Chapitre III
Volontaires, soldats et travailleurs militaires italiens en France durant la Grande Guerre
p. 47-63
Texte intégral
Introduction
1De 1914 à 1918, la présence italienne en France fut considérable. Sur les 400 000 immigrés transalpins recensés en 1911, 250 000 étaient restés en 1914 et 150 000 étaient retournés dans leur pays. Puis 40 000 civils environ vinrent travailler sous contrat au cours du conflit et 130 000 volontaires, garibaldiens, combattants et travailleurs militaires arrivèrent pour faire la guerre à l’Allemagne. Ces derniers ont été pendant longtemps oubliés par une historiographie lacunaire, tant en Italie qu’en France, avant de susciter un intérêt plus soutenu au début des années 2000, dans le contexte du bicentenaire de la naissance de Garibaldi en 2007 et du centenaire de la Grande Guerre en 2014-20181. Pour autant la recherche s’avère difficile : les archives sont dispersées entre Paris (pour les fonds diplomatiques), Vincennes (pour les fonds militaires), Avignon (qui accueillit le dépôt de la légion garibaldienne en 1914-1915), Aubagne (pour les fonds de la Légion étrangère) et Rome (pour les fonds militaires et diplomatiques). Ces documents, associés aux sources imprimées, apparaissent également d’une grande diversité : journaux de marche et opération ou diari storici, registres matricules, listes manuscrites de volontaires, correspondance militaire, politique et diplomatique, rapports de la gendarmerie et des préfets, dossiers militaires, souvenirs de vétérans2, journaux français et italiens, débats parlementaires, contrôle postal français et contrôle postal italien créé en France en avril 1918 à l’attention des troupes italiennes en France (plus de 700 rapports sont conservés au Service historique de la Défense), sans oublier les films, les photographies, les affiches, les caricatures et dessins parus dans la presse des deux pays.
2À partir de cette masse archivistique, nous examinerons ici le regard croisé franco-italien de deux pays alliés mais pas forcément amis, en approfondissant une dialectique militaro-politique à partir d’études de cas : les volontaires – en particulier les garibaldiens –, les travailleurs militaires et les combattants de l’armée régulière. Une attention particulière sera également portée sur leur historicisation mémorielle, au carrefour de l’histoire militaire, diplomatique, politique et socioculturelle, au cœur du renouvellement historiographique que connaît l’histoire de la Grande Guerre depuis une vingtaine d’années.
Les volontaires italiens en France
3De 1914 à 1918, d’après un bilan réalisé le 29 juillet 1924 sur les engagés volontaires dans l’armée française, 7 125 Italiens combattirent dans la Légion étrangère3. Ils étaient pour la quasi-totalité d’entre eux des immigrés en France depuis quelques années. Beaucoup étaient animés de sentiments patriotiques, en quête d’une intégration par le sang. Certains s’étaient engagés pour des raisons économiques et pour fuir ainsi le chômage et la misère. D’autres, moins nombreux, voulaient satisfaire leur soif d’aventure et du baroud. Toutefois, la création le 5 novembre 1914 du 4e régiment de marche du 1er régiment étranger, plus connu sous le nom de légion garibaldienne, constitua un événement historique4. Pour la première fois en effet dans l’histoire de la Légion étrangère, une unité formée quasi exclusivement de volontaires italiens – 2 300 environ – était commandée par un de leurs compatriotes, le lieutenant-colonel Peppino Garibaldi, petit-fils de Giuseppe Garibaldi. La création de cette unité ne s’était pas déroulée facilement. Le gouvernement français ne voulait pas heurter le gouvernement italien neutraliste d’Antonio Salandra qui craignait de se trouver impliqué dans la guerre aux côtés de l’Entente, alors qu’il n’avait pas dénoncé les accords de la Triplice qui le liaient aux Empires centraux. Aussi Paris imposa-t-il l’engagement dans la seule Légion étrangère et sous uniforme français, même si le port de la chemise rouge fut toutefois concédé pour ne pas froisser ces volontaires italiens, mais à condition de la porter sous la vareuse bien boutonnée jusqu’au cou5.
4La particularité de la légion garibaldienne résida dans la présence, aux côtés d’une majorité d’immigrés socialement humbles et soucieux d’une intégration par le sang, d’une grosse minorité de volontaires provenant d’Italie, plus politisés et d’une origine sociale plus élevée, artistes, avocats, médecins, journalistes, syndicalistes, vétérans de l’armée et étudiants. Leurs motivations oscillaient entre la défense de la République des droits de l’Homme pour les républicains et les radicaux francs-maçons, l’exaltation de la latinité victorieuse de la barbarie germanique pour les nationalistes et les partisans de Benito Mussolini et l’amour du garibaldisme, dans la grande tradition des aventures risorgimentales du xixe siècle – des vétérans garibaldiens des expéditions en Grèce en 1897 et en 1912 s’engagèrent ainsi –. Quelques volontaires arrivèrent aussi du reste du monde, à l’image des frères Garibaldi : Peppino et Ricciotti revinrent de New York, Bruno de Cuba, Sante de l’Égypte et Costante et Ezio de Rome.
