Chapitre II
Décrire la lsf : approches, théories et concepts
p. 39-52
Texte intégral
1. Diversité des approches linguistiques des langues gestuelles
1Les études linguistiques sur les langues gestuelles sont assez récentes, et les chercheurs ont développé des méthodologies, des cadres théoriques et des concepts très divers, qui sont des choix de réponses différents à la question théorique fondamentale que pose l’étude des langues gestuelles aux linguistes. Cette question est celle de la spécificité des langues gestuelles par rapport aux langues vocales, spécialement la place que les chercheurs accordent à la spatialité et l’iconicité, deux éléments quasi absents1 des langues vocales. On reprendra ici sommairement deux grands types d’approches qui s’opposent. Les premières, que l’on a nommées « convergentes2 » font en quelque sorte abstraction des différences fondamentales entre langue gestuelle et langue vocale ; les secondes, que l’on a nommées « différentialistes », estiment que les langues gestuelles nécessitent une approche linguistique radicalement différente.
1.1. Recherches linguistiques « convergentes »
2On peut raisonnablement partir de l’idée qu’aucune recherche en sciences humaines n’est neutre, et que, même lorsqu’il s’agit de décrire des langues, opération que l’on pourrait croire d’une objectivité à toute épreuve, tous les possibles de la langue constituent des choix qui ne doivent rien au hasard, même s’ils s’opèrent parfois de façon quasi inconsciente. S’agissant de langues minorées – voire oubliées – l’enjeu est complexe : en les tirant vers la langue dominante, dans laquelle se fait la description, leur redonne-t-on un surcroît de légitimité ou au contraire les absorbe-t-on dans une forme de « grammaire coloniale » qui en masque le génie propre ?
3Les approches « convergentes » ont sans doute eu comme fondement de redonner aux langues gestuelles une légitimité ; de montrer que, contrairement à ce que l’on pouvait croire, les « gesticulations » des sourds n’étaient justement pas des gesticulations, non plus que du mime ou un vague code servant la communication quotidienne. L’enjeu était idéologique et sociologique, il fallait montrer qu’il s’agissait bien de langues, et que, partant, les individus qui les parlaient étaient des individus « comme les autres », des êtres humains doués de la faculté de langage et d’une parole. Dès lors, comment mieux en faire la démonstration qu’en disséquant ces idiomes avec les outils de la linguistique ?
4Il fallait alors peut-être, en premier lieu, rendre compte du niveau « phonologique » des langues gestuelles, afin de les faire accéder à la définition commune : « une langue est un système de communication doublement articulé3 ». En d’autres termes, il fallait démontrer que ces langues sont pourvues de deux types d’unités : les unités de sens (les morphèmes) et des unités plus petites dénuées de sens qui composent ces mots (les phonèmes, qui, concernant les langues vocales, sont des unités abstraites qui se concrétisent dans les sons de la langue). C’est Stokoe qui ouvrit la voie, suivi par bien d’autres aux différents coins de la planète4. Cette dimension phonologique des langues gestuelles, est, on s’en doute, fortement mise en cause par les recherches qualifiées ici de « différentialistes » que l’on présentera dans le point suivant.
5Au plan syntaxique, suite aux travaux qu’on nous permettra de qualifier d’« incontournables » – car pionniers dans bien des domaines – de Klima & Bellugi5, l’ensemble des chercheurs s’est intéressé à la dimension spatiale des langues gestuelles. Cependant, cette spatialité n’a pas forcément donné lieu, loin s’en faut, à des théorisations de l’iconicité. Elle a ainsi pu être appréhendée en quelque sorte comme une contrainte formelle liée à la substance gestuelle et sans grande incidence sur la théorie. Les phrases ont été, comme dans toutes langues, décrites comme un ensemble de signes supportant des variations morphologiques (flexions) et assumant des rôles syntaxiques (fonctions). Or, pour ne prendre qu’un exemple, il n’est pas certain que l’organisation des langues gestuelles soit une organisation strictement syntaxique. Elle relève semble-t-il davantage d’une organisation sémantico-syntaxique, que l’on décrira mieux avec certains outils des grammaires dites « casuelles », c’est-à-dire se fondant sur les rôles sémantiques (V-2), qu’avec ceux des grammaires structurales attachées par exemple à la question de la distribution des fonctions ; en termes de sujet et d’objet par exemple : s’agit-il de langues à structure svo, osv, sov, etc.6 ? On tente ici, comme on l’exposera dans la section suivante, de combiner ces deux types d’approches.
6Il ne s’agit pas de dire que ce type de recherches en syntaxe n’a aucune validité, bien au contraire : elles ont beaucoup apporté à la connaissance d’une grammaire gestuelle. Cependant, les termes utilisés pour en rendre compte ne sont pas neutres : ils visent à effacer l’ordonnancement iconique de l’espace et plaquent des concepts issus de la morpho-syntaxe des langues vocales sans les interroger a priori, alors même qu’ils avaient été forgés pour des langues linéaires et arbitraires.
