Les fictions fantaisistes de George Sand (1833-1835) : un comique innocent ?

Yvon Le Scanff

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George Sand comique

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Lise Sabourin, Studi Francesi, mis en ligne le 2 février 2023. URL : https://0-journals-openedition-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/studifrancesi/51476 ; DOI : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/studifrancesi.51476

Les fictions fantaisistes de George Sand (1833-1835) : un comique innocent ?

Yvon Le Scanff

p. 29-42

Extrait

1La distinction baudelairienne entre le comique traditionnel et le comique romantique est célèbre ; elle oppose le « comique significatif » (ou « comique ordinaire ») et le « comique absolu » (ou « grotesque1 »). En effet, si Baudelaire reprend, après Stendhal, la définition classique de Hobbes qui fait du rire l’expression symptomatique de la conscience d’une supériorité, il distingue plus clairement deux modalités de cette manifestation satanique de l’« orgueil humain » : le comique significatif est expression de la supériorité « de l’homme sur l’homme » ; tandis que le comique absolu est expression de la supériorité « de l’homme sur la nature », et dans ce cas on pourrait même parler de supériorité de l’homme sur sa nature, c’est-à-dire sur sa condition même : autant dire que dans ce cas, le rire englobe à la fois le sujet et l’objet en un sens transcendant, à l’inverse du comique « ordinaire2 ». Ce comique présente une vision du monde carnavalesque (la bouffonnerie), grote

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1 Charles Baudelaire, De l’essence du rire et généralement du comique dans les arts plastiques [1855], Œuvres complètes, Claude Pichois (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1976, t. II, chap. V, p. 534-536. Nous abrégeons désormais ER pour les références données dans le texte.

2 « Le comique, la puissance du rire est dans le rieur et nullement dans l’objet du rire. Ce n’est point l’homme qui tombe qui rit de sa propre chute, à moins qu’il ne soit un philosophe, un homme qui ait acquis, par habitude, la force de se dédoubler rapidement et d’assister comme spectateur désintéressé aux phénomènes de son moi. » (ER, 532)

3 Stendhal, Racine et Shakespeare [1823], Bernard Leulliot (éd.), Paris, Kimé, 1994, p. 31.

4 Ibid., p. 35.

5 Nous préférons la récente traduction de « lachende Hohn » par « rire moqueur » (E.T.A. Hoffmann, Princesse Brambilla, capriccio dans la manière de Callot, trad. André Espiau de la Maëstre, Paris, Phébus, coll. « Libretto », 1980, chap. III, p. 80) à l’expression « génie de la joie » de notre édition de référence (E.T.A. Hoffmann, La Princesse Brambilla [1820], traduit de l’allemand [sic], Bruxelles, Louis Hauman et C^ie, 1830, chap. II, p. 74 – désormais abrégé PB).

6 Ibid. Les traductions modernes rendent « Humor » par « humour », ce qui est plus juste.

7 George Sand, La Nuit de Noël, fantaisie d’après Hoffmann, dans Théâtre de Nohant [1864], Paris, Michel Lévy, 1865, « Avertissement », p. 212.

8 Même si ce conte pourrait ne pas avoir été connu de Sand (puisque non traduit par Loève-Veimars : voir Corr., II, 434, note 2), il n’empêche que la fréquentation ancienne (voir Corr., I, 713), continue, récurrente de Hoffmann a sans doute profondément imprégné les structures, les thèmes et les registres de la fantaisie sandienne. On notera toutefois que La Princesse Brambilla, traduit de l’allemand [sic], sans autre indication circulait depuis 1830 chez l’éditeur Louis Hauman et C^ie à Bruxelles (cela justifie le choix de cette édition contemporaine comme texte de référence).

9 En août 1833, « Onuphrius ou les vexations fantastiques d’un admirateur d’Hoffmann » a paru chez Renduel dans un recueil collectif intitulé : Les Jeunes France, romans goguenards.

10 Voir note 4 de cette étude.

11 George Sand, « Garnier » [1834], dans La Coupe, Paris, Calmann-Lévy, 1876, p. 246 (désormais abrégé G).

12 Friedrich Schlegel, Fragments, trad. Charles Le Blanc, Paris, José Corti, 1996, fragment n° 42, p. 105.

13 Sur la fantaisie, voir l’étude d’Isabelle Hoog Naginski dans le présent volume.

14 George Sand, Le Secrétaire intime, dans Œuvres complètes, 1834, Liliane Lascoux (éd.), Paris, Honoré Champion, 2012, « Notice de 1853 », p. 37 (désormais abrégé SI).

15 Jean Starobinski, L’Encre de la mélancolie, Paris, Le Seuil, coll. « Points », 2012, chap. « Le salut par l’ironie ? », section « La princesse Brambilla », p. 379.

16 Ibid., p. 378.

17 Simone Bernard-Griffiths, « Venise palimpseste. Mattea (1835) au regard des trois premières Lettres d’un voyageur (1834) » dans Essais sur l’imaginaire sandien, Paris, Classiques Garnier, 2018, p. 193.

18 George Sand, Mattea, dans Œuvres complètes, 1834-1835, Liliane Lascoux (éd.), Paris, Honoré Champion, 2018, p. 191 (désormais abrégé M).

19 Voir note 4 de cette étude.

20 George Sand, Teverino [1845], Paris, Michel Lévy frères, 1852, p. 2. Voir l’étude d’Alban Ramaut dans le présent volume.

21 Voir Friedrich Schiller, De la poésie naïve et sentimentale [1795], trad. Sylvain Fort, Paris, L’Arche, 2002.

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Scanff, Y. L. (2020). Les fictions fantaisistes de George Sand (1833-1835) : un comique innocent ?. In O. Bara & F. Kerlouégan (éds.), George Sand comique (1‑). UGA Éditions. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.ugaeditions.13198

Scanff, Yvon Le. « Les fictions fantaisistes de George Sand (1833-1835) : un comique innocent ? ». In George Sand comique, édité par Olivier Bara et François Kerlouégan. Grenoble: UGA Éditions, 2020. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.ugaeditions.13198.

Scanff, Yvon Le. « Les fictions fantaisistes de George Sand (1833-1835) : un comique innocent ? ». George Sand comique, édité par Olivier Bara et François Kerlouégan, UGA Éditions, 2020, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.ugaeditions.13198.

Référence numérique du livre

Bara, O., & Kerlouégan, F. (éds.). (2020). George Sand comique (1‑). UGA Éditions. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.ugaeditions.13123

Bara, Olivier, et François Kerlouégan, éd. George Sand comique. Grenoble: UGA Éditions, 2020. https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.ugaeditions.13123.

Bara, Olivier, et François Kerlouégan, éditeurs. George Sand comique. UGA Éditions, 2020, https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.4000/books.ugaeditions.13123.

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