Un saint Antoine chinois au Gobi
p. 43-62
Texte intégral
1Il n’existe évidemment pas un rapport direct, et encore moins nominal, entre saint Antoine l’ermite et Tangseng, le fameux bonze des Tang qui, par ses exploits, depuis le VIIe siècle jusqu’aux bandes dessinées contemporaines et même aux films, au théâtre, n’a cessé de fournir matière à un département important de la gigantesque littérature chinoise.
2Tout au plus peut-on constater au premier abord que les légendes des saints ermites chrétiens : Antoine l’abbé, son ami saint Paul ermite, son historiographe saint Jérôme, le célèbre ermite bénédictin retiré en Provence saint Gilles, et l’illustre Tangseng ont un point commun : le mythologème des tribulations de l’ermite.
3Toutefois, un lien plus précis peut être établi entre le moine bouddhiste et les ermites chrétiens :
Jurgis Baltrusaïtis évoque quelques ressemblances assez vagues entre la vie de l’ermite Antoine et celle de l’ascétique Bouddha1 ;
L’éminent sinologue Paul Demiéville considère Tangseng, « ce saint Jérôme du bouddhisme chinois », comme le plus fécond de tous les traducteurs de textes sanskrits, et le plus savant de tous les bouddhistes de la Chine2 ;
Enfin, souvenons-nous que Flaubert, passionné de l’ermite au désert, au chapitre V de sa célèbre Tentation, fait intervenir le Bouddha de l’Himalaya lui-même, et le disciple Hilarion acompagnant les dires du Bouddha d’un contrepoint évangélique pourrait à juste titre passer pour le père des comparatistes3 !
4On peut alors légitimement se demander si les vies parallèles d’Antoine et de Tangseng ne pourraient pas être l’objet d’une « mythanalyse » voire, puisqu’on est en possession de textes, d’une « mythocritique » plus précise.
5Ces méthodes mises au point par Claude Lévi-Strauss et Gilbert Durand consistent à faire une lecture « synchronique » des textes ou des simples récits légendaires, afin de mettre en évidence des « paquets » (« essaims », « constellation », etc. comme disent les mythiciens) de mythèmes : c’est-à-dire les plus petites unités significatives sémantiques dont l’ensemble forme le récit diachronique du mythe.4 Ces mythèmes d’un mythe donné forment la structure « figurative » d’un récit donné. Pour que l’on puisse comparer deux récits et les déclarer « homologables », il faut, selon Gilbert Durand, que l’on retrouve dans l’un au moins les 3/4 des mythèmes de l’autre.
6Or, dans la légende antonine, l’on peut facilement repérer au moins six ou sept mythèmes constitutifs que nous allons énumérer et qui formeront notre plan de comparaison.
71. Le désert, cadre de la vie érémitique ;
82. Le bestiaire qui ne se réduit pas seulement au célèbre cochon qui fait de l’ascétique abbé le patron des charcutiers ! Interviennent dans la légende antonine les deux lions qui aident le saint à ensevelir le corps de son ami saint Paul ermite ;
92 bis. Le saint ermite vétérinaire : Antoine a guéri un pourceau monstrueux, comme Jérôme a guéri un lion blessé par une épine, comme Gilles a protégé, à ses risques et périls, une biche pourchassée.
103. Les célèbres « tentations » qui peuvent, nous le verrons, se diviser en tribulations aériennes, terrestres, aquatiques (comme en rendent compte les tableaux de Jérôme Bosch) et en tentations charnelles.
114. Le bâton thaumaturgique : crosse d’évêque et tau – ce dernier emprunté aux Écritures5 – qui est l’un des attributs usuels de saint Antoine, assimilé à une amulette et considéré comme une protection contre les maladies contagieuses et la mort subite.
125. La clochette souvent suspendue au cou ou à l’oreille du cochon, alors « clariné », accompagnée de l’explication un peu sommaire selon laquelle le tintement de cette clochette assurerait la libre pâture. Rationalisation semblable lorsque l’on justifie la présence du cochon par sa « couenne » qui aurait la vertu pharmaceutique d’apaiser le mal du « feu saint Antoine » ! Plus riche est la représentation de la clarine suspendue au tau ou à la crosse du bâton thaumaturgique : c’était l’attribut des ermites qui s’en servaient pour repousser les attaques des démons, effrayés par le bruit des clochettes comme par la lumière des cierges.
136. Les flammes, c’est bien entendu, en premier l’allusion au fameux « feu saint Antoine », le « mal des ardents », mais également une extension au feu tout court : saint Antoine est protecteur des incendies comme sainte Thècle, « disciple » de saint Paul, saint Laurent, saint Florian.
14Avant de repérer ces « mythèmes » constitutifs dans la légende de Tangseng, il nous faut donner quelques précisions historiques ou pseudo-historiques sur le personnage.
15Il aurait vécu sous l’empereur Taizong (627-649), s’appelait de son vrai nom chinois Chen Xuanzang. Érudit moine dès treize ans, il fut envoyé par l’empereur des Tang pour rapporter de l’Inde les soutras.6 On lui doit un bon quart des traductions en chinois de l’énorme canon bouddhique et il avait traduit en sanskrit Le Livre de la Voie et de la Vertu de Laozi.
