Annexe 1
p. 335-340
Texte intégral
Ode to a Nightingale
My heart aches, and a drowsy numbness pains
My sense, as though of hemlock I had drunk,
Or emptied some dull opiate to the drains
One minute past, and Lethe-wards had sunk:
‘Tis not through envy of thy happy lot,
But being too happy in thine happiness,—
That thou, light-winged Dryad of the trees,
In some melodious plot
Of beechen green, and shadows numberless,
Singest of summer in full-throated ease.
O, for a draught of vintage! that hath been
Cool’d a long age in the deep-delved earth,
Tasting of Flora and the country green,
Dance, and Provençal song, and sunburnt mirth!
O for a beaker full of the warm South,
Full of the true, the blushful Hippocrene,
With beaded bubbles winking at the brim,
And purple-stained mouth;
That I might drink, and leave the world unseen,
And with thee fade away into the forest dim:
Fade far away, dissolve, and quite forget
What thou among the leaves hast never known,
The weariness, the fever, and the fret
Here, where men sit and hear each other groan;
Where palsy shakes a few, sad, last gray hairs,
Where youth grows pale, and spectre-thin, and dies;
Where but to think is to be full of sorrow
And leaden-eyed despairs,
Where Beauty cannot keep her lustrous eyes,
Or new Love pine at them beyond to-morrow.
Away! away! for I will fly to thee,
Not charioted by Bacchus and his pards,
But on the viewless wings of Poesy,
Though the dull brain perplexes and retards:
Already with thee! tender is the night,
And haply the Queen-Moon is on her throne,
Cluster’d around by all her starry Fays;
But here there is no light,
Save what from heaven is with the breezes blown
Through verdurous glooms and winding mossy ways.
I cannot see what flowers are at my feet,
Nor what soft incense hangs upon the boughs,
But, in embalmed darkness, guess each sweet
Wherewith the seasonable month endows
The grass, the thicket, and the fruit-tree wild;
White hawthorn, and the pastoral eglantine;
Fast fading violets cover’d up in leaves;
And mid-May’s eldest child,
The coming musk-rose, full of dewy wine,
The murmurous haunt of flies on summer eves.
Darkling I listen; and, for many a time
I have been half in love with easeful Death,
Call’d him soft names in many a mused rhyme,
To take into the air my quiet breath;
Now more than ever seems it rich to die,
To cease upon the midnight with no pain,
While thou art pouring forth thy soul abroad
In such an ecstasy!
Still wouldst thou sing, and I have ears in vain—
To thy high requiem become a sod.
Thou wast not born for death, immortal Bird!
No hungry generations tread thee down;
The voice I hear this passing night was heard
In ancient days by emperor and clown:
Perhaps the self-same song that found a path
Through the sad heart of Ruth, when, sick for home,
She stood in tears amid the alien corn;
The same that oft-times hath
Charm’d magic casements, opening on the foam
Of perilous seas, in faery lands forlorn.
Forlorn! the very word is like a bell
To toll me back from thee to my sole self!
Adieu! the fancy cannot cheat so well
As she is fam’d to do, deceiving elf.
Adieu! adieu! thy plaintive anthem fades
Past the near meadows, over the still stream,
Up the hill-side; and now ‘tis buried deep
In the next valley-glades:
Was it a vision, or a waking dream?
Fled is that music:—Do I wake or sleep?
Ode à un rossignol1
I
Mon cœur souffre et mes sens à une somnolence
Succombent, comme si j’avais bu la ciguë,
Ou vidé jusqu’au fond une coupe opiacée,
L’instant auparavant, et glissé au Léthé.
Ce n’est point par envie de ton heureux destin,
Mais d’être trop heureux du bonheur qu’est le tien,
Quand, Dryade des bois à l’aile si légère,
Dans un bosquet mélodieux
De hêtres verdoyants et d’ombres innombrables,
À plein gosier tu chantes pour célébrer l’été.
