Conclusion
De Londres à Versailles : la mésentente cordiale
p. 197-217
Texte intégral
1En Italie comme en France, l’étude des relations bilatérales, des interactions, des échanges et des circulations entre les États, les sociétés et les cultures sur les deux versants des Alpes concerne traditionnellement d’une part des périodes antérieures à la Grande Guerre aussi variées que la Renaissance, le siècle des Lumières, l’époque révolutionnaire et napoléonienne, le Risorgimento et les dernières décennies du xixe siècle, d’autre part les décennies postérieures à la Première Guerre mondiale1. Les spécialistes du conflit dans les deux pays ont en revanche généralement poursuivi leurs travaux dans un cadre essentiellement national2, qui n’exclut cependant pas la connaissance plus ou moins approfondie de l’historiographie internationale. La réception en Italie des études françaises sur la Grande Guerre et des études italiennes sur le même sujet en France demeure à la fois relativement limitée et surtout caractérisée par la forte asymétrie que nous avons signalée dans l’introduction du présent ouvrage. Les recherches et les interprétations des principaux historiens anglo-saxons font en revanche l’objet d’une ample diffusion dans les milieux académiques et, dans une moindre mesure, auprès du public cultivé.
2La domination de l’historiographie de langue anglaise dépend, en premier lieu, de la disproportion des forces entre des maisons d’édition opérant sur des marchés de dimensions très différentes : le public anglophone est plus vaste que le lectorat français, lui-même plus nombreux que celui italien. En deuxième lieu, à la supériorité économique des éditeurs anglo-saxons contribue un phénomène de mode en vertu duquel les produits culturels venus d’outre-Manche ou d’outre Atlantique – même les plus modestes et les plus banals – sont réputés plus intéressants, voire de meilleure qualité scientifique, que les produits autochtones français et italiens. C’est cette tendance délétère que dénonçait en juin 2014 l’historien Mario Isnenghi, dans la préface à la réédition du livre La Grande Guerra. 1914-1918, coécrit avec Giorgio Rochat à la fin des années 1990. Consterné par l’avalanche de publications en langue italienne d’études étrangères, de valeur parfois discutable, consacrées à la Première Guerre mondiale au seuil des commémorations du centenaire du conflit, il s’indignait des présentations superficielles, tendancieuses et même erronées de la guerre italienne que certains auteurs n’hésitent pas à développer :
Les livres dont on chante les louanges sont ceux de journalistes et d’historiens anglais, ou qui écrivent en anglais. Ils trouvent une foule d’éditeurs, de traducteurs, de libraires, de critiques pour les applaudir. Ils écrivent tous des chefs-d’œuvre ces fils élus de Clio ? Non, ils écrivent en anglais et jouissent a priori d’un préjugé favorable. Personne ne veut sembler provincial, en allant éplucher les pages et en constatant, ce qui serait facile, que le front italo-autrichien n’est littéralement pas pris en considération. L’Italie n’y est pas, aucun de ses dirigeants politiques et militaires n’est nommé, mais éditeurs et critiques jouent le jeu de cette insignifiance en induisant le lecteur italien à la considérer dès lors comme une incontestable réalité objective. Les quatrièmes de couverture et la publicité présentent pourtant ces livres unilatéraux et autocentrés comme d’amples visions, des histoires européennes, notre passé commun, la véritable histoire de nous tous. Quelques rares fois, un texte de meilleure volonté […] se rappelle que ce front aussi existe. Il doit exister, parce qu’il y a eu Caporetto. Et les alliés qui accoururent alors pour sauver les Italiens, d’eux-mêmes plus que des Austro-Allemands. Les plus acharnés – considérant l’historiographie comme une forme de prolongement de la politique par un autre moyen – vont jusqu’à postuler que c’est à eux qu’est due la victoire finale sur ce front, en novembre 19183.
3La légende dénoncée à juste titre par Mario Isnenghi selon laquelle les Italiens n’auraient pas vraiment gagné la guerre contre la Double Monarchie n’est pas une exclusivité de l’historiographie anglo-saxonne. Pour s’en convaincre, qu’on lise par exemple la thèse de doctorat soutenue à l’Université Sorbonne Nouvelle Paris 3 en décembre 2009 par un officier d’active français, qui fut un temps chercheur associé à l’Institut d’études stratégiques de l’École militaire, lequel n’hésitait pas à écrire que sur le front italo-austro-hongrois, « La victoire militaire n’est pas due à l’armée italienne mais à l’effondrement des Impériaux qui ont refusé de se battre. En fait, la bataille n’a pas eu lieu. Vittorio Veneto n’est qu’un mythe créé par Orlando4. »
4Une autre interprétation tendancieuse, particulièrement en vogue dans le monde académique anglo-saxon, ne conteste pas la réalité même de la bataille, mais elle attribue une grande partie du mérite de la victoire aux troupes françaises et britanniques5, alors que seules six divisions alliées – deux françaises, trois britanniques6 et une unité tchécoslovaque – figuraient parmi les 57 divisions qui faisaient face aux 58 divisions alignées par l’Autriche-Hongrie7.
5L’une et l’autre thèses ont le défaut d’ignorer un enseignement pourtant incontestable de la guerre d’usure que fut le premier conflit mondial : sur tous les fronts, la victoire fut obtenue plus en raison de l’effondrement de l’adversaire – ou au moins à cause d’un affaiblissement irrémédiable de son dispositif militaire, de ses capacités logistiques et du moral de son armée et de sa population – qu’en vertu d’une manœuvre offensive écrasante. Il en alla ainsi de la défaite des Bulgares sur le front de Macédoine face à l’armée d’Orient et de l’effondrement des Ottomans face aux Britanniques au Proche-Orient en septembre-octobre 1918. Sur le front occidental, la victoire de l’Entente dépendit largement de l’usure extrême des forces allemandes consécutive aux pertes – plus d’un million d’hommes – et aux déceptions provoquées par les cinq grandes offensives successivement lancées par le général Ludendorff de mars à juin 1918, des succès tactiques partiels qui minèrent définitivement la military effectiveness du Reich : en définitive, « Ludendorff avait cassé l’armée allemande par ses sanglantes attaques8. »
6Si la négation ou la contestation de la victoire militaire italienne peut encore trouver place dans certaines publications, c’est que les circonstances mêmes de l’intervention de l’Italie dans la Première Guerre mondiale – une neutralité douteuse suivie d’un renversement d’alliance – suscitèrent chez les contemporains des polémiques et des controverses qui n’ont pas cessé de hanter le débat historiographique. La perspective bilatérale offerte par cet ouvrage nous paraît en offrir plusieurs illustrations convaincantes et poser certaines questions auxquelles, pour conclure, nous voudrions apporter quelques éléments ultérieurs de réponse.
7La première de ces questions est celle du commandement interallié : les relations militaires franco-italiennes furent-elles caractérisées par une forme vraiment fonctionnelle de coordination ou furent-elles plutôt inspirées par la méfiance, la rivalité et la jalousie des états-majors respectifs ? Sur ce point, une scène dont nous ignorons l’authenticité, mais qui nous paraît vraisemblable, rapportée par le journal Le Cri de Paris en janvier 1918, mérite d’être mentionnée parce qu’elle est révélatrice de l’état d’esprit qui prévalait en France pendant le conflit :
Il y a quelques jours, dans une réunion où se rencontraient des hommes politiques, des écrivains, des artistes et où se trouvait le général Cadorna, de passage à Paris, on en vint à parler de cette question, qui préoccupe tout le monde, de l’unité de commandement.
