Introduction
p. 9-31
Texte intégral
1Le Roman du Chevalier à la manche conte l’histoire d’un jeune homme, anonyme, abandonné par sa mère à sa naissance, qui part à la recherche de ses parents.
2La première partie relate le cheminement du héros vers la perfection à travers une série d’aventures réussies : les retrouvailles avec sa mère et le mariage avec Clarette, nièce de Gauvain.
3La deuxième partie débute par un nouveau départ en quête : suite à une remarque dédaigneuse sur sa bâtardise, le héros s’en va à la recherche de son père. Ses pérégrinations le conduisent au château où celui-ci est emprisonné avec d’autres chevaliers. Il les délivre tous et parvient à réunir ses parents dans le mariage.
4Le roman présente un intérêt certain pour le médiévisme européen : il s’agit d’un des quatre romans arthuriens en moyen néerlandais, dits épisodiques ou non historiques, considérés comme « originaux », leur modèle français n’étant pas attesté à ce jour.
Résumé de l’œuvre
I. Le début du Chevalier à la manche (v. 1-360)
5Un jour de Pentecôte où le roi Arthur tient sa cour à Carduel, un messager apporte la nouvelle de la mort de Tristan et Iseut. Accompagné de ses chevaliers, le roi se met aussitôt en chemin pour se rendre aux funérailles. Seul Keu, malade, reste à la cour. En chemin, ils rencontrent un jeune homme désireux de devenir chevalier. Arthur l’envoie à Carduel en lui promettant de l’adouber dès son retour. Après son arrivée à la cour, c’est la reine qui l’arme chevalier et le charge de porter secours à une demoiselle maltraitée par un chevalier rouge. Avant son départ, Clarette, la nièce de Gauvain, lui remet une manche blanche en gage de son amitié, alors que Keu ne peut s’empêcher de l’injurier. Ensuite il vainc le méchant chevalier, l’envoie à la cour avec sa victime en lui ordonnant d’informer Keu de son intention de se venger de l’injure subie, et il demande à la demoiselle de transmettre un message d’amour à Clarette.
II. Du chevalier rouge et de la demoiselle (v. 361-445)
6Le chevalier rouge gagne alors la cour, promet à la reine de réparer les méfaits commis, transmet le message destiné à Keu et s’éloigne. La demoiselle communique à Clarette les sentiments d’amour du jeune chevalier.
III. Du Chevalier à la manche et de Céfalus (v. 446-1247)
7Entre-temps, le Chevalier en quête d’aventures rencontre une demoiselle, Églentine, qui propose de l’héberger pour la nuit et lui demande d’engager son frère, Céfalus, comme écuyer. Le lendemain ils partent ensemble. À leur arrivée à la Forêt terrifiante et sans merci où de nombreux chevaliers ont été abattus, Céfalus essaie de dissuader le Chevalier d’y entrer. Vient alors à leur rencontre une demoiselle, accompagnée d’un serviteur, tous deux dépouillés de leurs biens et de leurs vêtements. La demoiselle raconte qu’elle se rend à la cour du roi Arthur afin de trouver un champion prêt à la défendre contre son beau-père qui l’a privée de son héritage. Bien renseigné sur les dangers de la forêt, le Chevalier y pénètre tout seul et doit alors affronter deux adversaires qu’il parvient à vaincre après d’âpres combats : il tue d’abord Élyconas, puis terrasse son frère Amelant, accompagné d’un lion. Le nain Félon, au service d’Amelant, soigne les blessures des deux chevaliers. Lorsque le nain refuse de se rendre à la cour d’Arthur, le Chevalier le tue. Ensuite, le Chevalier, Céfalus, Amelant, la demoiselle et son serviteur retournent au château d’Églentine qui les accueille chaleureusement.
IV. Des géants et de la demoiselle qui avait été dépouillée dans la forêt (v. 1248-1643)
8Pendant ce temps, les géants d’Amelant partis à la recherche de leur seigneur ont découvert et inhumé le cadavre d’Élyconas. Après avoir également enterré Félon, ils se rendent à la cour du roi Arthur et assiègent le château, où la demoiselle dépouillée dans la forêt vient d’arriver. Le Chevalier et Amelant, qui l’ont suivie pour la protéger contre les géants, délivrent Arthur. Après avoir fait allégeance au Chevalier, Amelant retourne à la forêt avec ses géants. Le siège du château levé, Lancelot demande au Chevalier de venir à la cour. Il s’y refuse à cause de l’injure de Keu. Lorsque celui-ci veut l’y amener de force, il lui fait mordre la poussière.
V. Comment le Chevalier à la manche tua le beau-père de la demoiselle et comment il se fit moine (v. 1644-1787)
9Le Chevalier repart alors à l’aventure et arrive au château accaparé par le beau-père de la demoiselle. Un duel violent s’ensuit, le Chevalier tue son adversaire. Le soir même, il se réfugie dans un couvent où l’on soigne ses blessures. Sur la demande de l’abbé, il se fait moine sous réserve d’être libéré de son vœu s’il parvient à conquérir l’amour de Clarette. Le narrateur relate en quelques vers les origines du Chevalier : un enfant trouvé, abandonné à Douvres, ayant reçu une bonne éducation et recherché sans succès son père pendant sept ans.
VI. Comment le Chevalier à la manche conquit Clarette (v. 1788-2117)
10Afin de faire venir le Chevalier à la cour, Arthur organise un tournoi avec Clarette pour enjeu. Déguisé en moine, il s’y rend et remporte la victoire. Céfalus épouse la demoiselle qui avait été dépouillée dans la forêt.
VII. Comment le Chevalier à la manche trouva sa mère et comment il épousa Clarette (v. 2118-2239)
11Suite à la victoire du Chevalier, Arthur réunit sa cour en son honneur. S’y présente, entre autres, une reine qui s’évanouit dès qu’elle voit le Chevalier. Elle croit reconnaître en lui l’amant avec qui elle a conçu son fils. Interrogé par elle, le Chevalier lui raconte ses origines. La reine le reconnaît comme son fils, lui révèle son nom, Miraudijs et le fait roi de son pays et d’Espagne. Après avoir raccompagné sa mère chez elle, il retourne à la cour d’Arthur où il épouse Clarette.
VIII. De Galyas et du Chevalier à la manche (v. 2240-2341)
12Un jour suivant où Arthur tient sa cour, Galyas, le neveu de Keu, provoque le Chevalier en l’accusant d’avoir maltraité son oncle et le traite de bâtard. Un duel entre les deux hommes est fixé dans un délai de quarante jours.
IX. Comment le Chevalier à la manche trouva son père (v. 2342-2837)
13Le Chevalier, désireux de retrouver son père avant l’expiration du délai, part aussitôt à sa recherche. En chemin, il apprend que son père est emprisonné à Mauregard, un château appartenant à cinq frères malfaisants. En s’acheminant vers le château, il rencontre un chevalier grièvement blessé qu’il confesse. Celui-ci, gardien du cachot à Mauregard, avait été maltraité parce qu’il avait laissé s’échapper trois personnes. La même nuit, le Chevalier tue trois chevaliers brigands qui les attaquent. Le lendemain, il parvient à entrer dans le château et libère tous les chevaliers, dont son père.
X. Comment le roi Arthur et Clarette d’Espagne furent assiégés et du Chevalier à la manche (v. 2838-3193)
14Entre-temps, le roi d’Irlande menace le royaume d’Arthur et un messager apporte à la cour la nouvelle du siège du château de Clarette par le roi d’Aragon. Les chevaliers d’Arthur décident de secourir d’abord Clarette. Après leur victoire, elle part avec eux à la cour d’Arthur. Sur ces entrefaites, les chevaliers libérés ayant retrouvé leurs forces, quittent le château de Mauregard après avoir chassé les assiégeants et rejoignent les chevaliers de la Table ronde dans leur combat contre le roi d’Irlande, qui est vaincu grâce aux exploits du Chevalier.
XI. Comment le Chevalier à la manche et Galyas s’affrontèrent en duel (v. 3194-3301)
15De retour à la cour, le Chevalier sort vainqueur du duel avec Galyas qu’il blesse grièvement.