II
Oh ! boire à longs traits d’un vin qui fut lentement
Rafraîchi au profond de la terre creusée,
Qui sente Flore, les prés verts et la danse, les chants
De Provence et la joie hâlée par le soleil !
Oh ! que n’ai-je une coupe emplie du chaud Midi,
Emplie d’une Hyppocrène rougissante et réelle,
Aux bulles qui pétillent à ses bords emperlés
Et tachent les lèvres de pourpre ;
Oh ! la boire, et quitter le monde, inaperçu,
Pour m’enfuir avec toi dans la forêt obscure !
III
Fuir au loin, me dissoudre, oublier tout à fait
Ce que parmi les feuilles tu n’as jamais connu,
La lassitude, la fièvre et le tourment – ici,
Où les hommes s’assemblent pour s’entendre gémir ;
Où les derniers cheveux tremblent, tristes et gris,
La jeunesse pâlit, devient spectrale et meurt ;
Où rien que de penser nous emplit de chagrin
Et plombe l’œil de désespoir ;
Où la Beauté ne peut garder ses yeux brillants,
Ni l’Amour naissant languir pour eux plus d’un jour.
IV
Fuir, fuir au loin ! Mais je ne veux voler vers toi
Sur le char de Bacchus et de ses léopards,
Mais sur l’aile invisible de la Poésie
Malgré le doute et les lenteurs du cerveau lourd.
Déjà auprès de toi ! Tendre est cette nuit
Et par chance la Reine Lune est sur son trône,
Entourée de l’essaim de ses Fées, les étoiles,
Mais ici n’est d’autre lumière
Que la clarté soufflée du ciel avec les brises
A travers l’ombre verte et les lacis de la mousse.
V
Je ne puis voir quelles ont les fleurs à mes pieds,
Ni quel suave encens flotte sur les rameaux,
Mais dans l’ombre embaumée, devine les senteurs,
Propres à la saison, dont ce mois a doté
Et l’herbe et le fourré et l’arbre aux fruits sauvages,
L’églantine rustique et la blanche aubépine,
La violette, tôt fanée, enfouie sous les feuilles,
Et, fille aînée de la mi-mai,
La rose musquée, emplie d’un vin de rosée,
Séjour murmurant des mouches aux soirs d’été.
VI
Dans cette obscurité j’écoute, et bien des fois
Je me suis presque épris de la Mort consolante,
Lui donnant des noms doux en maints poèmes songeurs
Pour qu’elle emporte mon souffle calme dans les airs ;
À cet instant mourir serait plus que jamais
Volupté : cesser d’être à minuit sans souffrance
Tandis que tu répands tout à l’entour ton âme
En une telle extase !
Tu chanterais toujours pour ton oreille sourde,
Mais ton haut requiem n’émouvrait mon argile.
VII
Tu n’es point né pour mourir, immortel Oiseau !
Sur toi ne passent les générations avides ;
La voix que cette nuit j’entends fut entendue
Aux temps anciens par l’empereur et par le rustre ;
Ce même chant peut-être a trouvé le chemin
Du cœur triste de Ruth songeant à sa patrie,
En pleurs parmi les blés dans un champ étranger ;
Ce chant qui souvent a charmé
De magiques croisées ouvertes sur l’écume
De mers fatales, dans le pays perdu des fées.
VIII
Perdu ! En ce mot même un glas a retenti
Pour m’éloigner de toi et me rendre à moi seul !
Adieu ! L’imagination, elfe trompeur,
Ne saurait nous leurrer aussi bien qu’on l’a dit.
Adieu, adieu ! ta plaintive antienne faiblit
Au-delà des proches prairies, sur le cours d’eau
Silencieux, remonte la colline et s’enfonce
Aux clairières du val voisin.
Était-ce une vision ou un rêve éveillé ?
Ce chant a fui. – Suis-je en éveil ? Suis-je endormi ?
Notes de bas de page
1 R. Ellrodt, p. 371-377.
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