Chapitre I
Contours de la lsf
p. 25-38
Texte intégral
1. À propos de quelques idées reçues sur la lsf
1À l’attention de ceux qui n’ont pas de connaissance particulière des langues gestuelles – que l’on appellera également, de manière indifférenciée, langues signées1 –, on commencera par revenir sur quelques idées reçues2 pour ensuite dresser, dans une discussion un peu plus technique, l’inventaire des différences essentielles entre les langues gestuelles et les langues vocales3, qui s’expliquent par les spécificités de la matérialité linguistique de ces deux types de langues : la gestualité d’une part, la vocalité d’autre part.
2Certes la lsf est de plus en plus présente dans l’espace social, certes elle a été reconnue comme langue en 2005 dans le cadre de la loi du 11 février 2005, dite Loi pour l’égalité des droits et des chances ; cependant, elle reste encore méconnue et des idées reçues circulent à son endroit, qu’il convient de démentir.
1.1. La langue des signes n’est pas une langue artificielle
3On croit souvent que la lsf est une construction, une sorte de langue artificielle, qui aurait été inventée par les entendants pour les sourds. On pouvait lire, par exemple, page 500 de La linguistique4 : « Ces langues ont été inventées par des hommes qui connaissaient déjà les langues orales et leur transcription écrite. » Très souvent d’ailleurs, dans les médias par exemple, le nom de l’abbé de L’Épée est avancé comme « créateur » de cette langue.
4Toutes ces affirmations sont fausses, les langues gestuelles n’ont été inventées par personne en particulier, elles sont nées du besoin de communication des sourds eux-mêmes. Dès lors qu’ils avaient des lieux pour se retrouver socialement et culturellement, une langue des signes commençait à se mettre en place. Ce qui a freiné l’évolution de ces langues, c’est essentiellement l’isolement social des sourds ; ce qui en a accéléré l’évolution, c’est leur rassemblement, lors par exemple, pour l’espace français, de la création d’écoles pour sourds au xviiie siècle.
5On possède d’ailleurs des témoignages anciens de l’existence de ces langues. Ainsi, c’est Saint Augustin qui parle, dans sa correspondance avec Saint Jérôme, d’une famille bourgeoise milanaise dans laquelle il y avait beaucoup de sourds. Il compare les gestes qui circulent dans cette famille aux mots d’une langue5 ; ou encore, c’est Montaigne qui, dans ses Essais, évoque de belle manière les conversations entre Sourds : « Nos muets disputent, argumentent et content des histoires par signes. J’en ai vu de si souples et formés à cela qu’à la vérité, il ne leur manque rien à la perfection de se savoir faire entendre6. »
6En fait, il se peut qu’il y ait confusion entre les langues gestuelles et les alphabets manuels (ou dactylologies), qui consistent à pouvoir épeler avec des formes manuelles les lettres de l’alphabet liées à l’écriture de la langue vocale environnante. S’il existe des alphabets bimanuels, celui utilisé en France est unimanuel : la forme d’une main unique, renvoie – souvent par imitation – à la lettre. Or, si les langues gestuelles sont bien naturelles, les alphabets manuels sont, quant à eux, effectivement l’invention de pédagogues qui avaient en charge l’éducation des sourds7. D’ailleurs, on lit parfois dans des manuels ou des ouvrages de sémiologie, que les langues gestuelles sont des systèmes seconds, c’est-à-dire chargés d’en représenter un autre, comme l’écriture, le braille, ou le morse peuvent représenter la langue française. En fait, la lsf, ou toute autre langue gestuelle, parce qu’elle est naturelle, n’est en aucun cas un système second. C’est la dactylologie qui est un système second : elle permet d’« écrire » gestuellement… le français ou toute autre langue. Par exemple, lorsque l’épidémie de sida s’est déclarée en France, il n’y avait aucun signe disponible, et la communauté sourde épelait le mot [s-i-d-a] ; depuis, bien évidemment, car le fait d’épeler est d’une part contraignant et d’autre part peu économique, un signe s’est imposé. En ce sens, la dactylologie ne fait pas partie intégrante de la lsf ; elle est une sorte de pont entre la lsf et la langue française (écrite).
7La dactylologie est utile dans la mesure où la lsf et le français sont des langues en contact et dans la mesure où sourds et entendants sont amenés à interagir. Elle permet, par exemple, d’épeler les noms propres peu fréquemment utilisés dans la communauté sourde8, mais aussi n’importe quel mot français dans le cas de communication sourd/entendant.
8Cette dactylologie permet aussi, lorsque les locuteurs de la lsf l’estiment nécessaire, d’emprunter à la langue française. Certains signes de la lsf sont directement issus de la dactylologie, il s’agit en général de mots courts dont la réalisation est si rapide que l’origine dactylologique peut ne pas être perçue. C’est le cas par exemple des signes [sûr] ou [gaz], où les voyelles sont totalement assimilées dans la dynamique du signe. Le signe [sûr] se réalise par le passage de [s] à [r], tandis que le signe [gaz] passe de [g] à [z], comme le montre l’illustration (1).