XII. Comment Perceval et Lancelot et Gauvain et le Chevalier à la manche furent capturés et comment Yvain au lion les délivra (v. 3302-3469)
16Le roi d’Irlande, vaincu, fait allégeance au roi Arthur et retourne dans son pays. Perceval, Lancelot, Gauvain, le Chevalier et son père le raccompagnent jusqu’à son navire. Le roi a prévu de les emmener avec lui et les piège en les invitant sur son navire. Yvain, déguisé en jongleur, part alors avec son lion en Irlande et délivre les chevaliers par ruse.
XIII. Comment le père du Chevalier à la manche conquit sa femme et l’épousa (v. 3470-4020)
17Sur le chemin du retour à la cour du roi Arthur, les chevaliers passent par le château de la mère du Chevalier, assiégé par le souverain de Cornouailles. Après la célébration du mariage des parents du Chevalier, son père vainc le roi de Cornouailles dans un duel. Sa mère le proclame seigneur du pays et annonce qu’après leur décès le royaume reviendra à leur fils, le Chevalier à la manche. Ensuite tous se rendent à la cour du roi, à Carlion, pour rendre compte des événements. Le roman s’achève sur la grande joie du roi et de la reine au retour des chevaliers.
Les débuts de la littérature en langue néerlandaise
18La langue néerlandaise est issue des dialectes des peuplades germaniques qui s’installèrent dès le iiie siècle sur le territoire de la Belgique et des Pays-Bas actuels, lorsque l’Empire romain commença à se disloquer. Ce sont ainsi les Francs, les Saxons et les Frisons qui, aux premiers siècles de l’ère chrétienne, habitaient les régions basses en bordure de la mer du Nord et ont contribué à la formation de la nation néerlandaise. Leurs dialectes respectifs ont concouru au développement de la langue néerlandaise. Cependant le néerlandais serait essentiellement né du bas-francique, c’est-à-dire du dialecte de la peuplade franque qui habitait la région du delta des trois grands fleuves des Pays-Bas et de la Belgique.
19Notons que Pline l’Ancien et Tacite mentionnent la présence des Frisons dans ces régions dès le ier siècle après J.-C. Selon la plus ancienne source médiévale, vers l’an 800, ils habitaient la région comprise entre l’Escaut et la Weser1.
20De même que pour l’anglais et l’allemand, on distingue généralement trois étapes dans l’histoire de la langue néerlandaise :
le vieux néerlandais du viiie siècle à la fin du xie siècle ;
le moyen néerlandais du xiie siècle au xvie siècle ;
le néerlandais moderne du xvie siècle à nos jours.
Sources du vieux néerlandais ou du vieux bas-francique
21Le vieux bas-francique n’est guère connu par des textes. On ne possède que quelques fragments d’une copie tardive, datée du xvie siècle, d’une traduction des psaumes, appelés de Wachtendonckse psalmen, d’après le nom du chanoine chez qui le manuscrit fut découvert. Les fragments ont été édités par M. Gysseling2.
22Du vieux néerlandais occidental, dialecte westique relevant du « germanique de la mer du Nord », une seule phrase est attestée, datée du xie siècle et découverte en 1931 par un érudit britannique sur un manuscrit en vieil anglais : Hebben olla vogala nestas hagunnan hinase hic enda thu uuat unbidan uue nu (Tous les oiseaux ont commencé leurs nids, excepté toi et moi : qu’attendons-nous ?). Depuis ces deux lignes ont fait couler beaucoup d’encre.
23Les sources les plus sûres pour la connaissance du vieux bas-francique occidental sont fournies par les noms propres de personnes et de lieux transmis par des chartes latines à partir du ixe siècle, étudiées notamment par J. Mansion et M. Gysseling3.
24De la période de l’ancien frison, appartenant au groupe anglo-saxon du westique, désigné traditionnellement sous le terme d’inguéonique, on a seulement retrouvé des caractères runiques gravés sur des peignes, des manches de couteaux, des osselets, des monnaies, et comportant des indications très sommaires telles que des noms de divinités et de personnes ou parfois des incantations4.
Le moyen néerlandais 1170-1500
25Le terme de moyen néerlandais est une création des érudits du xixe siècle. Au Moyen Âge, la langue populaire était appelée diets en Flandre ; dans les régions de l’est elle était appelée duutse. En wallon et en vieux français on l’appelait thiois. Ces noms désignaient tout simplement la langue du peuple, theodisca lingua, par opposition au latin. On distinguait quatre groupes de dialectes :
le flamand – dans les deux provinces actuelles de Flandre occidentale et de Flandre orientale ;
le brabançon – dans les provinces de Brabant de Belgique et des Pays-Bas ;
le limbourgeois – dans le Limbourg ;
le hollandais – dans les provinces de Hollande, d’Utrecht et de Zélande.
Le début des textes littéraires en langue néerlandaise
26Les plus anciens textes littéraires conservés remontent à 1170 environ. Heinric Van Veldeke est le premier écrivain dont on connaisse le nom et dont les œuvres ont pu être datées avec assez de précision. Malheureusement seuls quelques fragments de Sente Servas (Vie de saint Servais) sont attestés en langue néerlandaise5. La plus grande partie de son œuvre s’est transmise en allemand.
27Deux autres œuvres auraient été rédigées à peu près à la même époque et dans la même région, à savoir dans l’actuelle province du Limbourg : il s’agit d’une adaptation du Conte de Floire et Blanchefleur et de l’adaptation limbourgeoise de la chanson de geste française d’Aiol. Les fragments conservés de ces deux adaptations seraient des copies datées de la fin du xiie siècle ou du début du xiiie siècle6. Le berceau de la littérature néerlandaise se situerait ainsi dans le Limbourg et non en Flandre. À ce jour on n’a pas pu dater avec précision et certitude des textes littéraires comportant des traits flamands avant la seconde moitié du xiiie siècle. Les premières œuvres qu’on ait pu dater assez exactement sont celles de Jacob Van Maerlant, appelé « le père de tous les poètes thiois », qui vécut d’environ 1235 jusque vers 1292-1300. Cependant des documents administratifs concernant des familles de la noblesse de Flandre comportent dès le début du xiie siècle (1110) des noms propres tels que Walawaynus (Gauvain) et Iwein (Yvain), donc des noms empruntés à la tradition arthurienne, ce qui suggère que ces familles nobles étaient familiarisées avec cette tradition. Malheureusement on ne dispose pas d’informations sur la manière dont celle-ci fut transmise. Les premiers textes administratifs conservés en langue néerlandaise sont de 1236 et des années suivantes.
28Notre connaissance de la langue et de la littérature néerlandaises débute ainsi avec la fin du xiie siècle et le début du xiiie siècle. C’est l’époque de la naissance des villes qui vont jouer un rôle important dans l’histoire de la langue néerlandaise. Jusque-là, le clergé écrivait en latin, dans les villes on commence alors à écrire en langue vernaculaire. Désormais les lois, les chartes et les statuts des guildes sont rédigés en néerlandais. Cependant cette langue ne présente pas encore d’unité, mais malgré la variété des graphies et les particularités dialectales l’uniformité de structure du moyen néerlandais est indéniable. L’essor économique et l’épanouissement littéraire étant concentrés, du xiiie au xve siècle, d’abord en Flandre, ensuite en Brabant, la langue littéraire et la langue administrative ont un caractère nettement flamando-brabançon.
29Ce n’est qu’au xviie siècle, après la naissance de la République des Provinces-Unies (les Pays-Bas du Nord), l’essor économique et l’établissement de la prédominance politique de la province de Hollande, que le hollandais devient la base de la langue parlée et écrite commune. Les deux termes de « flamand » et de « hollandais », dus à des époques de grandeur, ont toujours une valeur régionale et populaire, mais aujourd’hui le terme de néerlandais a valeur officielle et générale.
30Quant à l’ancien frison, l’ensemble de la tradition écrite est constituée essentiellement de textes juridiques et de quelques textes historiques et religieux. La première charte conservée date de 1329. Notons toutefois que les allusions à la Frise et aux Frisons sont nombreuses dans la littérature en ancien et moyen français7.
31À la fin du Moyen Âge, au xve siècle, la langue écrite des villes était devenue de plus en plus le moyen bas allemand ou le moyen néerlandais. À partir de 1498, année où la Frise perdit son indépendance, la langue frisonne ne fut plus le véhicule principal de l’administration en Frise. Et à la fin du xvie siècle, le frison en tant que langue juridique a cédé la place au néerlandais. Ce n’est qu’au xxe siècle que le frison recouvre un statut officiel : en 1956 une loi autorise l’emploi du frison dans les tribunaux de Frise et, en 1970, la Frise est reconnue comme une province bilingue et le frison comme deuxième langue des Pays-Bas.