5Les cinq semaines d’instruction au camp de Mailly furent vécues difficilement en raison du racisme anti-italien des sous-officiers français qui les accusaient de venir manger le pain des Français6. Beaucoup étaient antimilitaristes et n’acceptaient pas la discipline militaire. Certains ne parlaient pas français et ne comprenaient pas les ordres donnés. Mais l’idée de se battre pour la France, pays des droits de l’Homme, l’emportait7. Aussi, les garibaldiens partirent-ils pour le front le 12 décembre 1914 avec enthousiasme. Le théâtre des opérations qui leur avait été assigné se trouvait en Argonne, à l’aile droite du dispositif français. La zone était hostile, remplie de forêts impénétrables, entre la Champagne et la Meuse, creusée de tranchées françaises et allemandes distantes d’à peine quinze mètres les unes des autres. Depuis quelques semaines, les Allemands attaquaient lourdement et menaçaient de percer. Il devenait urgent d’y envoyer des troupes fraîches et le choix tomba sur la légion garibaldienne. Dans le secteur de La Chalade et du Four de Paris, sans préparation aucune ni reconnaissance du terrain, les garibaldiens se trouvèrent ainsi engagés le 26 décembre 1914, le lendemain de leur arrivée. Ils furent décimés par les mitrailleuses ennemies et Bruno Garibaldi se fit tuer en brave. Puis, après une semaine de repos et d’instruction, le régiment fut de nouveau envoyé au combat le 5 janvier 1915. Cette fois encore, les pertes furent lourdes. Costante, en sortant de la tranchée, se fit hacher par les balles allemandes et s’écroula, mort. Enfin, les 8 et 9 janvier, les plus valides partirent de nouveau à l’assaut soutenir les forces françaises menacées d’enfoncement. En trois combats meurtriers, la légion garibaldienne perdit ainsi près de 25 % de ses hommes, la moitié de ses sous-officiers et 40 % de ses officiers8. Certes, les pertes étaient comparables à celles des autres régiments français, mais il fallut retirer du front ce régiment exsangue.
6Entre-temps, dans les presses française et italienne, les combats de l’Argonne entrèrent dans la légende. Le journal socialiste révolutionnaire, La Guerre Sociale, transfigura Bruno en héros quasi mystique9. Même le nationaliste italophobe anti-garibaldien Charles Maurras, dans L’Action française, rendit hommage aux petits-fils de Garibaldi morts pour la France10. En Italie, le geste de la légion garibaldienne atteignit le sublime dans toute la presse, à l’exception des journaux austrophiles. En quinze jours à peine, du 29 décembre 1914 au 13 janvier 1915, des centaines d’articles furent consacrés à l’épopée des garibaldiens en Argonne dans Avanti! – socialiste (20 articles) –, L’Italia – catholique (35 articles) –, L’Idea Nazionale – nationaliste (31 articles) –, La Stampa – libéral giolittien (30 articles) –, Il Corriere della Sera – libéral conservateur (65 articles) –, Il Popolo d’Italia – mussolinien (100 articles) – et Il Secolo – radical (110 articles). Il Popolo d’Italia fut sans doute le journal le plus excessif dans la transfiguration des morts garibaldiens, parlant d’holocauste11.
7Ces Italiens, morts en terre de France, rapprochaient ainsi l’Italie du camp de l’Entente. Les autorités militaires et politiques françaises ne s’y trompèrent pas. Cette légion pouvait servir d’avant-garde à une armée italienne qui en choisissant le camp de l’Entente non seulement sécuriserait les Alpes mais prendrait à revers l’Autriche-Hongrie, engagée contre la Russie. Le généralissime Joseph Joffre, le président de la République Raymond Poincaré, le président de la Chambre des députés, Paul Deschanel, exaltèrent alors à outrance l’amitié franco-italienne. Les récompenses et les promotions s’abattirent sur les officiers garibaldiens. Sur 51 officiers identifiés, 40 furent décorés, cités à l’ordre de l’armée ou promus12. Les citations à l’ordre de l’armée exaltèrent le courage des Italiens. Le lieutenant Durandi fut tué en chargeant l’ennemi et en criant : « En avant, enfants de l’Italie, c’est beau de mourir pour la France ». Costante Garibaldi tomba glorieusement à la tête de son escouade, démontrant aux volontaires italiens que « bon sang ne peut faillir ».
8Sur un autre plan, tout ce qui pouvait réconcilier les Italiens et les Français fut mis en œuvre. Ainsi, une autorisation exceptionnelle fut délivrée afin que les corps de Bruno et de Costante pussent être transférés à Rome pour y être ensevelis dans le caveau familial au cimetière du Campo Verano, le 6 janvier 1915 pour le premier et le 12 janvier pour le second13. Tout au long du trajet, dans les gares, Français et Italiens se retrouvaient côte à côte pour rendre hommage aux nouveaux héros. À Rome, les funérailles furent grandioses et permirent aux partisans de l’intervention de crier vengeance contre les puissances germaniques. À l’époque, en effet, une minorité hétérogène, constituée du roi et du ministre des Affaires étrangères, Sidney Sonnino, des républicains, des radicaux, des nationalistes et des mussoliniens militait pour l’entrée en guerre de leur pays aux côtés de l’Entente contre une majorité neutraliste regroupant les socialistes, les catholiques et les libéraux partisans de Giovanni Giolitti. Mais, au goût des autorités françaises, cela n’était pas suffisant.
9Aussi, le 5 mars 1915, le ministre français de la Guerre décida-t-il de dissoudre la légion garibaldienne, à la surprise et à la déception des garibaldiens eux-mêmes14. Officiellement, les pertes avaient été trop lourdes. En réalité, le gouvernement craignait de voir les témoignages terribles concernant cette guerre inhumaine encourager les neutralistes de l’autre côté des Alpes. En outre, le haut commandement ne supportait plus l’indiscipline des volontaires garibaldiens, notamment ceux qui, au dépôt du régiment installé dans le Palais des Papes à Avignon, s’amusaient à tirer des remparts sur les chats15. Et surtout, ces volontaires licenciés deviendraient de formidables vecteurs de diffusion de la cause interventionniste, une fois revenus chez eux. De fait, au printemps 1915, les membres de la famille Garibaldi et les vétérans de l’Argonne participèrent à toutes les manifestations interventionnistes, placés au premier rang16. Et peu de temps après l’entrée en guerre de l’Italie contre l’Autriche-Hongrie le 24 mai 1915, la plupart s’engagèrent dans l’unité créée par Garibaldi en 1859, la Brigade des Alpes et partirent se battre dans les Dolomites.
