Chronique du roi dom João de Fernão Lopes
p. 247-261
Texte intégral
Chapitre 186. Comment le Docteur1 démontra clairement qu’il ne fut jamais certain que dona Inès eût été l’épouse du roi dom Pedro
1« Ainsi donc, puisque le trône ne revient pas de droit au roi et à la reine, voyons si nous trouvons, dans leur proche parenté, qui pourrait régner à leur place. Nous pensons tout de suite aux infants, dom João et dom Dinis, fils du roi dom Pedro ; mais il y a beaucoup à dire sur leur droit à hériter ou non de la couronne. En effet, aussi vrai que celui qui veut se sauver ne met Jamais en doute sa croyance, ceux-ci, sans avoir le moindre doute, sont toujours prêts à croire qu’ils sont les héritiers légitimes, ne trouvant à cela aucune difficulté. Si certains se rangent à cet avis, nous n’y adhérerons pas si facilement. Au contraire, pesons bien la chose, sans céder à aucun esprit partisan, et appliquons-lui les principes de raison et de droit. Ainsi verrons-nous si la vérité contredit ou non les désirs de ceux-ci.
2Tous nos raisonnements seront donc conduits dans la clarté, de manière à mieux cerner les certitudes. Sans davantage d’arguments et autres arguties, l’antique vérité exige d’abord de savoir deux choses en cette affaire : la première, s’il est établi que dona Inès était bien l’épouse de dom Pedro ; la seconde, si elle pouvait, dès lors qu’il l’avait prise pour épouse, être sa femme légitime, de sorte que ses fils pussent hériter du trône. Or, si beaucoup pensent qu’elle était effectivement son épouse, cela n’a rien d’étonnant, au vu des serments que le roi et bien d’autres firent à ce propos. De même, les arguments que le comte de Barcelos a exposés ici même en son temps, y joignant une lettre de dispense qu’il rendit aussitôt publique devant tous, inclinent à penser qu’elle était bien son épouse, sans qu’il subsiste de doute à ce sujet.
3Et comme ces choses-là sont de notoriété publique et qu’il se trouve ici bien des gens qui étaient présents, je ne veux pas m’attarder davantage sur le passé. Mais, pour répondre au premier argument, à savoir si dona Inès fut ou non l’épouse du roi, je dis qu’il n’a jamais été avéré, ni du vivant du roi dom Afonso, ni ensuite, que dom Pedro l’eût épousée, malgré toutes les déclarations solennelles qui ont été faites à ce sujet.
4Que rien ne se soit su du vivant du roi, son père, cela va de soi. Il est établi que du vivant du roi dom Afonso, père du roi dom Pedro, qui alors n’était qu’infant et marié à dona Constança, on introduisit à la cour du roi, en qualité de dame d’honneur de la reine, dona Inès de Castro, nièce de dona Teresa de Albuquerque. Celle-ci se trouvant à la cour et étant de belle apparence, l’infant dom Pedro vint à s’éprendre d’elle, ce que le roi comprit bien vite à cause des privautés que l’infant avait avec elle. Outre qu’il était d’un naturel jaloux, comme vous l’avez entendu dire, de telles amours lui déplurent fort, tant à l’égard de dona Constança, qu’il appréciait beaucoup, qu’à l’égard de son père, dom João Manuel, avec qui il avait conclu une alliance. Il ordonna donc qu’on renvoyât incontinent dona Inès chez sa tante. Or, sur ces entrefaites, dona Constança vint à mourir.
5Ne pouvant oublier sa passion contrariée, l’infant fit parvenir des missives à la tante et à la nièce, de sorte qu’il l’eut à nouveau avec lui, comme vous l’avez entendu ; cela déplut fort au roi, son père, d’autant que certains disaient qu’elle était son épouse, d’autre affirmant que cela ne pouvait être. Comme l’infant l’avait en sa compagnie et qu’ils eurent des enfants, le roi, se demandait si elle était ou non son épouse ; pour se défaire de ce doute, alors qu’il se trouvait ici même, dans cette ville2, et que l’infant séjournait au palais de Santa Clara, il chargea Diego Lopes Pacheco, ici présent, et maître João, membres l’un et l’autre de son Conseil, de dire à dom Pedro que, s’il ne souhaitait pas épouser une fille de roi et s’il aimait à ce point dona Inès, il pouvait se marier avec elle et la prendre pour épouse. Cela agréait au roi, il l’accueillerait avec le rang d’épouse. L’infant répondit que telle n’était pas sa volonté, même si on tentait de l’y contraindre, et qu’il ne prendrait de sa vie dona Inès comme épouse.