16Mais il est surtout le Tripitaka légendaire (Tripitaka signifie en sanskrit « trois corbeilles » contenant tous les soutras bouddhiques. Ce surnom de Tangseng veut dire « Triplement sage », les soutras étant la doctrine de la sagesse, un peu comme l’ocidental « Trismégiste »), protagoniste d’un roman du XVIe siècle devenu mythique par sa popularité, un des plus célèbres des « quatre grands livres extraordinaires » de la littérature chinoise, traduit aujourd’hui en français dans la « Pléiade ».7 Vaste roman (en cent chapitres, plus de deux mille pages) inspiré par le voyage en Inde du célèbre bonze des Tang, mais débordant de beaucoup par un imaginaire fantastique la réalité historique (ou pseudo-historique) du récit, à un tel point que le traducteur français du Xiyou Ji compare son auteur Wu Cheng’en à « Rabelais récrivant le Pilgrim’s Progress ou Voyage du pèlerin de Bunyan en s’inspirant fort librement de la Peregrinação de Fernão Mendes Pinto ».8
17C’est ce texte que nous allons comparer aux Vies de saint Antoine rapportées par saint Jérôme, saint Athanase et la Légende dorée, en nous servant de la grille mythémique que nous avons établie.
Mythème du désert et de la vie érémitique
18Inutile de bien insister sur ce cadre commun que l’ermite de la Thébaïde Antoine partage avec le pèlerin Xuanzang traversant le désert du Gobi dans sa quête vers l’Ouest. Tripitaka, comme Antoine, Jérôme ou Paul ermite, tant dans le récit « historique » primitif du VIIe siècle que dans le roman fantastique du XVIe siècle, est un ascète bouddhiste.
19Nous ne signalerons qu’au passage le symbolisme du désert que nourrissent de nombreuses références à la Bible où il signifie aussi bien le monde éloigné de Dieu (Matthieu, XII, 43 ; Luc, VIII, 24) ; le monde du châtiment d’Israël (Deutéronome, XXIX, 5) ; le lieu de la tentation de Jésus (Marc, I, 12 et suiv.), mais aussi le lieu du face à face avec Dieu, sans « distraction », que recherchent les ermites (en grec, désert se dit érèmos) : Jean-Baptiste le « précurseur » prêche au désert. Ce lieu est donc ambivalent : menace des démons, mais aussi refuge (de la femme persécutée : Apocalypse, XII, 10-14).
20L’on doit entendre « désert » non seulement comme plaine de sable sans végétation, mais « forêt », lieu inhabité, tel le « désert de Chartreuse » où se réfugie saint Bruno. Il en va de même dans la tradition taoïste ou indo-bouddhique : le daoshi, ou le sadû, s’isole dans les montagnes profondes et les forêts désertiques. Tangseng, comme Antoine, Paul, Jérôme, n’échappe pas à ce séjour, à cette pérégrination « au désert » : c’est le cadre ou le décor obligé d’une grande action et de tous les périls.
Le bestiaire et la guérison vétérinaire
21Plus intéressants sont les deux mythèmes jumeaux qui ont trait au bestiaire et à la thaumaturgie « vétérinaire » des saints ermites. Antoine (comme le montre une image d’Épinal du saint) n’est pas seulement le guérisseur de son fidèle cochon, mais encore, captant les vertus de saint Éloi, il guérit les chevaux (Van Gennep signale ce fait en Maurienne, Savoie)9 et le bétail en général. De plus, il est aidé par les corbeaux de l’ermite Paul lors de sa visite à ce dernier, et n’oublions pas non plus les deux lions qui l’aident à creuser la tombe de Paul.
22Les ermites sont fréquemment des saints protecteurs : saint Blaise retiré dans les forêts d’Arménie est en bonne harmonie avec les ours, lions et tigres, guérisseur célèbre des maux de gorge et saint patron des porchers ; saint Goussand l’ermite limousin est protecteur du bétail, figuré avec un bœuf à ses pieds ; saint Guérin (/guérit !) protège du bétail à Sion en Valais, il est associé à saint Blaise, figuré entre un âne et un bœuf agenouillés (cet agenouillement sera récupéré par Antoine comme on peut le voir sur l’image d’Épinal) ; Geneviève de Brabant, comme saint Gilles, tous deux retirés au désert, ont pour attribut une biche. L’ermite limousin saint Léonard est aussi protecteur des chevaux. Enfin, est-il besoin de signaler saint Jérôme guérisseur de son fidèle lion, si ce n’est pour ajouter que la Légende dorée attribue généralement ce miracle du lion au Docteur de l’Église Jérôme, alors qu’il provient de la légende de saint Gérasime de Lydie ?
23Plus marqué et précis est encore cette relation thaumaturgique de Tripitaka avec quatre monstres convertis (donc « guéris ») par l’ermite : le singe, le porc, le monstre aquatique du « fleuve-des-Sables-mouvants » et le cheval-dragon.