Quelqu’un, qui a de bonnes raisons pour savoir, dit :
Mais cette unité de commandement que l’on réclame à grands cris, elle a existé sans qu’on en parlât pendant toute l’année 1916, et c’était la France qui l’exerçait.
Et s’adressant au général italien :
Je suis sûr que le général Cadorna ne me démentira pas.
Non certes, fit le général.
Quand s’est produite l’offensive autrichienne contre l’Italie en 19169, qui a donc indiqué les mesures à prendre pour l’enrayer ?
C’est Joffre, dit le général Cadorna.
Qui a fait déclencher l’offensive russe en Galicie10 ?
C’est Joffre, dit le général Cadorna.
Qui dirigeait toute l’offensive franco-anglaise de la Somme ?
C’est Joffre.
Il y eut un peu d’étonnement. Un député ajouta :
Je me souviens d’ailleurs qu’à un Comité secret on nous a lu une dépêche du général russe Alexeiff11 disant textuellement : « Je me range sous le commandement du général Joffre12 ».
8Notons que l’idée selon laquelle une forme de coordination du commandement interalliée aurait été réalisée à partir de 1915 sous la direction du général Joffre est aujourd’hui communément admise par l’historiographie française la plus récente et la mieux informée13. Certains auteurs prêtent même volontiers au généralissime français des talents d’organisateur et des qualités morales – clairvoyance stratégique, sang-froid, sens de l’autorité – hors du commun, que ses collègues de l’Entente auraient unanimement reconnus en l’élevant de manière informelle au rang de Primus inter pares et en acceptant de se ranger à ses avis et d’exécuter ses directives14. La réalité nous paraît plus nuancée.
9Si l’on considère que la scène rapportée par le journal Le Cri de Paris a réellement eu lieu, les affirmations on ne peut plus courtoises prêtées au général italien Cadorna ne sont pas dépourvues d’ambiguïté. À cette date, comme Joffre avant lui en France en décembre 1916, il avait été écarté de la direction effective des opérations dans son pays après la déroute de Caporetto et destiné à un rôle essentiellement honorifique en qualité de représentant militaire permanent de l’Italie au sein du Conseil supérieur de guerre interallié à Versailles : en faisant l’éloge implicite de l’action passée du maréchal de France, c’était aussi son propre commandement qu’il réhabilitait. L’attitude de Cadorna pourrait être interprétée comme une critique voilée de la conduite des opérations par les successeurs de Joffre en France et par le général Diaz en Italie. On pourrait également y voir une manifestation de défiance à l’égard du commandement unifié qui s’organisait alors sous l’autorité du général Foch à travers le comité exécutif permanent du Conseil supérieur de guerre interallié15. Les réponses de Cadorna étaient peut-être aussi empreintes d’une subtile dose d’ironie : les circonstances dans lesquelles se serait révélée la capacité de coordination interalliée de Joffre correspondaient en réalité à deux offensives – en Galicie et sur la Somme – qui se soldèrent par des échecs, tandis que la bataille défensive menée par les Italiens en juin 1916 dans le Trentin sous le commandement de Cadorna fut au contraire un succès.
10Les sources et l’historiographie italiennes offrent une vision bien différente de la question du commandement interallié en 1915-1916. Le généralissime italien y paraît certes disposé à collaborer loyalement avec ses partenaires, en raison de la dépendance de son pays l’égard de l’Entente pour son approvisionnement en matières premières et le renforcement de son parc d’artillerie lourde. Mais il apparaît également qu’il comptait sur le strict respect des engagements souscrits par ses nouveaux partenaires, notamment ceux dérivant de la convention militaire de Paris (2 mai 1915) et de la convention militaire italo-russe (21 mai 1915)16 qui complétaient le Pacte de Londres conclu le 26 avril 1915. Ces accords prévoyaient une vaste action coordonnée avec les Russes et les Serbes pour vaincre l’Autriche-Hongrie. Mais les premiers, défaits par les Allemands dans la bataille de Gorlice-Tarnow en mai-juin 1915, durent évacuer en toute hâte la Galicie, tandis que les seconds, très fortement éprouvés par plusieurs mois de rudes combats, s’abstinrent de lancer la moindre manœuvre offensive. Dès lors, Cadorna se sentit dupé : il « avait en substance perdu confiance dans la bonne foi des alliés […]17 ». Le 12 février 1916, il fit d’ailleurs sentir toute son amertume au général Maurice Pellé, en mission à Udine pour traiter la livraison à l’Italie de pièces de gros calibre. À ce proche collaborateur de Joffre, qui en avait fait le major général de l’armée française, il n’hésita pas à déclarer que les alliés ne devaient exiger de l’Italie aucun effort supplémentaire attendu qu’elle n’avait reçu de la France et du Royaume-Uni aucun des canons qu’elles s’étaient pourtant engagées à lui livrer18.
11La question du commandement interallié apparaît beaucoup plus délicate encore si l’on examine les relations militaires franco-italiennes dans les journées tragiques de la débâcle de Caporetto. Le rôle du général Foch, dépêché auprès du Comando supremo de Cadorna, qu’il rencontra dans son nouveau quartier général établi à Trévise le 30 octobre 1917, fit en effet l’objet d’une vive polémique aux lendemains de la guerre. Sur le versant italien, elle fut alimentée par une lettre ouverte adressée par D’Annunzio, alors à Fiume, au quotidien L’Excelsior et par un opuscule du journaliste nationaliste Ezio Maria Gray. Du côté français, elle fut relayée par deux articles anonymes, dont le second est expressément écrit en réponse à cet opuscule, parus dans la Revue des Deux Mondes, et qui, si l’on en juge par le style et le contenu, furent vraisemblablement rédigés par le même auteur19.
12Le fond de la querelle portait sur l’appréciation par Foch de la situation stratégique du front italien au lendemain de la déroute de Caporetto et, indirectement, sur la paternité du rétablissement réalisé par les forces armées italiennes sur la ligne du Piave. D’Annunzio et E. M. Gray avançaient la même thèse : le poète-soldat écrivait que « le chef français – celui même qui devait être le vainqueur irrésistible sur la Somme et sur la Marne – estimait insoutenable la situation sur le Piave et conseillait un repli sur la ligne du Mincio et du Pô […] » ; le journaliste répétait que Foch n’aurait pas approuvé la décision de Cadorna de résister à l’avancée austro-allemande sur le cours du Piave et ajoutait qu’il aurait refusé d’engager immédiatement les renforts français – quatre divisions de la Xe armée du général Duchêne dont le transfert en Italie commença dès le 28 octobre – par crainte qu’ils ne fussent entraînés dans la retraite précipitée du dispositif italien. L’anonyme français démentait vigoureusement cette version des faits. Selon lui, Foch avait choisi les lieux de concentration des divisions françaises – initialement deux dans la région de Brescia et deux dans la zone de Vérone – d’un commun accord avec Cadorna. Il avait proposé de tenter de bloquer l’invasion ennemie sur le cours du Tagliamento avant de songer à se replier sur le Piave et en aucun cas il n’avait envisagé ni suggéré un mouvement de retraite encore plus à l’Ouest, jusqu’au cours du Mincio, voire jusqu’au Pô. Trois semaines durant, il n’avait cessé d’inciter ses alliés à ne pas désespérer de leur situation et leur avait suggéré les décisions les plus appropriées pour surmonter la crise militaire où les avait plongés la déroute de Caporetto : « personne n’a donné de conseils plus mâles, d’avis plus justes et plus utiles20 ». Le plaidoyer en faveur de Foch repose sur une connaissance approfondie de la chronologie et du déroulement de sa mission, l’auteur cite des télégrammes du futur maréchal et rapporte ses propos et ceux de ses interlocuteurs comme s’il avait lui-même assisté aux conversations : tout porte à croire que l’anonyme est un officier de confiance du maréchal, auquel celui-ci a donné accès à des documents de première main pour étayer sa riposte aux affirmations formulées par E. M. Gray. Neuf ans plus tard, au terme d’un article beaucoup plus synthétique, un témoin d’exception, l’ancien ambassadeur de France en Italie, Camille Barrère, qui avait accompagné Foch dans sa mission, parvenait à la même conclusion :
Ayant accompli son œuvre, Foch revint avec moi à Rome […]. L’Italie et ses gouvernants étaient résolus à la lutte à outrance. Ils aspiraient à la victoire prochaine à laquelle ils avaient déjà sacrifié des centaines de mille hommes. Foch put se dire avec orgueil (mais il n’était pas orgueilleux), qu’il n’y fut pas étranger21.