6Et comme le roi s’entretenait avec ses proches de la réponse à apporter, certains affirmèrent qu’ils pensaient bien que l’infant aurait pu accepter, sauf que ce mariage n’était pas de sa convenance. En effet, lorsque dona Inès vint pour la première fois à la cour, elle ne s’appelait pas dona Inès, mais Inès Peres, fille bâtarde de dom Pedro de Castro. Et je vous dirais même que je n’ai jamais su qui était sa mère, ni n’ai trouvé sur elle quelque trace écrite.
7Ce n’est que lorsque l’infant l’eut prise avec lui qu’on l’appela dona Inès. Ainsi donc, on n’a jamais su, du vivant du roi dom Afonso, s’il l’avait prise ou non pour épouse, ni entendu dire à l’infant quelque chose de semblable. Et si quelqu’un veut faire objection à ce raisonnement, qu’il demande à Diego Lopes Pacheco, ici présent, d’en attester la véracité sur les Évangiles et je suis sûr qu’il dira que cela s’est bien passé ainsi.
8Leurs enfants ne furent jamais appelés infants, avant que dom Pedro ne devînt roi ; quand le roi dom Afonso faisait quelque faveur à l’un ou l’autre d’entre eux, il disait dans la lettre qui l’accompagnait qu’il faisait cette grâce et cette faveur " à dom João, mon vassal, fils de l’infant dom Pedro, mon fils " sans autre mention. Au demeurant, si le roi dom Afonso avait su qu’elle était son épouse, bien qu’elle n’eût pas la condition pour y prétendre, il ne l’eût pas fait mettre à mort, quel que soit le grief. Mais, la considérant comme concubine, il la fit exécuter de la manière que l’on sait.
9Sans nier que, du vivant du roi dom Afonso, jamais le doute ne fut levé, mes contradicteurs pourront dire que la certitude ne tarda pas à éclater au grand jour, lorsque le roi dom Pedro fit notifier à tous, dans cette même ville de Coimbra, comment il avait pris dona Inès pour épouse. Si beaucoup le croient, il ne faut pas s’en étonner ni les en blâmer, car les mensonges qui se cachent sous l’apparence de la vérité n’ont aucun mal à vaincre la résistance des cœurs mal prévenus. Par contre, celui qui a l’esprit sage et prudent n’accepte pas si facilement de telles choses, ni ne se range à l’opinion du plus grand nombre. Il examine bien ce qui a raison d’être et ce qui ne l’a pas, pour ne pas tomber dans l’erreur.
10Quant à nous, dans ce genre d’affaire qui nous intéresse, nous réagirons de la façon suivante : j’affirme que cette annonce publique qui fut faite alors pour établir que dona Inès était bien l’épouse du roi fut surtout du meilleur effet pour montrer qu’il n’en était pas ainsi, au lieu doter les doutes de ceux qui en avaient. De la sorte, là où l’on pensait faire jaillir la lumière pour que tous y prêtassent foi, on ne révéla que des zones d’ombre qui ne peuvent tromper aucun homme, aussi crédule fût-il. Voici ce qu’il en est.
11Le roi a affirmé sous la foi du serment, à Cantanhede, qu’il pouvait y avoir quelque sept ans environ, sans qu’il se souvint ni du jour ni du mois, qu’il avait pris dona Inès pour épouse. Et comme certains avaient émis quelques doutes sur la chose et que lui, parce qu’il avait peur et se méfiait de son père, n’en avait jamais rien dit du vivant de celui-ci, il a ajouté qu’il déclarait cela devant tous pour décharger sa conscience. Ainsi, le comte de Barcelos et maître Afonso das Leis vinrent-il dans cette ville, accompagnés de bien d’autres, à la demande du roi, et ils interrogèrent Estévão Lobato et l’évêque de Guarda qui savaient d’avance qu’ils seraient cités comme témoins dans cette affaire. Et sur la base de ce qu’ils dirent et après qu’eut été produite une dispense pour mariage, grâce à la clarté de leurs discours concordants, tout le monde fut facilement persuadé que les choses s’étaient passées comme ils le disaient. On sut donc dans tout le royaume que le roi avait déclaré que dona Inès était son épouse et l’on fit aussitôt préparer des documents publics en faveur de ses enfants.
