1 Florence Haegel, « La primaire à l’UMP : genèse et enjeux », Pouvoirs, 154, 3, 2015, p. 89-98.
2 En 2011, l’UMP a en effet tenté de décrédibiliser la primaire citoyenne de la gauche, en insistant sur les désaccords entre les candidats. Benoît Apparu, secrétaire d’État au Logement, avait ainsi déclaré : « Les primaires du PS sont aussi intéressantes sur la forme que désespérantes sur le fond. Il s’agit incontestablement d’un succès médiatique. Le succès populaire est lui plus mitigé car on est loin des 4 millions espérés mais surtout ce qui comptera avant tout, c’est le succès électoral l’année prochain ». En commentant l’élection, les partisans de l’UMP cherchent à exister sur la scène médiatique et à recentrer l’agenda politique sur la campagne de 2012. Malgré ces nombreux discours de dénigrement, la primaire socialiste de 2011 a été jalousée par les équipes de campagne de Nicolas Sarkozy, notamment concernant leur supposé impact médiatique – renforçant alors les reproches récurrents à la presse de ne « pas suffisamment respect[er], lors de cette période longue et décisive de la précampagne, les règles de distanciation dans son traitement des “précandidats” ». À la suite de la victoire de François Hollande, la primaire citoyenne organisée à gauche, en amont de l’élection présidentielle, a été perçue comme un moyen d’être visibles avant même le début officiel de la campagne. Avec l’importation de ce modèle à droite en 2016, l’idée était notamment de capter l’attention des journalistes et de prendre de l’avance médiatique par rapport à leurs concurrents, comme avaient pu le faire, semble-t-il, les candidats socialistes en 2011.
3 Elihu Katz et Paul Lazarsfeld, Influence personnelle : ce que les gens font des médias, Paris, Arman Colin, 2008.
4 Pour une présentation plus détaillée de la méthode et des terrains, voir David Gouard, Julien Audermard, Julien Boyadjian, Christèle Marchand-Lagier, Romain Mathieu, Laurent Olivier et Anaïs Theviot, « Les trois électorats de la primaire de la droite et du centre. Mobilisation et production des votes aux limites de l’entre soi », Revue française de science politique, 67, 6, 2017.
5 Certains sites correspondent en réalité à plusieurs bureaux de vote primaire, regroupés dans un même lieu. Dans certains cas, le jour de l’élection, la configuration du lieu ne permettait pas de distinguer les électeurs de ces différents bureaux. Nous les avons donc interrogés sans distinction. L’enquête concerne finalement treize bureaux de vote primaire, ce qui correspond à une soixantaine de bureaux de vote ordinaires dans lesquels étaient inscrits 46 063 électeurs.
6 Cela tient à une spécificité française : la législation n’autorise pas la publicité audiovisuelle ayant un caractère électoral ou contenant des références à des candidats ou aux enjeux du scrutin. Aux États-Unis, cette pratique est courante : la publicité joue un rôle capital dans les élections américaines étant donné qu’il est strictement impossible de limiter le temps d’antenne gratuit sur les médias en raison du Premier amendement de la Constitution qui protège la liberté d’expression. La publicité payante dans les médias américains représente environ 60 % des dépenses de campagne des candidats à l’élection présidentielle. En France, ce sont les réunions publiques qui demeurent le principal poste de dépense pour l’ensemble des candidats.
7 Un budget consacré à Internet plus important que les autres candidats pour N. Sarkozy, mais un usage du numérique qui donne toujours la priorité aux médias traditionnels. « Après, je ne sais pas si c’est un regret, mais ce qui peut faire la différence entre une campagne Obama et la campagne telle qu’on l’a eu, c’est que chez Obama le numérique a vraiment une place centrale, à tel point que le canal numérique est le canal des exclusivités ce qui du coup crée une appétence pour faire partie des listes parce que c’est là qu’on a l’info. Alors que nous, effectivement, on a fonctionné en parallèle de la presse. C’est-à-dire que l’on a eu les exclusivités en même temps que la presse. On n’a pas été dans cet exclusif… » Axel Calandre, directeur équipe de campagne N. Sarkozy. Primaire de la droite et du centre. Entretien du 28 octobre 2016.