9Par ailleurs, liés au contact de langues, certains signes sont dits « initialisés ». Il s’agit de signes dont la forme des mains reprend la première lettre de l’alphabet du mot français ; ainsi, les signes [repos] et [vacances] se différencient par une forme de mains renvoyant respectivement aux formes de mains de l’alphabet [r] et [v]. Ces deux signes sont d’ailleurs une variation à partir de [sage] qui s’exécute de même façon, mais avec une configuration ‘main plate’.
10Ainsi, la lsf, comme toutes les autres langues gestuelles, est une langue en contact – au minimum avec la langue vocale environnante – et, à ce titre, elle fait des emprunts. Mais elle n’est en aucun cas, une langue artificielle, c’est-à-dire créée de toutes pièces, comme peuvent l’être le volapuk ou l’espéranto, inventées respectivement par Schleyer et Zamenof à la fin du xixe siècle. Elle est une langue naturelle née d’un besoin spécifique de communication lié à l’absence d’audition.
1.2. Il n’existe pas « une langue des signes universelle »
11On dit souvent la langue des signes, ou le « langage des sourds », ce qui laisse croire à son caractère général et universel. L’erreur est commune et bien ancrée. Mais les communautés de sourds sont comme toutes les communautés, elles s’inscrivent et évoluent dans un espace de relations sociales. Ces différentes communautés donnent ainsi naissance, de manière tout à la fois naturelle et culturelle, à des langues différentes. Dans les faits, il existe donc autant de ls que de communautés de Sourds9. En général, les langues gestuelles sont dénommées par rapport au territoire national où elles circulent (lsf pour langue des signes française ; asl pour American Sign Language, bsl pour British Sign Language, etc.). Cependant, comme c’est le cas pour les langues vocales, sous cette appellation commune, se cachent des variétés régionales. Ainsi, pour ce qui est de la France, il existe au sein de la lsf de nombreux régionalismes lexicaux10, comme le montrent les trois exemples suivants. La variante (2) de l’illustration semble être la plus fréquente, et si la variante (1) est connue de nombreux locuteurs, la variante (3) paraît être moins diffusée.
12La langue universelle est un rêve humain, qui naît et se nourrit, dans les civilisations judéo-chrétiennes, du mythe de Babel. Face aux langues vocales, sans aucun doute, les langues gestuelles offrent plus d’iconicité, c’est-à-dire qu’elles permettent que ce qu’on exprime ressemble à ce qui est exprimé (le signe ressemble à la réalité qu’il représente), contrairement à la vocalité qui est dite « arbitraire », c’est-à-dire ne permettant pas cette motivation du signe linguistique (le mot ne ressemble pas à la chose). De ce fait, on pourrait croire que les langues gestuelles sont transparentes – c’est-à-dire compréhensibles a priori et sans apprentissage –, et penser qu’elles incarnent ce rêve d’une langue universelle. Mais c’est, d’une part, oublier que, malgré d’évidentes bases communes à tous les humains, la gestualité est encodée culturellement, et que, d’autre part, comme toute langue, les langues gestuelles évoluent en fonction des contextes dans lesquels elles sont parlées11.
13Il existe une langue des signes internationale (lsi), qui fut, dans les années 1980, appelée gestuno, comme existent pour les langues vocales l’espéranto ou le volapuk, évoqués plus haut. Cette lsi est, de notre point de vue, une langue artificielle, c’est-à-dire qui n’est pas née d’interactions sociales quotidiennes et ordinaires entre des hommes, mais de la volonté d’un seul ou de quelques-uns, dans le but de favoriser la communication internationale. Or, une langue, qu’elle soit vocale ou gestuelle, qui n’appartient véritablement à personne, n’est pas non plus une véritable langue12. On notera cependant qu’aujourd’hui la lsi fonctionne plutôt comme une sorte de pidgin mélangeant le lexique de différentes langues signées, et que la demande de traduction en lsi dans les colloques internationaux est en croissance continue.
14À ce sujet, les spécialistes ne paraissent pas d’accord sur la question de l’intercompréhension entre les langues gestuelles ; certains pensent qu’il y a intercompréhension entre toutes les langues gestuelles, d’autres non13. Sans trancher sur cette question, on apportera deux réflexions au débat. D’une part, gestualité et iconicité imposant l’imitation du réel, les ressources, n’étant pas arbitraires, ne sont pas illimitées. Ainsi, pour exprimer les relations entre les divers éléments d’une phrase, l’iconicité impose certaines « structures gestuelles14 » : les structures syntaxiques paraissent donc très proches d’une langue des signes à l’autre. D’autre part, la perception du monde et la gestualité étant culturellement encodées et les sourds étant inclus dans cette perception culturalisée, le lexique varie considérablement d’une langue signée à l’autre.