10Bien peu de garibaldiens restèrent dans la Légion étrangère, une centaine probablement. Ils retrouvèrent les milliers de compatriotes légionnaires qui continuèrent à faire la guerre dans le plus grand anonymat comme des millions de poilus. Certains d’entre eux se trouvèrent malgré eux pris entre la France et l’Italie. Quand l’Italie entra en guerre, les appelés qui ne répondirent pas à l’appel de leur classe, furent en effet déclarés déserteurs, même s’ils s’étaient engagés dans l’armée française. Aussi, quand certains légionnaires eurent la mauvaise idée de se rendre en Italie, le cauchemar commença-t-il. Giuseppe Casassa Vigna fut l’un de ceux-là17. Né en 1883 dans la province de Padoue, il s’était engagé dans le 2e régiment étranger de la Légion étrangère le 14 mars 1914 pour cinq ans sous le nom d’emprunt de Dante Gatto. Vétéran des campagnes des Dardanelles, puis de Salonique, blessé à Monastir le 21 octobre 1916, il avait voulu passer sa convalescence en Italie sans savoir qu’il avait été porté déserteur depuis 1915. Dès son arrivée, il fut arrêté et envoyé se battre dans les Dolomites dans une unité italienne. Mais, comble de malchance pour lui, les autorités françaises constatèrent son absence sous le nom de Dante Gatto, et le déclarèrent déserteur de l’armée française. Giuseppe Casassa Vigna, déserteur de l’armée italienne et de l’armée française, connut ainsi une drôle de guerre !
11Ainsi, l’épopée des garibaldiens de l’Argonne constitua le premier temps de l’histoire des militaires italiens en France. La dernière année de la guerre, en 1918, fut le second temps mais cette fois-ci les effectifs furent bien plus importants et les enjeux militaires autrement plus décisifs.
Les travailleurs militaires et les combattants italiens en France
12Aux côtés d’une centaine d’Italiens de la Mission militaire italienne dépêchée en France depuis 1915 et de quelques dizaines d’élèves pilotes italiens en formation sur les chasseurs français, entre 1915 et 1917, 120 000 militaires italiens environ, travailleurs et combattants, arrivèrent par vagues successives en territoire français entre la fin 1917 et l’été 1918. Dans un premier temps, franchirent les Alpes plus de 70 000 auxiliaires militaires : 7 000 hommes des Centuries d’Ouvriers Militaires Italiens (COMI) et 4 000 territoriaux en novembre 1917, puis 60 000 soldats des Troupe Auxiliaires Italiennes en France (TAIF) en janvier 1918 et enfin 3 000 auxiliaires détachés dans les troupes américaines en août 1918. Puis ce fut au tour d’une soixantaine d’aviateurs, en janvier 1918, dans le XVIIIe groupe de bombardiers Caproni, rejoints par 5000 soldats affectés à une base italienne en France. Enfin, en avril 1918, 40 000 soldats du IIe corps d’armée italien rejoignirent la France. La quasi-totalité de ces Italiens retourneraient en Italie entre décembre 1918 et février 1919. Ainsi des dizaines de milliers de militaires italiens passèrent en France de longs mois, ne parlant pas le français ou le parlant à peine, dans des conditions parfois difficiles et entretenant des rapports complexes avec leurs hôtes.
13Tout avait mal commencé en effet, à cause des préjugés négatifs français à leur encontre. Les ouvriers civils italiens sous contrat et employés par l’armée française pour des travaux dans les chemins de fer ne donnaient pas satisfaction. Pire, ils firent grève durant l’été 1917, au grand scandale des autorités militaires françaises18. Sur un autre plan, le président du Conseil depuis novembre 1917, Georges Clemenceau, éprouvait un sentiment ambivalent à l’égard des Italiens19 et le président de la République Raymond Poincaré s’inquiétait de voir l’Italie réclamer des compensations territoriales jusqu’au Var en échange d’une éventuelle intervention20, même si tous les deux rendraient ensuite hommage au soutien apporté par Rome21. Mais surtout, la débâcle de Caporetto créa un véritable traumatisme. Il fallut envoyer de toute urgence onze divisions alliées soutenir le successeur du généralissime Luigi Cadorna, Armando Diaz. Or les Allemands transféraient des troupes fraîches du front russe sur le front français, pour y lancer des offensives décisives au printemps 1918. Les Français souffraient aussi d’une infériorité numérique préoccupante. Le départ en Italie fut ainsi largement impopulaire. Certes des poilus, souvent les plus jeunes, se réjouissaient de changer de front pour aller « voir du pays », de profiter d’un meilleur climat, tentés par les « charmes de l’Italie ». Mais pour bon nombre d’entre eux, le soldat italien n’était qu’un « caporettiste », néologisme synonyme de lâche22. Un soldat français partant pour l’Italie ne put s’empêcher d’écrire : « Il est vraiment ridicule d’aller se faire tuer pour des gens qui ne se défendent même pas23. » Dans le même temps, le gouvernement et le haut commandement français restaient persuadés