racontèrent ce qui leur était arrivé | |
au roi et à la reine, | |
850 | très heureux |
que tout se fût terminé ainsi pour eux. | |
| |
Maintenant je tais cette histoire | |
pour vous raconter – comme je l’ai appris – | |
d’abord comment Torec vint au monde, | |
855 | ensuite, comment il arriva à la cour plus tard |
et devint un chevalier de grand renom. |
Notes de bas de page
1 V. 85 mouwe = manche, Draak : vrouwe = dame.
2 Les vers 81-87 renvoient à la fin du récit précédent de la Compilation : Walewein ende Keye (v. 22257/22258 de l’édition Jonckbloet), mentionnant la malédiction de Keu par le roi Arthur.
3 V. 157-158 [mede] / [stede], Draak : [hi saen] / [sonder waen] ; v. 160 gr [oten gere naer], Draak : gr[oter spoede naer] ; v. 161-162 g[ene raste mede] / h[i vernam die stede], Draak : g[ene raste al] / [hi vernam dat dal] ; v. 163-164 [ene riviere] / [die hont sciere], Draak : [die riviere] / [hondekin sciere] ; notre traduction des vers 157-164 correspond à la « reconstruction » de l’édition Draak.
4 V. 169 [metter spoet], Draak : [harde groet].
5 Les vers 221-228, lacunaires dans l’édition Jonckbloet, sont empruntés à l’édition de A. M. E. Draak.
6 V. 350 Dat mi God sinde toe, Draak : Dat mi God [enen man] sinde toe.
7 V. 360 saen = aussitôt, Draak : Doe sise wenende sagen staen = littéralement : lorsqu’ils la virent « en train de » pleurer.
8 V. 544 met groten [on]gemake, Draak met groten gemake = avec une grande prudence.
9 V. 768 conincrike = royaume, ms. et Draak : coninc rike = roi puissant.
10 V. 816 gemaect = part. passé de gemaecken = fait, cf. Draak : gemaet = part. passé de gematen = se retenir.
11 V. 820 Jonckbloet wile (= wijl, wille, wil) = temps, Draak : wille (= wijlle, wil, wijl) = volonté, traduction : aussi longtemps qu’il voudra.
Auteur
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Arthur, Gauvain et Mériadoc
Récits arthuriens latins du xiiie siècle
Philippe Walter (dir.) Jean-Charles Berthet, Martine Furno, Claudine Marc et al. (trad.)
2007
La Quête du Saint Graal et la mort d'Arthur
Version castillane
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2006
Histoire d'Arthur et de Merlin
Roman moyen-anglais du xive siècle
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2013
La pourpre et la glèbe
Rhétorique des états de la société dans l'Espagne médiévale
Vincent Serverat
1997
Le devin maudit
Merlin, Lailoken, Suibhne — Textes et études
Philippe Walter (dir.) Jean-Charles Berthet, Nathalie Stalmans, Philippe Walter et al. (trad.)
1999
La Chanson de Walther
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Sophie Albert, Silvère Menegaldo et Francine Mora (dir.)
2009
Wigalois, le chevalier à la roue
Roman allemand du xiiie siècle de Wirnt de Grafenberg
Wirnt de Grafenberg Claude Lecouteux et Véronique Lévy (trad.)
2001