1 Nicolas Kaciaf, Les métamorphoses des pages politiques dans la presse écrite française, thèse de science politique, Paris I, 2005.
2 La division du travail journalistique est aussi en jeu, les enjeux substantiels étant traités par des services thématiques.
3 La mise en avant de techniques de campagnes innovantes participe d’une stratégie de « monstration de la modernité », principalement tournée vers les médias. Anaïs Theviot, Clément Mabi, « La rénovation par le web ? Dispositifs numériques et évolution du militantisme au PS », Participations, 8, 2014, p. 97-126.
4 Annie Collovald, « Retour sur la campagne présidentielle : le temps des calculs électoraux », Savoir / Agir, 1, 2007, p. 29-35.
5 Erik Neveu, Sociologie du journalisme, Paris, La Découverte, 2001, p. 62.
6 Jean-Pierre Esquenazi, L’écriture de l’actualité : pour une sociologie du discours médiatique, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 2002.
7 Ce qui fait l’histoire de la campagne c’est pour une large partie l’évolution de la courbe des sondages (une des trames de la campagne). La mise en récit impose ainsi une mise en sens interprétative de ces fluctuations surtout lorsque la dimension « compétition » prend le pas sur la dimension « problèmes publics ».
8 Les campagnes électorales mettent en jeu des interdépendances stratégiques élargies. « La campagne est une structure de jeu caractérisée par du conflit, de la coopération ou des relations mixtes qui produisent aussi des effets de composition maîtrisés par aucun des compétiteurs ». Voir Jacques Gerstlé, La communication politique, Paris, Armand Colin, 2004, p. 138.
9 On cherche à trouver une position médiane entre hyper-constructivisme et naturalisme. Sur cette question, voir Nicolas Kaciaf, Éric Lagneau, « Du vestiaire à la Une, de la Une au vestiaire. Sociologie de la mise en visibilité médiatique de l’“affaire Anelka” », Politiques de communication, 1, 2013.
10 Éric Darras, « Le pouvoir de la télévision ? Sornettes, vieilles lunes et nouvelles approches », dans Antonin Cohen, Bernard Lacroix, Philippe Riutort (dir.), Les formes de l’activité politique. Éléments d’analyse sociologique XVIIIe-XIXe siècle, Paris, PUF, 2006.
11 Frédérique Matonti, Le genre présidentiel. Enquête sur l’ordre des sexes en politique, Paris, La découverte, 2017. Notamment le chapitre 2.
12 Merci à Nicolas Kaciaf pour sa lecture critique.
13 Jacques Julliard dans le Nouvel Observateur qui évoque son état de grâce (le 23 novembre 2006).
14 « Des études qualitatives internes montrant “un rejet des éléphants”, Madame Royal n’était pas pressée de s’afficher avec eux. “Ne me faites pas faire une campagne traditionnelle” n’a-t-elle cessé de répéter à son équipe » (Le Monde, le 13 janvier).
15 Les journalistes prophétisent la fin du vieux PS (« Les dessous du hold up parfait », Marianne, 25 novembre).
16 « Royal se prend une droite sur le Liban », 20 minutes, le 4 décembre 2006.
17 La candidate parle des « droits humains » plus que des droits de l’homme.
18 Le 6 janvier, elle déclare : « Comme disent les chinois qui n’est pas venu sur la Grande muraille n’est pas un brave. Et qui vient sur la Grande muraille conquiert la Bravitude… ». « Ainsi en quelques minutes passées sur cette bâtisse vieille de deux mille ans, Ségolène a-t-elle garanti le succès médiatique de son périple chinois. Son mot a fait immédiatement le tour de toutes les rédactions » (Le Journal du Dimanche, le 7 janvier 2007). Dominique Paillé, député UMP, commente : « on savait que madame Royal avait des lacunes en matière de diplomatie mais on n’imaginait pas qu’elle ait de telles carences sur la connaissance de la langue française ». C’est une simple « espièglerie lexicale » pour Le Monde (le 9 janvier), « une faute de français, pas de faute politique » (un cadre du PS, « Les socialistes soulagés du retour de Royal », Aujourd’hui, le 10 janvier 2007).
19 Certains dirigeants socialistes sont les premiers à mettre en cause la crédibilité de la candidate. Jean-Christophe Cambadélis : « Ségolène n’a pas rassuré sur sa capacité à conduire une campagne », Aujourd’hui, le 11 novembre 2006. Les propos de nombreux dirigeants renvoient la candidate à une identité sexuée : « la présidentielle n’est pas un concours de beautés » (Jean-Luc Mélenchon), « qui va garder les enfants » (Laurent Fabius), la présidentielle n’est pas une affaire de « mensurations » (Martine Aubry)…
20 Sur ces diverses questions, voir Christian Le Bart, Philippe Teillet, « Erreur, lapsus, gaffes, fautes… Le discours politique comme genre », dans R. Ringoot et P. Robert-Demontrond (dir.), L’analyse de discours, Rennes, Éditions Apogée, 2004, p. 53-85.
