Inventer une didactique : de nouveaux principes théoriques et pédagogiques

1J’ai montré la nécessité de penser une didactique des langues anciennes appuyée sur les théories socioconstructivistes, nécessité imposée par la réalité des pratiques pédagogiques. Je me propose ici de définir les principes que j’ai retenus, cadres théoriques pour délimiter un terrain expérimental.

2Il me paraît essentiel d’envisager notre discipline comme une somme de savoirs à didactiser ; il s’agit en effet autant de réfléchir à ce qui doit être transmis aux élèves qu’à la manière de leur faire acquérir les savoirs nécessaires à la lecture et à l’appropriation des textes anciens. C’est pourquoi je m’attacherai tout d’abord à l’évaluation des progressions grammaticales adoptées traditionnellement. L’élève est en effet toujours capable d’assimiler des savoirs, à condition de les inscrire dans une progression qui leur donne sens et cohérence dans une démarche de lecteur. J’étudierai ensuite la structure de la matière à enseigner tout en menant une analyse des compétences cognitives mises en jeu par les activités déployées. La finalité de l’apprentissage, la matière enseignable, les activités à déployer : ce sont là les axes qui ont retenu mon attention et guidé ma réflexion.

3De la même façon, je replacerai au cœur de l’enseignement disciplinaire des langues anciennes une capacité à surprendre et à éveiller une curiosité, seul moteur réel de l’intérêt : il ne s’agit ni de parler d’apprentissage dans la méconnaissance des savoirs à transmettre, ni d’envisager l’enseignement sans penser un apprentissage. Je m’efforcerai de montrer combien il est pertinent de construire une didactique dans les cadres du constructivisme, sans pourtant en faire une doxa qui se donne comme la solution de tous les problèmes en perdant de vue la spécificité des langues anciennes ou l’importance des savoirs à enseigner. Il ne serait ni efficace ni probant d’établir une didactique froide à l’écart des contenus, de penser manière en dehors de la matière.