La matière carolingienne dans les anciens Pays-Bas
32La littérature en moyen néerlandais fait partie du patrimoine littéraire d’épopées, de romans et de contes de l’Europe du Moyen Âge, et sa tradition manuscrite attestée témoigne que les relations littéraires entre la France et les Pays-Bas étaient nombreuses à cette époque. Plus particulièrement, l’ensemble des textes épiques conservés démontre que ceux-ci étaient essentiellement d’inspiration française.
33En effet, dix-huit des vingt romans carolingiens (Karelromans) répertoriés récemment par B. Van der Have remontent à une chanson de geste française. Malheureusement la tradition manuscrite de cette littérature épique est « morcelée ». Les récits ne sont attestés que dans des fragments variant de quelques vers lisibles à quelques milliers de vers. À ce jour, six fragments, très défectueux, n’ont pu être identifiés. De plus, aucun manuscrit « original » n’est attesté. L’ensemble des récits est conservé dans des copies postérieures et les datations des premières traductions/adaptations restent par conséquent hypothétiques et souvent controversées. Les manuscrits conservés sont presque tous datés du xive siècle, entre 1350 et 1400 et seraient à localiser, d’après leurs caractéristiques linguistiques, pour une majeure partie en Flandre, dans une moindre mesure en Brabant, très peu de manuscrits étant supposés provenir du Limbourg8.
34Bien que de manière fragmentaire, les différentes « gestes » de la matière épique en ancien français étaient connues dans les Pays-Bas médiévaux :
la « geste » de Charlemagne avec une adaptation de la Chanson de Roland, de la Chanson des Saisnes, les chansons d’Aspremont, d’Ogier le Danois, de Fierabras, de Lohier et Maller, de Berte aux grans piés et l’Histoire du roi Charles et d’Elegast, de source incertaine et controversée9 ;
la « geste » de Guillaume d’Orange avec une adaptation de Garin de Monglane, de Girart de Vienne et du Moniage Guillaume ;
la « geste » de Renaut avec une adaptation de Renaut de Montauban et de Maugis d’Aigremont ;
la « geste » des Lorrains avec une adaptation de Garin le Loherain, d’Auberi le Bourgoin et une continuation de Gerbert de Mes ;
la petite « geste » de Saint-Gilles avec deux adaptations différentes d’Aiol ;
la petite « geste » de Blaye avec une adaptation de Jourdain de Blaye.
35Reste à mentionner l’adaptation de Floovant, qui n’entre pas dans le cadre de ces « gestes ».
36L’hypothèse selon laquelle les différents récits épiques auraient été adaptés dans leur intégralité paraît justifiée. On ne peut que regretter leur disparition partielle et leur morcellement qui s’est produit à partir du xvie siècle10.
La matière arthurienne dans les anciens Pays-Bas
37De même que les récits carolingiens la matière arthurienne s’est répandue dans les anciens Pays-Bas. Au total dix-huit textes traitant de la « matière de Bretagne » sont attestés en moyen néerlandais, soit fragmentairement, soit dans leur intégralité. Les plus anciens datent du xiiie siècle, la majorité des manuscrits conservés datant du xive siècle11. Évoquons brièvement la tradition de Perceval et celle de Lancelot.
La tradition de Perchevael12
38Les fragments recueillis sont au nombre de deux. Le plus ancien composé de deux feuilles de parchemin doubles, comporte 736 vers, correspondant aux vers 5571-5839 et 6166-6491 de l’édition Roach (1959) du Roman de Perceval ou Conte du Graal de Chrétien de Troyes. Le fragment daterait du dernier quart du xiiie siècle ; il est conservé à la Bibliothèque universitaire à Liège (U.B., hs. 1333) et a été édité par Maurits Gysseling13. Le deuxième fragment, composé d’une seule feuille de parchemin, comprend 158 vers, correspondant aux vers 1239-1397 de la même édition du Perceval. Le fragment daterait de la première moitié du xive siècle ; il est conservé à la Bibliothèque royale à Bruxelles (K.B., hs II 115-2). Son texte a été édité en 190514. Sur le plan linguistique les deux textes présentent des caractéristiques flamandes.
39Une version partielle et abrégée de l’adaptation en moyen néerlandais du Perceval de Chrétien de Troyes fait partie du Perchevael, un des sept romans insérés dans la Lancelotcompilatie, que nous évoquons plus en détail ci-après. Il s’agit d’un texte composite anonyme qui comporte également certains épisodes de la première Continuation de Perceval15. L’ensemble des fragments a été réédité en 2003 avec le Perchevael.
40Mentionnons aussi deux fragments en moyen bas allemand, respectivement de 68 et 192 vers, datés du xive siècle. Il s’agit de deux adaptations présumées du Perchevael en moyen néerlandais16.
La tradition de Lanceloet17
41La tradition de Lancelot, répandue dans une grande partie des pays de l’Europe occidentale, est également bien représentée dans les Pays-Bas médiévaux. En témoignent les trois adaptations du Lancelot en prose, réalisées indépendamment les unes des autres.
42La plus ancienne, datée vers 1250, est un texte en prose dont il ne reste que deux fragments de 328 lignes, datés entre 1300 et 1350. Ils sont conservés à la bibliothèque municipale de Rotterdam (Gemeentebibliotheek, hs-96A)18.
43La deuxième, le Lantsloot vander Haghedochte (Lancelot de la Caverne), date présumée 1260, est attestée par 35 fragments comportant au total 6 073 vers, appartenant à un seul et même manuscrit, daté de 1350. Les fragments sont conservés dans diverses bibliothèques en Allemagne et, aux Pays-Bas, à la bibliothèque universitaire à Leyde (U.B., hs. Ltk 1752). Il s’agit d’une adaptation en vers du Lancelot du Lac. Une étude comparée approfondie a été réalisée par F.P. Van Oostrom et l’édition intégrale des fragments a paru en 198719.
44Sont également attestés deux fragments de 396 vers chacun, datés de 1320 environ, appartenant à la rédaction en vers du Lancelot en moyen néerlandais20.
45La troisième, une adaptation en vers de la trilogie Lancelot propre - Queste del saint Graal - Mort le Roi Artu, datée de 1320-1326, est connue sous l’appellation Lancelotcompilatie. Nous l’évoquerons plus loin.
Les romans arthuriens dits épisodiques ou non historiques
46La tradition de Perchevael et celle de Lanceloet ne sont pas les seuls témoins de l’intérêt que les anciens Pays-Bas portaient à la « matière de Bretagne ». Huit autres récits arthuriens sont attestés : Ferguut (Fergus), Lanceloet en het hert met de witte voet (Lancelot et le cerf au pied blanc), Moriaen, de Riddere metter mouwen (Le Chevalier à la manche), Torec (*Torrez), Walewein (Gauvain), Walewein ende Keye (Gauvain et Keu) et De wrake van Ragisel (La vengeance Raguidel). Six de ces récits sont insérés dans la vaste compilation du Lancelot néerlandais. Seuls Ferguut et Walewein n’y figurent pas. Quatre de ces romans, Moriaen, de Riddere metter mouwen, Walewein et Walewein ende Keye sont présumés « originaux », leur modèle français n’étant pas attesté.
47À propos de ces romans arthuriens on peut faire la même remarque que pour la tradition de Perchevael et de Lanceloet : ils semblent avoir été réalisés initialement, en majeure partie, également en Flandre. J. D. Janssens est d’avis que la première adaptation en vers du Lancelot en prose, le Lantsloot vander Haghedochte a joué un rôle clé dans l’adaptation d’autres romans français ou dans la création de romans « originaux ». Les auteurs de ces romans non historiques devaient être familiarisés avec le cycle du Lancelot en prose, où ils ont puisé maints motifs et situations en créant leur œuvre « originale ». Et cela pendant toute la seconde moitié du xiiie siècle21. Notons à propos du Roman de Walewein de Penninc et Pieter Vostaert que des liens évidents ont été établis non seulement avec le cycle du Lancelot-Graal, mais aussi avec la Continuation de Perceval de Gerbert de Montreuil22.