24Mais bien intéressant, pour tout décryptage d’un saint bestiaire, est l’appellation qui a été donnée dans le roman chinois à trois de ces animaux (le quatrième, le cheval blanc, n’étant qu’un moyen de locomotion) : « Conscience de... ». Ce sont des dédoublements de la conscience de Tripitaka lui-même, tout comme dans le roman de Carlo Collodi, le grillon Gémini est la conscience de Pinocchio ! Ces présences « animales » dans la psyché du saint ne sont pas sans évoquer pour nous à la fois la relation totémique dans les sociétés archaïques où l’animal est l’ascendant et l’âme de l’individu, et la « psychologie des profondeurs » de C.G. Jung et surtout de ses disciples (Pierre Solié, James Hillman...) qui situent dans la psyché des pouvoirs pluriels en animus ou en anima.
25– Le singe (ou Singet comme le nomme le traducteur français) est la « Conscience-de-la-Vacuité » (Wukong), vacuité du monde ici-bas dans la plus pure tradition indo-bouddhique de la Mâyâ.
26– Le cochon ou Porcet est la « Conscience-de-ses-Capacités-ou-de ses-Appétits » (Wuneng).
27– Le monstre aquatique ou Sablet est la « Conscience-de-la-Pureté » (Wujing).
28Singet, né d’un œuf de pierre pondu par un rocher engrossé par le ciel et la terre, était ce « Grand-Saint-égal-au-Ciel » qui avait semé le désordre dans le palais céleste. Chargé par l’Empereur de Jade de la garde du verger des Pêches d’immortalité, il commit la faute de dévorer toutes les pêches mûres réservées à la Reine-Mère de l’Ouest à un grand banquet. Il fut chassé du paradis et prisonnier sous les cinq doigts du Bouddha, cinq montagnes correspondant aux cinq éléments (métal, bois, eau, feu, terre) et cela pendant cinq cents ans. C’est pour se faire délivrer de ce tourment qu’il se laissa convertir par Tripitaka à la loi du Bouddha et devint le grand disciple du pèlerin en quête des Écritures. Il est le garde du saint, armé d’un bâton magique provenant du palais du dragon de l’Océan oriental. « Précieux fer magique à damer le fond de la rivière céleste » ou « bâton de bon plaisir cerclé d’or », il grandit et rapetisse à volonté ; réduit à la grosseur d’une aiguille à broder, il est caché dans l’oreille de Singet qui le sort s’il en a besoin. Courageux pourfendeur de démons, novice trop querelleur pour être un parfait disciple, Singet se dispute avec le bonze au risque d’être expulsé mais finit toujours par capturer les monstres.
29Porcet « Conscience des-appétits-et-de-leurs-limites » intéresse au premier chef la légende antonine. Il devient le meilleur compagnon du bonze après avoir été converti, alors qu’il était un monstre féroce de la montagne, barrant la route aux voyageurs avec son râteau pour les capturer et les dévorer. Comme Singet, il était dieu banni (amiral des Roseaux célestes de la Voie lactée), condamné par l’Empereur de Jade, après s’être laissé aller, pris de boisson, à des privautés sur l’auguste personne de la déesse de la Lune. Condamné à la fustigation de deux mille coups de baguettes, au banissement chez les mortels, il s’est trompé de réincarnation en descendant en ce bas monde, et se vit coiffé de cette hure de porc. Sur l’ordre du Bouddha, il accepta de devenir disciple de Tangseng à la recherche des soutras en Inde, afin d’obtenir la rémission de ses péchés.
30« Guanyin (la grande bodhisattva de la Compassion) lui mit alors la main sur la tête tandis qu’il recevait les commandements. Elle lui donna le nom de famille de Porcet et le nom en religion de “Conscient-de-ses-Capacités”, Zhu Wuneng ».10
31Obéissant aux impératifs de sa conversion, il observa dès lors les abstinences, renonçant aux cinq aliments forts et aux trois viandes repoussantes, vouant son temps à l’attente du saint pèlerin (chapitre VIII).
32Mais ce n’est qu’aux chapitres XVIII-XIX qu’il devient le second disciple de Tangseng. Lorsque le maître et son fidèle Singet parviennent au domaine du vieux Gao, ce dernier se plaint du monstre qui s’est imposé comme gendre en séduisant la plus jeune de ses trois filles. Certes le porc abat beaucoup de travail mais dévore plus qu’il ne récolte ! Sa hure de plus en plus porcine horrifie ! Singet, tout heureux de pouvoir en découdre, libère l’infortunée épouse et par sa magie prend l’aspect de cette dernière. Porcet « Barbes raides » ne doit son salut que dans la fuite lorsque Singet se découvre sous son vrai visage. Armé de son râteau à neuf dents, le monstre porcin revient, raconte sa vie à l’entrée de son repaire de la « Passerelle de nuages » et engage le combat qui se solde par une piteuse défaite. Singet « à la tête de bronze » lui lance un nouveau défi. Mais dès que Porcet apprend la pieuse mission de Singet, il se rend et devient le second disciple de Tangseng.
33Le porc monstrueux est donc bien « guéri », comme dans la légende d’Antoine, par les pouvoirs thaumaturgiques mais cette guérison est ici avant tout morale : c’est une « conversion » d’un ivrogne lubrique et gourmand – le porc est toujours symbole de la goinfrerie, « prenant son plaisir dans la fange et le fumier », comme l’écrit saint Clément d’Alexandrie. Pour les Chinois, le cochon est un animal qui a tous les défauts, tous les « péchés capitaux » ; il typifie le caractère charnel de l’existence au centre de la « Roue de l’existence » des Tibétains11 ; chez les Vietnamiens, pour le moins, il est l’emblème de l’abondance pléthorique.12 On peut se demander si la signification de l’insolite compagnon d’Antoine ne serait pas éclairée par le monstre porcin, lubrique et gourmand, devenu compagnon de l’ermite chinois, tout en gardant en lui sa « conscience de ses appétits » charnels.
