2. Les albums de Béatrice Poncelet : premier aperçu
p. 27-36
Texte intégral
Un projet d’écriture singulier
1Née en Suisse, à Neuchâtel en 1947, Béatrice Poncelet étudie aux Arts décoratifs de Genève, puis se forme à la gravure à Londres et apprend la tapisserie en volume en Italie. Après avoir enseigné le dessin en Suisse (1968-1972), puis le cinéma d’animation à l’INA à Paris (1973-1977), elle crée et dirige un atelier municipal d’expression graphique pour les enfants et les adolescents à Thorigny-sur-Marne, qui lui offre une source d’observation, d’inspiration et lui permet un contact permanent avec son public potentiel. Son travail artistique personnel a pris de plus en plus d’importance depuis 1985, sans qu’aient été abandonnées ses autres activités. L’analyse de ses albums montre combien ce parcours initial de formation retentit sur un travail pluridimensionnel où interviennent la gravure, l’art du mouvement mais aussi le travail en volume de ses maquettes. Prenant intégralement en charge l’élaboration de ses albums, attachée aux supports et aux effets de matière, elle inscrit son œuvre, dans la lignée des albums d’artistes ainsi définis par Annie Renonciat :
L’album d’artiste […] porte à son excellence cette appropriation du support par les créateurs : entièrement conçu par un artiste auteur, qui propose à l’éditeur un manuscrit maquette entièrement achevé, dont il a imaginé, calligraphié et illustré le texte et mis en page les illustrations, il fait de l’album un espace privilégié et spécifique d’expression artistique.1
2Sur une vingtaine d’années, Béatrice Poncelet a publié une dizaine d’albums, dans lesquels elle donne, selon la formule d’Evelyne Beauquier, « de l’importance à des petits riens du quotidien qui sont en fait des lieux communs de l’enfance2 ». Artiste exigeante, elle doit souvent faire face à une sorte de déception créative qui la pousse vers l’avant comme elle s’en explique elle-même :
[J]e sais aussi, par expérience, que quand le livre est publié, j’ai une déception sans nom car je me dis que je ne suis pas arrivée au tiers du quart de ce que je voulais faire. Quand un livre est édité, je ne le regarde plus jamais. De toute façon, quand un livre a été édité, je dirais même au moment où la fin de la fabrication approche, je sais qu’il y a trois, ou quatre doubles pages qui m’intéressent ; le reste ne m’intéresse déjà plus parce que j’estime que j’ai été en dessous de ce que je voulais.3
3Béatrice Poncelet fait partie de ces auteurs-illustrateurs particulièrement créatifs et va développer son propre style. Elle semble avoir eu quelques difficultés dans un premier temps à trouver un éditeur fixe. En effet, avant de collaborer de manière durable avec les Éditions du Seuil à partir de Chut ! elle lit en 1995, date à laquelle les Éditions Christian Bourgois et la Réunion des musées nationaux rejoignent la diffusion et la distribution de Seuil Jeunesse, elle changera fréquemment d’éditeur. Deux de ses albums, le deuxième, Je reviendrai le dimanche 39, en 1983, et le septième, Galipette, en 1992, seront édités par Albin Michel, la parution de Je reviendrai le dimanche 39 coïncidant avec la volonté d’Hervé Lauriot-Prévost de promouvoir des images d’artistes et des illustrateurs capables de « renouveler l’approche et les résonances visuelles4 ». Ses autres albums seront édités par des maisons différentes : Centurion Jeunesse, département autonome au sein du groupe Bayard Presse, pour Je pars à la guerre, je serai là pour le goûter, en 1985 ; La Joie de lire, en Suisse, pour Je, le loup et moi…, en 1988. T’aurais tombé, en 1989, sera édité par Syros Alternatives, maison d’édition diffusée par Nathan et créée en 1984 pour faire découvrir aux enfants les différentes cultures du monde. Enfin, Ouest France, maison d’édition régionale, éditera Mais, fée ? en 1991. Ce vagabondage éditorial est peut-être à mettre au compte de l’intransigeance de notre auteure qui souhaite préserver son intégrité artistique, au compte de son refus à faire des concessions et à apporter des modifications à ses albums. Ceux-ci ont ainsi été édités par des maisons plus soucieuses de la qualité des œuvres que de la rentabilité…
4Un survol de son œuvre par le biais d’une présentation rapide des albums dessine un premier aperçu de ses caractéristiques. Au premier abord, l’œuvre de Béatrice Poncelet apparaît comme un ensemble polymorphe, presque disparate tant les formats sont variés : formats à la française de tailles diverses, formats à l’italienne, les uns et les autres parfois très étirés comme pour … et la gelée, framboise ou cassis ? ou encore Semer en ligne ou à la volée. Or ces choix de formats obéissent à des « nécessités » esthétiques pour l’auteure, en accord avec son projet d’ensemble.