8 Directrice du pôle digital de la campagne d’A. Juppé pour les Primaires de 2016. Entretien du 3 mars 2016.
9 Anaïs Theviot, « Qui milite sur Internet ? Esquisse du profil sociologique du “cyber-militant” au PS et à l’UMP », Revue Française de Science Politique, 3-4, 63, 2013, p. 663-678.
10 La messagerie électronique est le dispositif le plus utilisé par les adhérents de plus de soixante ans : 80 % pour les enquêtés UMP et 76 % pour ceux du PS déclarent consulter leur boîte mail tous les jours. Ainsi, les adhérents des deux partis étudiés peuvent facilement être « captés » par leurs partis via le mailing ; d’autant plus que ces derniers peuvent être très réactifs en ligne, étant donné la fréquence avec laquelle ils se connectent sur leurs comptes.
11 David (anonymisé), adhérent PS, Fédération des Alpes-Maritimes, responsable web de la section Nice Massena. Entretien du 23 novembre 2011.
12 Baptiste (anonymisé), adhérent LR et président de bureau lors de la primaire de la droite et du centre en 2016. Entretien du 18 novembre 2016.
13 Les propos du vainqueur à la Maison Blanche diffusés sur CBS en novembre 2016 ne pourraient qu’aller dans le sens de cette hypothèse : « J’ai une telle puissance, en ce qui concerne le nombre d’abonnés, sur Facebook, Twitter, Instagram, etc., que cela m’a permis de gagner tous ces scrutins où [les Démocrates] ont pourtant dépensé beaucoup plus d’argent que moi. Et j’ai gagné. Les réseaux sociaux ont plus de pouvoir que tout l’argent qu’ils dépensent. J’ai gagné grâce aux réseaux sociaux. [Nous traduisons] ».
14 David Gouard et al., « Les trois électorats de la primaire de la droite et du centre. Mobilisation et production des votes aux limites de l’entre-soi », art. cit.
15 Historiquement le Front National : Dézé Alexandre, « Chapitre 7. Un parti “virtuel” ? Le front national au prisme de son site internet », dans Continuerlalutte.com. Les partis politiques sur le web. Paris, Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.), « Académique », 2011, p. 139-152, mais aussi Asselineau.
16 Adhérente LR, première adjointe au Maire en charge de l’environnement, de l’urbanisme et du patrimoine, conseillère départementale, vice-présidente à la communauté de commune, Loire-Atlantique. Entretien du 8 novembre 2016.
17 Elle demeure ainsi le moyen d’information principal de ceux qui consomment le moins de contenus médiatiques et s’avèrent souvent les moins intéressés par la politique.
18 Jay Blumler, Thoveron Gabriel, Cayrol Roland, La Télévision fait-elle l’élection ? Une analyse comparative : France, Grande-Bretagne, Belgique, Paris, Presses de la FNSP, 1978.
19 Jean-Baptiste Comby, « L’orientation sociale des goûts en matière d’actualité » dans Josianne Jouet et Rémi Rieffel (dir.), S’informer à l’ère du numérique, Rennes, PUR, 2013.
20 Elihu Katz et Paul Lazarsfeld, Influence personnelle, op. cit.
21 Se référer à la figure du « citoyen digital » qui trouve à prolonger ses activités numériques exclusivement dans la sphère civique en ligne, sans participer hors ligne. Zizi Papacharissi, A Private Sphere. Democracy in a Digital Age, Cambridge, Polity Press, 2010.
22 Député LR en Loire Atlantique, Soutien de Nicolas Sarkozy, Entretien du 18 novembre 2016.
23 Député LR en Loire Atlantique, Soutien de Nicolas Sarkozy, Entretien du 18 novembre 2016.
24 Dans son essai The Filter Bubble (« la bulle filtrante », Penguin Books, 2011), Eli Pariser, montre comment Google analyse les comportements en ligne et filtre les informations en fonction du profil des usagers. Il affirme que cette sélection permanente, dans tous les domaines – politique, lecture, voyages, culture – fait que Google confine les internautes dans une bulle cognitive.
25 Daniel Gaxie, « Retour sur les modes de production des opinions politiques », dans Philippe Coulangeon et Julien Duval (dir.), Trente ans après La Distinction de Pierre Bourdieu, Paris, La Découverte, 2013.