que l’Italie abondait en main-d’œuvre disponible qu’elle pouvait prêter à la France. L’image de l’immigré bon mécanicien, bon maçon, bon terrassier l’emporta alors sur celle du mauvais soldat combattant. Or Philippe Pétain, commandant en chef des armées françaises depuis mai 1917, avait justement un besoin urgent de bras pour appliquer sa directive no 4, rédigée en décembre 1917, qui établissait une stratégie élastique exigeant la construction de trois lignes de défense sur une quinzaine de kilomètres de profondeur pour enrayer les futures offensives allemandes. Les indigènes et les prisonniers ne suffisaient plus. Il fallait chercher d’autres aides. L’Italie pourrait subvenir aux besoins alliés au moment même où ces derniers envoyaient des renforts en Italie. Pétain y vit immédiatement le moyen d’appliquer le principe de réciprocité : main-d’œuvre italienne contre troupes combattantes. Il obtint satisfaction. Le général Diaz et le président du Conseil Vittorio Emanuele Orlando finirent par accepter, mais en envoyant en France 70 000 travailleurs militaires – COMI et TAIF –, dont à peine 20 000 étaient valides – il s’agissait d’artilleurs privés de canons depuis Caporetto. Les autres étaient des soldats malades et blessés, déclarés inaptes au combat. Ces derniers, en arrivant en France, donnèrent une image désastreuse de leur pays. Le 5 mars 1918, le médecin français J. Bosviel nota dans un de ses rapports : « On ne peut tout d’abord que se trouver littéralement suffoqué par la proportion formidable de hernieux que contient cette centurie [des COMI] : 94 %24. » Les civils et les militaires français furent consternés. Le service de renseignement aux armées nota le 12 mars 1918 : « On raconte que ces Italiens ont été envoyés en France parce qu’ils refusaient de se battre dans leur pays25. » Aussi les premiers rapports entre Français et Italiens furent-ils tendus. Un auxiliaire des TAIF raconta le 22 août 1918 : « Pour les autres, nous sommes des macaronis, et des caporetti, nous appartenons à une race inférieure26. »
14Par la suite, quand, au printemps 1918, à cause des attaques allemandes sur la Somme, le Grand Quartier Général français rappela d’Italie quatre de ses six divisions, Pétain exigea de nouveau l’application du principe de réciprocité et obtint un corps d’armée italien qui arriva en France en avril, retrouvant un groupe de bombardiers arrivé en janvier. Cette unité italienne d’excellente réputation, commandée par le général Alberico Albricci, francophone et francophile, fidèle du commandant en chef Armando Diaz, était appréciée par Pétain et par Foch. Le général Diaz et le président du Conseil Vittorio Emanuele Orlando souhaitaient de leur côté effacer le souvenir désastreux de Caporetto et montrer que les Italiens savaient se battre, y compris à l’étranger. En outre, l’envoi de ce corps d’armée italien ne pouvait que renforcer le camp de l’Entente dont les responsables militaires et politiques, depuis la création d’un Conseil supérieur de Guerre en novembre 1917, considéraient désormais que la ligne de front allait de la Mer du Nord à l’Adriatique, englobant de ce fait le front italien, ce qui n’avait pas été le cas tant que Luigi Cadorna, jaloux de son autonomie, avait été à la tête des armées italiennes.
15Diaz et Orlando eurent raison. Peu à peu, les Italiens surent convaincre les politiques et les militaires français qu’ils savaient effectivement se battre.
16À Bligny, près de Reims, le IIe corps italien subit de plein fouet une offensive allemande fulgurante et son attaque au gaz du 15 au 18 juillet 1918. Ses divisions reculèrent sans céder, et résistèrent jusqu’à l’arrivée de renforts français. Puis en octobre, après un mois de repos à l’arrière pour combler ses lourdes pertes, l’unité transalpine prit une part active à l’offensive générale des forces alliées. À Soupir, sur l’Aisne, les Italiens contribuèrent, aux côtés des Français, à reprendre le Chemin des Dames. Ensuite, le 11 novembre, ils libérèrent la ville de Rocroi, tandis que des unités se trouvaient à la frontière belge, avant qu’une brigade mixte ne prît position en Belgique jusqu’en août 191927. Au total, les Italiens perdirent près de 15 000 hommes en France, dont 4 500 tombés au champ d’honneur, nouveaux martyrs de la guerre en terre étrangère, célébrés par les poètes italiens Giuseppe Ungaretti et Kurt Suckert – le futur Curzio Malaparte – deux vétérans du IIe corps d’armée italien et de Bligny28.
17En ce qui concerne l’aéronautique, le XVIIIe groupe de bombardement Caproni opéra dans l’est de la France. Il mena 68 opérations, largua 100 tonnes de bombes sur des terrains d’aviation, sur les gares de Metz et de Thionville et sur les villes de Soissons, Saint-Quentin et Laon. Les autorités françaises ne cessèrent de rendre hommage à la qualité des appareils employés et à la tenue de leurs pilotes29.