13Un autre témoin d’exception, le colonel Angelo Gatti, proche collaborateur de Cadorna qu’il accompagnait en qualité d’historien du Comando supremo, brossait, quant à lui, un portrait de Foch nettement moins flatteur et lui attribuait un rôle beaucoup moins positif dans le processus décisionnel politico-militaire interallié au lendemain de Caporetto. Dans son journal intime, le futur maréchal de France est dépeint sans concession. Du point de vue physique, il a une « grosse face de dogue22 ». Du point de vue moral, c’est un officier intelligent, brillant23 et prompt à la décision, mais hautain, méprisant, impoli, voire grossier et brutal, imbu de sa propre importance, convaincu de sa supériorité et donneur de leçons, qui répondit sèchement à l’aide de camp de Cadorna qui lui indiquait que son chef l’attendait dans sa demeure : « Je ne suis pas venu pour aller dans ces villas24. » Selon la confidence faite à Gatti par le président du Conseil italien Orlando en marge de la conférence de Rapallo, Foch interrompait brusquement ses interlocuteurs pour leur donner « des conseils insignifiants » : « “Taisez-vousˮ, disait-il à Porro quand celui-ci parlait, “laissez-moi parlerˮ et il parlait toujours25. »
14Ce portrait à charge forme un singulier contraste avec le récit de l’auteur français anonyme, qui déclare que « C’est sans aucun éclat ni tapage que le général Foch vient s’acquitter d’une mission où l’intérêt français se confond avec l’intérêt italien, et à l’accomplissement de laquelle il apporte la plus franche sollicitude26. » Il est également en contradiction avec le jugement exprimé par Cadorna, que Gatti avait l’honnêteté de rapporter : « Le chef en revanche est enthousiaste à l’égard de Foch : il dit que c’est un brave homme, franc, qui “va vite en besogneˮ27. »
15Comme toutes les relations humaines, la question du commandement opérationnel interallié dépendait en définitive d’éléments éminemment subjectifs qui pouvaient tout aussi bien créer les conditions d’une entente harmonieuse que susciter de graves problèmes de compatibilité et de susceptibilité au sommet de la hiérarchie militaire et politique. Elle était en outre conditionnée par le poids des préjugés nationaux et des visions stéréotypées de l’autre qui en dérivaient. Dans quelle mesure ces stéréotypes pesèrent-ils sur la relation franco-italienne ? La guerre contre les Empires centraux fut-elle l’occasion de nouer des relations authentiquement amicales ? De vieilles inimitiés ne subsistèrent-elles pas ou ne furent-elles pas ravivées durant le conflit et au lendemain immédiat de celui-ci ? C’est ce qu’il nous faut maintenant examiner.
16Le journal intime du colonel Gatti constitue sur ce point un précieux observatoire de la façon dont certains milieux militaires et politiques italiens considéraient la France et les Français. À plusieurs reprises, l’officier historien du Comando supremo notait, non sans une pointe d’amertume mêlée tout autant d’admiration que d’inquiétude, combien le général Henri de Gondrecourt, chef de la mission militaire française, se trouvait immanquablement mieux informé du déroulement des opérations que les officiers du Grand Quartier Général italien eux-mêmes28. Sur le plan moral, le portrait du général français esquissé par Gatti n’était pas sans rappeler celui de Foch. Le comparant à l’attaché militaire britannique Charles Delmé Radcliffe, Gatti écrivait : « De Gondrecourt est “plus dur, plus réservé, peut-être beaucoup plus envieux. L’un est sympathique, l’autre est antipathique”29. » Au total, un officier distingué, intelligent et très habile, mais affectant un air de supériorité insupportable et volontiers donneur de leçons, comme à l’occasion d’une visite au quartier général de la IIIe armée que commandait le Duc d’Aoste, cousin du roi d’Italie : « Pendant que j’étais là, Gondrecourt, comme d’habitude, m’a donné moult bons conseils sur la manière de faire la guerre30. »
17En définitive, les traits saillants du caractère national31 français qui ressortent des carnets intimes de Gatti, un officier lettré, cultivé et – ceci doit être souligné – francophone, donc parfaitement capable de s’entretenir sans médiation avec ses interlocuteurs transalpins, sont la clairvoyance, l’habileté et la capacité manœuvrière que les agents militaires et civils du gouvernement français en Italie paraissaient déployer au service de l’intérêt national. Un passage d’une conversation avec le vice-président du Sénat italien Emanuele Paternò del Castello mérite ici d’être rapporté, car il nous paraît illustrer admirablement toute la complexité et la nature paradoxale des sentiments que nourrissait une certaine élite italienne à l’égard de l’allié transalpin. C’était un mélange troublant d’admiration teintée de méfiance, voire de suspicion, greffé sur un complexe d’infériorité – composante typique du caractère national italien32 – qui plongeait ses racines dans les péripéties de la construction tardive et semée d’embûches d’un État-nation que ses propres dirigeants et ses élites culturelles considéraient comme imparfait et inachevé :
[…] nous avons trois ennemis formidables : 1) L’ennemi. 2) Les alliés. 3) Les partis extrémistes, subversifs et nationalistes.
L’ennemi autrichien est le moindre danger, parce que, malgré les gaz, les casse-têtes, etc., il est connu. On sait ce qu’il vaut.
Mais le plus grand danger ce sont les alliés. La France, par exemple, nous gêne en tout, dans la grande et dans la petite politique. Dans le budget français de 1915, il y avait cette rubrique : pour la propagande en Italie, trente millions. Ces trente millions ont été, en grande partie, la prime à la guerre de l’Italie. Barrère, que Dieu le conserve, a servi merveilleusement les intérêts de la France. Il a, surtout, appelé en Italie les meilleurs Français : et il a voulu qu’en France allassent les Italiens les plus bêtes. (J’avais déjà remarqué, pour ma part, que l’attaché militaire français de Gondrecourt, du Comando Supremo, savait tout, toujours et mieux que les officiers d’état-major du Comando même). Paternò dit que nous ne pouvions pas trouver des attachés plus idiots que Breganze et celui de la marine, celui-ci spécialement. Di Breganze ne savait jamais rien : Paternò avait honte d’aller à l’ambassade à Paris, parce que de toute façon il savait qu’on ne lui aurait dit que des bêtises33.