1.2. Recherches linguistiques « différentialistes »
7Les recherches « différentialistes » sont représentées en France par le « modèle sémiologique » élaboré par Cuxac7. Cette théorie – que l’on nommerait plus volontiers « sémio-cognitiviste » –, n’accorde aucun crédit aux analyses phonologiques8 et cherche à rendre compte de l’organisation linguistique des langues gestuelles en forgeant des outils spécifiques propres à théoriser l’iconicité en s’attachant à la substance gestuelle des langues signées. C’est ainsi que Cuxac a pu forger les concepts de « visée iconicisatrice », de « signe standard » de « grande iconicité » et de « transfert » pour analyser les discours narratifs en lsf. Le vocabulaire utilisé, moins peut-être par Cuxac lui-même, que par ceux qui s’y réfèrent, emprunte alors souvent plus au théâtre, à la danse ou à la chorégraphie – on parle de « scène », de « rôle », de « décor », de « zoom », d’« image9 » – bien plus que de « morphème » ou de « phrase ». La notion de « transfert », centrale dans cette théorie, postule que la visée iconicisatrice produit des structures iconiques, tirées directement de l’expérience visuelle du locuteur. Ces structures sont décrites comme non discrètes, c’est-à-dire indécomposables en unités plus petites. Cette notion de « transfert » nous paraît très problématique, car, comme le montreront nos analyses, les « structures de transfert10 » constituent, selon nous, des phrases, des énoncés voire des pans de discours que l’on peut tout à fait segmenter pour en révéler les unités et leurs agencements.
8Là encore, il ne s’agit pas de remettre en cause les apports indéniables de ces analyses, elles ont beaucoup apporté à la connaissance d’une grammaire des textes gestuels, mais à trop vouloir différentialiser les langues gestuelles des autres langues ne risque-t-on pas au bout du compte d’obtenir l’effet inverse de celui escompté et en faire des objets éloignés de la linguistique ?
9On ne prétendra pas ici répondre à l’ensemble de ces questions épistémologiques, théoriques et fondamentalement sociologiques11, mais il nous paraissait utile de les proposer au lecteur en introduction à cette livraison plutôt que de lui fournir d’entrée de jeu nos analyses syntaxiques de la lsf qui les aurait fatalement éludées. On souhaite seulement ici tisser les ponts nécessaires entre langues gestuelles et langues vocales tout en tenant compte de leurs différences inaliénables. Les ponts sont sans doute à trouver dans l’ensemble des phénomènes langagiers en jeu dans toute communication humaine, les différences se construisant à partir des oppositions bien réelles vues plus haut : linéarité vs globalité, arbitrarité vs iconicité, temporalité vs spatialité.
10Dans cet ouvrage, nous considérons qu’il existe des éléments de double articulation des langues gestuelles, comme nous le verrons dans le chapitre consacré au lexique (III). Néanmoins, il nous apparaît que si certains outils de la linguistique – les concepts et outils d’analyse – sont parfaitement pertinents pour la description des langues gestuelles, il nous semble néanmoins que certaines spécificités doivent être prises en compte. Ainsi, nous nous situons dans une sorte de voie moyenne entre les deux positionnements théoriques opposés que l’on vient de décrire. C’est cette voie théorique moyenne que nous nommons « les dynamiques iconiques ». Elle n’exclut pas d’utiliser les apports de la linguistique générale, ni certains des outils développés pour la description des langues vocales – fût-ce avec quelques aménagements et quelques précisions quant aux définitions adoptées –, mais ne s’interdit pas d’en forger de nouveaux.
2. Ancrages théoriques et outils conceptuels
11Nous souhaitons, dans cette première partie, de façon assez générale, rendre clairs les choix qui nous ont guidée dans les analyses que nous menons dans les parties suivantes de l’ouvrage qui sont le lieu de nombreux choix terminologiques, et donc théoriques. La partie III est consacrée aux notions de catégories et de fonction, au groupe nominal et aux pronoms, et la partie IV aux verbes ainsi qu’aux structures de phrases simples et complexes.
12Ces deux parties visent à fournir au lecteur quelques éléments de descriptions qui s’inscrivent entièrement dans la théorie des dynamiques iconiques, dont on aura auparavant exposé les mécanismes fondamentaux, dans la deuxième partie. S’ancrant dans la notion de pertinence, classique en linguistique, les descriptions des phénomènes morphologiques et syntaxiques proposées sont essentiellement fondées sur un point de vue fonctionnel. L’enjeu est de voir comment les mécanismes syntaxiques de base sont à l’œuvre en lsf. Notre ouvrage, de fait, ne consacre aucun chapitre à la dimension « phonologique » de la lsf, tout au plus y est-il fait mention dans les analyses que l’on peut faire du lexique.
13Cependant, même sans descendre à ce bas niveau qu’est la « phonologie » des langues gestuelles, il y a, pour la description linguistique, selon nous, une nécessité première : celle de déglobaliser les énoncés.
