Conclusion
p. 237-237
Texte intégral
1Si nombre d’enseignants hésitent à proposer à leurs élèves le texte poétique et, plus largement, les textes ouverts comme les albums de Béatrice Poncelet, c’est qu’ils s’estiment peu familiers de cette écriture et peu formés didactiquement à cela. Or, à la différence des adultes médiateurs qui se disent gênés par la non-linéarité des albums, les élèves pratiquent une exploration très libre, entrant tantôt par le texte, tantôt par l’image, chacun suivant son propre parcours pour mieux collaborer ensuite au parcours collectif. S’ils montrent quelques difficultés à aborder les albums lors des lectures individuelles initiales, aucun ne refuse le jeu au prétexte que ce serait pour eux inaccessible et ils montrent un intérêt soutenu lors de l’échange, dès lors que la lecture est problématisée et que le groupe adopte une posture de recherche dans un double mouvement de convergence et de divergence. Ils construisent alors leur compréhension/interprétation dans l’écoute et le dialogue avec l’autre. La pratique du débat interprétatif permet ainsi de développer chez tous des compétences discursives et comportementales flexibles. Les albums de Béatrice Poncelet incitant à des allers-retours dans le récit, le feuilletage des albums, la relecture, les élèves établissent des liens, des passerelles avec d’autres lectures ou des apprentissages antérieurs. Stimulés par l’indétermination des narrateurs, qui leur permet de jouer de l’identification plus librement, ils se lancent volontiers dans l’oralisation de ces voix, seuls ou à deux, avec l’adulte en duo, quelles que soient leurs difficultés de lecture. Ainsi le travail herméneutique fonctionne dans un dialogue avec le texte, même pour les élèves de cours moyen qui, s’ils entrent volontiers d’emblée dans un métadiscours, ont besoin de s’ancrer dans la lettre du texte, de le donner à entendre pour en parler.
2Quelle didactique privilégier alors pour permettre un approfondissement de ces expériences de lecture ? Quelle formation à la lecture littéraire des élèves, des maîtres, des élèves par leurs maîtres, mais aussi, pourquoi pas, des maîtres par leurs élèves eux-mêmes, ces derniers se révélant souvent des lecteurs plus pertinents d’une littérature qui leur est destinée ? Comment envisager la collaboration entre élèves, entre maître et élèves dans une écoute mutuelle de la lecture de l’autre, chacun abordant les textes avec son expérience propre ? Il convient d’imaginer des dispositifs complexes, directs et indirects, afin de former les enseignants non pas simplement « à » mais « par » la démarche à mettre en œuvre.
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