34Le troisième disciple s’appelle Sablet, car monstre aquatique du « fleuve des Sables mouvants ». Il était lui aussi dieu céleste, « général des Rideaux roulés » nommé par l’Empereur de Jade. Lors du banquet de la Fête des Pêches, il brisa par mégarde la coupe de cristal et fut pour cela banni sur terre, et devint le monstre engloutisseur des sables mouvants. Il reçut, comme Porcet, l’ordre de la bodhisattva Guanyin d’entrer au service du saint pèlerin. Bien que chronologiquement plus ancien que le porc dans les légendes relatant le voyage de Xuanzang, son rôle est très minimisé dans le roman de Wu Cheng’en.
35Quant au dernier animal du « bestiaire » de l’ermite chinois, le cheval blanc (en fait fils du Dragon-Roi des mers d’Occident), il est aussi puni et déchu, fustigé de trois cents coups de verges, suspendu dans les airs, pour avoir mis le feu au palais et brûlé des pierres précieuses. Afin de se sauver de ce malheur prométhéen, il supplie Guanyin de le délivrer et accepte de servir de monture pour transporter le saint pèlerin au paradis de l’Ouest... Son rôle, ou sa « vocation », est d’être une simple monture, mais en Asie centrale, le cheval est très souvent psychopompe (conducteur d’âme). Le cheval blanc est traditionnellement la monture des héros et des saints : le kalki, avatar futur de l’hindouisme, est un cheval blanc, il est la monture du Bouddha pour le « grand départ », il est le Bouddha lui-même.13
36Ces trois compagnons animaux rappellent sans cesse Tripitaka à l’ordre. Par sa « conscience de la vacuité » de ce vain monde d’ici-bas, Singet symbolise cet élan vers l’au-delà du monde, avec ses pouvoirs magiques de soixante-douze transformations et sa culbute dans les nuages capable de le propulser à 108 000 lis, grâce auxquels il parvient toujours à balayer les obstacles qui empêchent la marche des pèlerins vers le paradis de l’Ouest. Singet a le titre d’épizoologue, comme les saints ermites chrétiens et en particulier Antoine veillant, en Maurienne, sur les chevaux. Singet est pour cela lié au feu. Par sa « conscience de la pureté », symbolisée par le limoneux Sablet converti, Tripitaka doit savoir se tenir loin du limon (de la poussière) du monde des hommes. Enfin et surtout, grâce à Porcet, par la « conscience de ses appétits », il doit savoir s’abstenir et pratiquer les « huit défenses » (autre nom, Bajie, que le saint pèlerin donne à Porcet !), soit : ne pas mer ; ne pas voler ; ne pas forniquer ; ne pas mentir ; ne pas boire d’alcool ; ne pas chanter ou danser ; ne pas dormir dans un lit moelleux (mais à même le sol) ; ne pas manger après midi.
37Mais toutes les péripéties du roman gravitent surtout autour de cette « conscience des appétits », Porcet-Bajie qui toujours se laisse tenter par ces limites et par les huit défenses. L’obsession de cette « conscience », c’est de pouvoir un jour « rompre le jeûne » et redevenir le gendre du vieux Gao : « Cher beau-père, ne manquez pas de veiller attentivement sur ma chère épouse, de sorte que, si je reprends la vie laïque au cas où nous échouerions dans notre quête, je puisse redevenir votre gendre ».14 Il y a bien du Sancho Pança dans cette « conscience des appétits » ! Mais parce qu’il y a du Sancho dans tout Don Quichotte, conscient des limites humaines. Alphonse Daudet l’avait bien vu dans Tartarin !
Les tentations
38Les « limites » de l’homme signalées par la concupiscence de Porcet-Bajie nous conduisent à examiner le grand thème antonin des « tentations ». Thème qui déborde la légende antonine et empiète sur celle de saint Jérôme ermite, et qui donna à la peinture de l’Occident du XIIe siècle (des chapiteaux de Vézelay) jusqu’à Cézanne, à Ensor, à Dali, en passant par (pour ne citer que les plus illustres) Breughel, Patinir, Bellini, Gérard David, Vinci, Rubens, Georges de La Tour, Bosch, Callot, Odilon Redon (illustrateur de Flaubert) l’un de ses plus fructueux motifs.15’Les tentations sont les compléments directs, si l’on peut dire, de l’érémitisme au désert.