2.1. Dé-globaliser la perception
14Il s’agit donc d’analyser la langue en prenant en compte ce qui est effectivement signé ainsi que la façon dont les éléments de la phrase ou du texte s’agencent et se composent, dans des dimensions souvent multilinéaires et simultanées. En effet, la gestualité, l’iconicité, la spatialité et la dimension corporelle des langues gestuelles autorisent, comme on l’a dit, des éléments de globalité.
15Ainsi, au niveau lexical, chaque signe se donne à voir globalement – une « image » de ce à quoi il réfère, diraient les tenants d’une approche globale et pour partie « dé-linguistisée » – alors même que l’on peut le décomposer en différents paramètres, comme on le verra en (III).
16De même, au niveau syntaxique, ce qui pourrait apparaître comme « un seul signe » peut comporter un certain nombre d’unités. Ainsi, entre autres exemples, Guitteny mentionne dans sa thèse « un signe dans lequel, simultanément, la main gauche prend la forme ‘main plate’ posée horizontalement (désignant un véhicule), la main droite prend la forme ‘index dressé’ (désignant un humain) et le visage prend une expression particulière ». Il explicite ce phénomène en précisant que « ce signe complexe signifie qu’un piéton s’approche d’un véhicule (selon les mouvements attribués aux mains) et qu’un autre personnage, un troisième actant, regarde la scène se dérouler12 ». La description de ce « signe », fût-il complexe, ainsi que sa traduction amènent nécessairement à le dé-globaliser. Il ne s’agit pas, en effet, « d’un signe » mais d’une structure phrastique complexe comprenant six unités (les deux formes de mains, le mouvement, le corps du signeur associé au regard et la mimique) qui s’énoncent quasi simultanément et qui agencent les éléments de manière à signifier « Un homme s’approche d’un véhicule, tandis qu’un autre le regarde avec circonspection ».
17En fait, dire que la lsf est une globalité c’est peut-être confondre perception et analyse. La perception n’est jamais l’analyse. Le rôle de l’analyse c’est précisément de découper la perception. Par exemple, pour tenter une comparaison avec les langues vocales, pour inventer l’écriture – et pouvoir par exemple écrire le mot « cela » –, il a fallu découper dans quelque chose qui se donnait comme du continu. Il a fallu segmenter la chaîne sonore et, pour ce faire, sortir de la perception auditive13, s’abstraire en quelque sorte de la matérialité sonore. En découpant la chaîne sonore c-e-l-a, l’unité perceptive globalisée [soela] s’est ainsi délitée en quatre unités distinctes14.
18C’est, nous semble-t-il, un peu la même chose avec les langues gestuelles, qui se donnent, au plan perceptif, comme des successions de globalités puisqu’elles incluent les trois dimensions de l’espace et la dimension temporelle. La combinatoire des langues gestuelles – que l’on qualifie souvent de quadridimensionnelles – repose donc sur la succession des unités certes, mais également sur la disposition dans l’espace de ces unités et sur la production simultanée d’éléments, rendue possible par l’utilisation des différentes parties du corps. Ce qui peut alors gêner, c’est que l’analyse procède d’une anti-perception15. Si l’on a pu découper dans la perception auditive, pour arriver à des descriptions phonologiques qui ont donné lieu à l’écriture, il me semble que l’on doit pouvoir découper dans la perception visuelle et dégager des unités de types phonologiques et morphologiques propres à la lsf.
19En effet, on peut déglobaliser les unités de sens qui font appel à une superposition d’unités, comme dans les exemples suivants.
[manger] | |
(1) | mvt rapide |
mmq ‘intensif’ | |
(2) | [travailler] |
répétition |
20Ces deux exemples se donnent à voir comme des « signes uniques », alors que, de façon différentielle, par rapport à l’exécution réalisée de façon neutre des signes [manger] ou [travailler], la traduction demandera d’ajouter des unités correspondant aux variations relevées dans le mouvement (1) et la mimique et la répétition (2), à savoir « manger vite », « travailler beaucoup ».
21On peut le dire autrement : dans ces deux exemples, le mouvement, d’une part et la mimique ainsi que la répétition d’autre part, sont pertinents ; ils ne relèvent pas d’un libre choix stylistique du locuteur, mais d’un sens inscrit dans la langue, qui se perçoit dans une logique différentielle.
