Partie IV
p. 307-308
Texte intégral
« Il n’y a rien d’absolu. C’est pourquoi la composition des formes, qui repose sur cette relativité, dépend de la variabilité de l’assemblage des formes et de la variabilité de chaque forme jusqu’au plus petit détail. »
Wassily Kandinsky, Du Spirituel dans l’art, et dans la peinture en particulier [1954], Paris, Gallimard ; coll. « Folio Essais », p. 125.
1Si l’on réinterprète, dans le domaine de la linguistique, ce qu’écrit Kandinsky les phrases sont des abstractions, des formes, des assemblages de formes, variables au plus haut point. Elles n’ont rien d’absolu, et nos analyses sont toutes relatives. C’est cette forme de relativité qui nous guidera tout au long de cette dernière partie, car, même si nous devrons brosser un tableau général, nous ne le tenons, en aucun cas, pour définitif.
2Il convient en effet que nous précisions notre définition de la phrase en définissant également les différents types de phrases que l’on peut rencontrer en lsf. Notre projet est de donner, à un niveau général, des outils descriptifs et conceptuels pour l’analyse des différentes structures de phrases de la lsf. Si la question des fonctions et des catégories de la lsf nous a amenée à discuter très précisément les termes de la théorie grammaticale traditionnelle, les outils de description des phrases qu’elle propose, repris par de nombreux linguistes, nous sont apparus dans l’ensemble assez adéquats pour nos analyses, même si nous avons dû croiser plusieurs approches théoriques. Nous discuterons, chaque fois que cela sera nécessaire, le plus souvent en notes de bas de pages, la terminologie employée et les éventuels débats qu’elle a pu, ici ou là, occasionner.
3Du point de vue de la méthodologie, comme nous l’avons vu dans l’introduction, travailler sur une langue sans écriture est délicat lorsqu’il s’agit de mettre en évidence une « grammaire de la phrase ». En effet, la notion de phrase est souvent liée à l’écriture qui la matérialise graphiquement. Cependant, on peut, au sein d’énoncés oraux, analyser des segments comme des phrases. Autrement dit, même si l’on sait que l’oral autorise des structurations spécifiques, avec des phénomènes de reprises et/ou d’hésitations qu’il convient de repérer comme tels, on considère que l’on peut en extraire des schémas de phrase. Néanmoins, et c’est la raison de notre corpus B (0-2.2.2), on a souvent eu recours à des élicitations ou à des demandes de confirmation, par rapport à la construction de certains verbes par exemple, pour nous assurer que certains énoncés constituaient bien des phrases.
4Le premier chapitre (X) de cette partie précisera les notions théoriques de phrases et d’énoncés en décrivant un certain nombre de types de phrases, selon leur type communicatif et selon qu’elles sont nominales ou non. Le deuxième chapitre (XI) se centrera sur les différents types de verbes à partir de la notion de « valence verbale ». On précisera en outre certaines expansions possibles du noyau verbal – spécialement via la fonction adverbiale – ainsi que certaines catégories linguistiques généralement reliées au verbe (temps, mode, voix, aspect). Le dernier chapitre (XII) tentera de poser quelques hypothèses fortes sur les phrases simples et les phrases complexes ainsi que sur leurs liens avec la fonction circonstancielle. Nous terminerons par un bref épilogue qui ouvrira sur un aperçu autour de la notion de « genre discursif » et les hypothèses que l’on peut poser sur les contraintes qu’il impose aux énoncés.
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Grammaire descriptive de la langue des signes française
Ce livre est cité par
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