15On peut donc supposer que deux langues signées très éloignées seront plus proches que deux langues vocales apparentées, ou, pour le dire autrement, il y aurait peut-être plus de proximité entre la lsf et la langue des signes chinoise qu’entre le français et l’italien. Lors d’un travail avec des sourds moldaves15, on a pu observer que le vocabulaire entre les deux langues des signes en présence n’était intercompréhensible que grâce à un circuit d’interprétation assez complexe et que la syntaxe des phrases courtes utilisées dans des dialogues quotidiens n’était pas, loin s’en faut, transparente. Cependant, lorsque nous avons travaillé sur des structures narratives, les convergences syntaxiques étaient flagrantes, les procédés de la « narration gestuelle » étant sans doute relativement bien partagés, puisqu’on les retrouve aussi chez les entendants16.
16Ceci étant, malgré des aspects indéniables de procédés gestuels communs à l’espèce humaine, la lsf n’est pas du mime, comme on l’a supposé bien trop longtemps.
1.3. La LSF n’est pas du mime
17Très longtemps, en effet, on a refusé le statut de langue aux langues gestuelles. On les a dénommées « mimique », « gestes », « langage », mettant en doute, au bout du compte, leur caractère linguistique, c’est-à-dire leur caractère de système constitué. Cette communication entre sourds ne pouvait être que du mime : une forme concrète, non symbolique et transparente d’expression. Elle serait ce que Oléron appelait « un langage d’action », et dont il disait que l’« on ne peut oublier que le caractère concret [des signes] ne se prête pas à la même mobilité et à la même indépendance à l’égard des caractéristiques perçues que ne le permet la langue orale17 ».
18Le mime est un moyen de communication, sans doute puissant, mais ce n’est pas l’instrument d’une communication de type linguistique. Il peut, dans le cas d’une communication entre personnes (entendantes) ne partageant aucune langue en commun, s’y substituer, mais il ne sera alors qu’une expression gestuelle globale, inventée pour établir la communication, dans une situation unique. L’expression gestuelle restera la création d’un individu unique, dans un registre non verbal. En effet, le mime raconte quelque chose en imitant le réel d’une façon tout à la fois individuelle et compréhensible par tous. Ainsi, le mime n’est pas le résultat d’une convention entre individus, mais manifeste l’expression d’un individu particulier, avec des visées artistiques dans certains spectacles. Or, pour qu’il y ait langue (ou variété de langue), il faut qu’il y ait un accord socialement construit, une forme de convention, qui fixe les significations et les règles d’agencement. Par ailleurs, le mime montre mais ne dit pas18, par exemple si quelqu’un veut mimer l’idée de « marcher », il peut se mettre à marcher de long en large, et l’on comprend bien qu’un tel procédé ne saurait intégrer un système linguistique : il est trop coûteux. La lsf recourt, pour exprimer le concept de /marcher-pour un humain/ à une figuration synthétique de jambes en action que les doigts imitent.
19Le mime implique donc la transparence absolue : être compris de tous, sans apprentissage, c’est sa vocation. Il se propose de montrer le monde, sans ambiguïté, sans structures spécifiques et sans grande possibilité de modalisation, c’est-à-dire sans grande possibilité d’exprimer un jugement subjectif en tant que mime sur ce qui est mimé.
20En effet, comme le remarque justement Sallandre19, dans le cas du mime, l’utilisation du corps est entière : tous les articulateurs sont investis ensemble dans l’action de mimer, alors qu’en lsf les articulateurs sont segmentés. De fait, comme on le voit dans l’exemple de [marcher], il s’agit profondément d’un processus de « linguistisation » des voies de la gestualité. Précisons que, lorsque les entendants, via une gestualité manuelle, « inventent », sans même l’avoir appris, un signe de la lsf, ils ne sont pas dans le mime, mais dans une figuration, dans une expression langagière, qui passe par une autre voie (voix) que celle de la langue vocale qu’ils utilisent, dans une expression non conventionnelle, mais qui emprunte des voies langagières universelles. Il se trouve que ces voies gestuelles se sont conventionnalisées dans les langues gestuelles.
21Malgré cette gestualité commune aux Sourds et aux entendants, l’iconicité des langues signées ne veut pas dire la transparence, la meilleure preuve en est dans l’expérience que l’on peut faire de l’apprentissage d’une langue gestuelle, où l’on éprouve maintes difficultés de compréhension et d’expression, comme dans tout apprentissage linguistique.