18Nous touchons ici à la délicate question du prestige national, particulièrement sensible en temps de guerre, qu’un autre témoignage emprunté au journal intime du colonel Gatti illustre à la perfection : la scène se déroule à Rapallo le 6 novembre 1917, en marge de la conférence tripartite convoquée de toute urgence pour déterminer les modalités du soutien franco-britannique à l’Italie en pleine déroute militaire consécutive à la percée austro-allemande à Caporetto. À plusieurs reprises durant la journée, les délégations française et britannique34 se consultèrent à huis clos pour arrêter les conditions qu’elles allaient soumettre à leurs interlocuteurs italiens, le chef du gouvernement Orlando, le ministre des Affaires étrangères Sonnino, le ministre de la Guerre Vittorio Alfieri et le général Porro, contraints de patienter à l’écart de la salle de réunion. Dans la soirée, dans l’intimité de la chambre à coucher de son secrétaire, Orlando s’en plaignit amèrement en présence de Porro et de Gatti : « Et vous croyez que je n’ai pas passé toute la journée avec la honte au visage ? Nous avons été traités comme des serviteurs35. »
19Les Français ne connaissaient pas le sentiment d’infériorité – renforcé par la cuisante déroute de Caporetto – qui hantait les élites italiennes, mais ils n’en étaient pas moins préoccupés par ce que leurs alliés pensaient d’eux. C’est ce que montre par exemple l’histoire de l’escadrille d’hydravions et de l’escadrille de chasse transalpines déployées à Venise respectivement au printemps et à l’été de 191536. Lorsque la première fut rappelée en France en mai 1917, après que tous ses officiers pilotes avaient été abattus ou perdus en mer, l’auteur du rapport, qui en rendait compte, concluait : « Son départ est marqué – coïncidence peut-être – par la venue d’une escadrille maritime anglaise. Le prestige français en Italie n’a rien à y gagner37. » En juin 1917, un autre rapport consacré à l’escadrille de chasse, constatant qu’en raison de la rareté des alertes dans le ciel vénitien, elle n’avait dû livrer aucun combat depuis le mois d’avril, s’interrogeait sur son utilité et envisageait son rappel en France, ou la réduction de ses effectifs, ou bien sa participation aux opérations aériennes sur le front terrestre. La conclusion témoignait ici encore du souci de préserver tout à la fois la bonne renommée des armes françaises et l’avantage moral qui dérivait du degré de combativité de leurs représentants :
Sur le premier point, les attachés militaires sont unanimes à redouter pour l’influence française le départ de l’escadrille. Ils signalent que les Anglais, très actifs en propagande militaire, et qui ont déjà introduit des hydravions à Venise, s’empresseraient probablement de saisir l’occasion pour prendre la place.
D’autre part, la réduction à 10 avions et pilotes, conduira l’escadrille à végéter sans combattre et soulèvera avec le développement de l’aviation italienne, de la jalousie et peut-être du discrédit vis-à-vis de la situation privilégiée des aviateurs français.
La troisième solution semble donc seule conforme aux intérêts, à l’influence et au prestige de la France.
[…] des Français ne doivent paraître sur des fronts étrangers que pour y combattre38.
20Reste une ultime question : les sensibilités, les susceptibilités et les égoïsmes personnels et nationaux constituèrent-ils des obstacles majeurs à la coopération franco-italienne ? Tout porte à croire que la réponse est négative. La relation bilatérale que les auteurs de ce livre ont voulu explorer se fondait au demeurant sur des antithèses – amitié/inimitié, admiration/jalousie, coopération/compétition – au sein desquelles le poids de chaque composante, loin d’être définitivement établi, était au contraire en constante évolution. Tant que la guerre ne fut pas conclue, les compromis l’emportèrent au profit de l’intérêt commun, qui correspondait au moins partiellement aux intérêts nationaux de chacun des deux partenaires. Alliés concurrents, alliés rivaux, mais alliés envers et contre tout : c’est ce que furent en définitive Italiens et Français les uns pour les autres de 1915 à 1918.
21Mais au lendemain du conflit, les relations se tendirent, car les discussions pour garantir la sécurité, engranger les gains de la victoire et dessiner le nouvel ordre géopolitique firent apparaître des divergences insurmontables au sujet des revendications territoriales italiennes, que les délégations française, britannique et américaine à la Conférence de la paix jugeaient excessives. Leur attitude suscita l’indignation de la presse et des milieux nationalistes italiens à l’égard des alliés et associés de la veille, ces « ploutocrates » qui refusaient de reconnaître à sa juste valeur la contribution de leur pays à la victoire de l’Entente. Deux exemples suffiront à illustrer l’extrême virulence de cette campagne d’opinion centrée sur le mythe de la « victoire mutilée » : le premier est un dessin satirique où un invalide de guerre, campé sur ses béquilles au milieu des cadavres de ses compagnons d’armes, se dresse devant Woodrow Wilson représenté en juge inflexible à côté d’une balance au pied de laquelle s’entassent des sacs de farine et des caisses remplies de dollars39. Le dessinateur prête au président américain cette exclamation : « Mes raisons pèsent plus que les vôtres ! ». Le second document est un article qui n’hésite pas à accuser les partenaires de l’Italie de se comporter à son égard plus durement qu’à l’égard de l’Allemagne vaincue :
L’attitude envers l’Italie des représentants de la France, de l’Angleterre et de l’Amérique est encore plus inique que ce traité [de Versailles]. Parce que, en fin de compte, le traité est imposé à un ennemi qui se montra féroce et inhumain pendant toute la guerre ; tandis que l’attitude sournoise envers l’Italie ne peut avoir aucune justification, aucune circonstance atténuante, le peuple italien ayant d’abord sauvé la France de l’anéantissement, puis l’Entente de la défaite, pour lui assurer enfin la victoire décisive, au prix de sacrifices qu’aucun peuple de l’Entente, exceptés le peuple belge et le peuple roumain, n’a jamais égalés. Et ainsi, pour des intérêts exclusivement bancaires, les trois plus grandes nations de la ligue anti-germanique […] sèment à pleine main les germes d’autres guerres40.
22Pour comprendre ce paroxysme de violence imagée et verbale, il convient de préciser la nature et la chronologie du contentieux géopolitique qui opposait alors l’Italie à ses alliés au sujet de la délimitation de sa frontière orientale. Comme l’a bien montré Frédéric Le Moal41, les origines de la crise diplomatique qui empoisonna les relations entre les vainqueurs de la Grande Guerre, au printemps de 1919, sont à rechercher dans les divergences qui s’étaient déjà manifestées très tôt pendant le conflit au sein d’une coalition de circonstances, scellée par le Pacte de Londres, qui garantissait secrètement à l’Italie des acquisitions territoriales substantielles – essentiellement le Trentin, l’Istrie et une partie de la Dalmatie – et lui promettait un protectorat sur une partie du territoire albanais. Mais dès l’été 1915, la France, avec l’approbation du Royaume-Uni et de la Russie, fit à l’égard des Serbes des ouvertures qui aboutirent en décembre à la promesse formelle de soutenir le projet de constitution d’une Grande Serbie, dont les contours en Croatie risquaient de contredire les engagements pris avec les Italiens en avril à Londres.