12Or, que Dieu nous assiste, mais peut-on imaginer une histoire aussi dénuée de bon sens ? À l’évidence, plus grave et solennel est l’acte, plus lourd est le secret, plus fort en est le souvenir pour qui y participe et s’y trouve présent. Comment se peut-il qu’une chose aussi sérieuse qu’un mariage, que le roi, à ce qu’on dit, fit dans le plus grand secret par crainte de son père, ait pu lui sortir de la mémoire en si peu de temps, au point qu’il n’en sût plus ni le jour ni le mois ?
13Comment cet événement a-t-il pu sortir aussi de la mémoire de celui qui, en grand secret, fut chargé d’unir les époux ? Bien sûr, la raison s’oppose à tout cela ; en effet, il n’y a parmi vous personne qui, si on lui demandait incontinent la date de son mariage, en aurait oublié le jour et le mois, voire même l’heure, même dans le cas d’un jour simple et non d’une fête remarquable, quel que soit le nombre d’années qui aurait pu s’écouler de façon à en effacer le souvenir.
14De plus, quand Estévão Lobato crut apporter une meilleure preuve en disant que cela s’était passé en janvier, il ne fit que renforcer le doute et croître la suspicion à propos de ce qu’il tentait de faire croire. En effet, comme il a dit que c’était en janvier, un mois de fêtes si importantes que nous les célébrons toutes, comment se peut-il que le roi ne s’en souvînt pas, même si cent ans s’étaient écoulés depuis ? Ou alors, il faut croire qu’à cette époque on perdait facilement la mémoire.
15L’autre argument pour justifier que le roi n’ait rien dit est plus faible encore et difficile à croire. S’il avait été du vivant de son père un fils obéissant et n’avait jamais en rien provoqué sa colère, encore pourrait-on croire raisonnablement que cela se soit passé comme il le disait. Mais un homme qui avait à ce point mortifié son père, choisissant une femme absolument contre sa volonté, sans compter tous les désordres qui naquirent de cette union, pourquoi, alors que celle-ci était morte depuis longtemps, aurait-il eu peur de dire qu’elle était son épouse ?
16Au demeurant, il n’a pas eu peur de rassembler tous les malfaiteurs et proscrits du royaume pour guerroyer avec eux contre le roi, son père, assiégeant ses villes et ses châteaux, volant et brûlant ses terres, comme s’il s’agissait de terres ennemies. Et avec ça, il raconte qu’il avait peur et redoutait de dire que dona Inès était son épouse ! Il aurait mieux valu alors rendre cela public, le peuple aurait ainsi mal jugé le roi, coupable de lui avoir tué son épouse, et l’aurait vu, lui, sous de meilleurs auspices.
17Voyez si c’est là un acte digne d’un fils à l’endroit de son père que de lui faire pareille guerre dans tout le royaume et lui infliger tant de destructions, forçant même le roi à garder et surveiller ses villes et châteaux, à cause de lui, comme si l’ennemi fût à l’intérieur même du royaume.
18Et ne croyez pas que l’on faisait cela seulement pour les bourgs et les villages, car il fallut aussi mettre sous bonne garde et sous surveillance pendant trois mois la forteresse de Lisbonne. Du coup, on payait leur solde aux vassaux du roi, là où ils se trouvaient, comme s’il se fût agi d’un état de guerre entre les pires ennemis. Et alors qu’il faisait cela, on nous dit que dom Pedro avait peur de révéler que dona Inès était son épouse !
19Si, à présent, on interrogeait Diego Lopes, qui est parmi nous, sur les actes incroyables que dom Pedro a accomplis dans ce royaume et sur les dégâts qu’il a causés aux biens d’Ayras Gomes da Silva, de Diego Gomes de Abreu et de beaucoup d’autres encore que le roi a dû indemniser par la suite, qui donc pourrait encore croire qu’un tel fils avait peur d’avouer à son père qu’il avait épousé dona Inès ?
20Mais supposons qu’il en soit ainsi et que, du vivant de son père, il n’ait jamais osé dire qu’elle était son épouse, qui l’empêchait, après la mort de celui-ci, de rendre ce mariage public dès qu’il commença à régner, puisqu’il lui plaisait tant que tous le sussent ? Il aurait pu en faire serment fort honorablement à Alcobaça et dire publiquement devant tous les prélats et les hommes de la noblesse comment il avait épousé dona Inès et comment tout cela s’était passé. Tout le monde aurait pensé que cela était vrai. Mais, au bout de quatre ans après la mort du roi, et alors que plus personne n’y pensait, c’est alors qu’il fit dire qu’il l’avait épousée et qu’il rendit cela public.