2.2. Ancrer la démarche dans la notion de pertinence
22On l’aura compris, nous restons, dans nos propos, fidèle aux opérations de base de la linguistique cherchant les unités au moyen des procédés de substitution et de commutation [travailler] s’oppose à [travailler + mvt rapide], en ce sens que le mouvement apporte une signification supplémentaire. Les variations de sens, en lsf comme ailleurs, s’ancrent, de fait, dans des procédés différentiellement pertinents. Comme nous l’écrivions en 1997, la lsf, comme toute langue est « organisée linguistiquement autour du principe de discrimination pertinente16 ». La notion de pertinence est ici à prendre dans son sens le plus traditionnel, celui issu de la linguistique fonctionnelle. Sera donc considéré comme élément pertinent tout élément différentiel assurant la construction d’une différence de sens. Cette notion de pertinence ne préjuge en rien du niveau auquel elle s’exerce. Autrement dit, les éléments assurant la pertinence peuvent être des unités minimales dépourvues de sens (de type phonème) ou non (de type morphème). Ils peuvent être, dans les langues gestuelles, liés à la multidimensionnalité et la simultanéité. Par exemple, les expressions faciales, qui sont concomitantes à l’émission de signes manuels au sein d’un discours, sont pertinentes en ce qu’elles modifient le sens ou la modalité de la phrase. Ainsi, la même structure [maman] [gentil] pourra être, selon la mimique faciale, une affirmation ou une interrogation traduite selon le cas par « Maman est gentille » ou par « Maman est gentille ? » (VI). Cette pertinence intervient également au niveau de la spatialité, nous le verrons plus loin (V).
23On peut ainsi affirmer que l’iconicité et la spatialité se structurent dans la pertinence, puisque, d’une manière générale, dans les langues gestuelles, le corps et l’espace – ou plutôt les espaces, comme nous le verrons – sont investis linguistiquement. Avec les langues gestuelles, ce sont finalement toutes les facultés de langage liées au corps qui s’investissent dans la langue. Toute la gestualité, dont les dimensions fondamentales sont spatiales et iconiques, est absorbée, en quelque sorte, par la langue, dont les éléments se définissent par leur pertinence linguistique dans cette appréhension différentielle des phénomènes langagiers que nous avons mentionnée.
2.3. Une inscription dans la linguistique générale
24Si la partie II décrit des mécanismes linguistiques fondamentaux, les parties III et IV se veulent, sans abandonner les exigences de cohérence et de précision qui sont les nôtres, un outil de compréhension pratique de la syntaxe de la lsf accessible sans trop de difficultés à tous ceux qui s’intéressent à cette langue. On emprunte, pour atteindre cet objectif à différents courants de la linguistique générale.
2.3.1. Le fonctionnalisme
25Centré sur la notion de pertinence, le fonctionnalisme, représenté par Martinet, cherche à rendre compte des relations fonctionnelles entre les éléments. La démarche ne retient donc pas l’ensemble des éléments d’un énoncé mais retient ce qui fait sens dans la langue étudiée, c’est-à-dire ce qui sert la communication linguistique ; la langue étant, selon André Martinet, « un instrument de communication doublement articulé, auquel correspond une organisation particulière des données de l’expérience17 ». Il s’agit, comme dans tout structuralisme, de décrire la « langue » et non la « parole ».
2.3.2. Le structuralisme
26Les structuralismes s’attachent en effet, comme la dénomination de ces courants l’indique, à la description des structures de la langue ; le niveau de description est une abstraction par rapport à ce que les locuteurs prononcent (« la parole »). Certains structuralismes, tel le distributionnalisme, chercheront, pour atteindre peut-être ce qu’ils pensaient être une forme d’abstraction pure, à éliminer totalement la question du sens, ce qui nous paraît absolument impossible puisque c’est sur des questions de sens que se structurent les oppositions linguistiques permettant de décrire les langues. Il nous semble que le structuralisme, quel qu’il soit, se fonde encore aujourd’hui, sur l’opposition « langue »/« parole » proposée à l’origine de la linguistique contemporaine par Saussure, la langue étant, pour faire court, une entité abstraite, définie par ce qui est collectif et invariant, la parole étant du côté de l’individu, du concret et de la variation. Nous ne nions pas, bien sûr, les apports de Benveniste lorsqu’il propose une linguistique de l’énonciation, mais notre objet ici est tout de même assez structural dans le sens où l’on tente de décrire les fonctionnements internes au système de la langue ainsi que ses structures – en termes de possibilités combinatoires (comment les éléments peuvent se combiner) et de structures phrastiques (quels schémas de phrases sont présents dans la langue). Autrement dit, à partir d’énoncés (de phrases effectivement prononcées), il s’agit de décrire de façon plus abstraite, ce que la langue autorise ou non.
27Le structuralisme auquel nous nous référons le plus, est celui de Tesnière. Il nous fournit dans Les éléments de syntaxe structurale (1959 pour sa première édition), quelques emprunts théoriques et quelques concepts descriptifs généraux. L’approche de Tesnière, même ancienne, nous semble féconde et, aujourd’hui encore, assez innovante. Elle nous a paru intéressante dans la mesure où son approche structurale est globale et s’appuie sur des conceptualisations sémantiques. En effet, page 46 de son ouvrage, il affirme : « Le structural n’a de raison d’être que dans la sémantique », ce qui nous paraît bien convenir à la description de la lsf.