22On peut maintenant relier la question de l’universalité et celle du mime. En effet, comme on l’a dit, il se peut que l’on pense qu’il existe une langue signée universelle à cause de son iconicité. Mais il faut garder à l’esprit que dans le choix du trait iconique que l’on retiendra pour créer un signe, il y a nécessairement une part d’arbitraire. Ainsi, même les systèmes de numération ne sont pas identiques dans les différentes langues gestuelles et sont vraisemblablement influencés par la gestualité non verbale – à savoir non strictement linguistique – des entendants environnants. On sait par exemple que dans certains contextes culturels, ce sont les doigts fermés qui sont à prendre en considération et non les doigts levés, et que les doigts levés ne sont pas les mêmes d’un environnement culturel à l’autre comme le montrent les trois exemples de l’illustration ci-dessous exprimant le chiffre 3, en France, aux États-Unis et au Japon, les deux premiers représentant d’ailleurs également le chiffre 3 respectivement en lsf et en asl.
23De même, le choix du trait iconique retenu, c’est-à-dire de l’élément choisi dans le réel pour forger le signe, ne sera pas identique selon la communauté de sourds. Ainsi [chien] sera-t-il signé en prenant comme appui iconique pour la formation du signe soit la queue (lsf), soit la façon dont on appelle le chien (asl), soit la posture prototypique du chien (bsl).
1.4. La lsf n’est pas une « langue pauvre »
24La question de l’éducation des sourds – et spécialement la question de l’accès précoce pour le jeune enfant sourd à une langue gestuelle – étant très controversée depuis plus de quatre siècles, l’argument de la « pauvreté » de la langue a souvent été avancé20. Son vocabulaire serait pauvre, sa grammaire serait pauvre, voire inexistante : le présent ouvrage convaincra à l’évidence du contraire. Mais disons quelques mots tout de même de cette dernière idée reçue encore relativement répandue.
25En premier lieu, soulignons que, du point de vue linguistique, il n’y a pas de langue pauvre ou de langue riche : les langues sont ce que les locuteurs en font, elles répondent à leurs besoins de communication. Ainsi, la question du nombre de mots dans les langues est un pur fantasme. Toutes les langues ont des caractéristiques internes qui permettent la création de tout le vocabulaire nécessaire aux locuteurs, la lsf bien évidemment aussi.
26Cela étant, si, linguistiquement, le potentiel de création lexicale est là, sociolinguistiquement, on ne peut pas nier que, durant le siècle où elle a été interdite après le congrès de Milan de 1880, la lsf n’a pas pu évoluer normalement. Lorsqu’elle a été « redécouverte » – dans les années 1970 – elle souffrait effectivement d’un déficit de vocabulaire, mais qui n’était pas dû à la langue elle-même, mais à la relégation culturelle et sociale à laquelle la société avait condamné les sourds21. Au fur et à mesure que les Sourds atteindront de hauts niveaux de scolarisation et de spécialisation, le vocabulaire nécessaire sera créé.
27En second lieu, le caractère « pauvre » de la langue peut manifester une forme de logocentrisme qui consiste à essayer de retrouver terme à terme les éléments de sa propre langue dans une autre langue et de conclure à la pauvreté ou à l’a-grammaticalité dès lors que l’on ne les retrouve pas22. De plus, d’une manière générale, les langues minorées ou les variétés non standard, sont réputées sans grammaire et pour la lsf, il existe un a priori supplémentaire, et encore plus profond, à savoir l’organisation nécessairement linéaire de la grammaire : la grammaire c’est l’ordonnancement des mots sur une ligne temporelle. Or, il faut comprendre que si la dimension temporelle n’est pas exclue des langues gestuelles – on ne peut pas parler sans que le temps intervienne – les langues gestuelles sont fondamentalement des langues spatiales, dont la spatialité est multidimensionnelle. Cette multidimensionnalité fait partie intégrante de l’économie linguistique. Ainsi, avec la lsf, comme avec d’autres langues, mais peut-être encore plus, il faut sortir de ses habitudes syntaxiques, et trouver, sans jugement de valeur, de nouvelles organisations linguistiques qui permettent de transmettre un sens, qui, lui, reste sensiblement identique – et à ce titre, entièrement traduisible avec, bien évidemment, quelques différenciations.
28En troisième lieu, le fait que la lsf n’ait pas d’écriture – et soit donc, de ce point de vue, une langue à tradition orale – autorise parfois certains à douter de son caractère de langue. C’est, d’une part, confondre langue et écriture et, d’autre part, mal connaître l’état des langues dans le monde. Un très grand nombre de langues n’ont pas d’écriture parce que l’écriture n’est pas définitoire de la langue. En effet, l’écriture, même si elle permet, au terme d’une lente acculturation, d’autres formes de communication et d’organisations discursives n’est qu’un système second : un outil pour transcrire les sons de la langue23.