48Le lien entre les récits arthuriens en moyen néerlandais et la « matière de Bretagne » en ancien français est ainsi manifestement étroit. Notons toutefois que cette littérature se situe à une époque assez tardive par rapport à ses sources françaises, mais également comparée à certaines adaptations de romans courtois en langue allemande23. De plus, l’intérêt d’un public néerlandophone pour la littérature arthurienne paraît limité dans le temps : à la fin du xive siècle c’en est fini de cet intérêt, la période d’essor se situant entre 1260 et 1400. Un seul roman en prose est attesté au xvie siècle, Die Historie van den wonderlicke Merlijn, alors que certains romans carolingiens restent populaires jusqu’à la fin du xixe siècle, en témoignent les réimpressions des romans en prose.
49Bien que la détermination du pays d’origine de ces récits reste quelque peu problématique, certains faits historiques incontestés permettent d’affirmer la « familiarité » du roman arthurien dans la Flandre des xiie et xiiie siècles. En effet, sur le plan politique, le comté de Flandre faisait partie du royaume de France et la langue véhiculaire à la cour comtale était le français. S’y ajoute le fait que Chrétien de Troyes a rédigé sa dernière œuvre à la cour de Flandre, sous le règne de Philippe d’Alsace. Par la suite, la première Continuation de Perceval y fut également réalisée, de même que la deuxième, à laquelle Manessier ajouta une dizaine de milliers de vers, autour de 1233-1237. Œuvre qu’il dédia à Jeanne de Constantinople, comtesse de Flandre de 1204 à 1244. Il n’est ainsi pas exclu que l’ensemble de la tradition de Perceval, du Conte du Graal et des Continuations, ait été adapté en Flandre. Malheureusement de cette tradition peu de fragments nous sont parvenus.
Sources, intertextualité et originalité du Chevalier à la manche
50En guise d’introduction aux sources de notre roman on pourrait écrire ceci : au commencement il y avait l’œuvre de Chrétien de Troyes, Érec et Énide (1170), Le Chevalier de la charrette, Le Chevalier au lion (1172- 1181), Perceval ou le Conte du Graal (1181-1185) et, à la même époque les Lais de Marie de France. Après il y eut le Lancelot en prose - la Queste del saint Graal - la Mort le roi Artu (1215-1225) et une décennie après, vers 1235, la Suite-Vulgate du Merlin et le Livre d’Artus. Puis, dans la deuxième moitié du xiiie siècle, un nommé « maître Requis » rédigea le roman de Richars li Biaus et, à la fin du siècle ou dans le premier quart du xive, Jean de Condé « conta » le Dit du Chevalier a le mance, deux romans d’aventures dont l’action se situe en dehors du cadre arthurien. Ajoutons-y le rappel de la triste fin de l’amour de Tristan et Iseut qui ouvre le récit. Voilà quelques sources présumées d’origine française.
51Par la suite, à partir du milieu du xiiie siècle, furent réalisés, probablement dans le comté de Flandre, quelques romans arthuriens en moyen néerlandais, considérés comme « originaux », dont le Roman de Walewein et le Vlaamse Moriaen, datés respectivement vers 1250 et 1260. Enfin, une première adaptation actuellement perdue de la trilogie du Lancelot en prose aurait été rédigée autour de 1280.
52La source directe de notre roman le Vlaamse Riddere metter mouwen n’étant attesté que fragmentairement, 320 vers, dont certains très défectueux, nos remarques concernant les sources d’inspiration de l’adaptateur-narrateur se rapportent au récit, très abrégé, inséré dans la Lancelotcompilatie, datée entre 1320 et 1326.
53Le roman bipartite conte l’histoire d’un jeune homme abandonné par sa mère à la naissance qui part à la recherche de ses parents. La première partie relate comment le jeune héros, grâce à ses prouesses et à sa victoire triomphale d’un tournoi, conquiert l’amour de la demoiselle qui lui a offert une manche blanche à son départ de la cour du roi Arthur et comment il apprend l’histoire de sa naissance lors des retrouvailles avec sa mère. Une première recherche de son père, restée infructueuse, est juste mentionnée (v. 1-2239).
54La deuxième partie comporte le récit d’un nouveau départ en quête du père, celui de leurs retrouvailles et celui de la réunion de ses parents et la célébration de leur mariage (v. 2240-4020).
55Notre roman partage le thème de l’amour consacré par le mariage de même que le motif de la « manche », offerte par une demoiselle en gage d’amour, celui d’un tournoi ayant pour enjeu la main d’une demoiselle et celui de l’enfant trouvé qui part à la recherche de ses parents et les réunit dans le mariage avec d’autres récits arthuriens ou romans d’aventures.
56Dans l’introduction à son édition du roman, B.M. Van der Stempel mentionne l’ensemble des récits médiévaux comportant ce thème et un ou plusieurs de ces motifs24.
57De ces récits nous retenons en premier lieu le Roman de Richars li Biaus puisqu’il comporte en plus du thème de l’amour consacré par le mariage les trois motifs susmentionnés, fils conducteurs de la cohésion du roman. De plus, une étude comparée des deux romans révèle de nombreuses correspondances entre les deux récits quant au cheminement du héros25 : enfant né hors mariage, abandonné à sa naissance, recueilli et élevé par une personne étrangère à la famille26, la quête du père, jalonnée de nombreux exploits mettant en valeur son courage27, la protection de personnes en difficulté28, le don d’une manche par une demoiselle en gage d’amour et d’amitié29, la crainte de ne pouvoir participer au tournoi par manque de moyens et l’aide qu’il obtient30, la victoire remportée lors d’un tournoi ayant pour enjeu la main d’une demoiselle31, le mariage avec la demoiselle32, les retrouvailles avec la mère et l’émotion de celle-ci33, la ressemblance avec le père34, la délivrance de la mère assiégée par un amant repoussé35, le duel avec le chevalier qui le traite de bâtard36, les retrouvailles avec le père37, la réunion des parents dans le mariage38.
58Mentionnons encore quelques particularités des deux récits : la détermination de la mère d’épouser seulement le père de son fils abandonné et le mariage d’un écuyer avec une demoiselle secourue39.
59Si les convergences entre les deux romans sont ainsi nombreuses, force est de constater qu’une divergence importante les sépare : Richars est né d’un viol : dès sa naissance il est voué à la mort par son grand-père au grand désespoir de sa mère (R.l.B. v. 481-519). Le Chevalier à la manche est né d’une relation amoureuse réciproque, sa mère a dû l’abandonner parce qu’elle l’avait mis au monde sans être mariée (R.m.M. v. 2174-2189).
60Cette divergence nous conduit au Lai de Milun, le récit d’un enfant né hors mariage d’un amour sincère et réciproque, abandonné pour la même raison (v. 53-64) et élevé par sa tante40. Le grand amour loyal entre ses parents s’exprimera durant les vingt années de leur séparation par des lettres transmises par un cygne. Le mariage forcé de sa mère avec un autre homme se terminant opportunément par la mort « naturelle » du mari, le fils pourra réunir ses parents dans le mariage (v. 502-530). Notons que notre roman se démarque de ces deux récits à propos des retrouvailles du père et du fils : Richars et Milun retrouvent et reconnaissent leur père au cours d’un duel, le Chevalier à la manche délivre son père d’une captivité pénible.
61La particularité de la mort opportune d’un mari nous amène au Dit dou chevalier a le mance de Jean de Condé avec lequel notre roman ne partage pas uniquement le titre, à notre avis41.
62Résumons brièvement le récit. Une jeune femme, épouse fidèle d’un homme d’un certain âge, est aimé d’un chevalier sans aucune valeur, voire fainéant, méprisé par ses propres frères et appelé le champenois sauvage (v. 38). Elle pense ne s’engager en rien en lui promettant de l’aimer s’il devient un chevalier parfait. Avant de partir en quête d’exploits et d’honneur, il lui demande u guimple ou mance pour porter en armes pour moi conforter (v. 135-140). Chaque exploit et conquête de gloire du chevalier lui fait craindre pour son honneur car elle commence à l’aimer. Mais, malgré les performances et la renommée acquise par le chevalier, elle l’éconduit. Celui-ci, désespéré, part alors en Terre Sainte pour combattre les Sarrasins, laissant la jeune femme avec son combat intérieur entre la raison et le cœur (v. 1156-1210). Après la mort « naturelle » de son mari, elle part là-bas pour retrouver le chevalier, grièvement blessé et sans connaissance. Dès sa guérison le chevalier l’épouse et bien furent xx ans ensanle/ Ensi que boinne amour assanle (v. 2321-2322). La mort de l’épouse laissant le chevalier dans la douleur, il se consacre à Dieu (v. 2330-2338).