18La réhabilitation de la réputation des forces armées italiennes en France s’étendit aux travailleurs auxiliaires. Les Français laissèrent bien vite de côté leurs préjugés négatifs après avoir signé la convention du 19 janvier 1918 qui établissait les conditions de leur prise en charge par les deux pays30. Les TAIF, réparties dans les armées françaises et britanniques, se trouvèrent dans la zone des combats et subirent, elles aussi, les offensives allemandes, sans cesser de construire les lignes de défense, suscitant ainsi l’admiration des Français. Les COMI, à l’arrière, après le rappel en Italie des auxiliaires les plus faibles, travaillant dans les usines d’armement, chargeant et déchargeant les trains, réparant les avions et les autos, satisfaisaient les autorités françaises et les civils qui se réjouissaient de fréquenter de bons soldats, danseurs, chanteurs à l’occasion. Certains Italiens avaient le sentiment de ne plus faire la guerre. D’autres étaient fiers d’œuvrer pour la victoire finale avec leurs moyens. L’un d’eux écrivit à ses parents le 10 octobre 1918 : « Nos armes sont la pelle, le pic et la charrette, mais aussi, avec ces armes, nous défendons le sol de nos alliés et hâtons la paix31. »
19Dans un tel contexte, les hommages français furent sincères. Georges Clemenceau lui-même fit parvenir le 20 mai 1918 au président du Conseil italien un télégramme enthousiaste sur la conduite des soldats italiens à l’instruction : « Rencontre cordiale de part et d’autre, belle vivacité et complète fraternité d’armes32. » Les poilus reconnurent aussi leur courage au combat. Un soldat français de la 14e division d’infanterie qui se porta au secours des Italiens à Bligny, écrivit à sa mère : « Oui, nous avons relevé les Italiens ici qui se sont fait tuer comme des braves33. » Le 26 août 1918, rendant visite au IIe corps au repos, le président Poincaré fit même un discours en italien : « Messieurs, je veux vous exprimer aujourd’hui les remerciements et les félicitations de la France. Depuis plusieurs semaines, vous faites la guerre sur son territoire, et aux côtés de vos camarades des armées alliées, vous avez rivalisé en ardeur et en courage34. » Et à l’heure du retour en Italie du IIe corps, le maréchal Pétain, le 5 février 1919, exprima sa satisfaction d’avoir eu sous ses ordres cette unité d’élite : « Je savais que je pouvais compter sur des troupes de cette valeur », écrivit-il35. Quant aux TAIF, les Français ne voulurent pas s’en séparer. À l’été 1918, le général Diaz réclama en effet leur retour en Italie pour construire les lignes de défense sur le Piave. Mais Clemenceau, Pétain et le nouveau commandant en chef des forces alliées, Ferdinand Foch, s’y opposèrent résolument. Ce dernier écrivit au généralissime Armando Diaz le 17 juillet 1918 : « Ce que je puis affirmer, ce sont les grands services que nous rendent les travailleurs italiens actuellement employés derrière notre front. […] Le retrait de ces travailleurs qu’il faudrait immédiatement remplacer, […] causerait dans nos armées […] une perturbation que je juge impossible d’y apporter en pleine bataille36. » Foch obtint gain de cause. Diaz accepta le retour d’à peine 4 000 soldats des TAIF – après tout, pensa-t-il, les éléments les plus valides pourraient renforcer le IIe corps sans qu’on soit obligé d’envoyer des renforts d’Italie –. Quand ces auxiliaires retournèrent dans leur patrie, les officiers français et britanniques qui les avaient sous leurs ordres les regrettèrent amèrement. Fort de son expérience de ministre de l’Armement et des Fabrications de Guerre, le désormais ministre de la Reconstruction industrielle Louis Loucheur ne tarit pas d’éloges le 7 février 1919 à l’égard des COMI : « Il m’est agréable de constater l’importance des résultats obtenus grâce à leur zèle et à leur activité pendant tout leur séjour en France et plus particulièrement pendant les heures graves qui ont suivi l’offensive allemande du printemps 1918 et précédé la contre-offensive des armées alliées37. »
20Dès lors, grâce à cette réhabilitation et à cette réconciliation entre les deux armées, tous ces Italiens, volontaires, travailleurs et combattants, devinrent des objets de mémoire commune.
Conclusion : une mémoire commune
21Avant toute chose, l’ombre de Garibaldi plana en permanence sur l’histoire des combattants italiens en France. En 1914, la mémoire de la guerre de 1870-1871 restait encore vive. Un vieillard, voyant les garibaldiens monter au front en Argonne, ne put s’empêcher d’entonner une chanson évoquant Giuseppe Garibaldi, venu défendre la République française et commander l’armée des Vosges qui sauva Dijon les 21 au 23 janvier 1871 d’une offensive allemande38. Quatre ans plus tard, en 1918, le mythe garibaldien fut de nouveau réactivé lorsque la Brigade des Alpes arriva en France avec le IIe corps italien. Cette dernière avait reçu l’ordre de remplacer la brigade Udine quelques jours à peine avant son départ pour la France car cette unité était commandée par Peppino Garibaldi, celui-là même qui s’était battu en Argonne au début de la guerre, et elle comprenait des dizaines de vétérans de 1914. De fait, son arrivée en France fut saluée comme le retour des garibaldiens. Le journaliste Gustave Hervé écrivit ainsi dans son journal La Victoire le 19 avril 1918 : « Nos poilus vont pouvoir constater que [ces] régiments [italiens] ne sont pas indignes de la valeureuse légion garibaldienne qu’ils ont vue se battre à leurs côtés dans l’Argonne39. » Ce ne fut pas un hasard si le corps d’armée italien partit d’abord en Argonne en mai, et si, dans des lettres de poilus, le nom « garibaldiens » fut employé pour parler des soldats italiens40. Puis Georges Clemenceau rendit visite à Peppino sur le front à Bligny et une photographie de leur rencontre immortalisa l’événement41. Français et Italiens fêtèrent aussi ensemble le 2 juin, jour anniversaire certes du Statuto italien – la Constitution du Royaume d’Italie, initialement octroyée à ses sujets par le roi du Piémont-Sardaigne Carlo Alberto en 1848 – mais surtout jour anniversaire de la mort de Giuseppe Garibaldi en 1882. Et encore, le 14 juillet 1919, au défilé de la victoire sur les Champs-Élysées, l’Italie fut représentée, entre autres troupes, par un bataillon de la Brigade des Alpes, dont les soldats portant un foulard rouge autour du cou évoquaient la chemise rouge garibaldienne de 1870 et de 191442.