2. Contours sémiotiques de la lsf
29La lsf n’est ni du mime, ni une écriture, ni du dessin, ni une chorégraphie24, ni du cinéma – même si, souvent, pour la décrire, on utilise des métaphores issues de ces sphères essentiellement artistiques. Elle est une langue, et, comme toute langue, elle se trouve entourée d’autres outils et moyens de communication. On peut construire un tableau qui nous permet de visualiser l’espace de la lsf au sein de son environnement sémiotique, c’est-à-dire au sein de tous les autres systèmes et moyens de communication présents autour d’elle. D’un côté nous trouvons le mime, qui est une gestualité non linguistique et de l’autre la dactylologie, qui est, comme on l’a vu, un alphabet manuel. Le premier est un outil du « montrer », la seconde un outil de l’« écrire » – écrire la langue française en l’occurrence, et non la lsf.
30Néanmoins, les frontières avec ces deux autres outils sémiotiques qui entourent la lsf ne sont pas totalement étanches : d’une part, la dactylologie permet des emprunts à la langue française et, d’autre part, il existe des procédés communs au mime et à la lsf. Par ailleurs, la lsf peut également mettre en œuvre des procédés qui peuvent rappeler le dessin ou l’écriture, c’est le cas, par exemple, pour le signe [question] qui consiste à tracer un point d’interrogation dans l’espace avec son index, ou pour le signe [annuler] qui y trace une croix. Par ailleurs, la lsf est également reliée à la gestualité conventionnelle entendante : par exemple, les chiffres sont rendus avec les mains de même manière que le ferait un Français entendant25. De même, les signes [boire], [manger], [dormir] sont partagés avec la plupart des entendants de culture française, les éléments de la gestualité entendante référant à ces concepts étant les mêmes.
31La lsf n’est donc pas un ovni communicatif enclos dans une bulle, elle s’inscrit dans un environnement sémiotique que la synthèse graphique (1) résume.
32Il convient d’expliciter les relations entre mime et lsf, dont nous avons spécifié plus haut les différences (1.3), ainsi qu’entre lsf et gestualité entendante. Concernant le mime, on remarque que certaines structures narratives systématisées en lsf – et dans bien des langues gestuelles – s’apparentent aux procédés corporels et spatiaux utilisés par le mime, notamment dans ce que l’on nomme en général « pantomime », où il s’agit justement de raconter une histoire en incarnant un personnage. Néanmoins, et c’est toute la différence, la pantomime implique un acteur global, tandis que la narration en lsf implique l’utilisation conventionnelle de divers articulateurs corporels ainsi que d’un espace dédié. Quant au fait que certains signes sont, en lsf, les mêmes que ceux que l’on trouve dans la gestualité entendante commune aux Français, cette convergence est sans doute due à un espace socio-culturel partagé.
3. Langues gestuelles et langues vocales : des différences essentielles
33Le corps est, pour l’homme, un moyen d’expression puissant. Les entendants l’utilisent, à des degrés divers selon les cultures, en relation avec la langue, mettant ainsi en jeu, à travers deux modalités – gestuelle et vocale – leur faculté de langage26. Si certains animaux développent des formes de communication, elles n’atteignent jamais l’efficacité, la précision et l’économie des ressources langagières humaines, qui incluent des ressources linguistiques – ou verbales – et des ressources non verbales – ou non linguistiques.
34Si l’on observe les utilisations du corps par les entendants et par les sourds, on remarque d’ailleurs ce que l’on a appelé « des matrices communes27 ». Ainsi, nous pouvons dire que les langues gestuelles systématisent des procédés qui sont très largement partagés : utilisation de la latéralité liée à l’axe sagittal, de la possibilité de décrire des objets dans l’espace, de la possibilité de pointer, de la possibilité d’imiter le réel avec ses mains ou avec son corps. L’étude des « proto-langues des signes » – c’est-à-dire les langues signées inventées dans certains pays par des sourds non scolarisés, isolés dans des villages – en apporte une preuve supplémentaire puisque ce sont ces mêmes procédés, appelés « primitives », qui sont à l’œuvre dans leur création28. Aussi, dire que si toute l’humanité était sourde, toutes les langues seraient gestuelles, ne relève pas de la linguistique fiction, mais d’une simple remarque de bon sens29.
35Les sources de la communication humaine sont donc transversales et les spécificités des langues gestuelles par rapport aux langues vocales découlent toutes du choix du canal, défini par le choix des moyens sensoriels permettant de mettre en relation l’émetteur d’un message avec son récepteur. La synthèse graphique (2) met en relief ces différences essentielles entre les deux types de systèmes linguistiques ; les flèches verticales indiquent que tous les choix pertinents sont impliqués par le canal utilisé. Comme il s’agit des systèmes linguistiques et non des facultés langagières mises en œuvre dans la parole des locuteurs, on n’envisage pas ici la façon dont les sourds (et éventuellement les entendants) peuvent utiliser leur voix dans la production linguistique gestuelle, ni la façon dont les entendants (et éventuellement les sourds) peuvent utiliser leur corps et la gestualité dans les productions linguistiques en langue vocale.