2.3.3. Le syncrétisme typologique
28Par ailleurs, nous nous sommes beaucoup appuyée, pour la description des notions et des structures, sur les deux tomes de la Syntaxe générale de Creissels (2006). Les recherches de Creissels sont éclairantes, dans la mesure où, à partir de l’étude de phénomènes observés sur un grand nombre de langues – souvent sans écriture –, il travaille à la fois sur la mise en relief d’universaux et les différenciations entre les structures syntaxiques mises en œuvre. Par ailleurs, sa démarche rigoureuse s’appuyant sur les fonctionnements d’un grand nombre de langues, permet de reprendre des notions qui paraissent évidentes, mais qui pourtant posent problème.
29Il s’agit pour nous, sans négliger les spécificités des langues gestuelles, de les inscrire dans le corpus linguistique des langues du monde, c’est-à-dire de les analyser avec les outils de la linguistique, sans renier leurs dimensions iconiques et spatiales. Si, dans la recherche internationale, cela se pratique couramment comme le montre l’ouvrage Sign Languages of the World18 (2015), l’exercice n’est pas courant en France. Cependant, nous n’avons pas souhaité pour nos descriptions nous ancrer dans une théorie syntaxique prédéfinie, mais plutôt emprunter des concepts à plusieurs linguistes dont les travaux s’inscrivent à notre sens dans ce que l’on peut nommer « linguistique générale ».
2.3.4. Les grammaires linguistiques de la langue française
30Néanmoins, nous n’avons pas non plus renoncé à nous appuyer sur des grammaires linguistiques du français. Il ne s’agit pas de comparer systématiquement ici la lsf et le français, mais de proposer quelques comparaisons avec la langue française qui nous paraissent éclairantes. En ce cas, nous nous appuierons essentiellement sur les descriptions proposées, dès 1994, par Riegel, Pellat & Rioul dans Grammaire méthodique du français. Dans cet ouvrage, les auteurs, sans rompre totalement avec la terminologie de la « grammaire traditionnelle » – ce qui permet au lecteur de ne pas être trop dérouté –, proposent, à notre sens, des approches descriptives linguistiques rigoureuses. L’ouvrage fait d’ailleurs encore actuellement référence comme en témoignent ses nombreuses rééditions, y compris en format de poche. Ces comparaisons inter-langues nous sont, pour l’appréhension de certains phénomènes, apparues utiles pour nourrir la compréhension de la distance entre les langues, partant de la langue connue (la langue française, dans laquelle aujourd’hui encore, les sourds, dans leur très grande majorité, sont scolarisés et alphabétisés en France tout comme les entendants) pour aller vers celle moins connue (la lsf). C’est par exemple d’ailleurs ce que font Johnston & Schembri, dans leur description de la langue des signes australienne, Australian Sign Language, parue en 2007.
31On ose espérer que les lecteurs comprendront cette sorte d’éclectisme, car s’il nous paraît important d’user des outils de la linguistique, on constate que tous ne sont pas nécessairement pertinents ou adéquats à la description des langues signées. Les réflexions de la linguistique et de la syntaxe générales nous aident, en ce sens qu’elles se concentrent sur des phénomènes généraux en s’appuyant sur des corpus de langues variées. Les réflexions à partir du français nous paraissent, quant à elles, favoriser la discussion autour des phénomènes propres à la lsf, dans le contexte bilingue français/lsf présent en France.
32Les lecteurs peu au fait des phénomènes syntaxiques trouveront, au fil du texte, des aperçus sommaires, sous forme de schémas, des différents constituants de base de la phrase et de leurs fonctionnements hiérarchiques, en particulier au chapitre VII.
2.4. Outils conceptuels pour la description
33Tout le corpus théorique que nous venons de citer nous a permis de définir le plus précisément possible les concepts que nous utilisons dans nos descriptions.
2.4.1. Outils issus de la linguistique générale
Catégories et fonctions
34Même les termes qui nous paraissent les plus courants et les plus évidents ne le sont pas nécessairement. C’est par exemple le cas des catégories : nom, verbe, adjectif, adverbe, etc. La question des catégories est assez complexe en lsf dans la mesure où elles ne sont pas marquées lexicalement. Par exemple, si « -er » en français est un suffixe qui marque une forme de verbe, il n’y a souvent pas de différence en lsf entre un nom et un verbe : le signe [travail] peut renvoyer, selon les contextes, à « travail » ou à « travailler » (VIII-1). Par ailleurs, les lecteurs francophones sont imprégnés des catégories que l’on utilise pour la description du français. Nous avons donc choisi de discuter, dans le chapitre VII, ces catégories, y compris leur dénomination, pour mettre en place un ensemble descriptif bien défini et adéquat à la description de la lsf. De la même manière, toujours dans le chapitre VII, nous nous penchons sur la question des fonctions (sujet, objet, complément indirect, etc.). Notre approche, liée à la sémantique, nous amène à proposer un ensemble de fonctions qui n’ont rien à voir avec les fonctions que l’on utilise pour décrire la langue française. Ce chapitre VII est donc assez technique mais nécessaire. Les chapitres suivants s’attachent quant à eux à décrire le fonctionnement précis de ces catégories et fonctions. Décrire les catégories et les fonctions propres à une langue est pour nous l’un des creusets fondamentaux de la grammaire d’une langue.