22Sur un autre plan, la presse exalta la fraternité latine. Gustave Hervé décerna aux soldats italiens le titre prestigieux de poilus, mot que la presse italienne diffusa parce qu’il s’agissait d’un honneur43. À la fin de l’année, du 19 au 23 décembre 1918, à l’occasion de la visite officielle du roi Vittorio Emanuele III en France, Clemenceau parla « d’amitié profonde pour l’Italie, amitié d’un cœur qui n’a jamais trahi44 », et le général Henri Mordacq, son chef de cabinet militaire, écrivit dans ses mémoires, que le soir du dîner de gala au palais de l’Élysée, « on se sentit vraiment entre amis45 ». Puis en 1921, on célébra la mémoire des Italiens morts en France et des Français morts en Italie, avec des manifestations aux Invalides à Paris le 24 mai et sur le Mont Tomba en Italie le 22 septembre, là où des chasseurs alpins français avaient remporté une éclatante victoire le 30 décembre 191746. Dans les discours, les souvenirs des guerres de Napoléon I et de Napoléon III, de la guerre de 1870-1871, des combats de l’Argonne en 1914, des batailles de Bligny en 1918, permirent de rapprocher Français et Italiens dans une mémoire commune et glorieuse. Encore fallait-il rendre un hommage solennel aux victimes italiennes tombées en France. Durant les années 1920, les cimetières de Bligny et de Soupir accueillirent leurs dépouilles. Le cimetière de Bligny devint d’ailleurs la grande nécropole italienne en France. Aux côtés d’un temple antique bordé de cyprès, furent ensevelies 3 053 dépouilles avec un ossuaire de 400 corps. Là gisaient des soldats du IIe corps d’armée italien, des travailleurs militaires, des prisonniers italiens morts à leur retour de captivité, des soldats de l’aéronautique, et aussi 39 garibaldiens de l’Argonne, transférés du cimetière de La Chalade47. Le gouvernement fasciste voulut aussi aménager face au cimetière un parc du souvenir dans le style de ceux que l’on installait alors en Italie même. Des arbres furent donc plantés et les nouvelles générations durent entretenir l’espace de la mémoire48. Bligny devint ainsi un lieu de commémoration annuelle, en présence des autorités françaises et italiennes.
23Toutefois, la mémoire des Italiens en France ne résista pas à la rivalité franco-italienne de l’après-guerre, dans le climat d’affirmation de puissances rivales à la Conférence de la paix de Paris. Prévalut alors une politique d’oubli du rôle des Italiens en France, entre mépris français et gallophobie italienne, qui rappelait l’époque de la Triplice. En France, dans les années 1920 et 1930, les volumes de l’histoire des Armées françaises dans la Grande Guerre, publiés par le service historique de la Défense, oublièrent quasiment le rôle des Italiens en France tandis que le rôle des Français en Italie était exalté49. En Italie, durant la période fasciste, il en fut de même mais en sens inverse : le rôle des unités alliées sur le Piave fut amoindri50 et l’action des Italiens en France atteignit le sublime, avec toutefois quelques nuances. La contribution des travailleurs des COMI et des TAIF fut occultée, car elle rappelait l’Italietta libérale caporettiste. En revanche, le combattant du IIe corps d’armée devint le héros de Bligny, la figure emblématique de la force latine régénérée et victorieuse, conforme au discours fasciste, et les « 5 000 de Bligny » entrèrent dans le Panthéon mémoriel des martyrs de la cause patriotique et nationale51.
24Toutefois, ce fut la mémoire garibaldienne qui permit réellement de rapprocher les Français et les Italiens dans l’entre-deux-guerres.
25Ezio Garibaldi, petit-fils de Giuseppe Garibaldi, vétéran de l’Argonne, rejoignit le fascisme et devint l’un de ses hiérarques les plus influents jusqu’à sa rupture avec le régime, après la signature de l’axe Rome-Berlin le 1er novembre 1936. Mais il tâcha de faire des morts italiens en France le trait d’union entre la France et l’Italie52. Dans le même temps, en France, furent érigés des monuments à la mémoire des garibaldiens de l’Argonne à La Chalade en 193253 et à Paris en 1934, au cimetière du Père-Lachaise54. Dans les années 1920, les médaillons de Bruno et de Costante Garibaldi furent aussi scellés au pied des statues de Garibaldi à Paris et à Nice. Et au début de la Seconde Guerre mondiale, un autre petit-fils de Garibaldi, Sante, lui aussi vétéran de l’Argonne et de Bligny, mais rallié au camp des opposants au fascisme, servit de lien entre les garibaldiens, les exilés antifascistes – les fuorusciti – et les résistants français. En septembre 1939, il tenta vainement de constituer une légion de volontaires, avant d’entrer dans la résistance. Déporté au camp de concentration de Dachau, il mourut des séquelles de sa captivité le 4 juillet 1946 près de Bordeaux55.
26En réalité, après la Seconde Guerre mondiale, la mémoire de la Grande Guerre, celle de Bligny de 1918 et surtout celle de l’Argonne de 1914, permit d’oublier autant la période sombre du fascisme qui avait instrumentalisé l’idéologie garibaldienne, que le « coup de poignard dans le dos » de juin 1940, lorsque l’Italie déclara la guerre à la France en pleine déroute. Encore aujourd’hui, à Bligny, à La Chalade, au Père-Lachaise, des cérémonies rendent hommage aux Italiens, volontaires, garibaldiens, travailleurs militaires et combattants, venus mourir en terre de France durant la Grande Guerre. Ces combattants italiens en France sont devenus par conséquent des passeurs de mémoire au nom d’une amitié franco-italienne renforcée et vivifiée.
Notes de bas de page
1 Voir entre autres Pierre Milza, « La légion des volontaires italiens dans l’armée française : une antichambre du fascisme ? », dans Pierre Milza (dir.), Les Italiens en France de 1914 à 1940, Rome, École française de Rome, 1986, p. 143-154 ; Hubert Heyriès, Les Garibaldiens de 14. Splendeurs et misères des Chemises Rouges en France de la Grande Guerre à la Seconde Guerre mondiale, ouvr. cité ; Hubert Heyriès, Les travailleurs militaires italiens en France pendant la Grande Guerre, « héros de la pelle et de la truelle » au service de la victoire, ouvr. cité ; Stefanie Prezioso, « Les Italiens en France au prisme de l’engagement volontaire : les raisons de l’enrôlement dans la Grande Guerre (1914-1915) », Les Cahiers de la Méditerranée, no 81, 2010, p. 147-165 ; Giorgio Rochat, « Les Italiens dans la deuxième Marne », dans François Cochet (dir.), Les batailles de la Marne de l’Ourcq à Verdun (1914 et 1918), s. l., 14-18 Éditions, 2004, p. 223-236 ; Ministero della Difesa, L’esercito italiano nella Grande Guerra (1915-1918), vol. 7 : Le operazioni fuori dal territorio nazionale, tome 2-1 : Soldati in Italia in terra di Francia (narrazione), Rome, Istituto poligrafico dello Stato, 1951 ; Julien Sapori, Les troupes italiennes en France pendant la première guerre mondiale, ouvr. cité ; Pierre Guiral, « Variations de l’opinion française à l’égard de l’Italie de 1915 à 1919 », dans La France et l’Italie pendant la première guerre mondiale, ouvr. cité, p. 49-65 ; Filippo Cappellano, « Les relations entre les armées italienne et française pendant la Grande Guerre », Revue historique des armées, no 1, 2008, p. 53-65.