63Bien que le motif de l’enfant trouvé et celui de la quête et de la réunion des parents dans le mariage soient absents du Dit dou chevalier a le mance, les deux récits ont en commun le thème de l’amour consacré par le mariage et deux motifs essentiels. Du début à la fin des deux récits, un jeune chevalier anonyme occupe le devant de la scène par « la force de l’amour » pour une jeune femme dont il porte le « gage d’amour et d’amitié », une manche blanche, grâce à laquelle il sort vainqueur d’âpres combats et de tournois, victoires qui mènent au mariage avec la bien-aimée. Les deux auteurs-narrateurs s’expriment explicitement sur la force d’un amour vrai et sincère et dénoncent le caractère mensonger des « faux amants »42.
64Néanmoins, une divergence importante est à noter : le conte de Jean de Condé, de même que Le Roman de Richars li Biaus, se situent hors du cadre de la cour du roi Arthur. L’action de la première partie se déroule dans le Nord de la France, « sur la rivière de l’Oise », la deuxième partie emmenant l’auditoire en Terre Sainte ; la mère de Richars est la fille unique du roi de Frise.
65À propos de ces deux sources présumées B.M. Van der Stempel a émis l’hypothèse que notre roman serait une adaptation libre de la version conservée de Richars li Biaus. L’auteur aurait emprunté sa « matière à l’un et le titre à l’autre ». Hypothèse longtemps controversée, voire rejetée, mais à nouveau admise en 1988 par S. Smith dans un article intitulé « Richars et le Chevalier à la manche quand même cousins ? »43. Nous y reviendrons après avoir tracé d’autres motifs et réminiscences, absents de ces deux sources présumées, qui conduisent à l’œuvre de Chrétien de Troyes et à deux romans arthuriens en moyen néerlandais : le Walewein et le Moriaen.
66Notons en préliminaire que le roman débute dans la pure tradition arthurienne : un jour de Pentecôte, lors d’une réunion importante à la cour, le roi Arthur suspend un repas copieux dans l’attente d’une « nouvelle ». Le message, bien particulier, rappelle la triste fin de l’amour entre Tristan et Iseut et entraîne le départ du roi avec tous ses chevaliers, la reine restant à la cour en compagnie de Keu, malade (v. 141).
67L’épisode relatant le premier exploit du jeune chevalier, venir en aide à une demoiselle maltraitée à la demande de la reine (v. 127-133 ; 233-274) fait penser au début d’Érec et Énide où Érec venge la maltraitance de la suivante de la reine par un nain sur le maître de celui-ci, qu’il envoie, après l’avoir vaincu, auprès de la reine avec son nain malfaisant44.
68Notons toutefois que plusieurs éléments de cet épisode renvoient surtout au Roman de Walewein : le secours porté par Walewein à une demoiselle, frappée jusqu’au sang par un chevalier rouge qui tue sans raison le frère de la demoiselle, la demande de grâce du chevalier et le pardon accordé par la demoiselle (v. 271-309 ; 320-323 ; 386-390)45.
69Certains motifs de l’épisode de la Forêt terrifiante et sans merci (v. 532-1217), tel la demoiselle maltraitée (v. 556-620), la première rêverie du jeune chevalier (666-675 ; 740-745), suivie des combats avec Élyconas et Amelant de la Montagne, les deux frères et maîtres cruels de la Forêt (v. 754-898), la présence du nain Félon, la violence du tonnerre et de la foudre (v. 587-591 ; 840-845) comportent des réminiscences de deux autres romans de Chrétien de Troyes. La rêverie amoureuse suivie d’un âpre combat rappelle celle de Lancelot dans le Chevalier de la Charrette, mais pourrait aussi référer au Lancelot en prose46. La Forêt que personne ne traverse indemne rappelle celle de Brocéliande du Chevalier au lion où se déroulent d’âpres combats et se produisent les mêmes phénomènes naturels violents. L’intervention libératrice d’Yvain, accompagné de son lion fidèle, dans l’épisode d’Irlande (v. 3366-3459) y associe aussi notre roman47.
70Puis, de nombreux éléments renvoient au Roman de Perceval ou Conte du Graal : l’indisposition de Keu au début du récit (v. 141), son attitude provocatrice envers le jeune chevalier (v. 203-215), la menace de se venger de Keu (v. 218-222 ; 311-315 ; 1556-1565), le combat avec le chevalier rouge (238-270), l’envoi d’un chevalier vaincu à la cour d’Arthur (296-310) ; la deuxième rêverie amoureuse (1539-1542), la tentative vaine (de Lancelot) pour le faire venir à la cour (1543-1568), l’arrogance de Keu de le ramener à la cour (1585-1587), la défaite de Keu (1596-1615) et le retour de son cheval à la cour (1622-1626)48.
71Enfin, deux épisodes figurant dans la deuxième partie du roman seraient plutôt directement inspirés des deux romans en moyen néerlandais considérés comme « originaux » : le Roman de Walewein et le Moriaen49.
72Le premier épisode relate la quête du père marquée par quelques événements particuliers : la rencontre avec un chevalier grièvement blessé et agonisant que le Chevalier communie à la demande de celui-ci (v. 2519-2560), le combat avec trois brigands tués sans merci par lui (v. 2596-2628), leur réapparition montés sur des « diables » lorsque, après les retrouvailles avec son père, il repasse au même endroit, leur demande de les enterrer et de dire pendant sept ans tous les jours une messe pour chacun d’eux (v. 3024-3058), demande satisfaite par lui (v. 3088-3091). La similitude de ces éléments avec ceux d’un épisode du Roman de Walewein est frappante. Il s’agit de la suite du combat de Walewein avec le chevalier rouge qui succombera à ses blessures50. Après l’avoir entendu en confession et communié, Walewein lui a promis, sur sa demande, de dire une messe pour lui et de l’enterrer dans un cimetière (Wal. v. 4097-4103). Promesse qu’il honore (Wal. v. 4888-4915) après que des diables ont emporté en enfer les cadavres de deux amis du chevalier, non repentants, abattus par lui (Wal. v. 4758-4883). Par la suite, lorsque Walewein se trouve en grande difficulté, le « fantôme » du chevalier rouge le délivre du cachot où il est enfermé avec sa bien-aimée Isabelle, honorant alors l‘engagement pris avant sa mort (Wal. v. 4091-4096 et 8369-8377).
73Nous retrouvons ainsi dans notre roman le motif du mort reconnaissant, fort répandu, il est vrai « amputé » de deux éléments essentiels, la dette et la largesse du mort51, l’acte de reconnaissance du Walewein, une promesse d’aide faite à Walewein, étant réduit à la simple mention de la gratitude des trois brigands par le narrateur : Ensuite ils remercièrent vivement le Chevalier (v. 3059).
74Force est de constater que les deux romans se démarquent nettement des autres versions du motif du mort reconnaissant de « type purement médiéval »52. En effet, les « morts » ont enfreint l’ordre social non par leur dette, mais par leur malfaisance à l’égard d’autrui : ils paient de leur vie les méfaits commis et meurent des suites du combat avec les héros, Walewein et le Chevalier à la manche, qui mettent un terme à leur nuisance. Ces mêmes héros leur accordent une sépulture selon le rite chrétien, confession, communion et messe selon le Walewein, le Chevalier à la manche disant tous les jours pendant sept ans une messe pour le repos de l’âme des trois brigands. Le développement du motif dans les deux romans se distingue de celui du Richars li Biaus et d’autres versions par son caractère explicitement religieux. Dans son étude du Roman de Walewein, A.M.E. Draak préconise plutôt la littérature des exempla en tant que référence53. Notons aussi une divergence entre les deux récits : le mort reconnaissant du Walewein a demandé un enterrement chrétien avant de mourir, après avoir confessé ses méfaits, les « fantômes » des trois malfaiteurs de notre roman le réclament après leur mort.