39Le bonze Xuanzang n’échappe pas à la règle. Dès les récits biographiques, les tentations apparaissent : « dans ce fleuve de Sables où les démons mauvais et d’étranges êtres difformes tournent autour du voyageur »16 qui en vain invoque la compatissante Guanyin et ne voit s’évanouir les apparitions menaçantes qu’en récitant un soutra. Plus loin ce sont des épreuves terrestres : le saint pèlerin à court d’eau, mourant de soif et perdu dans le désert, a l’intention sacrilège de retourner vers l’Est, rompant son vœu de ne jamais revenir en arrière sans les fameux soutras. Au bout d’une dizaine de lis soudain il se ressaisit et dit « plutôt mourir en continuant vers l’Ouest que de vivre en retournant vers l’Est ! » Mais ses tourments reprennent aussitôt : la nuit, il est assailli par des hordes de goules, de farfadets brandissant des torches ; le jour, un vent terrifiant de sable retombe sur lui dru comme la pluie. Tourmenté par la soif au bout de cinq nuits et cinq jours, sur le point de défaillir, le pèlerin se couche sur le sable, priant Guanyin d’intercéder. Il est réveillé par un géant qui lui crie d’une voix terrible : « Pourquoi dormir au lieu de reprendre vaillamment la route ? » Ce que le moine fait promptement et son cheval le mène dans de verts pâturages baignés par un lac d’eau douce où ils s’abreuvent enfin, recouvrant vaillance et vie.
40Mais c’est dans le roman de Wu Cheng’en que l’on trouve une panoplie plus détaillée du mythème de la tentation. Y sont énumérées minutieusement les 81 épreuves (dans le bouddhisme 9 x 9 est un nombre qui mène à la vérité) auxquelles nous ne pouvons nous arrêter en détail mais qui, comme dans les représentations peintes des tentations de saint Antoine (celle fameuse de Bosch au Musée de Lisbonne par exemple) peuvent se classer en attaques diaboliques : aériennes, aquatiques et terrestres, et en séductions charnelles ; toutes ayant pour but d’empêcher, de faire obstacle à la mission du saint pèlerin.
41Nous n’insisterons pas trop sur les attaques diaboliques qui se déroulent selon un scénario familier aux hagiographes et aux peintres des légendes érémitiques d’Antoine et de Jérôme. Ajoutons toutefois cette précision chinoise bien instructive : c’est que ces « démons » obstructeurs, ceux des eaux comme le démon des Sables mouvants, ceux de la montagne, du feu comme cet Écuyer des chevaux célestes déchu, ceux de la concupiscence des nourritures terrestres, comme Porcet, sont convertis par le saint et tout en gardant leurs pouvoirs, sont pour ainsi dire « assimilés » par la conscience du bonze, et mis au service de la bonne cause : la conquête des soutras.
42Ajoutons que dès sa naissance Tripitaka avait été abandonné, tel Moïse, au caprice des eaux ; il était prédestiné à être menacé puis « sauvé des eaux ».17
43Bien plus intéressantes et romancées sont dans le roman de Wu Cheng’en les tentations terrestres et charnelles du moine. Notons que ce dernier n’est pas du tout représenté, comme Antoine ou Jérôme, sous les traits d’un vieillard chenu et barbu. Tangseng est un beau et jeune moine séduisant, plus convoité de ce fait par les démones que par les démons ! Ces dernières veulent à la fois goûter à sa chair pure dont le Yang est intact (parce qu’il n’a pas rompu l’abstinence depuis dix réincarnations) qui rend immortel, ou plus prosaïquement, veulent l’épouser ! Ce genre d’obstacle occupe donc une très grande place dans les « 81 épreuves ».18 Également, les vertueux récits de la Légende dorée, des Vies d’Antoine par saint Athanase ou saint Jérôme19 prennent ici beaucoup plus de sel, du fait que le moine est un séduisant jeune premier et du fait (ne l’oublions pas) qu’une partie de sa « conscience » est « conscience de ses appétits » ! Ce rôle de jeune premier et la conscience des concupiscences (il y a toujours chez lui, dans un coin de la psyché, « un Porcet qui sommeille ou qui veille ») vont pimenter de romanesque la moralité finale du récit.
44Un bel exemple nous est donné au chapitre XXIII du roman. Tripitaka et ses disciples parviennent à un palais magnifique où il sont admirablement reçus par une veuve qui « gardait une beauté naturelle et le charme qui est l’apanage de la jeunesse », entourée de ses trois filles, toutes à marier, puisque pour la veuve la période légale de deuil était révolue. Invités à prendre le thé et à un repas « maigre », les saints pèlerins s’entendent proposer mariage par la mère. Tripitaka ferme les yeux « pour calmer son cœur » et garde le silence pour se faire passer pour sourd et muet !
45La veuve continue à vanter ses richesses, promettant à ses hôtes de jouir du luxe et de la volupté de cette famille, s’ils consentent à revenir sur leurs vœux et acceptent d’entrer comme époux et gendres dans cette demeure. Tripitaka reste comme hébété et sans voix devant cette proposition. La veuve insiste : « Si vous consentez à vous détendre, à vous ouvrir au bonheur, à vous laisser repousser une longue chevelure, vous serez les maîtres de notre humble demeure... »20 Devant ce discours tentateur, Tripitaka semble un enfant terrorisé par la foudre ; les yeux révulsés, il se sent prêt à tomber à la renverse.