5Autre particularité immédiatement perceptible, les titres se placent en écart des titres habituels des albums de littérature de jeunesse. La plupart du temps en effet, le lecteur peut construire un horizon d’attente à partir des prénoms des héros éponymes (Loulou, Le Géant de Zéralda, Mangetout et Maigrelet, etc.) ou de la situation narrative (Le Voyage d’Orégon, La reine des fourmis a disparu, Le Temps des cerises, etc.). Même si parfois, chez des auteurs comme Claude Ponti, ces situations ou dénominations prennent une couleur poétique du fait des jeux pratiqués avec la langue qu’elles proposent au lecteur, comme avec Schmélele et l’Eugénie des larmes, Le Réfrigogérateur, elles restent dans le cadre des attentes. Chez Béatrice Poncelet, les titres posent toujours une manière d’énigme au lecteur, le plaçant déjà, sans qu’il en ait clairement conscience à première lecture, au cœur de l’album ou aux limites de celui-ci, jouant avec lui et avec ses habitudes tant sur un plan énonciatif que syntaxique ou encore spatial.
6Dans ce jeu, les choix calligraphiques et la mise en espace, voire en scène, du titre prennent une importance peu usitée dans l’édition jeunesse. Ainsi pour les trois titres qui me semblent pouvoir permettre au lecteur enfant d’amorcer un horizon d’attente en rapport avec ses propres jeux : le « é » final de T’aurais tombé chute prenant le titre au pied de la lettre, Galipette s’inscrit dans un mouvement giratoire sur la page et les cubes-jouets qui composent de manière métaphorique et quelque peu désordonnée Les Cubes anticipent sur les désordres à venir. Semer en ligne ou à la volée, quant à lui, oblige à une lecture verticale des lettres du verbe, comme autant de graines semées, et l’alternative proposée entre les deux termes techniques ouvre un espace de rêverie aussi bien pour le jardinier que pour le profane : que sème-t-on dans cet album, quels effets de la ligne ou de la volée ? Ainsi, les titres jouent sur la familiarité en la décalant et, parfois, ce sont des objets du quotidien, comme dans Chaise et café et Le Panier, l’immense panier, qui se trouvent devoir être réinterprétés de par les résonances surréalistes de l’attelage dans le premier cas ou l’amplification surdimensionnée dans le second. Seuls deux titres, Je reviendrai le dimanche 39 et Je pars à la guerre, je serai là pour le goûter, semblent amorcer, avec les verbes à valeur d’action au futur, un programme narratif. Malgré tout s’y glissent l’étrangeté de ce mois à trente-neuf jours et l’incongruité d’un rapprochement entre guerre et goûter, monde d’adulte et monde d’enfant, mort et vie. De plus, la présence de ce « je » nominal, non référencé par l’image de couverture, provoque déjà la réflexion active du lecteur pour lui donner corps. Dans Je, le loup et moi…, l’énigme du « je » est en quelque sorte redoublée par sa reprise sous la forme disjointe à valeur emphatique « moi », à moins que cette disjonction ne se justifie par la transformation qu’opère la rencontre du loup… Quoi qu’il en soit, à première lecture, ce redoublement va ouvrir un champ de questionnement pour le lecteur. Ainsi Chut ! elle lit reprend et met en exergue par anticipation la réflexion à voix haute d’un personnage absent sur la couverture, le « elle » pouvant, pour le jeune lecteur, habitué à voir les animaux anthropomorphisés dans la littérature de jeunesse, désigner la sauterelle. … et la gelée, framboise ou cassis ?, titre dont nous verrons combien il déroute les lecteurs adultes et enfants, semble interpeller le lecteur par le biais du regard insistant en arrière-plan, tandis qu’il le plonge in medias res au cœur d’un dialogue déjà amorcé avant même la couverture, que marque la présence des points de suspension qui précèdent. Pour lire le titre complet de Mais, fée ? ou de Chez eux, Chez Elle ou chez elle, le lecteur devrai outrepasser ses habitudes et commencer à lire par la quatrième de couverture, or, dans l’un comme l’autre cas, l’énoncé lacunaire ou la juxtaposition seront à réinterpréter après lecture. De mon point de vue, le titre, chez Béatrice Poncelet, a pour fonction d’interpeller le lecteur, le plaçant dès l’amorce dans une posture de déséquilibre qui va l’obliger à une collaboration particulièrement active ; il a aussi pour fonction de l’obliger à renouveler et interroger l’habitude acquise d’anticiper l’œuvre à partir de son titre, le poussant à en intégrer la dimension « imagée ».