75Le deuxième épisode concerne l’invasion du roi d’Irlande (v. 2839- 2844 ; 3069-3112 ; 3302-3307), inspiré de l’épisode similaire du Moriaen (v. 4152-4583)54 et en représente plutôt un résumé.
76Terminons ce tour d’horizon des sources d’inspiration de l’auteur par le motif de l’arbre d’amour (v. 676-705) qui rappelle la poésie allégorique et didactique des xiiie et xive siècles. Si l’on compare ces vers plus particulièrement à deux « arbres d’amour » conservés, plus développés, L’arbre d’amours en ancien français (625 vers) et De boem van minnen en moyen néerlandais (120 vers)55, force est de constater que l’auteur énumère plutôt pêle-mêle les « fruits » de l’arbre portés par les vingt branches telles les exigences morales incombant au « vrai amant » (v. 1-4 ; 7-10 ; 16-17 et 20), ses joies (v. 5, 18) et ses peines (v. 6 ; 11-15 et 19), évoquées dans les poèmes en vers. Énumération introduite par une remarque sur la force d’un véritable ou parfait amour et suivie par la mention de quelques amours malheureux. Notons que cinq « fruits » mentionnés, la douceur, l’humilité, la sagesse, la vertu et la fidélité correspondent littéralement à ceux du Boem van minnen56, les autres « fruits » étant évoqués en termes quelque peu différents. Cette remarque vaut aussi pour L’arbre d’amours, le terme gerechter minne étant l’équivalent de l’amour loial et du parfait amour du poème français (v. 9, 19, 70-71).
77Les sources d’inspiration de l’auteur-adaptateur sont ainsi nombreuses. Le roman, construit sur le modèle bipartite de Chrétien de Troyes, est défini par deux quêtes : celle de la chevalerie et de l’amour, dans la première partie, et celle du père conclue par le mariage des parents du Chevalier dans la deuxième partie. Les quêtes et aventures racontées, les motifs évoqués tels l’enfant trouvé, le don d’une manche en gage d’amour, le secours porté à une jeune fille maltraitée, l’envoi d’un chevalier vaincu à la cour, l’accueil dans un château ou une abbaye, l’abolition de mauvaises coutumes, le tournoi en vue de la conquête de la bien-aimée, le duel judiciaire, caractéristiques de la matière de Bretagne, repris et développés dans les romans d’aventure postérieurs, rappellent l’œuvre de Chrétien de Troyes, les Lais de Marie de France, le Lancelot en prose et plus particulièrement deux romans d’aventure Richars li Biaus et le Dit dou Chevalier a le mance et deux romans arthuriens en moyen néerlandais considérés comme « originaux ».
78De même, la technique narrative de l’auteur rappelle celle des romans en vers, arthuriens et d’aventure, mais aussi celle du roman en prose avec ses annonces et clôtures d’épisodes. À chaque nouvel épisode il se réfère à une source en termes identiques ; en finale il utilise les formules de transition caractéristiques du roman en prose annonçant les nouveaux épisodes par des verbes évoquant les différents aspects de son activité littéraire : scriven, lesen, vertrecken, tellen, secgen, spreken (écrire, lire, conter et parler) ; à l’intérieur du récit il intervient lui-même, comme c’est le cas dans les romans en vers.
79Rappelons brièvement les deux aspects de l’hypothèse émise par B. M. Van der Stempel dans l’introduction à l’édition du roman. La médiéviste qualifie le roman « d’adaptation absolument libre du Richars attesté » (p. XVII), précisant plus loin que l’auteur « aurait emprunté sa matière à l’un (Richars) et le titre à l’autre récit (le Dit dou Chevalier a le mance) » (p. XX)57.
80Les nombreux points communs relevés entre notre roman et Richars li Biaus nous amènent à nuancer cette hypothèse. Nous considérons le roman français plutôt comme la principale source de l’auteur en ce qui concerne le cheminement événementiel du héros en quête de chevalerie et de la réunion dans le mariage de deux amours loyales et sincères : le sien avec Clarette et celui de ses parents retrouvés. L’éthique de l’amour conjugal, préconisée et exprimée avec force par l’auteur, ses commentaires sur les vrais et les faux amants rappellent plus particulièrement le récit de Jean de Condé dont il a en outre repris le titre, mais renvoient aussi à la littérature allégorique par le biais de « l’arbre d’amour » interpolé dans le récit.
81Si pour la composition de son roman l’auteur a puisé la « matière » et le « titre » dans les romans en vers et en prose, son œuvre ne constitue aucunement une imitation servile. À travers la réécriture des aventures il a créé une œuvre « intertextuelle », nouvelle et originale par la quête existentielle de chevalerie et de l’amour de l’enfant trouvé « conjointe » à la recherche et aux retrouvailles de ses parents. Dans un esprit créateur, il a « dissocié » de leur contexte les éléments empruntés pour les « assembler » autrement dans les phases successives de sa narration afin de créer un héros plus grand et plus parfait que les chevaliers d’élite du roi Arthur, présents dans le récit en toile de fond dans le cadre de la cour du roi.
82Adoubé par la reine, inspiré par le gage d’amour et d’amitié de Clarette, instruit et encouragé par ses conseils de chevalerie, admiré et adulé par les demoiselles qu’il croise sur son chemin, le héros occupe continûment le devant de la scène.
83À différentes étapes de son cheminement, il met fin soit à la maltraitance subie par une jeune fille soit à une « mauvaise coutume » faisant souffrir nombre d’humains. Il restaure le bien là où régnait le mal en exigeant des malfaiteurs vaincus de s’amender en renonçant à leurs méfaits. Il sort ainsi vainqueur des combats dans la Forêt terrifiante où Gauvain, Lancelot et Perceval avaient subi une défaite sévère. Par deux fois, il intervient à temps dans les combats lors d’une attaque violente de la résidence d’Arthur, les chevaliers de la Table ronde ne parvenant pas à mettre en déroute les assaillants, les géants d’Amelant et l’armée du roi d’Irlande.
84De même, il surpasse en générosité et charité chrétienne le Gauvain du Walewein dans une situation similaire, lorsqu’il promet aux « esprits » des trois brigands, abattus par lui, de leur accorder une sépulture et de dire tous les jours, sept années durant, une messe pour leur félicité, sans rien demander en retour.
85Fin connaisseur de la tradition romanesque de Chrétien de Troyes et de ses épigones, l’auteur-narrateur a « réitéré » les motifs traditionnels familiers aux auditeurs d’antan qu’il a invités, parfois avec humour, à accompagner sur le chemin de la réussite un jeune chevalier incarnant l’idéal chevaleresque et l’éthique amoureuse prisée à l’époque. Aux lecteurs d’aujourd’hui, il permet de percevoir comment un auteur des anciens Pays-Bas s’est inscrit dans la lignée des auteurs romanesques du Moyen Âge européen.
Notes de bas de page
1 B. Finet -Van der Schaaf, « Problèmes du bilinguisme en Frise », Études germaniques, no 4, 1982, p. 393-410 ; « L’identité frisonne et l’image de la Frise et des Frisons du haut Moyen Âge au xxie siècle », dans Les identités néerlandaises. De l’intégration à la désintégration ?, Thomas Beaufils et Patrick Duval (dir.), Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2006, p. 13-31.
2 M. Gysseling, Corpus van Middelnederlandse teksten (Tot en met het jaar 1300), série II, Literaire Handschriften, vol. I, Fragmenten, La Haye, Nijhoff, 1980, p. 43-111.
3 J. Mansion, Oud Gentsche naamkunde, Gand, 1924. M. Gysseling, « Op verkenning doorheen het Oudnederlandsch », Mededelingen van de Vereniging voor naamkunde, no 37, 1961 ; Corpus van Middelnederlands teksten, ouvr. cité, p. 19-42.
4 M. Gysseling, Corpus van Middelnederlandse teksten, ouvr. cité, p. 5-18. Voir aussi B. Finet -Van der Schaaf, art. cité, p. 398.
5 M. Gysseling, ibid., p. 287-298.
6 M. Gysseling, ibid., p. 299-310 et p. 311-333. B. Finet - Van der Schaaf, « Étude comparée d’Aiol chanson de geste du xiie siècle et des fragments d’Aiol en moyen néerlandais, 2 vol., thèse de iiie cycle, Université de Paris-Sorbonne, 1987 ; « L’Aiol limbourgeois. Un témoin ancien de la littérature épique en moyen néerlandais », Études germaniques, avril-juin 1989, p. 166-188.