Phrase
35Tout aussi fondamentale est la description des types de phrases à laquelle est consacrée la partie IV. Là encore, il nous a été nécessaire de définir clairement ce que nous entendions par phrase, car les définitions sont loin d’être toutes identiques d’un auteur à l’autre, d’une théorie à l’autre. Il nous a également été nécessaire de rendre compte de différents types de phrases (passive, impersonnelle, etc.), de discuter de leur pertinence en lsf, et de voir quelles structures pouvaient les supporter. La compréhension des agencements phrastiques et des possibilités combinatoires est essentielle à la compréhension linguistique globale de la grammaire de la langue.
2.4.2. Nécessité de concepts spécifiques à l’étude des langues gestuelles
36Néanmoins, même si tous ces outils forgés pour décrire les langues vocales nous sont apparus pertinents dans les acceptions et les redéfinitions que l’on a pu en faire, il convient de souligner qu’ils ne sont pas suffisants et que la matérialité gestuelle, corporelle et spatiale des langues signées impose de forger des outils spécifiques. La recherche française et internationale sur les langues gestuelles s’est d’ores et déjà dotée d’un certain nombre de concepts tout à fait opératoires, et nous les utiliserons. C’est le cas par exemple des notions de « paramètres du signe », de « proforme », de « locus » que nous intégrons dans notre théorie des dynamiques iconiques.
3. Les dynamiques iconiques : un choix théorique fondamental
37Cet ouvrage ne se réclamant d’une approche ni « différentialiste » ni « convergente », mais « intermédiaire », il nous faut tenter de traiter linguistiquement l’iconicité tout en prenant en compte les apports de la linguistique générale. Ainsi, selon nous, la phrase en lsf ne donne pas à voir le sens, elle le traite, dans des dimensions iconiques – et spatiales –, même si, à l’évidence, la langue, puisqu’elle est visuelle, donne à voir quelque chose à l’interlocuteur. Ainsi, nous ne considérons pas que la traduction d’une phrase française en lsf consisterait simplement à rendre compte de l’image qu’elle produit ou suscite, mais que, comme toute opération de traduction, elle nécessite de se confronter à d’autres structures qui, dans ce cas, nécessitent d’intégrer des paramètres somme toute étrangers aux langues vocales. Il ne s’agit donc pas d’« agencer le décor », de « placer les personnages », d’utiliser une « caméra subjective » ou de « faire des zooms ». Il s’agit d’organiser, dans l’espace, de manière iconique, des éléments linguistiques, de façon tout à la fois conventionnalisée et systématisée. De même, dans l’explication des procédés mis en œuvre, qui est au cœur de notre objectif, il s’agit d’analyser les constituants des énoncés signés, de mettre en évidence les constructions iconiques et spatiales à l’œuvre, afin justement de mettre en évidence le système linguistique étudié.
38Dans cet ouvrage, nous adoptons une position de compréhension théorique de la lsf, qui se veut fonctionnelle : il s’agit de cerner ce qui fait sens dans l’agencement des unités de la langue et comment cela fait sens.
39Ainsi, nous parlerons de fonction adverbiale ou de fonction pronominale de tel ou tel élément dans la phrase sans préjuger de la nature des éléments présents. Par exemple, une forme de main spécifique peut acquérir des fonctionnalités de type phonémique, pronominal ou adjectival, c’est-à-dire se comporter comme un phonème, un pronom ou un adjectif dans une langue vocale possédant ces catégories syntaxiques, sans que l’on puisse préjuger nécessairement que les classes syntaxiques « pronom » ou « adjectif » ont a priori une existence en lsf19.
40Cet ouvrage centre ses analyses sur une théorie nouvelle dite des « dynamiques iconiques », qui, sans renoncer aux outils de la linguistique développés pour les langues vocales, prend en compte la contrainte qu’impose aux langues gestuelles l’iconicité. Les langues signées sont des objets linguistiques ni plus ni moins complexes que les autres langues, mais leur description étant récente, les théories linguistiques se cherchent sans doute encore un peu. On en trouve qui simplifient étrangement les phénomènes, tandis que d’autres semblent les complexifier à l’envi. On souhaite ici ne pas complexifier le réel, et si possible le rendre moins opaque et plus intelligible au plus grand nombre. Mais nous ne pouvons pas non plus le simplifier outrancièrement en renonçant à des outils de description dont l’appréhension n’est pas toujours facile pour les néophytes.
41En effet, les langues étant des objets complexes, la description nécessite de manier des concepts qui peuvent paraître, de prime abord, obscurs aux personnes n’ayant pas suivi une formation linguistique. On tentera de rendre le plus clairs possible les concepts utilisés, dont on ne saurait se passer.