23En 1919, le contentieux se focalisa sur la ville portuaire de Fiume, située au Nord-Est de la péninsule d’Istrie, au fond du Golfe du Quarnaro, peuplée en majorité d’italophones – 62,5 % des habitants – favorables au rattachement de leur cité au Royaume d’Italie, qu’en réalité le Pacte de Londres ne prévoyait pas42 : la cité devint alors l’emblème de la querelle diplomatique et « le barycentre des négociations43 ». Plusieurs causes y concouraient : en Italie, les vociférations de la fraction la plus intransigeante des milieux nationalistes incarnée par D’Annunzio encourageaient le président du Conseil Orlando et le ministre des Affaires étrangères Sonnino à réclamer l’adjonction de Fiume aux territoires explicitement mentionnés dans le Pacte de Londres. Le 31 octobre 1918, au cours de la séance du Conseil suprême interallié, où furent discutées et définies les conditions de l’armistice demandé par l’Autriche-Hongrie, Orlando déclara qu’elle était « une ville essentiellement italienne44 ». Puis, dans un mémorandum adressé aux puissances alliées et associées le 1er février 1919, le gouvernement italien réclama son annexion, conformément au vœu exprimé par le Conseil national de la ville le 30 octobre 1918. Il réitéra sa position dans un second document, rendu public le 12 mars, intitulé Les revendications de l’Italie sur les Alpes et dans l’Adriatique45. À Paris, Clemenceau, Lloyd George et Wilson optaient résolument pour une attitude intransigeante en refusant de céder aux exigences de leur partenaire transalpin. Sur le terrain, les troupes italiennes se déployaient rapidement non seulement dans les territoires que les forces de l’Empire austro-hongrois en déroute avaient dû évacuer, en exécution de l’article 3 de l’armistice de Villa Giusti, mais aussi jusqu’à Fiume, dont l’occupation n’était pourtant pas prévue par cet article, au-delà par conséquent de la ligne d’armistice, qui passait à une dizaine de kilomètres de la ville46.
24Quatre navires de la marine italienne étaient entrés dans le port, dès le 4 novembre 1918, avant que des unités terrestres ne prissent position dans la ville, deux semaines plus tard, pour y faire face à des troupes croates qui s’y trouvaient et qui s’en retirèrent aussitôt. À la fin du mois, le général italien Francesco Saverio Grazioli prit le commandement d’un corps d’armée d’occupation interalliée constitué principalement de troupes italiennes, mais son autorité ne s’étendait pas au contingent franco-serbe du général Charles Tranié dépêché par le général Louis Franchet d’Esperey pour établir une base logistique destinée à l’armée d’Orient. L’application des directives secrètes, que Grazioli avaient reçues du sous-chef d’état-major de l’armée italienne Pietro Badoglio, ne pouvait manquer de provoquer des tensions entre alliés, puisque celles-ci consistaient à favoriser les intérêts de la communauté italophone, à s’opposer à la venue éventuelle de troupes serbes et à empêcher que les partenaires de l’Italie fissent usage des installations portuaires47.
25Au printemps, les désaccords relatifs à la question adriatique, au sein du Conseil des quatre, provoquèrent l’abandon momentané de la Conférence de la paix par la délégation italienne, qui refusait la solution consistant à faire de la ville une cité-État indépendante régie par un Conseil national, qui aurait pourtant permis à la majorité italophone de prévaloir. L’intransigeance de Wilson, qui, au moyen d’un message publié dans la presse française le 23 avril 1919, s’était adressé directement au peuple italien pour lui demander de renoncer à Fiume, et l’embarras de Clemenceau, désireux de tenir simultanément les engagements de la France vis-à-vis d’alliés – les Italiens et les Slaves – dont les intérêts s’opposaient pourtant si nettement, contribuèrent à aviver ultérieurement les tensions déjà fortes dont la ville était le théâtre. Au début de juillet, l’hostilité entre civils partisans du rattachement à l’Italie et soldats italiens d’une part, et troupes françaises d’autre part, culmina dans une série d’agressions dont furent victimes les Français, parmi lesquels quarante furent plus ou moins grièvement blessés et neuf autres tués.
26Une commission d’enquête interalliée fut immédiatement constituée, dont les conclusions, rendues le 19 août 1919, considéraient que les torts étaient partagés au point de vue des causes des incidents meurtriers. Les Français s’étaient trop ouvertement montrés favorables aux Slaves, le commandement italien avait toléré la propagande et l’agitation séditieuses de la population italophone. Mais les provocations des Français ne pouvaient justifier les violences dont ils avaient été la cible.
27L’enlisement de la situation diplomatique et militaire favorisa les plans de Gabriele D’Annunzio et d’un groupe d’officiers séditieux du 2e régiment des Granatieri di Sardegna. Le 12 septembre 1919, défiant ouvertement l’autorité du gouvernement de Francesco Saverio Nitti, ils entrèrent dans Fiume à la tête d’un contingent hétéroclite, d’environ 2 500 officiers, soldats et anciens combattants, pour y proclamer son annexion par l’Italie, ce qui provoqua le retrait du contingent franco-serbe le 3 octobre. Paradoxalement, l’entreprise subversive du chantre du nationalisme italien, naguère champion de l’alliance entre les deux puissances latines du continent, et qui s’érigeait désormais en contempteur du prétendu égoïsme français, finit toutefois par contribuer à un apaisement des tensions interalliées relatives à la définition des frontières orientales de l’Italie, que favorisait la signature du traité italo-yougoslave de Rapallo intervenue le 12 novembre 1920. Cet accord, qui attribuait l’Istrie et la ville de Zara (Zadar) à l’Italie et l’essentiel de la Dalmatie au Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes, faisait de Fiume un État autonome. Son existence fut reconnue par la France, le Royaume-Uni et les États-Unis. Cette solution fut dénoncée par D’Annunzio, qui multipliait les initiatives pour troubler le fragile équilibre géopolitique de la zone adriatique en encourageant les mouvements anti-serbes parmi les populations croates, monténégrines, bulgares, macédoniennes et albanaises. L’intransigeance du poète-soldat conduisit le gouvernement italien, présidé par Giovanni Giolitti, à faire usage de la force, pour mettre fin à l’entreprise subversive entamée en septembre 1919 : après avoir tenté en vain de résister aux troupes du général Enrico Caviglia, qui encerclaient et bombardaient Fiume, D’Annunzio et ses partisans durent se résoudre à abandonner la ville au début de janvier 1921.
28L’existence de l’État libre de Fiume fut toutefois éphémère, puisque l’Italie et la Yougoslavie signèrent à Rome, le 27 janvier 1924, un nouveau traité par lequel elles se partageaient les territoires qui le composaient et en vertu duquel le centre historique de la ville put devenir le chef-lieu d’une province italienne. Mais à cette époque, Fiume, et plus généralement la question du tracé des frontières orientales du Royaume d’Italie, n’étaient plus au premier rang des préoccupations des puissances au côté desquelles ce dernier avait participé à la Grande Guerre. D’autres questions se posaient désormais avec une plus grande acuité, notamment celles concernant le versement des réparations dues par l’Allemagne, la définition des relations avec la Russie soviétique, l’insatisfaction des États de l’Europe centrale et orientale, partisans d’une révision des traités, ou bien encore les opérations militaires menées par les puissances coloniales pour écraser les révoltes et les résistances armées qui se dressaient contre leur domination48.