7 B. Finet -Van der Schaaf, « L’image de la Frise et des Frisons dans la littérature en ancien et en moyen français et dans quelques chroniques en moyen néerlandais », dans Aspects de l’épopée romane. Mentalité, idéologies, intertextualité, H. Van Dijk et W. Noomen (dir.), Groningue, Egbert Forsten, 1995, p. 441-450.
8 B. Van der Have, « De Middelnederlandse Karelepiek : de fragmenten en het geheel », dans Karolus Rex. Studies over de middeleeuwse verhaaltraditie rond Karel de Grote, B. Besamusca en J. Tigelaar (dir.), Hilversum, Verloren, « Middeleeuwse Studies en Bronnen », no 83, 2005, p. 77-104. B. Besamusca, Repertorium van de Middelnederlandse Karelepiek. Een beknopte beschrijving van de handschriftelijke en gedrukte overlevering, Utrecht, HES, 1983.
9 Die Historie van Coninck Karel ende van Elegast. L’histoire du roi Charles et d’Elegast, texte établi, traduit et introduit par H. Van Dijk et B. Finet -Van der Schaaf, Groningue, Egbert Forsten, 1994. « Introduction », p. 1-2.
10 W. P. Gerritsen, « Les relations littéraires entre la France et les Pays-Bas au Moyen Âge », dans Moyen Âge et Littérature comparée, actes du septième Congrès national de la Société française de Littérature comparée, (Poitiers 1965), Paris, Didier, 1967, p. 28-46.
11 B. Besamusca, Repertorium van de Middelnederlandse Arturepiek. Een beknopte beschrijving van de handschriftelijke en gedrukte overlevering, Utrecht, HES, 1985. H. Kienhorst, De handschriften van de Middelnederlandse Ridderepiek, Deventer, Sub Rosa, « Deventer Studiën », no 9, 1988.
12 B. Besamusca, ibid., p. 52-55. H. Kienhorst, ibid., p. 164-168.
13 M. Gysseling, Corps van Middelnederlandse teksten, ouvr. cité, p. 501-519.
14 N. de Pauw, Middelnederlandse Gedichten en fragmenten, 2 vol., Gand, 1903, vol. 1 « Wereldlijke gedichten », p. 87-97.
15 M. Joye, « De Middelnederlandse Graalromans: overzicht en enkele vasststellingen », dans Arturistiek in artikelen. Een bundel fotomechanisch herdrukte studies over Middelnederlandse Arturromans, F. P. Van Oostrom, Utrecht, HES, 1978, p. 209-222. S. J. Oppenhuis de Jong, De Middelnederlandse Perceval-traditie. Inleiding en editie van de bewaarde fragmenten van een Middelnederlandse vertaling van de Perceval of Conte du Graal van Chrétien de Troyes, en de Perchevael in de Lancelotcompilatie, Hilversum, Verloren, « Middelnederlandse Lancelotromans » no 9, 2003.
16 B. Besamusca, Repertorium van de Middelnederlandse Arturepiek, ouvr. cité, p. 53-55.
17 B. Besamusca, ibid., p. 22-31. H. Kienhorst, ibid., p. 90-101.
18 L’édition la plus récente est de 1987 : O. S. H. Lie, The middle Dutch Prosa Lancelot. A study of the Rotterdam fragments and their place in the French, German and Dutch Lancelot en Prosa Tradition. With an edition of the text, Amsterdam, « Middelnederlandse Lancelotromans », no 3, 1987.
19 B. Besamusca, ibid., p. 32-36. H. Kienhorst, ibid., p. 94-101. F. P. Van Oostrom, Lantsloot vander Haghedochte. Onderzoekingen over een middelnederlandse bewerking van de Lancelot en prose, Amsterdam, 1981. W. P. Gerritsen, Lantsloot vander Haghedochte. Fragmenten van een middelnederlandse bewerking van de Lancelot en prose. Avec la collaboration de A. Berteloot, F. P. Van Oostrom et P. G. J. Sterkenburg, Hilversum, Verloren, « Middelnederlandse Lancelotromans », no 2, 1987. W. P. Gerritsen, O. S. H. Lie, F. P. Van Oostrom, « Le Lancelot en prose et ses traductions moyen-néerlandaises », dans Arturistiek in artikelen, ouvr. cité, p. 137-147.
20 B. Besamusca, ibid., p. 22-23 ; 30-31.
21 J. D. Janssens, « De middelnederlandse Arturroman », dans Arturus Rex. Acta conventus Lovaniensis 1987, W. Van Hoecke, G. Tournoy et W. Verbeke (dir.), Louvain, Leuven University Press, 1991, vol. I, p. 263-302 et en particulier p. 266-267 ; « Le roman arthurien non historique en moyen néerlandais : traduction ou création originale ? » dans Arturus Rex, ouvr. cité, vol. II, p. 331-351. E. Van den Berg, « Genre en Gewest », Tijdschrift voor Nederlandse taal en Letterkunde (TNTL), no 103, 1987, p. 15. p. 15.
22 B. Besamusca, Walewein, Moriaen en de Riddere metter mouwen. Intertekstualiteit in drie Middelnederlandse Arturromans, Hilversum, Verloren, « Middeleeuwse studies en bronnen », no 39, 1993, p. 21-40 ; p. 43-83.
23 J. Bumke, Die romanische deutschen Literaturbeziehungen im Mittelalter, Heidelberg, 1969, p. 12-13 et p. 28-36.
24 Milun, Yonec, Ider, Merlijn, Le Bel inconnu, Sir Degare, Galiens li Restoires, Richars le Biaus, Moriaen, Coninc Arturs Doot, Perceval le Gallois, Blancandin et l’Orgueilleuse d’amour, Le Chevalier a le mance, dans B. M. Van der Stempel, Roman van den Riddere metter mouwen. Opnieuw uitgegeven naar het hs. en van een inleiding en glossarium voorzien, Leyde, A.W. Sijtjoff, 1913, « Introduction », tableau inséré entre p. XII et XIII.
25 Nous désignerons le Roman de Richars li Biaus par R.l.B. et le Riddere metter mouwen par R.m.M. selon la tradition néerlandaise. Les vers réfèrent respectivement à l’édition de A. J. Holden, Richars li Biaus, Roman du xiiie siècle, Paris, Champion, 1983 et à l’édition reproduite dans ce volume, G. H. M. Claassens et D. F. Johnson (éd.), Dutch Romances III: Five Interpolated Romances from the Lancelot Compilation, Cambridge, D. S. Brewer, « Arthurian Archives », no 10, 2003, p. 196-367. Nos remarques reposent en partie sur l’introduction de l’édition de B. M. Van der Stempel. Nous nous référons aussi à l’étude de B. Besamusca, Walewein, Moriaen en de Riddere metter mouwen, ouvr. cité, IV, « Riddere metter mouwen », p. 123-168 et V, « Het intertekstuele vlechtwerk van de Arthurromans », p. 169-198 et aux nombreux articles approfondis de S. Smith publiés entre 1989 et 1910. Cf. Éléments de bibliographie, Articles.
26 R.l.B. v. 307-398 ; R.m.M. v. 1770-1777 ; 2155-2156 ; 2176-2190.
27 R.l.B. v. 781-790 ; 1430-1541 ; 1749-1814. R.m.M. v. 2346-2781.
28 R.l.B. v. 1341-1530 ; 3051-3211 ; R.m.M. v. 223-274 ; 647-651 ; 943-950 ; 1187-1190 ; 1295-1301 ; 1698-1737 ; 2536-2596.