46Et sa « conscience de ses appétits », Porcet, constatant combien ces filles étaient belles et riches, en « éprouvait d’intolérables démangeaisons au cœur ». Il ne cessait de se tortiller sur sa chaise, tantôt à droite, tantôt à gauche, « comme si autant d’aiguilles lui piquaient les fesses » (sic). N’y tenant plus, il interpella le saint bonze : « la dame ici présente vous parle, maître, elle vous fait une déclaration ! Pourquoi n’y prêtez-vous aucune attention ? A toute bonne parole, il convient de donner réponse ».21
47Le moine, levant brusquement le visage, poussa un cri rauque : « maudit animal ! Nous avons quitté nos familles et nos demeures, il serait indigne de nous laisser émouvoir par la richesse ou séduire par la beauté ! »
48Tripitaka et ses disciples ne se laissent pas tenter, sauf Porcet (et ici le romanesque se charge d’une sorte de charmante comédie !) qui, sous prétexte d’emmener paître le cheval blanc, vient retrouver la belle veuve et ses trois filles (Singet métamorphosé en libellule rouge l’a suivi !). « Conscience de ses appétits » cède, comme d’habitude, à la tentation et offre d’épouser les quatre jolies femmes ! Celles-ci se jouent aussitôt de lui (Falstaff lourdaud !), l’abandonnent gémissant au fond des bois, ligoté dans une tunique qui se contracte au moindre mouvement. Car le palais n’était que fantasmagorie, et les belles n’étaient que des bodhisattva chargées d’éprouver la capacité de méditation des pèlerins et d’infliger aussi une punition à l’infortuné Porcet trop tourmenté par les « huit défenses ».
49Ainsi dans ce roman, les tentations (tout aussi présentes que dans les légendes d’Antoine et de Jérôme) s’humanisent en quelque sorte, font des clins d’œil moqueurs et compatissants aux inéluctables « consciences » des hommes faillibles. Peut-être est-ce là une différence entre la compassion bouddhique, renforcée des constats taoïstes (le taoïsme, comme on le sait, n’utilise pas la logique de l’exclusion, il est philosophie de la nuance, une attitude optimiste voire « humaniste » devant la condition humaine), et la dure excommunication de la rigoureuse ascèse de l’éthique chrétienne.
Les instruments thaumaturgiques
50Si l’on passe maintenant à la série des mythèmes que l’on pourrait appeler « instrumentaux », et en premier aux mythèmes 4 et 5, le bâton et la clochette, l’on s’aperçoit qu’ils sont également présents et même renforcés dans leur signification chez l’Antoine chinois.
51Renforcés, parce que toutes les « consciences » du saint, y compris lui-même, possèdent un « bâton » thaumaturgique. Nous avons déjà signalé la baguette magique de Singet, grandissant et rapetissant à volonté, que le Singe-Roi avait dérobé au Roi des dragons. Nous avons aussi repéré le « râteau à neuf dents » de Porcet (ressemblant comme un frère au fameux tau d’Antoine), fabriqué par Laozi et le dieu du feu (Yinghuo) : « C’est le râteau d’or, suprême trésor qui fut offert à l’Empereur de Jade [...] Haut brandi, il jette feu et flamme, abaissé, il répand vents et neige... »22 Nous le retrouverons lorsque nous examinerons les vertus antonines pyrotechniques. Le troisième disciple Sablet a aussi sa crosse magique ji en forme de tau qui raccourcit ou grandit à sa guise, que l’Empereur de Jade lui avait confié quand il était nommé « général des Rideaux roulés ».23 Mais à ces bâtons magiques s’ajoute en premier chef la « canne à neuf anneaux » que Guanyin offre à Tripitaka et qui fait partie des cinq trésors offerts par le Bouddha, dont la longue robe de brocart, le kasâya (qui permet d’échapper aux transmigrations de l’âme) et les trois « cercles de serrage » magiques. Tant que le saint brandira la crosse, nul mal ne pourra l’atteindre.24
52Il est bien remarquable que, telles les clochettes suspendues au tau ou à la crosse d’Antoine, sont suspendus au tau de Tripitaka les neuf anneaux de métal (quelquefois en réalité six ou huit), mais ici les neuf anneaux (3 x 3 est sacré tout comme 9 x 9) répondent aux neuf dents du « tau » de Porcet et aux neuf ossements du collier de Sablet.25
53Voici un poème au chapitre XII du roman qui décrit ce bâton « à hauteur d’épaule » dont le moine bouddhiste fait tintinnabuler les anneaux pour signaler sa présence :
Neuf anneaux de fer, damasquinés de cuivre ;
Neuf vrilles divines, couleur d’éternité ;
Pris en main, il rend jeunesse à vieux os,
Et redescend, léger comme les nuages.
Il est allé au ciel avec Maudgalyâyana,
En quête de sa mère, a brisé portes de l’enfer.
Ce bâton que ne souille aucune poussière :
Joyeusement suivra le moine jusqu’au Yushan.26
54Il y a donc bien une connivence entre le tau ou la crosse de l’abbé Antoine, ornée de clochettes, et les bâtons des saints pèlerins, nommément le bâton aux neuf anneaux qui protège Tangseng dans sa quête.
Feu, flammes et incendies
55Il nous reste à examiner la présence des flammes et du feu dans les deux séries de légende, occidentale et chinoise.
