3. Questions émergentes
p. 169-170
Texte intégral
1Les technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement évoluent sans cesse et donnent lieu en permanence à l’émergence de nouvelles formes de pratiques communicatives et d’échanges. C’est ce qui fait de la recherche dans le domaine un défi permanent. Les textes de cette partie tentent tous à leur manière de porter un nouveau regard sur les usages en relation avec l’utilisation des TICE, soit en s’intéressant à des dispositifs socio-techniques relativement récents, soit en adoptant un angle d’approche original.
2Les dispositifs dont il a été question jusqu’ici partagent bien souvent les caractéristiques suivantes : ils s’inscrivent dans des contextes institutionnels bien établis et réservent un rôle central aux forums de discussion comme outils de partage, d’échanges et de co-construction des connaissances. À côté de cette tendance émergent des dispositifs qui, parce qu’ils relèvent d’une démarche expérimentale ou sortent du cadre de la formation à proprement parler, se positionnent différemment. Il peut s’agir de communautés en ligne réunies autour de projets associatifs. Ou bien de dispositifs qui reposent sur l’utilisation d’artefacts (téléphones portables, visioconférence) relativement peu répandus pour l’instant en FOAD. Plus encore que dans des configurations d’(auto) formation en ligne plus classiques, ce qui caractérise ce type de dispositif est une grande instabilité dans les manières d’agir (les « normes ») de la part de tous les acteurs impliqués dans la formation, qu’il s’agisse des apprenants, enseignants, tuteurs ou concepteurs. Ce qui nécessite un travail d’appropriation et d’accommodation plus important que dans d’autres contextes.
3C’est ainsi que Quentin et Bruillard posent, dans une perspective exploratoire, des jalons pour l’étude du fonctionnement de la communauté de pratiques Sésamath qui rassemble des enseignants de mathématiques. Relativement récent, ce type de collectifs d’enseignants est intéressant à la fois en ce qui concerne la façon dont il se positionne vis-à-vis du secteur traditionnel de la production et de la légitimation des ressources pédagogiques, et sur un plan plus sociologique : quels sont les finalités, les projets et, in fine, l’idéologie d’une association comme Sésamath ? De leur côté, Kim et Mangenot dressent, à l’appui d’une expérience de mobile-learning menée en Corée, un premier bilan de ce qui leur semblent être les atouts et difficultés de ce type d’apprentissage encore très peu développé.
4Tenter d’appréhender la diversité et la complexité des dispositifs de formation utilisant les TIC, c’est aussi varier les points de vue. Ainsi, c’est dans une perspective clinique d’orientation psychanalytique que Jean-Luc Rinaudo s’intéresse à l’effet de la faible participation des tuteurs à distance dans le cadre de formations professionnelles. En partie absents, mais bel et bien présents aux yeux des apprenants, les formateurs passent, au gré du jeu intersubjectif qui se met en place entre les participants, d’une posture à l’autre, de la toute-puissance à la contenance. Finalement, comme le propose l’auteur, un des enjeux dans ce type de configuration ne reviendrait-il pas, pour les apprenants, à apprendre à être seul en présence d’un formateur ?
5De leur côté, Soubrié et Zourou font le choix d’adopter une approche ethno-méthodologique pour tenter de saisir avec le plus d’acuité possible la manière dont les étudiants s’approprient l’espace-temps d’une formation en ligne. Se gardant bien d’interpréter les comportements des étudiants à la lumière de modèles théoriques préexistants, ils parviennent à mettre en lumière, par-delà les différences individuelles, des manières de faire communes qui permettent aux individus de s’approprier leur environnement, comme par exemple la tendance qui consiste à classer les différents forums de discussion en autant de « lieux » de formation à partir de la caractérisation des échanges.
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