29 R.l.B. v. 1545-1555 (1er don) ; 5110-5119 (2e don) ; R.m.M. v. 175-196.
30 R.l.B. v. 4224-4320 ; R.m.M. v. 1837-1862 ; 1898-1914.
31 R.l.B. v. 4212-4229 ; 4698-5307. R.m.M. v. 1800-2114.
32 R.l.B. v. 5349-5363 ; R.m.M. v. 2225-2232.
33 R.l.B. v. 2291-2352 ; notamment v. 2337-2340 ; R.m.M. v. 2118-2198 ; v. 2141.
34 R.l.B. v. 1991-1993 ; R.m.M. v. 2136-2138 ; 2475-2478.
35 R.l.B. v. 2048-2244 ; 2572-2907 ; R.m.M. v. 3496-3501 ; 3538-3543 ; 3610-3615.
36 R.l.B. v. 2787-2868 ; R.m.M. v . 2287-2290 ; 3247-3273.
37 R.l.B. v. 3495-3760 ; R.m.M. v. 2756-2765 ; 2780-2781.
38 R.l.B. v. 4095-4121 ; R.m.M. v. 3604-3649.
39 R.l.B. v. 1876-1885 ; R.m.M. v. 3486-3489. R.l.B. v. 3215-3225 et 3940-3962 ; R .m.M. v. 1811-1815.
40 Les vers réfèrent à l’édition Rychner, Les lais de Marie de France, Paris, Champion, 1971.
41 A. Scheler, Dits et Contes de Baudouin de Condé et de son fils Jean de Condé, Bruxelles, 1866-1867, tome II, p. 167-242. Nous désignerons le Dit dou chevalier a le mance par Cham. Les vers réfèrent à cette édition.
42 Cham v. 135-140 ; 151-161 ; 2238-2240 ; 2305-2310 ; 2321-2325 ; 2343-2347. R.m.M. v. 666-669 ; 827-839 ; 860-861 ; 1732-1737 ; 2024-2037 ; 709-712 (faux amants). Cf aussi les articles de S. Smith, « Der Minnen Cracht. Over de thematiek van de Roman van den Riddere metter Mouwen », Voortgang. Jaarboek voor de Neerlandistiek, no 13, 1992, p. 37-63 et « Ware minnaars en valse vrijers. Over de liefdesthematiek in de Riddere metter Mouwen », Voortgang, no 27, 2009, p. 7-23.
43 B. M. Van der Stempel, Roman van den Riddere metter mouwen, ouvr. cité, « Introduction », p. XVII et XX. S. Smith, « Richars en de Riddere metter mouwen toch neven ? », Voortgang, Jaarboek voor de Neerlandistiek, no 9, 1988, p. 91-116.
44 Chrétien de Troyes, Érec et Énide, éd. critique d’après le ms. B.N. fr 1376, traduction, présentation et notes par J. M. Fritz, Paris, « Lettres gothiques », 1992, v. 81-274 ; 1009-1195.
45 De jeeste van Walewein en het schaakbord van Penninc en Pieter Vostaert. Arturepos uit het begin van de xiiie eeuw, uitgeg., verklaard en ingeleid door G. Van Es., 2 vol. Zwolle, 1957, v. 3676-4074.
46 Chrétien de Troyes, Le Chevalier de la Charrette, publication, traduction, présentation et notes par Catherine Croizy-Naquet, Paris, Champion, 2006, v. 711-795. Cf. B. Besamusca, Walewein, Moriaen en de Riddere metter mouwen, ouvr. cité, p. 145. A. Micha, Lancelot. Roman du xiiie siècle, ouvr. cité, vol. VII, XXIIIa, p. 29.
47 Chrétien de Troyes, Le Chevalier au lion (Yvain), publié par Mario Roques, Paris, Champion, « Classiques français du Moyen Âge », 1975, v. 173-875 ; 3764-4275. M. Carasso-Kok assimile la Forêt plutôt à la Forest perdue où se retrouve Lancelot à un moment donné. M. Carrassa-Kok, « Het Woud zonder Genade », Bijdragen en Mededelingen betreffende de geschiedenis der Nederlanden, no 107, 1992, p. 241-263. Notamment p. 254 et notes 46 et 47. A. Micha, Lancelot. Roman en prose du xiiie siècle, 9 vol., Paris et Genève, Droz, « Textes littéraires français », 1978-1983, t. IV, p. 230- 233 ; 29-31. Cf. aussi le passage du Lancelot en prose relatant l’entrée de Lancelot dans la Forêt Perilleuse en dépit de la mise en garde d’un nain exprimée en termes similaires. A. Micha, ibid, tome V, XCI-XCIII, p. 115-118. B. Besamusca, « Die Rezeption von Chrétiens Yvain in den Niederlanden », dans Die Romane von dem Ritter mit dem Löwen, herausgegeben von Xenja von Ertzdorff und redaktionneller Mitarbeit von Rudolf Schutz, Amsterdam, Atlanta, 1994, p. 353-368.
48 Chrétien de Troyes, Le Roman de Perceval ou le Conte du Graal, publié d’après le ms. 12576 de la Bibliothèque nationale de Paris par W. Roach, Paris et Genève, Droz, « Textes littéraires français », no 71, 2e édition revue, 1959, v. 1002 ; 1002-1007 ; 1191-1274 ; 1064-1119 ; 6228-6234 ; 4164-4215 ; 4230-4273 ; 4286-4289 ; 4294-4316 ; 4317-4321.
49 Nous désignerons le Roman de Walewein par Wal et le Roman de Moriaen par Mor.
50 G.A. Van Es, De jeeste van Walewein en het schaakbord van Penninc en Pieter Vostaert, ouvr. cité, v. 4080-4096 ; 4800-4915.
51 Danielle Régnier-Bohler, « La largesse du mort et l’éthique chevaleresque : le motif du mort reconnaissant dans les fictions médiévales du xiiie au xve siècle », dans Réception et identification du conte depuis le Moyen Âge. Actes du colloque de Toulouse, janvier 1986, Michel Zink et Xavier Ravier (éd.), Université de Toulouse-Le Mirail, 1987 p. 51-63. Cf. aussi Lutz Röhrich, « Dankbarer Toter », dans Enzyklopädie des Märchens, t. 3, col. 306-322.
52 Cf. note 51 et Richars li Biaus, ouvr. cité, éd. A.J. Holden, « Introduction », p. 8-10 et Richard le Beau. Roman du xiiie siècle, introduction de Gérard Jacquin, Fleur Vigneron et Julien Vinot, traduction en français moderne de Gérard Requin et Fleur Vigneron, Paris, Honoré Champion, 2004, « Introduction », p. 18-20 et note 27. B. Besamusca, « The Grateful dead in the Middle English Sir Amadace, the Old French Richars li Biaus, and the Middle Dutch Walewein », dans Chevaliers errants, demoiselles et l’Autre, höfische und nachhöfische Literatur im europäischen Mittelalter. Festschrift für X. von Ertzdorff, Göppingen, Kümmerle Verlag, 1998, p. 317-325.
53 A. M. E. Draak, « Ridder Walewein. Religieus getinte voorvallen. De dankbare dode » et « De symbolische communie in de Walewein en de Riddere metter mouwen », dans Onderzoekingen over de Roman van Walewein, Groningue et Amsterdam, 1975, p. 161-170 et p. 170-173.
54 L’épisode du Moriaen réfère au Lancelot en prose et à la Suite-Vulgate du Merlin. Cf. Le Roman de Moriaen, texte présenté, traduit et annoté par Baukje Finet -Van der Schaaf, Grenoble, ELLUG, 2009, « Introduction », p. 18 et note 27.
55 Larbre d’amours, éd. A. Langfors, Romania, no 56, 1930, p. 373-388. Cf. aussi Li romans du vergier et de l’arbre d’amours, éd. A. Langfors, Neuphilologische Mitteilungen, no 29, 1928, p. 3-33. De boem van minnen et Venusboom met VII coninghinnen, dans Het handschrift van Hulthem. Hs. Brussel, Koninklijke Bibliotheek van België 15589-623, 2 vol., H. Brinkman et J. Schenkel (dir.), Hilversum, Verloren, 1999, no 34, p. 292-295 et no 99, p. 465-471. D. Van der Poel, « Memorabele bomen. De minneboom als allegorische constructie in de Middelnederlandse wereldlijke letterkunde », dans B. Baert, Aan de vruchten kent men de boom: de boom in tekst en beeld in de middeleeuwse Nederlanden, Louvain/Leuven, Universitaire Pers, 2001, p. 239-257.
56 R.m.M. : melthede, oetmoedechede, wijshede, doget, trouwe. Boem van minnen: miltheit, oemoedicheit, wijsheit, doghet, trouwe.
57 Cf. supra, p. 25 et note 43.
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