7Je détermine pour ma part trois grands mouvements dans l’activité créatrice de Béatrice Poncelet : des premiers albums d’une grande lisi-visibilité, une deuxième période où entre le mouvement sur la page, et enfin ce que je considère comme les albums de la maturité qui me semblent installer durablement un style personnel.
Les premiers albums : le blanc organisateur
8Les quatre premiers albums sont facilement identifiables au plan graphique, comme appartenant à une même période de son travail. Ils présentent déjà des caractéristiques spécifiques de notre auteure, en particulier le marquage par la typographie des diverses voix narratives et la superposition d’éléments hétérogènes, avec, de manière systématique, une utilisation du blanc en fond de page qui rend le montage particulièrement lisible.
9Dans Je reviendrai le dimanche 39, entre une vraie colère provoquée par l’intrusion destructrice de son petit frère dans son univers ludique et un faux départ, préparé comme une expédition lointaine, un jeune garçon fait l’expérience de la solitude, du pardon et de l’attachement à ce plus petit qui l’irrite et le réconforte tout à la fois.
10Je pars à la guerre, je serai là pour le goûter met en scène des enfants jouant à la guerre et pose ainsi la question des rapports à la réalité qu’entretient l’enfant pris dans le jeu de la fiction.
11Ces deux albums, très proches sur le plan esthétique, inaugurent le choix énonciatif d’une voix narrative dominante en « je », qui sera celui de tous les autres albums, ainsi que l’écriture « musicale », réglée sur le même espace-page, d’un récit rétrospectif et de commentaires au lecteur, qui rend sensible la présence métafictionnelle d’un enfant narrateur. L’image, quant à elle, intègre des superpositions d’éléments dessinés de manière réaliste, des photographies et des reproductions d’objets. Ainsi commencent à se poser ici de manière visible les rapports de l’œuvre au réel en relation avec la construction de jeux et jouets opérée par les protagonistes. Le propos des albums montre des enfants pris dans leurs émotions et par leurs simulacres, colère, fugue ou guerre, et à la fois sensibles à la réalité, rappelés à cette dernière par le froid humide de l’atelier ou la mort d’un oiseau.
12Je, le loup et moi… prend place dans le cercle des multiples réécritures du Petit Chaperon rouge et aborde le passage de l’enfance à l’adolescence d’une fillette que sa rencontre avec un homme va ouvrir à la féminité, à une sexualité entrevue. L’image accumule sur la page éléments de l’enfance, du conte, et indices d’une maturation en train de s’amorcer. Le texte en écho place l’aventure en analepse, racontée par un « je » à un « tu » non identifié mais confident du trouble et des méditations de la fillette.
13T’aurais tombé est construit sur le mode d’un dialogue théâtral entre un enfant et sa mère qui, à partir de la lecture rituelle du coucher, évoque avec lui une chute mémorable. Cet album travaille alors sur l’évocation dialoguée du souvenir, le travail d’élaboration d’une mémoire commune, avec ses méandres et la construction de repères pour grandir.
14Dans la même perspective que les deux précédents, ces deux albums vont inaugurer l’insertion sur la page de fac-similés de documents variés, et en particulier de productions pour la jeunesse, lisibles par le lecteur, qui ajoutent à la polyphonie du texte et ancrent les albums dans une culture partagée.