56Il est incontestable que le tau de saint Antoine peut légitimement être assimilé aux marteaux ou haches bipennes des divinités païennes du tonnerre : de Donner germanique ou de Jupiter Dolichenus27 et cela parce qu’explicitement Antoine est invoqué contre les incendies, contre le « feu saint Antoine » et figuré, comme dans l’image d’Épinal, auprès d’un autel où s’élèvent des flammes.
57Dans la légende chinoise, c’est à la « Conscience-de-la-Vacuité », au « singe de l’esprit », qu’échoit l’attribut du feu. Avec ses yeux de flammes, ses pupilles d’or, sa tête en pointe et sa face velue, Singet est considéré comme une vivante divinité du tonnerre. On l’appelle explicitement « Duc du Tonnerre » (Leigong), car dans la mythologie chinoise, le dieu du feu a une tête de singe-coq-oiseau. Ayant troublé le palais céleste en avalant les pêches, le vin et les pilules d’immortalité que se réservait l’Empereur céleste, Singet fut capturé et traîné au Palais de l’Étoile polaire où les dieux furieux tentèrent de le hacher, de l’écraser, de le découper, de le transpercer et finalement de le foudroyer et brûler, sans cependant lui faire le moindre mal. Il fut emporté ensuite par Laozi qui le mit dans son fourneau aux huit trigrammes pour le transmuer en feu divin, ce qui, au lieu de le détruire, le dota d’yeux de feu, de pupilles d’or, d’un crâne de bronze et de bras de fer.28 Le grand saint est donc bien devenu dieu du tonnerre, du feu céleste alchimisé.
58D’ailleurs, tout au long du voyage vers l’Ouest, c’est Singet qui met le feu au repaire des monstres. C’est lui aussi qui parvient toujours à éteindre les incendies, les montagnes de feu, les flammes maléfiques qui barrent la route aux voyageurs.29
59Mais Singet a quelquefois besoin des coups de main de ses condisciples Porcet et Sablet pour maîtriser le feu. Porcet surtout avec son râteau à neuf dents n’est pas en reste : son emblème a été aussi forgé par Laozi et le dieu du feu Yinghuo, lors que le râteau est brandi, il jette feu et flammes ; abaissé, il répand vents et neige.
60Nous constatons ainsi une sorte d’extension sémantique du feu et des bâtons thaumaturgiques, par rapport à la pieuse légende antonine. La multiplication par quatre des bâtons, en tau de Porcet, en hallebarde ji de Sablet, en bâton-pilier céleste de Singet, et surtout en « canne à neuf anneaux » du maître Tripitaka, étend considérablement l’aura sémantique de saint Antoine, porteur de la crosse ou du tau clariné, maître aussi des feux réels, de l’incendie, ou figurés, du « mal des ardents ».
61Mais nos constatations comparatives vont plus loin : ce sont bien les six/sept mythèmes que nous repérons par une mythanalyse à travers les figurations littéraires ou picturales de la légende antonine (désert – bestiaire – protection vétérinaire ou « conversion » – tentations effrayantes ou séductrices – bâton thaumaturgique et clochette – rôle explicite du feu) que nous retrouvons parallèlement dans la légende de Xuanzang puis dans le grand roman de Wu Cheng’en.
62Ces coïncidences soutenues, répétées en de multiples « redondances », tant dans la légende et le roman chinois que dans l’aire antonine contaminant et contaminée par bien d’autres légendes érémitiques chrétiennes : Jérôme, Gilles, Paul, Blaise, Guérin, Léonard, etc. ne peuvent statistiquement être fortuites. Les 6/7 des mythèmes de l’aire érémitique antonine se retrouvent exactement dans la légende et le roman chinois. L’on peut avancer, sans exagération nationaliste, que ce corpus légendaire semble plus précis, plus explicite dans le volumineux roman chinois.
63Il faut rester prudent toutefois dans l’interprétation de telles coïncidences. Elles peuvent être dues soit à des « diffusions », soit à un mythe « primordial » commun à la haute Antiquité chinoise et au proto-christianisme, soit à une « harmonie préétablie » entre les archétypes instrumentés dans les légendes occidentales et chinoises. On peut, nous semble-t-il, écarter, avec toute l’ethnologie contemporaine, les hypothèses diffusionnistes. Restent les deux solutions : la « pérennialiste » et « l’archétypique », celle qui a recours à une « tradition unique » à l’aube de l’apparition des hominiens sur terre et celle qui fait appel, au contraire, aux capacités archétypiques d’homo sapiens : semper et ubique, et nommément chez les chrétiens du VIIe siècle en Egypte et chez les Chinois des Tang du même siècle.
64Toutefois, l’on ne peut réellement choisir : ces deux hypothèses sont peu vérifiables. Seule peut-être l’hypothèse « archétypique » trouve quelques confirmations dans la psycho-physiologie, l’anatomie, l’ethnologie d’homo sapiens et de son comportement cérébral.