2 Voir en particulier pour l’épopée garibaldienne Camille Marabini, Les Garibaldiens de l’Argonne, Paris, Payot, 1917 ; pour l’histoire du IIe CAI en France, voir les souvenirs, entre autres, de Ricciotti Garibaldi jr., Fronte francese, Argonne-Bligny-Chemin des Dames, maggio-novembre 1918, Rome, Edizioni Garibaldine, 1939 ; Vittorio Emanuele Pittaluga, In Italia, in Francia, a Fiume, Milan, Unitas, 1926.
3 « Rapport présenté à la Chambre des députés le 29 juillet 1924 par le député des Lyons de Feuchin », Paris, imprimerie de la Chambre des députés, 1924, p. 29-30.
4 Dépêche ministérielle n° 770 C/1, Bordeaux, 5 novembre 1914, Service Historique de la Défense/Département Armée de Terre (SHD-DAT), 6 N 21. Journal des Marches et Opérations (JMO) du 4e régiment de Marche du 1er Étranger, SHD/DAT 26 N 861 ; JMO du 4e régiment de Marche, Bureau d’Information Historique de la Légion Etrangère (BIHLE).
5 Lettre en faveur des garibaldiens de Julien Luchaire au colonel Buat, Bordeaux, 10 septembre 1914, SHD/DAT, 6 N 21.
6 « Lettere di Francia. I volontari italiani, Bordeaux, ottobre », Avanti!, 25 octobre 1914, p. 3.
7 Paolo Scarfoglio, « Due giorni coi volontari italiani, Parigi, 4 dicembre », La Stampa, 8 décembre 1914.
8 JMO du 4e régiment de Marche, BIHLE.
9 Montehus, « À Bruno Garibaldi mort au champ d’honneur », La Guerre Sociale, 6 janvier 1915, p. 1.
10 Charles Maurras, « La Politique. 1. Les jeunes Garibaldi », L’Action française, 7 janvier 1915, p. 1.
11 « Un’altra pagina d’epopea scritta col sangue italiano. L’olocausto garibaldino cementa la solidarietà franco-italiana », Il Popolo d’Italia, 31 décembre 1914, p. 1.
12 Nomination dans l’ordre de la Légion d’honneur, GQG, 17 janvier 1915, SHAD/DAT, 6 N 21.
13 « Duocentomila persone accompagnano la salma di Bruno Garibaldi a Campo Verano », La Stampa, 7 janvier 1915, p. 1 ; « Semplici e commoventi funerali di Costante Garibaldi a Roma », Il Corriere della Sera, 13 janvier 1915.
14 « Lo scioglimento della legione garibaldina, Parigi, 8 », Avanti!, 9 mars 1915, p. 1.
15 Télégramme du général Servière au ministère de la Guerre, Marseille, 14 mars 1915, SHD/DAT, 5 N 67. Main courante des agents de police d’Avignon, 16 mars 1915, Archives départementales du Vaucluse (ADV), 11 M 90, supplément 240. Dépêches du préfet du Vaucluse au ministre de l’Intérieur, Avignon, 14 et 20 mars 1915, SHD/DAT, fonds Buat, 6 N 21.
16 « Orazione per la Sagra dei Mille (V maggio MDCCCLX-V maggio MCMXV) », Il Corriere della Sera, 5 mai 1915, p. 3.
17 État de service de Gatto Dante, 2e régiment étranger, 29 mars 1917 ; lettre du 2e bureau de l’EMA à l’attaché militaire italien en France, Paris, 14 juillet 1917, Archivio dell’Ufficio Storico dello Stato Maggiore dell’Esercito (AUSSME), E 11-129/9, prat. Amb.
18 Procès-verbal du commandant de gendarmerie de l’arrondissement de Saint-Pol, 5 avril 1917, SHD/DAT, 17 N 368. Lettre du général commandant en chef les armées du Nord-est au ministre de la Guerre, GQG, 9 avril 1917, SHD/DAT, 16 N 2441/3 bis.
19 Samuel Tomei, « Italie », dans Sylvie Brodziak, Samuel Tomei (dir.), Dictionnaire Clemenceau, Paris, Laffont, coll. « Bouquins », 2017 ; Jean-Baptiste Duroselle, Clemenceau, Paris, Fayard, 1988, p. 334-335.
20 Guy Pedroncini, Pétain général en chef, 1917-1918, Paris, Presses universitaires de France, 1974, p. 190. Voir également, François Roth, Raymond Poincaré, Paris, Fayard, 2000, p. 346-357 ; Abel Ferry, Carnets secrets 1914-1918, Paris, Grasset, 2005, p. 228.
21 « Les travailleurs italiens sur le front français », L’Homme libre, 28 février 1918.
22 Patrick Facon, Le 12e corps français en Italie (novembre 1917-novembre 1918), une étude du moral, ouvr. cité, p. 48-50.
