2 S. Germain, Céphalophores, Gallimard, Paris, 1997.
3 Ibid., p. 26.
4 Voir Virgile, Géorgiques IV, 456 sq., et plus particulièrement, 494 sq. (des plaintes d’Eurydice une seconde fois perdue – à la sortie des enfers – à la voix d’Orphée faisant résonner son nom par-delà la mort).
5 C. A. Duffy, The World’s Wife, Picador, London, 1999. Voir F. Cox, Sibylline Sisters – Virgil’s Presence in Contemporary Women’s Writing, Oxford University Press, Oxford, 2011, p. 24-26.
6 Germain, op. cit., p. 35.
7 Ibid., p. 39. Cf. Virgile, Géorgiques IV, 460-463 (lamentation universelle de la nature après la mort d’Eurydice).
8 Ibid., p. 40.
9 Voir La Pleurante des rues de Prague, Folio, Paris, 1992 : « Le vent, le vent de l’encre qui souffle dans ses pas fait se courber, se balancer les mots, déracine des images qui demeuraient enfouies dans la mémoire à la limite de l’oubli, et par avance effeuille les pages du livre qui ne peut être que fragmentaire, inachevé », p. 18. Cf. Virgile, Én. III, 445 sq.
10 L’analyse de ce passage de Magnus se trouve plus bas dans ce chapitre.
11 Ibid., p. 49.
12 S. Germain, La Chanson des Mal-Aimants, Gallimard, Paris, 2004.
13 Ibid., p. 95.
14 « Sire, la vie présente des hommes sur terre, en comparaison du temps dont nous ne savons rien, me semble être comme le jour où, pendant que tu étais assis à table avec tes généraux et tes compagnons – c’était en hiver, on avait allumé feu au centre de la salle à manger, qui la réchauffait, alors qu’au-dehors des rafales de pluies hivernales et de neige faisaient rage partout – un moineau, pénétrant dans la maison la traversa à tire-d’aile : comme, entré par une porte, il ressortit encore par une autre, au moment précis où il est à l’intérieur, il ne subit pas la rigueur de l’hiver, mais après ce très court instant de calme, qui n’a duré qu’un moment, venu de l’hiver et retournant aussitôt dans l’hiver, il disparaît de ta vue. De même la vie de l’homme ici-bas n’est visible que pendant un court instant, mais nous ignorons totalement ce qui suit comme ce qui la précède. » : Bède le Vénérable, O. Szerwiniak, F. Bourgne, J. Elfassi, M. Lescuyer, A. Molinier. Histoire ecclésiastique du peuple anglais. Tome 1. Conquête et conversion, les Belles Lettres, Paris, 1999 (le passage cité se trouve p. 113-114).
15 Germain, op. cit., p. 95.
16 S. Germain, Magnus, Gallimard, Paris, 2005.
17 Alain Goulet a remarqué des résonances virgiliennes dans la description des fiançailles de Magnus et de Peggy : « Dans la bouteille de champagne Magnus glisse une rose blanche : “Schneewitchen”, Blanche-Neige, et il offre à Peggy un anneau en forme de jonc d’or où est gravé “Toi”. Or on se rappelle que dans le livre VI de l’Énéide, qui est celui de la descente aux enfers, la Sibylle demande à Énée de se procurer le rameau d’or “consacré à Junon infernale”, afin d’accéder aux enfers pour y rencontrer l’ombre de son père Anchise » (A. Goulet, « Magnus : conte, roman d’apprentissage, fable », dans J. Michel et I. Dotan (dir.), Sylvie Germain et son œuvre, Est, Paris, 2006, p. 89-100, citation p. 92).