21Et pourquoi pensez-vous qu’il en fut ainsi ? Parce que ni du vivant de son père, ni après tout ce temps passé, il n’avait pu obtenir une dispense du pape qui légitimât ses enfants. Il fit alors cette annonce, comme vous l’avez vu, pour prouver qu’ils étaient légitimes et que cela valait ce que pouvait valoir. »
Chapitre 187. Des empêchements que le Docteur énonça contre le fait que dona Inès eût pu être l’épouse du roi dom Pedro
22« Nous avons clairement montré qu’il n’a jamais été avéré que dona Inès ait été l’épouse du roi dom Pedro et que toute l’argumentation de ce dernier reste suspecte et témoigne d’une grande maladresse. Il nous reste à examiner le second argument, le plus solide, s’il devait être reçu, à propos de la validité de cette union. Et je vais prouver que celle-ci n’en a aucune du fait des empêchements suivants.
23Il est vrai que dona Inès était la nièce du roi dom Pedro, en l’occurrence la fille de son cousin germain. En effet, le roi dom Pedro était le fils de la reine dona Beatriz, fille du roi dom Sancho de Castille ; dona Violante, femme de dom Fernam Rodrigues de Castro, et la reine dona Beatriz étaient donc sœurs, bien que nées de deux mères différentes. En effet, le roi avait eu dona Violante Sanches d’une dame qui se nommait dona Maria Afonso, qui était l’épouse de dom Garcia de Uzeiro, et c’est précisément cette dona Violante qui fut la mère de dom Pedro de Castro. Elle prit ensuite le nom de Guerra et dona Inès est sa fille. Ainsi, par son père, celle-ci était nièce de dom Pedro, donc fille de son cousin germain.
24Laissons de côté ce que certains disent, à savoir que le roi dom Pedro fut d’abord marié à dona Branca, fille de l’infant dom Pedro, laquelle mourut dans les environs de Grenade. Certains disent aussi que dona Inès fut emmenée dans ce royaume et que dom Pedro l’aurait épousée dans cette ville, avant d’être marié à dona Constança, d’où il s’ensuit que le roi dom Fernando n’était pas légitime. Tout cela s’étant d’ailleurs passé d’une autre manière et n’étant pas un obstacle à notre démonstration, laissons-le de côté.
25Venons-en à l’empêchement majeur, parmi d’autres, pour lequel le pape ne pouvait donner de dispense sous aucun prétexte, d’où il appert qu’elle ne pouvait être en aucune façon son épouse. En effet, le roi dom Pedro, étant encore infant et marié à dona Constança, eut d’elle un fils qu’on appela dom Luis, qui fut baptisé dans cette même ville et qui eut pour marraine dona Inès. Cette dernière devint donc la commère de dom Pedro et maintes fois par la suite l’infante dona Constança la salua sous ce titre, comme c’était la coutume, s’humiliant ainsi elle-même. Comment voulez-vous donc dès lors que le roi fût l’époux légitime de sa commère, marraine de son fils ? Cela était bien évidemment impossible.
26Mais certains qui connaissent en partie cette affaire récusent cet argument. Ils allèguent que l’infant, qui était alors très épris de dona Inès et qui souhaitait lui faire partager sa couche, lui fit dire en secret que, lorsqu’elle deviendrait sa commère, elle vînt à l’église avec l’enfant, mais qu’elle s’abstînt de dire les paroles que les parrains ont coutume de prononcer au nom de leur filleul. Et c’est ce qu’elle fit. Elle n’était donc pas sa commère et pouvait se marier avec lui sans pécher. Ceux qui disent cela se réfèrent sur ce point à un cas semblable survenu pour un mariage ; ils disent qu’un homme peut recevoir pour épouse une femme sans prononcer les paroles que commande l’Église, tout simplement parce que ce n’est pas son but que de l’épouser, mais qu’il veut seulement pouvoir coucher avec elle. Dans ce cas là, aux yeux de Dieu, celle-ci n’est pas son épouse et il peut donc ensuite en épouser une autre, puisqu’il n’a jamais consenti au premier mariage. Il lui suffit d’en faire pénitence. Et il est vrai, en ce cas-là, qu’il n’est pas aux yeux de Dieu, l’époux de la première femme. Néanmoins, aux yeux du monde, il est bien l’époux et devra vivre avec elle. Ainsi, selon eux, bien que dona Inès ait été pressentie pour être commère, qu’elle ait conduit l’enfant à l’église avec les autres parrains et qu’elle ait participé aux cérémonies habituelles, elle n’est nullement commère ; elle pouvait donc sans pécher contracter un mariage avec le père de son filleul.