29Dans ce nouveau contexte, deux éléments conditionnaient tout particulièrement les relations bilatérales franco-italiennes : en premier lieu, les intérêts de la Petite Entente, alliée de la France, et la pénétration de l’influence française dans l’aire danubienne et balkanique se heurtaient au révisionnisme de la politique étrangère de Mussolini, qui n’hésitait pas à favoriser et à encourager, y compris par des livraisons clandestines d’armes, les menées revanchistes de la Hongrie49. En second lieu, dans le cadre des négociations internationales sur le désarmement, qui se tinrent de 1927 à 1932, le système de sécurité français, déjà affaibli par ses imperfections intrinsèques et par le réarmement clandestin de l’Allemagne, fut systématiquement mis en cause par la revendication italienne, qui voulait obtenir la parité militaire avec la nation qui semblait disposer des forces armées les plus puissantes du continent européen50 : dès lors, plus rien ne subsistait des convenances réciproques sur lesquelles reposaient l’alliance politique et la coopération militaire de circonstance, certes non dénuées de réserves, de préjugés et d’incompréhensions, mais somme toute fructueuses, qui avaient prévalu de 1915 à 1918.
Notes de bas de page
1 À titre d’échantillon, nous nous bornons ici à mentionner quelques ouvrages emblématiques de cette production : Anna Blum, La diplomatie de la France en Italie du nord au temps de Richelieu et de Mazarin. « Les sages jalousies », Paris, Classiques Garnier, coll. « Histoire des Temps Modernes », 2014 ; Gilles Bertrand, Le grand tour revisité. Pour une archéologie du tourisme : le voyage français en Italie, milieu xviiie – début xixe siècle, Rome, École française de Rome, 2008 ; Jérémie Dubois, L’enseignement de l’italien en France. Une discipline au cœur des relations franco-italiennes, Collection « Italie Plurielle », UGA Éditions, 2015 ; Olivier Forlin, Les intellectuels français et l’Italie 1945-1955. Médiation culturelle, engagements et représentations, Paris, L’Harmattan, 2006 ; Olivier Forlin, Anticléricalisme, minorités religieuses et échanges culturels entre la France et l’Italie. De l’Antiquité au xxe siècle. Hommage à Jean-Pierre Viallet, historien, Paris, L’Harmattan, 2006 ; Pierre Milza, Français et Italiens à la fin du xixe siècle, ouvr. cité ; Jean-Marie Palayret, L’alliance impossible. Diplomatie et outil militaire dans les relations franco-italiennes, 1929-1938, Vincennes, Service historique de la Marine, 2004 ; Jean-Baptiste Duroselle, Enrico Serra (dir.), Italia e Francia dal 1919 al 1939, Milan, Franco Angeli, 1981 ; Jean-Baptiste Duroselle, Enrico Serra (dir.), Il vincolo culturale tra Francia e Italia negli anni Trenta e Quaranta, Milan, Franco Angeli, 1986 ; Jean-Baptiste Duroselle, Enrico Serra (dir.), Italia e Francia (1939-1945), Milan, Franco Angeli, 1984 ; Jean-Baptiste Duroselle, Enrico Serra (dir.), Italia e Francia (1946-1954), Milan, Franco Angeli, 1988 ; Jean-Baptiste Duroselle, Enrico Serra (dir.), Italia, Francia e Mediterraneo, Milan, Franco Angeli, 1990 ; Enrico Decleva, Pierre Milza (dir.), Italia e Francia. I nazionalismi a confronto, Milan, Franco Angeli, 1993 ; Alessandro Giacone, Marco Maffioletti, France-Italie 1955-1967, vol. 1 : Politique, société, économie, Grenoble, UGA Éditions, 2016 ; Alessandro Giacone, Marco Maffioletti, Lorella Martinelli, Ugo Perolino, Francia e Italia 1956-1967, vol. 2 : Lingua, letteratura, cultura, Pescare, Carabba, 2016 ; Alessandro Giacone (dir.), Il ‘68 in Italia e in Francia: sguardi incrociati/1968 en France et en Italie : regards croisés, Rome, Aracne, 2019. Il convient également de signaler une synthèse qui couvre une période de trois siècles et demi : Gilles Bertrand, Jean-Yves Frétigné, Alessandro Giacone, La France et l’Italie. Histoire de deux nations sœurs de 1660 à nos jours, Paris, Armand Colin, 2016.
2 Les exceptions sont fort rares : Frédéric Le Moal, Les relations entre la France et l’Italie dans les Balkans pendant la Première Guerre mondiale, 1914-1918, ouvr. cité ; Béatrix Pau, Le transfert des corps des militaires de la Grande Guerre. Étude comparée France-Italie, 1914-1939, ouvr. cité.
3 Mario Isnenghi, Giorgio Rochat, La Grande Guerra. 1914-1918, ouvr. cité, p. 13.
4 Emmanuel Boudas, L’Italie et les Alliés de 1914 à 1919 : indépendance ou subordination ?, ouvr. cité, p. 404.
5 Voir par exemple Tim Travers, « The Allied Victories », dans Hew Strachan (dir.), The Oxford Illustrated History of the First World War, Oxford, Oxford University Press, 1998, p. 288.
6 En avril 1918, l’Entente avait rappelé sur le front occidental six de ces divisions, quatre françaises et deux britanniques, qui avaient été dépêchées en Italie après Caporetto.
7 Mario Isnenghi, Giorgio Rochat, La Grande Guerra. 1914-1918, ouvr. cité, p. 466.
8 Jean Doise, Maurice Vaïsse, Politique étrangère de la France. Diplomatie et outil militaire, 1871-1991, ouvr. cité, p. 319. C’est aussi l’opinion de Robin Prior, « The Western Front », dans Jay Winter (dir.), The Cambridge History of the First World War, ouvr. cité, vol. I, p. 255-256 (édition française : Robin Prior, « Le front de l’Ouest », dans Jay Winter (dir.), La Première Guerre mondiale, ouvr. cité).
9 Il s’agit de l’offensive menée dans le secteur du Trentin du 15 mai au 16 juin 1916, connue sous le nom de Strafexpedition (expédition punitive).
10 Cette offensive dirigée par le général russe Alexeï Broussilov de juin à septembre 1916 répondait au souhait exprimé par Joffre lors des deuxième et troisième conférences interalliées de Chantilly (décembre 1915 / mars 1916) : monter des opérations offensives simultanées à l’Est et à l’Ouest pour prendre en tenaille les Empires centraux. Elle avait notamment pour but de distraire des forces austro-hongroises du front italien, où elles avaient lancé la Strafexpedition.
11 Mikhaïl Alexeïev, chef d’état-major de l’armée russe.
12 « D’un jour à l’autre », Le Cri de Paris, 27 janvier 1918, p. 1.
13 François Cochet, La Grande Guerre. Fin d’un monde, début d’un siècle, ouvr. cité, p. 168-169 ; Rémy Porte,ouvr. cité, p. 303-307.
14 Jean Doise, Maurice Vaïsse, ouvr. cité, p. 295.
15 Le comité exécutif permanent du Conseil supérieur de guerre interallié fut créé à l’occasion de la troisième session du Conseil supérieur de guerre interallié (30 janvier-3 février 1918) à laquelle participait Cadorna. Foch en fut nommé président. Voir Alessandro Gionfrida, L’Italia e il coordinamento militare “interalleato” nella Prima Guerra mondiale, ouvr. cité, p. 105-108.