18 Germain, op. cit., p. 211.
19 Ibid., p. 222.
20 Ibid., p. 117.
21 « – Ma mère, dis-je, ma mère est morte. Alors, c’est pour ça que sa voix était si faible, comme si elle avait dû franchir une très longue distance pour arriver jusqu’ici. Maintenant, je comprends. Elle est morte ? depuis quand ? »
22 « Ma grand-mère ne m’entendait plus, elle n’était plus en communication avec moi, nous avions cessé d’être en face l’un de l’autre, d’être l’un pour l’autre audibles, je continuais à l’interpeller en tâtonnant dans la nuit, sentant que des appels d’elle aussi devaient s’égarer. Je palpitais de la même angoisse que, bien loin dans le passé, j’avais éprouvée autrefois, un jour que petit enfant, dans une foule, je l’avais perdue, angoisse moins de ne pas la retrouver que de sentir qu’elle me cherchait, de sentir qu’elle se disait que je la cherchais ; angoisse assez semblable à celle que j’éprouverais le jour où on parle à ceux qui ne peuvent plus répondre et de qui on voudrait au moins tant faire entendre tout ce qu’on ne leur a pas dit, et l’assurance qu’on ne souffre pas. Il me semblait que c’était déjà une ombre chérie que je venais de laisser se perdre parmi les ombres, et seul devant l’appareil, je continuais à répéter en vain : “Grand-mère, grand-mère” comme Orphée resté seul, répète le nom de la morte. […] Je criai : “Grand-mère grand-mère”, et j’aurais voulu l’embrasser ; mais je n’avais près de moi que cette voix, fantôme aussi impalpable que celui qui reviendrait peut-être me visiter quand ma grand-mère serait morte. » M. Proust, À la recherche du temps perdu, Gallimard, Quarto, Paris, 1999, p. 849-850.
23 Germain, op. cit., p. 231.
24 Ibid., p. 229.
25 « Toi, Tityre, étendu sous le couvert d’un large hêtre, tu essaies un air silvestre sur un mince pipeau ; nous autres, nous quittons notre pays et nos chères campagnes ; loin du pays nous sommes exilés ; toi, Tityre, nonchalant sous l’ombrage, tu apprends aux bois à redire le nom de la belle Amaryllis. » (traduction E. de Saint-Denis, CUF).
26 Ibid., p. 235-236.
27 Ibid., p. 255-256.
28 Voir Iliade VI, 146, Énéide VI, 306-310, Dante, Enfer III, 112-117 et Milton, Paradis perdu I, 301-304.
29 Germain, op. cit., p. 264.
30 Ibid., p. 240. Notons que le nom Magnus ne lui appartient pas non plus. C’est le nom de son ourson, qu’il a adopté. C’est aussi un nom qui, dans la littérature classique, signifie le vide. On pense à Lucain, stat magni nominis umbra, Bellum Ciuile I, 135 ; voir l’article de D. Feeney, « Stat magni nominis umbra: on the greatness of Pompey the Great », Classical Quarterly 36, 1986, p. 239-243.
31 S. Germain, Le Livre des Nuits, Gallimard, Paris, 1985.
32 Ibid., p. 327-328.
33 S. Germain, Etty Hillesum, Pygmalion, Paris, 1994, p. 45.
34 Voir F. Cox, op. cit.
35 E. Boland, Outside History – Selected Poems 1980-1990, W. W. Norton, New York and London, 1990.
36 J. Shapcott, Of Mutability, Faber, London, 2010.
37 A. Oswald, Memorial, Faber, London, 2011.
38 C’est la citation présentée au début de ce chapitre (S. Germain, Céphalophores, p. 28) : « Écrire, c’est fossoyer la nuit jusqu’à percer le jour. » A. Oswald décrit sa réponse à l’Iliade comme « a bi-polar poem made of similes and short biographies of soldiers, both of which derive (I think) from distinct poetic sources: the similes from pastoral lyric […] the biographies from the Greek tradition of lament poetry » (A. Oswald, op. cit., p. 1).
39 Ibid. p. 38.
40 Voir l’essai de Margaret Anne Hutton, « Textures and Spectres in Sylvie Germain’s Magnus » dans M. A. Hutton (dir.), Redefining the Real - The Fantastic in Contemporary French and Francophone Women’s Writing, Peter Lang, Oxford, 2009, p. 187-206, où elle cite l’observation de Germain : « À la limite, tous mes romans sont des contes » (p. 191).