23 Jean Nicot, Les poilus ont la parole. Lettres du front 1917-1918, Bruxelles, Complexe, 1998, p. 78.
24 Rapport adressé au capitaine Gorju, SHD/DAT, 16 N 2784/49/ouvriers italiens.
25 GQG, 12 mars 1918, SHD/DAT, 16 N 1554.
26 Contrôle postal (CP) de la VIIe armée, 25e compagnie des TAIF, 22 août 1918, SHD/DAT, 16 N 1461.
27 Giorgio Rochat, « Les Italiens… », art. cité, p. 223-236.
28 Curzio Malaparte, L’Arcitaliano e tutte le altre poesie, Florence, Vallecchi, 1962, p. 208-209 ; Giuseppe Ungaretti, Vita di un uomo. Tutte le poesie, Milan, Mondadori, 1970, 3e éd., p. 83-87, p. 341, p. 349 et p. 579.
29 Ministère de la Défense, L’esercito italiano…, 7-2 (narrazione), ouvr. cité, no 1, p. 26-27.
30 Convention relative à l’envoi en France de 60 000 militaires italiens, 19 janvier 1918, SHD/DAT, GQG, 16 N 1692/1, AUSSME, E 3-120/2.
31 CP IIe Armée, 41e et 44e compagnies des TAIF, 11 octobre 1918, SHD/DAT, 16 N 1461.
32 Télégramme de Clemenceau à l’ambassadeur français à Rome, Camille Barrère, à l’attention de Vittorio Emanuele Orlando, 20 mai 1918, AUSSME, E 8-10/10.
33 CP, Ve Armée, 30 juillet 1918, SHD/DAT, 16 N 1415.
34 Il Corriere della Sera, 27 août 1918, trad.
35 Ordre du jour du maréchal Philipe Pétain au général Albricci, GQG, 5 février 1919, AUSSME, F 3-121/3.
36 Lettre no 2179 du maréchal Foch au général Diaz, QG, 17 juillet 1918, SHD/DAT, 15 N 44 et AUSSME, F 3-121/6.
37 AUSSME, F 3-103/5, MMIF et F 3-120/3.
38 Camille Marabini, ouvr. cité, p. 114.
39 Gustave Hervé, « Les Italiens arrivent », La Victoire, 19 avril 1918, p. 1.
40 Contrôle postal de la Gare Régulatrice de Saint-Dizier, 16 juin 1918, SHD/DAT, 16 N 1415.
41 Archivio Fotografico (AF)-USSME, Francia, truppe italiane, 429/64.
42 Brigata Alpi, Diario storico, 1-12-1918/10-08-1919, vol. 6, AUSSME.
43 Gustave Hervé, « Les Italiens arrivent », La Victoire, 19 avril 1918, p. 1.
44 Frédéric Le Moal, Victor-Emmanuel III. Un roi face à Mussolini, Paris, Perrin, 2015, p. 260.
45 Henri Mordacq, Le ministère Clemenceau, journal d’un témoin, t. III : « Novembre 1918-juin 1919 », Paris, Plon, 1931, p. 55.
46 Paolo Fabbrini, « Garibaldi e Nomellini », Corriere di Livorno, 14 mai 1921, Archives du ministère des Affaires Étrangères (AAE), Correspondance Politique et Commerciale (CPC), Italie, 1918-1940, no 41, fo 41. Discours de l’ambassadeur français à Rome, Camille Barrère, 22 septembre 1921, AAE, CPC, Italie, 1918-1940, no 50, fo 65-70.
47 Hubert Heyriès, Les travailleurs militaires italiens en France pendant la Grande Guerre, ouvr. cité, p. 219-222.
48 Béatrix Pau, Le transfert de corps des militaires de la Grande Guerre. Étude comparée France-Italie, 1914-1939, thèse de doctorat sous la direction du professeur Jean-Charles Jauffret, Montpellier 3, 2004, p. 256.
49 Ministère de la Guerre, Les Armées françaises dans la Grande Guerre, vol. 6-1 et 2 (1er novembre 1917-18 juillet 1918), Paris, Imprimerie nationale, 1931 et 1934 ; vol. 7-1 et 2, (14 juin-11 novembre 1918), Paris, Imprimerie nationale, 1923 et 1938.
50 Mariano Gabriele, Gli alleati in Italia durante la prima guerra mondiale (1917-1918), ouvr. cité, p. 471.
51 Gustavo Traglia, I Cinquemila di Bligny, Milan, Ceschina, 1938, 203 p.
52 Hubert Heyriès, Les Garibaldiens de 14. Splendeurs et misères des Chemises Rouges en France de la Grande Guerre à la Seconde Guerre mondiale, ouvr. cité, p. 347.
53 « Le monument aux morts de la légion garibaldienne », L’Illustration, 7 mai 1932, p. 9.
54 Inauguration du Monument élevé à la mémoire des garibaldiens de l’Argonne et des volontaires italiens de l’armée française morts pour la France, 26-27 mai 1934, Paris, Imprimerie municipale-Hôtel de Ville, 1934.
55 Sante Garibaldi e la tradizione democratica garibaldina, Rome, Edizioni Archivio trimestrale, 1986 ; Annita Garibaldi Jallet, « Mio padre, Sante Garibaldi », Garibaldi generale della libertà, Rome, ministero della Difesa, 1984, p. 657-661.
Auteur
Hubert Heyriès est professeur d’histoire contemporaine à l’Université Paul Valéry Montpellier 3. Parmi ses publications : Les Garibaldiens de 14. Splendeurs et misères des Chemises Rouges en France de la Grande Guerre à la Seconde Guerre mondiale (Serre éditeur, 2005) ; Les travailleurs militaires italiens en France pendant la Grande Guerre. « Héros de la pelle et de la truelle » au service de la victoire (Presses universitaires de la Méditerranée, 2014) ; Italia 1866. Storia di una guerra perduta e vinta (Il Mulino, 2016).
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