Synthèse graphique 2. Différences essentielles entre langues vocales et langues gestuelles.
Langues gestuelles | Langues vocales |
canal Visuo-corporel : au tout début des recherches sur les langues signées, on parlait de canal « visuo-manuel », mais l’avancée des recherches ayant montré que tout le corps participait de la grammaire, on parle plus volontiers aujourd’hui de canal « visuo-corporel ». ⇩ | canal Audio-vocal : voix et oreille relient les interlocueurs, mais relient aussi chaque locuteur à lui-même, dans le sens où un locuteur s’entend parlera. ⇩ |
Globalité : le sens de la vue étant syncrétique – l’œil peut percevoir plusieurs choses en même temps – et les expressions liées aux différentes parties du corps étant dissociées et simultanées – les mains agissent indépendamment de la tête et des épaules par exemple – le message d’une langue gestuelle tire parti de ces possibilités et est volontiers global ou « multilinéaire ». Les différentes parties du corps donnent des informations complémentaires, dans une forme de simultanéité des informations délivrées dans le messageb. ⇩ | Linéarité : le sens de l’ouïe est un sens beaucoup plus analytique que la vue ; certes, on peut percevoir plusieurs sons (ou bruits) en même temps, mais les messages se brouillent vite les uns les autres, par ailleurs la voix ne peut émettre qu’un seul son à la fois. Le message d’une langue vocale est donc une chaîne sonore linéairec. ⇩ |
Iconicité : comme on l’a dit, l’être humain peut imiter le réel avec son corps, cette faculté fonde l’essence iconique des ls. N’importe quel être humain, de n’importe quelle culture, s’il veut exprimer corporellement l’idée de /rire/ va s’appuyer sur son expérience visuelle et trouver un geste imitatif d’une bouche riant – il y a fort à parier qu’aucun d’eux ne se grattera la tête pour transmettre ce concept ! ⇩ | Arbitrarité : contrairement au corps, la voix ne peut pas imiter grand-chose à part les sons (ce qui explique que les seuls signes linguistiques iconiques des langues vocales soient justement les onomatopées). Les langues vocales sont donc, dans leur essence, arbitraires. ⇩ |
Spatialité : le corps se déployant dans l’espace, les langues signées s’inscrivent dans cette spatialité corporelle et font de l’espace une des ressources les plus importantes des procédés syntaxiquesd. Bien évidemment les messages émis sont également inscrits dans le temps, c’est ce qui fait que beaucoup qualifient les langues signées de langues quadri-dimensionnelles (les trois dimensions spatiales plus la dimension temporelle). | Temporalité : le message des langues vocales est contraint par la linéarité du canal, il est purement temporel (un son, puis un autre, puis un autre). La part linguistique du message est donc inscrite presque exclusivement dans la temporalité. |
a. Ce que l’on appelle le feed-back. On notera, bien que cela n’ait pas, à notre connaissance, fait l’objet de recherches particulières, que le feed-back de la gestualité n’est pas du tout le même que celui de la vocalité. b. Voir, entre autres, Vermeerbergen, Leeson & Crasborn, 2007. c. Il est vrai cependant que les éléments supra-segmentaux, comme l’intonation, ou les tons pour les langues à tons, introduisent une part de globalité. d. Certains (Cuxac, 2001) considèrent que ce déploiement spatial est une figuration des « espaces mentaux » (Fauconnier, 1984). Les grammaires dites « cognitives » vont dans le même sens (Desclé, 1990 ; Langacker, 2000) et sous-tendent les travaux sur la lsf de Risler (2000, 2002). |
Notes de bas de page
1 Il y a parfois quelques débats sur les connotations plus ou moins négatives de ces dénominations. Il nous semble que les deux sont employées par les chercheurs sans connotation particulière, y compris dans leur forme abrégée lg ou ls. Selon nous, la meilleure appellation serait « langue visuo-corporelle », mais nous nous en tenons ici, globalement, à la tradition.
2 La revue Langages, no 56, 1979, est l’une des premières publications scientifiques en France à s’être attaquée à ces idées reçues.
3 On préfère ici le concept de « langue vocale » à celui de « langue orale », réservant le terme « oral » à la dimension anthropologique de l’interaction en face-à-face (« l’oralité ») qui l’oppose à une interaction écrite (« la scripturalité ») (Goody, 1979 ; Millet, 1992).
4 Notons à la décharge des auteurs (François, 1980), qu’à cette époque, en France, la recherche sur la lsf était pratiquement inexistante.