L’apparition du mouvement sur la page
15Les trois albums qui suivent marquent un tournant dans l’œuvre de Béatrice Poncelet, puisqu’ils font entrer de plain-pied dans le livre le mouvement et les sensations, jouant avec la perception du lecteur, placé au cœur même d’un tourbillon sensoriel et affectif.
16Mais, fée ? est un album très sensuel sur le trouble, au sens propre comme au sens figuré, sur l’émotion, l’obscurité, l’amour… Deux textes s’y entrecroisent : l’un, en italique, s’adresse directement au lecteur et le fait entrer, masqué, dans le monde secret d’une fête carnavalesque ; l’autre, toujours à la première personne, prend en charge le récit par le jeune narrateur de sa quête de la fillette aimée, dans la foule mouvante et inquiétante des enfants.
17Galipette occupe une place à part dans la production jeunesse contemporaine puisque cet album fait des choix de points de vue très audacieux, tant dans l’image que dans le texte. L’album donne en effet directement et littéralement à voir le tourbillon des jeux enfantins, tant par les effets d’anamorphose que par la danse d’un texte calligraphié en mouvement sur la page. Corde à sauter, balançoire, trapèze, toupie et cerceau y entraînent personnages et lecteurs dans une volte étourdissante où se mêlent voix enfantines et parentales dans deux espaces, transcrites par deux graphies distinctes, comme si elles ne pouvaient dialoguer.
18Chut ! elle lit, album lui aussi très sensuel, se présente comme un hommage à la lecture et au bonheur familial. Il met en scène deux fillettes qui observent leur mère lisant calmement, étendue, abandonnée, dans les profondeurs chaleureuses d’un canapé tandis qu’elle se plonge dans celles, abyssales, de Vingt mille lieues sous les mers. Alors que les deux fillettes narratrices respectent à grand-peine ce moment de tranquillité obligé, leurs deux frères imposent leur présence et parviennent à s’immiscer dans l’intimité maternelle.
19Ces trois albums jouent systématiquement sur l’implication du lecteur dans l’univers imaginé, matérialisé de manière sensible et subjective. L’image le place de bout en bout in medias res par des effets de limitation du champ visuel et l’utilisation permanente du gros plan.
L’invention d’un style
20À partir de l’album Chez eux, Chez Elle ou chez elle, Béatrice Poncelet me semble avoir atteint ce que je me risquerai à appeler une maturité artistique, au sens où elle me paraît avoir stabilisé en quelque sorte un style personnel, synthèse et approfondissement des deux courants esthétiques précédents.
21Chez eux, chez elle ou chez elle présente une structure thématique et non narrative puisque y sont dépeints les quatre univers adultes qu’une enfant « nomade » fréquente au hasard des « raisons de grandes personnes », et à partir desquels elle va structurer sa personnalité. Ces lieux sont rendus perceptibles au lecteur grâce à des techniques graphiques caractéristiques de chacun d’entre eux et cet album marque l’incursion massive à l’image de références picturales qui feront de nombre d’albums de Béatrice Poncelet ce que l’on pourrait qualifier de livres-musées.
22Chaise et café travaille aussi la question du souvenir et de la construction de soi à travers l’évocation par un narrateur devenu jeune adulte de son bonheur d’enfant, de ces longues soirées passées dans l’intimité complice d’un aîné qui l’initie aux joies de la numération et de la physique par le jeu. Cet album de formation à la fois esthétique et intellectuelle prend également en compte la dimension parfois douloureuse de l’apprentissage, la maturation passant ici par une déchirante séparation.