16 Giorgio Rochat, « La convenzione militare di Parigi, 2 maggio 1915 », Il Risorgimento, no 3, 1961, p. 128-156 ; Mario Toscano, « Le convenzioni militari concluse fra l’Italia e l’Intesa alla vigilia dell’intervento », dans Mario Toscano (dir.), Pagine di storia diplomatica contemporanea. Origini e vicende della Prima Guerra mondiale, Milan, Giuffré, 1963, p. 92.
17 Marco Mondini, Il capo. La Grande Guerra del generale Luigi Cadorna, Bologne, Il Mulino, 2017, p. 162-164.
18 Ibid., p. 164-165.
19 « Aveu de l’ingrat, par Gabriele D’annunzio », L’Excelsior, 29 mars 1919, p. 4 ; Ezio Maria Gray, Il processo di Cadorna. Primi appunti, Florence, Bemporad, 1920 ; « La coopération franco-italienne pendant la guerre », Revue des deux Mondes, I, tome LVI, 1er mars 1920, p. 50-74, II, tome LVI, 15 mars 1920, p. 278-306 ; « La fin d’une légende. La mission du maréchal Foch en Italie (29 octobre-24 novembre 1917) », Revue des deux Mondes, tome LVIII, juillet 1920, p. 274-302. Après la disparition du maréchal en mars 1929, l’ancien ambassadeur de France en Italie, Camille Barrère, lui rendit hommage en donnant au même périodique un bref témoignage relatif à la mission que Foch avait accomplie en Italie au lendemain de Caporetto (« Foch en Italie », Revue des deux Mondes, tome LII, juillet 1929, p. 274-302). Sans sombrer dans la polémique, il y confirmait l’interprétation défendue par l’auteur des articles publiés neuf ans plus tôt.
20 « La fin d’une légende. La mission du maréchal Foch en Italie (29 octobre-24 novembre 1917) », Revue des deux Mondes, p. 302.
21 « Foch en Italie », Revue des deux Mondes, p. 293.
22 « Faccia grossa di mastino » : Angelo Gatti, ouvr. cité, p. 215.
23 « Foch è persona intelligente » : Angelo Gatti, ouvr. cité, p. 223 ; « A tavola, Foch è brillante » : Angelo Gatti, ouvr. cité, p. 224.
24 En français dans le texte. Angelo Gatti, ouvr. cité, p.215. Foch et Cadorna eurent leur premier entretien le 30 octobre. Sur la chronologie de l’arrivée de Foch à Trévise, les versions de Gatti et de l’anonyme français divergent : dans la soirée du 29 octobre selon le premier, au petit matin du 30 d’après le second. Ce détail n’est pas insignifiant, car si l’on admet que la version de Gatti est authentique puisqu’il n’écrivait pas à posteriori mais prenait des notes au jour le jour, alors l’impatience et l’irritation du général français était bien compréhensibles. Gatti n’était pas plus tendre à l’égard du général William Robertson, chef de l’état-major impérial britannique, venu comme Foch en mission en Italie le 31 octobre : « C’est le type du paysan anglais : lourd, avec de gros sourcils. Il parle peu le français. Il voyage avec son wisky (sic) qu’il boit exclusivement à table. C’est un Bull dog, immobile. Il observe sans ciller […].
Foch disait : “Il faut se cramponner deux trois fois, etc.” Robertson pensait terriblement pendant cinq minutes, les sourcils contractés. Puis il demandait : “Qu’est-ce que c’est cramponner ?” Foch expliquait. Sept minutes après la première phrase, Robertson riait : ah, ah, deux fois. Et c’était tout » (« Quest’ultimo è il tipo del paesano inglese: pesante, con grossissimi sopraccigli. Non parla che poco il francese. Viaggia col suo wisky che beve esclusivamente a tavola. È un bull dog, immobile. Sta a guardare senza batter ciglio […].
Diceva Foch: “Il faut se cramponner deux trois fois, etc.” Robertson pensava terribilmente per 5 minuti, con le sopracciglia contratte. Poi domandava: “Qu’est-ce que c’est cramponner ?” Foch glielo spiegava. Sette minuti dopo la prima dicitura della frase, Robertson rideva: ah, ah, due volte. E basta. ») : Angelo Gatti, ouvr. cité, p. 222.
25 En français dans le texte, Angelo Gatti, ouvr. cité, p. 254. Carlo Porro, sous-chef d’état-major de l’armée italienne, représentait le Comando supremo à la conférence de Rapallo, tandis que Cadorna était resté à Trévise pour superviser la retraite de ses troupes.
26 « La fin d’une légende. La mission du maréchal Foch en Italie (29 octobre-24 novembre 1917) », Revue des deux Mondes, p. 279.
27 « Il Capo invece è entusiasta di Foch: dice che è un bravo uomo, franco, che “va vite en besogneˮ » : Angelo Gatti, ouvr. cité, p. 215.
28 Angelo Gatti, ouvr. cité, p. 78-79, p. 169, p. 172.
29 « De Gondrecourt, è più duro, più abbottonato, forse più invidioso assai. Uno è simpatico, l’altro è antipatico » : Angelo Gatti, ouvr. cité, p. 210.
30 « Mentre io ero là, Gondrecourt, al solito, mi ha dato molti buoni consigli sul modo di fare la guerra », Angelo Gatti, ouvr. cité, p. 227.
31 Sur la notion de caractère national, sa construction historique et son usage dans le domaine historiographique, on dispose pour l’Italie d’une synthèse récente : Silvana Patriarca, Italianità. La costruzione del carattere nazionale, Rome-Bari, Laterza, 2010 ; pour la France, il n’existe pas d’étude équivalente, mais on se reportera aux livres de Théodore Zeldin, Les Français, Paris, Fayard, 1983 ; Histoire des passions françaises, 5 vol., Éditions recherches, 1978-1979 (édition originale A History of french Passions, Oxford, Oxford University Press, 1973 et 1977).
32 Mario Isnenghi, Breve storia dell’Italia unità a uso dei perplessi, Milan, Rizzoli, 1998, p. 7-8.
33 « […] abbiamo tre formidabili nemici: 1) Il nemico. 2) Gli alleati. 3) I partiti estremi, sovversivi e nazionalisti. Il nemico austriaco è il minor pericolo, perché, non ostante i gas, le mazze ecc., è conosciuto. Si sa quanto vale.
Ma più pericoloso nemico sono gli alleati. La Francia, p. e., ci ostacola in tutto, nela grande e nella piccola politica. Nel bilancio francese del 1915, c’era questa voce: per propaganda in Italia, trenta milioni. Questi trenta milioni sono stati, in gran parte, l’incentivo della guerra d’Italia. Barrère, che Dio l’abbia in gloria, ha fatto in modo meraviglioso l’interesse della Francia. Ha, sopratutto, chiamato in italia i migliori francesi: ed ha voluto che in Francia andassero i più scemi italiani (Io avevo già notato, per conto mio, che l’attaché militaire De Gondrecourt, del Comando Supremo, sapeva tutto, sempre e meglio degli stessi ufficiali di S. M. del Comando stesso). Paternò dice, che noi non potevamo trovare addetti piùsciocchi di Breganze e di quello della marina, di questo specialmente. Il Di Breganze non sapeva mai niente: Paternò si vergognava di andare all’ambasciata a Parigi, perché tanto sapeva, che più che sciocchezze non gli avrebbero detto » : Angelo Gatti, ouvr. cité, p. 169.