21 Frédérique Matonti, Le genre présidentiel, op. cit., p. 56.
22 Frédérique Matonti montre que « dans ce retournement de cadrage » « le genre est fréquemment présent et sert à “dire les rapports de pouvoir” c’est-à-dire l’illégitimité partielle de sa candidature ».
23 « Entre une candidate baroque qui tient avant tout à sa liberté et un premier secrétaire frustré de ne pas avoir pu tenter sa chance, la cohabitation est parfois difficile », Le Nouvel Observateur, le 18 janvier.
24 « “Contradictoire”, “léger”, “évanescent” (comprenez qu’on n’y trouve pas de réponses à des questions aussi cruciales que la fiscalité ou les régimes spéciaux), le ségolénisme économique reste une énigme », Le Nouvel Observateur, le 11 janvier.
25 Dans un meeting à Toulon, le 17 janvier, la candidate attribuera l’expression à la droite alors qu’elle émane des rangs socialistes.
26 Notons que les rivaux de Ségolène Royal au PS comme à droite n’ont cessé de prophétiser son décrochage, l’éclatement de la « bulle Royal ».
27 Voir Aujourd’hui le 2 février avec l’intertitre : « Notre sondage CSA le confirme : la mauvaise passe continue pour la candidate socialiste. Des recadrages sont effectués, le parti se mobilise et les éléphants sont appelés à la rescousse ».
28 Voir « La série noire de Ségolène Royal », Les Échos, le 19 janvier ou Le Monde, le 19 janvier.
29 Le dimanche 14 janvier, l’investiture de Nicolas Sarkozy est largement présentée comme un succès.
30 Le Monde, le 2 février, le directeur de campagne Jean Louis Bianco analyse : « nous avons fait des erreurs, nous corrigeons le tir, nous essayons d’être plus réactifs, plus performants, mieux coordonnés ».
31 « Tout devient sujet à inquiétude comme une interview ratée sur la culture. L’entretien organisé par Télérama avec Ségolène Royal, juste avant son départ pour les Antilles s’est très mal déroulé. La candidate socialiste n’étant pas prête à répondre à toutes les questions, la rencontre a tourné court. Pour certains cette anecdote est révélatrice du trouble de sa campagne » (Le Monde, le 1er février).
32 L’appréciation de la presse est plutôt positive sur les débats participatifs. Voir Le Monde, le 2 février ou Libération du même jour.
33 Sur cette campagne participative, voir Nicole Gauthier, Innovations démocratiques et logiques partisanes : le cas de la campagne de Ségolène Royal en 2007, thèse de science politique, Université Lille 2, 2013.
34 « Ça gèle toute dynamique de campagne » proteste un député socialiste ; nous n’avons que des petites phrases et autres » Le Monde, le 17 janvier.
35 « La phase d’écoute » retarde « la phase de conviction » pour Jean Glavany, Le Monde, le 1er février.
36 « Ségolène Royal est incollable sur l’état de l’opinion, dévore le moindre rapport qui y a trait : en revanche, à la veille du débat interne du PS sur les questions internationales, elle ne savait pas que la France possédait sept sous-marins nucléaires », « Royal : son domaine étranger », L’Express, le 11 janvier.
37 Frédérique Matonti, Le genre présidentiel, op. cit., p. 75.
38 Cette image d’incompétence a eu des « effets d’amorçage » selon Jacques Gerstlé et Christophe Piar, au sens où elle a pesé comme critère d’évaluation de la candidate. Voir « Les campagnes dans l’information télévisée » dans Pascal Perrineau (dir.,), Le vote de rupture. Les élections présidentielles et législatives d’avril-juin 2007, Paris, Presses de Sciences Po, 2008.
39 Le candidat de l’UMP a un « souhait secret » : « que son début de campagne ait déjà tué le match et que Royal ne puisse jamais refaire son retard ». Aujourd’hui, le 2 février.
40 Voir « Les coulisses d’une semaine » Le Journal du Dimanche, le 11 février et « Comment Royal prépare son grand jour », Le Figaro, le 9 février.
41 Sur la question du chiffrage des programmes et l’injonction médiatique qui en est partiellement au principe, voir Rafael Cos, Les socialistes croient-ils à leurs programmes ? Contribution à une sociologie des idées partisanes, thèse de science politique, Université Lille 2, 2017.
42 Ainsi, Libération, 16 février : « patatras ! trois jours après le discours de Ségolène Royal de Villepinte censé mettre la campagne de la candidate sur la bonne voie, c’est un nouveau déraillement de taille qui s’est produit hier ».
43 « Royal est redevenue Ségolène : c’est la principale explication du regain de faveur que son émission réussie sur TF1 a provoqué et que son meeting de Rennes a confirmé. Les signes sont ténus mais ne trompent pas (…) Elle a retrouvé ses bases : une liberté de ton à l’égard des vieilles lunes socialistes. S’il y a une bécassine, c’est la vieille gauche étatiste, dépensière, irréaliste et européolâtre. Difficile de danser le rock avec des éléphants » commente Laurent Joffrin (Libération, le 21 février). Les « coulisses » par Sylvie Pierre Brossolette (Figaro-Magazine, le 24 mars) révèlent que Ségolène Royal est marquée par un éditorial de Jacques Julliard lui enjoignant de rester elle-même et de prendre ses distances avec le PS et ses « dogmes ».