5 Cité dans Moody, 1983, p. 18.
6 Montaigne, 1965, livre II, chap. 12.
7 On attribue en général l’invention de l’alphabet manuel à un bénédictin, Pedro Ponce de Léon, mais on n’en a pas de traces. L’alphabet de Bonet est lui mieux connu. En fait, un autre moine, franciscain, en avait déjà inventé un pour permettre aux personnes privées de parole de se confesser : il s’agit de Melchor Yebra (1524-1586). Comme Yebra et Léon étaient très liés à la cour d’Espagne, Léon s’est vraisemblablement servi de l’alphabet de Yebra, publié en 1593. On pense que l’alphabet manuel de Bonet, publié en 1620, s’est inspiré des deux autres. Les deux alphabets ne présentent d’ailleurs que très peu de différences et assez peu de différences également avec l’alphabet manuel actuellement utilisé en France, puisque c’est l’alphabet de Bonet qui fut importé en France au xviiie siècle (Bernard, 1999). On trouve très facilement sur Internet l’alphabet actuel de la lsf, par exemple sur <https://rocbo.lautre.net/orthog/langage_manuel_lsf.html>.
8 Les personnes ou personnages célèbres reçoivent des noms en signe et tous les entendants fréquentant la communauté des sourds à divers titres et degrés reçoivent également un nom signé. Ce nom est en général forgé sur une caractéristique physique ou morale de la personne. Quant aux noms de lieux, ils reçoivent aussi un signe, mais si les signes concernant les grandes villes de France sont bien diffusés, ceux des communes avoisinantes le sont moins (III-7.5).
9 Woodward, 1982, a proposé de distinguer entre sourd – référant à la dimension physiologique de la surdité – et Sourd – référant à sa dimension culturelle. Bien que cette distinction pose question, comme nous l’avons débattu ailleurs (Millet & Mugnier, 2016), on ne l’applique pas dans cet ouvrage de façon systématique.
10 Entre 1880 et 1970, pendant les années d’interdiction qui ont frappé les ls en Europe, les langues se sont fortement dialectalisées. Cette dialectalisation a été observée en France, où, d’un institut de jeunes sourds à l’autre – les injs étant les seuls lieux de scolarisation des sourds jusqu’en 1975 – les signes étaient très variables. En effet, du fait de l’interdiction, la transmission était difficile au sein même d’un institut, et donc, a fortiori, d’un institut à l’autre.
11 Nous admettons que les langues gestuelles sont « parlées », de même que nous admettons qu’elles ont des « locuteurs ». Ceci tient à notre position que les langues gestuelles sont des langues tout à la fois différentes et semblables – comme toutes les langues. C’est pourquoi aussi le terme de « signeur », pour « locuteur », que nous n’employons que très rarement, nous paraît très réducteur. Par ailleurs, « parler » s’oppose pour nous, dans le champ de la surdité à « vocaliser ». Certains sourds vocalisent la langue française, mais ne la parlent pas, dans la mesure où elle ne fait pas sens pour eux ; d’autres la parlent, au sens où ils s’y investissent comme sujets parlants, quelle que soit la façon dont ils la vocalisent. Les locuteurs de la lsf s’y investissent comme sujets parlants et c’est en ce sens qu’ils la parlent. Sur ces débats et la notion de « sujet parlant », voir Bouvet, 1982 ; Denis-Vanoye, 1994 ; Meynard, 1995.
12 Voir à ce sujet les explications de Lacan (Arrivé, 1986).
13 Khayech, 2014, p. 58-70, discute ce point, sans véritablement conclure, mais en notant par d’ailleurs (p. 154-159), que nombre de sourds tunisiens ne comprennent pas les interprètes à la télévision. Les nombreuses recherches contrastives menées ces dernières années, entre autres Zeshan, 2006 et 2008, permettront sans doute de mieux répondre à ces questions de variétés et d’intercompréhension.
14 Des travaux d’étudiants menés dans le cadre du master Langage et surdité de l’université de Grenoble durant les années 2005-2010 montrent bien que les ressources gestuelles mises en œuvre par les entendants sont les mêmes que celles systématisées dans les langues signées. Ainsi, pour exprimer avec leur corps une phrase comme « Le poisson est dans l’aquarium », bon nombre d’entendants retrouvent la structure gestuelle et spatiale systématisée en lsf. De même, pour « inventer » un lexique gestuel, les étudiants entendants recourent aux mêmes procédés que ceux systématisés en lsf ( Bouvet, 1997 ; Colletta & Millet, 1998).
15 Dans le cadre d’un programme de Pédiatres sans frontières dirigé par Éliane Barrero.
16 McNeill, 1992 ; Kendon, 2004.
17 P. Oléron est un psychologue de grand renom qui s’est beaucoup intéressé aux sourds, dans une optique piagétienne, dans le cadre de ses travaux sur le langage et la pensée (Oléron, 1972). Il pensait qu’en observant les sourds, il arriverait à démêler ce qui relève de l’évolution du langage de ce qui relève d’un cheminement propre à l’évolution de la pensée. Il nous semble cependant que sa conception même de la lsf – comme ne relevant pas du « langage » – pose problème quant à la validité de ses résultats, qu’on ne discutera pas ici.