42Nous avons intitulé la théorie développée ici théorie des « dynamiques iconiques », car l’iconicité nous paraît être l’élément central moteur de l’économie spécifique aux langues gestuelles. En effet, si l’économie des langues vocales repose sur le fait qu’une infinité de phrases et de mots peuvent être produits avec un nombre très restreint de petites unités – les « phonèmes » – ce que l’on nomme double articulation, l’économie des langues gestuelles repose, quant à elle, davantage sur les dynamiques de l’iconicité. Ces dynamiques iconiques permettent à des constituants fondamentaux des langues signées – spécialement le corps, les mains, le mouvement, l’espace – de changer de statut linguistique selon le niveau dans lequel on les utilise. Ainsi une forme de main peut-elle être assimilée, quand elle est présente au niveau strictement lexical de la lsf, à un « phonème ». Cependant, la même forme de main, quand elle joue un rôle dans la structure de la phrase, sera interprétée comme un « pronom » ou comme un « adjectif » suivant le contexte et la structure syntaxique dans laquelle on la rencontre.
43Cette théorie des dynamiques iconiques est explicitée pour chacun des éléments concernés tout au long de la deuxième partie de cet ouvrage intitulée « Mécanismes fondamentaux : les dynamiques iconiques ». Cette partie, très générale, n’est pas très segmentée, au contraire des deux autres, qui, plus techniques, ont demandé de nombreuses subdivisions.
44L’économie linguistique des langues gestuelles se réalise à la croisée de trois phénomènes : une interaction entre les éléments de type phonologique, l’espace et l’iconicité.
45Les unités minimales (de type phonologique) sont présentes en nombre limité dans les langues gestuelles (III-2). En effet, de même que la réalisation des phonèmes des langues vocales – sous la forme des sons produits effectivement – est contrainte par les organes phonatoires, la réalisation des formes de main, leur orientation, les mouvements et les emplacements des signes, qui constituent les unités de type phonologique des langues gestuelles, sont contraints par les possibilités des articulations corporelles. Leur nombre, même s’il est incontestablement plus élevé que celui des phonèmes dans les langues vocales, est donc nécessairement restreint. Par ailleurs, l’essence même de la gestualité fait que tous ces éléments de type phonologique se réalisent simultanément. C’est donc ensemble qu’ils seront perçus dans un signe lexical.
46Ensuite, la spatialité constitue l’un des éléments fondamentaux de l’expression gestuelle. Comme on l’a vu, de même que le langage est l’une des facultés spécifiques de l’être humain, la faculté d’imiter le réel avec son corps en est une autre. Le génie propre des langues gestuelles a consisté à systématiser dans des langues les procédés propres à toute gestualité humaine. La spatialité constitue l’un de ces éléments fondamentaux de la gestualité humaine qui devient un support fondamental de la structuration syntaxique des énoncés dans les langues gestuelles. Elle agit comme une dynamique corporelle qui fonde, de façon essentielle, la grammaire de la lsf (V).
47Enfin, l’iconicité permet d’articuler ces deux éléments dans une économie spécifique reliant les unités minimales et les dynamiques corporelles fondamentales. Ainsi, les dynamiques iconiques des langues signées, rendues possibles grâce aux dynamiques corporelles, sont de puissants moteurs d’économie des langues gestuelles. Nous envisagerons dans les chapitres suivants comment elles agissent aux plans lexical, morpho-syntaxique et discursif. Nous verrons ainsi comment et pourquoi les dynamiques iconiques sont des vecteurs essentiels à la cohérence linguistique et langagière ainsi qu’à la systématisation des procédés gestuels et spatiaux qui font que les langues signées sont bien des langues et non de simples gestes ou de simples enchaînements de séquences fondés sur une globalité visuelle indécomposable.
48Les principes fondamentaux que nous décrivons dans cette deuxième partie sont ceux de l’économie linguistique particulière aux langues gestuelles, dont on détaille, en particulier dans le chapitre IV, les dynamiques qui permettent d’articuler lexique et syntaxe, une articulation qui fonde la grammaire de la lsf.
Notes de bas de page
1 Concernant l’iconicité, sur la question des onomatopées, nous soulignons qu’il s’agit d’éléments assez marginaux et nous restons proche de la position saussurienne, lorsqu’il affirme « [qu’elles] ne sont jamais des éléments organiques d’un système linguistique » et que « leur origine symbolique est en partie contestable » (Saussure, 1972, p. 101-102).
2 Millet, 2002. Des remarques similaires ont été faites depuis par Vermeerbergen, 2006, qui parle de point de vue « assimilationniste » et de point de vue « différentialiste » (cité par Sallandre, 2014, p. 26).