23… et la gelée, framboise ou cassis ?, album complexe qui propose de multiples niveaux de lecture, entrecroise autour de la table du petit déjeuner familial la voix de la mère, pressée, qui gère la matérialité du repas et celle, toute intérieure, d’une fillette plongée dans ses rêveries. Dans son bol, le lait refroidi forme une peau et le reflet de son visage s’en trouve flétri. Cette observation l’entraîne dans une méditation sur le temps qui passe, l’adolescence qui transforme le corps, la féminité, les troubles de la vieillesse, l’amour, la mort…
24Les Cubes raconte « comment on s’habitue à vivre avec quelqu’un qui change ». Des extraits d’Histoire de ma mère de Yasushi Inoué font écho aux notes griffonnées par une mère dans son carnet l’été précédent, et aux souvenirs de ces instants passés évoqués par sa fille, adolescente. Les choix esthétiques de l’auteure sont, une fois encore, en adéquation parfaite avec son sujet. À travers ce puzzle foisonnant, elle capte l’intimité familiale perturbée, l’incommunicabilité ; les motifs récurrents expriment le caractère immuable des étés dans la maison commune, mais révèlent aussi le discours répétitif et dégénérescent de la grand-mère.
25Semer en ligne ou à la volée se présente comme une sorte d’almanach de jardinier dans la mesure où il évoque avec précision, mois après mois, les travaux d’entretien et les éclosions saisonnières. Mais cet album obéit également à une double temporalité puisque le cycle annuel des saisons se déroule parallèlement à la maturation d’un enfant que la voix narrative évoque de ses premières sorties au jardin jusqu’à ses débuts de jeune jardinier adulte. Se superposent alors à l’image croquis botaniques, photos et jouets d’enfants.
26Le Panier, l’immense panier met en scène le quotidien d’un couple dans une maison que le départ des enfants a rendue trop vaste et silencieuse. Quiétude et sérénité sont alors contrebalancées par la mélancolie née d’une solitude pesante. Jusqu’au jour où réapparaît le grand panier en osier oublié au grenier… Les pleurs et les gazouillis envahissent de nouveau la maison. Avec l’arrivée d’un nouveau-né, la vie reprend, gestes et sentiments oubliés remontent à la surface : douceur d’une peau de bébé, berceuses, courses à quatre pattes, cocottes en papier et, plus tard, apprentissage de l’écrit… La justesse et la pudeur du texte y entrent en résonance avec le jeu symbolique des couleurs pour proposer, dans la suite de Semer en ligne ou à la volée, un hymne à la vie, au temps qui passe, à la transmission intergénérationnelle.
27Non ! ou l’envol nous donne à entendre les méditations de la narratrice qui contemple l’étendue d’un fleuve aux côtés d’un enfant (de tous les enfants ?). Celle-ci évoque les premiers pas, les premiers mots, un « non » puis un « oui » qui permettent de se construire, de s’affirmer, les bonheurs infimes… L’image met en scène un enfant explorateur, qui s’essaie aux premiers gestes de l’écriture, variant à plaisir traits, matières et couleurs. Évocation de la toute petite enfance et contemplation des eaux s’entrecroisent, s’entrelacent, ponctuées par la danse des hirondelles. Ce long poème rythmé par des effets d’écho semble sous-tendu par la mélodie et les motifs récurrents de la Sonate pour violon et piano n ° 17 en ut majeur (K 296) de Mozart dont les portées filent au long de l’album.
28Ces trois albums prolongent la perspective énonciative amorcée par Les Cubes, le dialogue entre voix adulte et adolescente laissant place à une voix mature dominante. Béatrice Poncelet semblent y avoir fait le choix (définitif ?) d’un point de vue adulte, renonçant à mettre en scène, du moins directement et avec leur voix propre, des enfants, en résonance avec de jeunes lecteurs. Ce glissement opéré dans les quatre derniers albums parus à ce jour repose donc la question du lecteur cible et de l’appartenance de ces albums au secteur jeunesse5.
Notes de bas de page
1 A. Renonciat, « Origine et naissance de l’album moderne », p. 216.
2 Propos cités par Denise von Stockar-Bridel dans son article « Rencontre avec Béatrice Poncelet », p. 199.
3 Ibid.
4 http://www.ricochet-jeunes.org/editeurs/editeur/24-albin-michel-jeunesse.
5 Cette tendance semble se confirmer à travers la publication en 2011, par l’Art à la Page, de Dans la véranda. Au fil de cet album, que son format apparente à une nouvelle graphique, Béatrice Poncelet nous invite en effet à participer au vagabondage mental d’une narratrice adulte qui profite d’un moment d’isolement volontaire dans la véranda pour lire, penser, rêver, à l’écart des bruits joyeux d’une fête familiale.
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