65Il est cependant plus scientifique de s’interdire d’interpréter de si étranges (et nombreuses) coïncidences, et de se résoudre à une part de « mystère », constatant seulement qu’en bien des choses et partout « les hommes ont toujours rêvé aussi bien ! »
Notes de bas de page
1 J. Baltrusaïtis, Le Moyen Âge fantastique. Antiquités et exotismes dans l’art gothique, Paris, Flammarion, 1993.
2 P. Demiéville, L’Inde classique, t. II, Paris, Imprimerie nationale, 1953, p. 404.
3 G. Flaubert, La Tentation de saint Antoine, Paris, Garnier-Flammarion, 1967.
4 C. Lévi-Strauss, Anthropologie structurale I, Paris, Plon, 1958. G. Durand, Les Structures anthropologiques de l’Imaginaire, Paris, Dunod, 1992 (11e éd.) ; Figures mythiques et visages de l’œuvre, Paris, Dunod, 1992 (2e éd.).
5 Ce tau est bien sûr assimilé par les chrétiens au signe de la croix mais il participe aussi à la magie du bâton d’Aaron (Exode, VII, 8-13, 19-23 ; VIII, 1-4) ; c’est également le signe tau qui protège les justes de la destruction (Ézéchiel, IX, 4) ; qui protège les Israélites de la colère divine (Exode, XII, 21-28) ; qui marque les serviteurs de Dieu et les protège du cataclysme (Apocalypse, VII, 2-5).
6 Il existe deux livres qui racontent le voyage de Xuanzang en Inde : Xiyu Ji par Xuanzang (voir S. Julien, Mémoire sur les contrées occidentales, Paris, Imprimerie impériale, 1857-1858, 2 vol.) et Sanzang Fashi Zhuan par ses deux disciples (voir S. Julien, Histoire de la vie de Hiuen-Thsang et de ses voyages dans l’Inde depuis l’an 629 jusqu’en 645, par Hoëi-Li et Yen-Thsong, Paris, Imprimerie impériale, 1853).
7 Wu Cheng’en, La Pérégrination vers l’Ouest, traduit, présenté et annoté par A. Lévy, Paris, Gallimard (La Pléiade), 1991.
8 Ibid., introduction, p. XI.
9 A. Van Gennep, Le Culte de saint Antoine ermite en Savoie, Paris, 1925.
10 Wu Cheng’en, op. cit., chap. VIII, p. 163.
11 A. Govinda, Les Fondements de la mystique tibétaine, Genève, Mont-Blanc, 1960.
12 M. Durand, Imagerie populaire vietnamienne, Paris, 1960.
13 P. Boratav, Aventures merveilleuses sous terre et ailleurs de Er-Töshtuk, le géant des steppes, Paris, 1965.
14 La Pérégrination vers l’Ouest, op. cit., chap. XIX, p. 373.
15 F. Tristan, Les Tentations de Jérôme Bosch à Salvador Dali, Paris, Balland-Massin, 1981.
16 Voir l’intoduction de La Pérégrination vers l’Ouest, op. cit., p. XXI-XXII.
17 Ibid., chap. XI, p. 220.
18 Ibid., chap. XXVII : « Où la démone du cadavre se joue par trois fois de Tripitaka » ; chap. LIV : « Où les incarnations de la loi pénètrent au pays des femmes et le singe de l’esprit trouve un stratagème pour leur échapper » ; chap. LXXII : « À la grotte aux Toiles d’Araignées les sept affects égarent le fond, à la source de Purifications-des-Souillures Porcet oublie sa trogne ».
19 Jacques de Voragine, Legenda aurea, éd. Th. Graesse, Breslau, 1890 (traduction française : La Légende dorée, Paris, Garnier-Flammarion, 2 vol.) ; Athanase d’Alexandrie, Vie d’Antoine, Paris, Cerf (Sources chrétiennes), 1994 ; Saint Jérôme, Vivre au désert : Vies de Paul, Malchus, Hilarion, Grenoble, Jérôme Millon, 1992. Voir aussi Louis Réau, Iconographie de l’art chrétien, t. III, « Iconographie des saints » vol. 1, p. 101-115, Paris, PUF, 1958.
20 La Pérégrination vers l’Ouest, op. cit., chap. XXIII, p. 446.
21 Ibid.
22 Ibid., chap. XIX, p. 366.
23 Ibid., chap. XXII, p. 423.
24 Ibid, chap. VIII, p. 154-5.
25 Le nombre 9 (ou 3 x 3, 9 x 9) est un nombre sacré. C’est le chiffre du Yang et de la plénitude qui est la base de la plupart des cérémonies taoïstes. Le Daodejing comporte 9 x 9 = 81 chapitres. Selon Si Maqian, l’auteur du Shiji, la Chine était le 1/81e du monde. Dans la mythologie chinoise, l’empereur Dayu divise la Chine en 9 provinces, chaque province en 9 villes, chaque ville en 9 arrondissements.
26 La Pérégrination vers l’Ouest, op. cit., chap. XII, p. 228.
27 F. Cumont, Les Religions orientales dans le paganisme romain, Paris, Geuthner, 1963.
28 La Pérégrination vers l’Ouest, op. cit., chap. VII, p. 132-134.
29 Ibid., chap. XXXV : « Où l’hétérodoxe déploie sa force contre Juste-Nature et le singe de l’esprit, maître de trésor, soumet démon pervers » ; chap. LXI : « Où Porcet contribue à la défaite du roi-démon et Singet se procure une troisième fois l’éventail » ; chap. LXX : « Où Singet s’empare avec astuce des grelots d’or qui crachent fumée, sable et flammes ».
Auteur
Université de Wuhan, République de Chine
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