3 La double articulation a été postulée tout à la fois par Benveniste, 1974a, et Martinet, 1974, comme une dimension essentielle qui sépare le « langage animal » du « langage humain ». Prouver que les langues signées étaient bien des langues, nécessitait dès lors de démontrer que, en dépit de leur iconicité, ces langues présentaient bien un « niveau phonologique ». Nous sommes d’ailleurs d’accord avec cette option théorique, même si, par le jeu des dynamiques iconiques, comme on le verra plus tard, les unités phonologiques peuvent acquérir d’autres statuts linguistiques au plan lexical comme au plan syntaxique (IV).
4 Stokoe, 1960. Dans le domaine de ce que l’on appelle traditionnellement « études phonologiques des langues signées », parmi les continuateurs de Stokoe, on peut citer entre autres : Battison pour l’American Sign Language (asl) aux États-Unis (Battison, 1978) ; Nève pour la langue des signes française belge (lsfb) (Nève, 1992, 1996), Bonucci, 1998, ou Boutora, 2007, pour la lsf en France, et Miller, 1997, pour la langue des signes québécoise (lsq).
5 Klima & Bellugi, 1979a.
6 Ainsi peut-on véritablement affirmer, comme l’analysent Neidle, Kegl, MacLaughlin, Bahan & Lee, 2001, que les positions spatiales liées aux flexions verbales sont des « préfixes sujets » et des « suffixes objets » ? Par ailleurs, les modèles de la grammaire générative dans lesquels s’inscrivent ces travaux ne nous paraissent pas les plus adéquats comme nous l’avons déjà souligné (Millet, 2006a).
7 Cuxac, 2000a. S’inscrivent notamment dans cette théorie les travaux de Sallandre, de Garcia et de Fusellier-Souza.
8 Cuxac, 2000b, p. 69, est on ne peut plus clair dans l’un de ses articles lorsqu’il écrit : « Je pense que l’hypothèse phonologique, qu’elle s’énonce en termes de phonème ou de trait distinctif est superfétatoire par rapport à un étiquetage “phonétique” articulo-perceptif, et constitue un artefact structural du chercheur » ; le plan phonologique disparaît ainsi au profit d’un unique plan morphémique.
9 Un très bon exemple de ce type de description est représenté par L’expression par la pensée visuelle, sous-titre de l’ouvrage proposé par Companys en 2003.
10 Dans ses premiers travaux, Cuxac parle de « structure de grande iconicité », les derniers développements utilisent plutôt le terme d’« unités de transfert », affirmant ainsi leur caractère indécomposable. Sallandre, 2014, p. 125, commente une telle structure, qui s’analyse en au moins six unités et qui est d’ailleurs traduite par « Le chat est surpris que la souris soit sur sa tête » en ces termes : « […] cette structure constitue une seule unité minimale de sens, avec une densité sémantique élevée de type simultané. »
11 Lire à ce sujet la thèse de Dalle-Nazébi, 2006, qui tente d’éclairer sous un angle sociologique la construction de la lsf comme objet scientifique.
12 Guitteny, 2006, p. 234.
13 Le travail du linguiste nous paraît être de décrire les langues à tous les niveaux y compris les plus bas. La question, plutôt psycholinguistique, du traitement perceptif ainsi que du traitement en amont de la production, n’est ni le sujet ici, ni de notre compétence. On signalera cependant que l’étude princeps de Klima & Bellugi, 1979b, ainsi que celle de Pettito & Marentette, 1991, sur l’acquisition de l’asl, semblent montrer que le bas niveau est traité par le récepteur d’une langue gestuelle.
14 Exemple inspiré de Harris, 1993.
15 Cette « anti-perception » peut en effet être mal perçue en ce sens qu’elle ébranle le mythe de la puissance des langues signées, telle qu’elle est par exemple magnifiée dans la pièce Les enfants du silence lorsque le personnage de Sarah – une femme sourde – déclare : « Mon langage est aussi valable que le vôtre, plus valable même parce que je peux vous communiquer en une image une idée plus élaborée que vous pouvez le faire en cinquante mots. » Cette perception d’unités globales indécomposables est d’ailleurs très présente chez les personnes sourdes n’ayant pas suivi de formation sur la lsf, comme nous avons pu le constater lors des très nombreuses formations linguistiques que nous avons conduites.
16 Millet, 1997, p. 12.
17 Selon les termes de Fuchs & Le Goffic, 1992, p. 24.
18 Bakken Jepsen, De Clerck, Lutalo-Kiingi & McGregor, 2015.
19 Les classes syntaxiques – ou catégories – ont été globalement assez peu discutées dans la littérature internationale. Pour la lsf, on peut citer Risler, 2007, qui s’y est intéressée via la fonction adjectivale et pour l’international, Schwager & Zeshan, 2008, dans une étude contrastive sur la dgs (langue des signes allemande) et la langue des signes pratiquée dans un village de Bali. Très souvent, soit les chercheurs n’y font aucune allusion, soit ils semblent considérer que cela va de soi, les opérations de traductions devenant dès lors des opérations de calques syntaxiques. Notre chapitre VII est entièrement consacré à ces questions.
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