18 La formule fait ici référence à la théorie de Cuxac, 2000a, qui considère que les langues gestuelles sont des langues qui disent et qui montrent, s’appuyant en cela sur la distinction célèbre posée par Frege et reprise par Wittgenstein. Cependant, il nous semble que cette opposition philosophique entre « dire » et « montrer » garde sa pertinence dans les langues gestuelles. En effet, du fait de la corporéité, la substance même des langues gestuelles est une substance qui montre. N’importe quel signe s’appréhende dans l’espace de signation comme un signe dont la matérialité est moins fugace que n’importe quel signe de substance sonore, fût-il iconique. L’aspect de « monstration » est un aspect que l’on peut déduire de la réception, mais si l’on s’en tient à un aspect de production, il n’y a, à mon sens, aucune différence de substance et de dynamique d’expression entre les deux types de structures postulées par Cuxac, celles « qui disent sans monter » et celles qui « disent et qui montrent » (Millet, 2002, p. 33).
19 Sallandre, 2014, p. 31.
20 Ainsi, il y a une vingtaine d’années, un enseignant accueillant des enfants sourds dans sa classe pouvait-il dire : « Il y a une certaine infirmité de la langue des signes et une infirmité lexicale d’abord, il y a 6 000 signes et le français d’un… le vocabulaire d’un professeur de lycée c’est à peu près 60 000 mots et puis il y a des infirmités, je dirais grammaticales, par exemple, il n’y a pas de forme passive […] » (Michel, 1994). De même récemment, en 2013, un parent d’enfant sourd s’exprimait en substance en ces termes « […] la langue des signes, c’est pas précis, on peut pas différencier “camion-benne, camion-citerne”, etc. » – bien sûr qu’on le peut, mais il s’agit là de représentations servant la dévalorisation de la lsf. Sur ces questions de dévalorisation voir, entre autres, Millet, 1990 ; Millet & Mugnier, 2011 ; Millet & Estève, 2012.
21 Voir, entre autres, Lane, 1996, 2002.
22 H. Markowicz, qui avec B. Mottez est à l’origine de la sortie de l’ombre de la lsf (Langages, 1979), ironisait déjà sur ce thème. Des phrases comme « How old are you? » traduit par « Comment âgé es-tu ? » ou « What is your name? » par « Quoi est ton nom ? » paraissaient effectivement bien a-grammaticales !
23 De ce point de vue, nous restons très saussurienne, même si nous ne nions pas que la tradition écrite a pu engendrer différents rapports entre oral et écrit selon les cultures (Millet, 1992). En effet, comme le dit Saussure, l’écriture, au moins dans son invention, est un outil de représentation de la langue : « langue et écriture sont deux systèmes de signes distincts ; l’unique raison d’être du second est de représenter le premier » (Saussure, 1972, p. 45), même si cette invention technique a autorisé d’autres modes de penser créant ainsi un nouvel espace culturel (voir Goody, 1979).
24 J. Lang, alors ministre de la Culture, déclarait, dans une conférence de presse, le 13 février 2002 : « Oui, cette langue gestuelle a une dimension esthétique, elle a une beauté plastique, chorégraphique indéniable. »
25 Bien que, comme l’a exposé Y. Delaporte, les Sourds de l’Institut de Cognin (près de Chambéry), durant l’interdiction de la lsf, avaient inventé un système de numération totalement arbitraire (Delaporte, 2000).
26 Actuellement beaucoup de chercheurs, dont nous faisons partie, travaillent à partir de l’hypothèse de McNeill, 1992, qui précise que : « […] les gestes sont une partie intégrante du langage, aussi bien que les mots ou les phrases – les gestes et la langue sont un seul et unique système ». Ainsi, on considère que la gestualité participe pleinement de l’expression humaine langagière dans son ensemble.
27 Colletta & Millet, 1998.
28 Ce que l’on nomme « proto-langues » sont des langues inventées par des locuteurs sourds isolés et non scolarisés dans des campagnes reculées de pays en voie de développement. Ces proto-langues possèdent des caractéristiques formelles que l’on retrouve dans les langues signées. À ce sujet, voir les travaux de Fusellier-Souza, 1999 ; Boutet, Sallandre & Fusellier-Souza, 2010.
29 Le fait que l’humanité, à très large majorité entendante, ait sélectionné le canal audio-vocal plutôt que le canal visuo-gestuel tient sans doute à des questions d’efficacité : la portée de la voix, la possibilité de communiquer sans se voir, etc.
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