34 La délégation française comprenait le président du Conseil Paul Painlevé, le ministre sans portefeuille Henri Franklin Bouillon, l’ambassadeur Barrère et les généraux Foch, Maxime Weygand et de Gondrecourt. Les Britanniques étaient représentés par le Premier ministre David Lloyd George et les généraux William Robertson, Henry Wilson et Jan Smuts.
35 « E credete voi che io non sia stato tutt’oggi colla vergogna in viso? Siamo stati trattati come servitori » : Angelo Gatti, ouvr. cité, p. 250.
36 Voir dans ce livre le chapitre de Basilio Di Martino, « La coopération aéronautique franco-italienne. Une relation déséquilibrée ».
37 « Escadrille d’hydravions », Service Historique de la Défense, SHD, Air, 1 A 188/1, Forces Françaises en Italie, Organisation et unités, Escadrille dite « de Venise ».
38 « L’aviation française à Venise », SHD, Air, 1 A 188/1, Forces Françaises en Italie, Organisation et unités, Escadrille dite « de Venise ».
39 Il Dovere, 27 avril 1919.
40 « La face iniqua », L’esercito italiano, 15 mai 1919, cité par G. Rochat, L’esercito italiano da Vittorio Veneto a Mussolini, 1919-1925, Rome-Bari, Laterza, 2006 (première édition 1967), p. 52.
41 Frédéric Le Moal, Les relations entre la France et l’Italie dans les Balkans pendant la Première Guerre mondiale, ouvr. cité.
42 Outre Frédéric LeMoal, Les relations entre la France et l’Italie dans les Balkans pendant la Première Guerre mondiale, ouvr. cité, on lira à ce sujet : H James Burgwyn, The Legend of the Mutilated Victory. Italy, the Great War, and the Paris Peace Conference, 1915-1919, Wesport (CT), Greenwood Press, 1993 ; Anne-Sophie Nardelli, « La France et l’Italie à la Conférence de la Paix », Revue d’histoire diplomatique, 2004, no 1, p. 3-24 ; Alain Marzona, « Les incidents franco-italiens de Fiume ou l’expression des frustrations italiennes (novembre 1918-juillet 1919) », Revue historique des armées, no 254, 2009, p. 29-38 ; Paolo Alatri, Nitti, D’Annunzio e la questione adriatica (1919-1920), Milan, Feltrinelli, 1976 (première édition 1959) ; Marina Cattaruzza, L’Italia e il confine orientale 1866-2006, Bologne, Il Mulino, 2006 ; Raoul Pupo (dir.), La vittoria senza pace. Le occupazioni militari italiane alla fine della Grande Guerra, Rome-Bari, Laterza, 2014 ; Mimmo Franzinelli, Paolo Cavassini, Fiume. L’ultima impresa di D’Annunzio, Mondadori, 2009 ; Marco Mondini, Fiume 1919. Una guerra civile italiana, Rome, Salerno Editrice, 2019 ; Dominique Kirchner Reill, The Fiume Crisis. Life in the Wake of the Habsburg Empire, Cambridge, MS, Harvard University Press, 2020. Notons qu’un volume collectif récemment publié – David Burigana, Andrea Ungari (dir.), Dal Piave a Versailles Atti del Convegno Padova 4-6 giugno 2018, Rome, Ufficio Storico SME, 2020 – présente une série de contributions centrées sur la question ou qui l’abordent partiellement : Italo Garzia, Luciano Tosi, « L’Italia e la Questione Adriatica da Orlando a Nitti. Aspetti politici, diplomatici e militari », p. 101-123 ; Giovanni Cecini, « Dal Grappa a Fiume: Francesco Saverio Grazioli un generale controcorrente », p. 261-282 ; Luca Riccardi, « Sidney Sonnino e la politica estera italiana nell’ultimo anno di guerra: alcuni elementi e questioni », p. 321-342 ; Gianluca Pastori, « L’ambigua alleanza. Stati Uniti, Italia e gli equilibri dell’Adriatico post-asburgico », p. 360-375 ; Fabrizio Rudi, « L’Italia e l’Adriatico dalla nascita del Regno dei Serbi, Croati e Sloveni alla pace di Saint-Germain. Personaggi, vicende, retroscena », p. 398-413. Il convient enfin de mentionner un autre ouvrage collectif récent, qui offre une ample perspective sur la place de l’Italie dans les relations internationales, de Caporetto à la marche sur Rome : Antonio Varsori, Benedetto Zaccaria (dir.), Italy and the New World Order 1917-1922, Cham, Palgrave/Macmillan, 2020.
43 Giulia Albanese, « Versailles / Versaglia » : La « vittoria mutilata », Mario Isnenghi, Daniele Ceschin, Gli Italiani in guerra. Conflitti, identità, memorie dal Risorgimento ai giorni nostri, vol. 3, tome 2 : La Grande Guerra: dall’Intervento alla « vittoria mutilata », p. 892.
44 Mermeix (Gabriel Terrail), Les négociations secrètes et les quatre armistices, ouvr. cité, p. 212.
45 Italo Garzia, Luciano Tosi, « L’Italia e la Questione Adriatica da Orlando a Nitti. Aspetti politici, diplomatici e militari », dans David Burigana, Andrea Ungari (dir.), ouvr. cité, p. 113.
46 L’article 4 de l’armistice de Villa Giusti conférait aux vainqueurs le droit d’occuper des territoires au-delà de la ligne d’armistice, soit en cas de nécessité, soit pour y maintenir l’ordre. Cette formulation vague servit de prétexte au gouvernement italien pour ordonner l’occupation de Fiume.
47 Giovanni Cecini, « Dal Grappa a Fiume: Francesco Saverio Grazioli un generale controcorrente », dans David Burigana, Andrea Ungari (dir.), ouvr. cité, p. 269.
48 C’était notamment le cas de la France au Levant, de la France et de l’Espagne au Maroc, de l’Italie en Cyrénaïque et en Tripolitaine, du Royaume-Uni en Irak.
49 Au début de l’année 1928, en inspectant un convoi ferroviaire, la douane autrichienne découvrit des armes de provenance italienne destinées à la Hongrie. Voir Enzo Collotti (avec des contributions de Nicola Labanca et de Teodoro Sala), Fascismo e politica di potenza. Politica estera 1922-1939, Milan, RCS Libri S.p.A., 2000, p. 229.
50 Ibid., p. 59-61 et p. 69-80.
Auteur
Éric Lehmann enseigne au Lycée français international Jean Giono de Turin. Titulaire d’un doctorat en histoire contemporaine de l’Université Paris Nanterre, qualifié aux fonctions de maître de conférences (section 22), il est membre du comité éditorial de la revue Nacelles. Passé et présent de l’aéronautique et du spatial. Parmi ses publications : Le ali del potere. La propaganda aeronautica nell’Italia fascista (Utet, 2010) ; La guerra dell’aria. Giulio Douhet, stratega impolitico (Il Mulino, 2013) ; La Grande Guerra aerea. Sguardi incrociati italo-francesi (Edizioni Rivista Aeronautica, 2017).
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