27Supposons qu’il en ait été ainsi, et qu’aux yeux de Dieu elle n’ait pas été la commère de dom Pedro. Il eût été nécessaire alors pour sa bonne réputation, et compte tenu du scandale provoqué dans le monde, de le faire savoir au pape, lequel, selon l’information qu’il en aurait reçue, et qu’il aurait tenue pour vraie, pouvait laisser la chose à charge de conscience. Or, une telle démarche n’a jamais eu lieu et aucune demande dans ce sens n’a jamais été faite.
28Qu’ils pussent ou non se marier, je vous laisse imaginer combien l’affaire était douteuse, d’autant que les choses ne se sont pas passées de cette manière. Diego Lopes, ici présent, le sait fort bien, lui qui a assisté au baptême et qui a été parrain de dom Luis, avec d’autres à qui on demanda de l’être.
29Et même s’ils avaient pu se marier sans dispense, ce qu’ils ne pouvaient faire, et que leurs fils naquissent légitimes, ce qu’ils n’ont jamais été en réalité, le seul fait qu’ils soient venus attaquer le royaume où ils étaient nés, au service des ennemis de celui-ci, pour le détruire, et non seulement une mais plusieurs fois, suffit pour qu’aucun d’entre eux ne puisse régner, fussent-ils de naissance légitime.
30Il est de notoriété publique, en effet, qu’ils sont venus attaquer ce royaume : l’infant dom Dinis au temps de dom Fernando, lorsqu’il entra avec l’armée du roi dom Henrique et vint avec ses troupes jusqu’à Lisbonne, menant partout une guerre par le feu et le pillage, tuant et détruisant autant qu’il le bpouvait. De même l’infant dom João, allié au roi qui aujourd’hui règne en Castille, vint-il avec ses gens, et sur ordre du roi de Castille, il mit le siège devant Trancoso, qu’il attaqua et assiégea pendant plusieurs jours. Et lorsqu’il pénétra dans le royaume au Val de Mulla, il perdit à jamais toute légitimité à le gouverner en y mettant le feu de sa main, en assiégeant Elvas et en y portant partout la guerre.
31Et je sais que tout cela est bien connu de Vasco Martins de Sousa, de Diego Lopes Pacheco, de Vasco Peres Bocarro, de Gil Martins Cuchufel et de bien d’autres qui sont ici présents. Nous serions donc bien mal avisés si nous élisions à la tête du royaume celui qui ne peut qu’en être banni et qui y est entré pour le détruire ; remettons plutôt le royaume entre les mains de ceux qui, par leurs efforts et au péril de leur vie, l’ont défendu et sont prêts à le défendre encore. »
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Arthur, Gauvain et Mériadoc
Récits arthuriens latins du xiiie siècle
Philippe Walter (dir.) Jean-Charles Berthet, Martine Furno, Claudine Marc et al. (trad.)
2007
La Quête du Saint Graal et la mort d'Arthur
Version castillane
Juan Vivas Vincent Serverat et Philippe Walter (trad.)
2006
Histoire d'Arthur et de Merlin
Roman moyen-anglais du xive siècle
Anne Berthelot (éd.) Anne Berthelot (trad.)
2013
La pourpre et la glèbe
Rhétorique des états de la société dans l'Espagne médiévale
Vincent Serverat
1997
Le devin maudit
Merlin, Lailoken, Suibhne — Textes et études
Philippe Walter (dir.) Jean-Charles Berthet, Nathalie Stalmans, Philippe Walter et al. (trad.)
1999
La Chanson de Walther
Waltharii poesis
Sophie Albert, Silvère Menegaldo et Francine Mora (dir.)
2009
Wigalois, le chevalier à la roue
Roman allemand du xiiie siècle de Wirnt de Grafenberg
Wirnt de Grafenberg Claude Lecouteux et Véronique Lévy (trad.)
2001