44 Voir Le Point, le 22 février.
45 Voir le compte rendu par exemple du déplacement de la candidate sur les terres fabiusiennes en Seine Maritime, Libération, le 26 février.
46 « Royal piégée par son “contrat première chance” », Le Figaro, le 8 avril.
47 « Fin de campagne : les candidats n’agissent plus, ils réagissent », Le Monde, le 13 avril. « La campagne est ballotée par l’actualité » (suite aux attentats d’Algérie, aux indemnités de Noël Forgeard…).
48 Ségolène Royal se décide souvent au dernier moment « se fiant à son instinct politique » (L’Express, le 26 avril).
49 Il faudrait bien sûr analyser l’effet des formats sur cette mise en histoire. La temporalité des hebdos donne aux journalistes plus de recul pour construire une histoire plus distanciée du cours des événements quotidiens.
50 Les sondages contribuent à alimenter « des mouvements oscillatoires sans fin en alimentant artificiellement un climat d’incertitude » (Voir Patrick Lehingue, Subunda. Coups de sonde dans l’océan des sondages, Éditions du croquant, 2007, p. 250). La presse n’aura de cesse de (sur)amplifier les mouvements d’opinion, même légers, pour dramatiser l’élection. Le 17 février, Le Parisien titre « elle décroche » en référence à un sondage CSA où la candidate gagne pourtant 1 % d’intentions de vote mais est donnée battue par le candidat de l’UMP au deuxième tour.
51 Voir, par exemple, « Ségolène Royal, une campagne aux allures de montagnes russes », Les Échos, le 21 avril et Le Monde, samedi 21 avril : « Commencée très tôt par la primaire socialiste, la campagne a suivi un parcours chaotique semé de fièvres successives ».
52 Pierre Bourdieu, Sur la télévision, Paris, Liber, Raisons d’agir, 1996.
53 Patrick Champagne, Faire l’opinion. Le nouveau jeu politique, Paris, Minuit, 1990.
54 Frédérique Matonti, Le genre présidentiel, op. cit., p. 64 et s. et p. 88 et s.
55 On renvoie sur ce point à l’ouvrage du journaliste Philippe Ridet qui analyse les interactions-transactions entre journalistes et Nicolas Sarkozy (Nicolas Sarkozy et moi, Paris, Albin Michel, 2008).
56 « Ma vie avec Ségo » le 21 février.
57 Ce différentiel dans la gestion stratégique de l’information peut expliquer sans doute pourquoi la campagne du candidat de droite a peu donné prise à la lecture en termes de gaffes ou de faux pas.
58 On renvoie ici à notre ouvrage, Rémi Lefebvre, Les primaires socialistes. La fin du parti militant, Paris, Liber, 2011.
59 Carole Bachelot, « Groupons nous et demain… » : Sociologie des dirigeants du parti socialiste depuis 1993, Thèse de science politique, IEP de Paris, 2008.
60 Nicolas Kaciaf, « Des dissidences aux confidences. L’“ouverture” des partis comme fin et comme moyen de l’information politique », in Jean-Baptiste Legavre (dir.), L’Informel pour informer. Les journalistes et leurs sources, Paris, Éd. L’Harmattan/Pepper, 2014.
61 Carole Bachelot, « Du brouillage sur la ligne : de l’informel dans les relations entre les dirigeants du Parti socialiste et les médias », in in Jean-Baptiste Legavre (dir.), L’Informel pour informer, op. cit.
62 Dans le langage socialiste indigène, on dit « baver » aux journalistes.
63 Voir « François Hollande, le bon copain des médias, fait des jaloux », Rue89, le 8 avril 2011.
64 Selon l’expression de Nicolas Kaciaf qui cherche à analyser « dans quelles circonstances les intérêts des acteurs à recourir à des modalités de communication informelles peuvent rencontrer les attentes journalistiques à l’égard de tels contenus informationnels ». Dans le cas du PS, la rhétorique journalistique de décryptage des coups et des conflits de personne est bien conditionnée par un certain état des relations et des pratiques partisanes (art cité).
65 Entretien, le 12 mai 2011.
66 Cité par Nicolas Kaciaf, op. cit., p. 570.
67 Nicolas Kaciaf montre que les lectures « politiciennes » des journalistes sont aussi une « réponse pratique » liées aux conditions de production de l’activité journalistique (nécessité en campagne de produire beaucoup d’articles en peu de temps…). Le recours au Off permet de limiter les coûts d’investigation.
68 Ce que confirme l’analyse statistique. Voir Jacques Gerstlé, Christophe Piar, « Les campagnes dans l’information télévisée », dans Pascal Perrineau (dir.), Le vote de rupture. Les élections présidentielles et législatives d’avril-juin 2007, Paris, Presses de Sciences Po, 2008. Selon les auteurs, le jeu (66 %) domine largement les enjeux dans le traitement télévisuel de la campagne présidentielle de 2007.
69 Annie Collovald, « Retour sur la campagne présidentielle », art cité.